1
SOMMAIRE
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS 2
AVANT-PROPOS 3
REMERCIEMENTS 4
RESUME 5
INTRODUCTION GENERALE 6
REVUE DE LA LITTERATURE 7
PROBLEMATIQUE 17
OBJECTIFS DE LA RECHERCHE 17
METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE 18
PREMIERE PARTIE : LE DYNAMISME DE L'ESPACE URBAIN
DE
DALOA 28
CHAPITRE 1 : LA DYNAMIQUE DEMOGRAPHIQUE DE LA VILLE DE DALOA
29
CHAPITRE 2 : LA DYNAMIQUE SPATIALE DE LA VILLE DE DALOA 37
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE 51
DEUXIEME PARTIE : LA GESTION FONCIERE DANS LES
VILLAGES
INTEGRES .48 CHAPITRE 3 : L'ORGANISATION
FONCIERE A SAPIA, TAGOURA ET ZAKOUA49 CHAPITRE 4 : LA PRODUCTION FONCIERE DANS
LES VILLAGES INTEGRES...54
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE .68 TROISIEME
PARTIE : L'IMPACT DE LA DYNAMIQUE URBAINE SUR
LA GESTION FONCIERE DES VILLAGES INTEGRES
65 CHAPITRE 5 : L'IMPACT SOCIO-ECONOMIQUE DE LA DYNAMIQUE
URBAINE
SUR LA GESTION FONCIERE DANS LES VILLAGES INTEGRES 66 CHAPITRE
6 : L'IMPACT SPATIO-ENVIRONNEMENTAL DE LA DYNAMIQUE URBAINE SUR LA GESTION
FONCIERE DANS LES VILLAGES
INTEGRES 84
CONCLUSION DE LA TROISIEME PARTIE 93
CONCLUSION GENERALE 94
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 96
TABLE DES ILLUSTRATIONS 101
ANNEXE 103
TABLE DES MATIERES 109
2
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
ACD : Attestation de Concession
Définitive
AISCI : Agence Immobilière et Services
en Côte d'Ivoire
APTDC : Association des Propriétaires
Terriens de Daloa Commune
BNETD : Bureau National d'Etude Technique et
du Développement
CIADEL : Cabinet International d'Appui au
Développement Local
FIAU : Fond d'Investissement et
d'Aménagement Urbain
FRAR : Fonds Régionaux
d'Aménagement Rural
IGT : Institut de Géographie
Tropicale
INS : Institut National de la Statistique
IRD : Institut de Recherche pour le
Développement
MCLAU : Ministère de la Construction,
du Logement, de l'Assainissement et de
l'Urbanisme
PL : Plan de Lotissement
POS : Plan d'Occupation du Sol
PUD : Plan d'Urbanisme Directeur
RGP : Recensement Général de la
Population
RGPH : Recensement Général de
la Population et de l'Habitat
SETU : Société d'Equipement des
Terrains Urbain
SICOGI : Société Ivoirienne de
Construction et de Gestion Immobilière
SOGEFIHA : Société de Gestion
et de Financement de l'Habitat
UFR : Unité de Formation et de
Recherche
UJLoG : Université Jean Lorougnon
Guédé
VRD : Voiries et Réseaux Divers
3
AVANT PROPOS
Dans le cadre de notre formation universitaire, il nous est
soumis un mémoire de recherche en Master 2, en vue de l'obtention du
diplôme de MASTER.
Le thème de notre mémoire est : «
Dynamique urbaine et gestion foncière dans villages
intégrés à la ville : le cas de Sapia, Tagoura et Zakoua
à Daloa (Côte d'Ivoire) ».
Loin d'être une étude exhaustive, notre travail
est une modeste contribution aux nombreuses recherches déjà
faites sur le foncier urbain en Côte d'Ivoire. Cette étude
s'intéresse à l'ensemble des villes ivoiriennes même si
l'étude approfondie est faite à partir de l'exemple de la ville
de Daloa.
4
REMERCIEMENTS
Nous tenons à adresser nos sincères
remerciements à tous ceux qui ont contribué à notre
formation, à la réalisation de nos travaux de recherche ou
à la production de ce mémoire.
Nous remercions la Présidente de l'Université
Jean Lorougnon Guédé, Professeur TIDOU Abiba Sanogo épse
KONE, le Directeur de l'Unité de Formation et de Recherche des Sciences
Sociales et Humaines, Professeur KONE Issiaka, le Vice-Directeur, Dr MAFOU
Kouassi Combo et le Chef du département de Géographie, Dr
OUATTARA Sahoti pour la qualité de l'encadrement.
Nous remercions sincèrement le Professeur KOFFI Brou
Emile, notre Directeur scientifique, et Dr YAO Kouassi Ernest, notre encadreur,
pour leur disponibilité et l'intérêt qu'ils portent
à notre sujet. Nous remercions également Dr TRAORE Kinakpefan
Michel et Dr GUELE Gue Pierre pour leurs observations qui nous ont
été très utiles.
Nous sommes reconnaissants envers tous les
Enseignants-Chercheurs du département de Géographie et ceux du
département d'Histoire à qui nous adressons nos remerciements
pour la qualité de la formation dont nous avons
bénéficié. Nous remercions également Dr TRA Bi
Crolaud Sylvain de l'UFR Agroforesterie pour ses encouragements.
Nous associons à ces remerciements M. GRAGBO Pepe
Félix, M. GROGUHE Lago et M. HANON Digbeu, respectivement chefs de
Zakoua, Tagoura et Sapia, M. HONE Jacques, Secrétaire
Général de la notabilité de Sapia ; M. YAO N'Goran Bazin,
Directeur Général du Cabinet International d'Appui au
Développement Local ; M. ASSAMOI Diby Albert, Président de
l'Association des Propriétaires Terriens de Daloa Commune ; M. KOUAKOU
Severin du service topographie et lotissement de la Direction Régional
du Ministère de la Construction et de l'Urbanisme ; M. YAO Kouamé
Simplice du service des Cadastres et impôt ; pour la qualité des
informations à nous fournies.
Nous remercions sincèrement M. AKOTO Assamoi Ernest,
Secrétaire Général de l'APTDC, et Directeur
Général de l'Agence Immobilière et Services en Côte
d'Ivoire, Mme YAPI Thierry Anne Delphine épouse AKOTO ; M. GBALOU
Joachin ; Mme AKPOUE Amenan Christine ; pour tous leurs soutiens.
Nous remercions M. N'GOTTA Kouadio Rémi, notre
père, et Mme KORO Amenan Rebecca, notre tendre mère, et toute la
famille N'GOTTA dont l'amour et le soutien est plus que vital.
Nous remercions enfin, tous ceux qui, de près ou de
loin, ont contribué à la réalisation de ce travail dont
les noms ne sont pas mentionnés ici.
5
RESUME :
Eu égard à son extension spatiale remarquable,
la ville de Daloa a atteint aujourd'hui les villages périurbains Sapia,
Tagoura et Zakoua. Il est question pour les propriétaires coutumiers de
mettre leurs parcelles à disposition. La présente étude
vise à connaître l'impact de la dynamique urbaine de Daloa sur la
gestion foncière dans les villages intégrés Sapia, Tagoura
et Zakoua. La méthodologie adoptée repose sur l'exploitation
d'une littérature abondante en la matière,
complétée par des visites de terrain, des entretiens avec les
gestionnaires de la ville (Directeur Régional de la Construction et de
l'Urbanisme, Maire) et une enquête par questionnaire auprès des
propriétaires terriens de Sapia, Tagoura et Zakoua. Les nouveaux
lotissements s'ouvrent sur des parcelles qui ont été
déjà l'objet de transactions, soit entre autochtones
Bété et populations étrangères à la
région (allochtones et allogènes), soit entre la Mairie et les
demandeurs de terrains à bâtir. Les opérations de
lotissement et la vente des terrains, soutenues par une forte
spéculation foncière, entraînent des litiges fonciers qui
fragilisent la cohésion sociale. Du fait de ces litiges, les lots sont
insuffisamment mis en valeur, enlaidissant ainsi le paysage urbain.
Mots clés : Daloa, dynamique urbaine,
logiques intégratives, villages périurbains.
ABSTRACT:
Due to its remarkable spatial extension, the city of Daloa has
today reached the peri-urban villages of Sapia, Tagoura and Zakoua. It is
customary landowners to make their plots available to the city. The study aims
at a better knowledge of the integrative logics of the peri-urban villages
Sapia, Tagoura and Zakoua in the city of Daloa. The methodological approach
adopted is based on the exploitation of an abundant literature on the subject,
supplemented by field visits, interviews with the managers of the city
(Regional Director of Construction and Town Planning, Mayor) and a
questionnaire survey of landowners in Sapia, Tagoura and Zakoua. The new
subdivisions open on plots that have already been the subject of transactions,
either between indigenous Bété and foreign populations in the
region (non-native and non-native), or between the town hall and the applicants
for building land. These subdivision operations and the sale of land, supported
by high land speculation, lead to land disputes that weaken social cohesion.
Because of these disputes, the lots are insufficiently developed, thus
disfiguring the urban landscape.
Key words: Daloa, urban dynamics, integrative
logics, peri-urban villages.
6
INTRODUCTION GENERALE
1. COMPREHENSION DU SUJET
Le processus de changement et de transformation des modes
d'utilisation de l'espace, des modes de production économique et des
modes de consommation, se traduit sur le territoire ivoirien par deux
modalités : le gonflement démographique et la multiplication des
villes. Bien qu'en baisse, le taux de croissance annuelle de la population
urbaine reste élevé : de 3,8% sur la période 1975-1988, le
taux de croissance annuelle est passé à 3,3% entre 1988 et 1998,
puis à 2,6% entre 1998 et 2014 (RGP 1975 ; RGPH 1988, 1998 et 2014). Les
agglomérations rurales franchissent rapidement le cap de gros village et
deviennent des villes, soit par le biais de l'équipement en
infrastructures, soit par l'érection à un niveau supérieur
de l'échelon administratif de l'organisation territoriale ou par
l'intensification des activités d'échanges. Ces villes
s'agrandissent sur leurs marges et atteignent les villages
périphériques. L'intégration des villages
périphériques à la ville impose aux propriétaires
coutumiers de mettre leurs portions de terre à disposition.
En outre, fortement centralisée depuis la
période coloniale, la gestion foncière urbaine en Côte
d'Ivoire a connu une évolution significative depuis 2013. Jusqu'en 2013,
les lotissements administratifs étaient initiés par les
sous-préfectures et les mairies : la mairie était chargée
des lotissements du périmètre communal tandis que la
sous-préfecture intervenait en dehors de celui-ci. Il était
instauré une commission d'attribution de lots comprenant des
représentants de la préfecture, de la sous-préfecture ou
de la mairie, selon le cas, du cadastre et de la construction. En 2014, l'Etat
consolide les droits coutumiers et donne la possibilité aux
communautés villageoises et aux détenteurs de droits coutumiers
fonciers d'initier le lotissement de leurs parcelles. Cette nouvelle
disposition règlementaire eut pour effet d'accroitre le pouvoir et le
rôle des populations autochtones, les mettant ainsi au coeur de la
production foncière.
A Daloa, les nouveaux lotissements s'ouvrent sur des parcelles
qui appartiennent aux propriétaires coutumiers des villages
périurbains Sapia, Tagoura et Zakoua. Or, 80% de ces parcelles sont
utilisées à des fins agricoles ou ont été
cédées à des allochtones et / ou à des
allogènes qui les utilisent à cet effet (Notre enquête,
2018). Aussi, le patrimoine foncier de ces villages intégrés
est-il soumis à de fortes pressions du fait de la concurrence que se
livrent les acteurs de la production foncière. La présente
étude vise à montrer l'impact de la dynamique urbaine de Daloa
sur la gestion foncière dans les villages intégrés Sapia,
Tagoura et Zakoua.
7
2. JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET
Trois raisons justifient le choix de notre sujet
intitulé : « Dynamique urbaine et gestion foncière dans les
villages intégrés à la ville : le cas de Sapia, Tagoura et
Zakoua à Daloa (Côte d'Ivoire) ».
La première raison est d'ordre scientifique. En effet,
l'étude est portée sur le phénomène de
l'urbanisation et ses implications sur l'espace rural environnant. Il est
question dans ce mémoire connaître l'impact de
l'intégration des villages périurbains à la ville de
Daloa. Par ailleurs, l'institution Universitaire a pour vocation de promouvoir
le développement local et universel. D'où l'intérêt
accordé aux problèmes de développement que rencontre la
ville de Daloa qui abrite l'Université Jean Lorougnon
Guédé.
La deuxième raison est d'ordre social. Au plan social,
les problèmes que pose l'intégration des villages aux espaces
urbains sont considérables et perceptibles à tous les niveaux.
L'intégration des villages Sapia, Tagoura et Zakoua à la ville de
Daloa pose des problèmes d'aménagement et de gestion
foncière. Aussi, les populations sont-elles exposées à des
problèmes d'accès au foncier, au logement, aux équipements
et infrastructures et à des problèmes d'accès à un
cadre de vie salubre.
La recherche scientifique étant un outil d'aide
décisionnel pour les administrateurs des territoires, ce mémoire
pourrait servir de guide aux décideurs et aux gestionnaires des villes
ivoiriennes en général, ceux de la ville de Daloa en particulier.
En outre, cette étude pourrait constituer une base de données
pour l'aménagement et une meilleure gestion des villes ivoiriennes.
La troisième raison est d'ordre personnel. En effet,
c'est le rôle du chercheur de théoriser tout ce qui apparait comme
donnée empirique que l'on peut observer. Par conséquent, les
effets des mutations de l'espace rural sont perceptibles et
irréversibles. Ces mutations ont un impact sur le développement
socio-économique et spatio-environnemental, tant des espaces ruraux en
mutation que de la ville en croissance. Toutes choses qui ont animé
notre curiosité et aboutit à la formulation de ce sujet de
recherche.
3. REVUE DE LA LITTERATURE
A l'échelle du monde et plus particulièrement
dans les pays en développement, la relation entre l'étalement des
villes et la gestion foncière est une préoccupation majeure de
développement ; la question foncière étant au coeur de
tous processus de développement territorial. Pour appréhender
cette étude, nous avons passé en revue les écrits relatifs
aux
8
thématiques suivantes : les facteurs de la dynamique
urbaine ; l'étalement urbain ; la gestion foncière ; la
transformation des espaces périurbains.
3.1. Les facteurs de la dynamique urbaine
La dynamique urbaine est un phénomène
étroitement lié à la croissance démographique.
Ainsi, HAERINGER P. (1977) affirme que : « l'extension d'Abidjan a
été rapide parce qu'il fallait assumer sans trop de mal plusieurs
doublements de la population ». De même CHALINE (2000, p. 21)
explique que les transformations des villes dépendent à la fois
des facteurs exogènes dont les courants migratoires traduisent bien
l'importance et d'une dynamique interne qui s'exprime notamment par la
mobilité résidentielle et par les changements progressifs dans
l'occupation sociale de l'espace intra-urbain.
Selon VÉRON J. (2008, p.14), « la ville s'agrandit
par l'arrivée de migrants désireux d'échapper à la
misère rurale, le poids démographique des villes augmente, les
décideurs qui y vivent tendent à favoriser les villes, lors de
l'attribution des ressources publiques, les villes deviennent encore un peu
plus attractives, de nouveaux migrants arrivent en ville, le pouvoir politique
des villes est renforcé ». Ainsi, DURREAU F. (2008) explique que
« la proportion de la population résidant en ville augmentera dans
les prochaines décennies, et même si les migrations depuis les
campagnes vers les villes diminuent, la jeunesse des structures par âges
des populations résidant déjà en ville entretiendra des
rythmes d'accroissement élevés, supérieurs à ceux
observés en milieu rural ».
Quant à VÉRON J. (2008, p. 4), il indique qu'
« un pays dans lequel la proportion des citadins est réduite est
aussi un pays peu avancé dans la transition de sa
fécondité. Cependant, la relation entre croissance de la
population totale et taux d'urbanisation pourrait être inverse : la
croissance démographique serait d'autant plus rapide que le degré
d'urbanisation d'un pays serait bas, la transition démographique
étant moins avancée dans un pays peu urbanisé ».
Cette pensée est corroborée par Miguel Villa
(1996) qui a distingué les pays d'Amérique latine en fonction de
leurs niveaux d'urbanisation pour voir quel lien pouvait être
établi avec le degré d'avancement de la transition
démographique. Les pays les plus urbanisés, comme l'Argentine, le
Chili et l'Uruguay, dont les taux étaient supérieurs à 85
% à la fin de la décennie 1980, étaient les plus
avancés dans la transition démographique. Les pays moins
urbanisés comme le Guatemala, Haïti et le Honduras (taux
inférieurs à 45
9
%) amorçaient alors seulement leur transition
démographique. Les pays ayant des niveaux d'urbanisation
intermédiaires présentaient quant à eux une certaine
diversité, leur degré d'avancement dans la transition
démographique ne correspondant pas à la hiérarchie des
taux d'urbanisation.
Selon l'agence européenne pour l'environnement (rapport
2006, p. 6), « la croissance démographique des
agglomérations n'explique désormais qu'une partie de
l'étalement urbain. L'étalement urbain intervient dans une zone
donnée lorsque le taux d'occupation des terres et la consommation de
celles-ci à des fins d'urbanisation sont plus rapides que la croissance
de la population sur une période donnée. Il est plus causé
par l'évolution des modes de vie et de consommation que par celle de la
population »
Par ailleurs, la dynamique urbaine est impactée par le
développement des activités économiques. C'est ce qui
justifie les propos d'ATTA K. (1978) qui indique que la ville résulte de
l'inscription sur le terrain de la croissance économique : « les
espaces urbains se sont toujours organisés à partir d'un seul ou
de deux grands axes routiers qui traversent la ville en largeur et en longueur
». Poursuivant, il affirme que « l'extension spatiale de la ville de
Bouaké s'est faite à partir de la gare qui a ravi le rôle
de centre de gravité de la ville au poste militaire. Cette extension
spatiale est aussi le fruit du fort attrait de la ville lié à son
rôle de centre administratif régional et d'une forte immigration
(ATTA K. 1984).
Selon KADET B. (1999), la dynamique de l'extension de Guiglo a
été possible grâce à la politique de
développement économique et social de l'Etat ivoirien. Guiglo a
bénéficié d'importants investissements à la fin des
années 1960 (FRAR, FIAU et plans quinquennaux). A ce propos, FUJITA et
THISSE (2003) indiquent que « l'agglomération serait la
contrepartie territoriale de la croissance économique ».
Quant à BEAUCIRE F. et al. (2007, p. 22), ils
soutiennent que « si dans le cadre du développement des
activités de service, les emplois ont tendance à se polariser
dans le centre de l'agglomération, les coûts du foncier
subséquents ont tendance à reléguer les activités
consommatrices d'espace dans le domaine périurbain ».
En revanche, POLESE M. (2010, p.5), explique que « la
relation positive entre taille urbaine et productivité ne se
vérifie qu'à l'intérieur d'un même pays, non pas
entre pays. L'effet positif de la taille urbaine disparait dès que l'on
fait entrer des différences nationales de développement. La
contribution de l'agglomération (par voie d'urbanisation ou de
croissance urbaine) aux hausses de productivité est statique par
l'intermédiaire de la répartition spatiale des ressources ».
De même, VÉRON J. (2008, p. 2) soutient que
10
« l'accumulation de la population dans des cités
toujours plus grandes serait devenue un phénomène largement
autonome, voire "antiéconomique", particulièrement dans les pays
en développement ».
3.2. L'étalement urbain
L'étalement des villes est un phénomène
géographique qui a intéressé de nombreux
auteurs. Selon Philippe JULIEN, (2005, p. 3), « On
désigne couramment par « étalement urbain » le
résultat de la propension des habitants à s'installer, de
préférence dans un habitat pavillonnaire, à la
périphérie des villes. Cela résulte parfois de choix
individuels comme le désir de disposer d'un jardin
(généralement petit dans le cas des lotissements) ou celui
d'éviter une certaine promiscuité inévitable dans les
logements collectifs de la ville. Cela peut résulter aussi de
contraintes : par exemple l'élévation des coûts fonciers au
centre-ville rend parfois difficile l'accès à un logement
décent pour une famille qui s'agrandit »
De même, CUNHA A. et al. (2000, p. 16) expliquent que
l'étalement urbain est un processus de dispersion du bâti et de
dilatation de l'espace urbain embrassant successivement des
«hinterlands» ruraux par annexion et incorporation. Il est
marqué par
trois évolutions généralement
corrélées: la croissance de l'emprise au sol des composantes
urbaines (bâtiments, ouvrages de génie civil, infrastructures de
transport, etc.); la dispersion des éléments urbains dans le
territoire; la multiplication, l'élargissement et l'allongement des
réseaux de transports urbains.
Cet avis est également partagé par ENAULT (2003)
qui indique que tout comme un
processus de diffusion classique, l'étalement urbain
procède donc par contagion. La transformation s'opère par simple
contact entre l'agglomération et la campagne mais également par
« échauffement ». Ainsi, le foyer urbain polarise un large
périmètre rural dont le « potentiel de croissance »
décroît à mesure que l'on s'éloigne du centre de la
ville. Tel un feu de forêt, la ville consume les surfaces les plus
proches tout en envoyant des mèches enflammées sur de longues
distances. Ces dernières sont à l'origine de nouveaux feux
secondaires agissant comme le foyer principal.
Selon GEDDES (1949), « toute ville tend à
s'accroitre : la fonction même en vue
de laquelle cette ville a été créé
prend une place croissante ; d'autres fonctions viennent s'y adjoindre. Chaque
fonction réclame un personnel de plus en plus nombreux ; l'immigration
pousse à l'inflation des fonctions et du personnel. Puis
l'élévation du niveau de vie nécessite des logements plus
nombreux, plus spacieux ». Poursuivant, il explique que cet
11
accroissement est fait de diverses manières
tantôt par entassement, tantôt par projection vers
l'extérieur. Ceci dépend des époques, de la puissance
technique et financière, mais aussi des relations entre la ville et son
arrière-pays.
BEAUJEU-GARNIER (2006) affirme qu'il s'agit d'une «
projection de la ville hors d'elle-même. C'est un processus en
évolution constante ». Ainsi, « l'étalement urbain peut
se définir comme la densification de territoires situés de plus
en plus loin du coeur de la ville » (Philippe JULIEN, 2005, p. 3).
De leur côté, BEAUCIRE F. et al. (2007, p.7)
pensent que « l'étalement urbain caractérise le
phénomène de croissance de l'espace urbanisé de
façon peu maîtrisée, produisant un tissu urbain très
lâche, de plus en plus éloigné du centre de l'aire urbaine
dont il est dépendant ».
Pour DERRUAU (1998), la dynamique urbaine présente
trois aspects : un aspect spatial, un aspect fonctionnel et un aspect
démographique. L'aspect spatial s'intéresse aux étapes
d'extension de la ville. L'aspect fonctionnel concerne la succession des
fonctions d'adaptation aux circonstances historiques qui ont conduit à
la ville actuelle. L'aspect démographique est l'installation d'une
population du fait de l'aspect fonctionnel de la ville.
Dans son étude sur l'impact des unités
industrielles de transformation du bois sur le développement urbain
à Daloa, YAO K. E. (2014) explique que la dynamique spatiale de la ville
de Daloa est remarquable. La rareté des terrains oblige les demandeurs
pressés de se bâtir un toit à s'installer de façon
provisoire sur les marges de la ville dans l'espoir qu'un lotissement
éventuel ferait d'eux des propriétaires définitifs. Le
faisant, ces occupants provisoires participent à l'étalement de
la ville sur ses marges.
Allant dans le même sens, KOUAME G. et al. (2016, p. 24)
expliquent que « dans le District d'Abidjan, l'urbanisation
accélérée s'effectue au détriment de nombreux
villages. Ce phénomène provoque généralement le
déguerpissement des populations riveraines des zones concernées.
Les lotissements, qui en sont la matérialisation, donnent lieu à
une compensation financière destinée à assurer la
réinstallation des populations concernées par de telles
opérations ».
Dans notre étude, le concept de l'étalement
urbain a pour synonyme la croissance urbaine, l'extension de la ville.
12
3.3. La transformation des espaces périurbains
Selon le dictionnaire de la géographie de Pierre GEORGE
et Fernand VERGER (2004, p. 314), le périurbain est l'espace rural
situé en périphérie d'une ville et de sa banlieue et qui
est l'objet de profondes transformations paysagères, fonctionnelles,
démographiques, sociales, culturelles, voire politique.
Concernant notre travail, les villages Sapia, Tagoura et
Zakoua sont incorporés à la ville de Daloa, d'où
l'utilisation du concept de village intégré ou
village-quartier.
Selon CUNHA A. (2000, p. 17), « la
périurbanisation se caractérise par l'émergence de
configurations urbaines discontinues de l'agglomération morphologique,
situées à la périphérie des couronnes suburbaines
et caractérisées par une faible densité, une faible
diversité (sociodémographique), mais aussi par une bonne
accessibilité au reste de l'espace urbain
La périurbanisation est un phénomène
étroitement lié au développement des transports. Pour
DESJARDINS X. (2017, p. 4), « le développement périurbain
est l'aspect le plus visible d'une transformation de l'ensemble des espaces
urbains sous l'effet de la vitesse devenu accessible au plus grand nombre
».
D'après SERRANO J. (2007, p. 3), « la croissance
des pôles urbains tend à se reporter sur les espaces
périphériques plutôt que sur les espaces centraux. En
résultent des espaces particuliers, tant dans leur morphologie
(l'habitat y est peu dense), que dans leur fonctionnalité ou leur
rapport à la ville (leur accessibilité aisée permet les
migrations quotidiennes mais principalement en voiture), que sont les espaces
périurbains ». Cette pensée corrobore celle de DAVODEAU H.
(2005, p. 3) qui affirme que « le processus de périurbanisation se
caractérise par la diffusion urbaine en couronnes successives et
s'appuie sur deux mécanismes principaux : le marché foncier et
les mobilités journalières de travail ».
Pour JULIEN P. (2005, p. 3), « la périurbanisation
est le fait de l'extension spatiale de l'habitat mais également des
infrastructures de transport et des activités : ces extensions devraient
également être considérées parallèlement
à celle de l'habitat ».
Quant à PRAT A. (2010, p. 22), il affirme que « la
frange urbaine est convoitée par tous les citadins, ceux qui sont en
quête de terrains légalisés, et les autres, résidant
en zones loties régulières et qui désirent cumuler
plusieurs parcelles au sein de leur groupe familial, étoffant ainsi un
patrimoine foncier qui témoigne de leur intégration urbaine
».
13
En outre, la périurbanisation est un
phénomène lié au développement de nouveau mode de
vie. Pour EGGERICKX et al. (2002), « l'espace périurbain
apparaît comme socio-démographiquement privilégié,
conséquence directe des flambées des marchés fonciers et
immobiliers qui le caractérisent, mais au sein duquel de fortes
disparités de revenus apparaissent ».
