CHAPITRE 2: la revue de littérature
La revue de littérature résulte de
l'exploitation des travaux et des oeuvres qui ne sont pas en rapport exclusif
avec notre thème mais qui sont d'une grande utilité pour mieux
appréhender notre thème. Les résultats de ces
investigations s'articulent autour deux (02) thèmes majeurs : les
critiques sur l'APD et la pratique de la transfusion sanguine au Burkina
Faso.
2.1. Les critiques sur l'Aide publique au
développement (APD)
La littérature sur l'aide au développement est
diverse et riche. La plupart des ouvrages font une critique assez
réservée sur les bienfaits de cette aide. Ces deux oeuvres
suivant condensent les critiques.
YASH Tandon, 2009, En finir avec la
dépendance à l'aide, Genève,
Pambazuka Books, 224 pages. Dans ce livre YASH Tandon, prends le temps de faire
une taxonomie colorée de l'aide. Il a donc recenser cinq couleurs que
peut prendre l'aide : il y a une aide rouge , qui est soutenue par une
idéologie quelconque , une aide orange qui est plutôt un type de
relation commercial équitable entre deux parties , une aide jaune qui
est une assistance militaire et géopolitique , une aide bleu-vert qui
proviennent des biens publics mondiaux et , enfin , une aide violette qui est
basée sur les principes de la solidarité et qui cherchent
à se départir de toute idée de domination
impérialiste28 . De façon générale
l'auteur ougandais ne mâche pas ces mots quant à
l'analyse de l'aide que reçoivent les pays en développement. Il
se demande surtout si l'aide est réellement ce qu'elle prétend
être. Pour l'auteur « l'aide n'est, après tout, pas une
bonne chose29.
28 Yash, T., 2009, En finir avec la
dépendance à l'aide, Genève, Pambazuka Books, p 83 et
84. 29Yash, T., idem, p 49.
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Avec ce document nous apprenons que seuls les pays Scandinaves
décaissent généralement toute l'aide qu'ils ont promis aux
pays en voie de développement. Les autres pays donateurs qui n'arrivent
pas à tenir leurs promesses usent d'innovations pour combler le
déficit. Parmi ces innovations on peut citer les échanges de
créances, l'aide aux réfugiés, l'allègement de la
dette, l'assistance militaire et administrative30.
Nous apprenons aussi que cette situation où les pays
récipiendaires ne reçoivent pas la totalité de l'aide
promise est utilisée comme un prétexte pour les dirigeants
africains pour justifier l'absence de progrès dans leurs pays.Pour Yash
Tanon, « le développement (ne devrait pas être) affaires
aux mains des donateurs» pour dire que les pays africains doivent se
détacher de leurs « addictions » à l'aide et compter
sur leurs propres ressources. Et pour se départir de l'aide la
première étape consistera à surmonter la psychologie de la
dépendance à l'aide en particulier chez les dirigeants africains
et en générale chez les masses africaines31.
Et pour se départir de l'aide, l'auteur propose aux
pays africains en particulier d'avoir confiance en leurs peuples et à
leurs ingéniosités et d'appliquer une gestion intelligente et
judicieuse des ressources naturelles.
Pour finir l'auteur indique que l'aide au-delà de son
caractère économique pose un problème de
responsabilité au niveau des dirigeants africains. Ces interrogations
à ce sujet sont assez pertinentes. En effet, comment un gouvernement
ayant un budget qui dépend de l'aide à 50% peut-il être
responsable envers son peuple ? Comment ce gouvernement compte-t-il
défendre sa souveraineté dans les affaires internationales ?
Il ne faut pas non plus compter DAMBISA Moyo
pour être tendre à l'égard de l'aide au
développement. En effet cette auteure livre une critique radicale de
l'aide dans son livre
30 Yash , T., 2009, op. cit. , p 20.
31 Yash , T., 2009, idem, p 125.
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pamphlet intitulé l'aide fatale,
les ravages d'une aide inutile et de nouvelles solutions pour l'Afrique.
Ce livre fait un bilan de plus de six décennies d'aide
destinée à l'Afrique. L'auteure estime à plus de 1000
milliards de dollars US d'aide reçu par l'Afrique à travers
plusieurs modes de donations : dans les années 1960 l'aide était
orientée vers l'industrialisation et les infrastructures ; dans les
années 1970 l'aide était destinée à la lutte contre
la pauvreté ; avant d'être réservée aux Programmes
d'ajustement structurels dans les années 1980 ; et depuis 1990 l'aide
est essentiellement est un moyen pour encourager la bonne gouvernance et la
démocratie32.
Malgré le volume important de cette aide et la
diversification des orientations de l'aide l'auteure signalent que le
développement n'est pas au rendez-vous et ne le sera pas, car pour elle
l'aide ne peut pas marcher. Les raisons de la non-efficacité de l'aide
résident dans le fait qu'elle encourage la corruption, les
détournements et même la paresse en Afrique33. Aussi
cette aide décourage les investissements domestiques et serait à
l'origine des inflations. Face à l'échec de « l'aide-d' Etat
» DAMBISA propose un sevrage progressif34 de
l'aide destinée à l'Afrique et propose un nouveau modèle
de développement basé sur le recours aux émissions
d'obligation pour financer les Etats africains, aussi elle encourage la
coopération sino-africaine et la dynamisation des Petites et Moyennes
Entreprises (PME) africaines.
