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La contribution de la coopération luxembourgeoise dans la mise en place d’un système national de transfusion sanguine au Burkina Faso de 1997 à  2016.


par NathanaàƒÂ«l YAMEOGO
Université Joseph Ki Zerbo Ouagadougou - Master 2 histoire économique 2020
  

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CHAPITRE 2: la revue de littérature

La revue de littérature résulte de l'exploitation des travaux et des oeuvres qui ne sont pas en rapport exclusif avec notre thème mais qui sont d'une grande utilité pour mieux appréhender notre thème. Les résultats de ces investigations s'articulent autour deux (02) thèmes majeurs : les critiques sur l'APD et la pratique de la transfusion sanguine au Burkina Faso.

2.1. Les critiques sur l'Aide publique au développement (APD)

La littérature sur l'aide au développement est diverse et riche. La plupart des ouvrages font une critique assez réservée sur les bienfaits de cette aide. Ces deux oeuvres suivant condensent les critiques.

YASH Tandon, 2009, En finir avec la dépendance à l'aide, Genève, Pambazuka Books, 224 pages. Dans ce livre YASH Tandon, prends le temps de faire une taxonomie colorée de l'aide. Il a donc recenser cinq couleurs que peut prendre l'aide : il y a une aide rouge , qui est soutenue par une idéologie quelconque , une aide orange qui est plutôt un type de relation commercial équitable entre deux parties , une aide jaune qui est une assistance militaire et géopolitique , une aide bleu-vert qui proviennent des biens publics mondiaux et , enfin , une aide violette qui est basée sur les principes de la solidarité et qui cherchent à se départir de toute idée de domination impérialiste28 . De façon générale l'auteur ougandais ne mâche pas ces mots quant à l'analyse de l'aide que reçoivent les pays en développement. Il se demande surtout si l'aide est réellement ce qu'elle prétend être. Pour l'auteur « l'aide n'est, après tout, pas une bonne chose29.

28 Yash, T., 2009, En finir avec la dépendance à l'aide, Genève, Pambazuka Books, p 83 et 84. 29Yash, T., idem, p 49.

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Avec ce document nous apprenons que seuls les pays Scandinaves décaissent généralement toute l'aide qu'ils ont promis aux pays en voie de développement. Les autres pays donateurs qui n'arrivent pas à tenir leurs promesses usent d'innovations pour combler le déficit. Parmi ces innovations on peut citer les échanges de créances, l'aide aux réfugiés, l'allègement de la dette, l'assistance militaire et administrative30.

Nous apprenons aussi que cette situation où les pays récipiendaires ne reçoivent pas la totalité de l'aide promise est utilisée comme un prétexte pour les dirigeants africains pour justifier l'absence de progrès dans leurs pays.Pour Yash Tanon, « le développement (ne devrait pas être) affaires aux mains des donateurs» pour dire que les pays africains doivent se détacher de leurs « addictions » à l'aide et compter sur leurs propres ressources. Et pour se départir de l'aide la première étape consistera à surmonter la psychologie de la dépendance à l'aide en particulier chez les dirigeants africains et en générale chez les masses africaines31.

Et pour se départir de l'aide, l'auteur propose aux pays africains en particulier d'avoir confiance en leurs peuples et à leurs ingéniosités et d'appliquer une gestion intelligente et judicieuse des ressources naturelles.

Pour finir l'auteur indique que l'aide au-delà de son caractère économique pose un problème de responsabilité au niveau des dirigeants africains. Ces interrogations à ce sujet sont assez pertinentes. En effet, comment un gouvernement ayant un budget qui dépend de l'aide à 50% peut-il être responsable envers son peuple ? Comment ce gouvernement compte-t-il défendre sa souveraineté dans les affaires internationales ?

Il ne faut pas non plus compter DAMBISA Moyo pour être tendre à l'égard de l'aide au développement. En effet cette auteure livre une critique radicale de l'aide dans son livre

30 Yash , T., 2009, op. cit. , p 20.

31 Yash , T., 2009, idem, p 125.

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pamphlet intitulé l'aide fatale, les ravages d'une aide inutile et de nouvelles solutions pour l'Afrique. Ce livre fait un bilan de plus de six décennies d'aide destinée à l'Afrique. L'auteure estime à plus de 1000 milliards de dollars US d'aide reçu par l'Afrique à travers plusieurs modes de donations : dans les années 1960 l'aide était orientée vers l'industrialisation et les infrastructures ; dans les années 1970 l'aide était destinée à la lutte contre la pauvreté ; avant d'être réservée aux Programmes d'ajustement structurels dans les années 1980 ; et depuis 1990 l'aide est essentiellement est un moyen pour encourager la bonne gouvernance et la démocratie32.

