3. Les partis politiques face aux valeurs
démocratiques
La démocratie, où qu'elle se pratique, repose
sur un certain nombre d'éléments sans lesquels il est quasiment
impossible de parler de démocratie ; ces éléments
constituent ce que nous appelons valeurs démocratiques, qui sont des
piliers qui soutiennent le grand édifice toujours en construction qu'est
la démocratie ; Alors vue l'importance de ces valeurs pour la survie
d'une démocratie, nous allons confronter les partis politiques à
certaines d'entre elles pour dégager leur apport. Ainsi, nous parlerons
de :
- La participation de la population à la vie politique -
De la bonne gouvernance.
3.1. Partis Politiques et participation de la population
à la vie politique
La participation de la population à la vie politique
fait référence aux diverses manières au travers desquelles
la population exprime ses opinions politiques ; ses manières
revêtent des formes variées dont certaines sont dites
conventionnelles comme le vote, les comportements liés au processus
électoral et aux partis, participer à une campagne, se tenir
informer de la vie politique, prendre part à une discussion politique,
assister à des réunions politiques, contacter un élu,
adhérer à un parti politique, et d'autres dites protestataires
comme signer une pétition, prendre part à une manifestation,
occuper un bâtiment public...
Il se trouve que dans la participation politique, le parti
politique est le catalyseur, l'élément incitateur qui, par son
intervention, provoque l'avancement du processus démocratique ; pour
appuyer davantage cette affirmation, analysons minutieusement le rôle du
parti dans chacune des formes de participation politique mentionnées
ci-haut.
Par le vote, la population participe à la vie politique
en donnant son opinion ; les opinions ainsi exprimées par la population
donnent un contenu à la démocratie ; laquelle nécessite la
participation le concours de tous pour être effective. Pour que le vote
ait lieu, les partis politiques encadrent les électeurs, leur montrent
quoi faire et les incitent à participer massivement pour que les
candidats mal mentionnés ne profitent guère de leur
passivité pour tricher. En lançant ces appels de participation,
les partis politiques ouvrent alors une grande voie au peuple pour ne pas se
laisser tromper ; ces appels à la participation massive aux
élections ont été lancés lors de la campagne
électorale de 2011 par le secrétaire du MLC, le président
de l'UNC, le président de l'UDPS, bref, par la plupart des partis de
l'opposition pour prévenir la population contre une tricherie qui serait
organisée par la plate-forme majorité présidentielle (MP)
et le président de la commission électorale nationale
indépendante aux élections de 2011.
Une autre façon de participer à la vie
politique, c'est par et à travers certains comportements liés au
processus électoral et aux partis politiques ; les élections sont
un long processus commençant par l'encadrement politique et juridique
jusqu'à la proclamation des résultats, en passant par la campagne
électorale et le vote. Pendant ce long processus, le parti politique a
le devoir de contrôler chaque étape pour un bel aboutissement
dudit processus afin
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de permettre l'éclosion de la démocratie,
l'aménagement des bureaux de vote et l'enrôlement
électoral, le parti doit veiller à ce que les bavures soient
moindres pour permettre un vrai jeu démocratique ; alors, le parti
procède par plusieurs mécanismes pour faire participer la
population à ce stade du processus démocratique, il les incites
à se faire recenser, à connaître les différents
bureaux de vote et les diverses circonscriptions de leur territoire et à
se faire enrôler afin d'avoir accès au vote ; ainsi
interpelée, la population peut se trouver toucher profondément et
pourrait même développer le besoin de participer avec enthousiasme
au processus démocratique.
En RDC les exemples en cette matière sont nombreux,
certains heureux et d'autres malheureux. On se souviendra de l'appel au boycott
des élections lancées par l'UDPS en 2006 ; ce qui fait qu'une
grande partie des citoyens congolais n'a pas participé au processus
électoral de l'année précitée, arriver à la
publication des résultats une crise politique non négligeable
s'en est suivie, une crise de légitimité s'y est ajoutée
et la démocratie de tout un pays s'en est trouvée
sacrifiée.
Les exemples heureux qu'a connus la RDC en terme de
participation à la vie politique se sont observés aux
élections de novembre 2011 ; à ces élections beaucoup de
partis ayant un candidat à la présidentielle ou aux
législatives, dès les préparatifs, avaient invité
ces sympathisants à participer à l'avancement du processus
démocratique en allant tous voter pour le candidat de leur choix, ce qui
justifie le fait que, par rapport aux échéances
électorales de 2006, celles de 2011 ont connu un taux
élevé de participation.
Participer à une campagne est un acte qui favorise
l'épanouissement de l'esprit démocratique par les citoyens d'une
nation. Quand l'individu participe lui-même à la diffusion de
quelques idées, il se trouve lui-même concerné par ces
idées et il en fait siennes. Alors si la campagne à laquelle
participe le peuple est une campagne de sensibilisation, le peuple qui
sensibilise, lui est sensibilisé deux fois, si c'est une campagne
d'information, il est informé deux fois ; de ce fait, la participation
comme base de la démocratie se trouve effectivement posée. A ce
titre, les élections de novembre 2011 vont une fois de plus nous servir
d'illustration ; on se souviendra du code de bonne conduite signé par
certains leaders des partis politiques soucieux d'apaiser les tensions durant
la période pré-électorale. Les signataires de ce code se
sont employés, eux et leurs militants, à initier une campagne de
diffusion des idées de tolérance et de non-violence ; c'est ainsi
que les partis politiques congolais, souvent ceux de la majorité
présidentielle, se sont mobilisé pour s'engager à
respecter ce code de bonne conduite, d'où le PPRD avait organisé
des assises afin d'initier ses sympathisants à la non-violence, l'UDECO
avait aussi suivi la marche en distribuant à Lubumbashi des tracts ou il
était inscrit des attitudes de tolérance à adopter par les
membres durant la campagne de 2011 ; cependant, la méconnaissance de ce
code par plusieurs partis de l'opposition avait fragilisé le respect
à devoir au code par les autres partis signataires, ce qui a
favorisé plusieurs cas de violence à Lubumbashi et dans d'autres
partis de la république notamment les affrontements successifs entre les
militants de l'UDPS et ceux de l'UNAFEC à Lubumbashi.
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Signer une pétition, prendre part à une
manifestation, sont aussi des formes de participation politique auxquelles les
partis initient leurs sympathisants pour épanouir la
démocratie.
Le fait de prendre part à une manifestation, laquelle
permet au peuple d'exprimer soit son mécontentement, soit son soutien.
Pour la plupart de cas, ce sont les partis qui organisent les manifestations ;
alors pour organiser une manifestation, les ressources humaines sont
indispensables. Parlant de ce sujet, beaucoup de partis politiques de la RDC
n'ont d'autres membres en dehors du staff dirigeant, il ressort que ces partis
sont non partants pour la tenue des manifestations, c'est ainsi que beaucoup
d'entre eux recourent au recrutement des manifestants ; pour une bonne
compréhension, il vaut mieux nous référer à
l'exemple de l'AFDC cité au deuxième chapitre, où ledit
parti recrutait des passant à Kinshasa moyennant 2500Fc pour le soutien
à la candidature de Joseph Kabila en 2011.
La participation politique sous ses diverses formes est un
pilier non négligeable qui soutient à la démocratie, qui
favorise son épanouissement et sa mise en application, pour y parvenir
un moyen est indispensable, le parti politique constitue le train qui achemine
à sa destination.
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