2. Participation des citoyens au processus
démocratique
Le cadre juridique et institutionnel qui règlemente les
libertés d'expression et d'association ainsi que les droits des
organisations non gouvernementales en RDC en place
33 TSHISUNGU LUBAMBU, Cours des Théories et
Doctrines Politiques, L2 HGP, ISP-MBKA, 2007-2008.
34 Idem.
35 BOSHAB E, op.cit., p.17.
36 ISAGO IDI MWANZILA, cité par Benjamin
Constant, op.cit., p.87.
Page | 15
des conditions suffisantes pour assurer une participation
aussi large que possible de la société civile dans les affaires
politiques. La constitution du 18 Février 2006 réserve un
chapitre entier, avec 22 Articles, à l'affirmation et à la
protection des libertés et droits civiles et politiques des citoyens.
Contrairement aux pratiques dictatoriales instituées par le
régime colonial et, ensuite, par le système de parti unique, la
participation des citoyens et de groupes de citoyens à la vie politique
est désormais rendue possible, ouverte, admise et encouragée par
la constitution et les lois du pays. La loi sur la presse est largement
libérale et des organes de presse privés jouissent d'une
indépendance relativement large comparativement a beaucoup de pays
Africains de même niveau de développement politique. Cependant, il
apparait que, dans la pratique courante, l'effectivité de la jouissance
de ces droits et libertés n'est pas pleinement assurée. A travers
des mesures administratives l'exécutif parvient à exercer sur les
médias un contrôle insidieux qui contraint les libertés
garanties dans la constitution. Des faiblesses institutionnelles et une
capacité organisationnelle décroissante empêchant la
société civile à participer pleinement aux processus
décisionnels.
2.1. Liberté d'expression sous haute
surveillance
Le droit à l'information et la liberté
d'expression sont garantis et protégés en vertu de la
constitution du 18 Février 2006 ainsi que la loi sur la
presse.37 Sur le plan pratique, la RDC bénéficie d'une
large gamme de moyens d'expression, d'information et de formation de la
population. Il existe plus de trois cents médias audiovisuels (station
de radiodiffusion et chaines de télévisions publiques,
communautaires et privées) sur le territoire national.38 Aux
côtés des médias publics gérés à
travers la Radio Télévision Nationale Congolaise (RTNC), les
organes d'information privés jouissent et font preuve d'une large
liberté d'expression. Leurs programmes font souvent intervenir des
débateurs représentant des positions, opinions et origines
politiques diverses voire contradictoires. C'est incontestable que les
médias privés jouissent d'un degré élevé de
liberté d'expression en RDC, certains observateurs pensent même
qu'ils sont les plus libres d'Afrique.39
La liberté d'expression demeure néanmoins
très fragile. En dépit des garanties juridiques, l'Etat ne semble
pas suffisamment disposé à tolérer les voix discordantes.
Des journalistes sont régulièrement harcelés, poursuivis
et arrêtés pour avoir exercé leur liberté
d'expression. Au cours des dernières années de nombreux
journalistes ont été interpellés, emprisonnés,
tués à Kinshasa et dans les autres parties du pays ; plusieurs
responsables des chaînes de télévision et de radio ont fait
l'objet de harcèlements et leurs organes d'information ont
été saccagés ou fermés. C'est le cas de la Radio
liberté, de Canal Kin Télévision, de Canal Congo
Télévision, de Global télévision et de
Molière Télévision. Des journalistes ont été
assassinés au cours des années qui ont suivi les élections
de 2006 apparemment en Rapport avec leur profession.
37 Journal officiel de la RDC, la constitution...,
op.cit.
38 KAYEMBE A., situation des médias en
RDC, paris, Institut Panos et DFID, 2008, p.66.
39 MUBANGI G, "Le parcours de la presse congolaise et
le rôle de l'oralité comme relais de l'information en Afrique" in
La conscience, Kinshasa, 2008, p.9.
Page | 16
L'Union Nationale de la presse congolaise (UNPC) a
enregistré au moins un mort violent chaque année depuis 2005
parmi les membres de la profession y compris Franc NGYKE (Kinshasa, 2005),
BADUWA MWAMBA (Kinshasa 2006) Serge MAHESHE (BUKAVU 2007), MUTOMBO KOHIDO
(Lubumbashi 2007), Patrick KIKUKU (Goma 2007), DIDOCE NAMUJIMBO (BUKAVU 2008),
et Bruno KOKO CHIRAMBIZA (BUKAVU 2009).
|