Enjeux sociaux, économiques et écologiques de l'utilisation des foyers améliorés dans la ville de Ngaoundéré au Cameroun de 1990 à 2020.par Moussa DELI Université de Ngaoundéré - Master 2 2020 |
I.1.2.Réduction de la quantité de bois de chauffe et du temps mis pour la récolteL'utilisation des foyers améliorés permet la réduction de temps de récolte de bois de chauffe et les risques qui en découlent de celui-ci. Dans le milieu rural de la ville de Ngaoundéré, le bois de chauffe est majoritairement collecté que vendu, collecte qui est un travail des femmes et leurs enfants. Souvent, ce sont des enfants qui accompagnent leurs mères avec le pousse-pousse et certains le font à pied. Le bois de chauffe est collecté dans la brousse et le temps mis pour ladite collecte est environ de deux à trois heures. En plus, l'approvisionnement se fait sur de longues distances (environ 10 à 15km) à cause de la rareté de bois de chauffe et l'éloignement de la zone de coupe de bois de chauffage s'explique par la croissance des besoins en bois-énergie suite à la croissance démographique qu'a connue la ville de Ngaoundéré depuis quelques décennies. Enock lors de notre enquête affirmait :211(*) Le grand matin comme dans l'après-midi, les femmes sont accompagnées communément de leurs enfants pour aller collecter le bois de chauffe sur de longues distances engendrant des conséquences considérables comme la fatigue générale, les blessures par hache ou machette, les morsures de serpents, les maux de tête et/ou de cou à cause de charge trop lourdes.
La collecte du bois de chauffe dans ces conditions est pénible et demande assez d'énergies physiques car le récolteur dépense doublement d'énergies d'abord à cause de la distance à parcourir, ensuite le temps qu'il consacre à la récolte du bois de chauffe. Alors, l'avènement du foyer amélioré a permis d'atténuer les conditions sociales difficiles des ménages. En effet, l'introduction de foyer amélioré a permis la réduction considérable du temps de récolte de bois de chauffe et la réduction des risques qui découlent de la collecte dudit bois car plus de la moitié de catégorie des récolteurs ne parcourent plus des longues distances comme avant puisque « ce nouveau matériel ne nécessite pas trop de bois212(*) ». Quant aux risques liés à la récolte du bois, les collecteurs de bois ont mentionné que les foyers améliorés ne changent pas la nature de ces risques comme l'abattage et le débitage d'un arbre qui comportent toujours le même risque de se blesser avec la machette ou la hache213(*). La différence des risques entre « avant » et « maintenant » est plutôt due à une faible exposition de ceux-ci suite à la diminution de la fréquence de récolte (elle-même due à la réduction du besoin en bois). En comparant le foyer traditionnel et le foyer amélioré, nous constatons que les distances n'ont pas changé avec l'adoption de ce dernier. La fatigue de transport étant la même, seule sa fréquence a diminué à cause de la réduction du besoin en bois de chauffe214(*). Nous notons également une diminution considérable des maux de cou ou maux de dos215(*). En effet, la réduction du besoin en bois de chauffe permettant de transporter les fagots les plus petits et la réduction de fréquence de transport ont permis une nette amélioration de la santé des récolteurs. Toutefois, la fabrication et la distribution des foyers améliorés réduisent l'exposition des femmes et des filles à toutes formes de violences sexuelles en limitant leur dépendance au ramassage de bois216(*). * 211 Entretien avec Enock, Ngaoundéré, le 29 Septembre 2020. * 212 Entretien avec Mme Rolly, Ngaoundéré le 29 Septembre 2020. * 213 Entretien avec Amos, Ngaoundéré, le 29 Septembre 2020. * 214 Entretien avec Djibril, Ngaoundéré, le 30 Septembre 2020. * 215 Entretien avec Mme Boné, Ngaoundéré, le 30 Septembre 2020. * 216 Entretien avec Amos, Ngaoundéré, le 29 Septembre 2020. |
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