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Aux detours de la voix et ses "en je"


par Sylvie ROSI DETTO ROZZI
Université Paul Valéry Montpellier III - Master II 2021
  

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VII -L'ILLUSION GROUPALE ET LA CHORALE

L'illusion groupale a toujours existée, que ce soit dans le monde religieux, idéologique ou artistique. Le groupe et un lieu de connaissance et de reconnaissance. La psychanalyse, n'envisage pas seulement le groupe sous l'angle des relations entre ses membres, mais aussi comme entité psychique, lieu de convergence des psychismes individuels, et comme « espace transitionnel »,

VII - 1 Le Caractère général du groupe :

Le groupe est doté des mêmes instances psychologiques que l'individuel mais pas des mêmes principes de fonctionnement. Le groupe fonctionne un peu comme une famille qui tente de rivaliser comme des frères et soeurs pour obtenir l'amour de leurs parents. Mais à la différence de la cure individuelle qui fait toucher du doigt la répétition d'une situation infantile, le groupe travail sur l'ici et maintenant avec les défenses et désirs inconscients actuels. L'interprétation est donc collective. Qui dit collectif dit mise en commun. Mais alors mis en commun de

quoi ?

Nous nous rappelons que la symbolisation chez l'enfant d'effectue d'une part dans un échange symbolique lié à la relation primaire fusionnelle et charnelle avec la mère qui conditionnera l'acquisition de la parole. Ensuite vient la période oedipienne qui permet d'instaurer l'organisation des lois naturelles et sociales. L'expérience que fait le groupe c'est de rejouer des positions persécutrices et dépressives envers l'imago maternelle et tente de dépasser l'angoisse de la perte maternelle.

C'est la mise en commun des représentations, des sentiments, des perceptions, des volitions (acte concret provenant de la volonté. La volonté est une faculté tandis que la volition est un acte). Le groupe est une mise en commun des images intérieures et des angoisses des participants. Tantôt une émotion commune peut donner une impression d'unité, tantôt le groupe se défend contre l'émotion qu'il ressent comme menaçante. Certains s'y abandonnerons, avec joie ou frénésie ou alors se replieront dans l'émoi envahissant et alors que groupe deviendra morne et apathique. En fait ces émois sont déclenchés par des images qui surgissent dans le groupe.

Les groupes se sentent narcissiquement menacés lorsqu'il y a risque de mettre en évidence des points faibles qu'ils veulent dissimuler et tenir leur propre image idéale qu'il souhaite entretenir. Des mécanismes de défense peuvent nuire à l'évolution du groupe.

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W.R Bion psychiatre militaire pendant la seconde guerre mondiale, était chargé des névroses de guerre. Confronté à l'afflux des malades, il proposa un travail de groupe qui l'amena à établir une théorie sur le fonctionnement du groupe. D»après Bion le comportement du groupe s'effectue sur deux tendances ;

1- Une tendance rationnelle dirigée vers une réalisation d'une tâche à effectuer.

2- Une tendance destructrice qui semble s'opérer à travers l'activation de processus régressifs chaotiques.108 Freud articulera une théorie rigoureuse sur le fonctionnement du groupe et ses mécanismes en psychanalyse. Pour lui, il l y a une certaine analogie entre le groupe et le rêve qui est une illusion individuelle qui se produit pendant le sommeil durant lequel il y a désinvestissement de la réalité extérieur et la formation d'un groupe qui se trouve isolé et retiré de la vie sociale et professionnelle le temps d'un séminaire, ou d'une formation. La réalité s'y trouve mise en parenthèse et le groupe se trouve surinvesti au niveau libidinal de sorte que le groupe même est devenu un objet libidinal. Cet objet est massivement investi. C'est un éprouvé par des membres d'un groupe ou d'une famille qui a comme fonction de maintenir les liens forts du groupe.

Le groupe a l'illusion d'être en famille d'où le sentiment exacerbé des groupes en général d'avoir une impression d'unicité éprouvant à un certain moment un sentiment d'être dans un groupe bon, dans lequel il est agréable de vivre. Donc le groupe est érigé en objet libidinal, c'est un objet-groupe, un Moi-idéal car il est du côté du narcissisme.

Pour Freud le narcissisme s'apparente à une perversion dans la mesure où il peut absorber la totalité de la vie sexuelle de l'individu. Il constitue cependant un stade de développement de la libido (énergie sexuelle qui part du corps et qui investit les objets), intermédiaire entre l'auto-érotisme et le choix de l'objet, dont seules les fixations et les formes excessives relèvent de la pathologie. Peut- être ce stade est-il inévitable au cours de tout développement normal ?

L'un des premiers exposés qu'ai présentés Freud à ce sujet concerna le président Schreiber ou il pose le narcissisme comme un stade normal de l'évolution de la libido. L'analyse du président Schreiber porte sur le choix d'objet homosexuel de celui-ci. L'homosexuel fait en sorte que son objet sexuel soit le plus semblable à lui-même; c'est pour cela qu'il choisit un individu du même sexe. Les homosexuels deviennent ainsi eux-mêmes leur propre objet sexuel, partant du narcissisme, il cherche quelqu'un qui lui ressemble et qu'il puisse l'aimer.

108 W.R. Bion (1961) « recherche sur les petits groupes » Paris PUF 1963

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein