PREMIÈRE PARTIE :
CONSIDERATIONS THEORIQUES ET DEMARCHES METHODOLOGIQUES
CHAPITRE 1 : CONSIDERATIONS THEORIQUES DE LA RECHERCHE
La considération théorique offre au chercheur
l'opportunité d'élaborer la problématique, et de se
positionner par rapport au sujet. Ce dernier pose le problème des
difficultés rencontrées par les footballeurs à Cotonou
pour arriver au professionnalisme.
Après la problématique, seront
présentés la revue littéraire, le modèle
théorique d'analyse, les hypothèses, les objectifs, la
clarification des concepts et l'état des lieux sur la question. Tout
ceci va éclairer d'avantage le lecteur.
1.1- Problématique
La problématique de la recherche présente le
problème, les hypothèses de travail et les objectifs de la
recherche.
Contexte, constats
M.Bouet(1968) définit le sport comme la recherche de
compétition et de performance, dans le champ des activités
physiques intentionnellement confrontés à des
difficultés.
En effet, pour P. Tournier (cité par B. TURPIN 1993) la
valeur sportives d'une nation se juge au nombre de médailles
remportées par ses athlètes lors des jeux olympiques, ' des
championnats nationaux et du monde.
Ainsi le niveau de compétitivité d'une
discipline est toujours jugé à partir d'un tournoi ou d'un
championnat et dans le cadre du football, c'est la coupe d'Afrique des
nations, les jeux continentaux, la coupe du monde.
Le sport, particulièrement le football est une
industrie mondiale qui crée des emplois et fait vivre toutes sortes de
catégories de personnes à savoir. Des clubs sportifs, des
médecins, des avocats, des entraineurs et conseillers en tous genres,
des jardiniers et mêmes des cabinets d'architectures
spécialisées dans la conception de stades et autres
arénas.
Depuis un certain temps, le football est devenu le sport le
plus populaire au plan mondial et ce, grâce à la simplicité
du code de jeu inscrit en 1848.
En dehors de cet aspect, le football fait l'objet d'une grande
médiatisation qui ne fait que se renforcer depuis ses débuts.
Dans le contexte béninois, il est appelé sport
roi à cause de la volonté populaire qui a réussi à
l'imposer aux gouvernants d'alors comme sport phare pouvant donner une
visibilité au pays. Cette idée se confirme par les propos d'un
assistant de ministre (AM) à l'endroit d'un président venu suivre
son dossier :
« Président, je n'ai pas le temps
pour vous recevoir, car nous avons match de football ; et si on ne fait pas
vite et bien le suivi de l'équipe nationale en dépend, le
football peut faire tomber le gouvernement » (A.A. 38ans,
Président de B, 2013).
Suite à cela, nombreux sont les jeunes qui ont choisi
comme profession (métier) de devenir footballeurs et d'en faire un
métier c'est à dire une activité pouvant leur permettre de
subvenir à leurs divers besoins. La pratique du football permet-elle aux
jeunes footballeurs de subvenir réellement à leurs besoins dans
la ville de Cotonou et d'en faire une profession ?
L'irrégularité du championnat fait qu'ils ne
vivent pas leurs rêves mais également ne gagnent pas leurs vies
avec les retombées financières de cette pratique.
Force est de constater que malgré leurs volontés
de devenir footballeur de métier et vivre exclusivement de cela, les
footballeurs à Cotonou déchantent une fois dans cette aventure.
En effet, dans le but de se faire une place au soleil en pratiquant
l'activité de leur choix et vivre de leur passion, nombreux sont les
footballeurs vivant à Cotonou dans des situations précaires car
n'ayant pas de quoi subvenir à leurs besoins malgré leurs
efforts.
Faire carrière dans le football signifie demeurer dans
une institution stable, avec une entrée et une sortie, et se mouvoir
dans un système de positions avec des profits et des pertes selon les
4places occupées. J.Peneff (2000).
Le sport n'est pas cette manifestation d'automatisme corporel
comme le croient beaucoup d'observateurs mais un apprentissage intellectuel et
une expérience de relation en face à face sont
nécessaires. Il n'est pas une réaction à un stimulis, ni
la réalisation de beaux gestes. Il s'agit bien d'un type d'intelligence
spécifique que la sociologie cognitive mérite d'étudier.
J.Peneff (2000).
Beaucoup de joueurs viennent à choisir le football
comme métier à cause d'une part du manque d'emploi afin
d'éviter d'être oisif et d'autre part parce que c'est un
rêve et une passion pour eux. Le joueur et le promoteur sont liés
au Benin par le code de travail (loi n°98-004 du 7 janvier 1998 portant le
code de travail et de droit de travail).
