2. Description du système d'enseignement
supérieur au Tchad
L'enseignement supérieur au Tchad a
débuté en 1971 avec la création de l'Université de
N'Djamena et depuis lors, il s'est diversifié et
développé. La deuxième institution, l'Université
Roi Fayçal, sera créée en 1 9 9 2 . En application des
directives relatives à la mise en place du système LMD dans
l'espace CEMAC, l'enseignement supérieur Tchadien qui s'est
arrimé à ce système en 2009, comprend désormais
trois cycles de formation : la Licence, le Master et le Doctorat, même si
le dernier cycle n'est pas encore généralisé
jusqu'aujourd'hui.
Le rythme de création des établissements
universitaires s'est accéléré à partir de 2002,
avec l'ouverture progressive de nouveaux établissements dispensant un
large éventail de connaissances. L'action des pouvoirs publics sera
utilement complétée et renforcée à partir de 1989
par des initiatives privées d'enseignement supérieur,
s'investissant dans les formations techniques et professionnelles. Le
système a connu une expansion fulgurante ces quinze dernières
années rapprochant l'offre à la demande. En effet, le Tchad ne
comptait en 2000/2001, que 6730 étudiants dont 14,5% de filles, repartie
essentiellement dans 07 établissements d'enseignement supérieur,
à caractère ou d'utilité publics. Ceux relevant du
privé étaient très peu développé. En 2015,
on dénombre plus de 43000 étudiants dont 19% des filles repartie
dans plus de 140 établissements. Le public constitué de 10
Universités, 06 instituts et 04 écoles normales, absorbe environ
77% d'étudiants et le privé, avec plus de 130
établissements absorbe environ 23% d'étudiants. Le système
compte également 04 organismes sous tutelle en charge des recherches,
des oeuvres universitaires, des fonciers et des examens et concours du
supérieur. Le tout piloté par une administration centrale.
L'action combinée des pouvoirs publics et des opérateurs
privées a entraîné l'augmentation de l'offre des formations
universitaires et, partant, l'augmentation fulgurante de la population
estudiantine, estimée à 45749 étudiants en
20178. Les établissements du service public de l'enseignement
supérieur regroupent environ 80% de la population estudiantine
totale.
Les diverses dispositions législatives
cohérentes, étalées dans le temps, ayant favorisé
ce développement et leur mise en oeuvre progressive, se lisent à
travers des indicateurs tels que : la diversification de l'offre universitaire
à travers la création de nouveaux établissements;
l'ouverture de l'enseignement supérieur aux initiatives privées;
la réforme LMD ; la création d`Ecoles doctorales ; l'instauration
de droits universitaires dans
8 Plan Intérimaire de l'Education au Tchad (PIET) 2018-
2020
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les Universités publiques et la suppression des bourses
d'étude.
En dépit des progrès visibles, les institutions
universitaires restent confrontées à de nombreux problèmes
dont la persistance peut, à terme, nuire à la performance de
l'institution, notamment : la pertinence et la qualité des enseignements
; l'insuffisance qualitative et quantitative du corps enseignant,
constitué en majeure partie d'assistants ; une recherche scientifique
embryonnaire ; des infrastructures pédagogiques insuffisantes ; des
ressources financières insuffisantes et affaiblies par le poids des
oeuvres universitaires.
Les difficultés auxquelles est aujourd'hui
confronté l'enseignement supérieur au Tchad sont susceptibles de
compromettre son développement et le rôle qu'il est censé
jouer dans la transformation socioéconomique du pays. Ces
difficultés relèvent de trois catégories de défis :
le défi de l'accès et de l'équité : l'accès
dans le supérieur est très faible, avec de fortes
inégalités en défaveur des filles et dans la
répartition géographique des institutions universitaires, avec
une forte concentration dans la capitale. Par ailleurs, on note une faiblesse
de politique volontariste pour les étudiants vulnérables ou issus
des milieux défavorisés ; le défi de la qualité :
la mise en oeuvre partielle du système LMD ; l'inadéquation de
l'offre d'enseignement avec les besoins du marché de travail : alors
qu'à l'échelle de la planète, la tendance des formations
est à la professionnalisation, au Tchad, la formation théorique
universitaire représente encore 82% des enseignements ; la faible
utilisation des TIC ; le défi de la gouvernance : l'absence d'un
dispositif d'assurance-qualité pouvant permettre une
autoévaluation des institutions ; un déséquilibre dans la
répartition des enseignants permanents dans les établissements
publics; l'insuffisance des ressources financières allouées aux
Universités; une gestion déficiente du bilinguisme
français-arabe.
2.1 Les Universités publiques
L'enseignement supérieur au Tchad a connu une
croissance accélérée ces dix dernières
années. La première institution d'enseignement supérieur
au Tchad a été ouverte en 1971, avec la création de
l'Université du Tchad, aujourd'hui dénommée
Université de N'Djamena. Le nombre d'institutions d'enseignement
supérieur publiques et privées est passé de 07 à
plus de 130 entre 2001 et 2015, soit un accroissement moyen annuel de l'ordre
de 22,7%. Le public est constitué de 10 Universités
(Université Roi Fayçal, Université Adam Barka
d'Abéché, Université de Moundou, Université de
Doba, Université Polytechnique de Mongo, Université de Sarh,
Université d'Ati, Université de Pala et Université
Virtuelle) et 06 instituts nationaux universitaires à caractère
professionnels (Institut National Supérieur des Sciences et techniques
d'Abéché, Institut National Supérieur de Pétrole de
Mao, Institut National Supérieur des Arts et Métiers de Biltine,
Institut National Supérieur d'élevage de Moussoro, Institut
National
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Supérieur du Sahara et du Sahel d'Iriba, Institut
National Supérieur des Sciences agronomiques et technologies
agroalimentaires de Lai) et on dénombre 04 écoles normales
supérieures (Ecole Normale Supérieure de Ndjamena, Ecole Normale
Supérieure des Sciences Exactes et Appliquées de Bongor, Ecole
Normale Supérieure d'Abéché et l'Ecole Normale
Supérieure d'Enseignement Technique de Sarh).
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