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L'économie informelle dans un contexte de satisfaction des besoins primaires.


par Joel KAPOYA BAHATI
Université de Lubumbashi - Licence en Economie de développement 2020
  

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SECTION 4. INTERPRETATION ET DISCUSSION DES RESUSLTATS DE RECHERCHE

Comme évoqué brièvement dans les lignes précédentes, dans cette section nous tenterons de faire une interprétation assez cohérentes des informations recueillies et étalées dans les différents tableaux et graphiques afin de discuter et de les confronter au questionnement de notre étude.

Tableau n°13. Répartition croisée des sujets enquêtés par sexes et tranches d'âge

Tranches d'âge

Effectif Masculin

%

Effectif Féminin

%

Effectif Total

% Total

0 à 17 ans

18

9%

14

7%

32

16%

18 à 25 ans

24

12%

60

30%

84

42%

26 à 35 ans

33

16,5%

35

17,5%

68

34%

36 ans et +

6

3%

10

5%

16

8%

TOTAL

81

40,5%

119

59,5%

200

100%

Source : nous-même sur base des résultats de l'enquête repris dans leTableau n°1 et le Tableau n°2

Graphique n°13. 251668992Répartition croisée des sujets enquêtés par sexes et tranches d'âge

Source : nous-même sur base des données du Tableau n°13

Sur base des tableaux et graphiques n°1 et n°2, nous avons tenté la répartition par sexe et par tranches d'âge. Le tableau n°13 et le graphique n°13 nous aide à appréhender la répartition des sujets enquêtes par sexe et par tranche d'âge. Et nous remarquerons que chez les hommes, la tranche d'âge comprise entre 26 et 36 ans révolus comme plus d'effectifs et prend 16,5% de la part des hommes. Chez les femmes en revanche la tranche d'âge la plus représentée est celle comprise entre 18 à 25 ans révolus.

En outre, nous pouvons également lire de ce tableau et de ce graphique la présence plus importante des garçons mineurs soit 9% pendant que les filles mineures représentent 7% des sujets enquêtes.

Cette représentation croisée nous permet donc d'appréhender les parts respectives de femmes et des hommes dans différentes tranches d'âge. Ce que nous retenons de ce tableau et ce graphique c'est que les femmes, plus présentes que les hommes dans l'informel à Lubumbashi (soit 59,5% contre 40,5% des sujets enquêtés) sont plus de la tranche d'âge comprise entre 18 et 25 ans révolus (soit 30% de l'ensemble des sujets enquêtés).

La forte présence des femmes dans l'informel pourrait être en effet expliquée par plusieurs facteurs qui peuvent être sociaux. Par exemple, la femme africaine est souvent considérée comme pourvoyeuse des ménages. Telle que madame Ngalula nous renseigne que « ... mon mari est militaire, avec son salaire qui est souvent insuffisant, je dois vendre des friteries et des boissons pour trouver de quoi nous mettre sous la dent ; et ce, au jour le jour.. ».

En outre, la présence des mineurs dans l'informalité est plus justifiée par la misère et la pauvreté. Par exemple, Petit nous renseigne que « ... Papa est décédée et maman vend sur le marché Rail ; quand je n'étudie pas, je dois vendre ces oeufs pour que le soir nous arrivions à trouver un revenu consistant afin de pouvoir manger et prévoir le petit déjeuner du lendemain matin... ».

Tableau n°14. Répartition croisée des sujets enquêtés par durée d'exercice et par mobiles

Durée/Mobiles

- 1 an

1 - 2 ans

3 - 4 ans

5 ans +

%

TOTAL

Réponse contre le chômage

27

24

17

4

36%

72

Réponse contre la misère

24

29

14

9

38%

76

Echapper au fisc

0

0

0

0

0%

0

Mobile entrepreneurial

8

14

17

13

26%

52

TOTAL

59

67

48

26

100%

200

Source : nous-même sur base des résultats de l'enquête repris dans le Tableau n°6 et le Tableau n°7

Graphique n°14. Répartition croisée des sujets enquêtés par durée d'exercice et par mobiles

251670016

Source : nous-même sur base des données du Tableau n°14

Sur base des tableaux et graphiques n°6 et n°7, le tableau n°14 et le graphique n°14 nous montrent une répartition croisée des sujets enquêtés par mobile et par durée d'exercice dans l'informel.

Nous appréhendons que pour le mobile de répondre contre le chômage, il y'a plus des sujets ayant moins d'une année dans l'informel et en représente plus de 37%. Et concernant le mobile de répondre contre la misère, il y'a plus des sujets ayant entre un et deux ans d'exercice et en représente plus de 34%. Concernant le mobile entrepreneurial, les sujets ayant entre trois et quatre ans d'exercice représentent la part la plus représentative avec plus de 32% ; ceux ayant plus cinq ans dans l'exercice représentent 25% ; ceux ayant un et deux ans représentent 26,9% de la représentativité des sujets recensés avec un mobile entrepreneurial.

Le dynamisme populaire et l'esprit de débrouillardise constituent en effet des éléments et des facteurs explicatifs non négligeables de la présence des populations dans l'informel. Par exemple, un « Kadhafi » (qui a préféré garder l'anonymat) vendant essence et mazout le long de la route Kassapa, nous renseigne que « ... c'est depuis 2014 que je vends ici, je paye le loyer, nourrit ma femme et mes 2 enfants par les revenus de cette activité. Ce n'est pas totalement satisfaisant mais j'arrive quand-même à couvrir les deux bouts du mois et envoyer mes gosses à l'école... »

Tableau n°15. Répartition croisée des types de micro-entreprises et mobile des sujets enquêtés

Types/Mobiles

M-Ese. Com.