Face à toutes ces critiques il y a eu une série
de réponse institutionnelle de la part des agences de coopération
composées des grands organismes comme l'ONU, l'OCDE, les institutions de
Breton Wood, les agences bilatérales de coopération et les
grandes banques. Ainsi il est n'est
32 Dambisa, M., 2009, L'aide fatale, les
ravages d'une aide inutile et de nouvelles solutions pour l'Afrique,
Paris, JCLattès, p 24.
33 Dambisa, M., 2009, idem, p 127.
34 Dambisa, M., 2009, ibidem, p 77.
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pas incorrecte de dire que l'aide à évoluer en
même temps que les critiques faites à son encontre.
Le plus grand reproche qui a été fait à
l'aide est sa nature à déposséder les pays receveurs, en
l'occurrence les pays africains, de la maitrise des orientations de leurs
économies et même de leur vision du développement.
Autrement dit l'aide est vue comme un outil de l'impérialisme. La
réponse ou du moins les réponses des organismes de l'aide
à consister justement à corriger cet aspect de l'aide. Ainsi donc
plusieurs fois, le paradigme de l'aide et les instruments de l'appareil de
coopération Nord- Sud, ont été pensés et
repensés au rythme de grandes rencontres regroupant la communauté
des bailleurs et des receveurs de l'aide. Le début du 21éme
siècle, a été riche en évènement à
propos de l'aide.
Le 08 septembre 2000, l'ONU adoptent les Objectifs du
Millénaire pour le Développement (OMD) à
atteindre en 2015. Un des points était consacré à la mise
en place d'un partenariat mondial pour le développement en incitant les
pays riches à donner plus aux pays pauvres. Le 30 janvier 2001 le
premier Forum social mondial, réuni à Porto Alegre
(Brésil), se termine sur un mot d'ordre d'annulation de la dette des
pays en développement d'où l'initiative pays pauvres
très endettés (PPTE).
Le 21 octobre de la même année on assiste au
lancement du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique
(Nepad) par quinze pays africains. Le G7 de Naples (juillet 2001) lui a
apporté son soutien. Il se propose de sortir l'Afrique de sa
marginalisation économique, en privilégiant la «bonne
gouvernance», la démocratie et la notion de «partenariat»
avec les pays du Nord.
Mais les deux instruments majeurs d'innovation en
matière de mécanisme de l'aide restent la déclaration de
Paris sur l'efficacité de l'aide et le Partenariat de Busan.
La déclaration de Paris sur l'efficacité de
l'aide est une charte rédigée en 2005 sous l'égide du
Comité d'Aide au Développement de l'OCDE. Cette
déclaration a été amandée et acceptée
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par les pays receveurs de l'aide qui ont assistés au
sommet. L'objectif principal de cette déclaration était la mise
en place d'un système commun et accepté concernant la
manière dont l'aide au développement doit être faite. De ce
fait cinq grands piliers directeurs ont été proposés :
? Appropriation : les pays bénéficiaires de
l'aide doivent garder la maitrise de leur politique et stratégie en
matière de développement tout a assurant un rôle de
coordination sur la gestion de l'aide
? Alignement : l'aide doit être reposé sur les
stratégies nationales de développement. Et l'aide doit utiliser
les instruments juridiques et techniques du pays bénéficiaires
? Harmonisation : Les actions des donneurs sont mieux
harmonisées et plus transparentes, et permettent une plus grande
efficacité collective
? Gestion axée sur les résultats : Gérer
les ressources et améliorer le processus de décision en vue
d'obtenir des résultats
? Responsabilité mutuelle : Les donneurs et les pays
partenaires sont responsables des résultats obtenus en matière de
développement
En 2011, lors d'un nouveau sommet à Busan en
Corée du Sud, de nouvelles composantes sont intégrées au
mécanisme de l'aide, il s'agit du Partenariat de Busan pour une
coopération efficace au service du développement. Ce
nouvel outil reprend les cinq principes directeurs de La
Déclaration de Paris tout en intégrant de nouveaux
acteurs dans la gestion de l'aide. Avec cette déclaration, il convient
de remplacer le terme Aide Publique au Développement(APD), jugé
paternaliste, par le concept de coopération au développement.
A Busan, il a été décidé que désormais
la gestion de l'aide sera holistique, elle prendra en compte de nouveaux
acteurs, à savoir : la société civile, les acteurs de la
coopération Sud-sud,
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le parlement et même le secteur
privé35. En gros, Le Partenariat de Busan se
veut plus inclusif que La Déclaration de Paris sur les
mécanismes et les moyens de la gestion de l'aide. Les autres innovations
de Busan sont, entre autres, l'accélération du processus de
déliement de l'aide, la promotion de l'égalité homme-femme
et l'autonomisation des femmes36.
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