3.2.2. Activités de mobilisation des hommes
autour de certaines idées et certains
enjeux politiques
Au sujet de la mobilisation, le professeur MULUMBATI NGASHA
Adrien note :
"Par plusieurs moyens et notamment par des compagnes de
sensibilisation, les partis mobilisent des hommes soit autour des certaines
idées, soit encore autour de certains enjeux
politiques".103
Cependant, en RDC, les partis qui se livrent à la
mobilisation des hommes sont à compter au bout de doigts, car il semble
que, la préoccupation majeur de ces partis reste la recherche des moyens
financiers et des privilèges, alors tels partis ne peuvent initier ni
idées, ni enjeux autour desquels sympathisants et militant peuvent
construire une réflexion ou adhérer. Comment voudriez-vous qu'un
parti dont les membres ne se réunissent que quand il faut partager le
gâteau provenant des alliances et coalitions initie ou mobilise les
hommes autour des certaines idées et certains enjeux politiques ?
Il est clair et connu de tous que :
"La République Démocratique du Congo passe pour
un cas atypique, ou l'anomalie est devenu la norme normale, notamment en ce qui
concerne les partis politiques"104
En effet, les véritables idées qui circulent
dans les partis politiques sont les cultes du président fondateur.
3.2.3. Formation de l'opinion publique
A ce propos, David Apter souligne qu' "une fonction primaire
des partis politiques est de structurer l'opinion publique, de mesurer ses
attitudes et de les transmettre aux responsables gouvernementaux et aux
dirigeants, de sorte que gouvernés et gouvernants, l'opinion et le
pouvoir, soit raisonnablement proches les uns des autres.105
Ainsi qu'on vient de le mentionner avec David Apter, part et
à travers de nombreuses voies, les partis politiques peuvent parvenir
à former l'opinion par exemple sur la gestion des affaires publiques.
Bien au contraire, les partis politiques congolais dont le grand nombre
demeurent dans le clientélisme et la recherche des profits, se trouvent
incapable de faire admettre à la population une quelconque opinion
puisqu'étant déjà discrédité aux yeux de la
population, à ce titre, les exemples sont légion : après
les élections présidentielles et législatives de 2011, il
avait été établi par les partis de l'opposition qu'il y
aurait boycott des séances parlementaires dans le but de remettre la
vérité des urnes ; curieusement certains leaders de la même
opposition, notamment NKISI KOMBO voté sous étiquette de l'UDPS,
a par contre toute attente, accepté de siéger comme
président du bureau provisoire de
103 MULUBATI NGASHA, Introduction..., op.cit., p.47.
104 MPALA L., Pour nous chercheur en Science politique,
Lubumbashi, Ed. Mpala, 2008, p.14.
105 David Apter cité par SCHATTSCHNERDER E.,
op.cit., p.91.
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l'Assemblée Nationale moyennant une somme d'argent qui
lui aurait été versée par la majorité
présidentielle.
Par ailleurs, il convient de relever le scandale de message
téléphoniques qui a éclaté en 2010, en effet,
rappelons ici, qu'il avait été dévoilé que pour
voter pour telle ou telle autre loi, les députés de la
majorité présidentielle ne tenaient pas compte de
conséquences de ladite loi.
Eu égard à ce qui précède, il
semple crucial de noter que les partis politiques congolais ne fonctionnent pas
comme les partis de partout ailleurs ou monde, ils sont pour la plupart, des
principaux moyens de subsistance de leurs fondateurs, ils ne sont
présents que lorsqu'il s'agit de partager des profits ou de pouvoir les
postes issus des alliances c'est ainsi que face à cette cacophonie,
Evariste BOSHAB s'interrogeait, où vont les partis politiques ?
Ainsi que nous pouvons compléter nos analyses avec les
résultats de l'enquête du centre d'études politiques Konrad
ADENAUER, selon lesquels "les partis politiques en RDC n'ont pas de
siège propre et manquent d'archives".106
Concernant leurs programmes, ce terme englobant aux termes de
l'enquête, tous les documents qui aident les partis politiques à
exprimer leur opinion c'est-à-dire le programme proprement dit, le
projet de société ou le programme électoral,
l'enquête a relevé ce qui suit :
1. Il existe un écart entre les prescrits de la loi en
matière de documents vitaux pour un parti (statut etc.) et la pratique
quotidienne ;
2. Le siège du parti, pourtant élément
vital de l'existence d'un parti trahit la précarité de la plupart
des partis politiques ;
3. Le projet de société des partis politiques
est une coquille vide dans la plupart des cas, et en semble pas de ce fait,
avoir un impact sur l'action politique ;
4. La communication des partis politiques est
déficitaire, la mobilisation des partisans est faible entre les
échéances électorales, et la formation civique des
militants est quasi inexistante ;
5. Quant au programme électoral, le "changement" et la
"bonne gouvernance" n'y figurent qu'à titre de maître-mot et sont
creux et démagogiques et non comme concepts idéologiques ;
