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Dynamique urbaine et gestion foncière dans les villages intégrés à  la ville. Le cas de Sapia, Tagoura et Zakoua à  Daloa (Côte d’Ivoire).


par KOUADIO YAO GUERSCHOM N'Gotta
Université Jean Lorougnon Guede de Daloa - Master 2 2019
  

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2.2. Evolution de la superficie urbanisée de DALOA

La croissance de la population de la ville de Daloa s'est accompagnée d'une pression sur les espaces urbain et péri-urbain. De 242 hectares en 1958, puis 393 ha en 1962, l'espace urbanisé est passé successivement à 645 ha en 1970, à 1340 ha en 1980 puis à 2510 ha en 1995. En 2008, l'espace urbanisé avait atteint 2.866 hectares contre 5500 ha en 2016 selon les services techniques de la Mairie (YAO, 2014). « Du fait de la dynamique démographique et la forte demande de terrains à bâtir, les espaces non constructibles sont pris d'assaut : les servitudes laissées par l'aménageur autour des bas-fonds, lors des lotissements, sont convoitées par la population sans cesse grandissante et autres demandeurs de terrains pour y bâtir des habitations, mettant à mal l'interdiction de construire dans ces zones » (ADOU G. et al., 2017, p. 64). Le tableau 12 montre l'évolution de la superficie urbanisée de Daloa de 1958 à 2016.

Tableau 12 : Superficie urbanisée de Daloa de 1958 à 2016

Année

Superficie urbanisée (ha)

Taux d'accroissement (%)

1958

242

...

1962

393

12,88

1970

645

6,38

1975

838

5,37

1980

1340

9,84

1995

2510

13,37

2008

2866

1,02

2016

5500

2,01

Source : Ecoloc Daloa, 2002 ; Service technique de la Mairie, 2008, 2016

L'analyse du tableau révèle que de 1958 à 2016, la superficie urbanisée de Daloa a connu un accroissement notable de 93 % passant de 242 ha à 3300 ha. Cette croissance est accentuée sur la période 1970-1995 de 74% avec 52% pour la décennie 1970 et 47% de 1980 à 1995. Durant les périodes de 1958 à 1970 et 1995 à 2016, l'extension de Daloa est moins marquée avec respectivement 62% et 24% d'accroissement. Cette croissance spatiale est représentée par la figure 10 suivante.

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Source : Ecoloc Daloa, 2002 ; Service technique de la Mairie, 2008, 2016 Figure 10 : Evolution de la superficie urbanisée de Daloa de 1958 à 2016

La superficie urbanisée de Daloa croît de façon exponentielle et est marquée par trois grandes phases, notamment les périodes 1958-1975, 1975-1995, 1995-2016 où l'on observe respectivement une croissance lente, brusque et rapide, moyenne.

De 1958 à 1975, la croissance spatiale de Daloa est lente, favorisée par ses fonctions administratives qui attirent d'importantes populations. En effet, sur cette période, Daloa fut successivement poste militaire, chef-lieu de subdivision administrative de cercle puis du département de l'Ouest comprenant les villes de Man, Gagnoa, Bouaflé, Issia et Vavoua. La ville est dotée en infrastructures administratives sollicitée par les populations de la région selon la stratégie de développement de l'armature urbaine en Côte d'Ivoire. Entre 1962 et 1975, sur 445 hectares urbanisés, 165 ha soit 37% seulement avaient été prévus par les plans ; les 380 autres hectares urbanisés, soit 63%, procédaient d'un processus spontané (BCEOM, 1982).

Sur la période 1975-1995, la ville amorce une croissance rapide favorisée par l'acquisition de la fonction de ville militaire et du renforcement de son statut administratif. En effet, Daloa abrite le deuxième bataillon d'infanterie militaire et l'état-major de la gendarmerie nationale dont le rayonnement militaire s'étend sur toute la moitié Ouest du pays. La fonction militaire confère une position privilégiée à la ville de Daloa après

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Abidjan et Bouaké. Selon le découpage administratif de 1990, Daloa devient chef-lieu de la région du Centre-Ouest, et par le décret n°96-567 du 28 août 1996, portant organisation du territoire national, Daloa devient chef-lieu de la région du Haut-Sassandra en 1996.

La croissance spatiale de Daloa se fait à un rythme moyen de 1995 à 2016. Cette croissance est impactée par la création de l'Unité Régionale d'Enseignement Supérieur (URES) en 1996 par décret n°96-613 du 09 aout 1996. L'afflux d'étudiant orientés à Daloa accroit la demande en logement qui favorise l'extension de la ville. Daloa devient ville universitaire en 2012 par la transformation de l'URES en Université Jean Lorougnon Guédé (UJLoG) à travers le décret N°2012-986 du 10 octobre 2012. L'institution favorise l'arrivée de plus de 1000 étudiants dans la ville chaque année. La demande en logement des étudiants, enseignants et personnel administratif contribue également à l'étalement rapide de la ville.

Par ailleurs, l'installation du camp de L'ONUCI à la faveur de la crise politico militaire que connait le pays depuis 2002 contribue à l'extension de l'espace urbain. La demande en logement des onusiens a crée une dynamique de construction de maison afin de mettre en location. Les nouveaux acquéreurs de terrain urbain et les propriétaires de maison inachevée s'activent pour finir la construction des maisons en vue de les mettre sur le "marché". Dans le même élan, le coût des loyers des maisons en location augmente considérablement dans toute la ville. Les maisons construites sont en majorité pavillonnaire et dans les quartiers résidentiels à la périphérie de la ville.

La croissance de Daloa est également influencée par le développement des activités économiques. En effet, du fait de sa position de ville carrefour, Daloa est un pôle commercial où transite de nombreux produits ralliant les zones Nord et Sud du pays ; les pays de l'hinterland Mali, Guinée, etc. au port de San-Pedro ; et les villes de l'ouest du pays à celles de l'Est. La ville est également un des principaux centres d'approvisionnement en produits vivriers de toute la Côte d' Ivoire. En effet, Daloa est la capitale d'une région agricole grande productrice de vivrier et constitue un marché national pour la commercialisation de la banane plantain, le manioc, le tarro, l'a ubergine etc.

Formée par quatre villages noyaux que sont Lobia, Labia, Tazibouo et Gbeuliville, la ville de Daloa s'est étalée progressivement sur ses périphéries sous forme d'auréole. L'extension de la ville s'est opérée par incorporation des villages environnants et la consommation de leurs patrimoines fonciers. Du fait du rythme soutenu de l'extension

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spatiale, les villages Balouzon, Bribouo, Gbokora, Sapia, Zakoua, Tagoura etc. autrefois situés aux périphéries de la ville sont désormais des villages-quartiers. Daloa atteint Balouzon en 1970, Gbokora entre 2000 et 2010, Sapia, Tagoura et Zakoua depuis 2016.

Daloa compte aujourd'hui plus d'une centaine de lotissements réalisés sur leurs terroirs.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand