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REPUBLIQUE DU CAMEROUN
LA REPRESSION DU DET BLICS AU GABON
REPUBLIC OF CAMEROON
Paix-Travail-Patrie
Peace-Work- Fatherland
********
*********
MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
MINISTRY OF HIGHER EDUCATION
**********
**********
UNIVERSITE DE YAOUNDE II FACULTE DES SCIENCES
JURIDIQUES ET POLITIQUES *******
UNIVERSITY OF YAOUNDE II FACULTY OF LAW AND
POLITICAL SCIENCES ********
Présenté et soutenu par Mr. ONDO NDOUTOUMOU Junior
Arnaud Landry Page i
LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
AVERTISSEMENT
L'université n'entend donner aucune approbation, ni
improbation, aux idées émises dans ce mémoire. Celles-ci
doivent être considérées comme propres à leur
auteur.
Présenté et soutenu par Mr. ONDO NDOUTOUMOU Junior
Arnaud Landry Page ii
LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
DEDICACE
A mes frères AKUE BOULINGUI Samuel
Frédéric et EKOME NDONG Joris-Karl
partis trop tôt et dont le souvenir précieux restera
à jamais gravé dans la mémoire de tous.
Présenté et soutenu par Mr. ONDO NDOUTOUMOU Junior
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
REMERCIEMENTS
Nous ne saurons commencer ce travail sans dire notre gratitude
à tous ceux qui ont rendu cette étude possible. En
prémices, à celui qui est la Grâce et l'aide sans faille,
le Seigneur notre Dieu.
En sus, nous tenons à remercier vivement le Professeur
Magloire ONDOA, Doyen de la Faculté des Sciences
juridiques et politiques pour la création de notre filière de
formation au sein de L'Université de Yaoundé II/Soa. Nos
remerciements vont aussi à l'endroit du Dr. Henri Martin Martial
NTAH A MATSAH, notre encadreur pour sa disponibilité
malgré les charges dues aux obligations universitaires. Dans la
même foulée, tous les enseignants et encadreurs rencontrés
tout au long de notre parcours universitaire au sein de l'Université de
Yaoundé II/Soa, à titre spécial à M.
Jean-Paul EFFAH doctorant en Droit public à
l'Université de Yaoundé II/Soa pour ses observations
précieuses dans la rédaction de ce travail.
In fine, nous ne saurons achever cette partie
spéciale sans dire un merci infini à mes parents
Jean-Noël et Adélaïde NDONG ENGA dont le
sacrifice quotidien est le résultat de ce que nous sommes aujourd'hui et
serons avec la Grâce de Dieu dans l'avenir. A toute ma famille. À
Mlle Flora EDJOGO BELINGA NGONO pour son soutien inestimable.
A tous ceux qui, de prêt ou de loin ont contribué de
manière diverse à la réussite de notre pèlerinage
universitaire à la quête du savoir. Recevez par cet hommage
l'expression de notre profonde gratitude.
Présenté et soutenu par Mr. ONDO NDOUTOUMOU
Junior Arnaud Landry Page iv
LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU
GABON
LISTES DES PRINCIPAUX SIGLES ET ABREVIATIONS
Al Alinéa
Art Article
CP ..Code Pénal
CPP Code de Procédure Pénal
CADHP Charte Africaine des Droits de
l'Homme
CNUCC .Convention des Nations-Unies Contre la
Corruption
CSM ..Conseil Supérieur de la
Magistrature
CNLCEI Conseil Nationale de Lutte contre
l'Enrichissement Illicite
LEI Loi sur l'Enrichissement Illicite
OPJ Officier de Police Judiciaire
OP Officier de Police
OMS ..Organisation Mondiale de la
Santé
PNUD .Programme des Nations- Unies pour le
Développement
P.R Président de la
République
S .Suivant
V .Voir
Présenté et soutenu par Mr. ONDO NDOUTOUMOU Junior
Arnaud Landry Page v
LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
RESUME
Le Détournement de deniers publics est l'une des
infractions les plus difficiles à évincer du quotidien des
administrations africaines. Cette désobéissance à la loi
pénale a atteint son point culminant au Gabon ces dix dernières
années aux travers des récentes arrestations à ce sujet.
L'infraction du détournement de deniers publics est
réprimée au Gabon à travers la loi n°21/63 du 31 mai
1963 portant Code pénal en République Gabonaise en son article
141 et soutenu par d'autres lois dans le but de venir à bout de la
« criminalité en col blanc ». C'est toujours dans l'optique de
punir avec sévérité cette infraction que la Constitution
gabonaise du 26 mars 1991 dote le pouvoir judiciaire de juridiction
spéciale dans le but de réprimer le détournement de
deniers publics dont peut se rendre coupable un agent public. Malgré
toutes ces dispositions d'ordres textuelles, la répression des deniers
publics souffre d'une ineffectivité sur le plan pratique, faute à
un manque d'indépendance et à l'implication au plus haut niveau
du pouvoir exécutif dans l'organisation du pouvoir judiciaire. Cette
influence constitutionnelle de l'Exécutif sur le Judiciaire est l'une
des raisons du laxisme dont font preuve les magistrats face à certains
crimes commis par les hauts fonctionnaires, parmi lesquels le
détournement de deniers publics. Afin d'y remédier, dans le cadre
de cette étude, des propositions sont mises en exergue dans le but
d'aboutir à une indépendance solide du pouvoir judiciaire
gabonais, seul facteur d'une justice équitable, fiable et disposé
à réprimer le détournement de deniers publics selon les
dispositions de la loi en vigueur.
Présenté et soutenu par Mr. ONDO NDOUTOUMOU Junior
Arnaud Landry Page vi
LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
ABSTRACT
The Diversion of public money is one of the infringements most
difficult to oust daily newspaper of the African administrations. This
disobedience to the criminal law reached its summit in Gabon these ten last
years through recent arrests on this subject. The infringement of the diversion
of public money is repressed in Gabon through the law n°21/63 of bearing
May 31st, 1963 Penal code in Gabonese Republic in its article 141 and supported
by other laws with an aim of coming to end of the «crime in white
collar». It is always in optics to punish with severity this infringement
that the Gabonese Constitution of March 26th, 1991 equips the judicial power
with special jurisdiction with an aim of repressing the diversion of public
money of which can make guilty a public agent. Despite everything these textual
provisions of orders, the repression of the public money suffers from the
failings on the practical level, fault with a lack of independence and the
implication with the higher level of the executive power in the organization of
the judicial power. This constitutional influence of the Executive on the Legal
one is one of the reasons of the overindulgent whose proof the magistrates on
certain crimes committed by the high officials make, among which the diversion
of public money. In order to cure it, within the framework of this study, of
the proposals are put forward with an aim of leading to a solid independence of
the Gabonese judicial power, only factor of a justice equitable, reliable and
laid out to repress the diversion of public money according to the provisions
of the law in force.
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Arnaud Landry Page vii
LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
SOMMAIRE
INTRODUCTION GENERALE 1
PREMIERE PARTIE : LA PRESENCE D'UNE REPRESSION
DU
DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
14 CHAPITRE I : L'EXISTENCE DE NORMES JURIDIQUES DANS LA
REPRESSION
DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS.
16 Section I . Les dispositions juridiques en matière de
répression du détournement de deniers
publics 17 Section II . Le trait spécifique de
la loi pénale en matière de détournement de
deniers
publics 24 CHAPITRE II : LA PRESENCE
D'ORGANES DE REPRESSION DU
DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS
30 Section I . La répression du détournement de
deniers publics une compétence du juge pénal
30 Section II . La compétence de juridictions
pénales d'exception en matière de détournement
de deniers publics 36 DEUXIEME PARTIE :
INSUFFISANCE DE LA REPRESSION DU
DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
45 CHAPITRE : L'UTOPIE DANS LA SANCTION DU DETOURNEMENT DE
DENIERS PUBLICS 47 Section I . Le
laxisme dans la sanction du délinquant en matière
détournement de deniers
publics 47
Section II . L'avilissement de la sanction par le manque
d'indépendance du juge 54
CHAPITRE II : SOLUTIONS DANS L'OPTIQUE D'UNE MISE EN
OEUVRE PRATIQUE DE LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS
PUBLICS.
62 Section I . L'efficacité
des mécanismes de prévention et de gestion du détournement
de
deniers publics 62 Section II. La réforme du
cadre légal de la répression du détournement de deniers
publics
70
CONCLUSION GENERALE 81
BIBLIOGRAPHIE Erreur ! Signet non
défini.
ANNEXES 89
TABLE DE MATIERES 100
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
INTRODUCTION GENERALE
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Arnaud Landry Page 1
Présenté et soutenu par Mr. ONDO NDOUTOUMOU Junior
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
« Le droit n'est pas faits pour les besoins de
l'esprit, mais pour des réalités sociales
». Demogue
L'idée d'une justice libre et indépendante
capable de solutionner les litiges exposés au-devant de la
société demeure l'idéale à atteindre pour beaucoup
de sociétés africaines. Maillon fort d'une société
civilisée, la justice est une invitation au respect absolu du droit
d'autrui. Elle est considérée à juste titre comme «
la première vertu des institutions sociales comme la
vérité est celle des systèmes de pensées
»1. Néanmoins, aussi imparfaite que puisse être la
loi sur laquelle la justice repose, elle oblige à un respect de tous au
risque de se voir rattrapé par la société pour en
être allé à l'encontre. C'est dans cette optique qu'il est
fait une invitation aux citoyens à respecter les normes qui
régissent la société. C'est dans cet élan que la
sagesse africaine, dans ses recommandations parfois exubérantes, tient
à prévenir l'Homme des risques à encourir à la
suite d'une désobéissance à la loi édictée.
Elle nous apprend que « si tu obtiens indument de la nourriture et en
donnes à manger à tes enfants, ils souffriront de la colique
»2. C'est de cette pensée traditionnaliste que s'est
formé l'expression de la « Justice de paix »3 avant
la pénétration coloniale4 au sein du système
judiciaire gabonais ante coloniale. L'objectif en ce temps n'était pas
la coercition mais la sérénité, l'harmonie au sein de la
société. La nourriture indûment obtenue dans le cadre de
cette étude est l'un des « cancers financiers » les plus
dangereux pour la fortune publique que l'Afrique n'est connue et le Gabon en
particulier. Il s'agit du détournement de deniers publics.
En effet, les pays en voie de développement perdent
entre 20 et 40 milliards de dollars (USD) chaque année du fait du
détournement de fonds publics et d'autres comportements illicites.
L'essentiel des produits issus de ces actes illicites trouve refuge sur les
grandes places financières du monde. Ces flux criminels constituent une
perte sèche pour les systèmes sociaux et les programmes de
développement, contribuant ainsi à appauvrir un peu plus des pays
qui figurent déjà parmi les plus pauvres du monde5.
Ainsi, « de par leur ampleur, les
' J. RAWLS, Théorie de la justice, éditions du
Seuil, 1997, P.29.
2 Proverbe Bafia, ethnie du Centre du Cameroun.
3 J.VANDERLIDEN, Les systèmes juridiques
africains, Collection « Que sais-je ? », PUF, 1983.
4 A. NKOUROUNA, Organisation Judiciaire du Gabon,
Article numérique Google, 2017, P.3.
5 Préface de NGOZI N.OKONJO-IWEALA,
Directeur Général de Banque Mondiale et Yuri FEDOTOV, Directeur
Exécutif UNODC (Office des Nations-Unies contre la Drogue et le Crime),
in Manuel de
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Arnaud Landry Page 3
LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
détournements de fonds publics correspondent
probablement à la forme la plus répandue et la plus
dévastatrice de la corruption dans les pays en développement, en
particulier au Gabon. Ils enrichissent quelques individus en appauvrissant le
plus grand nombre. Ces pratiques corrompues qui aboutissent à soustraire
des milliards de dollars chaque année hors d'une économie mettent
en péril la bonne gouvernance et la primauté du droit
»6. La société moderne considère fermement
qu' « ...Aucun monde ne peut naitre dans le chaos...rien ne peut
commencer, se faire, sans une orientation préalable, et toute
orientation implique l'acquisition d'un point fixe »7. Ce point
fixe est dans le cadre d'une société l'Etat à travers la
règle juridique édictée pour organiser la vie
sociétale et réguler les rapports entre les individus. La
règle juridique trouve donc son essence dans la capacité que
possède l'Etat, à travers le pouvoir judiciaire, d'astreindre le
justiciable au respect de cette dernière, de faire régné
l'ordre établi et de condamner aux dépens le contrevenant. De ce
fait, la règle édictée puise sa force dans sa
faculté de contraindre sans exception tous les membres de la
société à l'obligation de respect de la loi. Mais, la
transgressé demeure toujours tentant pour l'assujetti aux regards des
multiples détournements de deniers publics enregistrés ci et
là. Ces infractions sont un danger pour le devenir d'une nation car
elles causent un lourd préjudice aux avoirs de la personne publique au
pays du perroquet vert8. Une telle infraction portée devant
les juridictions compétentes obligeraient les auteurs à
répondre de leurs actes posés à l'encontre des
intérêts de la société. Pour anticiper sur la
survenance de ce type de situation désastreuse plusieurs mesures sont
prises. C'est dans cet élan que les institutions en charge des Finances
Publiques au Gabon veillent à la protection des deniers publics et
organisent la mise en oeuvre de la responsabilité de ceux qui se
mettraient en marge du respect de la sacralisation de la chose publique. Par ce
fait, l'Administration gabonaise veille à la « bonne gestion
financière9». En d'autres termes, il est fait une
interdiction itérative à travers différentes dispositions
juridiques à l'agent public ou au gestionnaire coupable de maniements de
deniers publics, de porter atteinte à l'obligation de respect de
l'argent public en le détournant à des fins personnelles. Ainsi,
il est entendu que « toute personne exerçant une fonctionne est
assujetti à un certain nombre d'obligations, à travers lesquelles
ses actes tirent
Recouvrement des Biens Mal Acquis, un guide pour les
Praticiens, Stolen Asset Recovery Initiation, The world Bank, 2010.
6 K. ATISSO, Le recouvrement des avoirs
volés : gérer l'équilibre entre les droits humains
fondamentaux en jeu, in Basel Institute on Governance, 2010, P.8.
7 E. MIRCEA, Le Sacré et le profane, Gallimard,
1965, P.26
8 Nom qui désigne le Gabon à travers le
perroquet vert espèce protégée, porte étendard du
Gabon qui vole et se développe.
9 L. SAIDJ, Finances publiques, Dalloz,
4ème éd, 2003, P.11
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Arnaud Landry Page 4
LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
leur légitimité et leur autorité
»10. Malgré cet état des choses, violé le
caractère sacré du bien public consenti par le droit semble
être une convoitise irrésistible. Nous avons par exemple à
ce sujet l'émergence de pensé dépassée entretenu
par la maxime selon laquelle « L'Etat ne peut tomber en faillite
»11. Que penser de cette affirmation au vu de la situation
économique chaotique dans laquelle s'enfuit chaque jour un peu plus
l'Etat gabonais ? Un proverbe célèbre dit que « l'argent est
le nerf de la guerre12» comme pour dire que l'argent est
très souvent sujet à litige entre les Hommes au sein de la
société dans laquelle ils vivent. La société ne
pouvant laisser un quelconque litige perduré entre les membres qui la
composent va trouver le moyen de le régler. A ce sujet, comme nous le
confia le Colonel Engone Désiré13« Quand un
bébé est né il faut le porter ». Cette assertion
sous-tend que la naissance d'un litige oblige la société à
le régler pour préserver la cohésion sociale et
rétablir l'ordre public. La prérogative de régler le
litige sera donc confiée à une autorité publique autre que
le pouvoir exécutif. Cette exigence découle de l'obligation de
respect du principe de la séparation des pouvoirs14. La
gestion de l'Administration passe en outre de la gestion administrative par une
gestion efficiente des finances ou deniers publics. Cette réclamation
est pour l'Etat, une préoccupation majeure pour atteindre ses objectifs
de construction économique et sociale aux fins de satisfaire les besoins
de sa population. Ce sacerdoce15 de l'Etat ne peut se
réaliser sans la maîtrise de ses finances. Aux fins de
réalisation de ses objectifs, l'Etat confie à ses
représentants censés être son bras séculier dans la
construction du mieux- être de sa population l'argent public. Ce
transfert de gestion de l'argent public de l'Etat personne abstraite vers
l'agent public personne physique n'est pas toujours favorable au
bien-être du peuple. Mais, bien que ce soit une lapalissade de penser une
société sans litige car ce dernier est inhérent à
la personne humaine, néanmoins on en vient à regretter les
irrégularités dont les représentants de l'Etat peuvent
être les auteurs dans l'exercice de leurs fonctions. Tel est le cas de
cette gangrène les plus coriaces pour la maitrise des finances
10 M. HAURIOU, La gestion administrative, Etudes
théoriques en droit administratif, librairie de la société
du recueil général des lois et arrêts, paris, 1899, P.5
11 Comme pour dire que l'Etat ne peut être en
situation de cessation de paiement.
12 Proverbe d'origine italienne qui signifie que
l'argent est le ressort principal de la guerre,
www.linternaute.com,
consulté le 30 janvier 2017.
13 Colonel D. ENGONE, colonel en douane en poste
à la Direction de la Répression des Fraudes Douanières et
du Contentieux (DRFDC), extrait d'un entretien le 18 avril 2017 au siège
de la DRFDC / Libreville-Gabon.
14 Principe politique selon lequel les fonctions
des institutions publiques sont divisées entre le pouvoir
législatif qui fait les lois, le pouvoir
exécutif qui les met en oeuvre et le fait appliquer et
le pouvoir judiciaire à qui incombe la tâche de
l'interpréter et les faire respecter.
15 Le terme « sacerdoce » est vu ici
comme une fonction qui implique des devoirs, des responsabilités et
beaucoup de dévouement.
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Arnaud Landry Page 5
LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
publiques en Afrique Subsaharienne plus
particulièrement au Gabon, le détournement des deniers
publics.
Ainsi, dans le cadre de cette étude, il nous ait choix
d'interroger l'effectivité de sa répression au miroir de la
réalité pratique au Gabon. En prélude du traitement de ce
sujet, il serait idoine de nous attarder sur le cadre de l'étude
(I), le contexte et l'intérêt du sujet
(II) en sus sur la problématique (III)
et la méthode de l'étude (IV) in fine
sur l'articulation du plan d'étude (V).
I. LE CADRE DE L'ETUDE
Le cadre de notre étude nous permettra d'examiner le
cadre conceptuel (A) et le cadre spatio-temporel de
l'étude (B).
A. Le cadre conceptuel
Le cadre conceptuel ou la conception de l'étude permet
une opération qui a pour but de mieux appréhender les termes qui
sous-tendent l'intitulé du sujet à étudier. C'est dans
cette optique que nous nous attarderons sur les termes qui vont suivre.
? « L'EFFECTIVITE »
L'effectivité est l'un des termes centraux de notre
sujet d'étude. L'effectivité est un substantif16, elle
provient de l'adjectif français « effectif »
qui lui provient du mot latin « effectivus » qui se
traduit par des actes réels17. C'est donc dire ce terme
désigne fait référence à la réalité
d'une chose ou d'une situation. Gérard CORNU, le définit comme
étant « le caractère d'une règle de droit qui produit
l'effet voulu, qui est appliquée réellement
»18. Dans le cadre de cette étude nous
penserons l'effectivité comme étant l'application réelle
des dispositions pénales en vigueur à l'encontre du contrevenant
en République Gabonaise.
