CHAP 0. INTRODUCTION
Des inquiétudes s'expriment fréquemment sur le
rythme élevé de la croissance démographique et sur
l'augmentation des densités qu'enregistrent les pays en
développement. Mais l'accroissement de la densité
démographique est un très vieux problème. Depuis
longtemps, les gens disent : «cela ne peut pas
continuer », et pourtant l'évolution se
poursuit. Comment les tendances démographiques actuelles
s'insèrent-elles dans la trame de l'histoire humaine ?
La population mondiale a connu une augmentation plus ou moins
permanente depuis l'apparition de la vie sur la terre, mais son rythme de
croissance s'est accéléré ces deux derniers
siècles. On peut distinguer quatre ères dans l'histoire
démographique de l'humanité.
L'ère
préagricole : pendant peut-être
cinq cent mille ans, les humains vécus précairement de la chasse
et de la cueillette. La croissance démographique était
très faible résultant d'une forte mortalité qui
égalait presque la natalité du moment. Cette croissance
était donc réglée par la nature elle-même.
De l'agriculture sédentaire à la
révolution industrielle : l'introduction
de l'agriculture sédentaire révolutionne la capacité du
globe à faire vivre les humains et « la peur du
nombre » commence à s'installer dans certaines
sociétés. C'est peut-être le philosophe grec Platon
(428-348 avant J.C) qui fût le premier à s'inquiéter de la
croissance de la population dans ses deux ouvrages : « La
République et Les Lois ». Son idéal
démographique est celui d'une population stationnaire et repose sur des
préoccupations essentiellement d'ordre politique et social. C'est par
souci d'ordre qu'il veut stabiliser la population. La fécondité
est donc fondée sur deux règles principales : le
devoir civique et
l'eugénisme. Il revient à l'Etat seul
de la contrôler. Il préconise la contraception et l'avortement et
va jusqu'à recommander l'élimination des enfants né en
violation de la loi. Après lui, son disciple Aristote (384-322 avant
J.C) dans « La Politique » lui emboîte le
pas et propose une période de procréation correspondant à
« la pleine vigueur d'intelligence » et fixe à 18 ans et
37 ans respectivement, l'âge au mariage chez la femme et chez l'homme et
à 50 ans environ, la fin de la période féconde pour des
raisons de qualité de l'enfant. Il préconise alors des mesures
autoritaires de limitation des naissances allant de l'avortement
provoqué à l'infanticide par abandon en cas d'excès. On
remarquera que ces idéologies antinatalistes, peut-être mal
appliquées conduira la Grèce sur la voie de la décadence
par dépeuplement.
Le moyen âge sera dominé par la pensée
chrétienne adoptant un point de vue théologique et moral. D'une
part fidèle au commandement de la Genèse 1, verset 28 :
« Soyez féconds et prolifiques, remplissez la terre et
dominez-la », d'autre part, la doctrine de Saint Paul dans la
première épître aux corinthiens, verset 38 :
« Celui qui marie sa fille fait bien, celui qui ne la marie pas
fait mieux » ou Saint Jérôme :
« Bien que le mariage remplisse la terre, c'est la
virginité qui peuple le ciel ». Le prophète
Mahomet quant à lui, va encourager le mariage et la procréation
en réclamant une famille nombreuse et en blâmant le
célibat. A la fin du XVème siècle, le
mercantiliste Jean Bodin ira même jusqu'à dire
qu' « Il n'y a richesse ni force que
d'homme » et affirme qu' « Il ne faut jamais
craindre qu'il y ait trop de citoyens » (Wakam, 2007).
Pendant les années qui conduisent à la
révolution industrielle, survenue à la fin du
XVIIIème et au début du XIXème
siècle, on assistera à une baisse du taux de mortalité et
une augmentation de l'espérance de vie et à une
accélération progressive de la croissance démographique
jusqu'à 0.5% par an. Toutefois, les famines, les guerres et les
catastrophes naturelles arrêtent périodiquement cette progression.
R. Malthus (1766-1834) va proposer une doctrine selon laquelle,
« la limitation des naissances est la condition de la
prospérité générale et, en conséquence, du
bonheur des humains » (cité par L. Salleron). Celle-ci
repose essentiellement sur la contrainte morale, son réflexe consistant
à dénoncer l'excès et à rétablir
l'équilibre par la réduction (Malcolm, 1998).
De la révolution industrielle à la
seconde guerre mondiale : la fréquence et la
gravité des famines diminuent et parallèlement, la
médecine se développe. Les taux de mortalité chutent et la
croissance démographique augmente rapidement jusqu'à atteindre
1%.
La période de l'après guerre : les
techniques introduites au cours de l'ère précédente dans
les pays développés connaissent une extension mondiale pour
arriver même dans les pays en développement, et
particulièrement en Afrique. La mortalité baisse très
rapidement, entraînant des taux de croissance de 2% à 3% et
même 4%, dans certains pays comme le Kenya, et le temps de
dédoublement de la population mondiale se réduit de façon
spectaculaire. La « Peur du nombre » est à
jamais d'actualité et on cherche à tout prix à
maîtriser la fécondité afin d'éviter les
conséquences néfastes que pourrait engendrer une telle croissance
(Malcolm, 1998).
