L'économie informelle dans un contexte de satisfaction des besoins primaires.par Joel KAPOYA BAHATI Université de Lubumbashi - Licence en Economie de développement 2020 |
CHAPITRE DEUXIEME : L'ECONOMIE INFORMELLEApparu pour la première fois dans les théories économiques du développement à travers les travaux menés par le BIT (Bureau International du Travail) dans les années 1970, le terme « économie informelle » ou « secteur informel » se rapportait et faisait référence aux activités de petite échelle génératrice des revenusentreprises par les populations dans une perspective de survie. L'économie informelle ou le secteur informel constituait ainsi un terme générique et pratique recouvrant toutes ces dynamiques et stratégies de survie, ces modes de subsistance des couches pauvres déshéritées, déracinées ; en un mot : « marginales ».55(*) Les approches théoriques de la question de l'informel ont évidemment évolué dans le temps. Si à sa genèse il ne s'agissait que de décrire un phénomène en expansion, le concept de l'économie informelle de nos jours représente et constitue une altérative nonnégligeable dans les perspectives de développement des sociétés sous-développées.Ainsi dans les lignes qui suivent, nous aborderons du mieux que le pourrions les généralités du concept de l'économie informelle, les approches théoriques y afférentes, ainsi que les considérations sur ce concept dans le monde. SECTION 1. GENERALITESSelon la 13ème édition du lexique d'économie de Dalloz, l'économie informelle fait référence à toute production des biens ou des services marchands non prise en compte dans le calcul du PIB et non déclarée aux institutions chargées de recouvrement de l'impôt et des cotisations sociales. Le terme de « Secteur Informel » ou « Economie Informelle » tire ses origines et fait son apparition dans les théories économiques de développement via les premiers travaux du programme mondial de l'emploi ; travaux menés par le BIT (Bureau International du Travail) vers les années 1970. Ainsi, J. Charmes en 1987 souligne que si K. Hart fut le premier à employer ce terme, c'est véritablement le rapport du Bureau International du Travail sur le Kenya de 1972 qui lança et vulgarisa le concept.56(*) Aux termes de ces travaux, les auteurs sont conduits à mettre en lumière la présence d'un secteur de petites activités productrices de biens et services s'inscrivant dans un contexte de dynamique populaire. I1 s'agit bel et bien ici d'un fait social important qui, de toute évidence, n'avait pas été pesé à sa juste mesure à ses origines. Il s'agissait de décrire ce secteur naissant dans son contexte particulier et la description de ces activités consistait alors à établir des critères visant à les caractériser. Les activités économiques sont alors intégrées dans l'économie informelle lorsqu'elles correspondent à certains critères tels que : peu de barrières à l'entrée ; ratio capital/travail faible(*); techniques de production simples ; niveau de qualification des travailleurs faible ; petite échelle des activités ; faible capacité d'accumulation ; propriété familiale ; rapports sociaux non salariaux ; opération à la marge de la loi ; peu de protection du travail, absence de comptabilité, etc.57(*) Qu'il s'agisse d'économie informelle, secteur informel, économie souterraine, économie parallèle etc. ces concepts désignent un seul et même phénomène qu'est l'ensemble des activités de petite échelle s'inscrivant dans une dynamique populaire58(*). Ainsi loin de nous le désir de nous lancer dans ce débat purement sémantique autour de cette question qui de toute évidence ne nous mènera pas à appréhender ce phénomène dans le cadre du présent travail. Le concept économie informelle revêt plusieurs définitions au regard de son hétérogénéité ; en dépit de cela, les multiples définitions de l'économie informelle conviennent toutes à ce que ce concept fait référence aux activités évoluant en marge du cadre légal et institutionnel et n'étant pas reconnues par le pouvoir public ni prises en compte dans la comptabilité nationale. 1.1. Caractéristiques des activités de l'économie informelleLes activités du secteur de l'économie informelle sont caractérisées par : 1°) Une comptabilité reconnue et régulière inexistante ; 2°) Fiscalité inexistante ; 3°) Technologie rudimentaire ou ancienne, souvent avec un capital faible ; 4°) Main-d'oeuvre peu qualifiée ; 5°) Difficulté (Impossibilité) de bénéficier d'un crédit ou d'une subvention ; 6°) Un mode d'organisation bureaucratique souvent non reconnue et qui ne demande pas une formation dans une institution reconnue ; 7°) Les activités sur secteur informel sont difficiles à localiser du fait qu'elles évitent le regard du pouvoir public ; Etc. * 55 I. Déblé et P. Hugon, vivre et survivre dans les villes africaines, éd. PUF, coll. « Tiers Monde », 1982, p.310. * 56 J. Charmes, cité par Odile Castel, Op.cit., p.01-02. * Cela s'explique par le fait que le facteur capital (K) est relativement faible alors que la main-d'oeuvre employée en termes de facteur travail (L) est élevé. De ce fait, on a un dénominateur assez grand qui rend faible le ratio K/L. * 57 O. Castel, Op.cit., p.04. * 58MuhemeG.B., Le poids des économies non officielles, Bruxelles, éd. Academia, 2000, p.35. |
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