? « LA REPRESSION »
Le terme répression peut s'entendre ici comme
étant le fait pour la société de punir un acte dont une
personne s'est rendue coupable envers une autre ou envers la
société tout entière. La répression est pour le
Dictionnaire Microsoft Encarta la lutte contre le développement de
quelque chose. Il peut-être aussi appréhendé comme
étant la fonction
16 Un substantif est un mot qui marque les choses qui
subsiste, les personnes les objets, les sentiments, etc.
17 Dictionnaire le Robert, Paris, 1994, P.55.
18 G. CORNU, Vocabulaire juridique, Association Henri
Capitant, PUF, 10ème éd., 2014, P.386.
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Arnaud Landry Page 6
LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
répressive, fonction étatique consistant, dans
la lutte contre la délinquance, à organiser et à mettre en
oeuvre les sanctions pénales19. Dans cette conception, la
répression qui est une prérogative est réservée
à l'Etat à travers une juridiction dite « répressive
», c'est-à-dire qui est chargé de sanctionner le
contrevenant à la loi édictée au sein de la
société, dans le but de faire respecter les dispositions de la
loi en vigueur. L'identité de cette juridiction habilitée
à sanctionner les agissements contraires à la loi sera
évoquée au cours de cette étude dans les
développements à venir.
? « LE DETOURNEMENT »
De manière littérale, « le
détournement est un acte qui consiste à changer la destination
initialement donné à une chose »20. Pour la
Convention de Maputo « le détournement par un agent public ou par
toute personne de biens appartenant à l'Etat ou ses démembrements
qu'il a reçu dans le cadre de ses fonctions à des fins n'ayant
aucun rapport avec celles auxquelles ils sont destinés, à son
propre avantage, à celui d'une institution ou encore à celui d'un
tiers »21.Il est d'après Gérard CORNU le fait
détenteur précaire, de ne pas restituer le bien qui lui avait
été confié (en vertu d'un contrat, de détention,
dépôt, prêt, mandat, etc.) et par extension, le fait de
soustraire à une personne la possession d'une chose.
? « DENIERS PUBLICS »
Les « deniers publics » quant à lui
représentent l'argent de l'Etat, des collectivités publiques et
des établissements publics soumis aux règles de la
comptabilité publique.22En d'autres termes, c'est de l'argent
qui constitue les fonds appartenant à l'Etat ou toute organisation
bénéficiant de la participation de ce dernier. Associer au terme
détournement précédemment défini, il compose
l'expression « détournement de deniers publics ». Dans le
cadre de cette étude, le détournement de deniers publics est une
infraction pénale23qui consiste pour l'auteur de
procéder à une déviation de la destination ultime du bien
public dans son intérêt ou celui d'autrui.
19 G. CORNU, Vocabulaire juridique, association
Capitant, PUF, 10 éd, 2014, p. 905
20 F. NUMBI, Procureur génal de la
République du Congo, exposé sur l'infraction de
détournement, Congo forum 6 octobre 2009.
21 Article 4 de la convention de l'Union Africaine
sur la prévention et la lutte contre la corruption, tenue à
Maputo, le 11 juillet 2003.
22 G. CORNU, Vocabulaire juridique, Association Henri
Capitant, 10 éd., P.326.
23 Art.22 du décret n° 0653 relatif au
régime de responsabilité des ordonnateurs et des comptables
publiques au Gabon « Est comptable public, tout agent ayant qualité
pour exécuter au nom de l'Etat, collectivités locales et des
établissements publiques, services et organes assujetti aux
règles de comptabilité publique ; des opérations de
recettes, de dépenses et de maniements de titres... »
Présenté et soutenu par Mr. ONDO NDOUTOUMOU Junior
Arnaud Landry Page 7
LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
La détention ou le maniement des fonds public «
permet d'attraire devant le juge des comptes un nombre considérable de
personne24». Tel est le cas des comptables publics dans la
gestion faite des avoirs de l'Etat à la lecture de la loi organique
n°11/94 fixant l'organisation, la composition, les compétences, le
fonctionnement et les règles de procédure de la Cour des comptes
gabonaise. C'est la conséquence de la violation du caractère
particulier de la fortune publique fondé sur la
sacralisation25qui accompagne la chose publique. Ce statut lui est
conféré par les caractéristiques aux dires du Dr. AKONO
ONGBA Sedena «d'inaliénabilité, d'insaisissabilité et
d'imprescriptibilité attaché au domaine
public26». Ceci est de mise parce que la fortune publique comme
le bien public en général est la propriété de tous.
De manière plus précise, l'argent public constitué par
l'impôt et taxes divers acquittés par les citoyens mais aussi de
l'ensemble des richesses naturelles du pays, est la propriété de
tous les citoyens. D'où le caractère répréhensible
de son appropriation personnelle par quiconque. Sur ceux, cette
irrégularité qui viole les principes de bonne gestion et de
protection des finances publiques, peut-être retenu contre les dirigeants
et agents de l'administration de droit et de fait27. Ceci justifie
l'actualité qui « défraie la chronique » au sujet de
l'Opération Mamba28. A travers elle, plusieurs
interpellations et arrestations à répétition de hauts
fonctionnaires de l'Etat qui porte à curiosité au regard du temps
dont remontent les actes incriminés. D'autant plus que ces
personnalités publiques ont servi pendant des années l'Etat, qui,
possède les moyens nécessaire, chaque année de mettre la
main sur des auteurs de crimes financiers au moins à travers la
déclaration de bien dont devrait s'acquitter tous les fonctionnaires
pendant et après l'exercice de leurs fonctions. Pourquoi des
années plus-tard ? « Des chiffres sont maintenant
attribués... systématiquement, ils comptent neuf zéro
comme si le milliard est subitement devenu l'unité de comptes
»29convoité par un grand nombre de fonctionnaire une
fois promu à l'exercice de la fonction publique gabonaise. On en vient
à se demander qu'elle déontologie est enseignée dans les
Grandes Ecoles de l'Administration gabonaise. Il nous semble que volé le
bien public soit subitement devenu ? une habitude ? au regard des sommes
24 L. SAIDJ, Finances publiques, Ibid., p.144
25 M. KAMTO, La chose publique, RASJ, vol.2,
n°1, 2001, pp.1-18 « il y a comme une sacralisation de la chose
publique dans la doctrine du droit public qui vient sans doute de ce que cette
chose publique est conçue comme la chose de tous, donc du peuple tout
entier et non plus seulement celle du monarque et que toute atteinte à
cette chose est perçue par chacun, en l'occurrence chaque citoyen comme
une spoliation personnelle ».
26A. ONGBA Sedena, la distinction entre la faute de
gestion et le détournement de deniers publics en droit camerounais in
Revue Africaine des sciences Juridiques, n°1/2014, l'Harmattan, 2014,
P.250.
27 L. Saïd, Finances publiques, 4ème ed,
Dalloz, 2003, P.135
28 Mise en oeuvre par le Président Ali
BONGO, cette opération a pour but l'assainissement de la gestion
publique à travers la lutte contre la corruption et les
détournements de deniers publics de hautes personnalités de
l'Etat.
29 R. BOUENGUIDI, Opération Mamba :
Responsabilité partagée, in Politique, diffusé par
GabonReview, le 13 février 2017.
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Arnaud Landry Page 8
LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
détournées martelés presque chaque
année par le rapport annuel de la Cour des comptes sur la gestion de
l'argent public.
B. Le cadre spatio-temporel
Le travail qui sera le nôtre au cours de ce
présent mémoire nous conduira au traitement de notre sujet au
miroir de la réalité du gabonaise. Le Gabon est un Etat unitaire
divisé en neuf provinces (Estuaire, Haut Ogooué, Moyen
Ogooué, Ngounie, Nyanga, Ogooué-Ivindo, Ogooué-Lolo,
Ogooué-Maritime, Woleu-Ntem). La loi du 26 mars 1991 portant
constitution de la République gabonaise est la norme suprême, elle
a subi moultes modifications dont la dernière est la loi n°47/2010
du 12 janvier 2011. Celle-ci a été révisée à
sept reprises, notamment par la loi du 29 septembre 1995 adoptée par
référendum dans le cadre des accords de Paris et par la loi du 11
octobre 2000 qui introduit dans son préambule « une
démocratie pluraliste, de la justice sociale et de la
légalité républicaine ». Le Gabon est en ce moment en
proie à une crise économique qui date du début des
années 2000 avec la baisse du prix du baril de pétrole. Mais
aussi, par la faute d'une gestion calamiteuse des fonds publics par ceux qui en
ont la charge. Ainsi, notre étude consistera à mettre en
évidence ce qui est considéré par le Code pénal
gabonais comme une infraction. Nous voulons parler ici du détournement
de deniers publics. Ce phénomène est d'ordre mondial, il touche
quasiment tous les pays du monde, surtout les pays africains dont la
fréquence de cette irrégularité semble s'empirer à
chaque jour qui passe. Versé dans la gabegie financière semble
être un virus que contracte tout agent public dès sa nomination
à une fonction de haute responsabilité dans l'administration. En
effet, plusieurs détournements de deniers publics sont attribués
à des fonctionnaires et pas des moindres sont
révélés à travers des arrestations qui en ce moment
défraie la chronique. Encore plus alarmant sont les sommes qui
accompagnent en guise d'actifs des fonctionnaires soupçonnés ou
poursuivis devant le juge pour répondre de leur
désobéissance contre les lois de la société. Un
pays ne peut devenir « émergent » ou sortir de la
pauvreté en méconnaissant l'importance pour l'Etat de veiller
à la bonne gestion des deniers publics. D'autant plus que les
entrées de fonds au Trésor public semblent s'amoindrir au regard
des difficultés dont fait preuve l'Etat gabonais actuellement dans le
financement de projets les plus importants. Pour pouvoir y arriver il est
obligé de se tourner vers l'emprunt extérieur aux
intérêts pharamineux.
Présenté et soutenu par Mr. ONDO NDOUTOUMOU Junior
Arnaud Landry Page 9
LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
II. LE CONTEXTE ET L'INTERET DU SUJET
Au cours de cette partie, le contexte (A) et
l'intérêt du sujet (B) seront mise en exergue
dans l'optique de mieux appréhender l'importance du sujet à
traiter dans l'environnement que nous avons choisi.
A. LE CONTEXTE DU SUJET
Le sujet d'étude de ce présent mémoire
s'intitule « la répression du détournement de
deniers publics au Gabon ». Ainsi, dans le traitement de ce sujet
d'étude, nous mettrons en exergue deux types de contexte pouvant nous
permettre non seulement une meilleure connaissance du pays concerné qui
est le Gabon mais aussi mieux appréhender l'importance de ce sujet. Nous
nous appuierons donc sur le contexte juridique (1) et le contexte
socio-économique du Gabon (2).
1. Le contexte juridique
Depuis l'avènement du multipartisme par ricochet de la
démocratie en avril 1990 au Gabon. Le droit gabonais à muter dans
l'optique d'assurer un Etat de droit aux assujettis, en contradiction avec
« la pensée unique30 »affirmée par la
prééminence de la toute-puissance du pouvoir exécutif sur
tous les autres pouvoirs sans contrepoids. Ce changement dans la gestion
nouvelle de l'Etat gabonais va permettre une implication du peuple par ses
représentants d'astreindre l'Etat et ses représentants à
une meilleure gestion de l'Administration mais aussi des biens publics. A
travers la loi n°3/91 du 26 mars 1991 portant Constitution de la
République gabonaise des textes à portée universelle vont
entrer dans l'ordonnancement juridique. C'est le cas par exemple de l'article
15 de la Déclaration des Droits de l'Homme et du citoyen de 178931
dont la constitution affirme dans son préambule son
attachement32. Par ce fait, la liberté sera donnée au
peuple à travers les organes juridictionnels de pouvoir avoir un regard
sur la conduite par l'Etat et ses fonctionnaires de la chose publique.
30 La pensée unique est un mode de
pensée consacré par le dictat de la vision du parti au pouvoir de
la conduite de la nation sans obstacle idéologie qui lui est externe.
31 Art.15 de la Déclaration universelle des
Droits de l'Homme et du Citoyen (DDHC) de 1789 : « La
société a le droit de demander compte à tout agent public
de son administration ».
32 Préambule de la Constitution de 1991
« Le peuple gabonais, conscient de sa responsabilité devant Dieu et
devant l'Histoire, animé de la volonté d'assurer son
indépendance et son unité nationale, d'organiser la vie commune
d'après les principes de la souveraineté nationale, de la
démocratie pluraliste, de la justice sociale et de a
légalité républicaine (L.41/2000 du 11 octobre
2000) ;
Affirme solennellement son attachement aux Droits de l'Homme
et du citoyen de 1789... (L.1/97 du 22 avril 1997»
Présenté et soutenu par Mr. ONDO NDOUTOUMOU Junior
Arnaud Landry Page 10
LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
Ainsi, le propos de ce présent mémoire nous
permettra de faire une qualification juridique du détournement de
deniers publics en nous appuyant sur la législation en vigueur en
République gabonaise. Nous mettrons ainsi la lumière sur
l'environnement juridique qui encadre la répression du
détournement de deniers publics par l'autruchement du code pénal
gabonais de 1963 et d'autres textes qui traitent également de cette
irrégularité pénale.
2. Le contexte socio-économique
La sous-région de la Communauté Economique et
Monétaire de l'Afrique Centrale (CEMAC) dont fait partie le Gabon fait
face depuis de nombreuses années déjà à une crise
économique. Cette dernière est due à la fluctuation
à la baisse du prix du baril du pétrole.
En effet, le pétrole est le plus gros pourvoyeur de
financier des projets de bons nombres des Etas de la CEMAC étant
donné que la plus part de ces Etats sont producteur de pétrole.
Le Gabon issu de cette sous- région est un pays à revenu
intermédiaire de la tranche supérieure33. Il abrite
1.811.079 habitants34, sa superficie est de 267667km2
avec une croissance démographique de 1.8%. Selon la Banque Mondiale il
est « le cinquième producteur de pétrole d'Afrique, ce
secteur représente 45% du PIB et 60% des recettes budgétaires.
Compte tenu des aléas de la baisse des revenus pétroliers «
les pouvoirs publics prévoient recourir à des couches
sèches dans la plus part des secteurs, en particulier dans la
santé et les infrastructures (...) des faibles budgets actuellement
alloués aux secteurs sociaux (notamment la santé), cela pourrait
menacer la capacité du Gabon à améliorer réellement
les conditions de la vie de sa population »35. De ce fait, ce
contexte morose, exacerbé par un taux de chômage
élevé36, en particulier chez les jeunes semble
ahurissant dans la mesure où certains fonctionnaires ou gestionnaires
confondent depuis bien trop longtemps les biens de l'Etat à leur
patrimoine37. D'autant plus que la répartition des richesses
tant promis s'avère être une chimère. Ainsi, les
disparités sociales s'avèrent plus accrues et le crédit de
642 millions accordé par le Fond Monétaire International
(FMI)38 risque d'être le fossoyeur d'une population qui
souffre déjà assez si la sacralisation des fonds publics se voit
encore floué par
33 Le terme de pays à
revenu intermédiaire renvoie à la typologie de
classement des pays par la Banque Mondiale en fonction de leur Revenu National
Brut (RBN) par habitant... les pays à revenu
intermédiaire de la tranche supérieur ont un RNB situé
entre 4086 et 12,615
dollars. V.
www.wikipedia.org, consulté le
18 juillet 2017.
34 Selon les résultats définitifs du
recensement général de la population et de l'habitat (RGPH),
lancé le 5 octobre 2013. Ces résultats officiels
présentent un accroissement de près de 300.000 habitants en 10
ans.
35 V. Gabon- vue d'
ensemble.
www.banquemondiale.org, consulté le 18 juillet 2017.
36 Selon la Banque Mondiale le taux de chômage
des jeunes (15-24 ans) évalué à 35% en 2014.
37 Cas du procès des « Biens-mal acquis
» entre la justice française et la famille Bongo.
38 Crédit du FMI approuvé le mardi 20
juin 2017.
Présenté et soutenu par Mr. ONDO NDOUTOUMOU Junior
Arnaud Landry Page 11
LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
les personnes à qui ces fonds seront confiés.
C'est pourquoi notre étude pourra être vue comme un rappel
à l'obligation de bonne gouvernance des ordonnateurs et gestionnaires
publics. Mais aussi un appel à la responsabilité de la justice de
veiller au grain dans l'optique de permettre à l'Etat de sortir sa
population de la précarité et lui apporter le mieux- être
dont elle aspire.
B. L'INTERET DU SUJET
La motivation principale ayant conduit à porter notre
intérêt à ce sujet est son actualité autant dans le
paysage médiatique que dans la sphère juridictionnelle
gabonaise.
En effet, les affaires de détournement de deniers
publics et la prise en charge du jugement de ces dernières
créaient des remous au sein de la société gabonaise de nos
jours. A ce sujet, il semble exister une dichotomie entre ce qui est
exigé par la loi en matière de détournement de deniers
publics dont le juge pénal est le garant et la réalité de
la répression de cette désobéissance pénale en
pratique. Ce qui nous conduit donc à nous interroger sur
l'effectivité de la répression du détournement de deniers
publics dans le contexte gabonais. Ledit sujet porte à équivoque
entre ceux qui pensent que la justice fait son travail et d'autres qui
soutiennent que la justice gabonaise semble couvrir les agissements
répréhensibles des fonctionnaires, surtout ceux qui sont proches
du pouvoir en place. Ainsi, notre analyse nous permettra un tant soit peu de
venir à bout de ces différentes positions afin de nous faire une
idée réelle sur l'état de la répression du
détournement de deniers publics au Gabon.
III. PROBLEMATIQUE
Une étude juridique trouve sa pertinence à
travers la détermination d'une perspective visant à traiter le
problème auquel nous renvoi le sujet d'étude. C'est la question
de départ39 qui est la problématique. Par
problématique entendez « un ensemble construit autour d'une
question principale, des hypothèses de recherche et des lignes d'analyse
qui permettent de traiter le sujet (...) »40. Au sortir de la
mise en lumière de l'intitulé de ce présent mémoire
plusieurs interrogations taraude notre esprit parmi lesquelles celles de savoir
comment procède-t-on à la répression du
détournement des deniers publics ? Ou encore quelle est la
39 M. VIAL, « Ceci n'est pas un lexique, 25
mots pour la recherche (...) », en question, cahier n°25,
Université de Provence, Aix-Marseille I, 1998, P. 45.
40 M. BEAUD, L'art De La Thèse, 5 éd.,
la découverte, Paris, 2006, P.55.
Présenté et soutenu par Mr. ONDO NDOUTOUMOU Junior
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
juridiction qui est habilité à connaitre des
litiges issus du détournement de deniers publics entre l'Etat et la
personne à qui elle à confier l'argent public ? Mais, parmi
toutes ces questions aucune ne retient notre attention, sauf celle qui
bourdonne dans notre esprit, celle qui tend à nous interroger sur
l'efficacité de la juridiction compétente à solutionner un
tel litige porté à sa connaissance au miroir du droit gabonais.
De manière plus claire, l'interrogation qui est la nôtre est celle
de savoir si la répression du détournement de deniers
publics est véritablement effective au Gabon ?
