2.2. Partis politiques et sélection des candidats
aux fonctions électives
Les partis politiques n'ont pas que la seule fonction
d'éclairer les choix électoraux, la législation congolaise
leur assigne aussi une deuxième fonction qui est celle de
sélection des candidats aux fonctions électives. En marge de
cette fonction, le parti politique est appelé, par son organisation
interne, à choisir parmi ses membres ceux qui vont le représenter
aux élections de différents niveaux (présidentiel,
législatif, municipal...).
Cette sélection s'effectue au sein même du parti
et souvent au niveau national dans ce qu'on appelle congrès du parti
pour permettre une véritable compétition entre les membres afin
de trouver des candidats séduisants pour les échéances
électorales.
Une remarque importante mérite d'être
soulevée à ce niveau, c'est que la sélection de candidat
permet un véritable jeu démocratique d'abord au sein du parti,
puis au niveau des élections. Au sein du parti parce que si la
sélection s'effectue correctement c'est-à-dire en suivant des
critères objectifs, ce serait un avantage pour le parti d'avoir des
candidats de taille dans ses rangs. Au niveau des élections l'avantage
s'accroit, car ce n'est plus le parti tout seul qui va bénéficier
du savoir-faire de ses candidats, mais le pays tout entier et là, les
moeurs démocratiques s'en trouvent renforcées davantage.
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Il convient par ailleurs de mentionner que si ce point figure
dans ce chapitre, c'est pour la simple raison que la sélection des
candidats n'est possible que dans un parti politique. Or les partis politiques
n'existent que dans une démocratie, donc, il est important d'en parler
pour cerner l'apport des partis politiques au processus démocratique qui
est leur cadre de vie.
En République Démocratique du Congo, les partis
politiques fonctionnent de leur manière et sélectionnent les
candidats suivant leurs critères. Il est important, dans cette analyse,
de souligner que les critères de sélection des cadres dans la
plupart des partis sont la résultante de la seule volonté du
président du parti qui, en même temps, est fondateur et principal
donateur du parti. Le parti doit son existence à sa
notoriété. C'est ainsi que nous avons des propos comme : "Je n'ai
fait 30ans de lutte pour laisser aujourd'hui ma place à un
autre".97 N'organisant presque jamais des assises au cours
desquelles les candidats peuvent être sélectionnés, ces
partis présentent souvent aux élections les candidats sur base
des affinités qui existent entre ceux-ci et le fondateur dudit parti et
à ce niveau, le parti manque de démocratie interne comment
l'indique une enquête menée par les étudiants de la
Faculté des Sciences Sociales, Politiques et Administratives de
l'Université de Kinshasa en novembre 2011. Par-là, il y a lieu
d'affirmer que dans les partis politiques congolais les critères de
sélection ne sont pas clairs et définis.
Au demeurant, il s'avère indispensable de faire mention
du lien entre sélection des candidats et gestions des affaires
publiques. En effet, dans un pays où le mode privilégié
d'accès au pouvoir à tous les niveaux de l'Etat reste
l'élection, l'influence des pratiques internes des partis politiques
n'est pas à méconnaitre lorsqu'il s'agit de comprendre le
processus démocratique ; comme nous l'avons noté ci-haut avec E.
BOSHAB, la plupart des partis politiques congolais se confondent à leurs
fondateurs et c'est souvent le fondateur qui finance le parti. Le fondateur
fait tout à sa guise et ne peut se laisser contredire. Du fait qu'il est
le fondateur du parti et son principal donateur, le fondateur se comporte en
tyran dans le parti. Sans oublier qu'au sein même du parti il y a une
éducation politique qui est inculquée aux membres ; ce qui veut
dire qu'une fois élu quelque part, un membre ayant reçu
l'éducation du parti ne pourra que faire montre de son comportement en
transposant dans sa sphère de pouvoir les pratiques en vogue dans son
parti d'origine et c'est cette situation qui nous pousse à affirmer avec
le professeur BOKONGO LIBAKEA que "les partis politiques congolais manquent de
démocratie interne".98
Face à cette malformation congénitale des partis
politiques en République Démocratique du Congo, MENGI KAPITA note
que "dans notre jeune démocratie la plupart des partis se confondent
à leurs fondateurs. Ce qui porte souvent à croire que le parti
c'est le Leader. Il y a alors danger d'unanimisme, de totalitarisme interne au
sein du parti". Dans la majorité des partis qui existent en RDC, tel que
confondu au parti, le Leader dicte la conduite à tout le parti et prend
des décisions sans se concerter avec les autres membres dudit parti ; il
suffit juste de jeter un regard sur le nombre de fois que l'UDPS a tenu un
congrès, lui qui est parmi les plus vieux et plus influents parti du
pays, depuis sa création en 1982 jusqu'en 2011 pour comprendre le manque
de concertation dans ce parti, ou de considérer la défection de
la
97 BOKONGO LIBEKEA M., Séminaire d'histoire
politique, déjà cité.
98 Idem.
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Solidarité Congolaise pour la Démocratie (SCODE)
à la plate-forme MP pour comprendre l'asphyxie totalitaire qui ronge
plusieurs partis congolais.99
Alors, la sélection des candidats qui, au départ
était une affaire du parti, devient un handicap pour la
démocratie de tout un pays et par cet exemple nous comprenons combien il
est important pour un parti de contrôler chacun de ses gestes parce que
la démocratie en dépend grandement.
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