6. La question des ressources financières reste
préoccupante pour les partis politiques et les pouvoirs publics, dans un
contexte de pauvreté généralisée des
adhérents et/ou des militants et d'absence de mécanismes de
financement des partis politiques.107
Somme toute, nous ne pouvons clore ce chapitre sans dire un
mot sur l'implantation des partis politiques qui, du reste demeure un facteur
pouvant influencer positivement ou négativement sur le rôle
desdits partis politiques dans un processus démocratique. L'implantation
des partis politiques sur l'étendue du territoire national est
106 Konrad ADENAUER, op.cit.
107 Idem.
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reconnue même par la loi n°04/002 du 15 mars 2004
portant organisation et fonctionnement des partis politiques qui, au point A de
l'article 3 stipule
"...A leur caractère national et ne peuvent ni
s'identifier à une famille, à un clan, à une tribu,
à une ethnie, à une province, à un sous-ensemble du pays,
à une race, à une religion, à une longue, à un sexe
ou à une quelconque origine...108 à la même loi
de poursuivre à l'article 3".
Les partis politiques se créent, s'organisent et
exercent leurs activités librement sur l'entendue du territoire national
dans le respect de la constitution..."
Au terme de la loi sus évoquée, il est
facilement compréhensible qu'il est reconnu aux partis politiques,
à la fois, le droit et l'obligation de s'implanter effectivement sur le
territoire national, car le faire reviendrait, pour les partis politiques,
à une prouesse pouvant leur permettre de drainer de marées
humaines.
Ainsi les considérations ci-haut
développées corroborent avec pertinence les résultats de
recherchent menées par le CASE (Commission Africaine pour la
surveillance des Elections).109 En effet, sur 599 partis politiques
régulièrement enregistrés au Ministère de
l'intérieur, en ce temps-là seul 4 partis politiques, soit 0,83%
étaient implantés sur vaste étendue du territoire
évalué à 75%. Ce rapport mentionne aussi que 12 partis
politiques soit 2,52% ne sont implantés que dans les chefs-lieux de
provinces avec un taux de 45%. En fin, dans ce rapport paraissent 461 partis,
soit 96,64% qui n'ont pas de base réelle dans la société,
pour la plupart des cas les partis de cette dernière catégorie
sont seulement à Kinshasa et parfois ne couvrent même pas la
totalité des communes de la capitale. De manière plus pratique,
l'implantation des partis politique se présente de la manière
suivante :
Tableau n°2 : Les partis implantés sur 75%
du territoire national
N°
|
DENOMINATION
|
SIGLE
|
ARRETES
D'ENREGISTREMENT ET LETTRE D'AUTORISATION
|
ADRESSE
|
1.
|
Parti du peuple pour le
|
PPRD
|
N°031/2002 du 02/04/2002,
|
Croisement des
|
|
reconstruction et la
démocratie
|
|
n°1832/2004 du 15/09/2004
|
avenues Pumbu et Batetela
|
2.
|
Mouvement pour la
|
MLC
|
N°051/2006 du 03/03/2006,
|
3 Avenue Port,
|
|
Libération du Congo
|
|
n°0669/2004 du 13/04/2004
|
C/Gombe
|
3.
|
Union pour la
|
UDPS
|
N°91-049 du 17/01/1991,
|
10ème Rue av.
|
|
Démocratie et le Progrès
|
|
n°16821/2004 du 14/0912004
|
Cannas, C/Limite
|
|
Social
|
|
|
|
4.
|
Union pour la Nation Congolaise
|
UNC
|
N°111 du 19/06/2010
|
247 Av : Madiane, C/Barumbu
|
|
Source : KONRAD ADENAUER, op.cit.
108 Art 3 de la l3oi n°004/002 du 15 Mars 2004,
op.cit.
109 Rapport de la CASE, op.cit.
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Commentaire : Le TN2 reprend les partis
politiques implantés sur 75% du territoire national. Il s'agit du PPRD,
UDPS, UNC, MLC. L'implantation de ces partis politiques sur l'ensemble du
territoire national est visible par des fédérations provinciales,
communautés ou organisation au niveau des territoires et autres.