IV. METHODE DE L'ETUDE
Toute science, qu'elle soit humaine, expérimentale ou
sociale a recours à une méthode pour atteindre le résultat
pressenti ou escompté, objet de la recherche41. Le terme
méthode vient du grec « méthodos» qui
signifie « route, voie, direction qui mène à un but »
Le terme méthode peut être aussi considéré comme
étant une démarche organisée et rationnelle de l'esprit
pour arriver à un certain résultat42. Pour le Pr.
Magloire ONDOUA43, « la méthode c'est le chemin qui
permet à arriver à un résultat (...) la méthode
renvoie à la démarche juridique répudiant la
démarche sociologique. Le juriste publiciste se contente de la lettre du
texte et non l'intention de l'auteur dudit texte ». Par ailleurs,
Madeleine GRAWITZ et PINTO, définissent la méthode comme «
l'ensemble d'opérations intellectuelles par lesquelles une discipline
cherche à atteindre les vérités qu'elle poursuit, les
démonte et vérifie ». Ainsi, dans l'optique d'une meilleure
analyse nous opterons dans le cadre de cette étude pour l'option
méthodologique juridique (A) puis à titre supplémentaire
l'Exégèse et la libre recherche scientifique (B).
A. La méthode juridique
Les juristes restent partagés entre deux
catégories, nous avons d'une part les jus naturaliste (adeptes du droit
naturel) qui selon le Professeur Magloire ONDOUA « se singularisent par le
fait qu'ils considèrent le droit comme étant supérieur
à l'Etat » et les positives (école du Droit positif) qui
considèrent que le droit est l'émanation de l'Etat. Il n'y a
« donc pas de droit en deçà ou au- delà de l'Etat
». Notre étude choisira de fonder son analyse sur la pensée
positiviste car il s'agira de prendre appui sur le contenu du droit gabonais
41 M. NGO MOMASSO, La notion de faute de gestion en
droit public financier au Cameroun, mémoire pour l'obtention d'un Master
en droit public, Université de Yaoundé II/Soa, année
académique 2013-2014, P.15.
42 Dictionnaire Larousse, Poche 2011, p.512.
43 Professeur Titulaire, Agrégé des
Facultés de Droit et des sciences Politiques, Doyen de la faculté
de Sciences Juridiques et Politiques de l'Université de Yaoundé
II-Soa (Cameroun).
Présenté et soutenu par Mr. ONDO NDOUTOUMOU Junior
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
permettant de procéder à la mise en oeuvre de la
responsabilité de l'auteur de détournement de deniers publics,
afin de faire état de la pratique de la répression de cette
infraction pénale. Ceci nous permettra d'adopter une méthode qui
nous permettra de connaitre l'environnement juridique en la matière et
d'en faire la critique en vue d'une amélioration nécessaire dans
la répression du détournement de deniers publics. Ceci dit,
l'Exégèse et la libre recherche scientifique viendront enrichir
notre analyse.
B. l'Exégèse et la libre recherche
scientifique
Dans l'optique d'enrichir notre analyse, le
développement de ce travail combinera l'Exégèse et la
libre recherche scientifique afin de mieux mettre en exergue les
résultats obtenus à la suite de notre travail de recherche.
L'Exégèse s'entend comme une interprétation ou commentaire
analytique et savant d'un texte ou de l'oeuvre d'un auteur. C'est une
méthode qui permet de prendre un appui scientifique sur les auteurs
ayant portés leur contribution à l'essor de la science juridique.
L'Exégèse des textes amène à une analyse profonde
du droit positif à travers une revue des textes juridiques nationaux et
internationaux44. La libre recherche scientifique quant à
elle est le fait de répondre à un sujet donné par ses
propres conceptions ou assentiments. Elle permet d'apporter une pensée
personnelle dans l'analyse du sujet afin de lui donner un caractère
particulier et propre à son auteur. C'est au travers de cette
méthode que nous allons entrevoir les solutions à apporter dans
le but de contribuer par notre modeste apport à parfaire la
répression du détournement de deniers public dans le contexte
gabonais.
V. ARTICULATION DU PLAN
Dans l'optique d'apporter une réponse au
problème central que pose ce présent mémoire, le travail
qui sera le nôtre au cours de cette étude consistera de prime
abord à traiter de la présence d'une répression du
détournement de deniers publics sur le plan textuel
(Première partie ) avant de nous consacrer in fine
à démontrer que la répression du détournement de
deniers publics malgré son encadrement juridique demeure insuffisante en
pratique (Seconde partie).
44 M. NGO MOMASSO, La notion de faute de gestion en
droit public financier au Cameroun, mémoire pour l'obtention d'un Master
en droit public, op. Cit.
LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
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PREMIERE PARTIE :
LA PRESENCE D'UNE REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS
PUBLICS AU GABON
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Présenté et soutenu par Mr. ONDO NDOUTOUMOU Junior
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
La République gabonaise est régie par la
Constitution du 26 mars 1991, établie par la loi n°3/91 et
modifié par les lois du 18 mars 1994, du 29 septembre 1995 du 22 avril
1997, du 11 octobre 2000 et du 19 août 2003 et du 12 janvier 2011. Elle
reconnaît aux juridictions judiciaires la faculté de rendre au nom
du peuple45 la justice. C'est dans cet optique qu'il est de bon
droit pour les juridictions de l'ordre judiciaire en droit gabonais de
procéder à l'encontre de l'auteur du détournement de
deniers publics à des poursuites. Ceci est de mise afin qu'il
répond de l'acte qui lui est reproché devant la
société. En effet, le droit gabonais à travers le code
pénal de 1963 a tenu à réprimer tout détournement
du bien ou de l'argent public en son article 141, tout en prévoyant de
juridictions spéciales compétentes devant juger une
catégorie d'agent public. C'est le cas par exemple avec le
Vice-président de la République, les membres du gouvernement et
des corps constitués46. Ainsi, dans le souci d'une meilleure
connaissance de l'environnement juridique en la matière, notre travail
s'évertuera tout d'abord à présenter l'effectivité
à travers l'existence de normes juridiques dans la répression du
détournement de deniers publics (Chapitre I) avant de
nous intéresser en clôture aux organes de répression du
détournement de deniers publics (Chapitre II).
45 Article 67 (L.47/2010 du 12 janvier 2011) de la
Constitution gabonaise « La Justice est rendue au nom du Peuple gabonais
par la Cour constitutionnelle, les Juridictions de l'ordre judiciaire, les
Juridictions de l'ordre administratifs, les Juridictions de
l'ordre financier, la Haute Cour de justice et les autres Juridictions
d'exception ».
46 Article 78 al.1et 4, Ibid., « La Haute Cour
de Justice est une Juridiction d'Exception non Permanente .Elle juge le
Président de la République en cas de violation du Serment ou de
Haute trahison (...). Le Vice-président de la République, les
Présidents et Vice-Présidents des Corps constitués, les
membres du Gouvernement et les membres de la Cour constitutionnelle sont
pénalement responsables devant la Haute Cour de Justice des actes
accomplis dans l'exercice de leurs fonctions et qualifiés de crimes ou
délits au moment où ils été commis, ainsi que leurs
complices et co-auteurs en cas d'atteinte à la Sûreté de
l'Etat (L.1/97du 22 avril 1997) ».
Présenté et soutenu par Mr. ONDO NDOUTOUMOU Junior
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
CHAPITRE I : L'EXISTENCE DE NORMES JURIDIQUES DANS
LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS.
Une maxime tient à soutenir que « L'Etat ne peut
tomber en faillite »47 pouvons-nous en tenir compte comme
vérité à l'heure actuelle au vue de la situation chaotique
dans laquelle est plongé les finances de l'Etat gabonais. Ce dernier,
dans son sacerdoce d'apporter de meilleures conditions de vie à sa
population ne peut se permettre une culture de pillage des deniers publics
censés conduire au niveau de vie escompté pour sa population.
C'est pourquoi depuis le début des années 2000, comme lui,
plusieurs Etats africains ont connues une obligation d'ajustement structurel
exigé par les bailleurs de fond en l'échange de crédits en
vue de financer leurs projets. Ceci est la garanti pour les bailleurs de fonds
aux fins de se faire rembourser, d'avoir par ce fait un regard sur la gestion
de leurs débiteurs. Ainsi, la réduction des charges de l'Etat
permettra à ce dernier de mieux veiller à la gestion de l'argent
public et de faire tomber la gestion malsaine des deniers publics
observée ci et là. Mais c'était mal connaitre les
dirigeants et gestionnaires africains au regard de la pérennisation des
détournements de deniers publics dans nos sociétés. «
Le principe d'un contrôle sur l'exécution des budgets et
l'utilisation des deniers publics est exposé par les articles 14 et 15
de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme et du Citoyen du 26
août 1789 qui donne aux citoyens de suivre l'emploi de la contribution
publique et à la société de demander compte à tout
agent public de son administration »48 . Ceci est rendu
possible au travers des normes qui permettent d'astreindre les fonctionnaires
à qui ont été confiés les avoirs de l'Etat à
répondre d'une appropriation personnelle de la fortune publique dont ils
se seraient rendus coupable. Ainsi, dans l'optique de prendre connaissance de
ces normes qui semblent affirmer l'effectivité de la répression
du détournement de deniers publique au Gabon. Nous traiterons de prime
abord des dispositions juridiques en matière de répressions du
détournement de deniers publics au Gabon (Section I) in fine du trait
spécifique de la loi pénale en matière de
détournement de deniers publics (Section II).
47 M. NGO MOMASSO MINETTE, « La
notion de faute de gestion en droit public financier au Cameroun
», mémoire pour l'obtention d'un Master II,
Université de Yaoundé II/Soa, année académique
2013-2014, p.1.
48 L. SAIDJ, Finances publiques, Dalloz, 4ème
éd 2003, p.111
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
Section I : Les dispositions juridiques en
matière de répression du détournement de deniers
publics
Dans le cadre du détournement de deniers publics au
Gabon, il existe un environnement juridique qui stigmatise cette
désobéissance à la loi en vigueur. Parmi les dispositions
qui régissent cette infraction nous avons les conventions
internationales et les lois de répression de cette
irrégularité (Paragraphe I) mais surtout la loi pénale
(Paragraphe II) qui est la loi sur laquelle se fonde la compétence la
juridiction répressive.
Paragraphe I : Les conventions internationales et lois de
répression du détournement de deniers publics
Le développement de cette partie nous permettra de
mettre en exergue les conventions internationales qui concourent à
encourager la répression du détournement de deniers publics (1)
puis nous nous attarderons sur les mesures prises en matière de
détournement de deniers publics (2).
1. Les conventions internationales en matière de
détournement de deniers publics
L'ordonnancement juridique d'un Etat moderne est
hiérarchisé créant un lien de subordination entre les
normes selon l'empreinte de Hans KELSEN. En effet, pour ce dernier «
l'ordre juridique n'est pas un système de normes juridiques
placées toutes au même rang, mais un édifice à
plusieurs étages superposés, une pyramide ou hiérarchie
formée (...) d'un certain nombre d'étages ou couches de normes
juridiques »49. Ainsi, au sommet se trouve la Constitution
norme suprême à laquelle toutes les autres normes se doivent
d'être conformes. Parmi elles se trouvent en dessous les conventions
internationales. Les conventions internationales sont des accords de
volontés entre deux ou plusieurs Etats dans le but de régir leurs
rapports ou de régir un comportement qu'ils jugent néfaste pour
la société internationale. Tel est le cas de la Conventions des
Nations-Unis contre la corruption de 2004. En effet, en faveur de la lutte
contre la corruption dans les différents pays signataires50
de la convention des Nations-Unies contre la corruption, un accent a
été mis sur le détournement de deniers publics qui est au
même titre que cette dernière « un mal insidieux
»51 qui doit être éradiqué
49 H. KELSEN, « Théorie pure du droit
», traduction française de la 2ème éd. Par
Charles EISENMANN, Dalloz, Paris, 1962.
50 Le Gabon a déposé auprès du
Secrétariat général du Nations-Unies son instrument de
ratification de la Convention des Nations -Unies contre la corruption le 2
octobre 2007.
51 Entendez par là un mal qui se répand
ou qui se développe de façon insensible, et le plus souvent
pernicieuse.
Présenté et soutenu par Mr. ONDO NDOUTOUMOU Junior
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
avec la plus grande énergie. Ainsi, cette convention
rappelle que « chaque Etat partie adopte les mesures législatives
et autres nécessaires pour conférer le caractère
d'infraction pénale, lorsque les actes ont été commis
intentionnellement, à la soustraction, au détournement ou
à autre usage illicite, de tous biens, de tous fonds ou valeurs publics
(...) qui lui ont été remis à raison de ses fonctions
»52. Par cette disposition universelle, la convention des
Nations-Unies affirme le caractère d'infraction pénale du
détournement de deniers publics qui doit être
considéré comme tel par l'ensemble de pays qui ont signés
et ratifiés ladite convention. Ainsi, cette irrégularité
sera donc stigmatisé par l'ensemble des Etats ayant ratifiés
cette convention. Cette recommandation de l'article 17 de la convention des
Nations-Unies vient à encourager le législateur à
légiférer dans le but de lutter contre le détournement de
deniers public. En amont, la Charte Africaine sur les Valeurs et les Principes
du service Public et de l'Administration de 2011 dispose que « les
agents publics doivent faire preuve d'intégrité et de respect des
règles (...) »53. L'intégrité
dont il est question consiste pour l'agent public de faire preuve de
probité dans l'exercice de ces fonctions. Dans le cas
échéant, de respecter le caractère sacré de l'agent
public dont il est le détenteur précaire. L'Etat en est le
propriétaire initial. Par ce fait, une recommandation est donc faite aux
agents détenteurs des deniers de l'Etat du fait de leurs fonctions de ne
pas confondre leur patrimoine financier propre avec ceux cités. En
effet, les fonds publics appartiennent à l'ensemble du peuple, ils ne
peuvent faire preuve d'acquisition personnelle par quiconque. Ne pas veiller
sur le respect des fonds publics est un danger pour le développement de
toute société. Dans la même optique des mesures allant dans
le sens de punir cette irrégularité sont aussi de mise aux fins
d'étoffer la législation en la matière.
2. Les mesures en matière de détournement
de deniers publics
La répression du détournement de deniers publics
est exprimée dans la législation gabonaise au travers de
plusieurs mesures et normes mise en plan par l'Administration. Ces mesures
tiennent à respecter les droits et préceptes de l'Etat moderne
parmi lesquels la démocratie qui permet la gestion de l'argent public
par le peuple à travers les fonctionnaires en lieu et place du Monarque.
Selon Alain ETCHEGOYEN « la démocratie est mensongère si
elle n'aborde pas de front la question de l'argent »54. Or,
elle entretient un malaise avec lui.
52 Art. 17 de la Convention des Nations- Unies contre
la corruption.
53 Art.10. al.1 Charte Africaine sur les Valeurs et
les Principes du service Public et de l'Administration, adoptée par la
XVIème Session ordinaire de la Conférence de l'Union Africaine
tenue à Addis- Abéba, en Ethiopie, le 31 janvier 2011.
54 A. ETCHEGOYEN, « la démocratie malade
du mensonge, éd., François BOURIN, 1993, P.61.
Présenté et soutenu par Mr. ONDO NDOUTOUMOU Junior
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
Certes, elle ne diabolise pas l'argent, mais elle a peur de sa
force centrifuge, force qui incite à l'individualise
égocentrique55. C'est donc dans l'optique de taire les
comportements individualistes que la loi portant statut général
des fonctionnaires de 1981 prévoit en son article 16 que « toute
faute commise par un fonctionnaire dans l'exercice de ses fonctions, ainsi que
toute condamnation judiciaire en matière pénale l'exposent
à des sanctions disciplinaires ». Le fonctionnaire est un agent du
service public ou employé de l'Etat ou de ses institutions, y compris
ceux qui ont été sélectionnés, nommés ou
élus pour entreprendre des activité au nom de l'Etat, à
tous les niveaux de sa hiérarchie56. Dans cette optique de
proscrire toute attitude contraire au caractère insaisissable de
l'argent public qu'il est tenu pour tout agent public « à
l'obligation de probité et de désintéressement sous la
double sanction pénale et disciplinaire. Il lui est interdit (...) le
détournement ou la soustraction de deniers ou valeurs dont l'agent est
dépositaire dans l'exercice ou l'occasion de l'exercice de sa fonction
»57. Par ce qui précède, la Fonction publique
employeur de l'agent public met en garde ce dernier contre le
détournement de deniers publics au risque de voir sa
responsabilité mise en oeuvre aussi bien sur plan disciplinaire,
c'est-à-dire par rapport à son emploi au sein de la Fonction
publique, que sur le plan pénal par le biais de la juridiction
répressive compétente en la matière. L'Etat gabonais dans
le but de lutter contre la corruption et les actes d'enrichissement illicite
dont peuvent se rendre coupables les agents publics à l'occasion de
l'exercice de leurs fonctions, à créer conformément
à loi n°003/2003 du 07 mai 2003, la Commission nationale de lutte
contre l'enrichissement illicite. Cette commission a pour mission de
prévenir et d'investiguer sur les questions relatives à la
corruption et l'enrichissement illicite en République gabonaise. Selon
CNUCC l'enrichissement illicite s'entend comme « une augmentation
substantielle du patrimoine d'un agent public que celui-ci ne peut
raisonnablement justifier par rapport à ses revenus légitimes
»58. La LEI de 2003 prévoit la connaissance par la
Commission des investigations à la suite de saisine ou soupçon en
matière de détournement de deniers publics. Dans la mesure
où le détournement de fonds est considéré comme une
pratique d'enrichissement illicite59. Ainsi à travers cette
commission la répression du détournement peut connaitre son
effectivité comme le prévoit les lois en vigueur.
55A. TAILLEFAIT, le Droit français et
l'intégrité des fonctionnaires, in Séminaire de Droit
administratif, européen et global, 2008, P.1.
56 Art.1 de la Charte Africaine sur les Valeurs et
les Principes du service Public et de l'Administration, op. Cit, P.1.
57 Art.15 de la loi n°18/93 du 13 septembre 1993
portant Statut général de la fonction publique.
58 Art.20 de la Convention des Nations-Unies contre la
Corruption.
59 Art 4 de loi n°003/2003 du 07 mai 2003
portant création de la Commission nationale de lutte contre
l'enrichissement illicite.
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Arnaud Landry Page 20
LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
Il est aussi à noter, une volonté
gouvernementale de voir une répression du détournement de deniers
publics. En effet, dans cette optique certaines mesures ont été
prises au soutien de la manifestation de la vérité en la
matière. C'est l'objet de la création par l'Etat gabonais dans sa
quête de la lutte contre l'enrichissement illicite et du souci d'une
bonne gouvernance d'une « opération mains propres »
dénommée « Mamba » dans le but d'assainir les Finances
publiques. Cette opération permet donc de lutter contre la grande
corruption et le détournement de l'argent public observé
jusque-là comme étant « un sport national ». A la suite
de la mise en place de cette opération judiciaire, ont suivies les
arrestations des Sieurs Magloire NGAMBIA et Etienne NGOUBOU, l'interpellation
de Désir GUEDON, et le mandat international émis à
l'encontre d'Alfred MABICKA. Antérieurement, en 2008, il a
été noté une interpellation d'agents publics dans
l'affaire60 du FODEX61 qui opposait le Ministère
public aux sieurs Jeanne NGOLEINE OSSOUKA (administrateur général
du FODEX) et son adjoint Vincent NTOUTOUME EMANE poursuivi pour
détournement de deniers publics. Ces derniers avaient été
placés sous mandat de dépôt au début de
l'année 2006 avant d'être libéré quelques jours plus
tard, après acquittement d'une caution respective de 150 et 40 millions
de FCFA. Toutes ces affaires sont encore en instance d'une décision
finale par la juridiction répressive compétente.
