INTRODUCTION GENERALE
Gomez R., 1998). A cela s'ajoute leur dépendance aux
conditions climatiques qui en déterminent leur état et leur
vulnérabilité (Malou R., 1992).
La rupture climatique qui s'est opérée depuis
1969 a engendré d'énormes conséquences sur les ressources
en eau en Basse-Casamance (Diop E. S., 1986, 1990 ; Dacosta H., 1989 ; Dacosta
H. et Gomez R., 1998 ; Malou R., 2004 ; Cormier-Salem M. C., 1989) entrainant
une nette diminution de l'apport pluvial et par conséquent une
amplification du processus de remontée saline, conditionnée par
un taux important d'évaporation. Ceci a rendu le bilan hydrique
déficitaire dans l'estuaire de la Casamance (Lahoud A., 1988), modifiant
ainsi le comportement hydrologique du cours d'eau principal (le fleuve
Casamance). La Casamance est devenue alors un estuaire à sens
inverse2, et cela s'est produit selon Diop E. S. (1986) juste au
début des années 1970. Avec une péjoration des conditions
pluviométriques, les débits déjà faibles ont encore
diminué, les apports d'eau douce sont devenus insuffisants pour
compenser les remontées salines (Cormier-Salem M. C., 1989).
Aujourd'hui, la disponibilité en eau est influencée, d'une part
par une pluviométrie moins abondante et surtout
irrégulière, et d'autre part par le contraste entre les
bas-plateaux cloisonnés et les bas-fonds influencés par
l'intrusion saline (Sané T., 2017). Ce qui amène l'eau
salée à pénétrer non seulement dans les terres mais
aussi dans les aquifères superficielles et profonds, qui permettaient
auparavant à ces populations d'avoir de l'eau de consommation tout au
long de l'année. Ces problèmes se sont plus accentués en
milieu insulaire (Sarr C. S., 2017), du fait de la forte imbrication entre
terre-mer et fleuve qui influe fortement sur la nature des ressources en
eau.
Dans les îles de la Basse-Casamance, les nappes d'eaux
douces exploitables sont localisées sous forme de lentilles plus ou
moins substantielles, principalement dans les unités de cordons sableux
et de terres topographiquement élevées (Diop E. S., 1986). Ceci
découle des modifications de l'hydrologie et de l'hydrogéologie
sur le littoral qui résultent, d'après (Kim et al.,
2009) des déplacements de l'interface eau douce/eau salée. Dans
cette zone d'interface, les eaux douces s'écoulant dans l'océan
se mélangent aux eaux salées par le processus de dispersion et de
diffusion moléculaire (Barlow P. M., 2003). Une dynamique se
présente alors avec une position qui dépend directement des
conditions de flux (climat), de potentiel (océan) mais également
de prélèvements (actions anthropiques) (Vittecoq B. et al.,
2007).
2 Selon Pritchard (1967), un estuaire à sens inverse est
un estuaire dans lequel l'influence de l'eau douce est nulle en saison
sèche, conduisant à l'hypersalinisation de l'eau des
rivières ou fleuves.
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