Mais, on observe que malgré ces dispositions beaucoup
de jeunes vivent dans la précarité avec un avenir plus
qu'incertains. Ce code devrait les protégés contre toutes formes
de maltraitance au travail, mais il n'en est rien dans les clubs de football ou
certains dirigeants de clubs ne respectent pas les contrats de travail des
joueurs et pire ne signent pas de contrat avec les employés ici les
joueurs.
Ainsi, les clubs ne signent souvent pas aux joueurs des
contrats, et quand ils les signent, ces contrats ne respectent pas les normes
en vigueur de la CAF et de la FIFA.
Il est à noter également l'insuffisance des
infrastructures sportives qui ne permet pas aux joueurs de s'épanouir et
de pratiquer le football de qualité. Plusieurs clubs se partagent le
même terrain d'entrainement et de réception des matchs de
championnat. La plupart des clubs de football de la 1ére
division en ligue régionale s'entrainent sur le même et seul
terrain d'entrainement de René Pleven à Apkapka ce qui fait que
le temps dédié aux séances d'entrainement pour être
compétitif est faible, ce qui ne permet pas une bonne assimilation des
tactiques et techniques enseignées par les coachs.
Les clubs ne renflouent pas leurs caisses en billetteries
issues des matchs du championnat et encore moins des séances
d'entrainement car les supporters ne s'intéressent plus au football
étant donné que cela n'est pas structuré. En effet, lors
des matchs de championnat il est observé un stade quasi vide ou les
supporters ne viennent plus, ce qui ne fait pas des entrées en
billetteries aux clubs et également pour la bonne gestion et l'entretien
des stades.
Partout dans le monde, on attend du public deux apports dont
le football ne saurait se passer :
-Apport psychologique matérialisé par une
présence massive constituant du coup la première source de
motivation indispensable dont le joueur a besoin pour un dépassement de
ses limites.
-Apport financier sans lequel le football n'aurait jamais
atteint le niveau pratique où il se trouve.
A cela s'ajoute l'insuffisance de subvention des clubs par
l'Etat et par la fédération béninoise de football aux
clubs de l'élite et aux clubs amateurs.
Certains clubs ne sont pas structurés et sont
gérés par un seul président ce qui ne permet pas aux
joueurs d'être bien payés et de vivre dans un cadre adapté
pour la pratique du football. Quand on sait que le football de haut niveau ne
peut pas être géré par une personne mais plutôt par
une association ou une société sportive.
Il est constaté également que l'absence de
championnat ne permet pas aux joueurs de vivre du métier qu'ils ont
choisi et quand il y a championnat cela ne va pas au bout et c'est
biaisé. Cela entraine le manque de visibilité des joueurs locaux
et ne favorise pas leurs accès en équipe nationale d'où
l'appel aux joueurs binationaux.
Le football béninois s'est pendant des années
retrouvé au ralenti à cause des conflits internes entre
dirigeants de la fédération béninoise de football et entre
les dirigeants de clubs provoqués par la recherche
d'intérêts personnels. Prenons pour exemple les crises incessantes
qu'a connu le football béninois de 2000 à 2016 avec pour
conséquence la suspension des équipes nationales de football
toutes catégories confondues des compétitions faitières de
la CAF et de la FIFA (fédération internationale de football
association). Cet état de choses a entrainé la perte de toute une
génération de footballeur quand on sait que la carrière
d'un footballeur dure au plus 15 ans dans un pays ou le championnat est
régulier. Nombreux ont été les jeunes qui ont
préféré se retirer du foot pour se chercher un autre moyen
de subsistance. Les plus chanceux allaient en Europe ou dans les pays de la
sous-région pour pratiquer le football et gagner leurs vies avec.
C. Hessoun (2013) dit :
« Sans tambours ni trompettes, le championnat
national de football fait son chemin. Les clubs s'échinent pour survivre
avec des moyens qui, se raréfient au point où les joueurs se
mettent en grève pour réclamer leurs salaires. Et comme pour
ridiculiser leur misère, on apprend que la fédération
béninoise de football a octroyée une subvention de 1000000 de
FCFA aux clubs de 1ere et 2eme division, 500000 FCFA au
club de la 3eme division. Ce fond ne permet pas aux clubs de se
déplacer pour deux matchs. Quand on sait que la masse salariale
mensuelle minimum d'un club est de 1300000 FCFA. On se rend compte que la
subvention allouée à nos clubs ne permet pas de boucler un mois
de salaire. Loin d'une vie décente, les joueurs ne pensent pas à
avoir le stricte minimum ».
A partir de ces constats, il se pose le problème du
manque de professionnalisation et de structuration du football au Bénin.
Ainsi, quels sont les facteurs qui sont à l'origine de la
fragilité du football à Cotonou ?
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