CONCLUSION GENERALE
Le Burkina Faso à l'instar de plusieurs pays riches en
ressources naturelles a révisé son code minier en 2015 afin de
promouvoir le contenu local qui devrait à terme créer des liens
entre l'exploitation minière et le reste de leur économie.
L'avènement de cette nouvelle vision a été salué
par des acteurs nationaux du monde économique et la
société civile surtout avec la mise en oeuvre depuis le
1er janvier 2022 des textes d'application sur la fourniture
locale.
Ces textes mettent en exergue l'accès des entreprises
locales aux marchés des compagnies minières et la question de la
sous-traitance. Cependant au cours de nos travaux, nous avons pu constater que
l'application de cette politique est confrontée à plusieurs
difficultés. En effet, la faible capacité industrielle des PME
burkinabè à fabriquer des équipements au niveau local et
les difficultés d'accès aux financements adaptés au
secteur minier ne favorisent pas l'épanouissement des fournisseurs
locaux burkinabè. Ainsi les entreprises locales se contentent de
satisfaire à de « petits segments » des besoins des
compagnies minières comme la location des véhicules de transport
et la gestion des ressources humaines.
Nos analyses nous ont également permis de savoir que
bon nombre de PME n'ont pas accès aux bases de données des
compagnies minières afin de leurs proposer leurs offres. Alors que
l'information constitue de nos jours une matière première dans
les entreprises, les PME burkinabè doit intégrer cette nouvelle
donne en mettant en place de nouvelles stratégies. Elles doivent mener
une surveillance rigoureuse des technologies et des tendances du marché
du secteur des mines et établir en se dotant chacune, de cellules de
veille et de gestion de l'information dans le secteur. Il en de même pour
les autorités qui doivent surveiller le secteur minier dans sa
globalité en mettant en place une bonne politique de gestion de
l'information minière. Car l'information est devenue une ressource
stratégique pour les acteurs publics.
Il existe plusieurs moyens pour obtenir l'information. Ce qui
importe maintenant c'est la manière de la gérer et de la
protéger, en développant des capacités dynamiques en
interne. Pour maximiser les retombées du secteur minier au Burkina Faso,
les autorités doivent avoir à l'esprit que le contenu local ne
saurait se limiter à la fourniture locale. Des pans tels que la
promotion de l'emploi local, la transformation locale des produits miniers et
l'alliage entre la stratégie nationale du contenu local à la
stratégie nationale d'industrialisation doivent être pris en
compte (confère tableau N°15).
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Pour se faire il s'avère nécessaire
d'accélérer le plan d'action de la stratégie
(confère tableau N°11) en adoptant les textes sur les emplois
locaux et la promotion de l'expertise nationale, la création d'un fonds
de garantie pour soutenir les champions nationaux et la création d'une
bourse de sous-traitance comme l'ont fait plusieurs pays riches en ressources
naturelles.
Dans la mise en oeuvre des actions de contenu locale, les
compagnies minières doivent aussi être regardantes sur les
préoccupations en matière de fourniture locale des populations
riveraines de la mine (le Local-Local) même si les textes indiquent que
le local renvoie au territoire national. Aussi, la structure du capital donne
une idée de la confiance accordée notamment par les investisseurs
étrangers à l'économie nationale par le biais de leurs
apports de ressources nécessaires à la création des
entreprises. D'où la nécessité pour les autorités
de contrôler cette notion d'entreprises de droit burkinabè
(capital social appartenant à au moins 51% à des personnes
physiques ou morales de nationalité burkinabé, dans la mesure
où au Burkina Faso dans tous secteurs confondus (formel et informel),
les « non nationaux » ont participé à près d'un
tiers (30%) à la création des entreprises. Le privé
burkinabè participe pour plus de la moitié (54,9%) à la
formation du capital social à la création des entreprises
(septième Recensement industriel et commercial RIC VII, INSD, 2018).
Dans un contexte de crise sécuritaire qui impacte durablement la
production minière avec la fermeture de certaines compagnies
minières, la sécurisation des sites miniers doivent
également figurer parmi les priorités des autorités
burkinabè.
C'est dire que la mise en oeuvre de la stratégie
nationale du contenu local dans son ensemble devrait s'appuyer sur un outil
efficace tel que l'Intelligence économique comme le recommande le
référentiel national de développement (RND) 2021- 2025 :
« la proactivité s'appuiera sur l'Intelligence économique
(IE) en tant que mode de gouvernance fondé sur la veille, l'exploitation
et la protection de l'information stratégique, la maîtrise des
risques (sécuritaire, économique...) et l'influence sur
l'environnement national et international ».
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