DESJARDINS X. (2017, p. 4), énonce que « la
réalité périurbaine : ce n'est pas seulement l'extension
de la « tache urbaine » ou l'augmentation des zones pavillonnaires,
c'est aussi l'extension de « bassins de vie urbains » qui
agrègent de plus en plus larges zones rurales ».
Pour AYDALOT (1985), la périurbanisation est
liée au développement de modes de vie nouveaux, surtout au
développement de la maison individuelle et implique souvent des taux de
motorisation privée élevés.
Pour VANIER M. (2000, p. 106), « le tiers espace [...]
désigne un espace hybride, complexe, partagé entre villes et
campagnes, relevant de logiques qui sont à la fois urbaines et rurales,
autrement dit ni strictement les unes, ni strictement les autres. Ces logiques
habitantes, sociales, économiques, techniques,
etc. ne peuvent être prises en compte
exclusivement au nom de la ville ou au nom de la campagne, et par leur
système d'action respectif : là où la
société périurbaine mélange à dessein les
composantes urbaines et rurales de son épanouissement, il est
très vraisemblable que l'action collective, et en son sein l'action
publique, doivent trouver leur efficacité dans le même
mélange, autrement dit dans l'inter-territorialité ».
Selon DAVODEAU H. (2005, p. 3), « les paysages
périurbains contemporains se présentent comme un glacis fluctuant
et poreux, un assemblage de deux mondes qui n'existent dans nos
représentations que par leur opposition l'un à l'autre.
Fragmentés, incohérents, morcelés, temporaires,
juxtaposés, fluctuants, discontinus, intermédiaires, ils
déstabilisent notre grille de lecture des paysages (ruraux et urbains)
en faisant émerger une autre réalité, composée
à la fois d'héritages de paysages agraires (chemins, parcelles et
exploitations agricoles, hameaux) et urbains (lotissements, zones
d'activités, infrastructures et équipements) ».
DESJARDINS X. (2017, p. 3) fait remarquer que si la
densité et la diversité dans la proximité sont les marques
de la ville historique, de nouvelles urbanités s'inventent grâce
à l'automobile et aux nouvelles technologies de l'information et la
communication dans les espaces périurbains.
14
Selon JAUZE
J-M. et NINON J. (1999, p. 4) les espaces
périurbains sont le théâtre d'une croissance
démographique élevée s'appuyant sur un solde migratoire
positif. DUPONT V. (2005) affirme que « comprendre les dynamiques
périurbaines est un préalable essentiel à toute entreprise
de planification urbaine et régionale ».
3.4. La gestion foncière
ATTA K. (1984) soutient que la législation
foncière de la Côte d'Ivoire fait de l'Etat le seul
propriétaire de la terre. C'est lui qui par l'intermédiaire des
procédures de lotissement change le sol rural en sol urbain.
Prenant l'exemple d'Abidjan, YAPI-DIAHOU (1981) fait remarquer
que la gestion des terres Ebrié était assurée par trois
échelons de pouvoir et d'autorité qui étaient les "Nana",
le chef du village et le chef de famille. L'introduction de la notion «
terre vacante et sans maître » par les colons va favoriser la
confiscation des terres des populations autochtones au profit des gouvernants.
Poursuivant, YAPI-DIAHOU (1990) explique que la création de la
Société d'Equipement des Terrains Urbain (SETU) répondait
au souci de lotir, de viabiliser, et d'aménager l'espace urbain afin de
permettre à la SICOGI et à la SOGEFIHA d'assurer la construction
de plusieurs logements à Abidjan.
Selon KOUAME G. et al. (2016, p. 25), « à Abidjan,
on note la coexistence de deux organisations, traditionnelle et moderne,
à savoir le/les autorité(s) coutumière(s) et
l'administration, qui ont des procédures distinctes pour la gouvernance
du foncier. Il en résulte un chevauchement des deux compétences
et une gestion concurrente préjudiciables avec un risque réel de
litiges ».
Quant à AKPINFA E. (2006, p. 48), il fait remarquer
qu'au Bénin, le lotissement apparaît bien plus souvent comme une
opération de régularisation de l'occupation anarchique par les
populations des périphéries urbaines, une opération de
remembrement et de restructuration du foncier en milieu urbain et
périurbain. Poursuivant, il explique que les chefs de quartiers et les
chefs traditionnels ou coutumiers sont des intermédiaires entre les
autorités administratives et les ménages. En matière
foncière, ils constituent des sources de renseignements importants pour
la validité d'une propriété. En cas de vente de terrains
entre particuliers, ils constituent le premier niveau d'officialisation de la
procédure de vente.
ZIAVOULA R., (1987, p. 2) affirme qu'à Brazzaville,
l'inexistence d'une publicité foncière permet aux
propriétaires fonciers de choisir l'acquéreur, souvent en
fonction du degré de relation qui existe entre lui et la personne qui
lui présente l'acquéreur potentiel.
15
La personne qui sert d'intermédiaire constitue pour le
propriétaire foncier une caution morale.
ONU-HABIAT (2011) indique que « les gouvernements
devraient renforcer leurs capacités pour réagir aux pressions
exercées par une urbanisation rapide. Une attention particulière
devrait être accordée à la gestion des terres afin de
garantir leur utilisation économique, protéger les
écosystèmes fragiles et faciliter aux pauvres l'accès
à la terre dans les zones tant urbaines que rurales ».
Par ailleurs, le prix du sol urbain est un
élément central de la gestion foncière. Au sujet de la
valeur foncière, le modèle de WINGO (1962) met en relief
l'importance des transports. « Le travailleur qui habite plus près
de la ville bénéficie d'une rente de situation, sa localisation
apparait plus favorable et la valeur foncière de l'endroit où il
réside sera plus élevé que celle d'une localisation plus
lointaine. A l'accroissement de la taille de la ville correspond une
augmentation à la fois de la valeur foncière et des
densités résidentielles. Une amélioration des transports
réduit les inégalités et élimine plus ou moins les
conséquences dénoncées ».
Pour ALONSO (1965), « l'amélioration des
transports favorise l'étalement périphérique de
l'agglomération et une montée des prix du sol dans cette zone,
tandis que la pression foncière diminuerait au centre ».
Selon, MAYER R. (1965), « le prix du sol à la
périphérie équivaut au prix du sol agricole majoré
des coûts de viabilisation et d'équipement, d'une somme
correspondant à une anticipation sur la valeur acquise par le sol
urbanisable, d'une rente de rareté lorsque les terrains constructibles
sont importants ». Ainsi, BEAUCIRE F. et al. (2007, p. 21) font remarquer
que « l'ouverture à l'urbanisation de nouveaux espaces
représente une aubaine financière pour les propriétaires
de terrains agricoles, quand les exploitations se trouvent en
difficultés ou ne disposent plus de repreneurs notamment ».
NGANA F. et al. (2010, p. 2) soutiennent que « la
spéculation immobilière s'intensifie avec l'extension et la
croissance de la population urbaine ».
En outre, des conflits fonciers surviennent dans la gestion
foncière. ZIAVOULA (2007, p. 3) explique que la vente d'un terrain
à plusieurs personnes est une cause majeure de litige foncier. Le
propriétaire terrien espère toujours recevoir un autre
acquéreur pour réaliser une meilleure transaction. Ainsi,
s'établit la chaîne de conflits entre le propriétaire
foncier et les différents acquéreurs. Même dans les
situations où le propriétaire foncier parvient à
rembourser ses clients antérieurs, le conflit demeure entre les divers
acquéreurs.
16
Prenant l'exemple de Korhogo, KOUAKOU B. et al. (2015, p. 8)
expliquent que « les cas les plus fréquents de litiges fonciers
concernent des membres de la même famille opposés par le
système de succession, notamment les neveux et les fils du
propriétaire terrien ». Ainsi, les conflits à
l'intérieur des villages prennent leurs sources dans le partage des
terres familiales (Atlas de la population et des équipements, 2007).
Les tensions foncières rendent difficiles la mise en
valeur des portions de terres acquises. Jean-Philippe Plateau (1998) explique
que « les tensions autour des terres, observées à la
périphérie des villes, traduisent l'inquiétude des acteurs
locaux de voir disparaître leur réserve foncière ».
Au terme de l'analyse des écrits consultés, nous
notons l'insuffisance des données relatives à la gestion
foncière dans les villages intégrés aux villes,
particulièrement en Côte d'Ivoire après 2014. Or, du fait
de son extension spatiale remarquable, la ville de Daloa a
intégré les villages Sapia, Tagoura et Zakoua. Outre les
propriétaires terriens coutumiers, des intermédiaires qui
s'improvisent tantôt promoteurs, tantôt entrepreneurs interviennent
dans la production foncière dans ces villages intégrés. La
pression foncière qui est exercée sur les parcelles
coutumières débouche, par endroits, sur des litiges fonciers.
D'où l'intérêt de la présente étude.
17
4. PROBLEMATIQUE
La croissance démographique et le nombre sans cesse
croissant de demandeurs de terrain à satisfaire à Daloa
accentuent la pression sur l'espace constructible. Aujourd'hui, la ville de
Daloa a atteint les villages péri-urbains Sapia, Tagoura et Zakoua. Par
ailleurs, l'Etat à travers l'arrêté
n°20/MCLAU/DGUF/DDU/lgb du 20 Février 2014, donne la
possibilité aux communautés villageoises et aux détenteurs
de droits coutumiers fonciers d'initier le lotissement de leurs parcelles. A
Daloa, les nouveaux lotissements s'ouvrent sur des parcelles qui ont
été déjà l'objet de transactions, soit entre
autochtones Bété et populations étrangères à
la région (allochtones et allogènes), soit entre la Mairie et les
demandeurs de terrains à bâtir. Les opérations de
lotissement et la forte spéculation foncière qui en
découle entraînent des litiges fonciers qui fragilisent la
cohésion sociale. Aussi, du fait des litiges fonciers, les lots sont
insuffisamment mis en valeur, enlaidissant ainsi le paysage urbain par la
présence de broussaille et terrains en friche, servant parfois à
l'agriculture intra urbaine. La question est de savoir : quel est l'impact de
la dynamique urbaine sur la gestion foncière dans les villages
intégrés Sapia, Tagoura et Zakoua ?
De cette question centrale découlent les questions
subsidiaires suivantes :
Comment s'opère la dynamique spatiale de la ville de Daloa
?
Comment est géré le foncier dans les «
villages intégrés » ?
Quel est l'impact socio-économique et
spatio-environnemental de la dynamique
urbaine de Daloa sur la gestion foncière dans les villages
intégrés ?
5. OBJECTIFS DE L'ETUDE
5.1. Objectif général
Cette étude vise à connaitre l'impact de la
dynamique urbaine sur la gestion foncière dans les villages
intégrés.
5.2. Objectifs spécifiques
De façon spécifique, cette étude vise
à :
- Décrire le dynamisme de l'espace urbain de Daloa ;
- Etudier la gestion foncière dans les « villages
intégrés » Sapia, Tagoura et Zakoua ;
- Analyser l'impact socio-économique et
spatio-environnemental de la dynamique urbaine
de Daloa sur la gestion foncière dans les villages
intégrés.
18
6. METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
La méthodologie adoptée se résume en des
étapes distinctes qui sont : la formulation des hypothèses de
recherche, l'identification des variables d'analyse, la présentation du
cadre géographique de l'étude, la collecte des données (la
recherche documentaire, l'observation directe sur le terrain, les entretiens,
l'enquête par questionnaire), le traitement et l'analyse des
données.
6.1. Hypothèses de recherche
6.1.1. Hypothèse générale
La dynamique urbaine de Daloa a un impact
socio-économique et spatio-environnemental sur la gestion
foncière dans les villages inégrés SAPIA, TAGOURA et
ZAKOUA.
6.1.2. Hypothèses spécifiques
? Hypothèse spécifique 1 :
Eu égard à la dynamique spatiale remarquable de
Daloa, les villages Sapia, Tagoura et Zakoua sont aujourd'hui
intégrés à la ville.
? Hypothèse spécifique 2 :
La production foncière dans les villages
intégrés Sapia, Tagoura et Zakoua se réalise suivant une
organisation interne et des opérations de lotissements.
? Hypothèse spécifique 3 :
La spéculation foncière est à l'origine
des litiges fonciers et de l'essor des lots non mis en valeur qui enlaidissent
le paysage urbain de Daloa.
6.2. Variables d'analyse
Pour vérifier nos hypothèses, nous avons eu
recours à des variables qualitatives et quantitatives liées aux
thématiques suivantes : la dynamique démographique, la dynamique
spatiale, la production foncière, l'achat et la vente de terrain
périurbain.
Tableau 1 : variables liées à la dynamique
démographique
Variables qualitatives
|
Variables quantitatives
|
-Sexe
- Nationalité
- Situation matrimoniale
- Les catégories socioprofessionnelles
|
- Le volume de population - La densité de population - Le
taux d'accroissement moyen annuel de la population
|
Ces variables nous ont permis de décrire
l'évolution du peuplement de Daloa afin d'évaluer son impact sur
l'extension de la ville.
19
Tableau 2 : variables liées à la dynamique
spatiale
Variables qualitatives
|
Variables quantitatives
|
- Le plan d'urbanisme directeur de Daloa
|
- Nombre de lotissements réalisés
|
- Les secteurs d'extension de la ville
|
- Nombre de lotissements approuvés
|
- Le plan d'occupation du sol
|
- Nombre de lot mis en valeur
|
- Mode d'occupation du sol
|
- Nombre de quartiers
|
- Le rythme de construction de l'habitat
|
- Superficie de l'espace urbanisé
|
- La typologie des quartiers
|
- Taux d'occupation du sol
|
- La typologie de l'habitat
|
|
- La nature des matériaux de construction
|
|
- Les mécanismes de l'extension spatiale
|
|
Ces variables nous ont permis de connaître les zones et
les mécanismes d'extensions et de la ville de Daloa.
Tableau 3 : variables liées à la production
foncière
Variables qualitatives
|
Variables quantitatives
|
- Profil socioprofessionnel des acteurs de
la production foncière
- Rôle des acteurs
- Typologie des lotissements
- Le processus de lotissement
- Les dispositions légales en vigueur
|
- Durée des lotissements
- Coût des lotissements
- Nombre de lotissements réalisés
- Nombre de lots par lotissement
- Taille des parcelles loties
- Nombre d'infrastructures et d'équipements
|
Ces variables nous ont permis de connaître les
mécanismes de la production foncière et d'apprécier la
pression foncière dans les villages intégrés Sapia,
Tagoura et Zakoua.
Tableau 4 : variables liées à l'achat et
à la vente des terrains périurbains
Variables qualitatives
|
Variables quantitatives
|
- Identification des vendeurs de terrain
|
- Date d'achat du terrain
|
- Conditions d'accès à la terre
|
- Taille des terrains
|
- Démarche suivie pour l'achat
|
- Prix des terrains
|
- Pièces à fournir pour l'achat
|
- Délai de la démarche d'achat
|
- Documents obtenus lors de l'achat
|
- Nombre de lots vendus
|
- Rôle du Ministère de la Construction
|
- Nombre de lots achetés
|
- Difficultés rencontrés pour l'obtention d'un
lot
|
- Âge des acquéreurs
|
- Procédure à suivre pour l'obtention de l'ACD
|
- Délai de mise en valeur des
|
- Types de litiges fonciers
|
lots
|
- Mode de résolution des litiges fonciers
|
|
- Origine géoculturelle des acquéreurs
|
|
- Fonction des acquéreurs
|
|
- Niveau d'étude des acquéreurs
|
|
20
Ces variables nous ont permis de connaître le profil
socioprofessionnel des vendeurs et acquéreurs de terrain,
d'appréhender les procédures et les conditions d'achat ou de
vente de terrain ainsi que les difficultés qui s'y rattachent.
6.3. Cadre géographique de l'étude
Située au Centre-ouest de la Côte d'Ivoire, la
ville de Daloa est le chef-lieu de la région du Haut-Sassandra. Elle est
distante de 383 Km d'Abidjan, la capitale économique du pays, et de 141
Km de Yamoussoukro, la capitale politique. Localisée à 6°53'
latitude Nord et à 6°27' longitude Ouest, Daloa a une superficie de
5305 km2 avec une population de 245 360 habitants (RGPH, 2014). La
situation géographique de Daloa au carrefour d'axes routiers nationaux
et internationaux et le cumul de fonctions de ville universitaire, militaire,
administrative et commerciale, ainsi que son climat humide rendent la ville
attractive. La figure 1 montre la localisation de la ville de Daloa dans la
région du Haut-Sassandra.
Figure 1 : Localisation de la ville de Daloa dans la
région du Haut-Sassandra
21
6.4. Justification du choix des sites d'enquêtes
Le choix de Sapia, Tagoura et Zakoua localisés
respectivement aux périphéries Est, Nord et Sud de Daloa (figure
2) permet d'apprécier les changements opérés dans la
gestion du foncier urbain. En effet, Sapia, Tagoura et Zakoua ont fait l'objet
de lotissements administratifs initiés par la mairie : Sapia en 1984 et
2012 ; Tagoura en 1974 ; Zakoua en 1982 avec une extension en 2007. Depuis
l'année 2014, ces villages intégrés font
l'expérience des lotissements privés à l'initiative des
propriétaires terriens. Il est également question pour les
communautés villageoises et détenteurs de droits coutumier
foncier de mettre leurs patrimoines fonciers à la disposition de l'Etat.
Du fait de la forte demande de terrain à bâtir, les
propriétaires coutumiers initient des opérations de lotissement
privées et mettent les lots à la disposition de la population qui
achète des terrains pour y construire des maisons d'habitation.
Cependant, les litiges fonciers sont récurrents dans ces villages.
Figure 2 : Présentation des sites
d'enquêtes
22
6.5. Echelles d'observation
La ville de Daloa et les villages intégrés
Sapia, Tagoura et Zakoua constituent nos échelles d'observation.
6.5.1. La ville de Daloa
Cette échelle d'observation nous permet de mettre en
évidence la dynamique spatiale de la ville de Daloa et les
mécanismes de la consommation de l'espace.
6.5.2. Les villages intégrés
A cette échelle, nous avons étudié la
production foncière et l'impact de l'étalement de la ville sur la
gestion foncière. Il s'est agi d'observer et d'apprécier les
dimensions des lots, les lots bâtis ou non bâtis, les terrains
litigieux, la procédure d'achat et de vente des terrains etc.
6.6. Techniques de collecte des données
La collecte des données s'est effectuée à
travers une recherche documentaire, l'observation directe sur le terrain, des
entretiens avec des personnes ressources et l'enquête par questionnaires
auprès des propriétaires terriens.
6.6.1. Recherche documentaire
Nous avons parcouru les bibliothèques de
l'Université Jean Lorougnon Guédé, la bibliothèque
municipale de Daloa, celle de l'Institut de Géographie Tropicale (IGT)
et celle de l'Institut de Recherche pour le Développement (IRD), afin de
nous procurer la documentation nécessaire à notre étude ;
sans oublier les sites internet que nous avons consultés. Outre les
ouvrages méthodologiques, nous avons consulté des ouvrages,
thèses, mémoires, revues, rapports et articles portant sur la
dynamique urbaine et la gestion foncière.
Les ouvrages de GUMUCHIAN H., MAROIS C. et FEVRE V. (2001),
`'Initiation à la recherche en géographie.
Aménagement, développement territorial,
environnement», SCHEIBLING J. (2004), `'Qu'est-ce que la
géographie?», BAILLY A. et FERRAS R. (2004),
`'Eléments d'épistémologie de la
géographie» nous ont été utiles pour cerner les
étapes de la recherche et la méthodologie de rédaction du
mémoire.
Les travaux de FOFANA B. (2015), `'Dynamique urbaine et
problèmes environnementaux à Bouaké», COTTEN
A-M. (1974),`'Un aspect de l'urbanisation en
Côte-d'Ivoire», DJEKI J. (2003), `'politique urbaine et
dynamique spatiale au Gabon . le cas de Port - Gentil», LASSERRE G.
(1970), `'La dynamique de l'espace urbain à
23
Libreville . réglementation foncière et
morphologie des quartiers'', SAÏD B. (2008), `'La ville en
question - analyse des dynamiques urbaines en Algérie'', ALLA A.
(1991), `'Dynamique de l'espace périurbain de Daloa'' nous
expliquent les dynamiques urbaines opérés dans les villes de
Bouaké et Daloa (Côte d'Ivoire), Port Gentil (Gabon), Libreville
(Congo) et les villes d'Algérie.
Les productions scientifiques de KOFFI E. B (2010), `'Les
lotissements irréguliers et la production de la ville . les quartiers
Ayakro et Sagbé à Abidjan'', MEMEL F. A (2006),
`'Dynamisme urbain et gestion foncière à Grand Bassam'',
YAON B. (2009), `'La Maîtrise du foncier dans le Processus du
Programme spécial de Transfert de la Capitale à Yamoussoukro'',
d'AKPINFA D. E (2006), `'Problématique de la gestion
foncière dans les centres urbains secondaires du Bénin'Ç
YOUANA J. (1996), `'Gestion foncière et discipline urbanistique
au Cameroun . Apports et limites du permis de construire'', nous
expliquent comment le foncier urbain est géré à Abidjan,
à Grand Bassam, à Yamoussoukro (Côte d'Ivoire), au
Bénin et au Cameroun.
6.6.2. Observation directe sur le terrain
Nous avons visité les fronts de lotissements des
villages intégrés Sapia, Tagoura et Zakoua. Les observations
directes sur le terrain ont permis d'apprécier la dynamique d'extension
de la ville de Daloa et l'impact spatio-environnemental de l'extension de la
ville sur ses marges.
Notre attention a porté sur les zones d'extension de la
ville et le taux d'occupation du sol. Nous avons également
observé les dimensions des lots, les lots non bâtis, l'état
de viabilisation des lotissements, les infrastructures construites sur les
réserves administratives, l'existence et le fonctionnement des Voiries
et Réseaux Divers (V.R.D).
Lors des visites, des prises de vues photographiques ont
été effectuées et des données analogiques telles
que des graphiques et des cartes ont été produites pour
témoigner de notre observation du terrain.
6.6.3. Entretiens
Des entretiens ont été réalisés,
d'une part, avec des responsables administratifs, notamment le Maire et le
Directeur Régional de la Construction et de l'Urbanisme ; un expert
géomètre agrée de Daloa, les chefferies traditionnelles de
Zakoua, Tagoura et Sapia, le Directeur Général de
l'Aménagement Immobilier et Service en Côte d'Ivoire (AISCI) et le
Directeur Général du Cabinet International d'Appui au
Développement Local (CIADEL), d'autre part.
24
Le choix des responsables administratifs (Maire et Directeur
Régional de la Construction et de l'Urbanisme) se justifie par le fait
qu'ils sont les gestionnaires de la ville. Les échanges ont porté
sur la logique d'intégration des villages périurbains à la
ville, notamment les procédures de lotissement et d'achat de terrain,
l'équipement en infrastructures des `'villages-quartiers», les
types de litiges fonciers et leurs modes de résolution, les acteurs en
conflit, l'impact socioéconomiques et spatio-environnementaux de ces
litiges fonciers sur le développement de la ville.
Les entretiens avec les chefferies de Zakoua, Tagoura et Sapia
ont été nécessaires pour connaitre les impacts
socioéconomiques de l'intégration des villages périurbains
à la ville. Les échanges ont porté sur le rôle de la
chefferie et des comités de gestion foncière dans les
opérations de lotissement, le mode de partage des lots, la taille et le
prix des terrains, les activités économiques, le payement des
impôts fonciers, les litiges fonciers existants dans ces villages et
leurs modes de résolution, les acteurs en conflit.
L'entretien avec le Directeur Général de
l'Aménagement Immobilier et Service en Côte d'Ivoire s'explique
par le fait que c'est une structure privée qui a réalisé
des financements d'opérations de lotissement dans les trois villages
(Zakoua, Tagoura et Sapia) en tant que maître d'ouvrage. Les entretiens
ont porté sur le cadre juridique et économique des
opérations de lotissement ainsi que les difficultés
rencontrées, mais également sur les dimensions des lots et leurs
prix de vente, les types de litiges fonciers et leurs modes de
résolution, les acteurs en conflit et les impacts
socioéconomiques et spatio-environnementaux de ces litiges fonciers sur
le développement de la ville.
L'entretien avec le Directeur Général du Cabinet
International d'Appui au Développement local a porté sur des
questions de gouvernance urbaine en général, sur la gestion de
l'habitat et de l'environnement de la ville par la Mairie en particulier.
6.6.4. Enquête par questionnaire auprès
des propriétaires coutumiers
Nous avons procédé à une enquête
par questionnaire auprès des propriétaires coutumiers en vue de
recueillir des informations sur la gestion de leurs parcelles. Les
propriétaires terriens sont des personnes possédant une parcelle
de terre. Les questions ont porté sur la délimitation des
parcelles, la convention de travail avec l'expert géomètre ou
l'agence immobilière, le partage des lots ainsi que l'utilisation qui en
est faite, les litiges fonciers, la taille et le prix des terrains.
25
La taille de l'échantillon enquêté a
été déterminée par la méthode du choix
raisonné. Ce choix se justifie par le fait qu'il n'existe aucune
donnée statistique sur le nombre de propriétaires terriens dans
les villages intégrés. En effet, les habitants du village ne sont
pas tous propriétaires terriens. Nous avons donc procéder
à un dénombrement systématique des propriétaires
terriens de chaque village. Au total, 1503 propriétaires terriens ont
été recensés dans les trois villages dont 560 à
Sapia, 583 à Tagoura et 360 à Zakoua (Tableau 5).
Tableau 5 : Répartition des enquêtés
par village
Villages
|
Population totale du village (RGPH,
2014)
|
Nombre total de propriétaires
terriens
|
Nombre de propriétaires terriens
interrogés (10% du total)
|
Sapia
|
1268
|
560
|
56
|
Tagoura
|
1405
|
583
|
58
|
Zakoua
|
1001
|
360
|
36
|
Total
|
3674
|
1503
|
150
|
Source : enquête personnelle, 2019
Nous avons choisi d'interroger 10% de l'effectif total des
propriétaires terriens recensés. L'échantillon est
porté à 150 propriétaires terriens dont 56 à Sapia,
58 à Tagoura et 36 à Zakoua.
Les critères de choix des enquêtés ont
été les suivants :
- L'âge du propriétaire terrien (30 ans au moins)
;
- La profession (fonctionnaire, particulier) ;
- Le nombre de lots dont dispose le propriétaire
terrien (le propriétaire terrien devra posséder au moins cinq
lots).
Dans chaque village, nous avons sélectionné les
propriétaires terriens par grande famille. Compte tenu des occupations
des enquêtés (agriculteurs, fonctionnaires, commerçants,
artisans), nous avons défini trois périodes pour appliquer les
questionnaires. Nous avons choisi la matinée de 7 h à 9h,
l'après-midi de 12h à 14h et de 17h à 19 h. Cette
méthode nous a permis d'atteindre le quota indiqué pour chaque
village.
6.7. Traitement des données
Les informations collectées ont été
traitées de manière analytique et informatique. Les
données quantitatives ont fait l'objet de traitement statistique et les
résultats ont été présentés sous forme de
tableaux et de figures réalisés par les logiciels Excel et
SPSS.10 Les données qualitatives ont fait l'objet d'analyse et ont servi
à l'explication et à
l'illustration du travail. Ces données sont
exprimées sous forme de tableaux, figures,
26
photos et cartes. Les logiciels Adobe Illustrator 11.0.0 et
Arcgis 4.4 ont servi à la réalisation des cartes.