Néanmoins, il est notable de signaler le voeu scriptural consenti dans
la répression du détournement de deniers publics au Gabon, dont
la loi de base reste la loi pénale de 1963.
Paragraphe II : La loi pénale en matière de
répression du détournement de deniers publics
Le détournement de deniers publics est un crime
financier62 qui appauvri le propriétaire initial des fonds
détournés (l'Etat, une collectivité local, organisme
public) pour enrichir le patrimoine d'un individu (l'auteur du
détournement). De ce fait, cet acte incriminé ne pouvant
être que le fait d'un agent du service public est réprimé
non pas par les règles de finances publiques mais par la loi
pénale. Ainsi, au cours de ce développement, nous traiterons de
la disposition pénale d'appui à la répression de
l'irrégularité (1) et de la pénalisation du
détournement de deniers publics (2).
60 Affaire qui n'a pu se tenir devant la Cour
Criminelle le 30 juin 2008 comme prévu car renvoyé au mois
d'octobre en raison de l'absence des principaux protagonistes.
61 Fonds d'Expansion de petits et moyens
entreprises.
62 En déviant l'argent public, l'agent
public bafoue au travers de cet acte les règles de gestion efficiente de
l'argent public qui recommandé à tout gestionnaire de l'argent
public. Le détournement de deniers public va donc à l'encontre
des règles de gestion publique.
Présenté et soutenu par Mr. ONDO NDOUTOUMOU Junior
Arnaud Landry Page 21
LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
1. La disposition pénale d'appui à la
répression de l'irrégularité
L'auteur du détournement de deniers publics doit
être, de manière générale, chargé d'une
mission de service public63. Ce dernier n'est coupable que s'il est
démontré qu'il a détourné ou soustrait l'argent
public qui lui a été remis en raison de ses fonctions ou de sa
mission. En matière financière, l'orientation des recettes et des
dépenses annuelles de l'Etat est contenue dans un document qui a valeur
de loi dénommée la loi de finances64. Mise à la
disposition des ministères et organismes en charges de mettre en route
la politique publique de l'Etat, l'argent public sera au centime près
dépensé avec parcimonie et selon les prévisions de la
hiérarchie de l'administration dans laquelle il a été
affecté après l'acceptation par le Parlement de sa mise à
disponibilité. C'est la « nécessité de la
dépense publique ». A la lecture de ce qui précède,
on pourrait penser que le détournement de deniers public est
réprimé selon les préceptes et règles de
protections de finances publiques. Il n'en est pas le cas. En effet, cette
prérogative de sanctionner le détournement de deniers publics
dont s'est rendu coupable un agent public est réservé à un
autre instrument; le code pénal. Il est l'ensemble des textes
prévoyant les infractions et les peines encourues par tout contrevenant.
Le code pénal gabonais qui régit le détournement de
deniers publics est issu de la loi N°21/63 du 31 mai 1963. Le code
pénal gabonais ne définit pas de manière singulière
le détournement de deniers publics, mais à travers son article
141 il incrimine le fait pour un agent public de détourner ou soustraire
des fonds, des espèces titres, ou bien mobiliers qui lui sont
confiés. La loi pénale est la norme sur laquelle s'appuie sur le
plan interne la juridiction répressive afin de réprimer toute
désobéissance dont s'est rendu coupable un individu au sein de la
société. C'est donc conformément à l'article 141 du
code pénal que ce dernier incrimine le détournement de deniers
publics des agents publics au Gabon. Ceci justifie le renvoi à une
responsabilité pénale des infractions des fonctionnaires commises
dans l'exercice de leurs fonctions65 . Cet état des faits est
dû à la nature juridique du détournement de deniers publics
qui est une infraction. Une infraction s'entend comme « comportement actif
ou passif (action ou omission) prohibé par la loi et passible selon la
gravité d'une peine principale, soit criminelle, soit correctionnelle,
soit de police, éventuellement assortie de peines complémentaires
ou
63 V. Article 141 du code pénal gabonais : -
(modifié par les lois n° 16/70 du 17 décembre 1970,
42/87 du 31 décembre 1987, et 19/93 du 27 août 1993).
64 La loi de Finances est l'instrument qui
détermine les ressources et les charges de l'Etat pour le compte d'une
année.
65 Art.51 de la loi n°14/2005 du 8 août
2005 portant code de la déontologie de la fonction publique : «
L'agent public est pénalement responsable des infractions commises dans
l'exercice ou à l'occasion de l'exercice de ses fonctions, dans les
conditions fixées par les textes en vigueur ».
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Arnaud Landry Page 22
LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
accessoires ou de mesure de sureté »66.
Sur ceux, il devient plus plausible de considérer
l'irrégularité étudiée comme étant de la
compétence de la juridiction en charge de l'application de la loi
pénale au vue de son caractère infractionnel. Ceci va donc nous
permettre de mieux appréhender l'opportunité de la
pénalisation du crime de détournement de deniers publics avant de
nous intéresser plus loin à la juridiction qui en a
compétence.
2. La pénalisation du détournement de
deniers publics
Nous pouvons entendre la pénalisation comme
étant le fait de donner un caractère pénal à
quelque chose. En d'autres termes, c'est le fait pour le droit pénal de
régir un comportement qui lui serait contraire. Le droit pénal
quant à lui est l'ensemble des règles de droit ayant pour objet
la définition des infractions ainsi que les sanctions qui lui sont
applicables67. Le détournement de deniers publics
étant définit comme étant une infraction, il est de facto
régit par le droit pénal au travers du code pénal qui va
donc mettre à nu au bénéfice de toute la
société des sanctions que tous encourent en cas d'agissement
pouvant être considéré comme telle. Ainsi, il est important
de savoir à quel moment le droit pénal considère un acte
comme passible de peines pénales. Il semble fort important de savoir que
« ni la simple pensée, ni même l'intention de commettre une
infraction ne sont punissables»68. Néanmoins, le
caractère de la pensée murie par le délinquant de
commettre un acte punissable est important dans la qualification du
détournement de deniers publics. Le bien public est frappé d'une
protection particulière, les caractères «
d'inaliénabilité, d'insaisissabilité et
d'imprescriptibilité attaché au domaine public » fondent sa
particularité avec un bien d'une personne privée. Ceci est de
mise en ce qui concerne la fortune publique. Le bien public est la
propriété de tous, de manière plus précise de tous
les citoyens d'où le caractère répréhensible de son
appropriation par quiconque. En ce qui concerne le droit pénal, selon le
Dr AKONO ONGBA Sedena, l'intention criminelle est un élément
déterminant de qualification d'une infraction. L'on distingue
généralement la faute intentionnelle de la faute non
intentionnelle. La première se caractérise par la volonté
de porter atteinte à la valeur sociale protégée. En
revanche, la seconde résulte davantage de l'imprudence de son
auteur69. L'intention criminelle est déterminée par le
caractère dolosif de l'acte qui est imputable à l'auteur de
l'infraction. Puis, elle « est déterminé par la
volonté de l'auteur de la faute, d'atteindre un
66 G. CORNU, Vocabulaire juridique, association
Capitant, PUF, 10 éd, 2014.
67 Lexiques des termes juridiques, Dalloz, 17
éd., P.279-280.
68 H. RENOUT, Droit pénal
général, Paradigme, 2007-2008, p.119.
69 F. DESPORTES, F. Le GUHENEC, Droit pénal,
Paris Economica, 2005, p.424.
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Arnaud Landry Page 23
LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
résultat donné appelé dol spécial
»70. On entend par dol spécial la volonté de
parvenir à un résultat déterminé. Avoir conscience
de ses actes et de vouloir agir en violation de la loi pénale ne suffit
pas toujours à caractériser l'élément intentionnel
d'une infraction. Par exemple le meurtre requiert une intention de tuer : c'est
le dol spécial. En l'absence de ce dernier, il s'agirait de violences
ayant entrainé la mort sans intention de la donner. Par transposition
à notre sujet dans ce cas on ne parlerait pas de détournement de
deniers publics mais plutôt de faute de gestion71. « La
volonté « manifeste » et « avérée »
rend compte de l'élément intentionnel de l'infraction de
détournement de deniers publics.
En sus, La qualification du détournement de deniers
publics en droit gabonais repose dans l'acte matériel que pose l'auteur
de cette irrégularité. En effet, il faut à la lecture de
l'article 141 du code pénal que l'auteur soit coupable d'avoir
«(...) détourné ou soustrait des deniers publics (...) dont
il était dépositaire à l'occasion de ses fonctions».
Au sein de l'administration « la manipulation ou l'administration du bien
collectif est insérée dans un cadre juridique bien précis.
Celui-ci est constitué d'un ensemble de normes permissives et / ou
prescriptive, qui orientent et déterminent le comportement de l'individu
ou de l'agent public envers la chose publique »72. Le droit
positif considère comme nous le disions plus haut que l'acte criminel
enfuit dans la pensée du délinquant n'est pas en soit punissable
tant qu'elle n'est pas extériorisé. C'est-à-dire par
exemple que le seul fait de penser à voler un meuble appartenant
à autrui ne donne pas lieu à poursuite. Seul l'acte
extériorisé peut être répréhensible. Dans le
cas évoqué la soustraction matérialisée du meuble
d'autrui attrait son auteur devant la juridiction compétente. Tel est le
cas avec l'irrégularité qui a notre attention, l'acte
matériel punissable est l'acte ou l'ensemble de manoeuvres frauduleuses
qui concourent à la réalisation de l'acte punissable. La
commission de l'acte qui porte préjudice aux avoirs de la personne
publique est nourri par un dessin criminel qui finit par s'extérioriser
par la
70A. ONGBA Sedena, la distinction entre la faute de
gestion et le détournement de deniers publics en droit camerounais,
Ibid., p.273.
71 Selon l'article 93 de la Loi organique n°
11/94 Fixant l'organisation, la composition, les compétences, le
fonctionnement et les règles de procédure de la Cour des comptes
est considéré comme faute de gestion le fait pour agent public de
: «... dissimuler un dépassement de crédit, imputé ou
fait imputer irrégulièrement une dépense aura
engagé des dépenses sans en avoir le pouvoir ou sans avoir
reçu délégation de signature à cet effet ; aura, en
dehors des cas précédents, enfreint les règles relatives
à l'exécution des recettes et des dépenses de l'Etat, ou
des collectivités, établissements ou organismes soumis au
contrôle de la Cour ou à la gestion des biens leur appartenant ou
qui, chargée de la tutelle desdites collectivités, aura
donné son approbation aux décisions incriminées ; aura,
dans l'exercice de ses fonctions, omis sciemment de souscrire des
déclarations qu'elle est tenue de fournir aux administrations fiscales
ou fourni sciemment des déclarations inexactes ou incomplètes ;
aura, dans l'exercice de ses fonctions ou attributions, en
méconnaissance de ses obligations, procuré à autrui ou
à soi-même un avantage injustifié, pécuniaire ou en
nature, entraînant un préjudice pour le trésor, la
collectivité, ou l'organisme intéressé, ou aura
tenté de procurer un tel avantage ».
72 H. KELSEN, Théorie pure du droit,
2ème éd., Paris, Dalloz, 1962, Traduction Charles
Eisenmann, pp.75-94, Spéc., pp.89-90.
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
déviation du bien public dont à la charge. C'est
dire que l'intention criminelle doit aller à son terme par la commission
de l'acte réprimander par la loi. Il est donc nécessaire de
savoir que la commission de l'acte ici est d'abord nourrie par la planification
qui permet de retenir le bien public, accompagné par l'intention de
nuire à la fortune publique aux fins de qualification de
détournement de deniers publics. En l'absence de toute intention de
commettre un acte punissable le détournement ne serait point retenu dans
ce cas. Par le fait, de la déviation du bien public la commission de
l'infraction est immédiatement retenu à l'encontre de l'auteur
qui ne peut s'en dédouaner que s'il arrive à prouver qu'il est le
fait de la volonté d'un autre que lui. Par exemple, qu'il s'est
exécuté sous la pression de la hiérarchie. Ainsi, l'acte
qui a procédé au passage des sommes querellées du
patrimoine de la personne publique vers un une personne privé constitue
l'élément de culpabilité de l'auteur. Par cette
destination imprévue des fonds publics la personne publique à qui
ils appartiennent se voit flouer dans ses droits par la transgression des
règles de conduite financière qu'est censé connaitre
toutes personnes qui procèdent aux maniements de deniers publics. La
suite de cette irrégularité sera la preuve à l'encontre de
l'auteur de sa poursuite de la désobéissance de la loi
pénale. Il se verra donc confronté à la
sévérité de la loi pénale en la matière.
Section II : Le trait spécifique de la loi
pénale en matière de détournement de deniers publics
A l'instar de toute norme, la loi pénale possède
une identité particulière qui tend à la
différencié des autres normes existant au sein de la
société dans laquelle elle a été
édictée. Il va donc s'agir pour nous de mettre en lumière
le particularisme de la loi pénale gabonaise en matière de
détournement de deniers publics. Pour se faire, nous prendrons appui sur
la sévérité de la loi pénale en matière de
détournement de deniers publics (Paragraphe I) et sur la mise en oeuvre
de la responsabilité de l'auteur (Paragraphe II).
Paragraphe I : Une loi sévère en
matière de répression du détournement de deniers
publics
Une loi sévère est considérée
comme une règle rigoureuse suite à la commission d'un acte
qu'elle réprime. La sévérité de la loi
pénale gabonaise repose sur la dureté de la loi pénale
applicable en matière de détournement de deniers publics (1) et
sur la déchéance dont fera l'objet l'auteur du
détournement de deniers publics (2).
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
1. La sévérité de la loi
pénale applicable en matière de détournement de deniers
publics
Le détournement de deniers publics au Gabon est
incriminé par le Code pénal en son article 141. L'alinéa
173 dispose que : « Tout fonctionnaire ou agent de l'Etat ou
des collectivités publiques qui aura détourné ou soustrait
des deniers publics ou privés, ou effets actifs en tenant lieu, ou des
espèces, titres, effets ou objets mobiliers dont il était
dépositaire à l'occasion de ses fonctions, sera puni de la
réclusion criminelle à perpétuité si les choses
détournées ou soustraites sont d'une valeur supérieure
à 250.000 francs ». A la lecture de cet article qui montre le
caractère sévère de cette loi pénale provient de
prime abord de la peine qui découle du détournement de deniers
publics.
En effet, l'article 141 prévoit à l'endroit de
l'auteur : « la réclusion criminelle à
perpétuité ». La réclusion criminelle est
une peine criminelle de droit commun, perpétuelle ou temporaire de
trente, vingt, quinze ans au plus, dont l'objet est la privatisation de
liberté du condamné74. C'est donc une peine privative
de liberté de trente ans au plus. Le terme «
perpétuité » quant à lui s'entend de ce qui a une
durée infinie ou sans limite. En nous appuyant sur les
définitions déclinées précédemment nous
pouvons considérer la réclusion criminelle à
perpétuité comme étant une peine privative de
liberté pour une durée sans limite. C'est la peine que
retient la loi pénale à l'encontre de l'auteur de
détournement de deniers publics. Il nous semble clair que le crime dont
il est fait allusion est une violation grave au travers de laquelle peut
découler la déstabilisation d'une société tout
entière. Une somme d'argent amputée dans le budget d'un
hôpital public censé couvrir les besoins de matériaux de
pointes de ce dernier peut générer une incapacité pour le
personnel soignant de sauver la vie de plusieurs citoyens. Le contrevenant se
verra donc punir sévèrement au travers de la disposition
susmentionnée. Dans le cas français, le Code pénal
français en la même matière puni le délinquant
à dix ans de prison et 150.000 euros d'amende75.
Comparativement à celle du Gabon cette loi semble moins
sévère. La loi pénale gabonaise est d'une
sévérité qui semble suivre la pensée d'Albert CAMUS
en parlant de l'attitude de la société au 20ème
siècle au travers de sa justice au sujet de la peine de mort, «
...Elle brandit la tête pour que les candidats au meurtre y lisent leur
avenir et reculent »76 . Cette pensée est l'expression
du rôle de la loi pénale qui est d'abord
dissuasive. C'est-à-dire au travers de sa
sévérité elle diminue
73 Art 141 du C.P al.1 (modifié par les
lois n° 16/70 du 17 décembre 1970, 42/87 du 31 décembre
1987, et 19/93 du 27 août 1993).
74 Lexiques des termes juridiques, op. Cit, P.598.
75 Art.432-15 du Code pénal français.
76 A. CAMUS, Réflexions sur la peine capitale
(Arthur KOESTHER), Pluriel, 1979.
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
les candidats à sa désobéissance à
cause de la peine à encourir. En sus, la loi pénale en cas de
violation de sa disposition procède à la
répression afin de réparer le préjudice
causé à la société. A la suite de ceci, nous notons
la sévérité de l'article 141 du Code pénal au
regard de la « somme incriminée ». Ainsi,
tout fonctionnaire qui se serait rendu coupable de détournement ou de
soustraction de deniers publics « sera puni de la réclusion
criminelle à perpétuité si les choses
détournées ou soustraites sont d'une valeur
supérieure à 250.000 francs ». Pour un
détournement de biens ou valeurs d'une personne publique
supérieure à 250.000 francs, il est retenu une réclusion
criminelle à perpétuité. Par cette disposition le code
pénal gabonais est le « porte-étendard » d'une
sévérité sans faille dans la répression de cette
irrégularité néfaste pour le développement d'une
nation.
Au regard de cette disposition, nul doute, à travers le
Code pénal gabonais, la répression du détournement de
deniers publics est effective sur le plan textuel. De ce fait, la
société va donc engager la responsabilité du fonctionnaire
fautif aux fins de protéger et de faire justice à la personne
publique victime de l'irrégularité commise. Il est pensé
que « la responsabilité est l'essence même de l'homme libre
qui doit assumer les conséquences de ses faits »77. Ne
pas punir cette injustice dont la personne publique est la victime à
travers son patrimoine spolié serait faire entorse à l'Etat de
droit basé sur l'obligation de respect par tous des lois de la
cité. Quid de la déchéance qui découle de la
désobéissance de l'auteur du détournement de deniers
public ?
2. La déchéance de l'auteur du
détournement de deniers publics
Le respect de la loi est un impératif pour tous les
citoyens au sein d'une société donnée au risque de se voir
infligé le salaire du non-respect de la norme sociale en vigueur. C'est
pourquoi la désobéissance à la loi pénale de 1963
dans le cas du détournement de deniers publics donne lieu comme nous
l'avons vu plus haut à une peine déclinée par l'article
141. En dehors de la réclusion criminelle à
perpétuité l'auteur de détournement de deniers publics se
verra infligé une autre peine en guise de rétribution du
préjudice causé à la société. De bonne
raison, il est en sus de la peine privative de liberté retenu contre
l'auteur du détournement de deniers publics la déchéance
de certains de ses droits comme il suit : « (...) les condamnés
sont de plus interdits des droits civiques, civils et de la
famille78». La déchéance est la perte d'un droit,
soit à titre de sanction, soit en raison du non-respect de ses
conditions79. Il serait
77 J-C. SOYER, l'Honnête homme et le Droit,
Mélanges, L.G.D.J., 2000, p.27.
