Conclusion partielle :
Le projet de l'Agropole de l'Ouest présente des objectifs
et ambitions contradictoires. La vision
du projet, bien que n'ayant pas exclusivement pour but
d'améliorer les conditions de vie des populations de la zone, mais aussi
de promouvoir l'installation d'entreprises agro-industrielles qui pourront
développer leurs activités grâce à l'Agropole,
semble être orienté vers une agriculture exclusivement
industrielle. Toutefois, la prise en compte des populations dans ce projet
devrait être un point redéfini dans le projet pour ne pas en faire
une nouvelle initiative visant l'enrichissement de personnes
étrangères au territoire intercommunal et à l'exacerbation
de la pauvreté des populations autochtones qui seront indubitablement
utilisées comme main d'oeuvre agricole.
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CONCLUSION GENERALE :
Les municipalités de Malicounda,
Nguéniène et Sandiara ont entamé une coopération
intercommunale pour mettre en place un projet visant à développer
le secteur agricole en raison de la recherche de développement
territorial. Les trois maires ont ainsi jugé nécessaire de faire
de son impulsion un objet de coopération, car il occupe la plus grande
partie de la population de ces collectivités. Cette coopération,
sous-tendue par l'érection d'un Agropole sur une étendue
forestière déclassée par décret
présidentielle, vient en appoint aux initiatives de développement
du secteur agricole.
Ce projet, a ainsi conduit au déclassement de l'emprise
totale de la forêt de Ballabougou sans proposition d'une surface
équivalente en compensation. Cette forêt faisait office d'un
important domaine pastoral abritant tout le bétail des éleveurs
du département de Mbour en saison sèche. La forêt de
Ballabougou représentait une aubaine pour ces pasteurs dans un contexte
marqué par des accaparements accrus des zones de pâturages par les
élus locaux pour les attribuer à des entreprises
étrangères. Face à cette tendance croissante
d'accaparement du foncier rural et disposant dorénavant que de deux
étendues forestières, dont l'une fait déjà objet
d'empiètement à l'égard de la forêt classée
de Nianing de laquelle une partie a été déclassée
pour l'aménagement de la station balnéaire de Pointe
Sarène, il est impératif de régler la problématique
de l'agression perpétrée contre la biodiversité pour la
mise en oeuvre d'un projet de développement.
En outre, le projet semble prendre davantage en compte les
agro-industries au détriment des populations en raison des failles
constatées lors de sa phase d'expansion et de la politique agricole
choisie, étant donné qu'il est considéré comme le
porteur du développement territorial, assurant la qualification des
jeunes, l'augmentation des revenus des populations et la création de
plusieurs emplois. Les prérogatives accordées aux populations ne
sont toujours pas précises du fait que les critères
d'élaboration et d'intégration aux espaces dédiés
à ces derniers restent flous. La grande considération
accordée aux agrobusiness dans un contexte marqué par
l'accaparement des terres dans ce territoire au profit des entreprises
privées laissent présager l'existence de nouveaux
problèmes, mais aussi la disparition progressive des exploitations
familiales. Il urge de redéfinir les politiques agricoles et les
pratiques foncières, car comme le remarque Florence Brondeau ces
dernières semblent difficilement conciliables avec le maintien des
exploitations familiales, elles vont engendrer des mutations sinon des
désorganisations socio-spatiales que l'on commence tout juste à
pressentir et qu'il devient urgent d'anticiper.
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