Les résultats de notre recherche s'articulent autour de
trois axes majeurs :
Le premier axe décrit le dynamisme de l'espace urbain de
Daloa.
Le second axe étudie la gestion foncière dans
les « villages intégrés » Sapia, Tagoura et Zakoua.
Le troisième axe analyse l'impact
socio-économique et spatio-environnemental de la dynamique urbaine de
Daloa sur la gestion foncière dans les villages
intégrés.
27
Tableau 6 : Tableau synoptique de la
recherche
Constats
|
Questions de
recherche
|
Objectifs
|
Hypothèses
|
Variables d'analyses
|
Méthode de collecte des données
|
Expression des résultats
|
Plan
|
La ville de Daloa s'étend sur
ses marges et atteint les
villages périurbains Sapia, Tagoura et Zakoua.
|
Comment s'opère le
dynamisme de
l'espace urbain de Daloa ?
|
Décrire le
dynamisme de
l'espace urbain de Daloa
|
Eu égard à l'extension spatiale remarquable
de
Daloa, les villages
Sapia, Tagoura et
Zakoua sont aujourd'hui intégrés à
la
|
-Les zones d'extension -La superficie
-Le taux d'occupation du sol
- Le plan d'urbanisme
directeur
-Nombre de quartiers
-Les infrastructures
géomètreville.
|
- Observation sur le terrain
- Entretiens avec le Directeur MCLAU,
le Maire, l'expert
|
Carte Tableaux Graphiques
|
PREMIERE PARTIE :
LE DYNAMISME DE L'ESPACE URBAIN DE DALOA
Chapitre 1 : La dynamique
démographique de la ville de Daloa
Chapitre 2 : La dynamique
spatiale de la ville de Daloa
|
Les communautés villageoises
et les détenteurs de droits
coutumiers fonciers de Sapia,
Tagoura et Zakoua procèdent
au lotissement de leurs
parcelles pour les mettre à disposition de la ville de
Daloa.
|
Comment est géré le
foncier dans les « villages intégrés »
?
|
Etudier la gestion
foncière dans les « villages
intégrés »
Sapia, Tagoura et Zakoua.
|
La production foncière
dans les villages intégrés Sapia, Tagoura
et Zakoua se réalise suivant une organisation
interne et des opérations de lotissement.
|
-Rôle des chefferies
traditionnelles et des comités de gestion
Procédure de lotissement -Le partage des lots -Taille et prix des
terrains
-Le profil socio-
professionnel des acquéreurs
- La vente de terrain
|
-Entretiens avec les chefferies traditionnelles, -Entretiens avec
le Directeur MCLAU,
le Maire, l'expert
géomètre, le Directeur Technique d'AISCI
-Enquête par questionnaire
|
Tableaux
Graphiques
|
DEUXIEME PARTIE :
LA GESTION FONCIERE DANS
LES VILLAGES INTEGRES
Chapitre 3 : L'organisation
foncière à Sapia, Tagoura et Zakoua
Chapitre 4 : La production
foncière dans les villages intégrés
|
Le lotissement des parcelles
coutumières et la vente des terrains entraînent des
litiges
fonciers qui fragilisent la cohésion sociale. Du fait
de ces
litiges, les lots sont insuffisamment mis en valeur,
enlaidissant ainsi le paysage urbain (broussaille, terrains
en
friche, servant parfois à l'agriculture intra
urbaine).
|
Quel est l'impact
socio-économique et spatio-
environnemental de dynamique urbaine
de Daloa sur la gestion foncière dans
les villages intégrés
Sapia, Tagoura et Zakoua ?
|
Analyser l'impact
socio-économique
et spatio- environnemental de
la dynamique
urbaine de Daloa
sur la gestion
foncière dans les villages intégrés
|
La spéculation foncière est à l'origine des
litiges
fonciers et de l'essor des lots non mis en valeur qui
enlaidissent le paysage urbain de Daloa.
-La vente de terrainla
|
- Types de litiges fonciers -Fréquence des litiges -Les
acteurs en conflit -Les modes de résolution des conflits
-Le cadre de vie
-La typologie de l'habitat -Les VRD
- les taxes et impôts foncier
- l'équipement en infrastructure
|
-Observation sur le terrain
-Entretiens avec le Directeur MCLAU,
le Maire, les chefferies
traditionnelles,
l'expert géomètre,
le Directeur
Technique d'AISCI.
-Enquête par questionnaire
|
Tableaux Graphiques Photos
|
TROISIEME PARTIE :
L'IMPACT DE LA DYNAMIQUE
URBAINE SUR LA GESTION FONCIERE DANS LES VILLAGES
INTEGRES
Chapitre 5 L'impact socio-
économique de la dynamique urbaine sur la gestion
foncière dans les villages intégrés
Chapitre 6 : L'impact spatio-
environnemental de la
dynamique urbaine sur la
gestion foncière dans les villages
intégrés
|
28
PREMIERE PARTIE : LE DYNAMISME DE L'ESPACE URBAIN DE
DALOA
L'urbanisation en Côte d'Ivoire est
caractérisée par le peuplement et l'étalement des villes
en général, et particulièrement des villes
régionales. Daloa, chef-lieu de la région du Haut-Sassandra n'est
pas en marge de cette tendance nationale. La dynamique démographique que
connait la ville de Daloa depuis l'installation du poste militaire colonial en
1905, a un impact sur l'espace urbain qui subit des mutations.
Dans cette première partie de notre étude, il
s'agit de montrer comment s'opère la dynamique démographique et
spatiale de la ville de Daloa.
29
CHAPITRE 1 : LA DYNAMIQUE DEMOGRAPHIQUE DE LA VILLE DE
DALOA
Introduction
La dynamique démographique est une composante majeure
de l'évolution des territoires. Les interactions entre l'homme et son
espace contribuent à le façonner et constituent un aspect
essentiel de l'objet géographique. L'intérêt de ce chapitre
est d'analyser le processus d'installation de la population à Daloa.
1.1. Une croissance exponentielle de la population de
1921 à 2014
De par sa situation au carrefour d'axes routiers
internationaux, la ville de Daloa a attiré d'importantes populations
étrangères à la région. Bien qu'en baisse, le taux
d'accroissement de la population de la ville de Daloa reste élevé
: de 100,4% sur la période 1975-1988, le taux de croissance est
passé à 42,1% entre 1988 et 1998, puis à 53,7% entre 1998
et 2014 avec respectivement 60 800 habitants en 1975 ; 121 842 habitants en
1988, 173 107 habitants en 1998 et 266 000 habitants en 2014 (RGP 1975 ; RGPH
1988, 1998 et 2014). La figure 3 présente l'évolution de la
population de Daloa de 1921 à 2014.
Source : Ecoloc 2002, RGP 1975, RGPH 1988, 1998
et 2014
Figure 3 : Evolution de la population de Daloa de 1921
à 2014
L'analyse de la figure 3 révèle que la
population de Daloa croit de manière exponentielle sur toute la
période de 1921 à 2014. Cette augmentation de la population se
réalise suivant trois tendances : une croissance relativement faible de
1921 à 1975, une croissance forte de 1975 à 1998, et une
croissance démographique forte et brusque à partir de 1998.
30
1.2. Les étapes de la dynamique
démographique de Daloa
1.2.1. Une croissance démographique remarquable
entre 1921 et 1975
La population de Daloa croit à un rythme faible entre
1921 et 1975. Le tableau 7 présente l'évolution de la population
de Daloa de 1921 à 1975.
Tableau 7 : Evolution de la population de Daloa de 1921
à 1975
Années
|
Population Urbaine
|
Taux d'accroissement
|
1921
|
2811
|
3 %
|
1954
|
7487
|
1965
|
35 000
|
5,7 %
|
1975
|
60 800
|
Source : Ecoloc 2002, RGP 1975
La population de Daloa est passée de 2800 habitants en
1921 à 7487 habitants en 1954, soit un taux d'accroissement moyen annuel
de 3%. Cette croissance est faible comparativement à la période
post-coloniale où la population estimée à 35 000 en 1965,
passe à 60 800 en 1975, soit un accroissement de 5,7%. En dix ans, la
croissance démographique de Daloa est accentuée avec une
population additionnelle de 25 800 habitants.
La dynamique de peuplement du site actuel de la ville de Daloa
donne lieu à diverses thèses. Les autochtones seraient les
peuples gban (gagou), bété et gouro qui habitaient la
région avant le début de l'économie de plantation en 1950.
Les bété sont le groupe majoritaire représentant plus de
la moitié de la population autochtone du département de Daloa
(Ecoloc, 2002). L'origine des bété suscite des hypothèses
très diverses. Certains les font venir du Liberia (Delafosse,
cité par Diabaté, 1987), lorsque d'autre leur trouve une origine
endogène (Louhoy, 1969). Les bété paraissent avoir
été fixés dès la fin du Néolithique entre le
Bandama et le Sassandra (Loucou, 1984). Les bété de Daloa ont
pour ancêtre présumé Dri Kpekpa Dalo (Zunon, 1980
cité par Alla D, 1991). Il est venu de la région du Yukolu au sud
pour chasser dans l'actuelle région de Daloa.
La croissance démographique de la ville de Daloa s'est
amorcée dès 1921. En 1921, la population est estimée
à 2800 habitants. En 1954, soit 33 ans plus tard, Daloa a une population
de 7500 habitants. Le taux d'accroissement moyen annuel sur la période
1921-1954 est relativement faible, de l'ordre de 3%.
31
Entre 1954 et 1965, le peuplement de la ville
s'accélère avec un taux de croissance de 15%. Cette dynamique
démographique est influencée par la fonction administrative de la
ville. En effet, de la fonction stratégique et militaire
conféré par l'installation du poste militaire colonial en 1905,
Daloa devient chef-lieu de subdivision administrative de cercle. Les travaux
d'aménagement de la ville engagé par le gouverneur Péraldi
dès 1940 constituent un attrait pour de nombreuses populations. Le
gouverneur Péraldi élabore un plan d'aménagement de la
ville et l'urbanisation devient de plus en lus marquée. La position de
Daloa comme pôle de développement local est également
affirmée par son statut. En effet, Daloa est érigée en
commune de moyen exercice avec un conseil municipal élu le 18 Septembre
1953. Puis, Daloa devient chef-lieu du département de l'ouest à
la faveur du décret créant les quatre (04) premiers
départements du pays le 28 mars 1959. Cette nouvelle fonction
administrative de la ville favorise l'installation d'importante population. En
1965, les 35 000 habitants, confère à Daloa la troisième
place dans la hiérarchie urbaine en Côte d'Ivoire, après
Abidjan et Bouaké.
1.2.2. Une forte croissance démographique entre 1975
et 1998
La population de Daloa croit à un rythme
élevé de 1975 à 1998. Le tableau 8 montre
l'évolution de la population de Daloa de 1975 à 1998.
Tableau 8 : Evolution de la population de Daloa de 1975
à 1998
Années
|
Population Urbaine
|
Taux d'accroissement
|
1975
|
60 800
|
4,6 %
|
1998
|
173 107
|
Source : RGP 1975 ; RGPH 1998
En dépit de la baisse du taux d'accroissement à
4,6 %, la croissance démographique de Daloa reste accentuée sur
la période 1975-1998. De 60 800 habitants en 1975, nous avons 173 107
habitants en 1998, d'où un accroissement de 112 307 habitants.
Cet accroissement démographique exponentiel est la
résultante de l'accroissement naturel et des fortes migrations en
direction de la ville. Cette situation atteste une croissance rapide et
marquée, de l'ordre de 10% par an (dont 8 % d'origine migratoire),
amorcée au début des années 1960 où Daloa
n'était qu'une agglomération de 18 000 habitants (YAPI DIAHOU,
1991, p. 1). L'accroissement naturel relève d'un taux de
fécondité élevé et d'une forte baisse du taux de
mortalité.
La croissance démographique est favorisée par le
renforcement de la fonction administrative de la ville. En effet, Daloa est
érigée en commune de plein exercice par la
32
loi n°80-1180 relative à l'organisation municipale
du 17 Octobre 1980. Par la suite, Daloa devient chef-lieu de la région
du Haut-Sassandra par le décret n°96-567 du 28 août 1996,
portant organisation du territoire national. Daloa dispose de service collectif
relativement meilleur aux autres départements du pays et concentre de
nombreuses infrastructures. Les populations de la région en particulier,
et celle de l'ouest du pays en général, préfèrent
s'installer à Daloa pour bénéficier de ses services
collectifs.
En outre, la ville enregistre l'arrivée de migrants de
plus en plus importants du fait du développement de l'économie de
plantation café-cacao dans la région. En effet, les migrants
venus à la recherche de terre arable pour la création de champ de
cacao ou de café s'installent d'abord à Daloa avant de
s'infiltrer dans la région. La diversité agro-écologique,
les bonnes disponibilités en eau pluviales et superficielles, la grande
variété de terre cultivables, sont les facteurs physiques
favorables au développement agricole dans la région. A cette
période, la région occupe le deuxième rang dans la
production du café et du cacao avec plus de 20% de la production
nationale. La forte attractivité régionale favorisée par
le développement des cultures de rente s'est traduite par des vagues
migratoires qui ont continué à alimenter la croissance
démographique de Daloa (Ecoloc, 2002).
Par ailleurs, l'agglomération de Daloa exerce une
influence importante sur le milieu rural environnant et au-delà, sur une
grande partie de la moitié ouest du pays. A l'échelle
départementale, on observe un rayonnement des pistes convergeant vers le
centre de consommation de Daloa qui devient un marché où sont
déversés les surplus de production vivrière. A
l'échelle nationale, Daloa se trouve dans la zone agricole la plus
productive du pays et bénéficie d'infrastructures
routières permettant un trafic régulier de produits vivriers.
Ainsi située au centre d'une zone de forte production agricole, Daloa
apparait comme une "ville à la campagne" constituant un
débouché immédiat pour les produits vivriers de la
région et une source d'approvisionnement pour l'ensemble du territoire
ivoirien (Ecoloc, 2002).
1.2.3. Une croissance démographique relativement
faible entre 1998 et 2014
La population de Daloa croit à un rythme relativement
faible entre 1998 et 2014. Le taux d'accroissement de la population qui
était de 4,6% entre 1975 et 1998 passe à 2,7% entre 1998 et 2014.
On note cependant une augmentation considérable de la population. En
effet, sur la période 1998-2014, Daloa enregistre 92 893 habitants
supplémentaires. Le tableau 9 montre l'évolution de la population
de Daloa de 1998 à 2014
33
Tableau 9 : Evolution de la population de Daloa de 1998
à 2014.
Années
|
Population Urbaine
|
Taux d'accroissement
|
1998
|
173 107
|
2,7 %
|
2014
|
245 360
|
Source : RGPH 1998 et 2014
Entre 1998 et 2014, la croissance démographique de
Daloa est favorisée par la fonction universitaire désormais
acquise par la ville. En effet, l'Unité Régionale d'Enseignement
Supérieur (URES) de Daloa est crée par décret
n°96-613 du 09 aout 1996. L'URES de Daloa a été crée
pour déconcentrer l'Université d'Abobo-Adjamé et
réduire le nombre important d'étudiants du premier cycle
d'Abidjan. L'URES de Daloa dispose d'une unité de formation et de
recherche en Sciences Naturelles UFR-SN) rattaché à
l'Université d'Abobo-Adjamé. La masse d'étudiants de
première année en science naturelle de l'Université
d'Abobo-Adjamé sont désormais orientés à Daloa. La
transformation de l'URES de Daloa en Université Jean Lorougnon
Guédé par décret n°2012-986 du 10 Octobre 2012,
contribue énormément à l'accroissement
démographique de la ville. En 2014, l'Université compte plus de
8000 étudiants, 400 enseignants-chercheurs et près de 500 membres
du personnel administratif et technique. L'enseignement technique et
professionnel est représenté à travers le Centre de
Formation Pédagogique (CAFOP), le Centre de Formation Professionnelle
(CFP), le Centre Technique d'Apprentissage (CTA) et le Centre de
Mécanisation Agricole (CMA).
En 1998, le taux d'urbanisation du département est
estimé à 35% et la ville de Daloa accueille 33% de la population
départementale (Ecoloc, 2002). Par ailleurs, dans le cadre de la
déconcentration, la ville de Daloa accueille plusieurs directions et
antennes régionales représentant la quasi-totalité des
institutions administratives existant en Côte d'Ivoire. L'accès
aux services publics favorise l'installation de nombreuse population dans la
ville.
A partir des années 2000, plusieurs industries
s'installent dans la ville et contribuent à sa croissance
démographique. Ces industries sont les principaux pourvoyeurs d'emplois
et une composante essentielle de l'économie urbaine. Ces industries qui
sont essentiellement des scieries sont à l'origine de la création
d'une zone industrielle et favorise l'arrivée dans la ville d'une
population massive à la recherche d'emploi en tant qu'ouvrier. A cela
s'ajoute l'arrivée des populations déplacées de leurs
localités du fait de la crise militaro-politique survenue en Côte
d'Ivoire en 2002 et qui s'y sont établies.
34
En somme, les mouvements migratoires ont participé
à la croissance démographique de Daloa. Ces populations ont
été attirées par les fonctions de la ville et par le
développement du commerce du fait de la position géographique de
carrefour de la région du Centre-Ouest. Toutefois, la croissance
démographique de Daloa n'est pas du seul ressort des mouvements
migratoires car l'accroissement naturel y contribue
énormément.
1.3. Densification de l'espace urbain de Daloa
« Le géographe dans le cadre d'une étude de
population s'intéresse davantage à la densité de
populations et aux facteurs explicatifs sous-jacents. Dans l'analyse de
l'espace habité, le géographe place au premier plan les
phénomènes de localisations et de répartitions de la
population. Celui-ci s'attache à dégager le contenu et la
signification des phénomènes de peuplements. Les densités
brutes similaires ont un contenu géographique complètement
différent » (DOLLFUS, 1973 cité par KOUASSI, 2012).
1.3.3. Evolution irrégulière des
densités générales
« Les densités générales de
population à Daloa ont évolué de manière
irrégulière alternant hausse et baisse. La croissance des
densités induit une progression conjuguée des processus de
densification et d'extension. Les niveaux de densité atteints traduisent
la forte demande des populations en besoin d'espaces vitaux » (KOUKOUGNON,
2012).
Le tableau 10 montre l'évolution des densités de
population à Daloa de 1921 à 2014.
Tableau 10 : Evolution générale des
densités de population à Daloa de 1921 à 2014
Années
|
Population
|
Surface urbanisée (ha)
|
Densité (hab./ha)
|
1921
|
2811
|
152
|
18
|
1954
|
7487
|
240
|
31
|
1965
|
35 000
|
412
|
85
|
1975
|
60 800
|
838
|
72
|
1988
|
121 842
|
1964
|
62
|
1998
|
173 107
|
2592
|
67
|
2014
|
245 360
|
3191
|
77
|
Source : REPCI 1998, RGP 1975 ; RGPH 1988, 1998
et 2014
L'analyse du tableau montre que d'une manière
générale la densité de population à Daloa croit de
1921 à 2014. L'évolution des densités a connu trois
phases. De 1921 à 1965, l'on observe une forte croissance des
densités passant de 18 hab/ha à 85 hab/ha. Entre 1965 et 1988,
les densités baissent pour atteindre 62 hab/ha en 1988. A partir de
1988, les densités de population à Daloa croissent faiblement.
De 1921 à 1965, l'urbanisation de Daloa s'est faite par
un peuplement plutôt que par une extension de l'espace urbain. En effet,
pendant le développement de l'économie de
plantation en 1950 et après les indépendances en
1960, la position privilégiée de Daloa au centre d'une
région agricole attire d'importante population. Les grands travaux
d'aménagement débutent et la rareté des terrains favorise
une densification des premiers quartiers crées.
De 1965 à 1988, l'urbanisation de Daloa se fait par une
extension de l'espace urbain. De nombreux travaux d'aménagement sont
entrepris du fait du statut de capitale du Centre-ouest. L'émigration
des populations à Daloa poussent les autorités à ouvrir de
nombreux fronts de lotissements. A partir de 1988, la croissance des
densités correspond à une augmentation simultanée de la
population et de l'espace urbain.
1.3.4. Inégale répartition de la population
urbaine
La population est inégalement répartie à
Daloa. La figure 4 traduit la répartition
spatiale de la densité de population à Daloa.
Figure 4 : Volume et densité de population de
Daloa en 2014
35
36
L'analyse de la figure 4 révèle une
inégale répartition de la population à Daloa. Quatre
quartiers centraux dont Marais, Gbobelé, Abattoir 1 et Belle-ville
concentrent 22 % de la population sur 12% du territoire. Les densités de
populations à Daloa décroissent à mesure qu'on
s'éloigne des quartiers centraux (Marais, Gbobelé, Abattoir 1 et
Belle-ville). 24 % de la population sont concentrés sur de vastes
superficies (41 % du territoire) dans les quartiers péricentraux Soleil
1, Huberson, Orly 1, Garage (Sud A) et Abattoir 2 (Sud B), d'où les
densités de populations moyennent variant de 150 à 200 habitants
par hectare. Les densités les plus faibles sont enregistrées dans
les quartiers périphériques, plus particulièrement
à l'Est, dans les quartiers Kirman, Evêché, Tazibouo 2,
Tazibouo Ecole Française, Piscine, Tazibouo Université et Sud
C.
L'inégale répartition des densités de
population est liée au processus de l'occupation de l'espace urbain. La
forte densité de population observée dans les quartiers centraux
Marais, Gbobelé, Abattoir 1 et Belle-ville qui sont les premiers
quartiers créés, s'explique par la rareté des terrains
viable. Par la suite, des fronts de lotissement sont ouverts et mettent de
nombreux lots à disposition à la faveur du développement
de la ville. Les plus faibles densités de populations s'observent dans
les quartiers périphériques qui sont résidentiels,
d'où le faible effectif de population sur de vaste superficie. Le
quartier Commerce, situé au centre de la ville, enregistre une faible
densité car la population qu'on y retrouve n'est pas
résidentielle. Les populations y viennent de tous les côtés
de la ville pour exercer des activités commerciale ou satisfaire des
besoins administratifs, bancaire, pharmaceutiques, etc. tous les matins et
retournent les soirs. D'une manière générale, les
densités de population à Daloa diminuent du centre à la
périphérie de la ville.
Conclusion
La population de Daloa croit rapidement depuis l'installation
du poste militaire colonial en 1905. La croissance de la population qui a
débuté faiblement pendant la période colonial, se
réalise à un rythme soutenu depuis les années 1990. La
croissance démographique est en majeure partie due aux importants flux
migratoires favorisés par les fonctions administratives, militaire,
universitaire, et commerciale de la ville. Cette population qui est
inégalement répartie sur l'espace urbain contribue à son
extension.
CHAPITRE 2 : LA DYNAMIQUE SPATIALE DE LA VILLE DE
DALOA
Introduction
L'évolution des activités urbaines
entraîne inévitablement une évolution de la consommation de
l'espace (FOFANA B., 2015, p. 71). L'espace urbain de Daloa s'est accru depuis
l'installation du poste militaire colonial en 1905. L'objet de ce chapitre est
de décrire les différentes étapes de la dynamique spatiale
de Daloa.
2.1. Les étapes de la croissance spatiale de
DALOA
L'extension spatiale de Daloa est marquée par trois
grandes étapes : la période allant de 1905 à 1980, la
période de 1980 à 2000 et celle de 2000 à 2016.
2.1.1. Croissance spatiale planifiée avant 1980
Avant 1980, la croissance spatiale de Daloa s'est faite
suivant des plans directeurs. De 1905 à 1980, Daloa a une extension
spatiale planifiée : l'occupation du sol se fait suivant le premier plan
de lotissement et le premier plan directeur de la ville, conçus
respectivement en 1929 et 1962. La ville de Daloa se crée avec
l'installation du poste militaire colonial en 1905, au centre de quatre
villages noyaux : Lobia, Labia, Tazibouo et Gbeuliville. Ces villages noyaux
sont les quartiers originels à partir desquels la ville de Daloa s'est
constituée. La figure 5 présente la ville de Daloa en 1940.
Figure 5 : la ville de Daloa en 1940
37
38
En 1940, la ville se résumait en une tâche autour
du poste militaire situé au quartier Lobia 1. De 1940 à 1960 la
croissance spatiale s'oriente au Sud avec la création du quartier
colonial dénommé Commerce qui devient le quartier administratif
et commercial de la ville. Ensuite se crée Dioulabougou, le quartier dit
"africain", par des commerçants malinkés installés autour
du poste colonial dès sa création. Le quartier attire d'autres
communautés de la sous-région qui se regroupent selon leurs
origines (maliens, guinéens, sénégalais,
burkinabé), créant ainsi les sous quartiers Wolof, Ségou,
Cissoko, Mossibougou. La saturation du quartier "africain" a entrainé la
création des quartiers populaires Baoulé et Gbeuliville. En 1959,
le quartier populaire Marais se crée dans la zone basse
marécageuse, au Sud-Ouest de la ville. La ville se développe vers
l'Est avec l'installation du Centre Hospitalier Régional (CHR) et du
collège catholique Kirman (confère figure 6).
Figure 6 : la ville de Daloa en 1960
Au cours de la décennie 60, va naître à
l'Ouest de la ville les quartiers populaires Soleil 1, Aviation, Belleville,
Gbobélé et Kennedy 1 ; au Nord-est les quartiers
résidentiels Tazibouo1, Tazibouo Piscine inaugurés en 1967.
39
Pendant la période 1970-1975, on assiste à la
création du quartier résidentiel Orly 1 au Sud-ouest ; les
quartiers populaires Abattoir 1 et Sud A, au Sud-est. En 1974, se crée
le quartier spontané Huberson, du nom du préfet de
l'époque, sur flanc de la colline à l'ouest (confère
figure 7).
Figure 7 : la ville de Daloa en 1975
Entre 1975 et 1980, la gendarmerie nationale va s'installer en
créant l'état-major qui occupe 45 hectares, et l'escadron qui
occupe 15 hectares, respectivement à l'entrée de la ville sur la
route d'Abidjan et à la sortie sur la route d'Issia. Le camp du
deuxième bataillon d'infanterie militaire va également être
crée, juxtaposé à l'escadron de gendarmerie, au sud de la
ville. Les villages-quartiers Tazibouo, Labia et Lobia sont restructurés
en 1980.
2.1.2. Prolifération des quartiers spontanés
entre 1980 et 2000
Durant la période 1980 à 2000, on assiste
à la prolifération de quartiers créés
spontanément sur les marges de la ville : c'est la phase de
l'étalement anarchique de Daloa.
