INTRODUCTION GENERALE
sur le profil longitudinal de la salinité. Selon eux,
entre 1968 et 1969, la salinité diminuait de l'embouchure vers l'amont
sauf en fin de saison sèche. Mais, en 1984-1985, la salinité
augmentait progressivement avec la distance à l'embouchure sur la plus
grande partie de l'estuaire, pouvant atteindre 120%o. Les mesures
réalisées entre 1966 et 1992 issues de cette étude
montrent que la Casamance est devenue une ria qui fonctionne comme un estuaire
inversé avec un gradient de salinité croissant du littoral vers
le continent. Dans le même sillage, Sané T. et al. (2010)
confirment que le fleuve Casamance fonctionne comme une véritable ria
caractérisée par de fortes concentrations de sel sur l'essentiel
de son grand bassin versant. Pour expliciter ce phénomène, Diop
E. S. (1986) rapporte que jusqu'aux années 1970, le fleuve suivait un
fonctionnement «normal». Les débits d'eau douce, quoique
faibles, subsistaient même en début de saison sèche si bien
que les marées de salinité n'affectaient qu'en partie l'ensemble
du fleuve. La péjoration climatique a en effet bouleversé le
fonctionnement hydrologique de ce cours d'eau. Les analyses de
pluviométrie annuelle effectuées par Pagès J. et
al., en 1987, aux stations de mesures implantées dans l'estuaire de
la Casamance, montrent une nette tendance à la diminution de
l'intensité des précipitations depuis 1968 avec des
périodes de grande sécheresse. Cette diminution des apports
pluviaux a entrainé par la suite une perturbation du régime
hydrique «normal». Pour ces auteurs, l'évaporation intense
conditionnée par une géométrie particulière et une
topographie irrégulière a amené l'estuaire à son
état actuel de sursalinisation. Lahoud A. (1988) en comparant les
observations de Brunet-Moret Y. de 1968-1970 et celles de Pagès J.
et al., de 1984 à 1986, s'aperçoit qu'il y a une
évolution du profil longitudinal de la salinité. Autrefois
concave, il est devenu convexe avec un pic de sursalure qui dépasse
100%o. Cela a abouti à une contamination des nappes superficielles du
Continental Terminal par le biseau salé surtout dans les villages
insulaires, hypothéquant ainsi leur approvisionnement en eau potable en
plus des activités agricoles déjà menacées. Janicot
S. et al., (2015), poursuivent en soulignant que l'intrusion de l'eau
de mer a de lourdes conséquences pour les écosystèmes
terrestres littoraux. En d'autres termes, la salinisation des eaux et des
terres menacerait ainsi l'agriculture et l'approvisionnement en eau potable en
milieu insulaire.
Abondant dans le même sens, Decroix L. et al.,
(2015), explique qu'en raison de la faiblesse de la pente, les eaux du fleuve
sont saisonnièrement soumises à la montée marine
jusqu'à 200Km de l'embouchure. Ainsi, les sols des bas-fonds et les
cuvettes aptes à l'agriculture, subissent la remontée de la
langue salée. Selon la DEEC (2010) l'écoulement sur le fleuve
Casamance est irrégulier, il suit l'évolution de la
pluviométrie. Elle poursuit en notant que la langue salée a
accentué la salinisation des nappes des eaux de surface dans la plupart
des zones côtières.
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