78 Art. 141 al.6 du code pénal.
79 Lexiques des termes juridiques, op. Cit, P.224.
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
inconcevable pour la société de concevoir qu'un
individu condamné pour détournement de deniers publics serve
à nouveau l'Etat qu'il a spolié. Ainsi, au titre des droits que
perdra l'auteur figure les droits civiques, civils et de la famille
énuméré à l'article 18 du même
code80. Parmi ces droits perdus nous pouvons citer le droit de vote
ou d'éligibilité. L'auteur ne sera donc plus
considéré comme n'importe quel citoyen au sein de la
société. A la suite de son acte l'auteur du détournement
de deniers publics perd des droits dont peuvent jouir tout individu au sein de
la société. En outre, l'intéressé n'aura plus la
possibilité de pouvoir être nommé à des fonctions
publiques81. La déchéance de ses droits à
l'auteur du détournement de deniers publics exprime la
sévérité avec laquelle le code pénal sanctionne
cette infraction. Aussi, il est à noter que, au regard de la
sacralité de la chose publique, les auteurs d'actes d'atteintes à
la fortune publique qui viendraient à être condamnés, sont
exclus du bénéfice des mesures du Chef de l'Etat portant remise
de peine ou commutation82 de peine. En d'autres termes, il n'y a pas
de possibilité de remise de peine en faveur de l'auteur de
détournement de deniers publics. Ainsi, toutes ces mesures sont des
arguments de poids pour décourager toute tentative de
désobéissance et réaffirme la dureté de la loi
pénale en matière de détournement de deniers publics.
Toutes les peines énumérées ci-dessus sont le
résultat de la mise en oeuvre de la responsabilité de l'auteur du
détournement de deniers publics.
Paragraphe II : La responsabilité pénale et
les peines principales
Le terme responsabilité s'entend de l' «
obligation de réparer le préjudice résultant (...) de la
violation du devoir général de ne causer aucun dommage à
autrui par son fait personnel »83. Dans le cadre de cette
partie, nous nous intéresserons à la responsabilité
pénale de l'auteur (1) puis les peines infligées par la
répression pénale (2).
80 Art. 18 du C.P complété par la
loi IV° 19/93 du 27 août 1993), « La condamnation à
une peine criminelle emportera interdiction de l'exercice des droits civiques
et de famille suivants :
1. - de vote et d'élection ;
2. - d'éligibilité ;
3. - d'être appelé ou nommé aux fonctions
d'assesseur dans une juridiction ou autres fonctions publiques, ou aux emplois
de l'administration, ou d'exercer ces fonctions ou emplois ;
4. - du port d'armes ;
5. - de vote et de suffrages dans les
délibérations de famille ;
6. - d'être tuteur ou curateur, si ce n'est de ses
enfants, et sur l'avis seulement de la famille ;
7. - d'être expert ou employé comme
témoin dans les actes ;
8. - de témoignage en justice, autrement que pour y
faire de simples déclarations ;
9. - du droit de porter aucune décoration ».
81 Art. 18 al.3 du Code pénal.
82 Une commutation de peine est acte juridique qui
accorde une peine moindre que celle précédemment infligée
à un condamné.
83 Lexique des termes juridiques, Dalloz, 17
éd., P.631.
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
1. La responsabilité pénale de
l'auteur
Le droit pénal est un ensemble des règles
juridiques de fond et de forme, organisant la réaction de l'État
à l'encontre des délinquants et des infractions dont ils se sont
rendus coupable. Le droit pénal a une valeur pédagogique. C'est
une liste de l'interdit et du permis, un "code de bonne conduite du citoyen".
C'est la réaction sociale vis-à-vis de comportements
délinquants. La responsabilité pénale engagée lors
d'une infraction définie par le code pénal indique la
gravité des faits et les peines prévues. Le code pénal
prévoit une répartition tripartite des infractions qui distingue
les crimes, délits et
contraventions. Puis, une hiérarchie s'instaure entre
les crimes, délits et contraventions selon la gravité de
l'infraction. La responsabilité pénale est le fait pour un
individu coupable d'une infraction de le réparer selon les dispositions
de la loi pénale qui concernent l'infraction dont il est l'auteur. Elle
consiste donc pour l'agent public dans le cadre du détournement de
deniers publics de voir son obligation de réparer le préjudice
causé à la personne publique à travers l'acte
incriminé. En effet, « Tout fonctionnaire, en tant que citoyen
(...) est pénalement responsable de ses actes, à partir du moment
où il ne peut se retrancher, pour les justifier derrière l'ordre
reçu et les exigences du pouvoir hiérarchique
»84. En d'autres termes, la responsabilité pénale
d'un fonctionnaire ne peut être engagée si le crime dont il est
accusé a été commis sous influence de sa
hiérarchie. Cet état de fait éveil donc la condition du
fait justificatif de l'ordre de l'autorité hiérarchique afin de
retenir ou pas la culpabilité de l'agent public. Tel est l'exemple, d'un
Directeur général d'une entreprise parapublique qui donne l'ordre
au gestionnaire ou au comptable public de transférer pour lui 10
millions sans justification. Dans un tel cas, pour que le gestionnaire ou
comptable public argue une non culpabilité il faut qu'il prouve que cet
ordre lui a été donné sous la contrainte. Dans le cas
où responsabilité de l'agent public est prouvé par son
fait personnel, il entrainera pour l'agent public une comparution devant le
juge pénal aux fins de répondre à la charge retenue contre
lui. Le statut de gabonais de la fonction publique prévoit que les
condamnations infligées par la juridiction judiciaire à des
fonctionnaires entrainent obligatoirement le prononcé de sanctions
disciplinaires85. Le législateur gabonais consacre le
principe de l'autonomie du « droit disciplinaire » par rapport au
droit pénal : la responsabilité pénale peut s'appliquer en
même temps que la répression disciplinaire à la même
personne86. Ainsi, il est permis d'adjoindre à la sanction
pénale, la sanction disciplinaire qui s'exprime par exemple par
l'impossibilité d'occuper à nouveau une
84 J-M. BRETON, « Droit de la Fonction Publique
des Etats d'Afriques francophones, Edicef, 1990, P.189
85 Art. 15 de la loi n°18/93 du 13 septembre 1993
portant statut général de la fonction publique.
86 T.A, 17 janvier 1962, OBIANG - MVE, NTUTUME,
supra n°7 ; C.A C.S, 22 janvier 1982, NFOUGHE - ZAME, rép.
n°59.
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Arnaud Landry Page 29
LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
fonction publique87 pour un fonctionnaire reconnu
coupable de détournement de deniers publics. La responsabilité
pénale engendre en outre des peines bien spécifiques à
l'encontre de l'auteur du détournement de deniers publics.
2. Les peines infligées par la répression
pénale
Il est remarqué « de façon
générale, les peines principales infligées dans la
répression pénale des atteintes à la fortune publique sont
aux nombres de deux : l'emprisonnement et l'amende
»88. L'auteur du détournement de deniers
publics est condamné par la loi pénale à répondre
d'un préjudice, fait personnel dont il est l'auteur à l'encontre
de la personne publique. La loi pénale en la matière accompagne
la peine privative de liberté par une autre peine qui est l'amende. La
peine privative de liberté appelée l'emprisonnement inflige
à l'auteur selon l'article 141 du code pénal une peine
dénommée « la réclusion criminelle à
perpétuité » lorsque les valeurs ou deniers publics
détournés sont d'une valeur de 250.000 francs CFA. D'une peine
d'emprisonnement de deux ans au moins de dix ans au plus quand la valeur des
biens détournés ou soustrait est inférieur à
250.000 francs. La peine privative de liberté est le moyen pour la
société de punir l'individu coupable de
désobéissance pénale. Ceci permet de maintenir la
prééminence de la loi et son obligation de respect par toute
franche de la population. L'amende est une pénalité
pécuniaire infligée pour une infraction à la loi dont est
coupable un individu et qui est reversée à l'Etat à
travers le Trésor public. Cette peine pécuniaire touche
immédiatement l'auteur de l'acte incriminé dans son patrimoine
financier. L'amende qui représente la sanction pécuniaire est
à la fois une peine et une réparation du préjudice subi
par l'Etat du fait de l'agent public coupable de détournement de deniers
publics. Selon alinéa 3 de l'article 141 du code pénal, l'amende
infligée à l'auteur de détournement de deniers publics
« dont le maximum sera du quart des restitutions et indemnité et le
minimum le douzième ». A travers cette disposition, il est
prévu un seuil de prélèvement sur lequel s'appuyer pour
retirer des poches de l'auteur un montant en guise d'amende. L'amende
versée permettra au Trésor public qui est l'Administration
financière de l'Etat en charge de la gestion des dépenses et
recettes de ce dernier de recevoir des sommes aux fins de renfloués ces
caisses dépouillées par l'acte criminel de l'auteur. La sanction
pécuniaire peut être donc considérée comme
étant dans une certaine mesure une compensation suite au
préjudice subi par la désobéissance pénale de
l'auteur.
A la suite de ce qui a été dit, il serait
opportun de se demande ce qu'il en est de l'effectivité de la
répression du détournement au travers des organes chargé
de ladite répression ?
87 Cfr. Art. 18 du Code pénal, op. Cit.
88 H. EYEBE AYISSI, la protection de la fortune
publique au Cameroun, op. Cit., P.315.
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
CHAPITRE II : LA PRESENCE D'ORGANES DE REPRESSION
DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS
La législation gabonaise en matière de
répression du détournement de deniers publics prévoit un
ensemble d'organes qui peuvent contribuer à une répression
efficace de cette irrégularité dont ce serait rendu coupable un
agent public. On entend par organe dans le cadre de cette étude, un
service ou ensemble de services assurant une fonction déterminée.
Il est utile de préciser que l'organe dont il est question est un organe
juridictionnel. C'est-à-dire l'ensemble des juridictions ayant
compétence en la matière en vertu de la loi en vigueur. En effet,
dans son désir d'assainir et de protéger les finances publiques,
l'autorité publique s'est dotée d'un certain nombre d'organes
juridictionnels dans l'optique est de mettre un terme à la spoliation
des deniers publics en réprimant toute soustraction ou de
détournement de l'argent de l'Etat par les agents publics. Pour en
savoir d'avantage, notre propos se fera le devoir de présenter la
répression du détournement de deniers publics comme
compétence du juge pénal (Section I) avant de nous
intéresser à la compétence des juridictions pénales
d'exception en matière de détournement de deniers publics
créées par la loi (Section II).
Section I : La répression du détournement
de deniers publics une compétence du juge pénal
Il est admis que la règle de droit par opposition aux
autres règles sociales non juridiques retient en dernière analyse
qu'est juridique ce qui est propre à provoquer un jugement, ce qui est
susceptible de procès. Le « justicier » de cette
activité très particulière est un individu que l'on
appelle arbitre ou juge. En effet, la connaissance du détournement de
deniers publics en droit gabonais est dévolue au juge de l'ordre
judiciaire à travers une juridiction du droit commun (en attente de la
mise sur pied des juridictions d'exception prévu par la constitution
chargées de connaitre d'une telle affaire). Le juge judiciaire est un
magistrat chargé de rendre justice par l'application de la loi
pénale en vigueur. Ainsi, dans la perspective de connaître le
rôle qu'il joue dans la répression de cette
irrégularité, notre travail nous conduira vers la
compétence du juge pénal en matière de détournement
de deniers publics (Paragraphe I) avant de connaitre de la protection des
intérêts de l'Etat juge pénal (Paragraphe II).
Présenté et soutenu par Mr. ONDO NDOUTOUMOU Junior
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
Paragraphe I : La compétence du juge pénal en
matière de détournement de deniers publics
La règle de droit par opposition aux autres
règles sociales non juridiques89 retient en dernière
analyse « qu'est juridique ce qui est susceptible de procès,
justiciable de cette activité très particulière d'un tiers
personnage que l'on appelle arbitre ou juge »90. La
compétence d'un juge se trouve dans sa capacité à
connaitre d'un litige présenté à sa connaissance. Dans le
cadre du détournement de deniers publics la déviation du but
ultime du bien public91par l'auteur met en avant l'intention
criminelle qui anime son auteur (1), il vient à caractériser la
commission de l'acte en infraction (2), tous deux impliquent la connaissance du
juge pénal.
1. L'intention criminelle de l'auteur
Selon le Dr. AKONO ONGBA Sedena « l'intention criminelle
est un élément déterminant de la qualification d'une
infraction »92. En d'autres termes, pour qu'il ait infraction
il faudrait que l'intention de nuire à autrui ou au bien d'autrui soit
clairement exprimée. Pour nous, l'intention criminelle est une
volonté manifeste de poser un acte criminel en
désobéissant à la loi en vigueur. Car un acte est
dit « criminel » s'il est proscrit par la loi. Il est
distingué deux types de faute en lien avec l'intention, nous avons la
faute intentionnelle et la faute non intentionnelle. La première se
caractérise par la volonté par l'auteur d'enfreindre la
règle sociale tandis que l'autre est excepté de cette
volonté de nuire, il est plus l'oeuvre de l'imprudence de son
auteur93. Dans le cadre de cette étude, la faute
intentionnelle nous intéressera au plus haut point car il permet
d'affecter l'acte incriminé au crédit de l'auteur condition pour
que le détournement de deniers publics soit retenu. L'intention
criminelle dont il question est déterminée par la volonté
de l'auteur de la faute incriminée d'atteindre un résultat bien
précis ; on parle ici de dol spécial. La préparation de
l'acte qui va enfreindre la règle sociétale
protégée fait partie intégrante de la volonté de
l'auteur de conduire à bien son dessein criminel. Ce dessein va prendre
son caractère d'infraction à travers la soustraction ou le
détournement de deniers publics qui sera l'acte matériel sur
lequel va s'appuyer le juge pénal pour le prononcer de sa
décision. Ainsi, toutes les manoeuvres qui vont concourir à la
réalisation de l'infraction vont justifier la volonté pour
89J-L. BERGEL, « Théorie
Générale de Droit », Dalloz, Paris, 2012, p.345.
90J. CARBONIER, « Flexible droit »,
L.G.D.J., 5éd, 1983, p. 22.
91S. AKONO ONGBA, la distinction entre la faute de
gestion et le détournement de deniers publics en droit
camerounais, op. Cit, P.249.
92S. AKONO ONGBA a distinction entre la faute de
gestion et le détournement de deniers publics en droit
camerounais, op. Cit, P. 272.
93F. DESPORTES, F. Le GUHENEC, Droit pénal
général, Paris Economica, 2005, P. 424.
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
l'auteur de porter préjudice à l'Etat à
travers l'argent public détourné. La volonté manifeste de
l'auteur permettra la qualification du caractère intentionnel de l'acte
qui va aboutir au détournement de deniers publics. S'il venait à
manquer cette intention pour l'accuser de nuire à la fortune publique,
le juge pénal ne pourrait se prononcé sur ledit litige. Car il
est nécessaire que l'auteur du détournement de deniers publics
soit animé de la volonté de garder pour lui ou pour autrui le
bien appartenant à la personne publique. L'acte ne doit donc pas
être le produit d'une erreur avérée de l'accusé.
Quid du détournement de deniers publics en tant qu'infraction
pénale ?
2. La commission d'une infraction pénale
Dans l'édification de notre définition du
détournement de deniers publics, ce dernier a fait l'objet d'une
qualification dénommée infraction pénale. Une infraction
s'entend d'« un comportement actif ou passif (action ou omission)
prohibé par la loi et passible selon la gravité d'une peine
principale, soit criminelle, soit correctionnelle, soit de police,
éventuellement assortie de peines complémentaires ou accessoires
ou de mesure de sûreté »94. A l'expression du
droit gabonais, une infraction pénale ne peut être
dégagée que par une juridiction répressive. Plus
précisément, « la qualification de faits comme constitutifs
de détournement de deniers publics relève de la compétence
exclusive des organes juridictionnels, en particulier des juridictions
répressives »95 elle est l'exclusivité de la
juridiction répressive. Le caractère criminel de cette
irrégularité trouve racine dans les manoeuvres frauduleuses dont
s'est rendu coupable l'auteur du détournement de deniers publics afin de
réaliser son forfait contre la fortune publique. En détournant le
bien public censé suivre un chemin bien déterminé,
l'auteur de l'irrégularité s'approprie un bien qui ne lui est pas
dû. Il profite de sa fonction pour le détourner à son
profit. Par ce fait, il viole le caractère sacré96 de
la chose publique. La société se verra donc obligé de
mettre en oeuvre sa responsabilité pénale car « tout
fonctionnaire, en tant que citoyen, mais également par les dispositions
du Statut de la fonction publique, en sa qualité d'agent public est
pénalement responsable de ses actes, à partir du moment où
il ne peut se retrancher pour les justifier ». C'est dire qu'un comptable
public désigné comme coupable de détournement de
deniers
94 G. CORNU, Vocabulaire juridique (Association
Henri CAPITANT), PUF, 10 éd.2014.
95S. AKONO ONGBA, la distinction entre la faute de
gestion et le détournement de deniers publics en droit Camerounais,
op.cit., p.277.
96 Le Professeur Maurice KAMTO Souligne à
cet égard : « Il y a une sacralisation de la chose publique dans la
doctrine du droit public qui vient sans doute que cette chose publique est
conçue comme la chose de tous, donc du peuple tout entier et non plus
seulement celle du monarque et que toute atteinte à cette chose est
perçue par chacun, en l'occurrence chaque citoyen comme une spoliation
personnelle ». KAMTO (M), « la chose publique », RASJ, vol.2,
n°1, 2001, pp.1-18, Spéc., p.11.
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Arnaud Landry Page 33
LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
publics peut décliner sa responsabilité du fait
reproché s'il fait la preuve que cette faute est indépendante de
sa volonté. C'est le cas par exemple, d'un ordre manifestement
illégal reçu de sa hiérarchie dont il était tenu ou
de son obéissance à une sortie de fonds exigée par
l'autorité hiérarchique attestée par un document. Le juge
pénal qui est le juge par excellence en la matière, en
connaissance d'une affaire de cet acabit va procéder tout d'abord
à l'analyse de l'affaire par rapport aux dispositions de la loi en
vigueur aux fins de donner à l'affaire la qualification qui sied.
Ensuite, il va procéder aux poursuites du présumé avant de
pouvoir établir sa responsabilité conformément à la
loi lors d'un procès car « les juges ne sont soumis, dans
l'exercice de leurs fonction, qu'à l'autorité de la loi ».
La connaissance par le juge judiciaire du détournement de deniers
publics trouve son fondement dans le fait selon lequel « la Constitution
est le texte majeur qui érige l'autorité judiciaire en gardienne
de la liberté individuelle ». Nous pouvons le vérifier aux
termes de l'article 1er §23 in fine de la Constitution
gabonaise qui dispose que « le pouvoir judiciaire, gardien de la
liberté individuelle, assure le respect...» des principes
fondamentaux « ... dans les délais fixés par la loi ».