Amorcée à l'indépendance du pays, la
création des quartiers spontanés à Daloa va s'accentuer
à partir de 1980, année de l'installation des premières
équipes municipales des
40
communes de plein exercice. La lenteur administrative et
l'empressement des candidats à se bâtir un toit a conduit à
l'occupation spontanée du sol urbain de Daloa, laquelle a duré
dans le temps (YAO, 2014). La lenteur administrative a pour conséquence
un déficit en terrains à bâtir et en logements. Ce double
déficit sera une des raisons du développement des formes
d'habitat non planifié (YAPI DIAHOU A., 1991, p113). En effet, Daloa
enregistre à partir de 1980 un afflux massif de populations, à
l'origine d'une pression sur l'espace constructible. La demande de terrain sera
alors supérieure à l'offre des services municipaux. Or, la Mairie
se heurte à la réticence des propriétaires coutumiers qui
sont rarement dédommagés après le lotissement de leurs
parcelles. Pressés, les populations s'installent de façon
spontanée sur les marges de la ville et autres sites impropres à
l'habitation (confère figure 8).
Figure 8 : La ville de Daloa en 1980
YAO (2014) explique que l'installation spontanée des
populations sur le sol urbain a conduit à la création de
quartiers précaires sur les périphéries de la ville. Ainsi
se créent les quartiers spontanés Abattoir 2 et Tazibouo 2
respectivement sur les périphéries Sud-Est et Est de Daloa ;
Orly, Huberson, Aviation, Soleil 2, Cimetière sur les
périphéries Sud-Ouest et Ouest de la ville, et les quartiers
Cafop, Kennedy 1 et 2, Soleil 2 et Bracodi au Nord-Ouest de Daloa. Ces
quartiers spontanés couvrent de grande superficie et sont en
41
général juxtaposés aux quartiers lotis. A
l'origine, ces quartiers spontanés étaient des plantations de
café et de cacao ou des zones non aedificandi telles que les bas-fonds
et les servitudes occupés illégalement. Les populations
s'installent de façon spontanée par manque de moyen financier
pour acheter un lot ou dans l'espoir qu'un lotissement éventuel de la
parcelle qu'elles occupent illégalement leur permettrait d'obtenir des
lots définitifs. Les occupants utilisent essentiellement le bois pour la
construction des maisons et des matériaux de récupération
tels que des tôles usés ou en matières plastiques pour les
toitures. L'absence d'opérations de promotion immobilière et ou
foncière émanant des organismes spécialisés dans
ces domaines place ces `'propriétaires» dans une position
stratégique, au point de devenir des agents d'une emprise redoutable sur
le développement de la ville : tracé des zones d'extension,
typologie d'habitat, structuration des quartiers, construction ou non des
équipements, etc. (YAPI DIAHOU A., 1991, p114).
Le cadre de vie insalubre, l'absence de systèmes de
canalisations pour l'évacuation des eaux, les fréquentes
inondations et la forte prégnance de certaines pathologies telles que le
paludisme, les diarrhées, le choléra etc. poussent les
autorités municipales à ouvrir des fronts de lotissements. Entre
1980 et 2000, les opérations de lotissement ont représenté
773,6 hectares, soit 9834 lots d'une moyenne de 800 m2 par lot. Les fronts de
lotissements sont ouverts au Sud de la ville notamment dans les quartiers Sud
A, Sud B, Sud D et Sud C. Ces quartiers ont totalisé 38,6 % des
lotissements, soit 185 hectares. Les lotissements se poursuivent dans les
quartiers Orly extension I, II, III et IV qui représentent 25 % des
opérations de lotissements réalisées (Mairie Daloa).
2.1.3. Les opérations de restructuration et
l'extension spatiale de Daloa de 2000 à 2016
Daloa a connu une extension rapide sous l'effet des
opérations de restructuration des quartiers créés
spontanément.
De 2000 à 2010, la Mairie va effectuer des
opérations de restructurations pour donner une existence légale
aux quartiers spontanés de la ville créés entre 1980 et
2000. La restructuration a consisté au lotissement des poches d'habitats
précaires. Avec l'ouverture des voies et le respect des dimensions des
lots, les occupants n'ayant pas obtenus de lot sur les sites initiaux, vont
être recasés sur les lotissements dénommés «
extension ». Ces quartiers « extensions » vont favoriser
l'étalement rapide de Daloa. En effet, les opérations de
restructuration qui sont intervenues ont amené la Mairie à ouvrir
des fronts de lotissements pour satisfaire les populations déguerpies,
créant ainsi de nouveaux quartiers.
42
Lobia 2 extension au Nord-ouest, Abattoir 2 extension au
Sud-est et Gbokora extension vont apparaitre sur la carte de la ville. Dans la
même logique, c'est la création du quartier Evéché
extension, Tazibouo 2 extension dans la partie Est de Daloa ; Sud D extension
au Sud et le quartier Suisse à la périphérie Ouest de
Daloa. Orly 4, Orly 3, Orly Plateau vont aussi êtres crées au
Sud-ouest.
Les opérations de restructuration et l'ouverture de
nouveaux fronts de lotissement pour satisfaire la demande en terrain, ont
favorisé l'extension rapide de la ville (YAO, 2014). Le tableau 11
présente les lotissements réalisés par la Mairie de 2004
à 2007.
Tableau 11 : Lotissements réalisés par la
Mairie de Daloa de 2004 à 2007
Quartiers
|
Année du
lotissement
|
Nombre de lots
|
Superficie des lots (m2)
|
Superficie moyenne (m2)
|
Superficie totale (m2)
|
Sud/B Extension
|
2004
|
5185
|
300 à 600
|
450
|
2333250
|
Kennedy II Extension
|
2004
|
1900
|
300 à 600
|
450
|
855000
|
Tazibouo Université
|
2004
|
1330
|
400 à 800
|
500
|
665000
|
Soleil II extension
|
2004
|
1037
|
400 à 600
|
550
|
570350
|
Tazibouo II Nord-est
|
|
103
|
400 à 600
|
500
|
51500
|
Zakoua II
|
2006
|
377
|
400 à 600
|
500
|
188500
|
Corridor Est
|
|
277
|
400 à 600
|
500
|
138500
|
Cité Verte
|
|
389
|
400 à 600
|
500
|
194500
|
Ex Aviation
|
2005
|
239
|
300 à 600
|
740
|
176860
|
Orly plateau
|
2007
|
921
|
400 à 600
|
500
|
460500
|
Oliviers
|
|
882
|
300 à 600
|
650
|
573300
|
Total
|
12640
|
|
|
6207260
|
Source : Mairie de Daloa, 2004-2007
De 2004 à 2007, les lotissements réalisés
ont favorisé l'extension spatiale de Daloa. Sur trois (03) ans, un total
de 12 640 lots correspondant à une superficie cumulée de 6 207
260 m2, soit 620,7 hectares, ont été mis à disposition. 57
hectares en moyenne sont aménagés chaque année sur cette
période. Les lots sont en général de taille comprise entre
300 m2 et 800 m2. Les fronts de lotissements s'ouvrent en particulier dans
trois secteurs de la ville. Au Sud de la ville, le quartier Sud B extension est
le premier secteur concerné par les lotissements avec 5185 lots
produits, équivalent à 233 250 m2 de surface urbanisée,
soit 23 hectares (37% du total des lotissements réalisés). Les
fronts de lotissement s'ouvrent ensuite à l'Ouest de la ville au
quartier Kennedy II extension. Dans ce secteur de la ville, 855 000 m2 sont
lotis, soit 85,5 hectares, mettant à disposition 1900 lots de
superficies
comprises entre 300 et 600 m2. Le processus d'extension de la
ville s'oriente au Nord dans les quartiers Tazibouo et Tazibouo
Université où 1330 lots sont réalisés,
correspondants à 665 000 m2 soit 66,5 hectares ; la taille des lots
oscille entre 400 et 600 m2. L'extension de la ville se poursuit à
l'Ouest, dans le quartier Soleil 2 extension. Plus de 1037 lots d'une
superficie totale de 570 350 m2, soit 57 hectares, sont réalisés.
La taille des lots varie entre 300 et 800 m2. La ville a connu sur toute la
période de 2004 à 2007 un développement urbain et une
extension sur ses périphéries. Dans son extension, la ville de
Daloa consomme l'espace des villages Balouzon, Bribouo, Gbokora, Sapia, Zakoua
etc qui sont aujourd'hui intégrés à la ville.
La ville de Daloa compte aujourd'hui 45 quartiers, et son
extension se fait de manière continue sur ses marges.
La figure 9 montre les étapes de la croissance spatiale de
Daloa de 1905 à 2016.
Figure 9 : Les étapes de la croissance spatiale
de Daloa de 1905 à 2016
43
44
2.2. Evolution de la superficie urbanisée de
DALOA
La croissance de la population de la ville de Daloa s'est
accompagnée d'une pression sur les espaces urbain et péri-urbain.
De 242 hectares en 1958, puis 393 ha en 1962, l'espace urbanisé est
passé successivement à 645 ha en 1970, à 1340 ha en 1980
puis à 2510 ha en 1995. En 2008, l'espace urbanisé avait atteint
2.866 hectares contre 5500 ha en 2016 selon les services techniques de la
Mairie (YAO, 2014). « Du fait de la dynamique démographique et la
forte demande de terrains à bâtir, les espaces non constructibles
sont pris d'assaut : les servitudes laissées par l'aménageur
autour des bas-fonds, lors des lotissements, sont convoitées par la
population sans cesse grandissante et autres demandeurs de terrains pour y
bâtir des habitations, mettant à mal l'interdiction de construire
dans ces zones » (ADOU G. et al., 2017, p. 64). Le tableau 12 montre
l'évolution de la superficie urbanisée de Daloa de 1958 à
2016.
Tableau 12 : Superficie urbanisée de
Daloa de 1958 à 2016
Année
|
Superficie urbanisée (ha)
|
Taux d'accroissement (%)
|
1958
|
242
|
...
|
1962
|
393
|
12,88
|
1970
|
645
|
6,38
|
1975
|
838
|
5,37
|
1980
|
1340
|
9,84
|
1995
|
2510
|
13,37
|
2008
|
2866
|
1,02
|
2016
|
5500
|
2,01
|
Source : Ecoloc Daloa, 2002 ; Service technique
de la Mairie, 2008, 2016
L'analyse du tableau révèle que de 1958 à
2016, la superficie urbanisée de Daloa a connu un accroissement notable
de 93 % passant de 242 ha à 3300 ha. Cette croissance est
accentuée sur la période 1970-1995 de 74% avec 52% pour la
décennie 1970 et 47% de 1980 à 1995. Durant les périodes
de 1958 à 1970 et 1995 à 2016, l'extension de Daloa est moins
marquée avec respectivement 62% et 24% d'accroissement. Cette croissance
spatiale est représentée par la figure 10 suivante.
45
Source : Ecoloc Daloa, 2002 ; Service technique
de la Mairie, 2008, 2016 Figure 10 : Evolution de la superficie
urbanisée de Daloa de 1958 à 2016
La superficie urbanisée de Daloa croît de
façon exponentielle et est marquée par trois grandes phases,
notamment les périodes 1958-1975, 1975-1995, 1995-2016 où l'on
observe respectivement une croissance lente, brusque et rapide, moyenne.
De 1958 à 1975, la croissance spatiale de Daloa est
lente, favorisée par ses fonctions administratives qui attirent
d'importantes populations. En effet, sur cette période, Daloa fut
successivement poste militaire, chef-lieu de subdivision administrative de
cercle puis du département de l'Ouest comprenant les villes de Man,
Gagnoa, Bouaflé, Issia et Vavoua. La ville est dotée en
infrastructures administratives sollicitée par les populations de la
région selon la stratégie de développement de l'armature
urbaine en Côte d'Ivoire. Entre 1962 et 1975, sur 445 hectares
urbanisés, 165 ha soit 37% seulement avaient été
prévus par les plans ; les 380 autres hectares urbanisés, soit
63%, procédaient d'un processus spontané (BCEOM, 1982).
Sur la période 1975-1995, la ville amorce une
croissance rapide favorisée par l'acquisition de la fonction de ville
militaire et du renforcement de son statut administratif. En effet, Daloa
abrite le deuxième bataillon d'infanterie militaire et
l'état-major de la gendarmerie nationale dont le rayonnement militaire
s'étend sur toute la moitié Ouest du pays. La fonction militaire
confère une position privilégiée à la ville de
Daloa après
46
Abidjan et Bouaké. Selon le découpage
administratif de 1990, Daloa devient chef-lieu de la région du
Centre-Ouest, et par le décret n°96-567 du 28 août 1996,
portant organisation du territoire national, Daloa devient chef-lieu de la
région du Haut-Sassandra en 1996.
La croissance spatiale de Daloa se fait à un rythme
moyen de 1995 à 2016. Cette croissance est impactée par la
création de l'Unité Régionale d'Enseignement
Supérieur (URES) en 1996 par décret n°96-613 du 09 aout
1996. L'afflux d'étudiant orientés à Daloa accroit la
demande en logement qui favorise l'extension de la ville. Daloa devient ville
universitaire en 2012 par la transformation de l'URES en Université Jean
Lorougnon Guédé (UJLoG) à travers le décret
N°2012-986 du 10 octobre 2012. L'institution favorise l'arrivée de
plus de 1000 étudiants dans la ville chaque année. La demande en
logement des étudiants, enseignants et personnel administratif contribue
également à l'étalement rapide de la ville.
Par ailleurs, l'installation du camp de L'ONUCI à la
faveur de la crise politico militaire que connait le pays depuis 2002 contribue
à l'extension de l'espace urbain. La demande en logement des onusiens a
crée une dynamique de construction de maison afin de mettre en location.
Les nouveaux acquéreurs de terrain urbain et les propriétaires de
maison inachevée s'activent pour finir la construction des maisons en
vue de les mettre sur le "marché". Dans le même élan, le
coût des loyers des maisons en location augmente considérablement
dans toute la ville. Les maisons construites sont en majorité
pavillonnaire et dans les quartiers résidentiels à la
périphérie de la ville.
La croissance de Daloa est également influencée
par le développement des activités économiques. En effet,
du fait de sa position de ville carrefour, Daloa est un pôle commercial
où transite de nombreux produits ralliant les zones Nord et Sud du pays
; les pays de l'hinterland Mali, Guinée,
etc. au port de San-Pedro ; et les villes de
l'ouest du pays à celles de l'Est. La ville est également un des
principaux centres d'approvisionnement en produits vivriers de toute la
Côte d' Ivoire. En effet, Daloa est la capitale d'une région
agricole grande productrice de vivrier et constitue un marché national
pour la commercialisation de la banane plantain, le manioc, le tarro, l'a
ubergine etc.
Formée par quatre villages noyaux que sont Lobia,
Labia, Tazibouo et Gbeuliville, la ville de Daloa s'est étalée
progressivement sur ses périphéries sous forme d'auréole.
L'extension de la ville s'est opérée par incorporation des
villages environnants et la consommation de leurs patrimoines fonciers. Du fait
du rythme soutenu de l'extension
47
spatiale, les villages Balouzon, Bribouo, Gbokora, Sapia,
Zakoua, Tagoura etc. autrefois situés aux périphéries de
la ville sont désormais des villages-quartiers. Daloa atteint Balouzon
en 1970, Gbokora entre 2000 et 2010, Sapia, Tagoura et Zakoua depuis 2016.
Daloa compte aujourd'hui plus d'une centaine de lotissements
réalisés sur leurs terroirs.
Conclusion
L'extension spatiale de Daloa est accentuée depuis
l'installation du poste militaire colonial en 1905. Cette extension s'est faite
en trois grandes étapes. De 1905 à 1980, la ville s'étend
suivant des plans directeurs. A partir de 1980 jusqu'en 2000, la croissance
spatiale de Daloa n'est pas maîtrisée et l'on assiste à la
prolifération des quartiers spontanés (précaires) au sein
de la ville. Le déficit de la production foncière dû
à la lenteur administrative et le manque de moyen financier des
populations ont favorisé l'occupation spontanée du sol urbain de
Daloa à partir de 1980. A partir des années 2000, Daloa a connu
une croissance spatiale rapide à travers la restructuration des
quartiers créés spontanément. Les opérations de
restructuration vont favoriser la création de plusieurs nouveaux
quartiers dénommés « extension » qui accentue
l'étalement de Daloa. Dans son extension, la ville de Daloa
intègre les villages Sapia, Tagoura et Zakoua initialement situé
en périphérie.
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
La dynamique urbaine de Daloa, chef-lieu de la région
du Haut Sassandra, est remarquable. D'une part, le peuplement de la ville qui a
débuté timidement durant la période colonial, s'est accru
à un rythme soutenu à partir des années 1980. D'autre
part, Daloa a connu une croissance spatiale exponentielle depuis l'installation
du poste militaire colonial en 1905 passant de 242 ha en 1958 à 3 300 ha
en 2016, soit un accroissement de 93% de sa superficie. Cette extension
spatiale s'est opéré sur le patrimoine foncier des villages
Balouzon, Bribouo, Gbokora, Sapia, Zakoua, Tagoura en les intégrant. La
dynamique de la ville de Daloa est également le fait de sa position de
ville carrefour ainsi que ses fonctions de ville administrative, militaire,
commerciale et universitaire.
Ces données confirment notre hypothèse 1 selon
laquelle : « eu égard à l'extension spatiale remarquable de
Daloa, les villages périurbains Sapia, Tagoura et Zakoua sont
aujourd'hui intégrés à la ville ».
48
DEUXIEME PARTIE : LA GESTION FONCIERE DANS LES
« VILLAGES INTEGRES » A DALOA
Introduction
La gestion foncière est intrinsèquement
liée au développement des territoires. L'accès des
populations au terrain constructible en ville suppose la mise à
disposition de terres rurales environnantes des villes. Le processus de
transformation des terres rurales utilisés à des fins agricole en
lot (terrain urbain) met en jeu une organisation foncière dans les
villages-intégrés. A Daloa, les propriétaires terriens des
villages intégrés Sapia, Tagoura et Zakoua initient le
lotissement de leurs parcelles. La question est de savoir : comment est
géré le foncier dans les « villages intégrés
» à Daloa ?
Dans cette partie, le chapitre 3 présente
l'organisation foncière dans les villages intégrés en
évoquant le rôle prépondérant des chefferies et des
comités de gestion du foncier et le mode de partage de la terre.
Le chapitre 4 montre comment s'effectue les opérations
de lotissement dans les villages intégrés et analyse la
production de lotissement et la mise en valeur des lots.
49
CHAPITRE 3 : L'ORGANISATION FONCIERE A SAPIA, TAGOURA
ET
ZAKOUA
Introduction
Eu égard à l'intégration de leurs
villages à la ville, les propriétaires terriens coutumiers de
Zakoua, Tagoura et Sapia s'organisent pour mettre leurs terres à la
disposition de l'Etat. Dès lors, comment se présente
l'organisation foncière dans ces villages intégrés ?
Ce chapitre est structuré en deux parties. Dans la
première partie, nous parlerons du rôle prépondérant
des chefferies traditionnelles et des comités de gestion foncier. La
seconde partie concerne la propriété foncière dans les
villages intégrés à travers.
3.1. Les gestionnaires du foncier dans les villages
intégrés
Le chef du village et la notabilité, le chef de terre
et le comité de gestion sont les gestionnaires du foncier dans les
villages intégrés SAPIA, TAGOURA et ZAKOUA.
3.1.1. Le rôle des chefferies traditionnelles
Les chefferies traditionnelles jouent un rôle
prépondérant dans la gestion du foncier à Sapia, Tagoura
et Zakoua, particulièrement en ce qui concerne les opérations de
lotissement et le règlement des litiges fonciers. Elles organisent et
supervisent les opérations de lotissements afin d'éviter
l'anarchie dans la gestion foncière. Le contrôle se fait par le
biais de l'instauration d'un registre dans lequel sont consignées toutes
les opérations de lotissement du village. Ce registre sert à
éviter les cas de vente multiples de terrains. En outre, les chefferies
villageoises ont une fonction d'arbitrage lors des litiges fonciers. C'est en
leur présence que se règlent les litiges, et elles ont pour but
de trouver des accords entre les protagonistes afin de favoriser la paix dans
le village. Le chef de Zakoua exprime ce souci de cohésion en ces mots :
« le chef du village est là pour harmoniser quand il y a des
litiges... et nous faisons toujours en sorte que, le villageois et l'occupant
soient toujours d'accord. Il faut éviter les palabres ».
La chefferie est également sollicitée par les
autorités administratives, policières et judiciaires pour le
règlement de litiges fonciers relevant de leurs secteurs. 70% des
enquêtés affirment avoir eu recours à la chefferie pour le
règlement d'un litige foncier. La figure 11 montre la répartition
du recours à la chefferie en cas de litige foncier.
50
Source : Notre enquête, 2019
Figure 11 : Répartition du recours à la
chefferie en cas de litige foncier
L'analyse du graphique révèle que près
des trois quart (70%) des propriétaires coutumiers ont recouru à
la chefferie pour le règlement des litiges fonciers. Cela
témoigne du rôle important de la chefferie, laquelle est
systématiquement sollicitée en cas de litige. En outre, la
chefferie est toujours avisée avant le lotissement d'une parcelle
villageoise.
3.1.2. Le rôle des comités de gestion
foncier
Dans chacun des trois villages enquêtés, il
existe un comité de gestion du patrimoine foncier. Ce comité est
composé de `'sachants» qui connaissent les limites du terroir
villageois ainsi que les limites des parcelles des habitants du village.
L'intervention du comité de gestion se situe
prioritairement au niveau des opérations de lotissement pour la
délimitation des parcelles. Le comité de gestion foncier organise
et supervise tous les lotissements.
En outre, le comité de gestion foncière est le
premier recours en cas de litige foncier ; il associe la chefferie selon la
gravité du litige foncier. Les protagonistes sont tenus de respecter les
convocations du président du comité de gestion foncière et
ses décisions sont le plus souvent acceptées du fait de
l'autorité qui lui est dévolu. Le comité de gestion
foncière est sollicité en permanence par les propriétaires
coutumiers : 67% des enquêtés affirment avoir recouru au
comité lors du lotissement, et 33% en cas de litige foncier (Notre
enquête, 2019). La figure 12 montre la répartition des motifs du
recours aux comités de gestion foncière.
51
Source : Notre enquête, 2019
Figure 12 : Répartition des motifs du recours
aux comités de gestion foncière
L'analyse du graphique montre que le comité de gestion
foncier intervient prioritairement lors des opérations de lotissement
(67%). Ils sont sollicités dans une moindre mesure pour le
règlement des litiges fonciers (33%). En effet, dans l'exercice de leurs
fonctions, les comités de gestion foncière ont pour objectif de
prévenir les litiges fonciers. C'est ainsi qu'ils sont plus
sollicités en amont lors du lotissement des parcelles. Parlant du
rôle de la chefferie traditionnelle et du comité de gestion
foncier, le chef de Tagoura concluant ses propos dit : « donc le chef
du village est vraiment au coeur de cette gestion là avec son
comité foncier rural ». Le comité de gestion foncier
joue un rôle prépondérant dans la régulation du
système foncier à Zakoua, Tagoura et Sapia.
3.1.3. Le rôle des chefs de terre
La terre est un bien communautaire à Sapia, Tagoura et
Zakoua où la gestion est confiée à des personnes qui
détiennent des pouvoirs fonciers.
A Sapia et Tagoura, le pouvoir foncier est détenu par
les chefs de lignages. Le village est, en effet, une entité
composé de plusieurs lignages. Chaque lignage a ses terres qui sont
gérées de père en fils. Le chef de Tagoura explique que :
« le chef de lignage a toutes les terres. Il les affecte aux «
glégbons » c'est-à-dire aux responsables de familles qui,
à leur tour, les affectent à leurs enfants. Ce qui fait qu'il y a
toujours quelqu'un pour gérer les terres coutumières
».
Les chefs de lignages sont les détenteurs exclusifs des
terres coutumières et ils ont le devoir de les distribuer au sein de
leurs familles. Le Secrétaire Général de Sapia affirme
qu'« il n'y a pas de chef de terre central à Sapia ; chaque
propriétaire terrien est le chef de son patrimoine foncier. Le chef de
famille est le chef de terre». Il y a par conséquent
52
autant de détenteurs de pouvoirs fonciers qu'il y a de
chefs de familles au sein de ces villages. Chaque chef de famille dispose d'un
patrimoine foncier qu'il gère pour le compte de sa famille. A Tagoura,
cependant, il existe un chef de terre qui supervise la gestion du foncier.
A Zakoua, contrairement aux deux autres villages, le pouvoir
foncier est détenu par une seule personne appelée chef de terre
ou `'propriétaire terrien». Cette situation s'explique par le fait
que le village est composé d'une seule famille autochtone
Bété. Le chef de terre est élu par les chefs de famille au
cours d'une réunion en vue d'assurer la gestion du patrimoine foncier de
la famille.
3.2. Propriété coutumière de la
terre dans les villages intégrés
La gestion autochtone du foncier diffère d'une
localité à l'autre ; la relation des populations à la
terre étant un fait culturel. La terre est un patrimoine de la
communauté villageoise partagé au sein des familles selon un mode
traditionnel dans lequel les parcelles sont bien délimitées.
3.2.1. La terre : un bien familial
Le système de partage de la terre diffère
sensiblement d'un village à l'autre.
A Tagoura, le chef de famille distribue la terre entre tous
ses enfants garçons. Cependant, s'il y a un enfant qui se montre plus
valeureux au travail, celui-ci travaille sur beaucoup plus de parcelles que ses
frères ; puisque la terre appartient à la famille, on permet au
membre le plus courageux d'élargir son champ en lui accordant une autre
portion.
A Sapia, la terre est partagée entre les enfants de
sexes masculins. Le Secrétaire Général clarifie le mode de
partage en ces termes : « on partage les terres entre les enfants
garçons. Les filles n'ont pas droit à la terre parce qu'elles
vont aller se marier. Nos parents avaient plusieurs femmes, chacun pouvait
avoir quatre, cinq, six femmes, voire plus. La parcelle sur laquelle chaque
femme a travaillé, c'est là qu'on installe ses enfants. Chaque
enfant va du côté de sa mère, sous le contrôle du
père ». Les ayants-droits à la terre sont
répartis géographiquement sur le patrimoine foncier de la famille
selon la position occupée par la mère ; la superficie de chacun
est déterminée par le nombre d'enfants qu'a la mère.
A Zakoua, le partage au sein de la famille se fait par
consensus en part égale, du plus grand au plus petit. Cependant,
l'aîné a toujours une part de plus. Aujourd'hui, des lopins de
terre sont attribués aux femmes qui, auparavant, étaient exclues
du partage de la
53
terre. En effet, selon les us et coutumes, les femmes ne sont
pas tenues compte dans le partage des terres dans les trois villages. Elles
sont considérées comme héritières des richesses de
leurs maris dans la famille d'accueil.
3.2.2. La reconnaissance des limites entre les
parcelles
Les éléments de reconnaissance des limites des
parcelles sont identiques à Sapia, Tagoura et Zakoua. Il s'agit
d'éléments naturels facilement identifiables. Le chef de Zakoua
résume ces identifiants : « Il peut s'agir de gros arbres
situé à la limite des parcelles. Ils servent aux
générations futures à reconnaître les limites des
parcelles de leurs parents. Pour éviter les conflits, on n'abat pas ces
arbres. On peut même planter des tecks à la limite et chacun
connait sa parcelle. Les limites des parcelles sont symbolisées
également par des termitières ou quelque fois des rivières
».
