II- Un secteur agricole parsemé d'embûches
:
La situation des sous-secteurs de l'agriculture et
l'élevage dans les communes de Malicounda,
Nguéniène et Sandiara est très complexe.
Les agriculteurs et éleveurs de la zone sont confrontés à
de nombreuses contraintes similaires dans l'ensemble des villages des communes
de l'Entente. Ces problèmes freinent la performance du secteur agricole
ainsi que la compétitivité des productions au niveau des
marchés.
II-1- Problèmes constatés au cours de la
phase de collecte :
Les informations recueillies auprès des populations durant
la phase de collecte démontrent que
le secteur agricole de ces communes est assujetti à
plusieurs contraintes. La plupart des paysans de cet espace rural souffrent
pour l'essentiel des mêmes « pathologies ».
a- Une production essentiellement destinée
à l'autoconsommation :
Avec la diversité des filières agricoles
développées dans la zone avec les cultures
céréalières
(mil, sorgho, mais...), les cultures de rente (arachide), la
plupart des productions de ces paysans sont destinées à la
consommation familiale. La faiblesse voir le manque de revenues mensuelles,
marqué par la flambée des prix des denrées alimentaires de
première nécessité, conduit les populations à faire
de leurs productions agricoles un moyen de subsistance pour faire face à
cette situation.
63
Graphique 8 : Diagramme de
répartition de la destination des productions agricoles dans la zone
intercommunale
![](La-cooperation-intercommunale-le-nouvel-dispositif-de-mise-en-uvre-de-la-territorialisation-des27.png)
commercialisation consommation
96,19%
3,81%
Source : enquête de terrain Anne Marie GUEYE
2022
L'analyse statistique du graphique 8 conforte
les allégations émises. Une partie importante de la population
(96,19%) préfèrent garder leurs récoltes
pour assurer la ration alimentaire familiale. Une infime partie (3,81%)
des chefs de famille qui commercialisent leurs productions. Cette
commercialisation est rendue possible grâce à la présence
de marché hebdomadaire dans certaines communes permettant à ces
paysans de commercialiser une partie de leurs cultures pour se procurer
d'autres denrées telles que le riz, l'huile, le sucre pour varier de
temps à autre leur alimentation.
b- Un système de production agricole
archaïque :
Dans un monde dans lequel le système de
mécanisation agricole est avancé, il est certes étonnant
de voir des producteurs agricoles s'adonnant à un système de
production dominé par l'attelage d'animaux pour assurer les travaux
champêtre. Malgré l'existence d'une main d'oeuvre familiale, la
complexité et la lourdeur des tâches agricoles ne saurait
être pratiqué par la seule aide familiale. Ainsi, la traction
animale des équidés et bovinés constituent l'alternative
majeure pour assurer le labour des champs du fait du manque ou pour certains de
la vétusté des machines agricoles.
Toutefois, on note la présence de certains tracteurs
communautaires à l'occurrence celle de « Nguelmag
»44 pour permettre le labourage des champs à
certains agriculteurs nécessitant une
44 Association des jeunes du village de Ndiemane
appuyé par un blanc aux villageois avec l'offre d'un tracteur pour
labourer les champs, d'un terrain de 10ha et d'un forage.
64
redevance de 25 000 FCFA pour les
adhérents à l'association et de 30 000 FCFA pour
les non-adhérents. En outre, certains projets maraichers de la zone
ainsi que les collectivités contribuent aussi au labourage des champs
par l'envoie de tracteurs dans les périmètres agricole moyennant
une certaine somme d'argent. Cependant, en dépit des aides
apportées, celles-ci n'assouvissent pas les difficultés, car le
manque d'argent des paysans demeure un réel problème pour
bénéficier de cette offre.
Encadré 4 : Entretien avec Ngor Senghor,
chef de village de Nguéniène peulh à son domicile sis
à Nguéniène Peulh
Au cours de cet entretien, le chef de village nous à
informer sur la venue de certains tracteurs envoyés soit par la
collectivité locale de Nguéniène, soit par les
gestionnaires de certains projets agricoles se situant dans ledit village pour
labourer les champs. Cependant, il nous a fourni l'information selon laquelle
cette présence de tracteurs en vue de labourer les champs
nécessitait une redevance de 30000 FCFA qu'ils reversent aux
détenteurs des tracteurs.
Image 14 : Terrain agricole labouré par un
tracteur dans le village de Nguéniène Peulh
![](La-cooperation-intercommunale-le-nouvel-dispositif-de-mise-en-uvre-de-la-territorialisation-des28.png)
Cliché Anne Marie Gueye prise le 13 Décembre
2022 à 16h34
Le secteur de l'élevage est aussi purement
traditionnel. Les éleveurs ne disposent pas de techniques modernes leur
permettant d'assurer la productivité animale. L'insuffisance, pour ne
pas dire l'absence de parc de vaccination, constitue un réel frein
à la performance de l'élevage, mais aussi à la survie du
bétail. L'élevage se fait par l'accompagnement des troupeaux par
les bergers pour le pâturage, ce qui ne favorise pas la pratique d'autres
activités par les bergers. Le
65
manque de croisement entre les races modernes et locales justifie
la seule présence de race de petites tailles.
c- Une faible intégration des populations aux
groupements d'agriculteurs et d'éleveurs : On note dans la
zone une faible appartenance des paysans et éleveurs à un
groupement paysan.
Le manque d'efficacité des quelques groupements
d'agriculteurs et d'éleveurs a conduit à une faible
adhésion des paysans et des éleveurs aux associations
existantes.
