Croissance urbaine et dégradation de l'environnement dans la commune de Kalamu à Kinshasapar Christian Ebengo Université de Kinshasa - Licence Géographie, Aménagement du territoire et urbanisme 2020 |
CHAPITRE I. GENERALITES CONCEPTUELLESCe chapitre sur les généralités conceptuelles est subdivisé en trois sous points : le premier aborde les généralités sur les déchets et leurs gestion durable, le deuxième parle de l'explosion démographie et spatiale de la ville de Kinshasaet,le dernier point se penche sur les effets de la croissance démographique.
Généralement, un déchet désigne, tout produit que son propriétaire abandonne, tels que les vieux vêtements, les rebuts de construction, les autos usagées, les médicaments dont la date d'utilisation est échue, les débris alimentaires de la cuisine, etc. (Paradis et al, 1983). En effet, on distingue 3 types de déchets : solide, liquide et gazeux. Dans le cadre de cette étude ce sont les deux premiers types qui a fait l'objet de nos recherches.
La classification générale des déchets montre qu'on distingue principalement deuxcatégories de déchets : compostables ou biodégradables, et inertes ou recyclables. a. Déchets compostable (biodégradable) Les déchets compostable comprennent des (résidus verts, boues d'épuration des eaux, restes alimentaires...), qui s'assimilent en première approche à la biomasse. Ils correspondent aux : - Déchets de jardin qui sont produits par les collectivités, les sociétés privées d'entretien des espaces verts et les particuliers ; - Déchets alimentaires ou « eaux grasses » qui sont issus essentiellement des métiers de la restauration et de l'industrie agro-alimentaire ; - Déchets de maison qui sont produits par les particuliers. Ces déchets sont au moins pour partie détruits naturellement, plus ou moins rapidement, en général par les bactéries, champignons et autres micro-organismes et/ou par des réactions chimiques (oxydation, minéralisation), Ils peuvent être revalorisés par différentes filières (bioénergie, biocarburants, Compostage/amendements/engrais...). b. Déchets recyclable(nonbiodégradable) Ce sont des déchets des matériaux de construction, métaux, matières plastiques ; qui peuvent être réutilisés tels quels (via des recycleries ou ressourceries) dans d'autres domaines ou recyclés : par exemple, les métaux sont refondus et réintégrés dans de nouvelles pièces, les plastiques sont hachés et servent de rembourrage ou de combustible... Un déchet recyclable est un matériau que l'on peut techniquement recycler. Pour qu'un déchet soit recyclé, il faut qu'il soit récupéré dans le cadre d'une collecte de tri sélectif.
Les activités humaines, domestiques, agricoles et industrielles produisent toutes sortes de déchets et de souillures qui sont transportés par voie liquide. Ils sont susceptibles d'engendrer différentes sortes de pollution et de nuisance dans le milieu récepteur. Cet ensemble d'eau rejetée et de déchet constitue ce qu'on appelle les eaux usées (D.D Mara, 1980). Cette contamination touche les eaux de surface et les eaux souterraines qui circulent dans le sol. Elle entraîne une dégradation de la qualité de l'eau, ce qui rend son utilisation dangereuse (pour l'eau que l'on boit par exemple) et perturbe beaucoup le milieu aquatique (en particulier la vie des poissons). Les eaux usées sont classées en quatre types : · Les eaux usées domestiques : Ce sont les eaux usées qui proviennent des établissements et services résidentiels, produites essentiellement par le métabolisme humain et les activités ménagères (eaux ménagères et eaux de vannes) · . Les eaux usées industrielles : Ce sont les eaux usées qui proviennent de locaux utilisés à des fins industriels, commerciales, artisanales ou de services, leurs eaux de refroidissement de pompes à chaleur et de climatisation. Les eaux usées industrielles doivent faire l'objet, avant rejet vers le réseau public, d'un traitement adapté à leur nature afin d'assurer la protection du milieu récepteur. · Les eaux pluviales : Ce sont les eaux usées qui proviennent des précipitations atmosphériques, elles sont chargées de matières minérales en suspension, d'hydrocarbures. La pollution de l'eau est presque toujours due aux activités humaines, même si cette pollution est parfois accidentelle. Parmi les quatre principaux types de pollution, la pollution domestique est le principal type de pollution qu'on rencontre dans la commune de Kalamuavec les eaux usées rejetées des toilettes, les poudres à laveret les détergents, le chlore qui sert pour la désinfection de l'eau et le plomb qui compose les tuyaux.