Malgré le volume important de cette aide et la diversification des orientations de l'aide l'auteure signalent que le développement n'est pas au rendez-vous et ne le sera pas, car pour elle l'aide ne peut pas marcher. Les raisons de la non-efficacité de l'aide résident dans le fait qu'elle encourage la corruption, les détournements et même la paresse en Afrique33. Aussi cette aide décourage les investissements domestiques et serait à l'origine des inflations. Face à l'échec de « l'aide-d' Etat » DAMBISA propose un sevrage progressif34 de l'aide destinée à l'Afrique et propose un nouveau modèle de développement basé sur le recours aux émissions d'obligation pour financer les Etats africains, aussi elle encourage la coopération sino-africaine et la dynamisation des Petites et Moyennes Entreprises (PME) africaines.

Face à toutes ces critiques il y a eu une série de réponse institutionnelle de la part des agences de coopération composées des grands organismes comme l'ONU, l'OCDE, les institutions de Breton Wood, les agences bilatérales de coopération et les grandes banques. Ainsi il est n'est

32 Dambisa, M., 2009, L'aide fatale, les ravages d'une aide inutile et de nouvelles solutions pour l'Afrique, Paris, JCLattès, p 24.

33 Dambisa, M., 2009, idem, p 127.

34 Dambisa, M., 2009, ibidem, p 77.

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pas incorrecte de dire que l'aide à évoluer en même temps que les critiques faites à son encontre.

Le plus grand reproche qui a été fait à l'aide est sa nature à déposséder les pays receveurs, en l'occurrence les pays africains, de la maitrise des orientations de leurs économies et même de leur vision du développement. Autrement dit l'aide est vue comme un outil de l'impérialisme. La réponse ou du moins les réponses des organismes de l'aide à consister justement à corriger cet aspect de l'aide. Ainsi donc plusieurs fois, le paradigme de l'aide et les instruments de l'appareil de coopération Nord- Sud, ont été pensés et repensés au rythme de grandes rencontres regroupant la communauté des bailleurs et des receveurs de l'aide. Le début du 21éme siècle, a été riche en évènement à propos de l'aide.

Le 08 septembre 2000, l'ONU adoptent les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) à atteindre en 2015. Un des points était consacré à la mise en place d'un partenariat mondial pour le développement en incitant les pays riches à donner plus aux pays pauvres. Le 30 janvier 2001 le premier Forum social mondial, réuni à Porto Alegre (Brésil), se termine sur un mot d'ordre d'annulation de la dette des pays en développement d'où l'initiative pays pauvres très endettés (PPTE).

Le 21 octobre de la même année on assiste au lancement du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (Nepad) par quinze pays africains. Le G7 de Naples (juillet 2001) lui a apporté son soutien. Il se propose de sortir l'Afrique de sa marginalisation économique, en privilégiant la «bonne gouvernance», la démocratie et la notion de «partenariat» avec les pays du Nord.

Mais les deux instruments majeurs d'innovation en matière de mécanisme de l'aide restent la déclaration de Paris sur l'efficacité de l'aide et le Partenariat de Busan.

La déclaration de Paris sur l'efficacité de l'aide est une charte rédigée en 2005 sous l'égide du Comité d'Aide au Développement de l'OCDE. Cette déclaration a été amandée et acceptée

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par les pays receveurs de l'aide qui ont assistés au sommet. L'objectif principal de cette déclaration était la mise en place d'un système commun et accepté concernant la manière dont l'aide au développement doit être faite. De ce fait cinq grands piliers directeurs ont été proposés :

? Appropriation : les pays bénéficiaires de l'aide doivent garder la maitrise de leur politique et stratégie en matière de développement tout a assurant un rôle de coordination sur la gestion de l'aide

? Alignement : l'aide doit être reposé sur les stratégies nationales de développement. Et l'aide doit utiliser les instruments juridiques et techniques du pays bénéficiaires

? Harmonisation : Les actions des donneurs sont mieux harmonisées et plus transparentes, et permettent une plus grande efficacité collective

? Gestion axée sur les résultats : Gérer les ressources et améliorer le processus de décision en vue d'obtenir des résultats

? Responsabilité mutuelle : Les donneurs et les pays partenaires sont responsables des résultats obtenus en matière de développement

En 2011, lors d'un nouveau sommet à Busan en Corée du Sud, de nouvelles composantes sont intégrées au mécanisme de l'aide, il s'agit du Partenariat de Busan pour une coopération efficace au service du développement. Ce nouvel outil reprend les cinq principes directeurs de La Déclaration de Paris tout en intégrant de nouveaux acteurs dans la gestion de l'aide. Avec cette déclaration, il convient de remplacer le terme Aide Publique au Développement(APD), jugé paternaliste, par le concept de coopération au développement. A Busan, il a été décidé que désormais la gestion de l'aide sera holistique, elle prendra en compte de nouveaux acteurs, à savoir : la société civile, les acteurs de la coopération Sud-sud,

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le parlement et même le secteur privé35. En gros, Le Partenariat de Busan se veut plus inclusif que La Déclaration de Paris sur les mécanismes et les moyens de la gestion de l'aide. Les autres innovations de Busan sont, entre autres, l'accélération du processus de déliement de l'aide, la promotion de l'égalité homme-femme et l'autonomisation des femmes36.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984