Par ailleurs, la reconnaissance des limites peut se faire par
la contribution de `'sachant» qui peut être le chef de terre ou un
membre de la famille. Le chef de Tagoura indique que : « le chef de
terre peut être un sachant. Mais il y a des gens qui sont là
depuis et qui ne bougent pratiquement pas, parce que c'est des relais qui se
font. Quand tu as ton papa qui est là et que toi tu es à ses
côtés, il t'a montré les limites. Mais, ce n'est pas dans
toutes les familles que tout le monde déserte pour aller travailler
ailleurs. Il y a toujours quelqu'un, et qui veille sur le patrimoine des
clans». Les membres de la famille qui ont fait le choix de rester au
village connaissent les limites du patrimoine foncier familial.
Conclusion
Les chefferies traditionnelles et les comités de
gestion foncier des villages intégrés organisent et supervisent
les opérations de lotissements et participent au règlement des
litiges fonciers. Dans ces villages, la propriété et le mode de
partage de la terre sont sensiblement différents. Les détenteurs
de droit coutumier foncier de Sapia, Tagoura et Zakoua initient des
lotissements privés.
54
CHAPITRE 4 : LA PRODUCTION FONCIERE DANS LES «
VILLAGES
INTEGRES » A DALOA
Introduction
Les propriétaires terriens initient des lotissements
privés depuis l'arrêt des lotissements administratifs. A Daloa,
des opérations de lotissements privés sont
réalisées dans les villages intégrés Sapia, Tagoura
et Zakoua. Ce chapitre analyse la production de lotissement et la mise en
valeur des lots dans les villages intégrés.
4.1. Les acteurs de la production foncière dans
les villages intégrés
Les acteurs de la production foncière sont repartis en
trois catégories : l'autorité publique, le demandeur et les tiers
(confère figure 13).
Source : Notre enquête, 2019
Figure 13 : Les acteurs de la production foncière
dans les villages intégrés
Le lotissement est une opération réalisée
par l'autorité publique représentée par le
Ministère de la Construction et de l'Urbanisme, et le demandeur qui peut
être le détenteur de droit coutumier foncier appelé
`'promoteur», les communautés villageoises et les
collectivités décentralisées. Les riverains, les
entreprises et les agences immobilières sont les catalyseurs de ces
opérations de lotissement.
Le Ministère de la Construction et de l'Urbanisme est
chargé de la gestion administrative des dossiers de lotissement. C'est
le ministère qui réceptionne la demande
55
de lotissement à son guichet unique du foncier et
traite le dossier de lotissement jusqu'à son approbation. Le traitement
consiste au contrôle de la conformité des projets de lotissements
au plan d'urbanisme directeur de la ville. En outre, le Ministère de la
Construction et de l'Urbanisme publie les lois relatives au foncier urbain et
assure le respect des normes d'urbanismes lors de la construction des
maisons.
Les propriétaires terriens coutumiers, les
communautés villageoises et les collectivités
décentralisés (Mairie, conseil régional) sont les
demandeurs de lotissement. Le propriétaire terrien coutumier est celui
auquel appartient la parcelle à lotir. Cette propriété
s'est acquise selon la coutume, de manière traditionnelle. Dans certains
cas, il s'agit d'une personne désigné comme "représentant"
par la famille. Ces "représentants" sont en général les
aînés de la famille, les cadres appelés souvent
"intellectuel" ou un membre reconnu comme jouissant d'une bonne moralité
par la famille. Par ailleurs, les communautés villageoises peuvent
solliciter des lotissements pour l'extension de leurs villages. En outre, les
mairies initient des demandes de lotissement en qualité de maître
d'ouvrage. Selon YAO et al. (2017, p. 512), il existe une
complémentarité autochtonie-mairie dans la production de l'espace
urbain à Zoukougbeu (Côte d'Ivoire). Suite à la demande des
collectivités villageoises, la mairie engage des démarches pour
la réalisation des lotissements à leurs profits.
Les demandeurs de terrains (population, entreprises, agences
immobilières, etc.) accélèrent le rythme de
réalisation des lotissements : la forte demande en terrain urbain
accélère la production foncière.
La figure 14 présente les étapes de la production
foncière dans les villages intégrés.
56
Source : Notre enquête, 2019
Figure 14 : Les étapes de la production
foncière dans les villages intégrés
L'analyse de la figure 14 révèle que, dans les
villages intégrés, la production foncière est
laissée à l'initiative du propriétaire coutumier. Celui-ci
adresse une demande de lotissement de sa parcelle au guichet unique de la
direction régionale de la Construction et de l'Urbanisme qui l'achemine
à la direction centrale à Abidjan. En réponse, la
direction centrale demande une enquête de commodo et incommodo en vue de
déterminer si la parcelle à lotir n'est pas objet de conflit.
Cette enquête est réalisée par la mairie vue la parcelle
à lotir est dans le périmètre communal, sinon par le
sous-préfet si c'est en dehors du périmètre communal. S'il
n'y a pas d'opposition, le géomètre procède à la
polygonal qui consiste à délimiter la parcelle. C'est alors que
l'urbaniste fait le projet de lotissement en morcelant la parcelle en lots
suivant le plan directeur de la ville. Le projet de lotissement est
acheminé à la direction centrale du ministère de la
construction et de l'urbanisme à Abidjan pour la signature de
l'arrêté d'approbation du lotissement par le ministre.
L'arrêté d'approbation du lotissement marque l'existence
officielle des lots sur la
57
parcelle. Le dossier de lotissement est ramené à
l'urbaniste qui confie le bornage au géomètre.
4.2. La convention de travail avec l'expert
géomètre ou l'agence immobilière
Nos enquêtes révèlent que 92% des
propriétaires terriens font lotir leurs parcelles par des experts
géomètres et 8% par des agences immobilières. Cette
disproportion est due au fait que les géomètres experts se
rendent dans les villages intégrés pour motiver les
propriétaires terriens à faire lotir leurs parcelles. Ils se
proposent de réaliser les opérations de lotissement contre une
rémunération le plus souvent en nature, vu l'impossibilité
des propriétaires coutumiers de les payer en espèce. Il est
signé une convention de travail entre le propriétaire terrien et
l'expert géomètre ou l'agence immobilière en charge de la
réalisation du lotissement, laquelle convention donne des obligations
à chaque acteur.
Les obligations du propriétaire terrien sont les
suivantes :
- Informer les autorités compétentes de la ville
(le Préfet, le Sous-préfet, le Directeur Régional de la
Construction et de l'Urbanisme, le maire et le chef du village) des travaux de
lotissement de sa parcelle ;
- Régler tous les problèmes au cas où il
aurait opposition de ses pairs, d'une structure administrative ou privée
;
- Dédommager le maitre d'ouvrage si d'éventuels
conflits de propriété venaient à perturber ou
arrêter les travaux quelles qu'en soient les raisons ;
- Fournir 50 à 60 % des lots nécessaire à
l'ouverture des voies.
Les obligations de l'expert géomètre ou l'agence
immobilière qui finance le
lotissement, désigné sous l'appellation de «
maitre d'ouvrage » sont formulées comme
suites :
- Délimiter la parcelle à lotir ;
- Réaliser le projet de lotissement ;
- Suivre le projet de lotissement jusqu'à son approbation
;
- Réaliser le lotissement ;
- Etablir et produire le dossier technique définitif ;
- Fournir 35 % des lots nécessaires à l'ouverture
des voies.
Outre ces dispositions fixant le cadre général
du travail, 60% des lots réalisés reviennent au
propriétaire terrien pour la purge de ses droits coutumiers. Dans le cas
de la réalisation d'un projet d'utilité publique par l'Etat ou un
promoteur privé sur la parcelle,
58
cinq pourcent (5%) des montants à payer sont
accordés à chaque exploitant agricole pour la purge des droits de
cultures. Dans le cadre du lotissement, dix (10%) à vingt pourcent (20%)
des soixante pourcent (60%) des lots à réaliser constituent la
purge des droits de sols du propriétaire terrien et cinquante pourcent
(50%) à quarante pourcent (40%) restants constituent la dotation de
l'exploitant agricole pour la purge de ses droits de cultures. Le coût
maximum des purges pour la perte des droits coutumiers sur toute
l'étendue du territoire national varie entre six cents (600) francs CFA
et deux mille (2000) francs CFA, le mètre carré, selon le
décret n°2014-25 du 22 janvier 2014 modifiant le décret
n°2013224 du 22 mars 2013 portant réglementation de la purge des
droits coutumiers sur le sol pour intérêt général.
Les travaux de lotissement sont réalisés conformément aux
règles et normes en vigueur contenues dans les instructions techniques
du Ministère de la Construction et de l'Urbanisme.
4.3. Le partage des lots à l'issue du
lotissement
A l'issue du lotissement, les lots sont repartis entre le
propriétaire terrien, l'expert géomètre ou l'agence
immobilière et l'administration. Le tableau 13 présente la
répartition des lots d'un lotissement privé réalisé
à Sapia.
Tableau 13 : Répartition des lots d'un
lotissement privé à Sapia
Attributaires
|
Nombre de lots attribués
|
M. KANON Guero David
|
134
|
A.I.S.C.I
|
65
|
Administration
|
24
|
Ouverture des voies
|
20
|
Source : Notre enquête, 2019
Le lotissement a été réalisé sur
une parcelle de 16 hectares, propriété de M. KANON Guero David.
Financé par la société immobilière AISCI, le
lotissement de la parcelle de KANON D. a mis 243 lots à disposition. Sur
les 243 lots réalisés, 134 lots (soit 55 % du total) reviennent
au propriétaire terrien coutumier, 26% des lots sont au maître
d'ouvrage (AISCI) et 10% à l'administration (Mairie, Conseil
régional, Ministère de la construction et de l'urbanisme). La
voirie occupe seulement 8% de la parcelle lotie. En effet, des lots sont
utilisés pour l'ouverture des voies lorsque le projet de lotissement est
établi par l'urbaniste. Le partage des lots se fait suivant la
clé de répartition convenu dans la convention de travail
signé entre le propriétaire coutumier et le maître
d'ouvrage. Chacune des parties est libre dans l'utilisation de ses lots. Par
ailleurs, la part des lots attribués à M. KANON sont
partagés en famille dans le cas où celui-ci est le
représentant
59
de la famille. Les lots qui reviennent à
l'administration sont cumulés sous forme de réserves
administratives. Après le partage des lots, un procès-verbal est
établi.
Un Procès-Verbal de partage des lots est signé
à l'issue de la réalisation des lotissements approuvés
à l'initiative des communautés villageoises. Le
Procès-Verbal de partage des lots (PV de partage des lots)
détermine la liste des bénéficiaires des lots et constitue
un début de preuve de droit selon l'article 2 de l'arrêté.
Les lots sont partagés par consensus entre les acteurs intervenant dans
la réalisation du lotissement, notamment le propriétaire terrien,
le géomètre ayant réalisé la délimitation de
la parcelle ou l'agence immobilière ayant financé
l'opération de lotissement, l'administration, et la communauté
villageoise. La part du géomètre dépend de la convention
de travail signé avec le propriétaire terrien. Elle est
facultative selon qu'il soit payé en nature ou en espèce.
Cependant, le géomètre est généralement
rémunéré en nature à hauteur de trois (03) lots sur
dix (10) réalisés. Selon les dispositions de l'article 3 de
l'arrêté, le Procès-Verbal de partage des lots est
établi sous la supervision d'un Agent Assermenté du
Ministère de la Construction et de l'Urbanisme en vue de
l'établissement de l'Attestation Domaniale. La copie originale du
Procès-Verbal est transmise aux responsables des services
déconcentrés du Ministère chargé de la Construction
et de l'Urbanisme ainsi qu'au préfet de région. Le partage des
lots peut être constaté par voie d'huissier.
4.4. La mise en valeur des lots dans les «
villages intégrés » à DALOA
4.4.1. La procédure d'achat des lots dans les
villages intégrés à DALOA L'achat de terrain
périurbain à Zakoua, Tagoura et Sapia se fait suivant une
procédure dans laquelle la chefferie intervient.
A Tagoura, est établie une attestation de vente
signée par le propriétaire terrien, l'acquéreur, et leurs
témoins. Le chef du village y appose sa signature après un
contrôle dans le registre où sont consignés tous les
lotissements réalisés pour vérifier si le terrain n'est
pas déjà vendu. Ensuite, l'attestation de vente est
envoyée au bureau de l'Association des Propriétaires Terriens de
la Commune de Daloa (APTDC) où est établie une attestation de
cession villageoise à 50 000 F CFA. L'attestation de cession villageoise
est signée par le président de l'association, le chef du village
et l'acquéreur, pour certifier de la reconnaissance coutumière de
la propriété. Muni de cette attestation, l'acquéreur peut
enfin faire établir son Attestation de Concession Définitive
(ACD) par le Ministère de la Construction et de l'Urbanisme.
60
A Sapia et à Zakoua par contre, une attestation
villageoise est établie ; le propriétaire terrien,
l'acquéreur et leurs témoins ainsi que le chef du village y
apposent leurs signatures. Seul le chef du village délivre l'attestation
villageoise qui est payante au frais de l'acquéreur. Le prix de
l'attestation villageoise varie de 50 000 à 70 000 FCFA dont un montant
de 30 000 FCFA est versé à la caisse de l'association des
propriétaires terriens de la commune. Parfois, le montant de
l'attestation villageoise est inclus dans le coût du lot. Dans ce cas,
l'acquéreur reçoit l'attestation villageoise
délivrée par le chef du village des mains du propriétaire
terrien après avoir payé le montant du lot. L'attestation
villageoise fait partie des dossiers à fournir pour l'obtention de
l'ACD. C'est d'ailleurs un préalable.
L'achat de terrain auprès des propriétaires
terriens est sécurisé et permet d'éviter les cas de vente
d'un terrain à plusieurs personnes. L'acquéreur a la
possibilité de vérifier si le lot n'est pas déjà
attribué à une autre personne. Cette vérification est
possible au sein des registres villageois, au bureau de l'Association des
Propriétaires Terriens de la Commune de Daloa (APTDC), à la
direction régional du Ministère de la Construction et de
l'Urbanisme ainsi qu'au service des cadastres. En outre, la procédure
d'achat de terrain périurbain est rapide et sans période
d'attente entre les différentes étapes. Cependant, l'absence de
cadre formelle pour la publicité foncière rend difficile l'achat
de terrain périurbain. En effet, les candidats à l'achat de
terrain se rendent dans les villages pour rencontrer les propriétaires
terriens désireux de vendre des lots. Parfois, ce sont des
démarcheurs qui servent d'intermédiaires entre les demandeurs et
les propriétaires terriens. Dans ce cas, le prix du terrain est en
général élevé car le propriétaire terrien
rémunère le démarcheur à un taux de 10% du
coût du lot. Par ailleurs, la localisation des terrains proposés
ne convient pas toujours aux demandeurs de terrain.
Le bureau de l'Association des Propriétaires Terriens
de Daloa-Commune (photo 1) est le lieu de délivrance de l'attestation de
cession villageoise. Il sert également de lieu de règlement des
litiges fonciers et de cadre de discussion des propriétaires terriens de
la commune.
61
Photo 1 : bureau de l'association des
propriétaires terriens de la commune de Daloa
(Cliché de l'auteur, Mai 2019)
4.4.2. Dimensions et prix des lots
Les dimensions et les prix des lots diffèrent d'un
village à l'autre. Le tableau 14 présente les dimensions et les
prix d'achat des lots périurbain.
Tableau 14 : dimensions et prix d'achat des lots
périurbain
Villages
|
Dimension des lots
|
Prix d'achat des lots (F CFA)
|
Sapia
|
600 m2 et 500 m2
|
de 300 000 à 2 000 000
|
Tagoura
|
400 m2 et 600 m2
|
250 000 à 4 000 000
|
Zakoua
|
600 m2
|
300 000 à 1 000 000
|
Source : Notre enquête, 2019
A Tagoura, les lots sont de 600 m2 et
500m2 et ont des prix qui varient de 300 000 à 2 000 000 FCFA
selon que le terrain se situe près de la voie primaire bitumée ou
pas. Le prix des lots est également influencé par la
proximité de l'école de formation de la gendarmerie nationale
sise à Toroguhe ; les acquéreurs se sentant plus en
sécurité.
A Sapia les dimensions des lots varient entre 400
m2 et 600m2. Sur la même parcelle, on peut trouver
des lots de 400 m2, de 600 m2 et un peu plus. Le prix du
terrain est fonction de la distance au village et va de 250 000 à 4 000
000 F CFA.
A Zakoua, les lots sont tous rectangulaires de 30 m de
longueur et 20 m de largeur, soit 600 m2. Les prix des lots varient
de 300 000 à 1 000 000 F CFA.
62
Notre enquête révèle que les
propriétaires terriens n'attendent pas que leurs espaces soient
viabilisés pour procéder à la vente des terrains, ce qui
à priori est à l'origine des prix qui varient selon les lieux. En
effet, certains lots achetés correspondent à des terrains sur
lesquelles existent encore des plantations de café et de cacao. Le
coût de ces terrains est moins élevé car l'acquéreur
ne peut pas procéder à la construction de maison dans
l'immédiat. Ces terrains sont en général
éloignés du village. De plus, les acquéreurs
privilégient les terrains sur des surfaces planes et faciles
d'accès au détriment des terrains en pente ou en hauteur.
La variation des prix des terrains crée un
désordre dans le marché foncier périurbain qui n'est pas
toujours à l'avantage des propriétaires terriens. En effet, les
propriétaires coutumiers vendent très souvent leurs lots à
des prix dérisoires car subissant la loi de l'offre et de la demande.
Pour des lots juxtaposés appartenant à deux propriétaires
terriens, l'un confronté à une dépense,
généralement un cas de décès en famille, peut
vendre son lot à 300 000 FCFA, tandis que le propriétaire terrien
voisin propose son lot à 1 000 000 FCFA. Dans cette situation, le second
propriétaire terrien finit par céder et vend également son
lot à un prix avoisinant 300 000 F CFA au bénéfice de
l'acquéreur. De l'avis du chef du village de Tagoura, « en
principe on devrait discuter les prix de ces terres là au sein de
l'association des propriétaires terriens et on prend un prix uniforme.
Malheureusement c'est pas le cas et les prix se font de façon
désordonnés ». Les propos du chef de Tagoura mettent
ainsi en évidence l'action de l'association des propriétaires
terriens de la commune qui pourrait servir de cadre de discussion et
d'uniformisation des prix des terrains, évitant par ce moyen le
désordre observé dans le marché foncier à Daloa. A
Daloa, les terrains périurbains sont en général de grandes
tailles (600 m2) et les prix varient de 250 000 à 4 000 000
FCA.
Le prix des terrains périurbains est également
influencé par l'absence de cadre formel pour la publicité. Chaque
propriétaire terrien a la latitude de fixer le prix de son terrain. Le
propriétaire terrien propose alors son terrain à un prix
élevé de sorte à avoir un meilleur profit après que
ce prix soit débattu. La figure 15 présente le système de
fixation du prix des terrains urbains.
63
Source : Notre enquête, 2019
Figure 15 : Système de fixation du prix du terrain
urbain
Au coeur du système, se trouve la rente
foncière, variable dépendante influencée par diverses
variables notamment l'aménagement de l'espace urbain,
l'équipement en infrastructure et le développement des services,
les densités, la taille de la ville et la compétition des acteurs
pour la production foncière. Dans ce système ouvert, apparait un
cycle formé par les variables taille de la ville, la compétition
des acteurs et la rente foncière. La rente foncière subit une
pression de plus en plus croissante avec le développement de la ville.
Le prix du terrain dans les espaces périurbains est de plus en plus
élevé avec leurs intégrations à la ville et subit
des fluctuations selon le type de quartier (résidentiel ou populaire) et
la présence des équipements qui s'y trouvent.
Conclusion
Les lotissements privés initiés par les
propriétaires terriens se font sur la base d'un contrat de travail
signé entre le propriétaire terrien et l'expert
géomètre ou l'agence immobilière. A l'issue des
lotissements, les propriétaires terriens procèdent à la
vente de leur part de lots assortie d'une attestation villageoise
délivrée par le chef du village.
64
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE
A Daloa, les chefferies villageoises et les comités de
gestion foncière organisent et supervisent les opérations de
lotissement dans les villages intégrés. Pour le lotissement de
leurs portions de terre, les propriétaires terriens sollicitent un
expert géomètre ou une agence immobilière qui est
rémunéré en nature. A l'issue du lotissement, les lots
sont partagés selon le contrat de travail préalablement
signé. C'est alors que chaque partie procède à la vente de
sa part de lots.
Par conséquent, l'hypothèse 2 de l'étude
qui stipule que « la production foncière dans les villages
intégrés se réalise suivant une organisation interne aux
villages et des opérations de lotissement » est
confirmée.
Quel est l'impact socio-économique et
spatio-environnemental de la dynamique urbaine de Daloa sur la gestion
foncière dans les villages intégrés Sapia, Tagoura et
Zakoua ?
65
TROISIEME PARTIE: L'IMPACT SOCIO-ECONOMIQUE ET
SPATIO-ENVIRONNEMENTAL DE LA DYNAMIQUE URBAINE DE DALOA SUR LA GESTION FONCIERE
DANS LES VILLAGES INTEGRES
Introduction
La dynamique urbaine a un impact sur la gestion
foncière dans les villages intégrés. A Daloa, cet impact
se manifeste au niveau social, économique, spatial et environnemental.
L'objet de cette partie est d'analyser l'impact socio-économique et
spatio-environnemental de la dynamique urbaine de Daloa sur la gestion
foncière dans les villages intégrés.
Le chapitre 5 montre l'impact socio-économique de la
dynamique urbaine sur la gestion foncière dans les villages
intégrés en évoquant la fragilité de la
cohésion sociale, le non-respect des chefferies traditionnelles, la
multiplication des litiges fonciers d'une part ; et l'impact économique
à travers l'analyse de la spéculation foncière, le
payement des impôts fonciers, les reconversions économiques dans
les villages intégrés, d'autre part.
Le chapitre 6 analyse l'impact spatio-environnemental de la
dynamique urbaine sur la gestion foncière dans les villages
intégrés, notamment la prolifération des lots non mis en
valeur, le développement de l'agriculture intra-urbaine, etc.
66
CHAPITRE 5 : L'IMPACT SOCIO-ECONOMIQUE DE LA DYNAMIQUE
URBAINE DE DALOA SUR LA GESTION FONCIERE DANS LES VILLAGES INTEGRES
Introduction
La maîtrise de l'extension rapide de l'espace urbain est
un défi auquel sont confrontés les maires et autres gestionnaires
des villes ivoiriennes. En Côte d'Ivoire, la production du foncier urbain
est un marché soumis à de fortes spéculations depuis 2014.
Ce chapitre analyse l'impact socio-économique de la dynamique urbaine de
Daloa sur la gestion foncière dans les villages intégrés
Sapia, Tagoura et Zakoua.
5.1. L'impact social de la dynamique urbaine sur la
gestion foncière dans les villages intégrés
La gestion foncière dans les villages
intégrés s'accompagne de conflits qui fragilisent la
cohésion sociale et entrainent le non-respect des chefferies
traditionnelles.
5.1.1. La fragilité de la cohésion
sociale
Dans les villages intégrés Sapia, Tagoura et
Zakoua, la terre a toujours été un bien communautaire
gérée par la famille. Désormais la possession d'une
parcelle aux limites bien déterminées est un enjeu qui n'est pas
à négocier. Cet enjeu crée bien souvent des
revendications, et des empiètements peuvent
dégénérer et être sources de division au sein des
familles, voire des clans. C'est à juste titre que le Secrétaire
Général de Sapia affirme : « lorsque vous avez votre
propriété et qu'on veut vous prendre, si vous êtes
convaincu que c'est votre propriété, alors vous n'acceptez pas.
Et généralement les gens arrivent à des situations de
non-retour, où ils peuvent aller jusqu'à enfermer l'autre, ou ils
peuvent aller jusqu'à se bagarrer. Et tout ça peut créer
des situations pas commode ».
Pour les villageois, en effet, la terre est le bien le plus
précieux légué par les ancêtres, un bien plus
important que l'or dans l'imaginaire des villageois, qui doit être
préservé et sauvegardé au prix de sa vie s'il le faut. Les
conflits liés à la terre créent bien souvent des divisions
au sein des familles et des communautés villageoises. La figure 16
montre l'importance des conflits au sein des familles lors des lotissements.
67
Source : Notre enquête, 2019
Figure 16 : Conflit au sein des familles lors des
lotissements
L'analyse de la figure 16 montre la dominance des bagarres
lors des lotissements (69%) dans les villages intégrés. Ces
bagarres sont importantes aussi bien à Sapia (85%des
propriétaires coutumiers du village sont concernés), qu'à
Tagoura (60%) et à Zakoua (55%). L'ampleur des bagarres à Sapia,
lors des lotissements, trouve son explication dans la forte pression et la
forte spéculation foncières qui s'y exercent. En effet, la
position privilégiée de Sapia en bordure de la route nationale
menant à Abidjan accentue le rythme des lotissements. La rente
foncière subit des fluctuations de plus en plus croissante à
Sapia car `'tout le monde veut avoir sa maison sur la route d'Abidjan». La
spéculation croissante est à l'origine des tensions au sein des
familles ; chaque membre de la famille veut s'assurer une part importante de la
`'manne foncière».
5.1.2. Le non-respect des chefferies traditionnelles
Le non-respect des chefferies traditionnelles est
manifesté par le rejet des décisions qu'ils prennent lors des
litiges. Ces décisions ne sont pas toujours acceptées et les
protagonistes recourent très souvent aux instances policières et
judiciaires. Le Secrétaire Général de Sapia affirme ceci :
« dès l'instant où au village même le chef n'est
pas respecté, il peut même convoquer quelqu'un qui est du village,
et le monsieur peut ne pas venir ici ». Ainsi, le chef du village
apparait désormais comme un simple habitant dont la consultation n'est
pas une nécessité en cas de conflit. Poursuivant, le
Secrétaire Général de Sapia ajoute ceci : « nos
difficultés, c'est que les protagonistes ne nous comprennent pas. Eux
ils croient que quand on tire une conclusion d'un tribunal coutumier, on n'est
contre
68
celui qui n'a pas raison ; souvent c'est comme ça
ils prennent. Sinon sur le terrain, nous on veut faire la paix entre les
habitants du village. On n'a rien à gagner, on n'a rien à perdre.
Nous on veut la paix, on veut la justice. Que la population nous comprennent,
les décisions que nous prenons, c'est pour faire la paix au niveau des
membres de la famille ».
Dans les villages intégrés, un climat de
méfiance règne entre les habitants et les autorités
villageoises qu'ils accusent de complices dans la plupart des cas. De ce fait,
l'autorité villageoise peine à faire accepter sa volonté
de préserver la cohésion sociale au sein du village.
5.1.3. La multiplication des litiges fonciers dans les
villages intégrés
5.1.3.1. Les causes des litiges fonciers
Des litiges fonciers sont observés à Sapia,
Tagoura et Zakoua avec des particularités. La figure 17 montre la
répartition des causes de litiges fonciers dans chaque village.