La gestion des déchets désigne l'ensemble des opérations et moyens mis en oeuvre pour limiter, recycler, valoriser ou éliminer les déchets. (Navarro 1994). C'est-à-dire des opérations de prévention, de pré-collecte, collecte, transport et toute opération de tri et de traitement, afin de réduire leurs effets sur la santé humaine et sur l'environnement.
La précollecte des ordures désigne l'ensemble des opérations d'évacuation des déchets depuis leur lieu de production jusqu'au lieu de prise en charge par le service de collecte.
La collecte est l'ensemble des opérations qui consistent en l'enlèvement des déchets de points de regroupement pour les acheminer vers un lieu de tri, de regroupement, de valorisation, detraitement ou de stockage (Paradis et al., 1983). On distingue plusieurs types des collectes dont : a. Collecte classique Se rapporte à la collecte en mélange, c'est une collecte traditionnelle, sans triage. b. Collecte sélective C'est une collecte de certains flux de déchets (recyclables, secs et fermentescibles), préalablement séparés par les producteurs, en vue d'une valorisation ou d'un traitement spécifique. La collecte sélective s'applique autant aux déchets ménagers qu'aux déchets industriels. c. Collecte en porte à porte Mode d'organisation de la collecte dans lequel le contenant est affecté à un groupe d'usagers nommément identifiables, et le point d'enlèvement est situé à proximité immédiate du domicile de l'usager ou du lieu de production des déchets.Ce mode de collecte s'applique plus aux déchets ménagers qu'aux déchets industriels.
Le dictionnaire encyclopédique environnement et développement durable explicite le traitement des déchets en termes d'un processus visant à : - Valoriser au maximum les déchets ; - Transformer les déchets en rejet éco compatible (retour acceptable des déchets dans le milieu naturel) ; - Stocker les résidus ultimes. Parmi le mode de traitement des déchets on distingue :
L'enfouissement est une technique qui peut être pratiquée soit à grande échelle, lorsqu'on enterre les tonnages importants des ordures ramassées dans plusieurs parties de l'agglomération soit au niveau des ménages qui disposent des étendues convenables des parcelles, ceux des quartiers et des communes périphériques notamment. Mais ceci peut rendre le sol imperméable et infertile si ces déchets ne sont pas biodégradables.
Le compostage permet de fournir un matériau de bonne qualité et sans danger pour l'agriculture. Après élimination du maximum d'éléments dégradables (à la main, par de ferrailleur magnétique, etc..) les ordures sont broyées de préférence puis décomposées et stabilisées, ce qui donne le compost employé comme engrais dans l'agriculture.
L'incinération est une technique de transformation par l'action du feu. C'est une des techniques de gestion des déchets qui peut servir à produire de l'électricité.
Elles contiennent en gros plus de 60 % des résidus organiques et végétaux. En détail, on y trouve les matières inertes (sables et poussières), les déchets végétaux (feuilles, branches, légumes), déchets de verre, de métal, de caoutchouc, déchets sanitaire, papiers, cartons, etc. (HolenuMangenda, 2016).
Ils contiennent : - Les déchets des cuisines, des habitations et des bureaux, - Les déchets des marchés, des lieux de fêtes, des artères, des espacespublics, des écoles, des hôpitaux, des casernes, des prisons, - Les déchets végétaux des ronds-points, des espaces verts, des jardinspublics, - Les déchets des établissements artisanaux, industriels et commerciaux ; - Les cadavres des animaux, des épaves, les appareils électroménagers, - Les déchets des hôpitaux, de laboratoires, des cliniques et despharmacies.
