CONCLUSIONS
« Mon oreille avide d'entendre Les notes d'or de sa
voix tendre, Tout mon être et tout mon amour Acclament le
bienheureux jour Où, seul rêve et seule pensée, Me
reviendra la fiancée ! » P. Verlaine, La Bonne Chanson.
La voix est un vaste sujet dont les effets au niveau psychique
sont encore à découvrir. Nous pouvons remercier Lacan de l'avoir
envisagé dans la théorie psychanalytique. J'ai tenté de
cerner les en « je » de la voix, dans tous les aspects de la vie
depuis, l'enfance jusqu'à l'âge adulte. Comment l'enfant devait
être castré de la voix initiale pour devenir sujet parlant. J'ai
élaboré l'importance au niveau social et notamment au sein du
groupe qu'il soit familial ou autre en passant par la chorale notamment,
comment la voix marque l'identité du sujet et la façon dont il
s'impose ou pas dans la société au niveau hiérarchique. La
voix du père devient loi instauratrice en passant de la voix de
l'interdit à celle de l'inter-dit, c'est notamment ce qui a fait
défaut dans la psychose dont la voix vient envahir l'espace psychique du
sujet lorsque il y a forclusion du nom du père.
Le langage sans la voix est inenvisageable car sans la voix on
resterait muet comme une carpe. Parler c'est entendre la voix de l'autre et la
nôtre. Envisager la voix en psychanalyse c'est tacher de comprendre
comment le sonore est resté en panne d'une symbolisation. C'est la
possibilité d'offrir au sujet de mobiliser et de mettre en mouvement
tout ce qui du corps en lien avec le langage a été
entravé. C'est entendre la plainte du sujet et comment il arrive
à bricoler avec son symptôme C'est comprendre comment le circuit
pulsionnel de la voix prend sa
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source, son but et son trajet qui revient sur lui-même.
La voix accompagne notre quotidien de tous les jours ainsi que nos
représentations. Dans la cure analytique c'est entendre ce qui fait
signe et ce que la voix supporte de non-dits énigmatiques. C'est aller
vers le souffle de vie qui par sa fonction d'appel à l'autre, remet en
marche la fonction de la relation et du désir de la rencontre. C'est par
le chant que cet appel est le plus incantatoire. Dans le Phédon, Platon
déclare que la philosophie est la musique suprême. La voix
musicale s'est instaurée dans la culture avec ses codes et ses lois et
peut être envisagée comme médium thérapeutique en
art-thérapie. Je pense qu'il est important qu'un analyste soit
mélomane pour favoriser son imaginaire et sa fantaisie qui remet en jeu
ce qui du plus profond de nous fait jaillir la vitalité, parce que la
musique et le chant laisse des traces de cette expérience vécue.
Enfin c'est un enrichissement personnel qui a pour finalité
l'échange et le partage. Entendre sa voix c'est aller vers soi, vers ce
qui fait qu'on est « Je » Le chant et la musique c'est le sourire de
l'âme.
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