L'autorité judiciaire est donc le garant des libertés
fondamentales, qu'il s'agisse des libertés des citoyens que ceux de la
personne publique. En droit gabonais, le juge judiciaire est issu de l'ordre
judiciaire qui est reparti en juridictions de trois degrés comportant
plusieurs formations. Les arrêts qui sortiront des juridictions
citées plus haut « sont revêtus de l'autorité de la
chose jugée ». C'est pourquoi, le détournement de deniers
publics à travers son caractère infractionnel est du ressort du
juge pénal. Par ailleurs, il est a précisé qu'en droit
gabonais, il est prévu par le nouveau code de procédure
pénal que « tout agent public ayant commis des détournements
ou des soustractions au sens de l'article 141 du code pénal,
supérieur à en valeur à 250.000 francs est traduit devant
la Cour criminelle spéciale97». Cette dernière
est une juridiction pénale d'exception dont nous ferons l'étalage
des compétences dans les lignes avenirs. Pour l'heure, place au
rôle de protection des intérêts publics par le juge.
Paragraphe II : La protection des intérêts de
l'Etat par le juge pénal
La protection des intérêts de la personne
publique est d'une importance capitale dans le but d'inciter le respect de la
fortune publique par les agents publics qui en ont la charge car le salut de la
fortune publique passe par « une bonne protection juridictionnelle
»98. C'est dans cette optique qu'il est mis sur pied des lois
qui permettent de dissuader tout contrevenant à
97 Article 238 de la loi n°03/2010 du 25 novembre
2010 portant code de procédure pénal gabonais.
98 H. EYEBE AYISSI, la protection de la fortune
publique au Cameroun, Les Editions Le Kilimandjaro, 2013, p.315.
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
aller à l'encontre de la loi qui est favorable au
respect de l'argent public. Par ailleurs, si la désobéissance a
été matérialisée par un agent public le juge
pénal n'aura pas de choix que celui de sévir conformément
à la loi en vigueur. Dans l'optique de mieux appréhender ce
rôle dévolu au juge pénal la protection du bien public (1)
l'incrimination de la désobéissance pénale (2) nous
conduirons.
1. La protection du bien public
Le bien public de par son caractère qui fait qu'il soit
considéré comme la chose de tous ne permet guère que son
appropriation soit fait à titre individuel. C'est dans cette optique
qu'il est procédé à la répression des comportements
qui vont dans le sens d'enfreindre cette obligation de respecter la chose
publique, chose de tous. La protection du bien de la personne public incombe au
juge pénal dans la mesure où le détournement de deniers
publics viole la liberté pour la personne publique de jouir de son
argent de la manière qu'il a été prévu. Le juge va
donc mettre en opposition à cet acte répréhensible la
force de la loi. La loi en quelque sorte comme à la suite de la
guillotine qui était une peine capitale au 20ème siècle
« brandit la tête pour que les candidats au meurtre y lisent leur
avenir et recule ». C'est-à-dire que la justice pénale par
sa sévérité permet de faire naitre la crainte dans
l'esprit de ceux, parmi les agents publics qui seraient attiré par la
transgression de la loi pénale d'y réfléchir aux fins
d'abandonner leur entreprise criminelle. Par ce fait, le droit pénal
contribue par l'autruchement du juge judiciaire à protéger les
intérêts de la personne publique en brandissant la force de la loi
en vigueur. Laissez les agents publics spolier la fortune publique serait pour
la juridiction chargé du respect des droit fondamentaux un manquement
grave à l'effectivité desdits droits au sein de la
société. En effet, la protection de la fortune publique permet
à l'Etat d'assurer l'effectivité des droits qu'il doit garantir
à tous. De ce fait, un détournement de deniers peut causer moult
désagrément dans l'épanouissement d'une population voire
pire dans la mesure où par « les trous » sans cesse
relevé dans les caisses du Trésor public tant à condamner
des hommes, femmes et enfants à perdre leur vie pour cause de manque de
matériaux sanitaires de pointes ou de médicaments dans les
hôpitaux publics. Que de milliers de personnes par de tels agissements ne
pourront avoir accès au monde de l'emploi que doit garantir l'Etat
à sa population99. L'avenir de plusieurs
générations sacrifiées poussées à vivre dans
des conditions sous-humaines pour qui survivre est un impératif
quotidien quit à se nourrir dans des décharges publiques pendant
que leurs bourreaux savourent la plénitude et l'opulence avec l'argent
censé apporter un mieux - être à ces
99 Article 1er §7 de la Constitution
gabonaise de 1991.
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
hommes, femmes et enfants qui croupissent dans la
misère. Il est à noter que la violence n'est pas qu'une
manifestation physique. Que reste-t-il de digne à un humain saint
d'esprit si pour vivre il doit faire le tri des ordures pour se nourrir ? Le
détournement de deniers publics d'un agent public qui jouit d'une
impunité du fait des rapports qu'il entretien avec le pouvoir politique,
ou favorisé par l'abus du pouvoir discrétionnaire du juge qui
peine à exécuter sa tâche, vient à encourager la
misère et la fracture de la société dont les perdants ne
seraient autres que la franche de la population la plus pauvre en proie
à la mort faute d'infrastructure sanitaire ou la misère faute
d'emploi. Cet état des choses se pérennise d'années en
années car « des prédateurs financiers » ne cessent de
naitre soutenu par le laxisme des autorités judiciaires qui ne veulent
prendre à bras le corps ce cancer qui ne cesse de ronger la
société gabonaise chaque jour un peu plus. Il est temps de mettre
en place un cadre plus efficace dans la répression de cette
irrégularité pour un jour atteindre le développement dont
la jeunesse gabonaise a besoin pour qu'elle puisse être apte à
relever les défis de demain. Penser au lendemain est utile pour la Gabon
si tend la jeunesse reste sacrée100 pour les dirigeants de ce
pays. Pour ce faire, ceci passe inexorablement par l'impérieuse
nécessité de faire de la répression de l'infraction de
détournement de deniers publics une réalité.
2. L'importance de l'incrimination de la
désobéissance pénale
Il est traditionnellement enseigné que la norme
pénale a pour fonction de défendre l'intérêt
social101 en organisant la prévention et la répression
des comportements attentatoires aux valeurs essentielles pour le maintien de la
vie collective102. Le législateur conscient de l'importance
de garder la société en conformité avec les lois en
vigueur semble prendre à bras le corps l'incrimination de la
désobéissance pénale dont il est question dans cette
étude. Le juge pénal conscient de sa tâche, doit assurer le
dévouement au respect de la loi par les citoyens et à la
privation de liberté de toute personne coupable d'avoir enfreint cette
dernière. C'est dans cette optique que l'article 141 du CP laisse la
primeur au juge pénal de condamné d'une peine de prison de deux
à dix ans ou à la réclusion criminelle à
perpétuité tout fonctionnaire coupable de détournement de
deniers publics. Nous le disions plus haut, le droit pénal n'a pas pour
seul but de punir le délinquant. Il a aussi vocation d'éduquer
à travers la loi qui permet de mettre tous les membres de la
société face à leur responsabilité. Ainsi, un
acte
100 « La jeunesse est sacrée ! », exit, le
président Omar BONGO ONDIMBA.
101 J-P. DOUCET, La loi pénale, LITEC, 2003, p. 17.
102Y. JOSEPH-RATINEAU, La privatisation de la
répression pénale, Thèse pour l'obtention d'un Doctorat en
Droit privé, Université PAUL CEZANNE-AIX-MARSEILLE, 2013.
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
contraire à la loi dont le prévenu est
censé avoir science103 se doit d'être puni selon les
dispositions de la loi en vigueur. La sévérité de la norme
pénale devra permettre de décourager les autres membres de la
société à transgresser la loi. Ne pas agir (le juge)
contribuera à faire place à l'impunité au sein de la
société, rendant « ...plus complexe la mise en oeuvre de la
lutte contre la délinquance en col blanc »104. Une
société qui ne sévit pas conformément à la
loi est le tremplin futur de la déchéance de ladite
société. Ceci ne serait que regrettable car ce ne sont pas des
lois sur lesquelles pourrait se baser la juridiction répressive qui
manquent. Une telle situation serait une porte ouverte à l'anarchie. Ce
serait l'expression d'une société sans respect et « sans foi
en sa justice et convaincu qu'il n'existe aucune sanction contre les plus forts
»105. Laisser place à une population qui tourne le dos
à la justice ne fera que rendre la société plus dangereuse
qu'elle l'était. Incriminé un acte qui va à l'encontre de
la loi c'est donné force à la loi et à la
souveraineté de l'Etat. C'est la reconnaissance de la
prééminence de la loi parmi les autres règles de conduite
sociale. Ceci va permettre à l'Etat d'assurer l'effectivité des
droits qu'il doit garantir à tous dans la société.
D'où l'importance de donner force à la loi mais également
d'avoir des institutions fortes car c'est de « la volonté de chaque
Etat que dépendent l'effectivité et l'efficacité de la
lutte contre les atteintes à la fortune publique »106.
Cette lutte passe par une répression sans faille de l'infraction de
détournement de deniers publics, au risque de laisser place à une
pauvreté accrue dû à une incapacité pour l'Etat de
pourvoir aux besoins les plus essentiels de sa population. Pour ne pas en
arrivé là, le législateur a prévu des juridictions
pénales d'exception aux fins de l'effectivité de la
répression du détournement de deniers publics.
Section II : La compétence de juridictions
pénales d'exception en matière de détournement de deniers
publics
La constitution gabonaise du 26 mars 1991 consacre deux
juridictions pénales d'exception dans la répression du
détournement de deniers publics au Gabon. Il s'agit de la Cour
Criminelle Spéciale (Paragraphe I) et la Haute Cour de Justice
(Paragraphe II).
103 Car nul n'est censé ignoré la loi.
104 E. KENGUEP, E. FOKOU, l'infraction d'atteinte au
patrimoine des entreprises publics et parapublics dans l'espace OHADA, Revue de
l'ERSUMA, n°6, janvier 2016, p.157.
105 F. NUMBI, Procureur général de la
République du Congo, discours sur l'infraction de détournement de
deniers publics, exposé au Congo Forum, le 6 octobre 2009.
106 H. EYEBE AYISSI, la protection de la fortune publique au
Cameroun, op. Cit., p. 302.
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
Paragraphe I : De la Cour Criminelle Spéciale
La Cour Criminelle Spéciale est une juridiction
pénale d'exception dont la compétence, l'organisation et le
fonctionnement sont fixés par une loi107. Ainsi, au cours de
ce travail nous mettrons en lumière la composition et fonctionnement de
la Cour Criminelle Spéciale (1) in fine les attributions de cette
dernière (2).
1. Composition et fonctionnement de la Cour Criminelle
Spéciale
La Cour Criminelle Spéciale est une juridiction
pénale d'exception à l'expression de la loi portant organisation
de la justice au Gabon. Avant que ne soit adopté le nouveau Code de
procédure pénale, « la composition de la Cour Criminelle
Spéciale étaient fixés par la loi n°17/70 du 17
décembre 1970 créant une juridiction spéciale pour les
détournements de deniers publics »108. Elle a
été réactivée en 2009 mais il ne s'agit pas dans
son cas d'une juridiction permanente. La Cour est convoquée par un
décret spécial et ses juges ne peuvent siéger que durant
deux ans. La Cour Criminelle Spéciale est organisée de la
manière suivante : « ...composée d'un Président
nommé par décret parmi les magistrats de l'ordre judiciaire et de
quatre Assesseurs, âgés d'au-moins 25 ans, ayant voix
délibératives, également nommés par décret
109». Le Président de la CCS et les Assesseurs
suppléants sont désignés pour une période de deux
ans. Un Président et quatre Assesseurs sont désignés dans
les mêmes formes et conditions que les titulaires. Ils sont
appelés à siéger en cas d'empêchement de ces
derniers110. Aussi, selon l'article 240 du code de procédure
pénal, les fonctions du Ministère Public près la Cour
Criminelle Spéciale sont exercées par le Procureur
Général près la Cour d'Appel Judiciaire ou l'un de ses
adjoints. La Cour Criminelle Spéciale se réunit tous les deux
mois aux dates fixées par ordonnance de son Président, prise au
début de l'année judiciaire111. Cette réunion
ne peut être convoquée que lorsque cette juridiction est mise en
place par le décret qui permet sa mise en place conformément aux
dispositions de la loi en vigueur. Par conséquent, si sa mise en place
n'est pas effective à la suite du décret dont il doit
émaner, le Président de ladite cour, c'est-à-dire le
Procureur Général près la Cour d'Appel Judiciaire n'est
donc pas tenu de procéder à une quelconque réunion, ni de
connaitre des affaires en matière de détournement de deniers
publics. Ce qui vient à introduire ses attributions.
107 Article 56 de la loi portant organisation de la justice.
108 A. NKOROUNA, Organisation Judiciaire du Gabon, Op.cit.,
p.17
109 Article 239 al.2 de la loi n° 036/2010 du 25 novembre
2010.
110 Article 239 al.3, ibid.
111 Article 241, ibid.
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
2. Attributions de la Cour Criminelle
Spéciale
Les articles 238 et suivants du nouveau code de
procédure pénal font état de trois juridictions
pénales d'exception. Parmi elles figure la Cour Criminelle
Spéciale (CCS). Nous disions plus haut qu'avant l'adoption du nouveau
code de procédure pénale gabonais, la composition et le
fonctionnement de la Cour criminelle spéciale étaient fixé
par la loi n° 17/70 du 17 décembre 1970 créant une
juridiction spéciale pour le détournement de deniers publics.
Depuis lors, la Cour Criminelle Spéciale est chargée de juger les
détournements de deniers publics112. Lorsqu'au cours de ses
contrôles la Cour des comptes relève des détournements de
deniers publics de plus de 250.000 frs, elle communique le dossier à la
juridiction de l'ordre judiciaire pour les poursuites
pénales113. Ainsi, la dite Cour est compétente pour
juger tout agent public, renvoyé par la Chambre d'accusation de la Cour
d'appel judiciaire territorialement compétente, sur qui des charges
suffisantes de détournement ou de soustraction au sens de l'article 141
du code pénal, supérieures en valeurs à 250.000 frs CFA
ont été réunies. La procédure devant la Cour
Criminelle prévue par les dispositions des articles 225 à 248 est
applicable devant la Cour Criminelle Spéciale114. Les Cour
Criminelles sus évoquées figurent dans l'organisation de la
justice gabonaise du 16 septembre 1994115. Comment donc concevoir
que les interpellations d'agent public dans le cadre de l'opération
« mains propres » ne soit pas assez suffisant pour mettre en
érection cette Cour.
En effet, plusieurs hauts fonctionnaires ont été
épinglés dans le cadre de ladite « opération de
salubrité ». Parmi ces hauts fonctionnaires, en sus des plus
célèbres que sont Magloire NGAMBIA et Dieudonné NGOUBOU,
il est recensé en autres dans cette liste d'autres hauts fonctionnaires
inquiétés par la justice. Nous avons en autres, Blaise WADA,
Landry Patrick OYAYA, Christian NKERO CAPITO, Grégoire BAYIMA, Jean-
Léon NDONG NTEME116. Le silence de nouveaux rebondissements
judiciaires depuis le premier qui date de janvier 2017 laisse l'opinion
publique perplexe et jette un grand doute sur la capacité des instances
judiciaires à mener à terme de telles affaires. Il est important
de rappeler à ce sujet que la Cour Criminel Spéciale même
n'étant pas constituée ne constitue
112 Article 238 portant code de procédure pénale
du 25 novembre 2010 « Tout agent public ayant commis des
détournements ou des soustractions (...), supérieur en valeur
à 250.000frs est traduit devant la Cour Criminelle Spéciale
».
113A. NKOROUNA, Organisation Judiciaire du Gabon,
Ibid., p.16. « La Cour des comptes juges non les comptables publics
eux-mêmes (lesquels sont jugés par la Cour Criminelle
spéciale), mais plutôt les comptes ».
114 Article 249 du code de procédure pénal.
115 V. les articles 53 à 56 de la loi portant organisation
de la justice du 16 septembre 1994.
116 J. OSSOMBEY, Le quotidien l'UNION, samedi 30 décembre
2017 au Lundi 1er janvier 2018, p.9.
Présenté et soutenu par Mr. ONDO NDOUTOUMOU Junior
Arnaud Landry Page 39
LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
pas une raison de l'arrêt de la connaissance de
l'irrégularité. Ceci est d'autant plus vrai car cette
prérogative est reconnue de plein droit aux juridictions de droit
commun.
Par ailleurs, la Cour Criminelle Spéciale n'est pas la
seule juridiction pénale d'exception qui est habilité à
juger les délinquants particuliers de l'administration. Cette
prérogative est aussi reconnue à la Haute Cour de Justice.
Paragraphe II : De la Haute Cour de Justice
La Haute Cour de Justice est une juridiction pénale
d'exception non permanente117 selon l'expression de la constitution
gabonaise. Elle fait partie des juridictions qui rendent la justice au nom du
peuple gabonais118 Pour en savoir d'avantage sur cette institution
constitutionnelle et le rôle qu'elle joue dans la répression des
Hauts fonctionnaires de l'Etat suite aux actes accomplis dans l'exercice de
leurs fonctions119. Nous verrons dans ce qui suit la composition et
la compétence de la Haute Cour de Justice (1) avant de l'achever par
l'impasse causé par l'existence d'une Haute Cour de Justice sans
magistrat (2).
1. Composition et compétence de la Haute Cour de
Justice
La constitution gabonaise du 26 mars 1991 consacre en ses
articles 78 à 81 la légalité de cette juridiction dans la
sphère juridictionnelle. La loi organique n°49/2010 du 25 septembre
2011 détermine sa composition et son fonctionnement. Ainsi, la
constitution de 1991 précise la composition de la Haute Cour de Justice
en ces termes : « La Haute Cour de justice est composée de treize
membres dont sept magistrats professionnels désignés par le
Conseil Supérieur de la Magistrature et six membres élus par le
Parlement en son sein, au prorata des effectifs des groupes
parlementaires120 ». Ces magistrats sont donc nommés par
le Conseil Supérieur de la Magistrature qui est présidé
par le Président de la République121. La HCJ est
souvent considérée comme une « juridiction politique »
en raison de la nature des faits qui y sont jugés. Mais aussi, à
cause de l'intervention du parlement dans la désignation des membres qui
la compose et de l'existence de membres non magistrats. La mise sur pied de
la
117 Art. 78 al.1 de la constitution de 1991 : « La Haute
Cour de Justice est une Juridiction d'Exception non Permanente ».
118 Article 67 nouveau de la loi n°1/ 2018 du 10 janvier
2018 portant révision de la Constitution : « La justice est rendue
au nom du peuple gabonais par la Cour Constitutionnelle, les juridictions de
l'ordre judiciaire, les juridictions de l'ordre administratif, les juridictions
de l'ordre financier, la Haute Cour de Justice, la Cour de Justice de la
République et les autres juridictions d'exception ».
119 Art 78 al. 4, Ibid
120 Art. 80,Ibid
121 Art. 3 de la Loi organique n° 2/93 du 14 avril
1993.Fixant la composition, l'organisation et le fonctionnement du conseil
supérieur de la magistrature : « Le conseil supérieur de la
magistrature est présidé par le président de la
République ».
Présenté et soutenu par Mr. ONDO NDOUTOUMOU Junior
Arnaud Landry Page 40
LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
HCJ incombe au Président de la République
à travers la nomination des magistrats devant composés cette
institution. Le travail qui sera assigné à cette juridiction
judicaire permettra de connaitre par elle les actes des hauts fonctionnaires de
l'Etat dans l'exercice de leur fonction dont peut faire partie le
détournement de deniers publics. Parmi les justiciables de cette Cour,
il a le Chef de l'exécutif, chef suprême de la magistrature
à qui incombe la tâche de sa mise en oeuvre matérielle.
