ROSI DETTO ROZZI Sylvie N° 22112061
INE 213069696bk
AUX DETROURS DE LA VOIX ET SES «EN JE»
UNIVERSITE MONTEPELIER III
DEPARTEMENT DE PSYCHANALYSE UFR1 MASTER 2
PSYCHANALYSE
Le cri d'Edvard Munch
TABLE DES MATIERES 22-222
20212022
1
INTRODUCTION page 4
I - LA PULSION INVOCANTE page 7
I - 1 La dynamique orale et la naissance du sujet psychique page
7
a) L'objet oral page 7
b) L'objet anal page 7
c) L'objet scopique page 7
d) La voix et le scopique page 7
I - 2 Du cri à l'invocation page 14
II - LES NOMS DU PÈRE - LA VOIX DANS LA FILIATION
page 21
II - 1 Le Mythe du Schofar page 21
a) Donner de la voix, après l'avoir incorporée
page 23
b) Le père archaïque est mort,
dévoré... mais il ne le sait pas page 24
II -2 La voix surmoïque « du père » page
27
a) Le Schofar, la voix du père page 27
b) De l'injonction au désir, le mythe d'Abraham page
28
III - LA VOIX AU NIVEAU SOCIAL page 31
IV - L'APHONIE-DISPHONIE page 35
IV - 1- L'aspect organique page 36
IV - 2-La voix psychogène page 37
a) L'angoisse page 37
b) La voix peau page 41
c) Jeu du dedans-dehors page 42
d) La voix vide page 43
e) La perte. page 45
f) La jouissance page 46
V - LA VOIX ET TRAUMATISME - LE TROU VOCALIQUE
page 51
V- 1 - La forclusion vocale-les hallucinations page 52
V - 2- Le rien page 54
V - 3 - Je suis pensé page 55
V - 4 - Le Bruit page 56
VI - LA VOIX VOCALIQUE page 60
IV- 1 Le chant dans la liturgique page 60
VI - 2 - La voix dans l'opéra page 63
VI - 3 La Voix du symptôme au et le sinthome page 65
2
VI - 4 Le chant comme aire transitionnel page 68
VII - L'ILLUSION GROUPALE ET LA CHORALE page
73
VII - 1 Le caractère général du groupe
page 73
VII - 2 Les émotions communes page 75
VII - 3 Le groupe au sein de la chorale page
76
a) Le choeur page 78
b) L'identification au chef page 81
c) Le l'idéalisation et sublimation page 82
d) Le déni et la perte de l'objet page 83
e) Le narcissisme au sein de la chorale page 84
CONCLUSIONS page 86
BIBLIOGRAPHIE page 88
Annexe
MISE EN SITUATION SE METIER page 92
3
Remerciements
Remerciements à Julien Cueille pour son
aimable collaboration et son soutien et encouragements qui ont
contribués à l'élaboration de ce
mémoire.
4
INTRODUCTION
L'en « Je » de la voix chez le chanteur, le savoir
(ça voir) inconscient de la voix.
Les clients ou patients viennent me voir en tant que
pédagogue et art-thérapeute, sont ceux qui ont un problème
organique, enrouement, altération vocale, voix fatiguée, aphonie,
voix qui manque de timbre, inaudible, manque d'intensité etc. Ou tout
simplement pour un travail pédagogique.
D'autres viennent pour une quête d'un savoir sur
eux-mêmes, un mieux-être, qu'ils souhaitent découvrir bien
que cette découverte génère bien souvent une angoisse qui
les amène quelque fois à arrêter car celui qui travaille sa
voix prend le risque de déterrer des choses du tréfonds de
l'inconscient que le symptôme met en exergue ? Pourquoi une
élève après des années de tentative pour avoir un
enfant, dans l'année de ses études de chant tombe enceinte,
par
exemple ?
Pourquoi une élève n'arrivait pas à
chanter un ré et après y être parvenu ses souvenirs
traumatiques sont revenus à la surface. Pure coïncidence ?
Pourquoi le sujet ne supporte pas ce qui lui revient à
l'oreille de sa propre voix ? Qu'est-ce que la voix pourrait-elle donner
à voir et entendre du côté de l'entendement ? Au regard de
la voix où se situe la plainte, quelle est la demande ?
Mon parcours professionnel m'a amené à me poser
nombre de questions sur ce qui amène le sujet à consulter et
quels étaient les enjeux de ce travail sur la voix avec tous ses aspects
psychologiques et physiologiques, car il existe une aphonie organique, et une
aphonie psychogène qui démontre qu'au coeur de la voix quelque
chose nous convoque à notre insu au niveau inconscient qui traverse le
corps. La voix ne ment pas, elle révèle au sujet son état
interne par l'intermédiaire du symptôme.