Source : Notre enquête, 2019
Figure 17 : Répartition des causes de litiges
fonciers dans les villages intégrés
La délimitation des parcelles (41%) et la
réclamation des parcelles cédées (33%) sont les principaux
types de litiges fonciers. Suivent la réticence des allogènes
(21%) et la vente d'un même terrain à plusieurs personnes (5%).
Le graphique 18 montre la répartition des types de litiges
fonciers à Sapia.
69
Source : Notre enquête, 2019
Figure 18 : Répartition des causes de litiges
fonciers à Sapia
A Sapia, les litiges fonciers liés aux
réclamations des parcelles cédées (80%) sont de loin les
plus dominants depuis le début des lotissements privés en 2014.
Les litiges fonciers liés aux délimitations des parcelles (13%),
la vente multiple de terrain (5%) et la réticence des allogènes
(2%) représentent ensemble près du quart (20%) de ces litiges. En
effet, les enjeux économiques suscités par la vente de terrain
urbain ont favorisé la remise en cause des terres obtenus des membres de
la famille ou des proches par le jeu des relations familiales, amicales ou de
bon voisinage. Le Secrétaire Général de Sapia explicite :
« lui il m'a dit, petit frère, toi tu restes là,
voilà la limite entre toi et moi. Aujourd'hui, moi j'ai fait ma culture
vivrière, et pendant ce temps, Dieu le rappel. Ses enfants vont dire,
notre père a travaillé ici, donc notre lotissement doit prendre
en compte cette partie-là. Moi, je vais dit non, ce n'est pas normal,
c'est mon grand frère, c'est lui-même qui m'a cédé
là pour mes cultures vivrières ; Ou bien c'est moi qui lui est
cédé là pour faire ses cultures vivrières. Sinon ce
n'est pas ce que vous dites, voilà la limite entre nous. Alors à
tout moment, ce sont ces problèmes là qu'on traite ici. Les gens
réclament trop le patrimoine de leurs parents».
A Sapia, la réclamation des patrimoines fonciers
autrefois cédés est quasi permanente et est même devenu un
banal fait de société dont le règlement agace à la
limite la chefferie traditionnelle. Les revendications incessantes des
patrimoines fonciers créée une situation de tension et de
méfiance au sein des familles. Ces revendications ont également
pour corolaire un autre type de litige foncier lié à la vente des
lots situés aux limites des parcelles. Parlant de ce type de litige, le
Secrétaire Général de Sapia explicite :
70
« vous, il vous a donné votre parcelle
, · votre grand frère aussi il lui a donné , ·
votre petit frère aussi il lui a donné. Chacun connait qu'en
même sa limite. Mais si vous débordez pour entrer chez Paul
, · Paul à son tour va s'opposer sur la vente des lots qui sont
à la limite récupérée ».
A Sapia, les enjeux économiques suscités par les
lotissements sont à l'origine de la multiplication des litiges fonciers.
La figure 19 montre la répartition des causes de litiges fonciers
à Tagoura.
Source : Notre enquête, 2019
Figure 19 : Répartition des causes de litiges
fonciers à Tagoura
A Tagoura, les différends sur le foncier se situent
généralement au niveau de la délimitation des parcelles
lors des opérations de lotissement (90% du total), la réclamation
des parcelles cédées (5%), la vente multiple de terrain (3%) et
la réticence des allogènes (2%). Les litiges liés aux
délimitations des parcelles naissent lorsque par inattention ou par
méconnaissance, un propriétaire terrien empiète sur
l'espace d'un autre. Ce genre de litige est généralement
réglé à l'amiable entre les deux voisins ou en envoyant
sur le terrain un `'sachant» qui rétablit les limites des parcelles
de chacun. Face aux conflits récurrents liés à la
délimitation des parcelles, il est désormais recommandé
à toute personne qui initie un lotissement, de le faire en
présence de ses voisins immédiats.
La figure 20 montre la répartition des causes de
litiges fonciers à Zakoua.
71
Source : Notre enquête, 2019
Figure 20 : Répartition des causes de litiges
fonciers à Zakoua
A Zakoua, les litiges fonciers sont prioritairement
liés à la réticence des allogènes (80% du total)
vis-à-vis du lotissement des terres sur lesquelles ils exercent
l'activité agricole depuis des décennies. L'importance de ces
litiges s'explique par le fait que les autochtones de Zakoua ont reçu
d'importantes populations allogènes venus pour l'exploitation agricole
des forêts. Ces d'allogènes ont créé de vastes
plantations de cacao et de café. Vu que la ville a atteint ces parcelles
cédées, il est question de les morceler et mettre les lots
à disposition. C'est alors qu'intervient le propriétaire terrien
qui fait prévaloir son droit de propriété. Ainsi, des
conflits naissent souvent lors de la purge des droits de cultures ou lors du
partage des lots. C'est ce que traduisent les propos du chef de Zakoua : «
Nos difficultés c'est que les allogènes sont souvent
réticents. C'est la brousse tu as acheté, tu n'as pas
acheté la terre. La terre ne se vend pas. Maintenant, à partir du
moment où tu n'a plus rien sur cette terre, la terre revient au
propriétaire terrien ».
Face à la réticence des allogènes qui
exploitent les parcelles à des fins agricoles, un compromis est
trouvé afin de préserver une entente entre le propriétaire
terrien et l'allogène. « Des fois, pour éviter les
méfaits, on fait de fois à part égale. Quand vous faites
à part égale, vous êtes tous content, surtout
l'allogène. Et à partir de là, il devient maintenant,
à part entière, un membre de la famille ; quand tu as
problème, il vient à ton secours », explique le chef de
Zakoua.
Le partage des lots par consensus permet donc de maintenir de
bonnes relations entre l'allogène et son tuteur. L'allogène
manifeste toujours sa reconnaissance au propriétaire terrien car il a de
quoi assurer sa survie. Il n'a pas le sentiment qu'une injustice ait
été créée.
72
5.1.3.2. Accroissement des litiges fonciers
Les litiges fonciers se sont multipliés dans les
villages intégrés depuis le début des lotissements
privés en 2014. La figure 21 montre l'évolution des litiges
fonciers gérés par les chefferies ces quinze dernières
années.
Source : Notre enquête, 2019
Figure 21 : Evolution des litiges fonciers dans les
villages de 2000 à 2018
L'analyse de la figure révèle que les litiges
fonciers se sont accrus de 40% dans les trois villages avec respectivement 46%
à Sapia, 33% à Tagoura et 39% à Zakoua. Au-delà des
litiges fonciers liés aux délimitations des parcelles, à
la réclamation des parcelles cédées et à la
réticence des allogènes qui sont particuliers à chaque
village, les litiges fonciers liés à la vente d'un terrain
à plusieurs acquéreurs sont transversaux aux villages. En effet,
certains propriétaires coutumiers vendent un lot déjà
attribué à un acquéreur à plusieurs autres
acquéreurs. Les nouveaux acquéreurs procèdent aux
transactions pour l'achat du terrain sans vérification préalable.
Les litiges surviennent lorsqu'un des acquéreurs décide de mettre
en valeur le lot.
5.1.3.3. Le cadre préconisé pour le
règlement des litiges fonciers
Le choix des propriétaires coutumiers pour le
règlement des litiges fonciers présente des configurations
différentes dans les trois villages. La figure 22 montre la
répartition des recours en cas de litige.
73
Source : Notre enquête, 2019
Figure 22 : Répartition des recours en cas de
litige dans les villages intégrés
Dans l'ensemble, la chefferie (49%) et la police (24%) sont
les principaux recours des propriétaires coutumiers en cas de litige
foncier (73%). Ils sont suivis des recours à la justice (15%) et
à la Sous-préfecture ou la Mairie (11%). La figure 23
présente la répartition des recours en cas de litige foncier
à Sapia.
Source : Notre enquête, 2019
Figure 23 : Répartition des recours en cas de
litige foncier à Sapia
A Sapia, la police est privilégiée pour le
règlement des litiges (50%). Ce choix est justifié par la
prépondérance des propriétaires jeunes dont l'âge
est compris entre 30 et 45 ans (60%) ayant un niveau d'instruction moyen du
secondaire. Cette catégorie sociale se heurte très souvent aux
pratiques anciennes de don de la terre prôné par la chefferie. Les
propriétaires coutumiers préfèrent la police ou la
gendarmerie pour un règlement avec des principes modernes.
74
A Tagoura, les litiges fonciers sont réglés par
la chefferie. La figure 24 montre la répartition des recours en cas de
litige foncier à Tagoura.
Source : Notre enquête, 2019
Figure 24 : Répartition des recours en cas de
litige foncier à Tagoura
A Tagoura, la chefferie est préférée en
cas de litige (80%). Cette situation s'explique par le système
organisationnel du village. En effet, les chefs de familles qui sont
également les notables du village, sont chargés de régler
les litiges fonciers au sein de leurs familles. La chefferie n'est
sollicitée qu'en cas de litige majeur que le chef de famille n'a pas pu
régler. La figure 25 montre la répartition des recours en cas de
litige foncier à Zakoua.
Source : Notre enquête, 2019
Figure 25 : Répartition des recours en cas de
litige foncier à Zakoua
A Zakoua, la Sous-préfecture est plus sollicitée
en cas de litige foncier (35%). En effet, les litiges fonciers opposent
généralement les propriétaires coutumiers aux
allogènes
75
venus exploiter les terres à des fins agricoles. La
figure 26 montre les tendances générales du choix des
propriétaires terriens pour le règlement des litiges foncier.
Source : Notre enquête, 2019
Figure 26 : Tendances générales du choix
des propriétaires terriens pour le règlement
des litiges foncier
En tête de liste, la chefferie (46%) est plus
sollicitée en cas de litige foncier. En effet, les chefs de villages
sont des fonctionnaires retraités qui connaissent bien les implications
des nouvelles dispositions sur le foncier. Ils combinent donc des
éléments du droit foncier moderne et traditionnel pour
départager les protagonistes. Lorsque le litige
dégénère, 26% des enquêtés
préfèrent se rendre à la police ou à la
gendarmerie. Le recours à la justice (15%) se fait pour les litiges
majeurs mettant en jeu d'importante superficie, ou lors du partage de prime en
cas de purge des droits de cultures ou de sol par l'Etat.
46% des enquêtés préfèrent le
règlement des litiges fonciers à l'amiable sous la supervision
des chefferies traditionnelles. Cette conception des choses est bien
formulée par un adage populaire énoncé par le chef de
Zakoua : « mieux vaut un mauvais arrangement qu'un bon procès.
Donc si il y a quelque chose, au lieu de se trimbaler à la police,
jusqu' aller en justice, il est préférable qu'on s'asseye et
qu'on trouve une solution ». Le mode de règlement des litiges
fonciers qui se fait à l'amiable, par consensus, à partir de
compromis, apparait donc comme plus judicieux et celui préconisé
par la population du fait des nombreux avantages qu'il présente. Le chef
de Zakoua résume ces avantages en ces termes : « la justice par
exemple peut donner raison à un tiers, et puis arriver au village, s'il
y a opposition, les gens ne vont jamais travailler sur cette terre, parce qu'il
faut craindre aussi la mort. C'est pourquoi il est préférable de
s'assoir au village et puis
76
trouver un consensus. Même si il y a eu des
échauffements dans la famille, on viendra, on va trouver une solution.
Et quelque fois même, c'est ce que la police, même la justice, nous
demande de faire, parce que c'est une façon de les aider aussi
». La mise en valeur des terrains urbains se verrait ainsi
facilitée et l'intégration des villages périurbains
à la ville se ferait de manière cohérente. La photo 2
présente le foyer polyvalent de Tagoura.
Photo 2 : Le foyer polyvalent de Tagoura
(Cliché de l'auteur, Mai 2019)
Le foyer polyvalent de Tagoura sert de lieu de
règlement des litiges fonciers et autres activités culturelles du
village. Il a été construit sur fonds propre, par la population.
Ce foyer contribue à préserver la culture du village face
à une urbanisation marquée.
5.1.4. Le lotissement privé : la fin de
l'expropriation des terres
Notre enquête révèle que 64 % des
propriétaires terriens de Tagoura n'ont pas reçu de lot de
compensation lors des lotissements administratifs intervenus en 1974. En effet,
la Mairie procédait à l'ouverture d'un front de lotissement pour
satisfaire les demandes de terrain urbain. L'extension de la ville se faisait
sur les terres rurales environnantes. Les propriétaires terriens
étaient donc expropriés de leurs portions de terre qu'ils
exploitaient à des fins agricoles. Pour contenter les
propriétaires terriens dépossédés de leurs
parcelles, la mairie-lotisseur leur donnait des lots en « compensation
». En général, deux lots par hectare revenaient au
propriétaire terrien après le lotissement de sa parcelle.
77
Avec les lotissements privés, les propriétaires
terriens ont l'initiative du lotissement de leurs parcelles et l'essentiel des
lots. Le chef de Tagoura indique que : « c'est mieux ainsi, au lieu
que ce soit l'Etat à travers la Mairie qui fasse le lotissement dans les
villages, sans même dédommager les propriétaires terriens
de fait, la plupart du temps ». Désormais, l'Etat reconnait et
consolide les droits coutumiers, annulant ainsi les effets négatifs des
lotissements administratifs. En effet, dans la plupart des cas, ce sont des
accords verbaux qui ont été conclus entre l'autorité
municipale et le propriétaire coutumier. L'absence de document
écrit empêche toute procédure légale pour
acquérir un lot de compensation `'promis». De l'avis des
propriétaires terriens, les lotissements privés présentent
naturellement de nombreux avantages. Le chef de Tagoura affirme que : «
l'Etat a vu juste pour donner à césar ce qui appartient
à césar. Il y a des gens qui sont sur leurs portions de terre
qu'ils gèrent depuis des millénaires. Aujourd'hui, l'Etat
reconnait que ces personnes sont les propriétaires de fait, quoi de plus
normal ».
Par ailleurs, les difficultés rencontrées avec
les lotissements privés seraient à mettre sur le compte d'un
début et d'une adaptation progressive. « Avec les
propriétaires terriens c'est nettement mieux. Les problèmes que
nous connaissons, comme c'est un début, c'est peut être
çà qui fait. Mais au fur à mesure on va avancer, ça
va aller. Parce que aujourd'hui, faites le tour des villages, tous les chefs de
villages pratiquement, c'est les gens qui exerçaient au niveau de la
fonction publique et au cours de leur retraite gèrent. Donc ils sauront
mettre en place des structures pour mieux diriger ces
problèmes-là, pour mieux régler et prendre des
précautions pour ne pas qu'il y ait des disputes, pour ne pas qu'il y
ait des conflits. Sinon, l'Etat n'a pas mal fait en demandant aux populations
de lotir elles-mêmes leurs parcelles », justifie le chef de
Tagoura. La gestion du foncier serait donc meilleure d'ici quelques
années grâce à l'encadrement de l'Etat à travers le
Ministère de la Construction et de l'Urbanisme et les structures mises
en place dans les villages.
5.2. L'impact économique de la dynamique urbaine
sur la gestion foncière dans les villages intégrés SAPIA,
TAGOURA et ZAKOUA
5.2.1. La spéculation foncière
Une spéculation foncière s'observe dans les
villages intégrés du fait de la valeur marchande désormais
acquise par la terre. La terre qui, autrefois, était cédée
et léguée, est aujourd'hui une source de profit à travers
la vente de terrain. L'on observe une course des propriétaires terriens
pour le lotissement de leurs parcelles, et l'afflux de géomètres
et agences immobilières dans les villages intégrés,
créant ainsi un marché bénéfique aux
78
propriétaires terriens. Très souvent, les
propriétaires terriens n'ont pas les moyens de payer les
géomètres en espèces ; ils jouent donc sur les offres des
géomètres et agences immobilières qui les courtisent. La
vente de terrain urbain constitue le principal intérêt du
lotissement pour les propriétaires terriens. Cette réalité
est toutefois soumise à des contraintes car la terre est un
héritage que le chef de famille partage aux membres de la famille. Le
Secrétaire Général de Sapia explique cette
réalité en ces mots : « Les lots, on ne vend pas tout.
Après le lotissement, tu es obligé de payer en nature le
géomètre qui a fait le travail, puisque tu n'as pas d'argent en
espèce. Alors ce qui te revient, c'est pour ta famille. Tu réunis
la famille. Le géomètre a pris sa part, voilà ce qui
revient à la famille. Si vous êtes nombreux et que le terrain est
petit, vous êtes obligé de vous mettre ensemble. Nous deux par
exemple on peut nous donner un lot, les deux autres là aussi on peut
leur donner un lot, et puis ainsi de suite. Si le terrain est grand et que tu
es seul, tu es obligé de vendre une partie des lots, et tu mets en
valeur les autres lots pour l'avenir de tes enfants». Le graphique 27
présente la répartition des choix des propriétaires
terriens pour la mise en valeur de leurs terrains.
Source : Notre enquête, 2019
Figure 27 : Répartition des choix des
propriétaires terriens pour la mise en valeur de leurs lots
L'analyse de la figure 27 révèle que pour la
mise en valeur de leurs lots, la vente de terrain est le choix
privilégié de la majorité des propriétaires
terriens (80%), quand 15% préfèrent construire des maisons
d'habitation. En effet, face à la spéculation, les
propriétaires terriens préfèrent vendre une partie de
leurs lots afin d'utiliser les montants reçus pour construire des
maisons d'habitations pour leurs familles. Les sommes d'argent
79
perçues de la vente des lots sont également
utilisés pour l'organisation de funérailles, le prestige social
ou pour l'achat d'intrant agricole. Pour les paysans qui n'ont pas de revenus
stables, `'vendre un lot» est une opportunité d'avoir de l'argent
pour faire face à leurs besoins. La construction de maison d'habitation
sur leurs parcelles est le choix des propriétaires terriens nantis
(15%). Une faible proportion de propriétaires terriens (5%) signe des
contrats de partenariat avec des sociétés immobilières qui
leur construisent des maisons d'habitations qu'ils mettent en location. Au
terme de la période indiquée pour l'amortissement, les
habitations reviennent de droit aux propriétaires des parcelles mises en
valeur. Il arrive malheureusement qu'un même lot soit vendu à
plusieurs personnes. La figure 28 montre les facteurs de la « vente
multiple de terrain ».
Figure 28 : Les facteurs de la vente multiple de
terrain
L'analyse du graphique révèle que les causes de
la « vente multiple de terrain » ou la vente d'un lot à
plusieurs personnes sont les pratiques spéculatives, l'urbanisation
accélérée et démesurée, le pluralisme
juridique, les pratiques d'accès au sol et l'insécurité
foncière. Lorsque les pratiques spéculatives sont à
l'origine de la vente multiple de terrain, cela met en jeu la cupidité
du vendeur ou l'ignorance de l'acquéreur. A Daloa, la spéculation
foncière est la principale cause de la « vente multiple » de
terrain.
80
5.2.2. Payement de l'impôt foncier dans les villages
intégrés
Dans l'ensemble, les propriétaires terriens et les
acquéreurs de terrain dans les villages intégrés Sapia,
Tagoura et Zakoua ne payent pas l'impôt foncier malgré la pression
administrative. Des négociations sont en cours entre le service du
cadastre des impôts et ces communautés villageoises qui estiment
les coûts de l'impôt foncier élevés et arbitraires.
« Comment nous, nos propre maisons qu'on a construit tantôt en
banco, tantôt en bambou, les gens viennent nous encaisser ? »,
s'interroge le Secrétaire Général de Sapia.
Les villageois opposent un refus de payement pour les terrains
urbains sur lesquels existent encore des maisons d'habitations sommaires
construites en terre battue et qui seront détruites très
prochainement. Ils évoquent également le fait qu'ils n'ont pas
été dédommagés lors des lotissements
administratifs. Le chef de Tagoura exprime ces revendications communes à
plusieurs villages de la commune en ces termes : « il y a certains
villages de la commune qui sont encore réticents parce qu'ils disent que
la ville s'est développée à leur détriment. On leur
a pris beaucoup de terre et ils n'ont pas eu de compensation. Maintenant qu'ont
dit que la terre leurs appartient, ils peuvent faire eux-mêmes leurs
lotissements, c'est à ce moment on vient leurs demander de payer les
impôts. Et les autres lotissements passés où ils n'ont pas
été dédommagé ? Alors comment ils font ?
». Du fait du changement dans la législation du foncier urbain
depuis 2014, les propriétaires terriens dont les parcelles ont
été l'objet de lotissement administratif se sentent en droit de
réclamer leurs parcelles et opposent un refus de payement de
l'impôt foncier. La figure 29 montre la répartition des
propriétaires terriens selon le paiement de l'impôt foncier.
81
Source : Notre enquête, 2019
Figure 29 : Répartition des propriétaires
terriens selon le paiement de l'impôt foncier
L'analyse de la figure 29 révèle que les
propriétaires terriens ne paient pas l'impôt foncier (95%). La
raison principale évoquée par les propriétaires terriens
qui refusent de payer l'impôt foncier est qu'ils sont sur leurs terres.
Ils estiment aussi qu'ils ne bénéficient pas des retombés
du paiement de l'impôt foncier. La réticence des
propriétaires terriens coutumiers au paiement de l'impôt foncier a
également son fondement dans l'absence de document légal sur les
terrains et l'état de pauvreté accentué dû à
la chute des coûts des matières premières agricoles.
Les villages intégrés sont sensibilisés
au paiement de l'impôt foncier par les services du cadastre du fait de
leurs intégrations à la ville. Le recouvrement de l'impôt
foncier est effectué par le service du cadastre de la Direction des
impôts. Tout est centralisé à Abidjan avant reversement
théorique de 25% à la commune.
Il existe trois modalités pour le paiement de
l'impôt foncier :
? 1er cas : Pour les terrains nus ou insuffisamment
bâti, le coût de l'impôt est obtenu après le produit
d'une base d'imposition correspondant à la valeur vénale du
terrain, par la superficie. Une commission siège dans la commune pour
fixer le prix du m2 ou valeur vénale du terrain par quartier en fonction
du niveau d'équipement. L'Etat perçoit un taux de 1,5% de la
somme ainsi obtenue.
? 2ème cas : Le patrimoine foncier est
bâti et habité par le propriétaire coutumier
Dans ce cas de figure, une somme correspondant à un
taux de 3% du loyer annuel est fixé. On détermine la valeur
annuelle du loyer si la maison était mise en location, et on lui
applique un taux de 3%.
82
? 3ème cas : Patrimoine foncier bâti,
avec revenu
Cette catégorie concerne les maisons bâties et
mises en location par le propriétaire terrien. Le coût de
l'impôt foncier est fixé à 12 % ou 15% du loyer annuel
respectivement lorsque la maison est louée par une personne physique ou
une entreprise. Des 12% de l'impôt prélevé, 3% sont
versés sont versés dans les caisses de la commune et 9%
reviennent à l'Etat. Le tableau 15 montre le coût de l'impôt
foncier payé par un propriétaire terrien à Tagoura.
Tableau 15 : Coût de l'impôt foncier pour
un terrain bâti à Tagoura
Nature
|
Base d'imposition
|
Taux (%)
|
Montant
|
Patrimoine foncier bâti avec revenu
|
1
|
260
|
000
|
9
|
113
|
400
|
|
1
|
260
|
000
|
3
|
37
|
800
|
Total
|
|
|
|
|
151
|
200
|
Source : Notre enquête, 2019
Sur les 151 200 F CFA à payer pour l'impôt
foncier annuel, un montant de 37 800 F CFA représentant 3% du total est
versé dans la caisse communale. Les montants collectés par la
Mairie au titre de l'impôt foncier devraient permettre
l'équipement en infrastructure dans les villages de la commune.
5.2.3. Reconversion économique dans les villages
intégrés
A Sapia, Tagoura et Zakoua, du fait de la pression
foncière suscitée par la forte demande de terrain constructible,
les parcelles environnantes sont toutes loties et l'on assiste à une
reconversion des catégories sociales. Le Secrétaire
Général de Sapia explique que : « les
propriétaires coutumiers qui ont des parcelles éloignées
du village, à plus de trois kilomètres, ont encore des
réserves. En attendant de les lotis, ils continuent de vivre de leurs
cultures ». En effet, dans son extension, la ville de Daloa
s'accapare des terres rurales, principales ressources servant à
l'agriculture, et ses exploitants s'adonnent progressivement aux métiers
urbains. 53% des enquêtés exercent aujourd'hui une activité
non agricole, soit au sein du village (40%), soit à l'intérieur
de la ville (60%) (Notre enquête, 2019). De plus en plus les jeunes se
réorganisent pour introduire dans leur mode de vie des activités
citadines et s'orientent vers la maçonnerie, la plomberie,
l'électricité. Les femmes, quant à elles, s'adonnent
à la vente de vivriers ou à la restauration.
A Sapia, Tagoura et Zakoua, on observe des activités
aussi bien formelles qu'informelles telles que les cabines
téléphoniques, les points de transfert d'argent
communément appelés « Orange money » ou « MTN
money », des stations d'essence, des
83
lavages autos, des salons de coiffure et de couture, des
points de vente d'article divers etc. La figure 30 résume les enjeux
socio-économiques des lotissements privés dans les villages
périurbains.
Figure 30: Les enjeux
socio-économiques des lotissements privés
Le passage des lotissements administratifs
réalisés par l'Etat aux lotissements privés initiés
par les propriétaires terriens a induit une série d'enjeux
sociaux et économiques. Au niveau social, l'on observe la multiplication
des litiges fonciers, la fragilité de la cohésion sociale et le
non-respect des chefferies traditionnelles. Au niveau économique, ce
changement a suscité la spéculation foncière, le payement
de l'impôt foncier et la reconversion économique des
villageois.
Conclusion
L'étalement de la ville de Daloa à des impacts
sociaux sur la gestion foncière dans les villages intégrés
dont la fragilité de la cohésion sociale, la multiplication des
litiges fonciers, le non-respect des chefferies traditionnelles. Cette
intégration a également des impacts économiques qui sont
la spéculation foncière, le payement des impôts fonciers,
la reconversion économique des villageois etc.
84
CHAPITRE 6 : L'IMPACT SPATIO-ENVIRONNEMENTAL DE LA
DYNAMIQUE URBAINE DE DALOA SUR LA GESTION FONCIERE DANS LES VILLAGES
INTEGRES
Introduction
En Côte d'Ivoire, la maîtrise de
l'étalement urbain est une problématique majeure. Cet
étalement qui se réalise par la consommation du patrimoine
foncier des villages qui sont intégrés, a de multiples impacts
qui s'observent plus particulièrement au niveau spatio-environnemental.
L'intérêt de ce chapitre est d'analyser les impacts
spatiaux-environnementaux de l'étalement de la ville de Daloa sur la
gestion foncière dans les villages intégrés.
6.1. L'impact spatial de la dynamique urbaine sur la
gestion foncière dans les villages intégrés SAPIA, TAGOURA
et ZAKOUA
6.1.1. Dynamique d'occupation du sol dans les villages
intégrés L'intégration de Sapia, Tagoura et Zakoua
à Daloa accélère sa dynamique spatiale. Le tableau 16 nous
présente la répartition des lots réalisés par
village.