A en croire Lelo Nzuzi et Tshimanga racontent que Kinshasa n'était qu'une petite bourgade de 10.000 habitants. La population a augmenté et doublé en cinq ans, avec en moyenne une augmentation annuelle de 4.700 habitants. Ce qui fait qu'en 1930, Kinshasa comptait 39.530 habitants. A partir de 1935, le taux de croissance annuelle est de 1,1% et s'accélère entre 1940-1945 pour atteindre 1,5% par an à cause de la reprise des activités économiques qui nécessitaient une abondante main-d'oeuvre pour soutenir « l'effort de guerre » qui marque cette période. Disons que durant la 2ème guerre mondiale, la population Kinoise a doublé. Cette tendance à la forte croissance démographique s'est poursuivie jusqu'en 1955. De 1955 à 1960. La croissance démographique et l'exode rural ont repris de la plus belle manière après l'indépendance, c'est-à-dire de 1960 à 1970. Kinshasa est aux prises avec l'exode rural dû au laxisme de l'administration et à la rébellion. Cette dynamique démographique était déterminée par les enjeux politiques après l'indépendance, suite à la création des multiples partis politiques à tendance tribale, elle pousse les leaders politiques à arrêter l'exode rural pour gonfler leur électorat Kinois. Les multiples tentatives de renvoi des désoeuvrés Kinois vers leurs villages d'origines par l'administration de la Première République n'ont pas réussi à favoriser les flux démographiques vers Kinshasa entre 1970 et 1980. L'étude de B.E.A.U.révèle que la population urbaine dans la population totale de la RDCest passée de 28,8% en 1970 à 32% en 1984, Kinshasa affirme sa primauté en matière de croissance démographique. La paupérisation de la campagne à cause de la crise économique mondiale et la politique de la zaïrianisation ont engendré des vastes déplacements des ruraux vers les villes secondaires d'abord, puis vers Kinshasa en définitive. Entre 1980-1990, la dégradation des conditions de vie en milieu rural, le manque d'entretien des routes de desserte agricole, le départ massif des entrepreneurs étrangers (conséquence de la politique de Zaïrianisation) et le programme d'ajustement structurel imposé par le FMI et le Club de Paris ont aggravé la crise. Les ruraux confrontés à cette crise migrent vers Kinshasa avec l'espoir de trouver un emploi rémunérateur et de mieux vivre qu'en milieu rural. De 1990 à 1995, le taux de croissance démographique est de 5,2% à Kinshasa. Cette ville constitue un symbole de liberté et d'accession au mode de vie occidental. En effet, les scènes de pillage de 1991-1992 à Kinshasa et dans certaines villes de provinces parachèvent le délabrement du tissu économique national déjà précaire depuis les années 1980. En effet, Kinshasa vit une explosion démographique. L'accroissement naturel, l'exode rural et l'incorporation dans la ville des secteurs et chefferies périphériques sont à la base de cette explosion démographique dont le taux de croissance démographique est estimé à environ 6% et avec un nombre moyen de 6,7 personnes par ménage et la ville devient une métropole en 2011 en atteignant 10.000.000 d'habitant (Rapport INS, 2011)et aujourd'hui sa population est évaluée à 14.342.000 habitants en 2020 selon le rapport publié par Populstat en 2020. Les résultats obtenus par Lelo Nzuzi (2008), prouve qu'un individu vivant dans les quartiers populaires de Kinshasa produits 0.5kg des ordures par jour. Donc pour une population de 14 millions d'habitants que compte ville de Kinshasa, peuvent produire 28.000.000 Kg soit 28.000 tonnes des déchets par jour. Figure 1. Evolution de la population de Kinshasa de 1881-2020 Source : Populstat, World Gazetteer(**) 2020
