ABSTRACT
The topic of our research is "The Boulamat and land conflicts
in Chadian urban areas: case of the first district of the city of
N'Djaména». The choice of this subject was motivated by the
resurgence of tensions observed between the "Boulamat" and other actors over
land. Moreover, of the numerous existing literatures on land conflicts
(LAMBITAM: 2004, HOUDEINGAR: 2012, MOUPOU et al. 2010, DONG MOUGNOL et al 2010,
LEUMAKO NONGNI: 2015, NJOYA NDAM 2021), very little explores the interference
of traditional chiefs in land conflicts.
The question that guided our analysis was formulated as
follows: How can we understand and explain the fact that the "Boulamat", who
are supposed to establish peace and harmony among the populations, become the
instigators of tensions over land? In other words, how can we account for the
actions of the "Boulamat" on land? To answer this question, we have formulated
the following hypothesis: The increase in land disputes observed in Chad's
urban areas stems from land speculation organized by the "Boulamat. In reality,
the "Boulamat", who are responsible for the management and distribution of
lineage land, use their position to monopolize it for commercial purposes. This
inevitably provokes contentious reactions and sharp tensions.
Our methodological approach was particularly inspired by two
main theoretical frameworks of analysis, namely: the symbolic interactionism of
H. BLUMER and the strategic actor of M. Crozier. The first one seemed
interesting to us insofar as it allowed us to realize that the social reality
is revealed in the exchanges between the different actors, notably the
"Boulamat" and the mass. The second, on the other hand, allowed us to
understand the social actor as a subtle strategist who uses his position to
satisfy his interests. To gather the field material, we mobilized group
discussions, interviews and questionnaires.
The results of this study show that the increase in urban land
disputes in N'Djaména, is maintained by the "Boulamat" who take
advantage of their status to informally sell land belonging not only to the
community, but also to the State.
Key words. land tenure; land
disputes, urban land tenure.
INTRODUCTION GENERALE
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I. CONTEXTE ET JUSTIFICATION
En décidant de focaliser nos analyses sur la
thématique : « Les Boulamat et les conflits fonciers en milieu
urbain tchadien: cas du premier arrondissement de la ville de
N'Djaména», il nous importe dans cette section de
présenter les motivations qui ont orienté notre choix. Cette
étude trouve son fondement dans les faits empiriques et à la
nature des travaux antérieurs.
1. Les raisons empiriques
Nous sommes partis de l'expérience vécue dans
le Tchad natal où il ne se passe un seul jour sans que l'on ne parle
d'éclats de voix autour du foncier aussi bien urbain que rural. Ces
querelles autour de la terre opposent habituellement plusieurs
catégories d'acteurs. La crise des rapports entre agriculteurs et
éleveurs qui évoluent sur un espace assez étroit et dont
les attaques sont récurrentes. Les conflits entre
éleveurs/éleveurs et agriculteurs entre eux ; une autre
catégorie d'acteurs en conflit avec le foncier en toile de fonds qui a
le plus attiré notre attention est les « Boulamat », la masse
et l'Etat. Ces conflits prennent de plus en plus de l'ampleur, et entrainent
parfois de nombreuses pertes en vies humaines.
2. Les raisons
épistémologiques
La thématique portant sur les conflits fonciers n'est
pas nouvelle ; de nombreux auteurs se sont intéressés à
cette problématique dans le cadre de leurs travaux antérieurs
à l'instar de (LAMBITAM : 20041, HOUDEINGAR2 :
2012, MOUPOU et al. 20103, MAHAMAT : 20134 ; LE ROY et
al. 19825, GIANOLA : 20006, DONG MOUGNOL et al
20107,) et les problématiques développées dans
ces travaux s'orientent majoritairement vers
1 LAMBATIM H. (2004). « Femme et
foncier au Tchad » in La question foncière au Tchad, Acte
du colloque scientifique de N'Djaména du 28 juin au 1er
juillet-septembre 2004, N'Djaména, CEFOD, du p.171-194
2 HOUDEINGAR D. (2012). « Les conflits d'usage
entre principe de coexistence et principe de responsabilité
», HAL, Archive-ouverte, p.3-4
3 MOUPOU M. (2010). « La sécurisation
foncière sur les fronts pionniers au Cameroun », in Regards
multidisciplinaires sur les conflits fonciers et leurs impacts
socio-économico-politiques au Cameroun, Laboratoire de
Développement Durable et Dynamique Territoriale, Département de
Géographie, Université Montréal,p-18-33, chapitre 5,
p.75
4 MAHAMAT A.B. (2013). « Extension urbaine et
problèmes fonciers dans les quartiers périphériques de la
ville de N'Djaména : le cas du quartier Toukra ; Mémoire
du master en géographie, Université de Maroua ;
5 LE ROY E et al. (1980). La
sécurisation foncière en Afrique pour une gestion durable des
ressources renouvelables, Paris, Karthala ;
6 GIANOLA E. C. (2000).La sécurisation
foncière, le développement socio-économique et la force du
droit. Les cas des économies ouest-africaines (La Côte d'Ivoire,
le Ghana et le Mali), Paris, l'harmattan ;
7 DONG MOUGNOL, G-M. (2010). « De la
conquête foncière aux crises interethniques au Cameroun : le cas
des Bamiléké et leurs voisins », in Regards
multidisciplinaires sur les conflits fonciers et leurs impacts
socio-économico-politiques au Cameroun, Laboratoire de
Développement Durable et Dynamique Territoriale, Département de
Géographie, Université Montréal, chapitre 3, p-50-53
3
deux principaux axes notamment, les causes et les
conséquences de ces litiges. Cependant, l'implication des chefs
traditionnels comme chefs d'orchestre ou catalyseur des tensions
foncières n'est pas encore suffisamment explorée en contexte
tchadien. Voilà présenté l'une des raisons qui justifie
également le choix de ce sujet.
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