Tableau 16 : Répartition des lots
réalisés par village
Villages
|
Lotissements
|
Nombre de lots réalisés
|
Sapia
|
56
|
1 204
|
Tagoura
|
58
|
1 008
|
Zakoua
|
36
|
621
|
Total
|
150
|
2 833
|
Source : Notre enquête, 2019
Les lotissements réalisés à Sapia,
Tagoura et Zakoua contribuent à l'extension spatiale de la ville. En
effet, dans sa croissance spatiale, la ville de Daloa consomme les terroirs des
villages intégrés, repoussant ainsi les limites des champs de
plus en plus loin. Le rythme d'extension de Daloa est accentué sur ses
secteurs Est et Nord respectivement vers Sapia et Tagoura. Au total, 2 833 lots
sont produits dans les villages intégrés Sapia, Tagoura et
Zakoua.
6.1.2. La prépondérance des lotissements
irréguliers à Sapia, Tagoura et Zakoua
Les lotissements irréguliers sont
prépondérants dans les villages intégrés du fait de
la lourdeur de la procédure de lotissement. En effet, la
procédure de lotissement apparait longue, complexe et fortement
centralisé même si l'initiative revient aux communautés
85
villageoises et détenteur de droit coutumier foncier.
Le propriétaire terrien fait une demande de lotissement au guichet
unique de la direction régionale du Ministère de la Construction
et de l'Urbanisme. Le guichet envoye la demande à la direction centrale
à Abidjan qui répond en demandant une enquête de commodo et
incommodo, en vue de déterminer si la parcelle à lotir n'est pas
objet de conflit. Cette enquête est réalisée par la mairie
si la parcelle à lotir est dans le périmètre communal, ou
soit par la sous-préfecture si en dehors du périmètre
communal. Cette étape passée, le géomètre
procède à la polygonal qui revient à la
délimitation de la parcelle et l'urbaniste fait le projet de lotissement
qui consiste à morceler la parcelle en lots suivant le plan directeur de
la ville. Le projet de lotissement est à son tour acheminé
à la direction centrale du ministère à Abidjan où,
seul le ministre, signe l'arrêté d'approbation du lotissement.
L'arrêté d'approbation du lotissement marque l'existence
officielle des lots sur la parcelle. Le dossier de lotissement est
ramené à l'urbaniste qui confie le bornage au
géomètre. La figure 31 montre la répartition des
lotissements approuvés dans les villages intégrés.
Source : Notre enquête, 2019
Figure 31 : Répartition des lotissements
approuvés dans les villages intégrés
L'analyse de la figure montre la prééminence des
lotissements en attente d'approbation dans les trois villages (77%). Cette
réalité est manifeste dans chacun des villages avec 81% à
Sapia, 76% à Tagoura et 74% à Zakoua. Cette situation est due
à la lourdeur de la procédure de lotissement. En effet, tous les
dossiers de lotissement sont approuvés à Abidjan. Cela rend la
procédure lourde.
86
La lourdeur de la procédure de lotissement à
deux conséquences négatives : la production de lotissement
difficile à viabiliser et le développement du marché
foncier illégal. Les propriétaires terriens n'attendent pas
l'approbation du lotissement pour procéder au bornage et à la
vente des lots sur la parcelle. Le non-respect des normes d'urbanismes dû
à la concurrence des acteurs et au contournement des urbanistes est
à l'origine de la production de lotissements difficiles à
viabiliser. Le Directeur du CIADEL explique que : « les populations
sont autorisées par l'administration publique à initier des
opérations de lotissement. Cette mesure répond certainement
à une revendication. Mais, l'on constate que les populations ne
s'appuient pas toujours sur l'administration ou sur ses représentations
locales. Elles s'engagent dans une opération de lotissement. C'est
lorsqu'elles rencontrent des difficultés (par exemple, lors du partage
des lots) qu'elles se tournent vers l'administration ».
A Daloa, sur la centaine de lotissement que compte la ville,
quarante-cinq seulement sont approuvés en dépit de la
régularisation des lotissements appliqués fait par le ministre de
la construction en 2015. Un particulier affirme que : « le
marché foncier illégal existe parce qu'il y a une production
irrégulière des produits fonciers. Pour mettre fin à ce
marché foncier illégal, c'est le système de production
foncière urbaine qu'il faut examiner pour savoir les aspects à
changer ou à corriger ». Le marché foncier
illégal est une cause majeure de la multiplication des quartiers
précaires au sein des villes. Les nombreux volumes consacrés aux
villes africaines en général, et celles de Côte d'Ivoire en
particulier laissent entrevoir des villes résultant pour une large part
de lotissements produits dans le contournement des règles officielles.
Des artisans de ces lotissements, les propriétaires coutumiers
reviennent en permanence dans la littérature, indifféremment des
époques et des fronts d'évolution des villes
étudiées (BROU Emile, 2010). Les propriétaires coutumiers,
artisans et auteurs des lotissements n'ont pu s'engager dans ces
opérations de morcellements et de ventes de parcelles que devant
l'existence d'un marché et la pression de la demande de terrains
à bâtir (YAPI-DIAHOU, 1991). La centralisation extrême du
système de production du foncier urbain serait à examiner en vue
d'assainir le milieu et empêcher la prolifération de l'habitat
précaire et illégal.
6.1.3. Sous équipement des villages
intégrés en infrastructures de base
A Sapia, Tagoura et Zakoua les populations sont dans l'attente
de la réalisation d'infrastructures prévues sur les
réserves administratives laissées lors de chaque lotissement. En
effet, sur chaque lotissement initié par un propriétaire terrien,
il est prévu
87
une réserve administrative qui devra servir à
doter le `'quartier-hybride» en infrastructures de base (écoles,
dispensaires, marchés, etc). Cependant, depuis le début des
lotissements privés en 2014, aucune infrastructure n'a été
réalisée sur ces réserves administratives tant à
Sapia, à Tagoura qu'à Zakoua (Notre enquête, 2019). Le
Directeur du CIADEL fait constater que : « les villes de Côte
d'Ivoire ne sont pas dotées des infrastructures à temps. La mise
en place des infrastructures (voirie et réseaux divers, eau,
électricité et infrastructures sociales) ne suit pas
l'urbanisation. Souvent, les infrastructures sont mises en place longtemps
après l'installation des populations ». Malgré les
lotissements réalisés, Sapia, Tagoura et Zakoua ne sont pas
viabilisés et l'on note un défaut d'adduction en eau potable,
l'absence de voirie carrossable et une faible électrification, en dehors
les lampadaires qui jalonnent les voies nationales qui les traversent.
De plus, Sapia, Tagoura et Zakoua sont sous
équipés en infrastructures moderne de base face à une
population résidente de plus en plus nombreuse du fait des
mobilités résidentielles vers le périurbain confirmant
STEINBERG J. (2003, p. 82) : « Dans le périurbain, on constate
presque toujours un retard plus ou moins accentué par rapport aux
besoins : c'est le fameux " cercle vicieux " de la périurbanisation, qui
conduit souvent à la "fuite en avant" des édiles territoriaux :
la demande d'équipements induit un accroissement de la population qui
relance à son tour une nouvelle demande d'équipements et ainsi de
suite. Malgré les gros efforts accomplis, les activités et
équipements périurbains ne suffisent pas à répondre
à la demande locale, en matière d'emplois ou de services. Ces
zones sont caractérisées par le besoin constant de recourir
à l'agglomération urbaine principale, ce qui induit une
mobilité considérable des populations périurbaines, que ce
soit pour le travail, les achats, les études ou les loisirs
».
60 % des enquêtés fréquentent
quotidiennement le centre-ville de Daloa où le quartier commerce est
incontournable. « C'est le lieu de localisation de toutes les fonctions
administratives qui leurs sont utiles : la mairie, la préfecture,
l'administration fiscale, ... et la majorité des établissements
bancaires pour les questions de prestige » (GOHOUROU F. et al., 2017).
Les villages intégrés Sapia, Tagoura et Zakoua
sont sous-équipés en infrastructures moderne : dispensaires,
écoles primaires, marchés modernes, etc. Seulement un groupe
scolaire de trois écoles et un centre de santé sont construits
à Sapia. Tagoura bénéficie d'un dispensaire, d'une
école primaire et d'une pompe hydraulique. Zakoua dispose d'une
école primaire et d'un marché moderne en construction. une partie
du patrimoine foncier de
88
Tagoura sert à l'extension de l'Université Jean
Lorougnon Guédé de Daloa. Les photographies 3 et 4
présentent des infrastructures pubiques construites à Sapia et
Tagoura. Planche 1 : Les infrastructures publiques construites à
Sapia et Tagoura
Photo 3 : Groupe scolaire de trois écoles à
Sapia Photo 4 : Dispensaire construit à Tagoura
(Cliché de l'auteur, Mai 2019) (Cliché
de l'auteur, Mai 2019)
6.2. L'impact environnemental de la dynamique urbaine
sur la gestion foncière dans les villages intégrés SAPIA,
TAGOURA et ZAKOUA
6.2.1. Prolifération des lots non bâtis
A Sapia, Tagoura et Zakoua, nous constatons l'abondance de
lots non ou insuffisamment bâti qui se présente sous forme de
maisons inachevées, de terrains nus, ou d'espaces interstitiels servant
à l'agriculture intra urbaine. Ces lots sont généralement
des terrains litigieux dont on n'a pas encore trouvé d'issue, ou alors
des terrains qui appartiennent à des acquéreurs incapables de les
mettre en valeur. La prolifération des lots non bâti enlaidit le
paysage périurbain qui a l'aspect d'inachevé, de
désordonné. Cette situation qui est une conséquence de la
concurrence des acteurs de la production foncière, oblige les nouveaux
acquéreurs de terrain à s'établir sur des terrains
isolés, parfois en pleine forêt, dans l'espoir d'être
rattrapé par le construit urbain quelques années plus tard. Des
lotissements qui disposent d'un meilleur niveau d'équipements renferment
des parcelles désespérément vides depuis plusieurs
années. Et comme la nature a horreur du vide, ces parcelles sont
naturellement transformées en espace de culture (N'GUESSAN V. 2003, p.
5). Les terrains nus et les maisons inachevés sont parfois
utilisés à des fins agricoles traduisant ainsi la
compétition entre avancée urbaine et espace de production
agricole. La figure 32 présente la répartition des lots
bâtis par village.
89
Source : Notre enquête, 2019
Figure 32 : Répartition des lots bâtis par
village
L'analyse de la figure 32 indique que le taux de mise en
valeur des lots est de 48% à Sapia, 41% à Tagoura et 32% à
Zakoua, soit une moyenne de 42% pour l'ensemble des trois villages
enquêtés. Ces taux montrent que l'habitat est densifié
à Sapia et à Tagoura. Le tableau 17 situe sur les motifs de
l'insuffisance de mise en valeur des lots par village.
Tableau 17 : Répartition des motifs de
l'insuffisance de mise en valeur des lots par village
Villages
|
Manque de moyen financier
|
Litige foncier
|
Pas de titre foncier
|
Sapia
|
15
|
38
|
3
|
Tagoura
|
42
|
12
|
4
|
Zakoua
|
10
|
23
|
3
|
Source : Notre enquête, 2019
L'analyse du tableau montre que les litiges fonciers (49%) et
le manque de moyen financier (45%) sont les principaux motifs de l'insuffisance
de mise en valeur des lots.
A Sapia, les litiges fonciers (68%) sont les causes majeures
de l'insuffisance de mise en valeur des lots. En effet, les constructions de
maisons d'habitation sont arrêtées lorsque des litiges surviennent
sur les terrains. Il existe aussi un conflit foncier entre Sapia et le village
voisin, Gogoguhé. Ces deux villages s'opposent sur les limites de leurs
patrimoines fonciers et sur la vente des lots dans certaines zones.
A Tagoura, le manque de moyen financier est le motif principal
de l'insuffisance de mise en valeur des lots.
90
A Zakoua, les litiges fonciers (63%) sont
évoqués pour justifier l'insuffisance de mise en valeur des lots.
En effet, de nombreuses parcelles loties sont sources de litige à
Zakoua. Les propriétaires terriens estiment que les quotas de lots de
compensation fixés lors des lotissements administratifs n'ont pas
été atteints pour certaines parcelles. De ce fait, ils exigent le
déguerpissement et la destruction de toutes les constructions sur ces
parcelles. Les acquéreurs ayants construits sur ces parcelles ont
reçu des lettres de sommation exigeant le déguerpissement. En
attendant la délibération de la justice et le dénouement
de ces litiges, de grandes surfaces bâties sont partiellement ou non
habitées. Les espaces vides entre les constructions sont utilisés
à des fins agricoles (photos 5 et 6).
Planche 2 : Des espaces vides utilisés à
des fins agricoles à Zakoua
Photos 5 : Cultures de maïs sur l'espace d'une
Photos 6 : Culture de banane sur un terrain
maison inachevée à Zakoua nu à
Zakoua.
(Cliché de l'auteur, Mai 2019) (Cliché
de l'auteur, Mai 2019)
Ces photographies présentent les cultures de maïs
(photo 5) et de banane (photo 6) pratiquées respectivement sur l'espace
d'une maison inachevée et d'un terrain nu à Zakoua. Pour leur
part, les propriétaires de ces lots affirment ne pas avoir les moyens
pour procéder à des constructions. En attendant d'avoir les
moyens nécessaires pour construire des maisons d'habitation, les
propriétaires préfèrent utiliser ces terrains pour des
cultures agricoles plutôt que de les laisser en friches.
6.2.2. Des broussailles qui parsèment la ville
Les broussailles qui occupent des terrains nus contraignent
l'urbanisation sur des espaces de plus en plus reculés. A Sapia,
Tagoura, Zakoua, le paysage laisse entrevoir un cadre de vie où les
broussailles sont disséminées entre les maisons d'habitation
allant parfois jusqu'à les isoler. La présence des broussailles
laisse entrevoir une mauvaise
91
gestion du foncier dans laquelle les morcellements
effectués ne correspondent pas toujours aux normes d'urbanisme car ces
broussailles occupent parfois des terrains non pris en compte entre deux
lotissements. Ces broussailles quasi permanentes s'observent sur les terrains
non ou insuffisamment mis en valeur, le long des voies bitumées qui
traversent ces villages et le long des ruelles. La photographie 7
présente des broussailles qui isolent des maisons d'habitation à
Tagoura.
Photo 7 : Des broussailles isolant des maisons
d'habitation à Tagoura (Cliché de l'auteur, Mai
2019)
La photo 7 montre que dans les villages intégrés
(Sapia, Tagoura et Zakoua), le taux d'occupation du sol par les broussailles
(40%) avoisine celui des maisons d'habitation. Cela favorise l'extension
diffuse de la ville dans ce secteur. Cette situation alarmante d'enherbement
qui prospère dans ces territoires urbanisés ne semble pas
préoccuper les autorités municipales dont les actions ne sont pas
manifestes. Le Directeur du CIADEL affirme que « la gestion de
l'environnement par les services municipaux est médiocre. Elle a besoin
d'être améliorée. Cette gestion comporte plusieurs
dimensions (administrative, technique, financière). Pour une meilleure
gestion de l'environnement par les services municipaux, il faut qu'au niveau
des communes, il y ait, au préalable, une bonne compréhension de
la question par les acteurs. Ensuite, il faut mettre en place une bonne
stratégie».
Les enjeux spatio-environnementaux de l'intégration de
Sapia, Tagoura et Zakoua à Daloa sont résumés à
travers la figure 33.
92
Figure 33 : Enjeux
spatio-environnementaux des lotissements privés
Les lotissements privés ont des enjeux spatiaux et
environnementaux. Au plan spatial, l'on constate la prolifération des
lots non mis en valeur, le développement de l'agriculture intra-urbaine
et le sous équipement en infrastructure de base dans les espaces
périurbains. Au plan environnemental, s'observe la prolifération
des lots non bâtis, la permanence des broussailles qui parsèment
la ville etc.
Conclusion
L'intégration des villages Zakoua, Tagoura et Sapia
à la ville de Daloa impact la gestion foncière qui se manifeste
au niveau spatial par la vente de grande superficie de terrain qui participe
à l'extension rapide de la ville, le développement de
l'agriculture intra-urbaine etc. Les impacts environnementaux de cette
intégration sont la prolifération des lots non bâtis et des
maisons inachevées, les broussailles qui parsèment la ville,
etc.
93
CONCLUSION DE LA TROISIEME PARTIE
L'intégration des villages Sapia, Tagoura et Zakoua
à l'espace urbain de Daloa a des impacts socioéconomiques et
spatiaux-environnementaux sur la gestion foncière. Au niveau
socioéconomique on observe la fragilité de la cohésion
sociale, le non-respect des chefferies traditionnelles, la spéculation
foncière, la reconversion économique des villageois
etc. au niveau spatio-environnemental nous
avons la prolifération des lots non bâtis, le faible
équipement en infrastructure, l'insalubrité des espaces
périurbains etc.
Par conséquent, l'hypothèse 3 de l'étude
stipulant que : « la spéculation foncière est à
l'origine des litiges fonciers et de l'essor des lots non mis en valeur qui
enlaidissent le paysage urbain de Daloa » est confirmée.
94
CONCLUSION GENERALE
En Côte d'Ivoire, la maîtrise de l'urbanisation
amorcée depuis les années 50 est une problématique
majeure. L'extension spatiale des villes existantes et la création de
nouvelles villes et/ou l'urbanisation galopante sont les manifestations de ce
phénomène. La croissance urbaine se fait par l'intégration
de villages périphériques et la consommation de leurs patrimoines
fonciers. Depuis l'année 2014, ce sont les communautés
villageoises et les détenteurs de droit coutumier foncier qui
procèdent au lotissement de leurs parcelles.
Dans la première partie de cette étude sur la
« Dynamique urbaine et gestion foncière dans les villages
intégrés à la ville: le cas de Sapia, Tagoura et Zakoua
à Daloa (Côte d'Ivoire) », nos résultats ont
montré que la dynamique démographique et spatiale de Daloa est
remarquable. Du fait de l'extension rapide de l'espace urbain, les villages de
Balouzon, Bribouo, Gbokora, Zakoua, Tagoura et Sapia. etc., auparavant
situés sur les marges de la ville, sont aujourd'hui des quartiers de la
ville. Cette croissance spatiale s'est opérée à travers
plusieurs restructurations de quartiers spontanés. Ainsi,
l'hypothèse 1 de l'étude qui stipule que : « Eu égard
à la dynamique spatiale remarquable de Daloa, les villages Sapia,
Tagoura et Zakoua sont aujourd'hui intégrés à la ville
» est confirmée.
Dans la seconde partie, les résultats ont prouvé
que les communautés villageoises et les détenteurs de droits
coutumiers fonciers de Zakoua, Tagoura et Sapia procèdent au lotissement
de leurs parcelles par l'intermédiaire des experts
géomètres et des agences immobilières. Ce qui permet aux
propriétaires terriens de tirer profit de leurs patrimoines fonciers
à travers des négociations. Par conséquent,
l'hypothèse 2 de l'étude selon laquelle « La production
foncière dans les villages intégrés Sapia, Tagoura et
Zakoua se réalise suivant une organisation interne et des
opérations de lotissements » est confirmée.
La troisième partie de l'étude met en
évidence les impacts socioéconomiques et spatio-environnementaux
de la dynamique urbaine de Daloa sur la gestion foncière dans les
villages intégrés. La terre a acquis une valeur marchande. Les
enjeux économiques qui apparaissent du fait de la spéculation
foncière occasionnent des litiges fonciers qui mettent à mal la
cohésion sociale, entrainent l'augmentation des terrains non bâtis
et le développement de l'agriculture intra-urbaine etc. Le paysage de la
ville est inachevé avec la présence de broussaille par endroits,
l'absence de Voiries et Réseaux Divers (V.R.D) et d'équipement en
infrastructures. Dès lors, l'hypothèse 3 affirmant que « La
spéculation foncière est à l'origine des litiges fonciers
et de l'essor des lots non mis en valeur qui enlaidissent le paysage urbain de
Daloa » est confirmée.
95
En définitive, nous retenons que l'extension de Daloa
est rapide. Aujourd'hui, la ville a atteint les villages Sapia, Tagoura et
Zakoua initialement situés en périphérie. Cette croissance
spatiale a un impact socio-économique et spatio-environnemental sur la
gestion foncière dans les villages intégrés. Ainsi,
l'hypothèse générale de l'étude : « La
dynamique spatiale de la ville sur ses marges a un impact
socio-économique et spatio-environnemental sur la gestion
foncière dans les villages intégrés Sapia, Tagoura et
Zakoua » est confirmée.
Dans l'optique d'approfondir cette étude, les axes de
recherche suivants peuvent être explorés :
- La problématique de l'accès au foncier à
Daloa ;
- Etude des équipements et infrastructures de base dans
les villages péri-urbains intégrés à la ville.
Loin d'être une étude achevée, la
présente contribution ouvre des axes de recherche et des perspectives
d'analyse qui peuvent être explorés.
96
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ADOU (A. Giscard), YAO (K. E), GOUAMENE (D. C), (2017),
« Compétition pour l'occupation des bas-fonds dans les espaces
urbains et péri-urbains à Daloa : entre production
vivrière et promotion immobilière », Journal Africain
de Communication Scientifique et Technologique, Série Sciences Sociales
et Humaines, IPNETP, Côte d'Ivoire, N° 49, mai, ISSN :
2-909426-32-7, EAN : 9782909426327, pp. 6455 - 6476.
Agence européenne pour l'environnement (2006), Urban
Sprawl in Europe, 114 p.
AKPINFA (D. E), 2006, Problématique de la gestion
foncière dans les centres urbains secondaires du Bénin:cas de
Glazoue et Dassa-Zoume, mémoire de maîtrise,
Université d'Abomey-Calavi, Bénin, 76 p.
ALLA (D. A), 1991, Dynamique de l'espace périurbain
de Daloa, thèse de Doctorat, IGT, Abidjan 453 p.
ANGUELETOU A. (2007), Etalement urbain et
périurbanisation des grandes métropoles indiennes, le cas de
Mumbai, Presses universitaires d'Orléans, pp. 55-74.
ATLAS de la population et des équipements de la Côte
d'Ivoire, 2007, p 9.
ATTA K. (1975), Etude des espaces urbains des villes de
Côte d'Ivoire par l'interprétation de la photographie
aérienne, mémoire de maitrise, Abidjan IGT, 120 p.
ATTA K. (1978), Dynamique de l'occupation de l'espace
urbain et périurbain de Bouaké (Côte d'Ivoire),
Thèse de doctorat, EHSS Paris, 309 p.
ATTA K. (1984), « Urbanisation et spéculation
foncière à Bouaké », in Annales de
l'Université d'Abidjan, série G (géographie), tome
XIII : pp. 5-51.
BAILLY A., FERRAS R. (2004), Eléments
d'épistémologie de la géographie, Paris Armand Colin,
190 p.
BEAUCIRE F. et al. (2007), Etalement urbain et action
publique : l'exemple de la Seine-et-Marne, Gwenn PULLIAT, 107 p.
BEAUJEU-GARNIER J. (2006), géographie urbaine,
Armand Collin, Paris, 349 p.
COTTEN A-M. (1974), Un aspect de l'urbanisation en
Côte-d'Ivoire. In: Cahiers d'outremer. N° 106 - 27e
année, pp. 183-193.
CUNHA A. et al (2000), Structures et dynamiques
socio-démographiques des espaces urbains, Observatoire de la ville
et du développement durable, Institut de
97
géographie - Faculté des Géosciences et de
l'Environnement, Université de Lausanne, 103 p.
DAVODEAU H. (2005), Les paysages, une nouvelle
préoccupation dans la gestion des espaces périurbains,
Cahiers d'économie et sociologie rurales, n° 77, 20 p.
DESJARDINS X. (2017), « les espaces périurbains :
une marge urbaine à soigner ou une nouvelle banalité territoriale
? », Bulletin de l'Association de géographes français,
14p.
DJEKI J. (2003), politique urbaine et dynamique spatiale au
Gabon : le cas de Port - Gentil, Thèse de Doctorat,
Université Laval, Québec, 402 p.
DUPONT V. (2005), péri-urban dynamics : population,
habitat and environnement on the périphérie of the large indian
metroplises, Arcview of concepts and general issues, CHS, Occasional paper
n°14, pp. 3-19.
EGGERICKX et al. (2002), Démographie et
développement durable. Migrations et fractures
socio-démographiques en Wallonie (1990-2000), Liège,
Louvain-la-Neuve, SSTC, 208 p.
ENAULT C. (2003), Vitesse, accessibilité et
étalement urbain : analyse et application à l'aire urbaine
dijonnaise. Laboratoire de Géographie THEMA - CNRS, UFR Sciences
Humaines, Département de Géographie, Université de
Bourgogne, 69 p.
FOFANA B. (2015), Dynamique urbaine et problèmes
environnementaux à Bouaké, mémoire de Master,
Université Alassane Ouattara, Côte d'Ivoire, 187 p.
FUJITA, M. et THISSE, J.F. (2003), Économie des
villes et de la localisation, collection « Économie,
société, région ». Bruxelles, 88 p.
GNABELI R. (2008), La production d'une identité
autochtone en Côte d'Ivoire, Journal des anthropologues, p. 1-19.
GNABELI R. et LOGNON J. (2011), pression urbaine et
identité des villages reliques des villes ivoiriennes, KASA BYA
KASA, n° 19, pp. 20-33.
GOHOUROU F et al. (2017), Mobilité et pratiques
socio-spatiales des populations des zones périurbaines de Daloa,
journal scientifique européen, vol 13, 16 p.
GUMUCHIAN H., MAROIS C. et FEVRE V., 2001. Initiation
à la recherche en géographie: Aménagement,
développement territorial, environnement, Paris, 2001, 425 p.
98
HAERINGER P. (1969), Structure foncière et
création urbaine à Abidjan, cahier d'étude Africaine,
n°34, pp. 219-270.
HAERINGER P. (1970), La dynamique de l'espace urbain en
Afrique noire et à Madagascar : problèmes de politique
urbaine, Colloque, 15 p.
HAERINGER P. (1979), Occupation de l'espace urbain et
périurbain, Atlas de Côte d'Ivoire, Abidjan, Ministère
du plan, Université d'Abidjan, ORSTOM, 58 p.
JAUZE
J-M. et NINON J. (1999), Dynamiques et
expressions de la périurbanisation à la Réunion. In:
Cahiers d'outre-mer. N°206 - 52e année, Avril-juin 1999. pp.
143-168;
JULIEN P. (2005), Analyse critique de la pertinence de
l'aire urbaine pour étudier l'étalement urbain, Groupe
Etudes Périurbain & Programme IUD 8, 30 p.
KADET (G. B), 1999, Dynamique spatiale et gestion
municipal de Guiglo, dans l'Ouest ivoirien, thèse de Doctorat
troisième cycle, Paris université 369 p.
KOFFI (E. B), 2010, « Les lotissements
irréguliers et la production de la ville : les quartiers Ayakro et
Sagbé à Abidjan » in les cahiers d'Afrique du CERASA,
Paris, 13 p.