La croissance urbaine des pays en développement est portée par la vague démographique. En effet, le principal facteur de l'explosion urbaine réside aujourd'hui dans le taux d'accroissement naturel des citadins, qui demeure élevé en raison d'une fécondité encore forte et d'une chute de la mortalité. En RDC, on a souvent l'impression que le phénomène de croissance urbaine est mal contrôlé ou mal géré.L'augmentation trop rapide du nombre de citadins ne permet pas l'extension des infrastructures essentielles à l'environnement urbain dans le même temps. Les villes congolaises étant généralement pauvres, avec des moyens d'investissements très limités, elles ne peuvent offrir à tous les ruraux qui affluent emplois, équipements et logements sociaux. C'est pourquoi, dans la plupart des agglomérations qui ont une croissance rapide, une grande part de la population vit sur des sites d'habitation non adaptés. Les centres urbains anciens, qu'ils soient ou non d'origine coloniale, se dégradent progressivement tant dans leurs conditions d'habitat que dans leurs infrastructures. En effet, la transformation de l'utilisation des terres est considérée aujourd'hui comme une des causes de la dégradation de l'environnement et de la perte de biodiversité, au même titre que les changements climatiques (Burel et Baudry, 1999, Grimm et al., 2008). De même, un des principaux éléments de transformation du site par la croissance urbaine est la modification de la couverture végétale périphérique notamment due aux besoins en bois de feu des populations, entraînant une dégradation des écosystèmes forestiers. Dans beaucoup de pays africains, tout comme en RDC, la production agricole stagne, voire recule de même que l'écosystème se dégrade. La productivité agricole, n'augmente pas et les conditions de vie en milieu rural ne s'améliorent pas non plus. Ce contexte de « non-développement » du milieu rural conduit inévitablement les villageois à l'exode (Gendreau, 1996). Face à ce défi, l'un de moyen pour résoudre le problème de concentration démographique dans la ville de Kinshasa faudrait développer les milieux ruraux, cela va freiner la croissance spatiale et démographique à Kinshasa (Lelo Nzuzi 2020). Par ricochet, le taux de croissance démographique élevés que connait la commune de Kalamu sont essentiellement dus à l'accroissement naturel qui a deux facteurs clés : la natalité qui peut être cerné à partir de la fécondité, et la mortalité. Expliquer le niveau élevé du taux de croissance démographique revient à expliquer les niveaux de ces deux phénomènes. Toute ville tend à grandir lorsque la fonction pour laquelle elle a été créée prend de l'ampleur, d'autres fonctions viennent automatiquement s'y incruster. La ville devient plurifonctionnelle car chaque fonction a besoin du personnel et de la main d'oeuvre de plus en plus nombreuse ; cette plurifonctionnalité fait éclater les limites du territoire urbain. (Holenu, 2016). La croissance urbaine de Kinshasa est des plus spectaculaires. En 1889 la ville naissante s'étendait sur 115 ha pour 5000 habitants. Vers 1919, 14.000 habitants occupent une superficie de 650 ha. En 1960, 5.500 ha à caractère urbain supportent une population de 400.000 habitants. Après l'indépendance le cadre éclate et la population déborde spontanément les limites volontaires qui jusqu'alors circonscrivaient la ville. L'évolution de Kinshasa constitue un phénomène exceptionnel qui a profondément modelé sa morphologie et sa structure urbaine. Cette croissance est due à plusieurs facteurs : La ville s'installa petit à petit à la station. Un événement capital donna une impulsion à cette occupation. Il s'agit de l'inauguration en 1898 du chemin de fer Matadi-Léopold ville avec l'arrivée à la gare d'Usoke de la locomotive pilotée par Nicolas CITO après un parcours héroïque de 4-5 jours. De 1907 à 1912. Le commissaire de District G. Moulaert réunit les agglomérations de Léo, Kalina, et Ndolo en traçant les routes : avenue Vangele(Lukusa), Valke (de la Justice), Engels (Colonel Mondjiba). En 1921, MOULART créa le port de Kinshasa. Avec le port, l'aérodrome et le rail se développent les activités de la ville. Suite au premier accident d'avion survenu en 1921, en face de l'actuel OCC (Avenue des Aviateurs), l'aérodrome