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Pratiques de prevention du paludisme des chefs de menage de Bouaké


par Kouassi Norbert LINGUE
Université Alassane Ouattara de Bouaké - Master 2 2018
  

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c) Possession de moustiquaires imprégnées

Sur 453 ménages enquêtés, 384 ménages possédaient des moustiquaires soit un taux de couverture en moustiquaires de 84,76%. Nos résultats diffèrent de ceux de JMC Doannio et coll. [24] en 2004 quirapportait à Bouaké chez les chefs de ménage, un taux de couverture beaucoup plus bas de 27%. Cela témoigne des efforts accomplis en une décennie au plan national par les gouvernants pour promouvoir la moustiquaire imprégnée d'insecticides et surtout la distribuer gratuitement aux populations. En effet, les populations d'alors, bien que connaissant les avantages de la moustiquaire imprégnée d'insecticides(82%) ne l'utilisaient pas à cause de son coût .Cependant, le taux rapporté dans notre étude est en deçà du taux national qui est de 95% selon le Ministère de la santé et de l'hygiène publique. Toutefois, l'observation directe des moustiquaires sur le terrain c'est-à-dire dans les ménages a permis de retrouver seulement 325 moustiquaires sur les 384 moustiquaires déclarées par les ménages. On a donc 59 moustiquaires qui n'ont pas pu être observées. Cela pourrait s'expliquer par l'absence des chefs de ménage ou de leur représentant le jour du passage des enquêteurs qui n'avaient donc pas la possibilité de vérifier l'effectivité des moustiquaires dans ces chambres.

d) Utilisation de moustiquaires imprégnées

Si posséder une moustiquaire est une étape importante vers la prévention, l'étape suivante est l'installation et l'utilisation de cette moustiquaire. Or, bien que possédant des moustiquaires dans le ménage, ce sont seulement 342 ménages qui avaient pu les installer. Le taux d'installation des moustiquaires est donc de 89,06%. Ce taux, bien qu'important pourrait être amélioré si certaines barrières démographiques étaient levées. En effet, nos enquêtés présentent les caractéristiques de familles nombreuses. On a 32,90% des ménages qui comptent 9 personnes et plus par ménagece quipourrait poser le problème d'accessibilité aux moustiquaires imprégnées pour tous les membres du ménage. Ainsi, du fait du trop grand nombre de personnes dans le ménage, le nombre de moustiquaires reçues par les ménages pourrait ne pas suffire à protéger tous les membres. De plus, l'exiguïté des logements dans lesquels ces ménages vivent pourrait être une barrière à l'installation de moustiquaires et donc aussi à leur utilisation par tous les membres du ménage.

La nuit précédent notre passage, 341 chefs de ménage ont affirmé avoir dormi sous une moustiquaire ce qui représente 88,80% de ceux qui possédaient des moustiquaires. Nos résultats sont au-delà de ceux trouvés par Silué dans sa thèse au village d'Abobo-baoulé. Même étant en zone périurbaine, les populations d'Abobo-baoulé gardent encore leurs coutumes rurales. Or généralement, la moustiquaire imprégnée est moins utilisée en milieu rural qu'en milieu urbain. Ce fort taux d'utilisation des moustiquaires imprégnées par nos ménages enquêtés pourrait s'expliquer par le fait que les populations se sont appropriées les messages de sensibilisation à l'utilisation des moustiquaires imprégnées abondamment diffusés dans les média et par les professionnels de la santé mais également par la période où l'enquête s'est déroulée. En effet, le mois d'août, c'est encore la saison des pluies et la nuisance des moustiques est forte en cette période. D'où l'intérêt de dormir sous les moustiquaires imprégnées. Cependant, 11% des ménages soit 43 ménages qui possédaient des moustiquaires, ne les utilisaient pas. Les raisons qui pourraient justifier la non-utilisation des moustiquaires imprégnées sont d'une part l'état de ces moustiquaires imprégnées. Environ 18% d'entre elles étaient abîmées. Or, l'OMS recommande de vérifier régulièrement l'intégrité des moustiquaires [12] et d'autre part, des raisons démographiques. En effet, 32,90% des ménages comptaient 9 membres et plus. La taille moyenne des ménages de notre étude était de 7,79 personnes avec des extrêmes allant de 1 à 52 personnes alors que dans le même temps, la moyenne de moustiquaires reçues par ménage était de 3,00. Ce résultat est au-delà des données démographiques nationales qui montrent que la taille moyenne des ménages de Côte d'Ivoire est de 5,40 personnes par ménage[16]. Les autres raisons n'ayant pas été évoquées par nos enquêtés, c'est dans la littérature que nous pourrions chercher à comprendre. Des études antérieures sur les raisons de la non-utilisation des moustiquaires imprégnées par les ménages évoquent des raisons biologiques (sensation d'étouffement, chaleur, perturbation du sommeil) [26] et sociologiques (écart entre la logique biomédicale qui veut imposer la moustiquaire imprégnée comme le moyen de prévention du paludisme et les croyances populaires véhiculées par les populations)[27]. Selon les travaux de DOANNIO, la non-utilisation de la MILDA par les populations s'explique par le fait que ces populations lui attribuent un rôle de protection contre les nuisances des moustiques et non comme un moyen de lutte contre ces moustiques [24]. Le même constat est fait par Tia E.[28] et Binka FN [29]. Et pourtant, Les moustiquaires imprégnées confèrent une protection individuelle aux utilisateurs ou protègent les communautés surtout par un « effet de masse »qui réduit les populations de moustiques ainsi que leur espérance de vie [30].

Parmi les 453 ménages de notre échantillon, 134 ménages soit 29,60% utilisaient la moustiquaire imprégnée d'insecticides de manière exclusive tandis que 90 ménages soit 19,90% l'associaient à la pose de grillages aux portes et fenêtres des maisons et 73 ménages soit 16,10% l'associaient à la pulvérisation de bombes aérosols et de fumigation. Mieux encore, 44 ménages soit 9,70% utilisaient en association ces trois moyens de prévention. Ce qui est supposé leur garantir une triple protection.

Figure 16: Utilisation de la moustiquaire imprégnée d'insecticide par une famille

(Source : Lingué Norbert, 2016)

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