CHAPITRE TROISIEME :
L'ECONOMIE INFORMELLE DANS UN CONTEXTE DE SATISFACTION DES BESOINS
PRIMAIRES
Dans ce chapitre nous allons traiter et entamer la question de
l'économie informelle dans un contexte de satisfaction des besoins
primaires dans la ville de Lubumbashi. Cependant, avant tout, nous allons
présenter succinctement le champ empirique de notre étude, qui
est en l'occurrence la ville Lubumbashi, ainsi que la méthodologie que
nous empruntons dans notre démarche.
SECTION 1. PRESENTATION DU
CHAMP EMPIRIQUE
Comme évoqué brièvement dans les lignes
précédentes, la présente étude a pour champ
empirique la ville de Lubumbashi. Dans cette section, nous présenterons
ladite ville, sa situation géographique et son historique ainsi que sa
situation économique.
1.1. Situation
géographique et brève historique de la ville de
Lubumbashi
La ville de Lubumbashi est située à 1.230 m
d'altitude, entre 11°20' et 12° de latitude Sud et entre 27°10'
et 27°40' de longitude Est ; et elle s'étend sur une
superficie de 747 Km². Créée vers les années
1906-1910 à la découverte des gisements du cuivre et à
leur exploitation par l'Union Minière du Haut Katanga (UMHK) ; on
considère Emile Wangermee comme le fondateur de la ville de
Lubumbashi.
Avec plus ou moins de 3 millions d'habitants et sept communes
à savoir : Lubumbashi, Kamalondo, Kenya, Katuba, Kampemba, Ruashi et la
commune Annexe ; la ville de Lubumbashi est l'une des grandes villes du
pays. Devancée par la ville-province de Kinshasa, Lubumbashi (la
capitale cuprifère) est d'ailleurs souvent considérée
comme la deuxième grande ville de la République
Démocratique du Congo.
Ce que nous retiendrons de l'historique de la ville de
Lubumbashi c'est qu'elle portait le nom d'Élisabethville ou
Elisabethstad en néerlandais et elle conserva ce nom jusqu'au 3 octobre
1966 pour devenir, à l'occasion de la politique et philosophie de retour
à l'authenticité prônée par le président
Mobutu, Lubumbashi, du nom de la rivière au bord de laquelle elle avait
été fondée. C'est ainsi qu'en cette période la
ville -- jadis Élisabethville -- porte le nom de Lubumbashi.
1.2. Situation
économique et secteurs d'activités dans la ville de
Lubumbashi
1.2.1. Situation économique
Un des grands centres de consommation et d'échanges
locaux et internationaux dans le pays, la ville de Lubumbashi est le
siège de nombreuses entreprises, tant congolaises
qu'étrangères.
L'économie de la ville de Lubumbashi est grandement et
essentiellement dépendante du secteur minier ; néanmoins,
nous pouvons aussi retrouver des secteurs croissants et dignes d'un regard
particulier tels que : le secteur du transport, la sous-traitance, les PME,
etc. il sied également de souligner que l'entrepreneuriat, notamment
celui des jeunes, prend un élan remarquable.
Faute de disponibilité des informations quantitatives
fiables relatives à la ville de Lubumbashi, nous souffrirons de ne
devoir présenter sa situation économique qu'à travers ces
lignes. Nous retiendrons toutefois qu'avec une insuffisante production locale,
la ville de Lubumbashi reste ultra extravertie et dépendante de
l'extérieur ; surtout dans le secteur agro-alimentaire.
1.2.2. Secteurs d'activités
Selon le Dictionnaire des Science Economiques, un secteur
d'activités est un ensemble d'activités productives
présentant des caractéristiques communes. L'économiste
anglais Colin Clark en 1947, a mis en oeuvre son idée de définir
trois secteurs économiques principaux, avec Jean Fourastié selon
la nature de l'industrie : le secteur primaire, le secteur secondaire et le
secteur tertiaire (un quatrième, secteur dit quaternaire peut
également être cité).
Le terme « secteur » désigne aussi
les multiples domaines d'activités économiques pour lesquelles
chaque « secteur » regroupe des familles de produits assez proches
pour être commercialisés ensemble. (C'est ainsi qu'on parle par
exemple du secteur minier, du textile, de la télécommunication,
etc.)
Dans la ville de Lubumbashi, quoiqu'elle soit à
prédominance minière, il existe tout de même plusieurs
autres secteurs représentant aussi une bonne part dans l'ensemble de
l'économie de la ville. Dans ce point, nous explorerons du mieux que
nous le pourrions, certains secteurs d'activités importants de la ville
de Lubumbashi.
1.2.2.1. Secteur minier
Dans le secteur minier nous retrouvons les entreprises
d'extraction. Elles transforment les minerais en vue de les exploiter. Nous
citerons par exemple la GECAMINES qui produit principalement le cuivre et le
cobalt, la STL qui traite les scories et l'EXACO qui s'occupe de
l'hétérogénéité, etc.