fut déplacé quelques années plus tard vers le site de Ndolo. Pour amener les pilotes blancs de Ndolo au camp Léopold où ils résidaient, on construit la première route asphaltée de la cité Indigène, Kabinda qui délimité la cité, du cimetière (voix du peuple). Toujours aux alentours de 1920, quelques cités indigènes virent le jour. Notamment les camps des travailleurs de l'OTRACO (camp OLSEN à Barumbu), camp CITO à Kauka, etc., les HCB (Huileries du Congo Belges) à Lingwala, camp TEXAF, TISSACO, CHANIC (à Kintambo) et autres. Les cités ont commencé à se peupler à Barumbu, Kinshasa et Lingwala appelé « ancienne cité ». La première voie traversant la cité fut l'avenue des palmiers (devenue la deuxième voie asphaltée de la cité sous le nom d'avenue « prince Baudouin » aujourd'hui avenue KASA-VUBU). Au départ, cette voie était destinée à faciliter l'accès des prêtres de la paroisse Saint Anne (Ville) à la nouvelle paroisse Saint Pierre sur l'avenue Kongolo dans la commune de Kinshasa. Durant cette période fut construite le deuxième stade appelé « Reine Astrid », après le stade « Vélodrome » de Léo II. Après 1954, la population kinoise a connu un boum spectaculaire. Un quartier commercial fut construit à la nouvelle cité avec le Fond social belge (FONCOBEL, actuel Kimbangu). L'accroissement rapide de la population amena l'autorité coloniale à construire des logements standards après le lotissement des nouvelles cités construites par les Fond d'Avance à DENDALE (Kasa-Vubu), Ngiri-Ngiri et N'djili. Les nouvelles constructions standards édifiées par l'office des cités Africaines (OCA) et l'Office des Cités Indigènes (OCI) furent : Renkin(Matonge), Bandalungwa, Lemba et Matete. Ce qui amena le législateur à ériger Léopoldville, au statut de Ville avec personnalité civile et des zones annexes. En 1956 fut la construction de l'Université Lovanium et du Petit séminaire de Mikondo en 1957. En cette année furent organisées les premières élections communales avec 11 communes dont Léopoldville, Barumbu, Saint-Jean (Lingwala), Dendale, Ngiri-Ngiri, Ngaliema, etc. En 1959 furent créées les communes de Matete et de N'djili. Les troubles de 1959 avaient amené la population à envahir des terrains, provoquant l'émergence des cités satellites mal squattés : Camp luka, Makala, Selembao, Kitokimosi. Ce fort taux d'urbanisation entraîne plusieurs conséquences. L'une d'entre elles est la crise du logement, ce qui fait que la population prend le risque de construire sur les zones non aedificandi. Quant à la croissance de la zone périphérique périurbaine, elle est souvent désordonnée et s'effectue sous forme de quartiers d'auto construction, qui sont des habitations définitives ou provisoires. Ce squatting ou « habitat spontané » se fait sans prise en considération des conditions du site et progresse à un tel rythme qu'il est pratiquement impossible aux administrations publiques de le gérer et de tenter d'endiguer le phénomène. Ces zones d'auto construction étant dépourvues d'infrastructures les plus élémentaires, elles entraînent également des problèmes d'assainissement et d'équipements (hôpitaux, écoles, etc.) assez considérables (Wilmet, 1996). A. Muzitonote pour sa part, la répartition spatiale de la population de Kinshasa est déséquilibrée. Le premier espace qui comprend les 22 communes sur les 24 est peuplé par près de 96% de la population totale de la ville. Cet espace n'occupe cependant que les 11% de la superficie de la ville soit 1.100 km² sur les 10.000 km² dont celle-ci dispose. Le second espace constitué de 2 communes, N'sele et Maluku est sous-peuplé avec 7,35% de la population totale de Kinshasa, soit 882.122 habitants. Il couvre cependant 78,74% de la superficie totale de la ville Au regard des chiffres ci-haut avancés, l'on peut dire que le taux d'urbanisation à Kinshasa est très élevé. Autrement dit, il y a concentration urbaine, afflux sans cesse croissant, des populations rurales vers la ville.
