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Diversification des exportations et croissance economique: cas du Senegal


par Mamadou Lamine BOUSSO
Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Master 2 en politique commerciale 2022
  

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SECTION 2 : DIVERSIFICATION DES EXPORTATIONS A LA LUMIERE DE LA LITTERATURE THEORIQUE

La relation entre la diversification des exportations et la croissance économique a fait l'objet de plusieurs débats dans la littérature. Dans une perspective historique, il est apparu que les analyses traditionnelles en l'occurrence, les théoriciens classiques des avantages absolus d'Adam Smith (1776), des avantages comparatifs de Ricardo (1817) et de la loi des facteurs des théories néoclassiques d'Heckshen (1919) d'Ohlin (1933) et de Samuelson (1949), sont fondées sur la spécialisation internationale pour booster la croissance (approche interbranche dans les échanges internationaux).

En ce qui concerne les échanges intrabranches, les analyses ont porté sur la différenciation des produits, mise en évidence par Helpman et Krugman en 1985, ce qui remet en cause les théories traditionnelles sur les avantages comparatifs et factoriels et conduit à une nouvelle division internationale du travail sur les processus productifs. Mais l'offre reste rationnée sur les stratégies de spécialisation et de différenciation pour dynamiser une croissance. La prise en compte du rôle de la diversification des exportations dans la croissance fait l'objet des analyses contemporaines.

En effet, selon les théories traditionnelles, les différentes nations sont amenées à se spécialiser dans la production des biens pour lesquels ils disposent d'un avantage comparatif. Or, les nouvelles théories considèrent que les avantages comparatifs sont plus une conséquence qu'une cause des échanges internationaux.

En se spécialisant, chaque pays multiplie ses avantages ; ce n'est pas parce qu'un pays est plus compétitif dans un produit qu'il l'exporte, mais c'est surtout en l'exportant qu'il devient plus compétitif (Montoussé, 2013). De plus, si les théories de l'échange international privilégiaient les avantages de la spécialisation internationale, les théories mercantilistes, reprises par les keynésiens mettent l'accent sur le rôle des exportations en tant qu'instrument de la politique économique dans la croissance.

Selon les modèles structurels de développement économique, les pays devraient passer des exportations primaires aux exportations de produits manufacturés pour parvenir à une croissance durable (Chenery 1979 ; syrgrin, 1989). Pour les pays dépendant des produits de base, la diversification verticale des exportations permettrait de réduire la détérioration des termes de l'échange selon la thèse de Prebish-singer (1959), ce qui est bénéfique pour la croissance.

Plus récemment, les théories de la croissance endogène, dues aux économistes tels que Romer (1986, 1990), Lucas (1988), Barro (1990), Barro et Sala-i-Martin (1995, 2003) et Grossman et Helpman (1991), ont mis l'accent sur l'importance de la diversification. La croissance endogène selon eux, est assimilée à un phénomène auto-entretenu par l'accumulation de quatre facteurs principaux : le capital physique, la technologie, le capital humain et le capital public. En vue d'une croissance endogène à long terme, ces trois modèles (Romer, Lucas et Barro) de la croissance endogène d'une manière générale et celui de Romer (1986,1990) en particulier, introduisent la diversification comme l'un des déterminants de la croissance économique.

Selon ces théories, plus le panier d'exportations d'un pays est diversifié, plus le taux d'accumulation du capital humain est élevé, ce qui entraîne une productivité plus élevée et donc une croissance économique accrue (Mayer, 1996). Dans le même contexte, la théorie du cycle de vie du produit stipule qu'une forte diversification des exportations peut être d'une part, obtenue grâce à l'innovation et rester au-dessus des autres pays et d'autre part, liée directement à une augmentation de la croissance.

En somme, les théories classiques et néoclassiques du commerce international s'appuyaient sur l'idée selon laquelle, les différences de dotations en facteurs poussent les pays à se spécialiser et à exporter des biens et services dont ils possèdent un avantage comparatif. Mais la mise en oeuvre de ces théories en Afrique n'a pas favorisé le développement. Certains pays développés (Botswana, Australie, Canada...) ont plus mis l'accent sur la diversification pour s'industrialiser et se développer. C'est pour autant dire quec'est la diversification qui est au coeur du développement et non la spécialisation, car une spécialisation trop poussée stimule la dépendance. La vérification empirique du lien entre diversification des exportations et croissance économique a fait l'objet des travaux et résultats divers.

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