Rivalité sino-américaine et son impact sur le nucléaire iranienpar William Lulonga Welongo Université de Lubumbashi - Licence en Relations Internationales 2021 |
INTRODUCTION GÉNÉRALEI. PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESES DE TRAVAILa. ProblématiqueLa Chine est de plus en plus en position de rivalité avec la super-puissance américaine. La Chine s'affirme, comme on le voit sur le plan diplomatique lorsque tous les regards se tournent vers Pékin. Sur le plan économique, on constate la tension depuis un moment déjà car les américains voient d'un mauvais oeil la réussite économique chinoise. Parallèlement, on constate que les choses se corsent depuis quelques années sur le plan territorial et les relations avec le Japon, la grande alliée des États-Unis à propos d'un îlot qui a la position stratégique dans la mer de Chine orientale1(*). Depuis l'arrivée au pouvoir de Xi Jinping en 2013, les revendications territoriales de Pékin ne cessent de s'accroître. La Chine met en place une véritable stratégie d'expansion territoriale en mer de Chine orientale et méridionale, où de nombreuses îles, sont en passe d'être militarisées. Ce nouveau dessein chinois bouleverse l'ordre stratégique régional soumis, dans une certaine mesure depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, au leadership américain. Deux zones sont particulièrement sensibles : la mer de Chine orientale et la mer de Chine méridionale2(*). Les Etats-Unis semblent plus que jamais faire de la guerre froide une « inspiration stratégique contre le Chine », adoptant une stratégie de containment afin d'encercler géopolitiquement la Chine en cherchant à renforcer ses alliances. À cela s'ajoute une stratégie de plus en plus agressive, économiquement et diplomatiquement comme le fit Ronald Reagan avec l'URSS. L'objectif est d'étouffer économiquement l'adversaire en soutenant ses opposants et en fragilisant son économie. Cependant, à la différence de l'URSS des années 1990, la Chine est en pleine expansion économique, commerciale et militaire ce qui en fait également une puissance diplomatique redoutable, que personne ne veut froisser par crainte de représailles,pour autant, une guerre militaire est plus qu'improbable3(*). Eu égard des toutes ces démonstrations soulevées ci-hautune question à laquelle notre étude va tourner, se pose en ces termes : Comment la rivalité Sino-Américaine a-t-elle un impact sur le nucléaire iranien ? b. Hypothèses de travailAvant de faire l'énoncé sur les hypothèses, nous définissons l'hypothèse avec Jean-Louis Loubet qui l'a définie comme étant « un énoncé provisoire, dans son principe, elle n'est qu'une étape transitoire du processus de la recherche qui sera ensuite dépassée ou elle ne trouvera pas de confirmation dans la réalité et elle sera abandonnée ou elle sera confirmée ; corroborée par la réalité et elle sera vérifiée en voyant s'enrichir son contenu et progresser sa validité scientifique4(*) ». Depuis la révolution de 1979, l'Iran apparaît de façon générale en Occident comme étant plongé dans l'obscurité. Les raisons en sont nombreuses et nous y retrouvons en premier lieu l'essence même de la révolution islamique de 1979, dirigée contre le régime dictatorial du Shah et son occidentalisation à marche forcée5(*). Avec la chute du régime impérial, les américains perdent leur principal allié du Golfe, élément clé dans leur politique de « containment ». Le régime des Mollahs se retrouve quant à lui isolé ; coupé aussi bien de l'Est que de l'Ouest pour des raisons idéologiques6(*). Pour sa part, La Chine a dû s'excuser auprès de la jeune République islamique pour le voyage officiel du premier ministre Hua Guo Feng en 1978 quelques mois avant la chute du chah. Malgré sa neutralité affichée dans la guerre Irak-Iran, la République populaire a ensuite vendu des armes à Téhéran, et plus tard des missiles. La Chine a été l'amie des temps difficiles.Selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Suède), la Chine est ainsi devenue, discrètement, le second fournisseur de l'Iran après la Russie en armes conventionnelles