Tableau1.Evolution spatiale de la ville de Kinshasa de 1881-2020 Figure 2. Extension de la ville de Kinshasa entre 1880 et 1950 Source : Atlas de Kinshasa planche 10 d'après Jean Fluriot Source : BOUTE, 6 et de St. Moulin, L., rapport PNUD/habitat 2000. De 1881 à 1931, la ville apparaît nettement scindée en deux parties. La plus ancienne, à l'Ouest, montre la cité de Kintambo entièrement construite dans sa partie nord jusqu'au niveau de l'avenue de l'Equateur. Figure 3. Extensionde Kinshasa en 1957 La ville plus récente se développe à l'Est et s'étale au sud de la pointe de la Douane. La cité frappe par sa régularité d'ensemble. La zone actuelle de Kinshasa est à peu près totalement construite. Barumbu, entre le quartier CITAS au nord de la partie occupée par le camp Olsen (Camp Kabinda), et le camp Bousin au sud, laisse un vaste espace vide. A l'Est des cités, des installations industrielles sont en cours de réalisation au bord du fleuve, au-delà de l'avenue Olsen (Flambeau) et de la route des poids lourds. Lingwala (Saint-Jean) est encore vide de toute construction, mais la voirie est déjà tracée. En 1957, les grandes lignes de l'organisation de l'agglomération future sont déjà en place, et le développement vers l'est, au-delà de la rivière N'Djili, s'affirme. Les innovations les plus importantes de cette époque sont certainement la création des cités planifiées O.C.A. On voit, d'Ouest à l'Est, la cité de Bandalungwa construite selon un plan élaboré qui abandonne les formes rigides et simplistes du damier. Puis, au-delà de la rivière Funa, la cité de Kalamu avec, au nord, le camp Kauka (ex-Cito) et le quartier du 20 mai ; plus à l'Est, au-delà de la rivière Yolo, le quartier résidentiel de Limete avec la nouvelle et vaste zone industrielle ; plus au sud, la cité de Matete et, après la rivière N'Djili, la cité satellite de N'Djili. La cité O.N.L. de Lemba est alors en construction. Tout à fait à l'Est, après la rivière Tshuenge, un aéroport international en construction. II est situé à plus de 20 kilomètres du centre-ville. On aperçoit au sud de la ville proprement dite les tracés des futurs réseaux de voirie de Binza, Bumbu et Lemba-Ngaba. Figure 4. Extensionde Kinshasa en 1968 Dès cette époque les collines commencent à être conquises. A l'ouest des quartiers récents opposent un ensemble (Djelo-Binza Populaire (Binza-Gendarmerie) et un ensemble résidentiel de haut niveau où se construisent de luxueuses villas et plus à l'Est, c'est la construction du Campus Universitaire de Lovanium. La figure 4 de la ville en 1968 montrent bien la véritable explosion urbaine des années précédentes. Les quartiers que l'on vient d'évoquer sont déjà construits, et, les terrasses de N'Djili et de Kimbanseke sont occupées de part et d'autre du Boulevard Patrice Lumumba jusqu'à la rivière Mangu. Au-delà de la zone industrielle de Limete, le village de Kingabwa est devenu une zone d'extension au plan quadrillé et régulier. Les collines de Djelo-Binza, Selembao, Kisenso sont conquises. (Marc Pain, 1984) Figure 6. Croissance urbaine de Kinshasa de 1957 à 2021 Figure 5. Extensionde Kinshasa en 1975 Les poussées que l'on observait alors en direction des extrémités Ouest et sont confirmées en 1975. L'espace est en voie d'urbanisation vers Kinsuka, et toute la colline Ikusu est aujourd'hui lotie. La ville gagne en direction des installations industrielles de Brikin et de C.P.A., l'usine textile. II est probable que le replat de Gombe sera bientôt occupé. A l'Est, l'étalement est considérable, Masina et Kimbanseke sont aujourd'hui entièrement loties jusqu'à la rivière Tshuenge L'analyse précise de la croissance spatiale de Kinshasa permet de définir trois villes, trois types d'urbanisation. L'occupation du site est marquée à ses débuts par les contraintes naturelles et l'implantation du noyau colonial. Plus tard, l'action des administrateurs et la puissance des intérêts privés déterminent une ossature qui marque encore le paysage. Enfin l'échec des plans d'urbanisme récents conduit aujourd'hui à une urbanisation sauvage et incontrôlée