Tableau n°3 : Partis politiques implantés
sur 45% du territoire national
N°
|
DENOMINATION
|
SIGLE
|
1.
|
Mouvement Social pour le Renouveau
|
MSR
|
2.
|
Alliance de Forces Démocratique du Congo
|
AFDC
|
3.
|
Eveil de la Conscience du Travail
|
ECT
|
4.
|
Alliance pour le Renouveau du Congo
|
ARC
|
5.
|
Union Nationale des Forces Démocratiques
|
UNAFD
|
6.
|
Union pour le Développement du Congo
|
UDCO
|
7.
|
Parti Démocrate-Chrétien
|
PDC
|
8.
|
Parti Lumumbiste Unifié
|
PALU
|
9.
|
Rassemblement pour la Reconstruction du Congo
|
RRC
|
10.
|
Union Nationale des Fédéralistes du Congo
|
UNAFEC
|
11.
|
Parti du Peuple pour la Paix et la Démocratie
|
PPRD
|
12.
|
Mouvement pour l'Intégrité du Peuple
|
MIP
|
|
Source : KONRAD ADENAUER, op.cit.
Commentaire : Le TN3 reprend les partis
politiques implantés sur 45% u territoire national. Il s'agit des MSR,
AFDC, ECT, ARC, UNAFD, UDCO, PDC, PALU, RRC, UNAFEC, PPRD, MIP. L'implantation
de ces partis politiques sur l'ensemble du territoire national est visible par
des fédérations provinciales comités organisation au
niveau des territoires et autres.
Tableau n°4 : Partis politiques implantés
sur 20% du territoire national au moins
Pour des raisons pédagogiques et d'harmonie, nous nous
réservons de présenter le reste des partis politiques (97%), pour
autant que ces partis n'ont pas d'influence directe sur le présent
travail et au vu du principe voulant que dans une analyse systématique,
le chercheur puisse se choisir la liberté de trier seules quelques
variables (variables existentielles) ayant une incidence sur sa recherche.
Actuellement, les partis politiques étaient
organisés en deux grandes composantes : Majorité
Présidentielle (MP) et opposition, dont la justification se trouve dans
l'exposé des motifs de la loi n°07/008 du 4 décembre 2007
portant statut de l'opposition politique en République
Démocratique du Congo, disposant :
"Depuis 1960, la République Démocratique du
Congo à travers plusieurs crises politiques qui ont mis à mal la
cohésion nationale et les libertés publiques. L'acceptation
réciproque du pouvoir et de l'opposition a souvent fait défaut
pour assurer une démocratie apaisée.
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La mise en place d'un statut de l'opposition politique en
République Démocratique du Congo est une innovation de son
système politique".110
De ce fait, en marge de la loi citée ci-haut est dans
l'opposition un parti politique ou un regroupement des partis politiques qui ne
participent pas à un gouvernement (exécutif) et/ou ne soutient
pas son programme d'action et qui a fait une déclaration d'appartenance
à l'opposition (art 2 et 3).
L'appartenance à l'opposition politique fait
bénéficier les partis et regroupement politiques de plusieurs
droits et les soumet à des obligations, en plus de ceux reconnus
à tout parti politiques, en l'occurrence :
- Le droit d'être informé de l'action de
l'Exécutif en particulier sur les questions importantes (art 8 et 9)
;
- Le droit de critiquer l'action de l'Exécutif et la
liberté d'expression, d'opinion politique (immunité, interdiction
de la discrimination (art 8 ch. 2) ;
- Le droit d'être rapporteur et de présider,
à tour de rôle avec la majorité, les travaux de
commissions de contrôle ou d'enquêtes sur l'action de
l'exécutif (art. 8 ch. 3) ;
- Le droit de faire inscrire les points à l'ordre du jour
des assemblées délibérantes (art. 8 ch. 4) ;
- Le droit pour ses responsables d'être reçu par les
autorités (art 10)
- Le droit à une représentation, proportionnelle
à leurs poids numériques, dans les groupes parlementaires
à partir de la deuxième législature (art. 11 et 29) ;
- Le droit au libre accès et à un égal
traitement par les médias publics à la couverture de leurs
manifestations et diffusion de leurs communiqués (art
13).111
A tous ces droits, la loi du 10 juin 2008 sur le financement
des partis politiques ajoutait le droit à un subventionnement pour les
compagnes électorales et les frais de fonctionnement (art. 7 de la loi
du 10 Juin 2008).
A contrario, il est, en outre exigé d'un parti
politique de l'opposition parlementaire de s'obtenir de recourir à la
violence, former et informer ses militants sur les questions touchant la vie
nationale. (Art 16)
Enfin, pour être complet, précision qu'encourt
une sanction pénale, pour toute autorité publique, tout agent
dépositaire de l'autorité publique ou de l'administration
publique qui restreint les droits de l'opposition parlementaire. (Art 25).
110 Loi n°07/008 du 4 Décembre 2007 portant statut
de l'opposition politique en RDC.
111 Idem
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