vi. b. Activité
économique du conjoint
L'activité économique du conjoint tout comme
celle de la mère est fortement liée à la survie de son
enfant dans la mesure où le conjoint est, dans la plupart des cas, le
principal pourvoyeur du revenu familial. Ainsi, elle reflète souvent,
dans le contexte africain, le niveau de revenu du ménage qui est une
variable difficile à saisir lors des opérations de collecte de
données (Rakotondrabé, 2004). On notera, par exemple que les
« chômeurs », ne disposant que des revenus
tirés des travaux agricoles souvent plus faibles que ceux des
salariés ou des travailleurs des autres secteurs, n'ont pas assez de
ressources leur permettant d'assurer des conditions favorables à la
survie des enfants que ces derniers (Dackam, 1990). Ainsi, l'activité
économique du conjoint agit sur la mortalité des enfants à
travers l'amélioration de pouvoir d'achat du ménage favorisant
ensuite le recours aux meilleurs soins de santé, aux meilleures
conditions de vie et la disponibilité des aliments de bonne
qualité qui assurent aux enfants une meilleure nutrition (Gürsoy,
1994, Banza, 1998).
L'étude de Akoto et Tabutin (1989) a fait ressortir
pour les cas du Cameroun et du Kenya, l'existence d'une surmortalité
infantile chez les enfants des paysans comparés à ceux des cadres
supérieurs.
Néanmoins, cette variable peut également, comme
l'activité économique de la mère, affecter
négativement la santé des enfants dans la mesure où une
femme mariée à un homme salarié ou disposant d'un travail
apportant plus de revenu peut être amenée à
négliger les soins à administrer à ses enfants en
embauchant une femme de ménage à qui elle confie tous les soins
de ces derniers. Or, celle-ci peut ne pas avoir les connaissances requises pour
administrer les soins adéquats et compromet ainsi la santé et la
survie de ces enfants.
vii. c. Condition de
vie du ménage.
Les caractéristiques du ménage sont
utilisées comme des variables économiques à cause de leur
forte corrélation avec le niveau de vie du ménage. Elles peuvent
alors servir pour construire un indicateur « condition de
vie du ménage » en absence d'indicateurs
monétaire (tel que le revenu, les dépenses de consommation du
ménage) permettant d'appréhender le revenu du ménage.
En effet, même si Filmer et Pretchett (1998) ont
montré qu'il existe une correspondance entre la classification des
ménages basée sur les indices calculés à partir des
caractéristiques de l'habitat et celle basée sur les
dépenses de consommation des ménages, Kobiané (1998) a
montré la limite de cette méthode en ce qu'elle ne permet pas de
distinguer les « riches » et les « pauvres » au niveau
intermédiaire de la distribution de l'indicateur. De plus, le niveau de
vie est difficile à appréhender du fait qu'il regroupe à
la fois les facteurs au niveau individuel et au niveau ménage.
Les variables les plus utilisées pour construction de
l'indicateur « condition de vie du ménage »
sont : le mode d'approvisionnement en eau potable, le type de
matériaux de construction, type de toilettes ou lieu d'aisance,
possession des biens par le ménage.
La qualité de l'eau consommée et la
santé des personnes (surtout chez les enfants) sont en étroite
relation. Les infections par les maladies parasitaires et certaines maladies
pouvant être fatale à la survie de l'enfant sont dues en grande
partie par la qualité de l'eau consommée. « On remarque le
plus souvent qu'une mère qui donne de l'eau saine à son enfant le
protège contre certaines maladies et par conséquent augmente ses
chances de survie » (T. Vridaou, 2005).
Le type de toilette et le niveau de vie des ménages
sont fortement liés. Les ménages à revenu
élevé disposent des toilettes aménagées et à
l'inverse les ménages pauvres utilisent les latrines non
aménagées. Le risque de mortalité élevé chez
les familles pauvres est dû au risque élevé de
morbidité chez les personnes utilisant des latrines mal en point. (D. P.
Moudjigui, 2003). Les problèmes liés à l'évacuation
et à la canalisation des déchets se posent avec acuité
à tel point que les familles pauvres se trouvent obligées
d'élever leurs enfants dans des conditions hygiènes
précaires. Cette situation diminue considérablement les chances
de survie de l'enfant (Cantrelle, 1996).
De la qualité de l'eau de boisson dépend
beaucoup de maladies intestinales et parasitaires. De la quantité d'eau
disponible dépend la propreté de l'individu et de la maison, sans
laquelle les maladies se propageraient rapidement. De même, la
présence des toilettes tenues dans de bonnes conditions d'hygiène
permet d'éviter le «péril fécal»
(Desgrées Du lou, 1996).
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