ABSTRACT:
Due to its remarkable spatial extension, the city of Daloa has
today reached the peri-urban villages of Sapia, Tagoura and Zakoua. It is
customary landowners to make their plots available to the city. The study aims
at a better knowledge of the integrative logics of the peri-urban villages
Sapia, Tagoura and Zakoua in the city of Daloa. The methodological approach
adopted is based on the exploitation of an abundant literature on the subject,
supplemented by field visits, interviews with the managers of the city
(Regional Director of Construction and Town Planning, Mayor) and a
questionnaire survey of landowners in Sapia, Tagoura and Zakoua. The new
subdivisions open on plots that have already been the subject of transactions,
either between indigenous Bété and foreign populations in the
region (non-native and non-native), or between the town hall and the applicants
for building land. These subdivision operations and the sale of land, supported
by high land speculation, lead to land disputes that weaken social cohesion.
Because of these disputes, the lots are insufficiently developed, thus
disfiguring the urban landscape.
Key words: Daloa, urban dynamics, integrative
logics, peri-urban villages.
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INTRODUCTION GENERALE
1. COMPREHENSION DU SUJET
Le processus de changement et de transformation des modes
d'utilisation de l'espace, des modes de production économique et des
modes de consommation, se traduit sur le territoire ivoirien par deux
modalités : le gonflement démographique et la multiplication des
villes. Bien qu'en baisse, le taux de croissance annuelle de la population
urbaine reste élevé : de 3,8% sur la période 1975-1988, le
taux de croissance annuelle est passé à 3,3% entre 1988 et 1998,
puis à 2,6% entre 1998 et 2014 (RGP 1975 ; RGPH 1988, 1998 et 2014). Les
agglomérations rurales franchissent rapidement le cap de gros village et
deviennent des villes, soit par le biais de l'équipement en
infrastructures, soit par l'érection à un niveau supérieur
de l'échelon administratif de l'organisation territoriale ou par
l'intensification des activités d'échanges. Ces villes
s'agrandissent sur leurs marges et atteignent les villages
périphériques. L'intégration des villages
périphériques à la ville impose aux propriétaires
coutumiers de mettre leurs portions de terre à disposition.
En outre, fortement centralisée depuis la
période coloniale, la gestion foncière urbaine en Côte
d'Ivoire a connu une évolution significative depuis 2013. Jusqu'en 2013,
les lotissements administratifs étaient initiés par les
sous-préfectures et les mairies : la mairie était chargée
des lotissements du périmètre communal tandis que la
sous-préfecture intervenait en dehors de celui-ci. Il était
instauré une commission d'attribution de lots comprenant des
représentants de la préfecture, de la sous-préfecture ou
de la mairie, selon le cas, du cadastre et de la construction. En 2014, l'Etat
consolide les droits coutumiers et donne la possibilité aux
communautés villageoises et aux détenteurs de droits coutumiers
fonciers d'initier le lotissement de leurs parcelles. Cette nouvelle
disposition règlementaire eut pour effet d'accroitre le pouvoir et le
rôle des populations autochtones, les mettant ainsi au coeur de la
production foncière.
A Daloa, les nouveaux lotissements s'ouvrent sur des parcelles
qui appartiennent aux propriétaires coutumiers des villages
périurbains Sapia, Tagoura et Zakoua. Or, 80% de ces parcelles sont
utilisées à des fins agricoles ou ont été
cédées à des allochtones et / ou à des
allogènes qui les utilisent à cet effet (Notre enquête,
2018). Aussi, le patrimoine foncier de ces villages intégrés
est-il soumis à de fortes pressions du fait de la concurrence que se
livrent les acteurs de la production foncière. La présente
étude vise à montrer l'impact de la dynamique urbaine de Daloa
sur la gestion foncière dans les villages intégrés Sapia,
Tagoura et Zakoua.
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