VII -L'ILLUSION GROUPALE ET LA CHORALE
L'illusion groupale a toujours existée, que ce soit
dans le monde religieux, idéologique ou artistique. Le groupe et un lieu
de connaissance et de reconnaissance. La psychanalyse, n'envisage pas seulement
le groupe sous l'angle des relations entre ses membres, mais aussi comme
entité psychique, lieu de convergence des psychismes individuels, et
comme « espace transitionnel »,
VII - 1 Le Caractère général du
groupe :
Le groupe est doté des mêmes instances
psychologiques que l'individuel mais pas des mêmes principes de
fonctionnement. Le groupe fonctionne un peu comme une famille qui tente de
rivaliser comme des frères et soeurs pour obtenir l'amour de leurs
parents. Mais à la différence de la cure individuelle qui fait
toucher du doigt la répétition d'une situation infantile, le
groupe travail sur l'ici et maintenant avec les défenses et
désirs inconscients actuels. L'interprétation est donc
collective. Qui dit collectif dit mise en commun. Mais alors mis en commun
de
quoi ?
Nous nous rappelons que la symbolisation chez l'enfant
d'effectue d'une part dans un échange symbolique lié à la
relation primaire fusionnelle et charnelle avec la mère qui
conditionnera l'acquisition de la parole. Ensuite vient la période
oedipienne qui permet d'instaurer l'organisation des lois naturelles et
sociales. L'expérience que fait le groupe c'est de rejouer des positions
persécutrices et dépressives envers l'imago maternelle et tente
de dépasser l'angoisse de la perte maternelle.
C'est la mise en commun des représentations, des
sentiments, des perceptions, des volitions (acte concret provenant de la
volonté. La volonté est une faculté tandis que la volition
est un acte). Le groupe est une mise en commun des images intérieures et
des angoisses des participants. Tantôt une émotion commune peut
donner une impression d'unité, tantôt le groupe se défend
contre l'émotion qu'il ressent comme menaçante. Certains s'y
abandonnerons, avec joie ou frénésie ou alors se replieront dans
l'émoi envahissant et alors que groupe deviendra morne et apathique. En
fait ces émois sont déclenchés par des images qui
surgissent dans le groupe.
Les groupes se sentent narcissiquement menacés
lorsqu'il y a risque de mettre en évidence des points faibles qu'ils
veulent dissimuler et tenir leur propre image idéale qu'il souhaite
entretenir. Des mécanismes de défense peuvent nuire à
l'évolution du groupe.
74
W.R Bion psychiatre militaire pendant la seconde guerre
mondiale, était chargé des névroses de guerre.
Confronté à l'afflux des malades, il proposa un travail de groupe
qui l'amena à établir une théorie sur le fonctionnement du
groupe. D»après Bion le comportement du groupe s'effectue sur deux
tendances ;
1- Une tendance rationnelle dirigée vers une
réalisation d'une tâche à effectuer.
2- Une tendance destructrice qui semble s'opérer
à travers l'activation de processus régressifs
chaotiques.108 Freud articulera une théorie rigoureuse sur le
fonctionnement du groupe et ses mécanismes en psychanalyse. Pour lui, il
l y a une certaine analogie entre le groupe et le rêve qui est une
illusion individuelle qui se produit pendant le sommeil durant lequel il y a
désinvestissement de la réalité extérieur et la
formation d'un groupe qui se trouve isolé et retiré de la vie
sociale et professionnelle le temps d'un séminaire, ou d'une formation.
La réalité s'y trouve mise en parenthèse et le groupe se
trouve surinvesti au niveau libidinal de sorte que le groupe même est
devenu un objet libidinal. Cet objet est massivement investi. C'est un
éprouvé par des membres d'un groupe ou d'une famille qui a comme
fonction de maintenir les liens forts du groupe.
Le groupe a l'illusion d'être en famille d'où le
sentiment exacerbé des groupes en général d'avoir une
impression d'unicité éprouvant à un certain moment un
sentiment d'être dans un groupe bon, dans lequel il est agréable
de vivre. Donc le groupe est érigé en objet libidinal, c'est un
objet-groupe, un Moi-idéal car il est du côté du
narcissisme.
Pour Freud le narcissisme s'apparente à une perversion
dans la mesure où il peut absorber la totalité de la vie sexuelle
de l'individu. Il constitue cependant un stade de développement de la
libido (énergie sexuelle qui part du corps et qui investit les objets),
intermédiaire entre l'auto-érotisme et le choix de l'objet, dont
seules les fixations et les formes excessives relèvent de la pathologie.
Peut- être ce stade est-il inévitable au cours de tout
développement normal ?
L'un des premiers exposés qu'ai présentés
Freud à ce sujet concerna le président Schreiber ou il pose le
narcissisme comme un stade normal de l'évolution de la libido. L'analyse
du président Schreiber porte sur le choix d'objet homosexuel de
celui-ci. L'homosexuel fait en sorte que son objet sexuel soit le plus
semblable à lui-même; c'est pour cela qu'il choisit un individu du
même sexe. Les homosexuels deviennent ainsi eux-mêmes leur propre
objet sexuel, partant du narcissisme, il cherche quelqu'un qui lui ressemble et
qu'il puisse l'aimer.
108 W.R. Bion (1961) « recherche sur les petits groupes
» Paris PUF 1963
75
|