%

M-Ese. desubs.

%

% Total

Effectif Total

Réponse contre le chômage

4

2%

68

34%

36%

72

Réponse contre la misère

0

0

76

38%

38%

76

Echapper au fisc

0

0

0

0

0

0

Mobile entrepreneurial

52

26%

0

0

26%

52

TOTAL

56

28%

144

72%

100%

200

Source : nous-même sur base des résultats de l'enquête reprise dans le Tableau n°7 et le Tableau n°8

Graphique n°15. Répartition croisée des types de micro-entreprises et mobile des sujets enquêtés

251671040

Source : nous-même sur base des données du Tableau n°15

Sur base des tableaux et graphiques n°7 et n°8, le tableau n°15 et le graphique n°15 font une représentation croisée entre les types de micro-entreprises recensées et les mobiles des sujets enquêtés.

De ce tableau et ce graphique, il en ressort que la totalité des activités de l'économie informelle ayant un mobile entrepreneurial se trouve dans la catégorie des micro-entreprises commerciales et que seulement une infime partie des activités recensées ayant pour mobile de riposter contre le chômage (soit 5,6%) se retrouve également dans cette catégorie de micro-entreprises.

En outre, ce tableau et ce graphique démontrent également que les activités informelles ayant pour mobile la réponse contre la misère sont toutes dans la catégorie de micro-entreprises de subsistance et 94,5% des activités informelles recensées ayant pour mobile de répondre contre le chômage sont également du type micro-entreprises de subsistance.

Tableau n°16. Présentation croisée des sujets satisfaits et revenu généré

Revenus générés/Satisfaction

OUI

%

NON

%

TOTAL

10.000 CDF ou moins

0

0

12

6%

12

11.000 CDF - 40.000 CDF

0

0

33

16,5%

33

41.000 CDF - 100.000 CDF

85

42,5%

12

6%

97

101.000 CDF ou plus

58

29%

0

0

58

TOTAL

143

71,5%

57

28,5%

200

Source : nous-même sur base des résultats de l'enquête repris dans le Tableau n°9 et le Tableau n°10

Graphique n°16. 251672064Présentation croisée des sujets satisfaits et revenu généré

Source : nous-même sur base des données du Tableau n°16

Sur base des tableaux et graphiques n°9 et n°10, le tableau n°16 nous permet d'appréhender la satisfaction des besoins primaires des sujets enquêtés par rapport aux revenus générés.

Il en ressort que les sujets qui tirent de l'informel un revenu de plus de 101.000 CDF par mois parviennent relativement à satisfaire à leurs besoins primaires.

Nous arrivons à comprendre donc que les sujets enquêtés qui estiment que leurs besoins primaires sont satisfaits représentent plus de 71% et sont constitués à 41% de ceux qui tirent plus 101.000 CDF de leurs activités et à 59% de ceux qui tirent entre 41.000 CDF et 100.000 CDF par mois.

Ainsi, les agents de l'économie informelle qui arrivent à satisfaire à leurs besoins primaires sont ceux qui en tirent des revenus qui le leur permettent ; à l'issu de nos investigations, nous réalisons qu'ils représentent 71,5% des sujets enquêtés.

Si la formalisation est option à envisager, il sied également de noter que même si le désir d'échapper au fisc n'a pas été recensé parmi les mobiles des sujets enquêté, il n'en demeure cependant pas moins vrai que 85% des sujets enquêtés ne sont pas prêts ou ne veulent tout simplement pas d'une formalisation ou d'une tentative d'intégration de leurs activités. Cela peut de toute évidence avoir plusieurs raisons, cependant la plus soutenue et celle que les sujets ne veulent pas voir leurs revenu s'amenuiser davantage et évoque l'incapacité de l'Etat à réduire la pauvreté. Par exemple, le « Kadhafi » que nous avions abordé le long de la route Kassapa nous a renseigné que « ... je ne pense pas que formaliser sera une bonne chose pour moi,..., d'ailleurs je doute fort que cela me soit bénéfique. En plus je paye déjà des patentes et je ne désire pas en payer plus... »

En outre, les micro-entreprises de subsistance, qui représentent 72% de l'ensemble des micro-entreprises recensées, ne sont pas capables de suivre la voie de l'intégration car déjà elles évoluent en dehors de la logique d'accumulation et sont dépourvues de cette idée de maximisation. Donc il est ultra difficile d'envisager l'intégration ou la formalisation des micro-entreprises de subsistance. Par contre, les micro-entreprises commerciales qui ne représentent que 28%, sont les seules activités informelles pouvant être capables véritablement de suivre la voie de la formalisation.

Pour envisager une réelle intégration de l'économie informelle dans la ville de Lubumbashi il faudrait d'une part alléger ou flexibiliser les cadres institutionnel et légale des affaires afin d'encourager ces micro-entreprises commerciales de virer vers des PME, et d'autre soutenir les populations pauvres, qui entreprennent dans les activités de subsistance, afin de les permettre de quitter le niveau de subsistance et d'envisager également de basculer vers des PME.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984