Mais aussi, les membres du gouvernement, les membres ou Honorables juges de la
Cour constitutionnelle, les Présidents et Vice-présidents des
corps constitués. A la lecture de la loi organique n°49/2010 du 25
septembre 2011 qui détermine sa composition et son fonctionnement, la
Haute Cour de Justice obéit à un fonctionnement
édicté dans la loi organique de 2003. La procédure
applicable devant elle, obéit à une démarche
particulière comme le dit le Procureur auprès de la Cour de
cassation122de Libreville. La Haute Cour de Justice est le juge des
actes du Président de la République en cas de violation de son
serment ou de haute trahison par le Parlement statuant à la
majorité des deux tiers. Ensuite, du Vice-Président de la
République, les Présidents et Vice-Présidents des Corps
Constitués, les membres du Gouvernement et les membres de la Cour
Constitutionnelle sont pénalement responsables devant la Haute Cour de
justice des actes accomplis dans l'exercice de leurs fonctions et
qualifiés de crimes ou délits au moment où ils ont
été commis123 ». Le fonctionnement de la Haute
Cour de Justice est organisé par le Procureur général
auprès de Cour de cassation qui en est au demeurant le Procureur
général de la Haute Cour de Justice. La nomination des magistrats
qui doivent siéger en cette cour est effectuée par le
Président de la République en sa qualité de
président du Conseil Supérieur de la Magistrature. Mais il est a
noté que sept de ces magistrats sont désigné par le
Conseil Supérieur de la Magistrature et les six autres membres
élus par le Parlement. La Haute Cour de Justice connait des actes
posés par les hauts fonctionnaires dans l'exercice de leurs fonctions
comme dit plus haut, mais elle est liée, par la définition des
crimes et délits ainsi que par la détermination des peines telles
qu'elles résultent des lois pénales en vigueur au moment
où les faits ont été commis. Le détournement de
deniers public étant un crime punissable par la loi pénale
gabonaise il peut donc être connu par la Haute Cour de Justice. C'est
dans cette optique qu'en avril dernier, une plainte fit portée à
la connaissance du Procureur général auprès de la Cour de
cassation qui est le Procureur général de la Haute Cour de
Justice contre Mme Marie-Madeleine
122 M. MBANDZA BAGNY, propos daté du 21 avril 2017
suite à la plainte des sieurs Nicolas NGUEMA, Marc ONA ESSANGUI et
MOUKAGNI IWANGOU contre Marie-Madeleine MBOURANTSUO.
123 Art 78 al.5 de la constitution de 1991.
Présenté et soutenu par Mr. ONDO NDOUTOUMOU Junior
Arnaud Landry Page 41
LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
MBOURANTSUO124, par les sieurs Nicolas NGUEMA, Marc
ONA ESSANGUI et MOUKAGNI IWANGOU. Cette plainte portait sur « des faits de
délit d'initié, conflit d'intérêt,
détournement de deniers publics, enrichissement
illicite et blanchiment en bande organisée ». Cette plainte ne puis
suivre son cours, faute de l'inexistence de la mise en place de cette
juridiction par les autorités compétences. Fait qui ouvre l'objet
du développement avenir sur l'absence de magistrats au sein de cette
juridiction quoique son existence soit fondée sur des bases
légales.
2. La Haute Cour de Justice : une juridiction sans
magistrats
La constitution gabonaise du 26 mars de 1991 érige HCJ
en juridiction pénale d'exception aux fins de ventiler l'activité
judiciaire. Malgré cela, cette activité semble comporter des
imperfections qui laissent la répression du détournement de
deniers publics stagné aux voeux textuels. « Si le droit se
réclame laïc, ce n'est pas seulement pour avouer ses imperfections
que la pratique judiciaire doit autant que faire se peut, tenter de
corriger125 ». En effet, la justice gabonaise est vouée
à plusieurs imperfections parmi lesquelles la crédibilité
ou la lenteur de la justice qui se doit d'être résorbée
pour une meilleure gestion de l'activité judiciaire. En parlant de la
crédibilité du pouvoir judiciaire, comment concevoir qu'une
juridiction inscrite dans l'environnement judiciaire depuis 1991 pour ne citer
que la constitution de 1991, soit encore en manque de magistrat. Etonnant !
C'est le moins qu'on puisse dire au vue de la réalité gabonaise.
La Haute Cour de Justice est juridiction intronisée par la Constitution
gabonaise du 26 mars 1991, vingt-six (26) ans plus tard aucun magistrat n'est
désigné par les autorités compétentes malgré
les actes de détournement de deniers publics enregistrés ci et
là. Selon l'article 81 de la constitution « Les règles de
fonctionnement de la Haute Cour de justice, la procédure applicable
devant elle et la définition des crimes reprochés au
Président de la République sont fixés par une loi
organique ». Cette loi organique est la loi n°49/2010 du 25 septembre
2011 qui détermine la composition et le fonctionnement de la Haute Cour
de Justice. Malgré l'existence de cette loi aucun magistrat n'est
nommé en son sein et cette dernière « n'offre aucune
disposition supplétive, permettant à titre transitoire, de
recourir à un juge d'appui pour connaitre du contentieux relevant des
missions de cette juridiction. Il s'en suit une impasse intolérable, qui
couvre du sceau de
124 Actuelle Présidente de la Cour constitutionnelle du
Gabon.
125 A. ONDO MVE, le code gabonais intégré des
procédures civiles et présentation générale de
l'acte uniforme relatif aux procédures simplifiées de
recouvrement, Multipress, 2000, p.3.
Présenté et soutenu par Mr. ONDO NDOUTOUMOU Junior
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
l'impunité, tous les membres du régime au
Pouvoir »126. La conséquence de ce « manque de
volonté » des autorités compétentes de mettre en
place cette juridiction qui permettra de punir les hauts fonctionnaires de
l'administration qui se feront coupable de détournement de deniers
publics et d'autres crimes contre le bien public est le sentiment
d'impunité dont parle le Monsieur MOUKAGNI plus haut.
En effet, depuis plusieurs années les crimes
financiers, parmi lesquels le détournement de deniers défrait la
chronique au Gabon. Des « arrestations et interpellations à
répétition suscitent la curiosité...on parle de 500
milliards pour le seul Magloire NGAMBIA 127». Malgré ces
interpellations aucune mise en cause de responsable devant ladite Cour car il
n'existe aucun magistrat pour procéder au jugement des personnes qui
incriminées. Des mises en examens à n'en point finir sont
observés c'est le cas avec Magloire NGAMBIA (ancien ministre de
l'Economie, du Commerce, de la Promotion de l'Investissement) le 10 janvier
2017. Celui de Désiré GUEDON 128 et Etienne
NGOUBOU129. A la suite de telles interpellations comment comprendre
le fait que cette Haute Cour de Justice censé juger les membres du
gouvernement qu'ils étaient au moment de commission des faits
reprochés, responsables du non-respect des règles de finances
publiques plus précisément de détournement de deniers
publics. Règles qui préconisent une gestion efficiente et
transparente des deniers publics. Les avoirs de l'Etat étant une
propriété de tous, il serait incongru que certains citoyens en
usent comme leur patrimoine personnel. De ce fait, il semble raisonnable que la
pensée populaire se résigne à croire à l'existence
d'une connivence entre la justice et les autorités publiques dans leurs
malversations financières quoiqu'elles portent atteinte à la
personne publique. Ce sentiment d'impunité semble être
relayé par le magistrat MOUKAGNI-IWANGOU quand il dit que « le fait
que cette juridiction ne soit pas effective
126J-D-D. MOUKAGNI-IWANGOU, Magistrat hors-
catégorie dans sa correspondance adressée à Son Excellence
Ali BONGO ONDIMBA, Président de la République, Président
du Conseil Supérieur de la Magistrature, ayant pour objet la nomination
des Magistrats devant siéger au sein de la Haute Cour de Justice, en
date du 20 juin 2016, publiée dans l'hebdomadaire l'aube.
127 R. BOUENGUIDI, in politique, 13 février 2017,
diffusé par Gabonreview.
128 Ancien ministre de l'énergie « Il avait la
lourde charge de faire construire des infrastructures hydroélectriques
dans de nombreuses localités du pays. Entre autres projets, la
construction à Ntoum d'usine de production d'eau potable pour la ville
de Libreville ; la construction d'une microcentrale hydroélectrique de
1,40 MW à Malinga ; la construction d'une microcentrale de 0,450 MW)
à Iboundji... en somme, près de six marchés pour un
montant global de 58.215.496.745 FCFA... preuve que le
financement de décaissé par l'Etat gabonais n'a jamais
été utilisé à ces fins. Le 22 mai 2014,
Désiré GUEDON, dans une correspondance adressée au
secrétariat d'Etat au Commerce du royaume d'Espagne, sollicite à
nouveau des financements pour les projets précités ». Les
Colonnes du journal L'Union et de la Loupe du 3 janvier 2017, relayé par
Gabon Média Time du 4 janvier 2017 à 0h29mn.
129 Ancien ministre de l'énergie écroué
au sujet du problème d'adduction d'eau pour ravitailler Libreville,
Ntoum et autres de plus de 110 milliards de francs ont
été décaissés du temps de GUEDON et Etienne
NGOUBOU. S'ils ont échoué, c'est à eux, ainsi que les
autres ministres financiers de l'époque de rendre comptes », LEMBET
(H), Gabon Média Time du 4 janvier 2017.
Présenté et soutenu par Mr. ONDO NDOUTOUMOU Junior
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
est une impasse intolérable, qui couvre du sceau de
l'impunité, tous les membres du régime au Pouvoir, en
commençant par vous-mêmes, qui êtes les principaux
justiciables de cette juridiction »130. Ce serait d'une
utilité indéniable de tenir des discours ou de créer des
lois nouvelles dans l'optique de décourager tout citoyen de se rendre
coupable de détournement de deniers publics une fois « aux affaires
» si le respect de la loi n'est pas un sacerdoce venant des plus hauts
décideurs, qu'ils ventilent à la plus petite catégorie
d'agent de l'administration gabonaise. Ceci laisse entrevoir une certaine
fragilité dans l'échelle des valeurs sociales où certains
individus semblent en effet se situer au-dessus de l'Etat en s'appropriant
indûment la chose publique. Il devient donc impératif d'envisager
une justice qui se respecte, ?digne de foi ? pour les populations et capable de
faire respecter la loi face à tout citoyen. Si rien n'est fait dans ce
sens on risque de voir naitre ?des rancoeurs cancérogènes ?
néfaste pour la cohésion sociale. Pour ce faire, il serait
judicieux de mettre hors d'état de nuire l'ivresse du pouvoir et l'odeur
de connivence qui semble s'échappé des relations entre la justice
et les autorités publiques aux regards de l'impunité dans
laquelle beigne certains hauts fonctionnaires de l'Etat. Aux risques de voir le
peuple perdre confiance en la justice qui doit être le garant du respect
de la loi par tout assujetti au sein de la société. Cette
situation laissée en l'état peut laisser cours à
l'exercice de la justice populaire venant de ceux qui souffrent à
l'endroit de milliardaires spontanés après quelques mois
seulement passés à la tête ou à un poste influent au
sein de l'administration publique.
130 MOUKAGNI-IWANGOU Jean De Dieu, Ibid.
Présenté et soutenu par Mr. ONDO NDOUTOUMOU Junior
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
CONCLUSION PARTIELLE
Le droit gabonais consacre la répression du
détournement de deniers publics à travers sa nomenclature
juridique. Cette nomenclature juridique constituée par les
recommandations internationales à part entière, permet la
répression de ce crime à la lecture de la loi pénale
corroboré par d'autres lois comme celles qui encadrent l'exercice de la
fonction publique. Au travers de ce qui a été dit dans le
développement de cette partie, la sévérité de la
loi pénale N°21/63 du 31 mai 1963 est témoin de la
répression sans faille au Gabon du détournement de deniers
publics. L'érection de juridiction spécialisée est un
autre exemple qui consacre l'effectivité de la répression de ce
crime sur le plan textuel. Au regard de tout ceci, nul doute que le droit
gabonais est bien armé sur le plan textuel pour combattre et
procéder à la répression de toute infraction
encadré par la loi en particulier du détournement de deniers
publics. Mais ceci semble peu suffisant pour caractériser
l'effectivité la répression d'un tel crime.
LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
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DEUXIEME PARTIE :
INSUFFISANCE DE LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE
DENIERS PUBLICS AU GABON
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Présenté et soutenu par Mr. ONDO NDOUTOUMOU Junior
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
Au regard de sa production juridique, il semble évident
ou certain que le droit gabonais est armé pour combattre la
délinquance financière sur toutes ses formes. La
répression du détournement de deniers publics plus
précisément est consacrée par le code pénal
à travers l'article141 et par d'autres lois en vigueur. De plus des
juridictions spécialisées ont été
déclinées par la constitution du 26 mars 1991 dans le but de
sévir avec la plus grande énergie cette
irrégularité qui porte atteinte à la fortune publique.
Malheureusement, étonnant est de constaté qu'en pratique, depuis
bien des lustres aucun agent public n'a été jugé à
titre définitif pour détournement de deniers publics. Ceux ,
malgré les soupçons et le train de vie insolent que mène
certains agents publics une fois nommé à un poste de
responsabilité qui donne accès à la gestion des deniers
publics. Ce malaise devient chronique chaque jour un peu plus car la fonction
publique au Gabon semble être érigé en mine d'or à
l'écoute des sommes pharamineuses soustraites par des agents publics
dans les caisses de l'Etat. Comment concevoir qu'une telle impunité
puisse exister dans une société dans laquelle il existe des
juridictions capable de mettre en oeuvre la responsabilité de ces
délinquants en col blanc. De prendre des décisions de justice aux
fins de condamnés ceux qui sacrifient l'essor de toute une population
pour leur épanouissement personnel. Quelles peuvent bien être les
raisons pour lesquelles il semble souffler un vent de connivence entre les
autorités publiques et la justice dans la manifestation de la
vérité en matière de détournement de deniers public
? Pour y répondre notre développement avenir aura pour sacerdoce
de mettre à nu l'utopie de la sanction dans la répression du
détournement de deniers publics (Chapitre I) avant de
nous attelé à entrevoir les solutions allant dans le sens de la
mise en oeuvre pratique de la répression du détournement de
deniers publics au Gabon (Chapitre II).
Présenté et soutenu par Mr. ONDO NDOUTOUMOU Junior
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
CHAPITRE I : L'UTOPIE DANS LA SANCTION DU DETOURNEMENT
DE DENIERS PUBLICS
L'efficacité d'une juridiction réside dans sa
capacité à réprimer le tort causé par un
justiciable à la société. En ce qui concerne la
juridiction de l'ordre pénale, la vocation de la répression
pénale est bien d'organiser la réaction pénale contre la
criminalité131. C'est dans cette optique la peine privative
de liberté prévue par le code pénal en son article 141 est
l'une des réactions pénales prévues par la loi. Dans le
cas de la pratique gabonaise, les textes qui justifient la répression
semble être ignoré au regard de la liberté dont jouissent
certains fonctionnaires ayant fait l'objet de mise en cause dans des affaires
de détournement de deniers publics ou des arrestations sans suite dont
d'autres font l'objet. Est-ce la justice qui se trompe sur la
culpabilité des prévenus à chaque fois ? Ou sommes-nous
simplement face à une connivence qui ne dit pas son nom, rendant ainsi
la répression ineffective. Ainsi, afin de mieux cerner les raisons de
l'utopie de la répression du détournement dans la pratique
judiciaire gabonaise, cette partie sera axée sur le laxisme dans la
sanction du délinquant en matière détournement de deniers
publics (Section I) et sur l'avilissement de la sanction par
le manque d'indépendance du juge (Section II).
Section I : Le laxisme dans la sanction du
délinquant en matière détournement de deniers publics
Au cours de ce développement, il sera pour nous
l'occasion ici, de comprendre le phénomène qui conduit à
l'ineffectivité de la répression de l'infraction de
détournement de deniers publics dans le cas du Gabon. Pour ce faire, le
substratum de ce travail à cette échelle aura pour point focaux
le manque de volonté politique de répression du
détournement de deniers publics (Paragraphe I) et pour
finir le laxisme du juge dans la répression du détournement de
deniers publics (Paragraphe II).
131S. ENGUÉLÉGUÉLÉ,
Politiques publiques et criminalité quelques hypothèses pour
l'analyse de la construction des politiques pénales, reprise d'une
communication faite dans le cadre du Séminaire annuel de l'Institut
d'Histoire du Temps Présent (IHTP) (Justice et politique) le 29 janvier
1996, p.229.
Présenté et soutenu par Mr. ONDO NDOUTOUMOU Junior
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
Paragraphe I : Le manque de volonté politique de
répression du détournement de deniers publics
L'Etat aux fins d'assurer la protection des deniers publics
à mise en oeuvre plusieurs politiques de contrôle permettant
à l'Administration de veiller la gestion efficiente de l'argent public.
En effet, des mécanismes de contrôle de protection des finances
publiques sont nécessaires depuis l'Administration en passant par
l'action de contrôle du Parlement sur la gestion du gouvernement. De ce
fait, cette étude nous emmènera à nous demander si ces
mécanismes de contrôle mises en place portent les fruits
escomptés. Pour en savoir d'avantage, nous allons donc nous appuyer sur
l'absence de mesure de censure du gouvernement par le parlement (1) et sur le
problème de l'efficacité de ces mécanismes de
contrôles de protection des finances publics (2).
1. L'absence de mesure de censure du gouvernement par
le parlement
La bonne gouvernance en matière des finances publiques
consiste en la réalisation des services publics par « des
dépenses publiques qui sont accessibles, transparentes et responsables
et financent les priorités gouvernementales, sans gaspillage
»132. En tant que représentant du peuple, le Parlement
possède la prérogative de procéder au contrôle de la
gestion par le gouvernement de l'argent public. « Le Gouvernement est
responsable devant l'Assemblée Nationale »133 de la
conduite de sa politique. Il doit s'assurer que « la gestion des affaires
publiques se fait en toute transparence et dans le respect des lois et autres
textes en vigueur »134. L'expérience montre que la
gouvernance des finances publiques peut- être compromise par la faible
indépendance du Parlement par rapport à
l'exécutif135. En effet, dans le cas du Parlement gabonais,
ce dernier est composé en grande majorité d'élus issu du
parti au pouvoir. Cette majorité absolue semble rendre difficile
l'indépendance du Parlement dans son rôle de contrôle de
l'action gouvernementale en matière de gestion du budget assigné
au Gouvernement. En pratique, le Parlement se doit de veiller à la bonne
utilisation de l'argent public conformément aux lois de finances. Une
gestion efficiente et transparente donne lieu à la validation de la
gestion du Gouvernement. Dans le cas contraire, le Parlement par une «
Motion de censure » se doit de rejeter la gestion du Gouvernement à
la suite d'une gestion non conforme à l'objectif assigné lors du
vote de la loi des finances de l'année concernée. On
132 M. MOINDZE, Le Parlement et le processus budgétaire
dans les pays en développement, p.2, 2011.
