I.1.2 Principes
esthétiques de l'auteur
Adama Amadé SIGUIRÉa défini ses
conceptions de l'art narratif en particulier dans
la Préface du roman. Pour lui, « l'homme a
du génie et de l'imagination. Entre le burlesque du 17e
siècle et le réalisme du 19e siècle jugé
immoral », il trouve le juste milieu. C'est dans un style
fantastique et moqueur et avec des mots ramassés dans les poubelles de
l'histoire, que le jeune écrivain relate les péripéties
d'un pouvoir en manque de souffle. Pour lui, le romancier doit tout mettre en
oeuvre pour produire l'effet qu'il poursuit c'est-à-dire
l'émotion de la simple réalité, et pour dégager
l'enseignement artistique qu'il veut tirer, c'est-à-dire la
révélation de ce qu'est véritablement l'homme contemporain
à ses yeux. Car dit-on que « les grands artistes sont
ceux qui imposent à l'humanité leurs illusions
particulières ». De l'écriture artiste,
SIGUIRÉ adhère à l'idéal
d'un « roman objectif » à la
recherche du réalisme Ainsi, il cite Émile Zola (1980-1902) en
ces terme : « J'ai pris dans la vie réelle tous les
faits qu'elle contient ; j'ai choisi çà et là des
documents nécessaires. J'ai rassemblé en une seule histoire,
vingt histoires de sources différentes ; j'ai donné à
un personnage les traits de plusieurs individus. Ainsi, j'ai écrit un
roman où tout est vrai, où tout a été
observé d'après nature ». (P, 4) Dans ce sens, le
réalisme est une vision personnelle du monde qu'il (le romancier)
cherche à nous communiquer en la reproduisant dans un livre et pour
ce faire le romancier effectue, à partir de sa personnalité, un
choix dans le réel. « La profession d'écrivain est
la seule qui est vraiment comptable avec les inspirations et les aspirations de
notre existence », déclare-t-il. (p, 4)
I.1.3 Procédés
stylistiques et narratifs
L'art de SIGUIRÉ est fait d'équilibre entre le
récit des péripéties, les descriptions limitées et
fonctionnelles, et le jeu entre discours direct/ discours
indirect / discours indirect libre. Il est aussi marqué par
l'utilisation de phrases plutôt courtes avec une ponctuation expressive
et de paragraphes, qui donnent une mise en page aérée. La langue,
quant à elle, est soutenue dans le récit et dynamique dans le
discours direct, recherchant même le pittoresque en transcrivant les
paroles d'emprunt dans les langues locales.
À titre d'illustration, l'extrait du discours d'un
élève lors de la tentative d'enlèvement du corps de
Juliette pour la morgue évoque ces emprunts.
« C'est l'hôpital du `' babiè'', du
`' fafôrô'', du `' mayindga'' et du makindé'' »
(p,34)
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