c) Possession de moustiquaires imprégnées
Sur 453 ménages enquêtés, 384
ménages possédaient des moustiquaires soit un taux de couverture
en moustiquaires de 84,76%. Nos résultats
diffèrent de ceux de JMC Doannio et coll. [24] en 2004
quirapportait à Bouaké chez les chefs de ménage, un taux
de couverture beaucoup plus bas de 27%. Cela témoigne
des efforts accomplis en une décennie au plan national par les
gouvernants pour promouvoir la moustiquaire imprégnée
d'insecticides et surtout la distribuer gratuitement aux populations. En effet,
les populations d'alors, bien que connaissant les avantages de la moustiquaire
imprégnée d'insecticides(82%) ne l'utilisaient
pas à cause de son coût .Cependant, le taux rapporté dans
notre étude est en deçà du taux national qui est de
95% selon le Ministère de la santé et de
l'hygiène publique. Toutefois, l'observation directe
des moustiquaires sur le terrain c'est-à-dire dans les ménages a
permis de retrouver seulement 325 moustiquaires sur les 384 moustiquaires
déclarées par les ménages. On a donc 59 moustiquaires qui
n'ont pas pu être observées. Cela pourrait s'expliquer par
l'absence des chefs de ménage ou de leur représentant le jour du
passage des enquêteurs qui n'avaient donc pas la possibilité de
vérifier l'effectivité des moustiquaires dans ces chambres.
d) Utilisation de moustiquaires imprégnées
Si posséder une moustiquaire est une étape
importante vers la prévention, l'étape suivante est
l'installation et l'utilisation de cette moustiquaire. Or, bien que
possédant des moustiquaires dans le ménage, ce sont seulement
342 ménages qui avaient pu les installer. Le taux d'installation des
moustiquaires est donc de 89,06%. Ce taux, bien qu'important
pourrait être amélioré si certaines barrières
démographiques étaient levées. En effet, nos
enquêtés présentent les caractéristiques de familles
nombreuses. On a 32,90% des ménages qui comptent 9
personnes et plus par ménagece quipourrait poser le problème
d'accessibilité aux moustiquaires imprégnées pour tous les
membres du ménage. Ainsi, du fait du trop grand nombre de personnes dans
le ménage, le nombre de moustiquaires reçues par les
ménages pourrait ne pas suffire à protéger tous les
membres. De plus, l'exiguïté des logements dans lesquels ces
ménages vivent pourrait être une barrière à
l'installation de moustiquaires et donc aussi à leur utilisation par
tous les membres du ménage.
La nuit précédent notre passage, 341 chefs de
ménage ont affirmé avoir dormi sous une moustiquaire ce qui
représente 88,80% de ceux qui possédaient des
moustiquaires. Nos résultats sont au-delà de ceux trouvés
par Silué dans sa thèse au village d'Abobo-baoulé.
Même étant en zone périurbaine, les populations
d'Abobo-baoulé gardent encore leurs coutumes rurales. Or
généralement, la moustiquaire imprégnée est moins
utilisée en milieu rural qu'en milieu urbain. Ce fort taux
d'utilisation des moustiquaires imprégnées par nos
ménages enquêtés pourrait s'expliquer par le fait que les
populations se sont appropriées les messages de sensibilisation à
l'utilisation des moustiquaires imprégnées abondamment
diffusés dans les média et par les professionnels de la
santé mais également par la période où
l'enquête s'est déroulée. En effet, le mois d'août,
c'est encore la saison des pluies et la nuisance des moustiques est forte en
cette période. D'où l'intérêt de dormir sous les
moustiquaires imprégnées. Cependant, 11% des
ménages soit 43 ménages qui possédaient des moustiquaires,
ne les utilisaient pas. Les raisons qui pourraient justifier la non-utilisation
des moustiquaires imprégnées sont d'une part l'état de ces
moustiquaires imprégnées. Environ 18% d'entre
elles étaient abîmées. Or, l'OMS recommande de
vérifier régulièrement l'intégrité des
moustiquaires [12] et d'autre part, des raisons
démographiques. En effet, 32,90% des ménages
comptaient 9 membres et plus. La taille moyenne des ménages de notre
étude était de 7,79 personnes avec des
extrêmes allant de 1 à 52 personnes alors que dans le même
temps, la moyenne de moustiquaires reçues par ménage était
de 3,00. Ce résultat est au-delà des
données démographiques nationales qui montrent que la taille
moyenne des ménages de Côte d'Ivoire est de 5,40 personnes
par ménage[16]. Les autres raisons n'ayant pas
été évoquées par nos enquêtés, c'est
dans la littérature que nous pourrions chercher à comprendre. Des
études antérieures sur les raisons de la non-utilisation des
moustiquaires imprégnées par les ménages évoquent
des raisons biologiques (sensation d'étouffement, chaleur, perturbation
du sommeil) [26] et sociologiques (écart entre la
logique biomédicale qui veut imposer la moustiquaire
imprégnée comme le moyen de prévention du paludisme et les
croyances populaires véhiculées par les
populations)[27]. Selon les travaux de DOANNIO, la
non-utilisation de la MILDA par les populations s'explique par le fait que ces
populations lui attribuent un rôle de protection contre les nuisances des
moustiques et non comme un moyen de lutte contre ces moustiques
[24]. Le même constat est fait par Tia
E.[28] et Binka FN [29]. Et pourtant, Les
moustiquaires imprégnées confèrent une protection
individuelle aux utilisateurs ou protègent les communautés
surtout par un « effet de masse »qui réduit les populations de
moustiques ainsi que leur espérance de vie [30].
Parmi les 453 ménages de notre échantillon, 134
ménages soit 29,60% utilisaient la moustiquaire
imprégnée d'insecticides de manière exclusive tandis que
90 ménages soit 19,90% l'associaient à la pose
de grillages aux portes et fenêtres des maisons et 73 ménages soit
16,10% l'associaient à la pulvérisation de
bombes aérosols et de fumigation. Mieux encore, 44 ménages soit
9,70% utilisaient en association ces trois moyens de
prévention. Ce qui est supposé leur garantir une triple
protection.
Figure 16: Utilisation de la
moustiquaire imprégnée d'insecticide par une famille
(Source : Lingué Norbert, 2016)
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