Une population dont le nombre de personnes scolarisables est en dessous de la capacité numérique d'accueil et d'encadrement par les professionnels de l'enseignement, ne permet pas à un pays de réaliser des économies d'échelles. En effet, l'institution éducative est un dispositif comprenant un certain nombre d'équipements dont des salles de classes, des moyens de locomotion, des infirmeries, etc. La sous-utilisation de ce matériel constitue une perte pour l'Etat, chacune des places non occupées étant un « manque à gagner ». La conséquence est que pour les pays disposant des moyens limités, les centres scolaires et académiques sont prioritairement construits dans des lieux à densité de peuplement « raisonnable ». Cela peut influer négativement les résultats scolaires de ceux dont les contrées sont éloignées, et qui viennent parfois à l'école à pied pour atteindre le centre scolaire le plus proche. Cependant, une population qui croit rapidement peut ne pas permettre à l'Etat de s'ajuster à temps en augmentant ses capacités d'accueil. Dans un tel contexte, les effectifs pléthoriques retrouvés dans des salles de classes ont une incidence négative sur la qualité de l'enseignement dispensé. Au demeurant, l'offre insuffisante de formation peut compromettre la généralisation de l'instruction.
Une forte poussée démographique peut déséquilibrer le nombre de personnels soignants par rapport à la population totale. Pour les médecins par exemple, la densité médicale doit être au moins d'un médecin pour 3000 habitants. En dessous de ce seuil fixé par l'OMS, la qualité des soins ne répond plus aux normes et peut se dégrader en termes d'accueil des patients, de leur suivi et de la célérité dans les prestations. A cela, il faut ajouter les difficultés que peuvent avoir certains pays à répondre à la tendance haussière de la demande de soins, celle-ci exigeant que de nouveaux investissements soient réalisés.
La croissance démographique provoque une hausse des besoins humains (énergie, nourriture, services, etc.) dont la satisfaction engendre des problèmes environnementaux et sociaux.
La croissance démographique entraine la réduction de l'espace qui est à l'origine de la diminution des sols cultivables, des terrains pour la construction des logements et d'autres infrastructures.
La croissance démographique joue un rôle néfaste dans la dégradation de l'environnement. En effet, plus le nombre de la population dans une région est élevée, plus la répercussion de leurs activités sont importantes. Son impact est multidimensionnel : émissions de gaz à effet de serre (principaux responsables du réchauffement climatique), épuisement des ressources naturelles non renouvelables (pétrole, gaz et autres), Pollution de l'air, de l'eau et du sol. Le réchauffement climatique est largement attribué à un effet de serre additionnel dû aux rejets de gaz à effet de serre et principalement des émissions de CO2, en provenance des activités humaines. Ceci est certainement dû à la combustion des énergies fossiles telles que le charbon, le gaz naturel, le pétrole, des rejets polluants issus des industries et des transports ainsi que de la destruction de grandes forêts équatoriales.
