SECTION 2 : DIVERSIFICATION DES EXPORTATIONS A LA
LUMIERE DE LA LITTERATURE THEORIQUE
La relation entre la diversification des exportations et la
croissance économique a fait l'objet de plusieurs débats dans la
littérature. Dans une perspective historique, il est apparu que les
analyses traditionnelles en l'occurrence, les théoriciens classiques des
avantages absolus d'Adam Smith (1776), des avantages comparatifs de Ricardo
(1817) et de la loi des facteurs des théories néoclassiques
d'Heckshen (1919) d'Ohlin (1933) et de Samuelson (1949), sont fondées
sur la spécialisation internationale pour booster la croissance
(approche interbranche dans les échanges internationaux).
En ce qui concerne les échanges intrabranches, les
analyses ont porté sur la différenciation des produits, mise en
évidence par Helpman et Krugman en 1985, ce qui remet en cause les
théories traditionnelles sur les avantages comparatifs et factoriels et
conduit à une nouvelle division internationale du travail sur les
processus productifs. Mais l'offre reste rationnée sur les
stratégies de spécialisation et de différenciation pour
dynamiser une croissance. La prise en compte du rôle de la
diversification des exportations dans la croissance fait l'objet des analyses
contemporaines.
En effet, selon les théories traditionnelles, les
différentes nations sont amenées à se spécialiser
dans la production des biens pour lesquels ils disposent d'un avantage
comparatif. Or, les nouvelles théories considèrent que les
avantages comparatifs sont plus une conséquence qu'une cause des
échanges internationaux.
En se spécialisant, chaque pays multiplie ses avantages
; ce n'est pas parce qu'un pays est plus compétitif dans un produit
qu'il l'exporte, mais c'est surtout en l'exportant qu'il devient plus
compétitif (Montoussé, 2013). De plus, si les théories de
l'échange international privilégiaient les avantages de la
spécialisation internationale, les théories mercantilistes,
reprises par les keynésiens mettent l'accent sur le rôle des
exportations en tant qu'instrument de la politique économique dans la
croissance.
Selon les modèles structurels de développement
économique, les pays devraient passer des exportations primaires aux
exportations de produits manufacturés pour parvenir à une
croissance durable (Chenery 1979 ; syrgrin, 1989). Pour les pays
dépendant des produits de base, la diversification verticale des
exportations permettrait de réduire la détérioration des
termes de l'échange selon la thèse de Prebish-singer (1959), ce
qui est bénéfique pour la croissance.
Plus récemment, les théories de la croissance
endogène, dues aux économistes tels que Romer (1986, 1990), Lucas
(1988), Barro (1990), Barro et Sala-i-Martin (1995, 2003) et Grossman et
Helpman (1991), ont mis l'accent sur l'importance de la diversification. La
croissance endogène selon eux, est assimilée à un
phénomène auto-entretenu par l'accumulation de quatre facteurs
principaux : le capital physique, la technologie, le capital humain et le
capital public. En vue d'une croissance endogène à long terme,
ces trois modèles (Romer, Lucas et Barro) de la croissance
endogène d'une manière générale et celui de Romer
(1986,1990) en particulier, introduisent la diversification comme l'un des
déterminants de la croissance économique.
Selon ces théories, plus le panier d'exportations d'un
pays est diversifié, plus le taux d'accumulation du capital humain est
élevé, ce qui entraîne une productivité plus
élevée et donc une croissance économique accrue (Mayer,
1996). Dans le même contexte, la théorie du cycle de vie du
produit stipule qu'une forte diversification des exportations peut être
d'une part, obtenue grâce à l'innovation et rester au-dessus des
autres pays et d'autre part, liée directement à une augmentation
de la croissance.
En somme, les théories classiques et
néoclassiques du commerce international s'appuyaient sur l'idée
selon laquelle, les différences de dotations en facteurs poussent les
pays à se spécialiser et à exporter des biens et services
dont ils possèdent un avantage comparatif. Mais la mise en oeuvre de ces
théories en Afrique n'a pas favorisé le développement.
Certains pays développés (Botswana, Australie, Canada...) ont
plus mis l'accent sur la diversification pour s'industrialiser et se
développer. C'est pour autant dire quec'est la diversification qui est
au coeur du développement et non la spécialisation, car une
spécialisation trop poussée stimule la dépendance. La
vérification empirique du lien entre diversification des exportations et
croissance économique a fait l'objet des travaux et résultats
divers.
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