Dans cette longue période de transition, nous avons
retenu trois moments essentiels dans l'évolution de la diplomatie
Congolaise. Il s'agit notamment du : 24 avril 1990 au 17 mai 1997 ; 17 mai 1997
au 26 janvier 2001 ; 26 janvier 2001 au 6 décembre 2006.
a. 24 avril 1990 au 17 mai 1997 :
Cette époque démarre au niveau interne avec un
événement de grande envergure sur le plan politique aux
années 90 marquée par la libéralisation politique de
l'ancien régime de Mobutu, qui sera inaugurées par les
consultations populaires. C'est durant cette même période que la
RDC verra son
25
image de marque qu'elle s'était créée au
cours de la période précédente, se
détériorer sur la scène internationale. On observe ainsi
le début d'un enrouillage au niveau de l'appareil diplomatique
Congolais, causant le disfonctionnement et l'arrêt de ce dernier.
Sur le plan diplomatique, l'isolement diplomatique dû
à la suspension de la coopération par les grandes capitales avec
la RDC en 1992 et le désordre politique interne (le dualisme au niveau
des institutions politiques) vont caractériser cette longue
transition35.
Les diplomates Congolaise sont plus que livré à
leur propre sort entre arriérés de salaires impayés,
logements impayés et obligation financières non
respectées, certains se verront traduits en justice, d'autres
livré à des actes illicites contraire au métier de
diplomate (vente des biens appartenant à l'Etat, abandon des missions
etc.), allant jusqu'à sollicité l'asile diplomatique pour assurer
leur survie. Ainsi donc, la modicité, voir l'absence des moyens tant
matériels, financiers que logistiques, a handicapé le rendement
de la diplomatie Congolaise.
Vu le nombre élevé de nos Ambassades, le
Gouvernement de Mr. KENGO WA DONDO en 1995 avait décidé de
réduire le nombre de nos missions diplomatiques et postes consulaires et
de rappeler à la centrale certains diplomates fin mandat. Mais cette
décision n'a jamais été exécutée, faute de
moyens financiers36.
35LABANA, L., A., Op, cit. p.60 36 Idem
p.60
26
b. 17 mai 1997 au 26 janvier 2001 :
Cette étape coïncide avec un changement de
régime sur le plan interne, le régime Mobutu prend fin et laisse
la place au régime du feu L.D Mzee KABILA avec l'AFDL, qui mènera
la diplomatie Congolaise sur un nouvel axe avec les objectifs
différents. Car ce dernier va laisser l'axe Nord-Sud, longtemps
privilégié par les acteurs précédents, pour
plutôt lancer l'axe Sud-Sud, qui va conférer à la
diplomatie Congolaise une qualité offensive.
Il faut dire que l'innovation apportée à la
diplomatie congolaise à cette étape de son évolution,
c'était qu'elle s'est placée comme instrument de
développement, car au sortir du pays d'une crise chaotique avec comme
conséquence des délabrements profonds des infrastructures
sociales ; celle-ci s'est assignée pour objectif de base, la
mobilisation des fonds nécessaires dans le cadre de la reconstruction
nationale. Ainsi donc, les intérêts supérieurs de la
population son enfin pris en compte ainsi que le bien être de la
population.
Malheureusement, la guerre d'agression
déclenchée le 2 août 1998 est venue briser le processus
d'application du plan triennal de développement37.
Dans ce contexte la diplomatie offensive changera de contenu.
Cette fois, elle consistera à informer la Communauté
Internationale de la position officielle de la RDC vis-à-vis de la
guerre d'agression. L'intervention des Etats de la SADEC comme alliés de
la RDC (Angola, la Namibie et la Zambie) dans la guerre d'agression est l'un
des fruits de cette diplomatie de Mzee Laurent Désiré
KABILA38.
37 Actes de la 10ème
conférence diplomatique, volume 2, Rapport final et communication,
Kinshasa, mars 2003
38 LABANA, L., A., op. Cit. p.61
39 Idem, p.62
40 Ibidem, p.62
27
Ajouté à cela, l'ombre de la
2ème République n'a cessé de poursuivre cette
période.
Dans le cadre des affectations des agents diplomatiques
à l'étranger le schéma de la 2ème
République et de la transition n'a pas échappé aux
autorités de Kinshasa. De ce fait le nombre des diplomates dans nos
missions diplomatique et dans nos postes consulaires a augmenté.
L'injection des diplomates incompétents a affaibli d'avantage notre
diplomatie39.
c. 26 janvier 2001 au 6 décembre 2006
:
Cette étape s'ouvre avec l'assassinat du feu le
Président L.D. Kabila et de l'accession au pouvoir, de son fils Joseph
Kabila comme quatrième Président de la RDC, ce dernier apportera
un nouvel air à la politique étrangère de la RDC à
travers une diplomatie de terrain prônant l'ouverture au monde.
