3. 2.2 Planification familiale et
survie des enfants
La planification familiale définit « la
constitution de la descendance selon certaines normes
d'espacement et de dimension finale » (Pressat, 1978). Son
rôle dans la survie des enfants est mis en exergue dans plusieurs
études (WHO, 1994 et OMS, 1997). Elle agit dans la prévention des
grossesses à risques ou non voulues. Cependant, il est couramment admis
que de tous les facteurs qui influencent la santé de la reproduction,
la régulation des naissances est sans doute la
plus importante. On est alors amené à se poser la question
suivante : Quelle a été la contribution de la
planification familiale des femmes dans l'amélioration des chances de
survie des enfants de moins d'un an au Rwanda? En d'autres termes,
l'absence de la planification familiale des femmes Rwandaises, constitue-t-elle
une cause directe ou contributive de mortalité infantile?
Il convient de rappeler que ce questionnement a
suscité des divergences dans la conception des programmes de P.F
à différentes époques. Qu'il s'agisse du désir de
maîtrise de la croissance à des fins de planification
économique, de la volonté d'améliorer le niveau de la
santé publique et familiale ou encore de préoccupations relatives
aux droits de l'homme, il est aujourd'hui reconnu que ces considérations
qui conduisent à adopter la P.F sont intimement liées. En effet,
d'après le Population Council (1987, p.6), le développement
socioéconomique, la survie de l'enfant et l'amélioration de la
condition de la femme favorisent la P.F. Ainsi, ces trois considérations
se renforcent mutuellement. Il est nécessaire de remarquer
que :
« L'argument de la santé en faveur de la
P.F n'est pas une découverte récente ; bien que reconnu de
longue date, ce n'est que récemment qu'il a été activement
avancé et intégré dans les efforts des organismes de P.F.
L'importance de la P.F pour la santé constitue elle une
découverte récente » (The Population Council,
1987, p.11).
Selon la littérature sur la P.F, deux aspects semblent
primordiaux à cause de leurs implications dans la survie des enfants. Il
s'agit principalement de la prévention des grossesses à risque et
de l'espacement des naissances.
En effet, la P.F agit dans la prévention des grossesses
à risque à travers la réduction du nombre d'enfants
nés d'une mère ayant un état santé
défavorable ou compromis. Le risque peut être lié à
l'âge de la mère, à sa parité atteinte, au faible
espacement des naissances mais aussi aux difficultés inhérentes
à la grossesse, aux complications à l'accouchement ou à
d'autres infections et maladies (diabète, hypertension, malaria,
anémie ferrique,...) (Haaga cité par Potter, 1988). Selon le
rapport de l'OMS sur la planification familiale (OMS, 1997), l'un des
intérêts de la P.F réside dans la prévention des
grossesses à risque, parce que, « trop précoces, trop
tardives, trop nombreuses ou trop rapprochées » appelés
aussi « les quatre trop
classique » ; elles s'avèrent plus dangereuses
qu'une grossesse normale. Plus précisément, il s'agit de
grossesses :
- De femmes d'âge inférieur à 18 ans
ou supérieur à 35 ans ;
- Espacées de moins de 24 mois ;
- De femmes ayant déjà quatre enfants ou
plus.
Il ressort de cette typologie trois éléments
directement liés à la grossesse : l'âge de la
mère à l'accouchement, l'intervalle entre naissances et la
parité atteinte. Parmi les raisons pour lesquelles on pense que ces
facteurs influencent la mortalité des enfants, il y a selon Potter
(1987) :
- Le simple mécanisme physiologique qui relève
de l'âge et de la parité atteinte et se rattache à
l'aptitude de la femme à enfanter ;
- L'intervalle entre naissances qui agit à travers ses
effets sur le statut nutritionnel de la mère.
Ces facteurs biodémographiques susmentionnés
font que le recours à la P.F est souvent préconisé comme
une nécessité lorsqu'il y a besoin non satisfait en
matière de contraception, que ce soit en termes d'espacement ou de
limitation des naissances. C'est dans ce sens que le groupe parlementaire
interaméricain sur la population et le développement affirme
que : « P.F if it were available could help save live
by reduicing the number of pregnancies to those of high risk »
(IAPG, 1990, p.1 cité par Rakoto 1995).
x. a. Effet de l'âge de la
mère à l'accouchement sur la survie des enfants
L'âge de la mère à l'accouchement est un
facteur propre à réduire notablement le nombre de
décès d'enfants. Le report de la première naissance
à un âge d'au moins 18 ans pour la mère permet de
réduire le risque d'accouchement prématuré et
d'insuffisance pondérale à la naissance. En effet, les risques de
mort du nourrisson au cours du premier mois sont de 24% plus
élevés chez les mères de moins de 18 ans que chez les
mères âgées de 25 à 34 ans (OMS, 1997). Cette
aggravation des risques perdure pendant toute la petite enfance. Si les
mères repoussaient l'âge de la première naissance à
au moins 18 ans, on pourrait réduire les risques de mortalité du
premier né jusqu'à 20% en moyenne et jusqu `à 30%
dans certains pays (Hobcraft, 1991). Les femmes très jeunes,
adolescentes, qui tombent enceintes exposent dangereusement leur santé
ainsi que celle de l'enfant car leur organisme n'a pas encore une
maturité physique suffisante pour supporter les sollicitations de la
grossesse et de l'accouchement.
Ramakavelo (1983), utilisant les données d'une
enquête qu'il avait organisée à Madagascar dans les centres
de santé maternelle et infantile en 1978, a montré que la
mortalité infantile était de 190%o pour les enfants nés
des mères âgées de moins de 20ans à l'accouchement,
321%o pour ceux dont les mères avaient plus de 35ans et 144%o pour
l'ensemble. Tout cela montre l'importance de l'âge à
l'accouchement sur les chances de survie infantile.
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