L'accroissement rapide de la population dans les pays en
développement, et en Afrique particulièrement, va exercer une
forte pression sur les infrastructures sanitaires et sociales. En
conséquence, une grande part de leurs ressources était
consacrée à l'investissement démographique plutôt
qu'aux investissements productifs, aggravant la pauvreté des
ménages dont la fécondité est élevée et
constituant ainsi, dans ces pays, un des facteurs majeurs de mortalité
infantile (Preston, 1987 cité par RAKOTO, 1995).
En effet, à partir du deuxième enfant, la
probabilité de mourir avant le premier anniversaire est fonction
croissante de son rang de naissance (Beghin, 1993). En conséquence, la
mortalité infantile demeure élevée malgré la baisse
notable enregistrée depuis quelques décennies.
Dans le cas de l'Afrique, une grande proportion des
décès infantiles est due aux facteurs liés à la
grossesse, plus particulièrement les grossesses non
désirées ou à haut risques synthétisées par
les quatre «trop » classiques que sont : trop
d'enfants, trop tôt, trop rapprochées et trop tard (Ouedraogo,
2001). Cette situation a montré la nécessité de mettre en
oeuvre des stratégies permettant d'assurer aux populations un minimum de
niveau de vie et d'état sanitaire. Parmi ces stratégies, on peut
citer « la planification familiale ou planning familial
est l'ensemble des moyens qui concourent au contrôle des naissances, dans
le but de permettre aux femmes et donc aux familles de choisir à quel
moment elles auront un enfant » (Wikipédia,
2008).
Dans ces multiples objectifs, on peut retenir celui qui
consiste à donner aux femmes la possibilité de procréer
durant la période la plus propice à sa santé et à
celle du nouveau-né. Ce qui confirme l'avantage sanitaire que l'on peut
tirer de ce programme. Lors de la conférence internationale sur la
planification familiale tenue à Djakarta(Indonésie) en Avril
1981, les représentants des pays africains et des autres continents ont
soulignés les avantages de la planification familiale pour la
santé, notamment celle de la mère et de l'enfant.
Toutefois, la planification familiale a suscité
beaucoup de controverses dans la manière d'interpréter et de
percevoir ses objectifs, sa raison d'être et sa pertinence même.
Certains auteurs pensent que l'argument santé de la planification
familiale n'est qu'une stratégie pour amener la population à
l'accepter, l'objectif final étant la réduction de la
fécondité. La mortalité infantile et maternelle qui
demeure préoccupante en Afrique, malgré une baisse remarquable
par rapport aux décennies précédentes, a été
utilisée pour justifier l'utilité de ce programme. Cela est vrai
particulièrement dans le contexte Rwandais où la mortalité
infantile reste des plus élevées malgré une baisse non
négligeable enregistrée dans ces dernières années.
Le taux de mortalité infantile est passé de 130 pour mille en
2000 (OMS, 2000) à 83,42 pour mille en 2008 (UNDP, 2008) alors que en
même temps la prévalence contraceptive est passée de 4%
à 10% au cours de la même période (EDSRIII, 2005).
Cependant, ces auteurs estiment qu'il n'est pas toujours vrai que l'utilisation
des méthodes contraceptives moderne puisse baisser le taux de
mortalité infantile ou préserver la santé de la
mère, souvent à cause des effets secondaires (Bontgaarts J.,
1987), mais aussi de l'abandon des pratiques traditionnelles favorables
à la santé et à la survie de la mère et de
l'enfant, comme l'abstinence post-partum, qu'elles peuvent entraîner.
Cette situation conflictuelle nous pousse à rechercher
si, pour le cas du Rwanda, la planification familiale des femmes,
adoptée depuis 1982, concourt à la survie infantile à
travers l'utilisation des méthodes contraceptives moderne.
Plus précisément, notre travail cherche à
répondre à la question de savoir si, « dans
le contexte Rwandais, la planification familiale des femmes contribue à
l'amélioration des chances de survie infantile en évitant les
grossesses à haut risques et/ou non
désirées».
L'objectif général de ce
travail est donc de montrer les effets positifs des programmes de planification
familiale des femmes sur la survie infantile et la nécessité du
renforcement de ces derniers. Plus spécifiquement, ce
travail a pour objectifs de :
Ø Evaluer la contribution de la planification familiale
des femmes dans l'amélioration de survie infantile au Rwanda ;
Ø Déterminer les mécanismes d'action de
la planification familiale des femmes sur la survie infantile ;
Ø Formuler des propositions pour le renforcement de ces
programmes de planification familiale.
(L'introduction ne s'arrête pas ici), il reste en effet
l'introduction générale pour les chapitres qui sera fait à
la fin du travail).
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