Dans cette partie de notre revue de la littérature, nous traiterons de l'apport de la géomatique dans la gestion des risques urbains en général et dans l'analyse des problèmes d'assainissement en particulier. L'état de la question nous guidera pour l'aboutissement heureux de ce travail d'autant plus qu'il est l'ensemble des littératures lues, cela signifie que nous ne sommes pas le premier à réfléchir sur la question sur la dégradation de l'environnement, plusieurs auteurs s'y sont penché chacun en l'observant de sa façon. Parmi eux on peut citer : L'étude menée par KOUASSI et al (2008) dans les quartiers défavorisés de Yopougon a permis par l'utilisation de l'image satellitaire QUICKBIRD et des données socio-environnementales d'examiner la situation sanitaire dans ces quartiers. Les techniques de télédétection et de SIG l'ont permis de réaliser la carte d'occupation du sol, de localiser les poches d'insalubrité dans le tissu urbain afin de comprendre les causes de la prévalence des maladies liées au déficit en matière d'assainissement. KIENTGA (2008) dans son étude sur la contribution du SIG à l'analyse des liens déchets-santé en milieu urbain fait recours aux SIG pour modéliser les problèmes de santé urbaine en relation avec les déchets solides et liquides. Il s'agit de localiser les sites de déchets et confronté ces sites à la perception des risques sanitaires encourus par la population et d'effectuer des analyses spatiales et temporelles pour l'amélioration des prises de décision en matière de gestion des déchets. Dans son mémoire de fin de formation en DESS/PDU intitulé : Dynamique démographique et crise de logement à Cotonou : cas du quartier Agla, CAPO-CHICHI C. a présenté l'impact de l'évolution démographique sur l'évolution de l'espace à Cotonou. Il a souligné que, l'échec des politiques de développement rural, la politique industrielle et la concentration de la majorité des fonctions de l'Etat depuis les années soixante et soixante-dix, sont des causes de l'évolution démographique rapide de la ville de Cotonou. A ces causes s'ajoutent une fécondité élevée, une mortalité en baisse et des mouvements migratoires accrus. Selon l'auteur, la conséquence de cette dynamique de la population, est l'extension spatiale, avec la naissance spontanée de nouveaux quartiers comme : Fidjrossè, Aïbatin, Kouhounou, Agla, Zogbo, Zogbohouè, Mènontin, Agbato, Tokplégbé, Yénawa, Fifadji etc. Ainsi Cotonou s'est agrandi et sa superficie serait passée de 5.500 hectares en 1979 à 6.750 en 1992 puis 7,9 hectares en 2000. L'émergence ces dernières années de nouvelles technologies de traitement de l'information géographique constitue selon Mouafo (2009) un tournant pour le géographe et l'aménagement urbain. La connaissance géographique et physique détaillée de la ville est un atout pour la gestion des problèmes en milieu urbain (suivi des glissements de terrain, analyse des inondations, gestion des effets, séismes, des éruptions volcaniques, des tempêtes des cyclones, des tsunamis, des marées noires etc.). L'accès à cette connaissance est de plus en plus facilité grâce à la géomatique, à travers les Systèmes d'Information Géographique (SIG), la télédétection, la cartographie, la géodésie... Les SIG sont devenus un véritable sujet d'actualité dans les domaines tels que l'urbanisme. Cet outil de traitement de l'information intéresse de nombreuses politiques publiques parce que c'est un formidable levier d'investigation pour mieux connaitre un certain nombre de situations auxquelles elles ont à faire face et pour la prise des décisions. Dans un SIG la combinaison des couches telles que la carte d'occupation du sol, la carte de végétation, la carte de la zone urbaine, la carte des zones inondées, le MNT, les données hydrologiques et socio-économiques donnent une indication sur le degré de vulnérabilité d'une zone urbaine (Beguec, 2006). Selon Abram (2006), un SIG permet de garder une mémoire du territoire destinée à la compréhension des phénomènes liés au territoire et permet l'établissement des cartes thématiques illustrant les différents enjeux territoriaux autour d'un projet. D'après le CNIG, la modélisation des problèmes hydrologiques couplée à l'utilisation des SIG permet de tester l'influence hydrologique des scénarios d'urbanisation d'une ville. Wade et al (2008) ont utilisé la télédétection et les SIG pour l'étude des risques et catastrophes, notamment les inondations urbaines et les ravinements liés à l'érosion hydrique des sols au Sénégal. Les données optiques et radar utilisés par ceux - ci ont permis de bâtir un SIG - inondation qui servira d'outil d'aide à la décision pour les autorités. De plus le MNT combiné aux données d'érosivité des pluies et d'érodibilité des sols a permis de générer les cartes de sensibilité à l'érosion. Et, les cartes d'occupation du sol dérivées de l'imagerie SPOT-4 HRV intégrées aux cartes de sensibilité à l'érosion ont permis de délimiter les zones à risque. En matière de gestion des déchets, la question de ramassage des ordures pourrait trouver un début de solution grâce à une contribution de la géomatique par : la création de la carte d'organisation globale de la collecte des déchets, le tracé des circuits de collecte et l'optimisation des circuits de collecte à la lumière des éléments cartographiques disponibles. |
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