entre 1981 à 2019. La coopération nucléaire civile, un moment actif a été interrompue sous la pression de Washington, mais n'a jamais totalement cessé7(*). Plusieurs sanctions ont été adoptés à l'encontre de Téhéran, par le Conseil de Sécurité des Nations Unies de manière unilatérale, et les Occidentaux, notamment Washington, exercent de fortes pressions sur les voisins de l'Iran pour que ces sanctions soient respectées8(*).L'animosité américaine à l'égard de l'Iran puise sa source dans de multiples facteurs aussi bien cognitifs que géopolitiques9(*). Pendant que l'Iran est sous sanctions du Conseil de Sécurité des Nations Unies concernant son programme nucléaire et dont la Chine étant membre permanent de cet organe de l'ONU, au contraire elle était le seul pays à réaliser des investissements importants en reprenant les programmes pétrolier et gaziers abandonnés par les compagnies occidentales.Alors que les sanctions américaines bloquaient les entreprises internationales, la Chine a exporté vers l'Iran des machines et des équipements lourds (transports, énergie, chimie) et obtenu des contrats pour la construction de barrages ou de voies ferrées, et payé ainsi en yuans ses importations de pétrole toujours plus grandes. Malgré une baisse récente due à l'embargo sur le pétrole imposé par les États-Unis, la Chine était et reste le principal fournisseur et client de l'Iran10(*). En analysant ses actes contradictoires entre les deux pays, nous pensons que les États-Unis avec sa politique du bâton et de carotte, est l'une de sa motivation pour sanctionner l'Iran. La Chine de son côté, n'a pas pris en compte les sanctions soulevées par son rival au Conseil de sécurité, même si elle est membre permanent de cet organe; parce que ces sanctions étaient un diastème et une occasion pour booster son économie. Elle a mis avant toute chose ses « intérêts » qui est l'objectif principal de la politique étrangère de chaque État du système international ; raison pour laquelle les sanctions prises à l'encontre de l'Iran étaientapparues comme un éléphant blanc de la part de Pékin. De tous ceux qui précèdent nous avons remarqué que la rivalité entre lesdeux camps sur ce sujet, est due à l'économie.Et celle-ci a comme impact sur le programme nucléaire de la manière où nous voyonsd'un côté les États-Unis bloquent et de l'autre côté la Chine encourage le programme nucléaire iranien. * 1 Pascal Lorot , spécialiste en géoéconomie, Président de l' Institut Choiseul, co-auteur avec Yves Lacoste de La géopolitique et le Géographe, Choiseul éditions 2010, p.23 * 2Alexandre Massauxla, guerre froide entre les Etats-Unis et la chine une tendance prévisible, 2021, p.5 * 3Yves Legault, Monde Asie et Océanie iles attisent tensions entre Japon Chine, 2018, p. 8. * 4Loubet. J-L ; Initiation aux méthodes de sciences sociales, Paris ; éd l'harmatan ; 2000 ; P.178. * 5La révolution islamique rendit caduque l'alliance établie par le Pacte de Bagdad (1955), devenu CENTO à partir de 1959 suite au retrait irakien du traité, p. 4. * 6Rejetant les idéologies des deux superpuissances, l'ayatollah Khomeiny souhaitait développer une politique étrangère se démarquant du contexte général de la guerre froide au travers d'une approche symbolisée par le slogan « ni Est, ni Ouest », p. 71. * 7Sur les relations entre l'Iran et la Chine voire Thierry Kellner, La Chine et l'Iran : une alliance en formation ? dans L'Iran en quête d'équilibre, sous la direction de Mohammad-Reza Djalili et Clément Therme, Confluences Méditerranée, no. 113, 2020/2 ; p.151-165. * 8Voir le cas de Dubaï, véritable porte d'entrée économique de l'Iran, où les pressions américaines sont particulièrement fortes, dans K. Sadjadpour, The Battle of Dubaï: The United Arab Emirates and the US-Iran Cold War, Carnegie Endowment for International Peace, juillet 2011, Carnegie Papers, p.39 * 9Pollack K. M.,The Persian Puzzle: The Conflict Between Iran And America, Random House Trade, 2005, p. 19. * 10 A. Iqbal, « Tough US Warning on Iran Gas Pipeline », in Dawn.com. |
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