Graphique 9 : Appartenez-vous à un
groupement.
160 140 120 100 80 60 40 20
0
|
|
141
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
15
|
|
|
|
OUI
|
NON
|
nombre de réponses
|
15
|
141
|
Source : Enquête de terrain A.M.GUEYE
2022
Les données du graphique 9 traduisant
la répartition des réponses données par les villageois
à la question de savoir s'ils appartiennent à un groupement
révèlent que sur 156 chefs de ménages, on
dénombre 15 adhérents et 141
non adhérents. Ceci dû pour les non adhérents
à un manque de confiance pour certains et un manque d'efficacité
pour d'autres. Néanmoins, il n'est pas étonnant qu'une grande
part de la population n'adhère pas à l'organisation. En effet, la
fréquence de réponse négative donnée par les
15 chefs de ménage à propos l'importance qu'ont
ces groupements pour eux constitue un élément de justification de
non-appartenance ou de retrait de ces producteurs.
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TABLEAU 10 : Récapitulatif des
réponses collectées sur l'importance des groupements pour
certains adhérents
Ça ne nous aide pas
Aucune
Aucune importance
Le groupement d'éleveurs ne nous aide en rien
Le groupement ne nous aide en rien car on entend parler des
financements mais on ne les voit pas
Si on nous donne de l'aide le groupement nous tient au courant
Ça n'a aucune importance pour nous.
Aucun car on mène nos propres initiatives
Il n'a pas encore une grande importance car nous ne disposons pas
de récépissé
Aucune car il ne nous fournis pas d'aide
C'est le gouvernement qui nous donne de l'engrais à
travers la mairie mais ça ne nous sert à rien, du fait qu'ils
font un tirage pour voir qui va avoir ou pas
Il ne nous aide pas encore car on vient de démarrer
Source : enquête de terrain A. M. GUEYE
2022
Les réponses recueillies prouvent que les groupements
existants au sein du territoire intercommunal manque d'efficacité. En
effet, pour certains c'est le mode de gestion au sein de ces groupements qui
pose défaut car les dirigeants font un ciblage des personnes à
qui ils attribuent soit des semences ou financements qui leurs ont
été alloués par les autorités.
d- Un manque de zones de pâturage :
La zone intercommunale fait ainsi face à un
déficit de zone de pâturage pour le bétail. Ceci est un
problème largement constaté. En effet, ce fléau est
causé par la délimitation des terres en champs de cultures ainsi
qu'à une disparition des étendues forestières qui servait
de zone de pâturage pour le bétail. En outre, les populations
indexent leurs municipalités comme instigateurs de ce manque d'espaces
de pâturage du fait de l'octroi d'anciennes surfaces destinées
à faire paitre le bétail à des multinationales. Ces
derniers, qui, non seulement utilisent ces espaces pour mener des projets
maraichers, dont les cultures en ce qui concernent le premier et le
deuxième choix sont destinées au marché étranger
donc à l'exportation et le troisième
67
choix au marché local, exploitent la jeunesse de ces
localités et leur paient des sommes jugées dérisoires.
Le secteur agricole du territoire intercommunal traverse divers
problèmes qui se résument au niveau du schéma
5
Schéma 5 : Schéma
synthétique des problèmes du secteur agricole de la zone
intercommunale
![](La-cooperation-intercommunale-le-nouvel-dispositif-de-mise-en-uvre-de-la-territorialisation-des29.png)
Divagation du bétail pour la recherche
de nourriture
manque de zone de pâturage lié A la disparition des
forêts et au bradage de ces derniers pour la mise en oeuvre de projets
agricole
maladies du bétail et manque de
services vétérinaire de proximité
insuffisance de bonnes pistes d'acheminement des productions et
d'accès aux marchés
problème de sélection des races
difficultés d'accès à l'engrais et
aux semences certifiés
vétusté des machines agricoles
difficultés d'accès
aux financements accaparement des terres agricoles par des
étrangers pour la mise en oeuvre de projet agicole maraicher
situation du secteur agricole
de la zone intercommunale
invasion des champs par les oiseaux ravageurs et
les insectes
Difficulté d'accès à l'eau pour les
projets maraichers de la population
appauvrissement des sols et début de salinisation
des terres agricoles
manque de résultats et de performance agricoles
difficultés d'accès à l'eau pendant
la saison sèche pour le maraichage
Source : Enquête
terrain A.M.GUEYE 2022
Face à ces problèmes, les populations proposent
certaines solutions pour remédier à ces fléaux. Ils
préconisent :
- L'octroi de financements pour soutenir le secteur ;
- Le traitement des champs pour faciliter leur
régénération ainsi que la productivité du sol ;
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- Mise à disposition des populations d'engrais à
temps et en quantité suffisante, de machines telles que des tracteurs
pour faciliter les récoles ;
- Le renouvellement du matériel agricole ;
- La mise en oeuvre de projet agricole communautaire ;
- La création de zones de parcours de bétail et
de pâturage permet l'approvisionnement quotidien du bétail en
paille ;
- Mise en place de poste de vétérinaire dans chaque
village pour soigner le bétail ; - La récupération et
l'octroi aux populations des terres vendues aux étrangers ;
- La multiplication des forages pour l'approvisionnement en
eau des projets maraichers ; - La construction de routes praticables pour
l'acheminement des récoltes.
Ces pistes repérées par les populations des
trois communes méritent réflexion pour faire de ce secteur phare,
qui occupe l'essentiel de la population, un levier de fortification et
d'enclenchement du secteur agricole.
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