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Le Rwanda: analyse géopolitique d'une puissance émergente africaine


par Guy Herod PAMBO MIHINDOU
Université Omar Bongo - Master 2023
  

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1.2.2. Structure de l'économie rwandaise

La croissance économique enregistrée par l'État rwandais ces dernières années est parmi les plus dynamiques et les plus soutenues que l'on a observé en Afrique Subsaharienne. En effet, selon la Banque Mondiale, sur les dernières décennies, le Rwanda a connu un taux de croissance annuel moyen de 7,8 % entre 2000 et 2017.53 En plus du PIB, la réussite économique rwandaise peut se résumer en ces quelques chiffres, en valeur, le PIB est passé de 1,7 milliards à 5,6 milliards de dollars us entre 2000 et 2010, tandis que le PIB par habitant est estimé à 693 dollars en 2012 (contre 200 dollars en 2003). Cette évolution est due à l'ensemble des pans de l'économie rwandaise : la production agricole a progressé de 322 % entre 2003 et 2011, l'industrie minière a multiplié par seize ses revenus, les industries manufacturières par quatre, les banques par trois et demi et les transports et communications par près de cinq.54 Ces niveaux de croissance soutenues au cours de ces décennies constituent une véritable prouesse pour cet État aux caractéristiques géographiques modestes. L'analyse de la structure économique du Rwanda qui constitue l'objet de ce point nous permet de dégager les principaux leviers de la croissance économique du Rwanda mais aussi les principales caractéristiques de ceux-ci.

À l'origine de ces statistiques économiques positives, se trouvent un certain nombre de réformes engagées par les gouvernants depuis la fin des années 1990 en faveur du développement économique. Il s'agit entre autres de la refonte du système de gouvernance, de la lutte continuelle contre la corruption et de la bonne utilisation des aides perçues par l'État depuis la fin du génocide. En plus des réformes structurelles entreprises par l'État, il est également important de souligner qu'une partie des devises qui ont participé à la croissance économique du Rwanda venaient de l'exploitation illégale des ressources naturelles telles que le cobalt et l'or à l'est de la RDC, surtout pendant les deux guerres qui ont ensanglanté ce pays à la fin des années 1990 et au début des années 2000.55

53 https://www.banquemondiale.org/fr/country/rwanda/overview

Certains spécialistes remettent toutefois en cause ses chiffres arguant des gonflements de statistiques de la part du gouvernement rwandais. Ceux-ci ne remettent pas néanmoins en cause le dynamisme affiché par l'économie rwandaise depuis près de 30 ans.

Pour plus de détail sur ce sujet voir : P.FABRICIUS. (2019, 11 octobre). Paul Kagame se brûlerait-il les ailes? Institut d'études et de sécurité. Disponible à l'adresse : https://issafrica.org/fr/iss-today/paul-kagame-se-brulerait-il-les-ailes

54 J. RÉVILLON. (2014). Le Rwanda, un modèle économique ? Les Cahiers d'Afrique de l'est, (48), pp.51-66.

55 UN, S. C. (2003). Final Report of the Panel of Experts on the Illegal Exploitation of Natural Resources and Other Forms of Wealth of the Democratic Republic of the Congo (Rapport de l'ONU S/2003/1027).

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Aujourd'hui encore, les dirigeants de la RDC continuent d'accuser le Rwanda de piller les ressources naturelles présentes dans sa partie orientale via des groupes armés.

Pays sans ressources naturelles stratégiques, l'économie rwandaise s'est longtemps reposée sur l'agriculture. Dans les années 1970, le secteur agricole représentait plus de 50 % du PIB. Par la même occasion, ce secteur était le principal pourvoyeur d'emplois avec des taux allant jusqu'à 90 % de la part de la population active dans les années 1990. Malgré la baisse relative de la part des emplois dans le secteur agricole, il représente encore les deux tiers des emplois (cf. graphique 2).56 Dans un mémorandum économique de 1986 la Banque mondiale signalait déjà la part importante de ce secteur et prévenait sur la croissance démographique exponentielle qui allait dépasser les terres cultivables disponibles et les rendre rares. Cette année-là près de 40 % (soit 10.000 km2) de la superficie totale du pays était déjà cultivée et pratiquement toutes ces surfaces étaient déjà en culture intensive. Les pâturages représentaient environ 13 % et les forêts 7 % des terres. Or, dans ce rapport, les experts de la Banque Mondiale ont estimé que seulement 250.000 ha de ces terres (soit environ 10 % de la superficie totale du pays) seraient propices à l'agriculture et/ou au pâturage.57 Dans ces conditions, les risques liés à la sécurité alimentaire et aux famines sont bien présents, les conflits interethniques également sont plus susceptibles d'apparaître dans ce pays où la terre est la plupart du temps la ressource la plus importante pour les familles. La raréfaction des terres cultivables liée à un accroissement démographique important ne sont pas totalement étrangers aux guerres qui ont touché la région des Grands lacs africains par la suite.

Graphique 2. Évolution de la part des emplois par secteur économique entre 1991 et 2019

% de l'emploi

l

ttao e

ra

80

ar

t

100

40

60

20

0

1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019

Années

Services Industries Agricultures

Source : Données de la banque mondiale ( https://donnees.banquemondiale.org)

56 J. PORTE. (2021), op.cit., p.7.

57 LA BANQUE MONDIALE. (1986). Rwanda évolution récente de l'économie et de ses différents secteurs et problèmes actuels (Rapport No. 4059-RW).