1.2.2.2. Secteur agricole
Dans la ville de Lubumbashi, nous distinguons deux sortes
d'agricultures, à savoir l'agriculture traditionnelle et l'agriculture
moderne.
L'agriculture traditionnelle fournit la nourriture à la
population en général et aux paysans en particulier dans un
système d'autoconsommation ; cette forme d'agriculture est
caractérisée par l'application des techniques rudimentaires et
archaïques. L'agriculture moderne, quant à elle, fournit sa
production non seulement à la consommation de la population mais aussi
au commerce. Elle approvisionne en matières premières les
industries d'aval dites « industries agro-industrielles ».
Il est fort visible aujourd'hui que l'agriculture dans la
ville de Lubumbashi accuse une faiblesse profonde et permanente de laquelle
résulte une quasi-inexistence de sa contribution dans l'ensemble de
l'économie de la ville et de ce fait, l'offre extérieure devient
plus que nécessaire puisque la production agricole locale n'arrive pas
à répondre de manière satisfaisante aux besoins
alimentaires de la population.
1.2.2.3. Secteur bancaire
Il existe dans la ville de Lubumbashi des institutions
bancaires et financières. Parmi les institutions bancaires nous pouvons
citer : Rawbank, Ecobank, BGFI Bank, TMB, etc. et parmi les institutions
financières nous pouvons citer : Finca, Tujenge, etc.
1.2.2.4. Secteur de transport
Constitué des sociétés et des agences qui
rendent service à la communauté Lushoise grâce aux moyens
de transport qu'elles mettent à sa disposition. Il existe à
Lubumbashi des entreprises de transport pouvant être classées
selon les différentes voies de transport. Parmi ces entreprises nous
citons : la SNCC (sur les voies ferrées), Fly CAA et Congo Airways
(voies aériennes), Mulykap, Classic Coach et des nombreux Taxis et
Taxi-Bus (sur les voies routières), etc.
En fin de compte, l'on peut constater que la ville de
Lubumbashi est l'une des villes stratégiques de la RDC, notamment compte
tenu d'une part des richesses du sol et surtout du sous-sol qu'elle regorge, et
d'autre part de sa localisation avantageuse permettant de relier la RDC aux
pays de l'Afrique australe.
Elle est appelée capitale cuprifère et
même qualifiée de capitale économique du pays à
cause des richesses qu'elle renferme. L'histoire nous apprend d'ailleurs que la
GECAMINES contribuait dans la formation du PIB dans une large mesure. Elle
occasionnait ainsi l'exportation et par ricochet des entrées des devises
au pays.
1.3. Les activités
de l'économie informelle dans la ville de Lubumbashi
En guise de riposte contre la pauvreté, plusieurs
études montrent que c'est majoritairement dans ce contexte que croissent
les activités informelles dans la ville de Lubumbashi. Allant des
vendeurs ambulants dans les rues de la ville, des laveurs des parebrises dans
certains coins de la ville jusqu'aux petites manufactures plus ou moins
organisées ; c'est assez souvent l'instinct de survie qui est
à la base du pullulement de l'informel.
YAV Zeng en 2008 explique que les activités de
l'économie informelle Lushoises se caractérisent essentiellement
par une forte hétérogénéité, une
vulnérabilité, une population principalement jeune,
féminine, migrante, en chômage, et une solide stratification
sociale
En outre, il
est important de noter que, d'une façon générale, la
population se trouvant dans le secteur informel à Lubumbashi demeure
tout de même assez hétérogène du fait qu'il y a au
sein de ce phénomène des intellectuels, des illettrés, des
individus n'ayant reçu aucune formation formelle reconnues, des
originaires et des non originaires de la ville.
Il nous semble assez important à ce niveau de citer
certaines activités informelles entreprises dans la ville de Lubumbashi
telles que : les ateliers de menuiserie, les Kiosques, les marchés
pirates, les vendeurs ambulants, les « Kadhafi », les
cabines téléphonique, etc.
Ce que nous retiendrons concernant les activités de
l'économie informelle dans la ville de Lubumbashi c'est que (comme l'a
décrit Mabrouk Kraiem en 2015 dans sa thèse sur les
micro-entreprises au Mali) il existe des micro-entreprises de subsistance et
des micro-entreprises commerciales. Dans la première catégorie,
les agents sont animés par une certaine idée d'accumulation et il
existe tant soit peu une main-d'oeuvre salariée et un mode
d'organisation se rapprochant des PME contrairement à la seconde
catégorie qui est constituée des activités visant
uniquement à permettre la subsistance du ménage et dans
lesquelles la main d'oeuvre est souvent familiale et où il n'existe
quasiment pas de salariat.
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