« Pour marquer le retour de la RDC sur la scène
internationale en quelles que semaines à la tête du pays, le
Président de la République et Chef de l'Etat a effectué
dix voyages à l'étranger en vue d'expliquer les problèmes
de la guerre d'agression contre la RDC et examiner avec ses collègues la
possibilité de la reprise de la coopération structurelle avec
notre pays40 ».
En effet, sur le plan de la politique extérieure,
briser l'isolement diplomatique qui marginalisait la RDC au profit de ses
agresseurs, était indispensable pour clarifier et faire entendre la
position du Congo auprès de la Communauté Internationale.
La concrétisation de cette volonté de briser
l'isolement diplomatique hérité de l'ancien régime se
manifeste directement à l'occasion de
41 Actes de la 10ème
conférence diplomatique, volume 1, discours de S.E. Monsieur le
Président de la République 26 janvier 2001-26 janvier 2003,
Kinshasa, mars 2003, p.6
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l'investiture du Président Joseph Kabila, lors de son
adresse à la Nation Congolaise à travers ces
mots41:
« ...j'ai la ferme résolution de poursuivre
l'amélioration des rapports de coopération avec nos partenaires
de l'Union Européenne. Je m'efforcerai de panser les plaies
causées par certaines incompréhensions, car je suis conscient que
l'Union Européenne a un rôle à jouer dans le
développement du Congo.
Je pense particulièrement à la France, à
qui j'adresse, au nom du peuple Congolais, toute ma gratitude en raison de ses
nombreux engagements au conseil de Sécurité des Nations-Unies
dans la recherche des résolutions pacifiques à la crise qui
sévit dans notre pays. J'affirme ici, ma disponibilité et ma
volonté de poursuivre l'amélioration de mes relations
bilatérales et multilatérales.
Je pense aussi à la Belgique avec laquelle la RDC
partage des liens historiques. Je veillerai à développer des
relations amicales de compréhension et d'entente pour une
coopération fructueuse.
Quant aux relations avec les Etats-Unis d'Amérique, je
voudrais affirmer, sans ambages, qu'il y a eu des moments
d'incompréhension mutuelle avec l'ancienne Administration, la RDC entend
normaliser les rapports bilatéraux avec la nouvelle Administration,
basés sur le respect mutuel et la volonté de progrès de
nos deux pays.
42 Actes de la 10eme conférence
diplomatique, volume 1, discours de S.E Monsieur le Président de la
République
43 Idem, p.30
29
Je salue les relations fraternelles existant entre mon pays
et la République populaire de Chine, la Russie ainsi qu'avec d'autres
pays d'Asie, j'entends les renforcer... »
Ainsi donc, cette période va se caractériser
par le retour de la RDC sur la scène internationale avec le reprise de
la coopération structurelle entre la RDC et les partenaires du Nord qui
se concrétise, notamment par le fait que42 :
Ø Le Royaume de Belgique a signé avec la RDC
plusieurs conventions spécifiques portant sur des projets de
développement. Il a signé d'autres en synergie avec les
partenaires multilatéraux an faveur de la RDC ;
Ø Le Canada conclu quatre protocoles d'accord avec la
RDC ;
Ø L'Italie a signé quelques accords dans le
cadre des fonds de contrepartie ;
Ø Le Japon a également signée des
accords de coopération en synergie avec les partenaires
multilatéraux eu bénéfice de la RDC.
A cette étape la nouvelle politique
étrangère en RDC s'articule autour du rôle actif que le
pays doit jouer désormais sur la scène internationale en mettant
à profit : les ressources humaines et naturelles, les
potentialités hydro-électriques et sa position
géographique. La politique prônée par le Gouvernement de la
RDC est celle de « la politique paritaire » qui est fondée sur
la redynamisation des relations de la RDC avec tous ses partenaires tant
bilatéraux que multilatéraux sur base du principe du respect des
intérêts mutuels et du partenariat43.
Il faut noter, la continuité durant cette
période, des nombreux efforts de réductions des effectifs des
missions diplomatiques et postes
44 Actes de la 10eme conférence
diplomatique, volume 1, discours de S.E Monsieur le Président de la
République
30
consulaires, entreprises par le Ministère des Affaires
Etrangères et de la coopération internationale.
Mais en dépit de tous ces efforts, la
coopération avec les partenaires tant bilatéraux que
multilatéraux n'a pas débouché sur le développement
escompté du pays. Les raisons de cette carence sont
notamment44:
Ø L'imposition par les partenaires des projets de
coopération ne cadrant pas avec le plan de développement du pays
;
Ø Le mauvais choix des priorités ;
Ø La lourdeur des mécanismes mis en place par
les partenaires extérieurs pour accéder au financement consenti
;
L'absence de la RDC aux différentes réunions de
concertation. Paragraphe 3. Les principes essentiels de la politique
extérieure
Il nous est d'un grand intérêt de comprendre la
philosophie spécifique qui oriente notre politique extérieure et
détermine la prise de décision par les autorités
congolaises, en faisant des analyses de certains principes ancrés de
l'historique de sa diplomatie depuis la première, la deuxième, la
transition et la troisième République.