5
La voix est liée au corps mais d'un point de vue
organique, mais elle est aussi psychogène, l'anxiété
étant pure affect, elle se fixe sur n'importe quel objet notamment ce
peut-être sur la
voix. Elle donc pulsionnelle c'est pourquoi la voix nous dit
s1J. Lacan
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Séminaire, Livre
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IX, L'angoisse (1962-1963), 5/6/63,
Paris2, Le Seuil, 2004, est le plus proche de l'inconscient car elle
soutient le discours. Sans voix il n'y aurait pas de langage. Ce sont les
modulations de la voix qui donnent sens au discours. De ce fait un mot prendra
un sens différent suivant le ton avec lequel il est émis.
Néanmoins, la voix peut-être séparable du corps, parmi ses
manifestations notamment on parle de voix égarées dans la
psychose, et le caractère parasitaire sous la forme des
impératifs interrompus du surmoi dans la névrose.
« La castration ayant opéré dans la
névrose, un sujet n'entend pas la voix dans le réel, ce qui fait
dire à J-A Miller3 que nous somme sourds.
Le monème voix s'entend comme : vois, voie, voie »
La voix s'écoute comme un livre ouvert parce qu'elle vient
dénicher une vérité du sujet sur lui-même qui se
donne à voir. La psychanalyse est fondée sur une écoute
spécifique du discours du patient qui vient chercher une
vérité sur lui-même en vue d'une libération d'une
souffrance psychique. Cette vérité qui libère est porteuse
d'une espérance à se faire entendre comme un appel à
l'autre du désir à se faire entendre. Elle est un mouvement une
possibilité d'ouverture à un espace psychique intérieur
qui a été refoulé, quand bien même cette
vérité de peut pas se dire, toujours frappée
d'incomplétude parce que liée au manque. Cette
vérité est une quête, elle n'a rien à voir avec un
savoir quelconque mais plutôt elle est de l'ordre du « ca voir
» il s'agit là de ce qui fait signe ou de s'approcher au plus
près de la place que la vérité occupe. Ce qui est à
entendre c'est ce qui échappe de l'in-su qui fait émerger une
vérité des profondeurs de l'inconscient. Dieu sait à quel
point la voix vient nous surprendre au moment où on s'y attend le moins
par des ratés vocaliques. Elle transforme la signification du message,
car suivant l'intonation le mot prendra un sens différent.
Cette voix peut-être est inaudible, perdue dans les
méandres laryngée et pourtant on ne peut pas dire j'ai perdu le
regard, mais j'ai perdu la vue, et non pas ma vue, alors qu'on dit j'ai perdu
ma voix. Le sujet a l'impression de mourir sombrant dans le néant
vocalique. Du coup on se sent amputé de la voix comme d'un membre. La
voix n'est jamais neutre, même quand nous
1 J. Lacan Séminaire, Livre IX, L'angoisse
(1962-1963), 5/6/63, Paris, Le Seuil, 2004
2 Ibid.
3 J-A Miller « Jacques Lacan et la voix
» Quarto, n°54, juin 1994 p.30
6
lisons le larynx bouge parce que la voix fait le lien avec le
souffle, la bouche et l'esprit. Je l'ai constaté en HEPAD chez les
personnes âgées, qui bien que ne chantant pas à haute voix,
leurs lèvres bougeaient et la glotte fluctuait comme si elles chantaient
de l'intérieur.
Du verrons dans ce mémoire comme la voix est un objet
perdu tout comme l'enfant perd la marche avant de la retrouver plus tard. C'est
notamment en envisageant la voix comme objet et précisément objet
(a) que nous allons examiner dans ce mémoire l'impact de la voix depuis
notre naissance Lacan 4 ayant repéré la voix comme
objet (a) par laquelle l'enfant reçoit le langage.
Nous verrons également pourquoi la voix est au coeur de
la cure psychanalytique et l'intérêt de s'y intéresser
notamment comment le symptôme vocal parle du sujet, Liée à
l'angoisse, la culpabilité, de quoi et de qui cette voix parle-t-elle
dans un rapport au dire du sujet et ce qu'elle charge de jouissance ?
Lacan dit que la voix est ce qui a de plus archaïque il
en a précisé les donnée dans son séminaire sur
« Les noms du Père »56 en ce que la parole
véhiculée par la voix contient la loi du désir de à
l'Autre.
Nous verrons aussi comment la voix chantée peut sans
doute mettre en mouvement un désir à l'autre d'être entendu
pour devenir « pulsion invocante ».
4 Iibd p.332
5 Jacques Lacan, Le Séminaire. Livre X.
L'angoisse. Paris: Seuil, 2004.op.cité
7
I -LA PULSION INOCANTE
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