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Face aux risques que représentent l'accroissement démographiques et la raréfaction des terres, l'État rwandais a entrepris depuis 2004 de diversifier son économie à travers son «programme Vision 2020». L'objectif est de rendre son économie moins dépendante du secteur agricole. Aujourd'hui, même si tous les objectifs n'ont pas été atteint, notamment celui de faire du Rwanda un pays à revenu intermédiaire, l'économie rwandaise s'est relativement diversifiée. La part de l'agriculture dans le PIB a progressivement diminué depuis 2011 et ne représente plus que 24 % du PIB en 2022, selon les données du ministère de l'économie. C'est désormais le secteur des services qui représente le principal pilier de sa nouvelle structure économique avec 49 % de contribution au PIB. Il concentre près de 30 % des emplois (contre moins de 10 % au début des années 1990) et a contribué à 4,4 points de croissance du PIB en moyenne par an depuis 2000.58 Il a été boosté par l'expansion du commerce, des transports, des télécommunications, des finances et de l'assurance. Ce sont des secteurs qui ont été mis en avant dans les plans de développement rwandais (Vision 2020 et maintenant Vision 2050). Malgré sa contribution relativement modeste au PIB, le secteur industriel est l'autre pilier important de l'économie. Il représente environ 18 % du PIB et emploi près de 8 % de la population active.

Par ailleurs, ces résultats économiques continuent de dépendre de facteurs extérieurs, y compris des conditions climatiques et les prix mondiaux des produits de base notamment le café et le thé qui sont les principaux produits exportés par le pays. En effet, après avoir connu un déclin important entre la fin des années 1990 et le début des années 2000, ces deux produits ont participé à la croissance économique du pays de façon significative surtout à partir de l'année 2010. Au cours de cette année, le gouvernement s'est lancé dans la production d'un café de luxe, les parts d'exportations sont passées de 20 millions de dollars en 2003 à plus de 60 % depuis 2010. La production de thé a connu une trajectoire similaire à celle du café, suivant la même courbe ascendante, les exportations de thé qui en 2000 n'atteignaient pas 20 millions de dollars, gravitaient à partir de 2010 autour de 60 millions jusqu'en 2015.59 Outre les facteurs extérieurs précités, le Rwanda continue d'être dépendant de l'aide internationale. Elle est une ressource importante pour le pays car elle représente aujourd'hui environ 15,56 % du budget national. Même si elle est en constante diminution depuis 2013, elle reste une manne financière dont l'économie rwandaise ne peut se passer totalement (cf. graphique 3).

58 J. PORTE. (2021), op.cit., p.7.

59 J-P. KIMONYO. (2017). Rwanda demain ! Une longue marche vers la transformation. Paris : Karthala, 305p.

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Graphique 3. Évolution de la composition du budget rwandais (1995-2021)

 
 
 

Rwan

86,60%

6.

84,80%

 
 

84%

 
 

70%

 
 
 
 
 

55,70%

 
 
 
 
 
 
 
 
 

44,30%

 
 
 

30%

 
 
 
 
 

16%

 

15,20%

 
 
 

13,40%

 
 
 
 
 
 

1995 2005 2018/19 2019/20 2020/21

Ressources extérieures (% du budget total) Ressources intérieures (% du budget total)

100%

90%

80%

70%

60%

50%

40%

30%

20%

10%

0%

Source : Ministère de l'économie du Rwanda ( https://www.minecofin.gov.rw)

La lecture du graphique 3 nous permet de comprendre la composition du budget du Rwanda depuis 1995. La composition du budget du Rwanda provient de deux sources principalement, les ressources intérieures et les ressources externes. Les premières sont constituées des impôts et des taxes tandis que les secondes sont constituées des emprunts et de l'aide internationale. Au lendemain du génocide, la part la plus importante du budget rwandais provenait des ressources extérieures notamment de l'aide financière des grandes puissances occidentales. En 1995, elles représentaient 70 % du budget contre 30 % des ressources intérieures. À partir de 2005, la part des ressources extérieurs a commencé à baisser, bien qu'elles constituaient toujours une part importante du budget avec une contribution de 44,5 % au budget national. Ce n'est qu'à partir de 2018 que la tendance s'est inversée au profit des ressources économiques intérieures. Elles représentent désormais la majorité des ressources budgétaires de l'État rwandais avec 84 % des part dans le budget total contre 15,20 % pour les ressources extérieures en 2021.

32

Graphique 4. Part de chaque secteur dans le PIB en 2021

Services

46%

Agriculture impôts directs Industrie Services

Industrie

21%

Agriculture

25%

impôts directs

8%

Source : Ministère de l'économie du Rwanda ( https://www.minecofin.gov.rw)

La lecture du graphique si dessus nous permet de constater que selon les données du ministère de l'économie du Rwanda, en 2021, le secteur qui contribue le plus au PIB de cet État est celui des services avec une contribution estimée à 46 %. Il devance le secteur agricole qui a longtemps représenté la part la plus importante de l'économie des années 1960 jusqu'en 2011 avant le début des reformes qui ont contribué à diversifier l'économie. Ce secteur a contribué en 2021 à hauteur de 25 % dans le PIB. Il est suivi de près par le secteur industriel (21 %) qui a également connu un essor important à travers les processus de diversification économiques engagés par l'État rwandais. En dernière position, ce sont les revenus tirés de la fiscalité, ils représentent 8% des contributions totales au PIB rwandais.

33

CHAPITRE 2. LES MOBILES D'UNE DIPLOMATIE ACTIVE SUR LE CONTINENT AFRICAIN

2.1. Les relations avec son voisinage et le sentiment d'encerclement comme mobiles d'une diplomatie active.

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