KOUAKOU B. et al. (2015), les conflits fonciers dans la
ville de Korhogo, Revue Africaine d'Anthropologie, Nyansa-Pô,
n° 19, 20 p.
KOUAME G. et al. (2016), cadre d'analyse de la gouvernance
foncière de la côte d'ivoire, World Bank Group, 186 p.
KOUASSI K. (2012), Insalubrité, gestion des
déchets ménagers et risque sanitaire Infanto-Juvénile
à Adjamé, IGT, 597 p.
KOUKOUGNON W.G., 2012, Milieu urbain et accès
à l'eau potable : cas de Daloa (centre-ouest de la cote d'ivoire),
Thèse unique de Doctorat, UFHB, Abidjan-Cocody, IGT, 371 p.
LASSERRE G. (1970), La dynamique de l'espace urbain à
Libreville : réglementation foncière et morphologie des
quartiers, CNRS, Paris, 23 p.
MCU-DCU, « plan d'urbanisme de référence,
programme d'action quinquennal 19811985 », BCEOM, 1981, p. 79.
MEMEL (F. A), 2006, Dynamisme urbain et gestion
foncière à Grand Bassam, mémoire de maitrise, IGT,
Abidjan, 140 p.
MUGANZA (2009), l'impact de l'opération de conversion
des titres immobiliers sur les conflits fonciers en RDC, Université
Lubumbashi-Licence en Droit, 53 p.
99
N'GUESSAN V. (2003), processus d'extension spatiale urbaine
et subsistance des activités agricoles à Bouaké (avant le
19 Septembre 2002), 9 p.
Nations Unies, 1995. Population et Développement, vol. 1:
Programme d'action adopté à la Conférence internationale
sur la population et le développement, 89 p.
NGANA F. (2004), Représentation des espaces urbains et
processus migratoire des populations marginalisées en Centrafrique,
Thèse de géographie, Université Denis Diderot-Paris 7,
Paris, France, 438 p.
NOUGAREDES B. (2011), Quelles solutions spatiales pour
intégrer l'agriculture dans la ville durable? Le cas des « hameaux
agricoles » dans l'Hérault, Presses universitaires de Rennes,
Norois, n° 221, 2011/4, p. 53-66.
ONU-HABIAT (2011), Third African Ministerial Conference on
Housing and Urban Development, 22 - 24 November, BAMAKO MALI, 30 p.
PLATEAU J.P., (1998), Une analyse des théories
évolutionnistes des droits sur la terre. In Quelles politiques
foncières pour l'Afrique rurale ? Réconcilier pratiques,
légitimité et légalité, Delville P.L., Paris,
Karthala, pp. 120-129.
POLESE M. (2010), le rôle des villes dans le
développement économique : un autre regard, Working paper,
n° 2010-4, 37 p.
PRAT A. (2010), Ouagadougou, capitale sahélienne :
croissance urbaine et enjeux fonciers, mappemonde, 24 p.
SAÏD B. (2008), La ville en question - analyse des
dynamiques urbaines en Algérie. Penser la ville - approches
comparatives, Khenchela, Algérie,14 p.
SCHEIBLING J., 2004.Qu'est-ce que la géographie?,
Paris, 197 p.
SERRANO J. (2007), les espaces périphériques
urbains et le développement durable : analyse à partir du cas de
l'agglomération tourangelle, Université de Tours,
Cités, Territoires, Environnement et Sociétés CNRS, 43
p.
Services statistiques de la division de statistique,
département des affaires économiques et sociales du
secrétariat des Nations Unies, New-York, mai 2018, 283 p.
STEINBERG J. (2003), La périurbanisation en France
(1998-2002), Geolnova 7, 12 p.
VANIER M. (2000), « Qu'est-ce que le tiers espace ?
Territorialités complexes et
construction politique », Revue de Géographie
Alpine, vol. 88, n° 1, pp. 105-113. VÉRON J. (2008),
Enjeux économiques, sociaux et environnementaux de l'urbanisation
du
monde, Paris, La Découverte, p. 132.
100
VILLA M. (1996), Distribución espacial y
migración de la población de America latina, in
Coordinación Dora E. Celton, Migración, intergración
regional y transformación productiva, Centro de Estudios Avanzados,
Universidad Nacional de Córdoba, pp. 9-87.
YAO (K. E), 2014 : L'impact des unités
industrielles de transformation du bois sur le développement urbain
à Daloa, thèse unique de doctorat de géographie,
Université Félix Houphouët-Boigny d'Abidjan-Cocody, IGT, 291
p.
YAO E. et al. (2017), dynamique urbaine et
stratégies de gestion foncière autochtone à Zoukougbeu
(RCI), Longbowu, n?004, pp 491- 513.
YAO, (N.B), 2009 : La Maîtrise du foncier dans le
Processus du Programme spécial de Transfert de la Capitale à
Yamoussoukro, ISCAE, 65 p.
YAPI (D. A), 1981, Etude de l'urbanisation de la
périphérie d'Abidjan : l'urbanisation de Yopougon,
thèse de Doctorat, 322 p.
YAPI DIAHOU Alphonse, 1991, notes sur les demandeurs de
terrains à bâtir à Daloa, ORSTOM, Fond documentaire,
p22.
YAPI-DIAHOU A., (1991), Les détenteurs coutumiers,
les citadins et l'Etat dans la course pour l'accès au sol urbain
à Abidjan, In E. Le Bris et al, Contribution à la
connaissance d'un droit foncier intermédiaire dans les villes d'Afrique
de l'ouest, ORSTOM, IFU, IRSSH, pp. 11-84.
YOUANA J. (1996), Gestion foncière et discipline
urbanistique au Cameroun : Apports et limites du permis de construire,
revue de géographie du Cameroun, 41 p.
ZIAVOULA R., (1987), La course à l`espace urbain :
les conflits fonciers à Brazzaville CERPAD, Université
Marien-Ngouabi, 29 p.
101
TABLE DES ILLUSTRATIONS
LISTE DES FIGURES
Figure 1 : Localisation de la ville de Daloa dans la
région du Haut-Sassandra ..20
Figure 2 : présentation des sites d'enquêtes 21
Figure 3 : Evolution de la population de Daloa de 1921 à
2014 .29
Figure 4: Volume et densité de population de DALOA en 2014
35
Figure 5: La ville de Daloa en 1940 37
Figure 6: La ville de Daloa en 1960 38
Figure 7: La ville de Daloa en 1975 39
Figure 8: La ville de Daloa en 1980 40
Figure 9 : Les étapes de la croissance spatiale de Daloa
de 1905 à 2016 43
Figure 10 : Evolution de la superficie urbanisée de Daloa
de 1958 à 2016 45
Figure 11 : Répartition du recours à la chefferie
en cas de litige foncier 50
Figure 12 : Répartition des motifs du recours aux
comités de gestion foncière .51
Figure 13 : Les acteurs de la production foncière dans les
villages intégrés 45
Figure 14 : Les étapes de la production foncière
dans les villages intégrés 56
Figure 15 : Système de fixation du prix du terrain urbain
63
Figure 16 : Conflit au sein des familles lors des lotissements
67
Figure 17 : Répartition des causes de litiges fonciers
dans les villages intégrés 68
Figure 18 : Répartition des causes de litiges fonciers
à Sapia 69
Figure 19 : Répartition des causes de litiges fonciers
à Tagoura .70
Figure 20 : Répartition des causes de litiges fonciers
à Zakoua 71
Figure 21 : Evolution des litiges fonciers dans les villages de
2000 à 2018 72
Figure 22: Répartition des recours en cas de litige dans
les villages intégrés 73
Figure 23: Répartition des recours en cas de litige
foncier à Sapia 73
Figure 24 : Répartition des recours en cas de litige
foncier à Tagoura 74
Figure 25 : Répartition des recours en cas de litige
foncier à Zakoua 74
Figure 26 : Tendances générales du choix des
propriétaires terriens pour le règlement des
litiges foncier ...75 Figure 27 : Répartition des choix
des propriétaires terriens pour la mise en valeur de leurs
lots 78
Figure 28 : Les facteurs de la vente multiple de terrain 79
Figure 29 : Répartition des propriétaires terriens
selon le paiement de l'impôt foncier 81
102
Figure 30: Les enjeux socio-économiques des
lotissements privés 83
Figure 31: Répartition des lotissements
approuvés dans les villages intégrés 85
Figure 32 : Répartition des lots bâtis par
village 89
Figure 33 : Les enjeux spatio-environnementaux des
lotissements privés 92
LISTE DES PHOTOS
Photo 1 : Bureau de l'association des propriétaires
terriens de la commune de Daloa 61
Photo 2 : Le foyer polyvalent de Tagoura ..76
Photo 3 : Groupe scolaire de trois écoles à
Sapia 88
Photo 4 : Dispensaire construit à Tgoura 88
Photo 5 : Agriculture intra-urbaine à Zakoua .90
Photo 6 : Agriculture intra-urbaine à Zakoua .90
Photo 7 : Des broussailles isolant des maisons d'habitation
à Tagoura .91
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Variables liées à la dynamique
démographique à Daloa 18
Tableau 2 : Variables liées à la dynamique
spatiale de Daloa 19
Tableau 3 : Variables liées à la production
foncière 19
Tableau 4 : Variables liées à l'achat et
à la vente des terrains périurbains 19
Tableau 5 : Répartition des enquêtés par
village 25
Tableau 6: Tableau synoptique de la recherche ..27
Tableau 7 : Evolution de la population de Daloa de 1921
à 1975 .30
Tableau 8 : Evolution de la population de Daloa de 1975
à 1998 .....31
Tableau 9 : Evolution de la population de Daloa de 1998
à 2014 33
Tableau 10 : Evolution générale des
densités de population à Daloa de 1921 à 2014 34
Tableau 11 : Lotissements réalisés par la Mairie
de Daloa de 2004 à 2007 42
Tableau 12 : Superficie urbanisée de Daloa de 1958
à 2016 ..44
Tableau 13 : Répartition des lots d'un lotissement
privé à Sapia 58
Tableau 14 : dimensions et prix d'achat des lots
périurbain 61
Tableau 15 : Coût de l'impôt foncier pour un
terrain bâti à Tagoura .82
Tableau 16 : Répartition des lots
réalisés par village ..84
Tableau 17 : Répartition des motifs de l'insuffisance
de mise en valeur des lots par
village 89
Tableau 18 : Distribution de la densité nette de
population à Daloa en 2014 108
ANNEXES
1. GUIDES D'ENTRETIEN
1.1. ENTRETIEN AVEC LA CHEFFERIE
TRADITIONNELLE
Date et lieu de l'interview
1.1.1. Identification
Sexe ... Age... Ethnie/Nationalité Profession .. Niveau
d'instruction
1.1.2. Quelle valeur accordez-vous à la terre ? .
1.1.2. Quel est le rôle de la chefferie dans la gestion
foncière à Daloa ?
1.1.3. Quelles sont les conditions d'accès à la
terre ?
1.1.4. Quels sont les pièces exigées ?
1.1.5. Quel est le processus d'accès à la terre ?
1.1.6. Quelles sont les tailles et les prix des parcelles ?
1.1.7. Existe-t-il une association de propriétaires
terriens dans le village? Oui Non
1.1.8. Si oui. Comment fonctionne-t-elle ?
1.1.9. Quels sont ses domaines de compétences ?
1.1.10. Quels sont les conflits fonciers auxquels vous avez
dû faire face ? Dans quels
secteurs ?
1.1.11 Les conflits fonciers sont-ils liés à
:
a- La délimitation des parcelles / b La vente de
terrain / c Lotissement
1.1.12. Qu'est ce qui est à l'origine des conflits ?
...
.
1.1.13 Comment (par quoi) reconnaissez-vous les limites des
parcelles ?
1.1.14 Quel est le mode de résolution des conflits
fonciers ?
1.1.15. Que donne -t-on en guise de dédommagement ?
.
1.1.16. Quels sont les conséquences des conflits
fonciers ?
103
1.1.17. Identification des acquéreurs
Sexe ... Age... Ethnie/Nationalité ...Profession Niveau
d'instruction ...
104
1.2. ENTRETIEN AVEC LE MAIRE DE DALOA
Date et lieu de l'interview
1.2.1 Quand date l'érection de Daloa en commune (de plein
exercice)?
1.2.2. Identification des acteurs (impliqués) de la
gestion foncière à Daloa ?
1.2.3 Quel est le rôle de la mairie dans la gestion
foncière ?
1.2.4 Existe-t-il un plan d'urbanisme directeur (P.U.D) de la
ville ?
1.2.5 Existe-t-il des plans de détails des lotissements de
Zakoua, Tagoura et Sapia ? 1.2.6 Quelles sont les lotissements
initiés par la mairie depuis sa création à ce jour ?
1.2.7 A quand date le dernier lotissement de la mairie ?
1.2.8 Qui sont les responsables de la vente de terrain urbain au
niveau de la mairie ?
1.2.9 Quelles sont les tailles et les prix des lots (parcelles) ?
1.2.10. La mairie délivre -t-elle des actes ?
|
...
|
1.2.11 Identification des acquéreurs
Sexe...Age...Ethnie/Nationalité .Profession Niveau
d'instruction
1.2.12. Quelle est la nature des conflits fonciers ?
1.2.13 Comment sont gérés les conflits fonciers ?
1.2.14 Qu'est-ce que les demandeurs de lot reprochent à la
mairie ou quelles sont les
plaintes enregistrées ?
1.2.15 Quels sont les moyens de recours en cas d'insatisfaction
?
1.2.16 Quels sont les difficultés rencontrées par
la mairie dans la gestion foncière ?
1.2.17. Quelles sont les prérogatives de la mairie dans la
gestion foncière ?
1.2.18. Quelle est votre opinion sur la gestion foncière
autochtone (depuis 2014) ?
1.2.19. Quel est l'état de la collaboration avec le
ministère de la construction ?
1.2.20. Quel est l'état de la collaboration avec les
propriétaires coutumiers ?
105
1.3. ENTRETIEN AVEC LE CHEF DU SERVICE TECHNIQUE DE LA
MAIRIE
Date et lieu de l'interview
1.3.1. Le lotissement
1.3.1.1- Quelle est la procédure du lotissement
à Daloa ?
1.3.1.2- Quels sont les motifs de l'ouverture d'un nouveau
front de lotissement ?
1.3.1.3- Qui décide de l'ouverture d'un front de
lotissement ? Quand le décide-t-il ?
1.3.1.4- Quelle est l'évolution des lotissements
à Daloa ?
1.3.1.5- Combien de lots avez-vous pour chaque lotissement ?
1.3.1.6- Quelle est la superficie du périmètre
urbain ? Avant 2014 / Après 2014
1.3.1.7- La ville compte combien de lots au total ?
1.3.1.8- Sont-ils tous issus d'un lotissement régulier
?
1.3.1.9- Quelle est la date du dernier lotissement ?
1.3.1.10- Combien de lots ont-ils été
distribués ?
1.3.1.11- Quels sont les secteurs concernés ?
1.3.1.12- Peut-on encore ouvrir d'autres fronts de
lotissements ? Dans quelle partie géographique de la
ville ?
1.3.2. Attribution des lots urbains
1.3.2.1- Les lots sont-ils régulièrement
demandés ?
1.3.2.2- Combien de demandes de lots savez-vous en attente de
satisfaction ?
1.3.2.3- Quels sont les critères d'élection des
bénéficiaires ?
1.3.2.4- Y-a-t-il une catégorie de personnes qui
demandent plus que d'autres ?
Lesquelles ?
1.3.2.5- Quels sont les rangs sociaux des demandeurs de lots ?
1.3.2.6- Faites-vous une enquête préliminaire sur
la volonté de construire ?
1.3.2.7- Combien coûte un terrain urbain ?
1.3.2.8- Y-a-t-il des cas de lots attribués à
plusieurs personnes ?
1.3.2.9- Quel est le temps d'attente entre la demande et
l'attribution d'un lot ?
1.3.2.10- Les demandeurs de lots rencontrent-ils des
problèmes ?
1.3.3. Production de l'habitat
1.3.3.1- Y a-t-il eu déjà un projet de logements
sociaux à Daloa ?
1.3.3.2- Les propriétaires de lots construisent-ils
rapidement ?
1.3.3.3- Quand un lot n'est pas mis en valeur, que faites-vous
?
1.3.3.4- Combien de lots avez-vous déjà
retiré ?
1.3.3.5- Quel est le délai pour le retrait d'un lot
attribué ?
1.3.3.6- Imposez-vous un type de logement ? Un type de
matériaux de construction ?
Lesquels ?
1.3.3.7- Si les consignes ne sont pas suivies, que faites-vous ?
1.4. ENTRETIEN AVEC LE DIRECTEUR REGIONAL DE LA
CONSTRUCTION ET DE L'URBANISME
Date et lieu de l'interview
1.4.1- En quoi consiste votre travail ? (rôle de la
direction de la construction dans la gestion
foncière)?
1.4.2- Comment se présente de façon
générale le relief de la
ville ? ..
1.4.3- Avez-vous le schéma directeur de la ville de Daloa?
1.4.4- Quels types de maisons sont-ils imposés à
Daloa ?
1.4.5- Avez-vous la possibilité de contrôler sur le
terrain les plans des maisons ?
1.4.6- Avez-vous le personnel adéquat pour mener à
bien votre mission ?
1.4.7- De quoi est constitué un dossier technique ?
1.4.8- Quels types de plans de maisons autorisez-vous ?
1.4.9- Vos attentes sont-elles respectées sur le terrain ?
1.4.10- Suivez-vous exactement la conduite édictée
par le législateur en matière de logement ?
1.4.10- Quelle est la superficie effective mise en valeur
à Daloa? Avant 2104 / Après
2014 / Total .
1.4.11- Vous est-il arrivé de siéger en commission
pour le retrait d'un lot ?
1.4.12- Quelle est l'estimation du nombre de lots retirés
?
1.4.13- Quel est à ce jour le nombre de lots
régulièrement attribués ?
1.4.14- Comment devient-on propriétaire de terrain
à bâtir à Daloa ? 1.4.15- Que pensez-vous de la
prolifération des quartiers spontanés et de l'habitat
précaire dans la
commune de Daloa ?
1.4.16. Quelles sont vos difficultés ?
1.4.17. Identification des acquéreurs
Sexe ... Age... Ethnie/Nationalité Profession Niveau
d'instruction
1.4.18 Quels sont zones de litiges fonciers à Daloa ?
..
1.4.19 Quels sont les conflits fonciers à Zakoua ?
1.4.20 Quels sont les conflits fonciers à Tagoura et
Sapia?
1.4.21 Quel est le mode de résolution des conflits ?
..
1.4.22 Comment les conflits sont-ils réglés ?
1.4.23 Quel est l'état de la collaboration avec les
communautés villageoises?
1.4.24 Quelle est la place des autochtones avant et après
2014 ?
1.4.25. La direction tient compte des coutumes des populations
autochtones dans la gestion foncière ?
Oui Non
Si oui, comment ?
1.4.26. Comment fonctionne la réforme ACD à Daloa ?
106
107
1.4.27. Quelles sont les difficultés rencontrées
par la direction de la construction dans la gestion
foncière ?
1.4.28. Quelle est la procédure d'acquisition des terrains
urbains à Daloa ?
1.4.29. Quels sont les services techniques impliqués dans
la gestion foncière à Daloa ?
1.4.30. Quels sont les acteurs des lotissements ?
1.4.31. Quel est le type de lotissement pratiqué ? a-
villageois b- administratif c- privée
1.4.32. Quelle est la procédure de lotissement ?
108
Tableau 18 : Distribution de la densité nette de
population à Daloa en 2014
N° Ordre
|
Quartiers
|
Population
|
Surface (ha)
|
Densité (hab/ha)
|
1
|
Abattoir 1
|
14 559
|
66
|
221
|
2
|
Aviation
|
6 234
|
47
|
133
|
3
|
Baoulé
|
4 526
|
30
|
151
|
4
|
Belle-ville
|
11564
|
47
|
246
|
5
|
Commerce
|
4 560
|
93
|
49
|
6
|
Dalo-labia
|
7 822
|
68
|
115
|
7
|
Dioulabougou
|
14 333
|
77
|
186
|
8
|
Evêché
|
704
|
120
|
6
|
9
|
Gbeuliville
|
5 461
|
30
|
182
|
10
|
Gbobélé
|
13 285
|
59
|
225
|
11
|
Huberson
|
13 157
|
80
|
164
|
12
|
Kennedy
|
7 464
|
117
|
64
|
13
|
Kirman
|
1 433
|
73
|
20
|
14
|
Labia
|
4 557
|
71
|
64
|
15
|
Lobia 1
|
3 205
|
52
|
62
|
16
|
Lobia 2
|
8 292
|
90
|
92
|
17
|
Marais
|
15 292
|
51
|
300
|
18
|
Mossidougou
|
9 269
|
30
|
309
|
19
|
Orly
|
8 458
|
111
|
76
|
20
|
Orly Camp Militaire
|
18 850
|
108
|
174
|
21
|
Orly Escadron
|
5 666
|
138
|
41
|
22
|
Ouolof
|
2 064
|
17
|
121
|
23
|
Piscine
|
2 376
|
52
|
46
|
24
|
Segou
|
1 499
|
30
|
50
|
25
|
Soleil
|
9 010
|
52
|
173
|
26
|
Soleil 2
|
6 567
|
99
|
66
|
27
|
Sud A (Garage Zaï)
|
12 460
|
67
|
186
|
28
|
Sud B (Abattoir 2)
|
14 723
|
81
|
182
|
29
|
Sud C (Lycée Fadiga)
|
1 292
|
72
|
18
|
30
|
Sud D (Savonnerie)
|
5 250
|
85
|
62
|
31
|
Tazibouo
|
7 755
|
96
|
81
|
32
|
Tazibouo Ecole Francaise
|
976
|
40
|
24
|
33
|
Tazibouo Etat Major
|
2700
|
52
|
52
|
Source : RGPH 2014
109
TABLE DES MATIERES
SOMMAIRE 1
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS 2
AVANT-PROPOS 3
REMERCIEMENTS 4
RESUME 5
INTRODUCTION GENERALE 6
REVUE DE LA LITTERATURE 7
PROBLEMATIQUE 17
OBJECTIFS DE LA RECHERCHE 17
METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE 18
PREMIERE PARTIE : LE DYNAMISME DE L'ESPACE URBAIN
DE
DALOA 28
CHAPITRE 1 : LA DYNAMIQUE DEMOGRAPHIQUE DE LA VILLE DE DALOA
29
1.1. Une croissance exponentielle de la population de 1921 A 2014
29
1.2. Les étapes du peuplement de la ville de DALOA 29
1.2.1. Une croissance démographique remarquable entre 1921
et
1975 .30
1.2.2. Une forte croissance démographique entre 1975 et
1998 31
1.2.3. Croissance démographique relativement faible entre
1998
et 2014 31
1.3. Densification de l'espace urbain de DALOA 32
1.3.2. Evolution irrégulière des densités
générales 33
1.3.3. Inégale répartition de la population urbaine
..34
CHAPITRE 2 : LA DYNAMIQUE SPATIALE DE LA VILLE DE DALOA 37
2.3. Les étapes de la croissance spatiale de DALOA
...37
2.3.1. Croissance spatiale planifiée avant 1980.....37
2.3.2. Prolifération des quartiers spontanés entre 1980 et
2000.......39 2.3.3. Opérations de restructurations et l'extension de
DALOA de 2000 à 2016...41 2.4. Evolution de la superficie
urbanisée de DALOA...44
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE 47
47
DEUXIEME PARTIE : LA GESTION FONCIERE DANS LES
VILLAGES
INTEGRES . ..48 CHAPITRE 3 : L'ORGANISATION
FONCIERE A SAPIA, TAGOURA ET ZAKOUA49
3.1. Les gestionnaires du foncier dans les villages
intégrés 49
3.1.2. Le rôle des chefferies traditionnelles 49
3.1.3. Le rôle des comités de gestion foncier 50
3.1.4. Le rôle des chefs de terre 51
3.2. Propriété coutumière de la terre dans
les villages intégrés 52
110
3.2.1. La terre : un bien familial 52
3.2.2. La reconnaissance des limites entre les parcelles 53
CHAPITRE 4 : LA PRODUCTION FONCIERE DANS LES VILLAGES INTEGRES
54
4.1. Les acteurs de la production foncière ..54
4.2. La convention de travail avec l'expert
géomètre ou l'agence immobilière
.57
4.3. Le partage des lots à l'issue du lotissement 58
4.4. La mise en valeur des lots dans les « villages
intégrés » a DALOA 59
4.4.1. La procédure d'achat des lots dans les villages
intégrés à
|
|
DALOA
|
..59
|
4.4.2. Dimensions et prix des lots
60
|
|
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE
.64
|
|
TROISIEME PARTIE : L'IMPACT DE LA DYNAMIQUE URBAINE
SUR LA GESTION FONCIERE DANS LES VILLAGES
INTEGRES 65 CHAPITRE 5 : L'IMPACT
SOCIO-ECONOMIQUE DE LA DYNAMIQUE URBAINE
SUR LA GESTION FONCIERE DANS LES VILLAGES INTEGRES 66 5.1.
L'impact social de la de la dynamique urbaine sur la gestion foncière
dans
les villages intégrés
|
.66
|
5.1.1. La fragilité de la cohésion sociale
|
66
|
5.1.2. Le non-respect des chefferies traditionnelles
|
67
|
5.1.3. La multiplication des litiges fonciers dans les villages
intégrés
68
5.1.3.1. Les causes des litiges fonciers 68
5.1.3.2. L'accroissement des litiges fonciers .72
5.1.3.3. Le cadre préconisé pour le
règlement des litiges
fonciers 72 5.1.4. Le lotissement privé : la fin de
l'expropriation des terres.....76 5.2. L'impact économique de la
dynamique urbaine sur la gestion foncière
dans les villages intégrés SAPIA, TAGOURA et ZAKOUA
|
77
|
5.2.1. La spéculation foncière
|
77
|
5.2.2. Payement de l'impôt foncier dans les villages
intégrés
|
.80
|
CHAPITRE 6 : L'IMPACT SPATIO-ENVIRONNEMENTAL DE LA DYNAMIQUE
URBAINE SUR LA GESTION FONCIERE DANS LES VILLAGES
INTEGRES 84 6.1. L'impact spatial de la dynamique urbaine sur
la gestion foncière dans
les villages intégrés SAPIA, TAGOURA et ZAKOUA
84
6.1.1. Dynamique d'occupation du sol dans les villages
intégrés 84
6.1.2. La prépondérance des lotissements
irréguliers à Sapia, Tagoura
et Zakoua 84 6.1.3. Sous équipement des villages
intégrés en infrastructures de
base ..86
111
6.2. L'impact environnemental de la dynamique urbaine sur la
gestion
foncière dans les villages intégrés SAPIA,
TAGOURA et ZAKOUA 88
6.2.1. Prolifération des lots non bâtis 88
6.2.2. Des broussailles qui parsèment la ville 90
CONCLUSION DE LA TROISIEME PARTIE 93
CONCLUSION GENERALE ...94
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 96
TABLE DES ILLUSTRATIONS 101
ANNEXE 103
|