133 B. CHANTEBOUT, Droit constitutionnel et Science politique,
Armand COLIN, Paris, 11éd, 1994, p.570. 134En septembre 2005,
les présidents de parlement de toutes les régions du monde
présent au siège de l'ONU ont déclaré avec force
que dans une démocratie, le Parlement « est l'institution
essentielle par laquelle la volonté du peuple s'exprime et les lois sont
votées. C'est aussi l'institution à qui le Gouvernement rend
comptes ».
135 M. MOINDZE, Le Parlement et le processus budgétaire
dans les pays en développement, op. Cit, p.2
Présenté et soutenu par Mr. ONDO NDOUTOUMOU Junior
Arnaud Landry Page 49
LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
entend par motion de censure la procédure par laquelle
une assemblée parlementaire met en jeu la responsabilité
politique du gouvernement par un blâme motivé à l'adresse
de ce dernier136. La motion de censure est considérée
comme « l'arme classique de l'assemblée à l'encontre du
gouvernement dans les régimes parlementaires »137. La
bonne utilisation des deniers publics mise à disposition du gouvernement
peut être l'objet de la mise en cause de la responsabilité du
Gouvernement devant le Parlement138. Comment concevoir le silence du
Parlement face à la gestion calamiteuse du Gouvernement à travers
son manque de rigueur dans la protection des deniers publics, ceux depuis
plusieurs années. En effet, au regard de l'actualité les nombres
d'accusations ou de soupçons de détournements de deniers publics
d'agent public ne cessent de s'agrandir. Rien qu'en 2017, trois anciens membres
du gouvernement ont été mise en accusation pour
détournement de deniers publics. Leurs actes en s'appropriant les fonds
publics laisse inachevé des projets de politiques publiques et ceux
depuis des années à la lecture de la période où se
sont déroulés les faits reprochés aux
présumés dans ces affaires. L'article 61 de la Constitution
prévoit que : « les moyens de contrôle du législatif
sur l'exécutif sont le suivants : les interpellations, les questions
écrites et orales, les commissions d'enquêtes et de
contrôle, la motion de censure exercé par l'assemblée
Nationale ». Si les trois moyens de contrôle
énumérés en premier sont exercés assez
régulièrement, la motion de censure reste loin d'être une
pratique usuelle du parlement gabonais. La lutte contre le détournement
de deniers publics ne peut se faire sans rigueur dans le contrôle de la
gestion du gouvernement par le représentant du peuple. Le manque
d'action allant dans l'optique d'engager la responsabilité de ceux qui
ont la charge de mener la politique financière de l'Etat, laisse
entrevoir un laxisme de la part du Parlement affaibli sans doute par la
majorité écrasante dont jouit le pouvoir en place, qui est
à la tête de l'exécutif. Inaudible depuis sa
création en 2003, la CNLCEI a publié un communiqué dans
lequel elle reconnait l'existence de détournements massifs. Entre 2006
et 2011, plus de la moitié du budget a disparu dans la nature (lequel
s'élevait en 2012 à environ 2760 milliards FCFA). Selon un audit
de la Direction Générale du Budget et de Finances Publics
(DGBFP), 600 milliards ont été frauduleusement payés aux
fournisseurs par l'Etat. Ceci serait le fait de surfacturations et
d'arrangement occultes139. Comment penser un Parlement au service
du
136 Lexique des termes juridiques, op. Cit, p.110
137 P. PACTET, Institutions politiques Droit constitutionnel,
Armand COLIN, Paris, 15 éd, 1990, p. 447.
138 Art. 64 al.3 de la Constitution : «
l'Assemblée Nationale met en cause la responsabilité du
Gouvernement par le vote d'une motion de censure. Une telle
mesure n'est recevable que si elle est signée par au moins un quart des
membres de l'Assemblée Nationale ».
139 M. MOUISSI, Gabon : plus de la moitié du budget de
l'Etat détourné en 7ans selon la CNLEI article de presse,
africapostnews.com,
consulté le 25 mars 2017.
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
peuple restant sous silence à la suite de telle
révélation d'un organe dont on peut croire le sérieux
(CNLEI). La protection des finances publiques devrait concerner toute les
institutions qui ont un regard un rôle à jouer en matière
afin de court-circuiter la commission du crime avant qu'il n'est lieu. Ceci
passe par un contrôle accru de la gestion de l'argent public d'où
la nécessité de l'efficacité des mécanismes de
contrôle des finances de l'Etat.
2. Problème de l'efficacité des
mécanismes de contrôle et de protection des finances publics
En matière de finances publiques, le contrôle
évoque selon J-F. FABRE, « l'idée de vérification,
c'est-à-dire le fait de s'assurer qu'une chose est bien telle qu'on l'a
déclarée ou telle qu'elle doit être par rapport à
une norme donnée »140. Dans la théorie classique
le contrôle s'opérait après l'activité
financière des administrations. De nos jours, le contrôle de
finances publiques s'exerce « pendant le déroulement des
opérations financières »141. C'est-à-dire
pendant l'exécution du budget affecté aux administrations dans
l'optique de réalisés les objectifs qu'ils se sont fixés.
Au regard de la pratique, on semble porté au Gabon peu d'importance au
contrôle et à la protection des finances publiques. En effet, si
l'on partait du fait qu'un contrôle efficace permet de venir à
bout des écarts de gestion de ceux qui ont la charge de l'argent public.
Il serait évident que les cas détournement de deniers publics
mise à nu après tant d'années auraient pu être
décelés bien plus tôt. D'autre part, les résolutions
de la Cour des comptes sur la mauvaise utilisation des fonds publics par le
gouvernement semblent être anecdotiques. En 2010, le Président de
la République a demandé une enquête sur des rapports de la
Cour des Comptes qui relevaient des manquements concernant la gestion des
fêtes tournantes du 17 août, de 2002 à 2007, dont l'analyse
montre que les projets ont été exécutés
en-deçà des crédits ouverts. Les audits interne (
diligenté par les interventions du ministère chargé du
Contrôle général d'Etat et de la cellule technique d'audit
de la dette intérieure mise en place au ministère chargé
des Finances) et externes142 (investigations du cabinet 2AC auteur
d'un rapport d'audit technique comptable et financier des investissements du 17
août pour les exercices 2002 à 2004 et les enquêtes
réalisés dans la Nyanga, du 16 au 21 septembre 2002 et dans
l'Ogooué Ivindo , du 27 septembre au 05 octobre 2002..), ont
confirmé les dysfonctionnement dans la gestion des fonds du 17
août. Malgré la pertinence et
140 F. FABRE, Le contrôle des finances publiques, PUF,
1968, p.8.
141 C. TOURE, Le système de contrôle des finances
publiques au Mali, AFRILEX n°4, p.152.
142 Rapport de l'audit, comptable, financier et technique des
investissements réalisés dans le cadre des fêtes rotatives
du 17 août, dites fêtes tournantes, pour la période allant
de 2002 à 2007, p.4, précédent l'ordonnance
n°006/CC/CAB-PP/P du 12 juillet 2007 portant nomination des magistrats
chargés de l'audit par le premier président de la Cour des
comptes.
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Arnaud Landry Page 51
LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
les preuves scientifiques qui en découlent aucun agent
public en charge de la gestion de ces fonds pendant la période
susmentionnée n'est inquiété. C'est la preuve d'une
justice à deux vitesses, d'une part celle de ceux qui peuvent se
permettre de confondre les fonds publics à leur patrimoine et d'autre
part celle du bas peuple qui au moindre égarement est
sévèrement réprimé.
Paragraphe II : Le laxisme du juge dans la
répression du détournement de deniers publics
L'efficacité d'une juridiction est reconnue à
travers sa capacité à résoudre les litiges qui sont
présentés à sa connaissance. Le juge répressif en
charge de juger les cas de détournement de deniers semble être le
premier maillon faible de l'effectivité de la répression de cette
infraction. Ainsi, cette partie présentera les raisons qui concourent
à un tel avis en nous référent aux arrestations sans
jugement final (1) avant de finir par la sanction édulcorée par
le laxisme du juge (2).
1. Des arrestations sans jugement final
La jurisprudence considérée comme une source du
droit, est au Gabon, en matière de détournement de deniers
publics l'objet d'une carence due justement au fait que la répression du
détournement de deniers publics soit une chimère. Ceci ne permet
donc pas de pouvoir l'invoqué en la matière. Le terme
jurisprudence peut s'entendre comme « l'ensemble des décisions de
justice rendues pendant une certaine période soit dans une
matière, soit dans une branche du Droit, soit dans l'ensemble du Droit
»143. Il semble curieux de lire à travers la loi
pénale que le détournement de deniers publics est puni de la
réclusion criminelle. Que cette infraction est retenue à
l'encontre d'un agent public. Mais force est de constaté qu'aucune
affaire ne fait objet de jurisprudence malgré les déclarations
aussi bien d'organes internationaux que nationaux sur les détournements
de deniers publics massifs au Gabon. Encore plus paradoxal, des arrestations
multiples ont été effectuées 144depuis lors
à travers l'opération « mains - propre » sans qu'aucun
des prévenus ne soient jugé définitivement sur les charges
qui leurs sont reprochées. Cet état des choses jette un air de
« chasse à la sorcière » dans l'érection de ses
affaires. Comment concevoir qu'autant de temps puisse s'écouler entre la
date des faits et la période de l'arrestation des prévenus
étant donné que
143 G. CORNU, Vocabulaire juridique, op. Cit., p.589.
144 Des plus récents : les arrestations de Magloire
NGAMBIA (ancien ministre), le 10 janvier 2017 ; Etienne D. NGOUBOU (ancien
ministre) le 12 janvier 2017 ; Alain Paul NDJOUBI (ex- directeur
général des Douanes), février 2017.
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
l'Etat a les moyens de signaler ce type d'infraction au
travers des multiples organes qui la compose et qui peuvent « donner
l'alerte » en moins de trois ans. Incompréhensible demeure ces
arrestations qui demeurent depuis 2008145sans suite. Tout ceci
semble présagé « comme une loi de silence sur nos
services et nos cités au point qu'il est permis de se demander si ce
silence coupable ne constitue pas un acte de participation criminelle
collective 146». Du fait de ce silence collectif, le
juge reste pieds et mains liés par le non mise en place de la HCJ bien
que le Procureur près de la Cour d'Appel peut en demander
expressément la mise en place au Président de la
République. Mais aussi, par l'assujettissement dont il fait l'oeuvre de
la part du politique, qu'il obéit au doigt et à l'oeil. Le droit
pénal qui « au sens matériel assure la défense de la
société et de l'Etat contre les valeurs sociales
»147. La répression du détournement de deniers
publics subit aussi les affres de l'opportunité de poursuite du
juge148 qui devient un argument pour lui de se dédouaner
d'une affaire en la matière qui peut s'avérer trop embarrassante.
A travers cela l'intérêt et la volonté du pouvoir politique
est préservée au détriment des préceptes juridiques
qui encadrent l'activité de cette dernière. La séparation
des pouvoirs entre le pouvoir Exécutif et le pouvoir Judiciaire est
illusoire à en juger par la pratique. En outre, durant ces
différentes arrestations, plusieurs violations des droits de la
défense ont été dénoncées comme ce fut le
cas dans l'affaire NGOUBOU à la suite du communiqué de ses
avocats149 (Maitre. Richard SEDILLOT de Rouen,
Félicité ZEIFMAN et Calvin JOB de Paris ainsi que les Maitres
Ange-Kevin NZIGOU et Cédric MAGUISSET du Barreau du Gabon). Ces derniers
n'ont pu rencontrer leurs clients pour mieux assurer sa défense en
violation de la CADHP en son article 7.1.c qui dispose que « Toute
personne a droit à ce que sa cause soit entendu. Ce droit comprend : le
droit à la défense, y compris de se faire assisté par un
défenseur de son choix ». Plus loin, le Code de procédure
pénal prévoit à l'article 100 al.1 et 3 que «
L'inculpé détenu peut, aussitôt après la
première comparution,
145 Affaire Jeanne NGOLEINE OSSOUKA (administrateur
général du FODEX) et son adjoint Vincent NTOUTOUME EMANE
poursuivi pour détournement de deniers publics.
146 F. NUMBI, Procureur général de la RDC,
discours sur l'infraction de détournement de deniers publics, le 06
octobre 2009.
147 O. MICHIELS, E. JACQUES, Principes de Droit pénal,
Cours de droit pénal, Université de Liège (Belgique),
p.3.
148 Au regard du silence observé dans l'affaire
MBOURANTSUO depuis les accusations de détournement de deniers publics
qui pèse contre le présumé par la justice française
et dont les avoirs fiduciaires dans les banques française proviennent du
Gabon.
149 Communiqué du collectif des avocats du sieur
NGOUBOU, le 31 janvier 2017, publié par
Gabonactu.com. Ce 31 janvier 2017
alors que le collectif des avocats de E.D. NGOUBOU avait prévu de
rencontré à la prison centrale de Libreville, afin de faire un
dernier point sur sa défense avant le retour à Paris de M. JOB.
« Il s'est vu interdire l'accès à leur client, sous le
motif à tout le moins fallacieux, que mardi est désormais
réservé aux familles. M. JOB se trouve donc dans
l'obligation de reporté son voyage afin d'assurer l'effectivité
des droit de son client ». Alors que les normes internationales en
vigueur n'empêchent l'accès à l'avocat que pour des raisons
sécuritaires.
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Arnaud Landry Page 53
LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
communiquer librement avec son conseil. En aucun cas,
l'interdiction de communiquer ne s'applique au conseil de l'inculpé
». Le collectif s'est offusqué de ce que « le permis de
communiquer délivré par le juge d'instruction est sans fondement
légal soumis à la censure du Directeur de la prison, en l'absence
de qui aucune communication n'est possible ». Une aberration me
direz-vous, faut croire qu'au Gabon le directeur d'une prison peut passer-outre
une décision du juge sans qu'il ne soit inquiété. De telle
violation appelle à interrogation sur les motifs des arrestations d'une
partie de ces « amis d'hier » aujourd'hui jeté en
pâture. De telle déviance affaiblisse la justice et dessert
l'édifice de l'Etat de droit. Quid de l'application de la sanction
prévu par la loi par le juge en matière de détournement de
deniers publics ?
2. La sanction édulcorée par le laxisme
du juge
La sanction en droit pénale est la résultante
dans la désobéissance à la loi par un justiciable. La
sanction pénale désigne l'ensemble des peines prévues par
le Code pénal qui ont pour objectif de sanctionner l'auteur d'une
infraction pénale. Lesdites sanctions pénales sont
prononcées par les magistrats des juridictions pénales. En effet,
l'article 141 du code pénal gabonais confirme dans le cas du
détournement de deniers publics la sanction de la société
à l'encontre de l'auteur de l'infraction qu'il réprimande. Le
rôle des juridictions est de dire droit selon l'expression de la loi en
vigueur afin de garantir de la primauté de la loi sur tout justiciable
quelques soit le rang qu'un justiciable pourrait occuper dans la
société. Le problème de l'effectivité de la
répression du détournement de deniers publics trouve racine dans
l'inefficacité de la juridiction répressive à connaitre et
à donner une décision en la matière. Elle semble faire
preuve de laxisme en restant « sourd et muette » face aux multiples
détournements des fonds répertoriés par la CNLCEI et
confirmé par la Cour des comptes. Cette attitude inerte restent aux
bénéfices des auteurs qui eux restent impunis. Les quelques
compatriotes « écorchés » par la justice le sont au
regard des irrégularités qui entourent leurs arrestations pour
donner matière à voiler la connivence justice- pouvoir
Exécutif. Mais que peut bien faire le juge, si ce n'est que
succombé aux sirènes d'humeur de l'Exécutif qui est
à la tête du Conseil Supérieur de la Magistrature, organe
qui organise la justice au Gabon. C'est la résultante de «
l'accumulation d'attributions au profit de l'exécutif
présidentiel »150. Le juge n'est plus libre de jouer son
rôle conformément aux lois édictées dans la
société, il est cantonné à agir dans certaine
matière sous le regard de l'exécutif. Cet état de fait
oblige
150 J. OWONA, Droits Constitutionnels et institutions
politiques du monde contemporain, l'Harmattan, Paris, 2010, p.730.
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Arnaud Landry Page 54
LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
parfois ces acteurs à « botter en touche »
qui t'a se ridiculisé151 ou à se taire même
quand il à la faculté à agir pour préserver leur
carrière, surtout dans un pays où « la
rééligibilité indéfinie et illimitée
constitue le second moyen de renforcer la position du chef du pouvoir
exécutif, du régime présidentialiste »152.
Ceci met en évidence le manque d'indépendant du juge dans
l'exercice de sa fonction qui est de rendre justice.
Section II : L'avilissement de la sanction par le
manque d'indépendance du juge
L'indépendance d'un organe aussi sensible que l'organe
judicaire est d'une extrême importance aux fins de consolidation de
l'Etat de droit. C'est à travers le juge répressif que la
sanction de la société à la suite d'une infraction d'un de
ses membres prend corps. Dans le cas du Gabon, on vient à regretter
l'avilissement de la sanction pénale en matière de
détournement de deniers publics, faute à une dépendance
fonctionnelle (paragraphe I) et organisationnelle du pouvoir judiciaire
(paragraphe II) vis-à-vis de l'exécutif.
Paragraphe I : La dépendance fonctionnelle du
pouvoir judiciaire
Le terme dépendance qui vient du verbe dépendre,
s'entend ici comme le lien entre une chose et ce qui la
régit153. Le travail qui sera le nôtre se fera un
devoir d'éclairage de cette analyse. La bonne administration de la
justice au Gabon est la prérogative du le Conseil Supérieur de la
Magistrature154 par l'entremise de son président. Cette
dernière veille à une bonne gestion du corps judiciaire en
l'organisant et en permettant un accès facile pour la population
à la justice. Malheureusement, la capacité pour les institutions
judiciaires d'assurer l'accessibilité à la justice pour la
population demeure problématique. Pour comprendre comment une telle
situation existence dans l'environnement de la justice gabonaise notre
151 Au sujet de la plainte déposé par le
mouvement ?Stop pillages ?, Marc ONA ESSANGUI et MOUKAGNI IWANGOU contre Marie-
Madeleine MBOURANTSUO. Le procureur général près de la
cour d'Appel au d'office procureur général près de la
Haute Cour de justice ayant le pouvoir de demander à l'autorité
compétente de convoquer les magistrats pour la comparution de
l'accusé, trouva plus aisé de dire que la HCJ n'est pas une
juridiction ayant un siège permanent et que sa mise en oeuvre ne
dépend pas de lui. Comment entrevoir une telle ironie étant
donné que le Ministère public dont il a autorité (Art.31
du Code de procédure pénal) peut se saisir d'office. Ceci est
encore plus évident étant donné que l'accusé a fait
l'objet d'une mise en examen par la justice française pour les
mêmes faits en avril 2017. Par cette démarche, le procureur
général près de la Cour d'appel pense-t-il que les charges
retenues contre l'accusé en France ne sont pas d'application suffisante
en droit gabonais pour demander la mise en place de la HCJ. Cet argumentaire
semblerait peu de valeur étant remarqué que le droit gabonais est
d'inspiration française et le détournement de deniers publics
pour ne citer que cette charge, est conçu entendu de la même
manière par le Code pénal gabonais et français.
152 152 J. OWONA, Droits Constitutionnels et institutions
politiques du monde contemporain, op. Cit., p.651.
153 Dictionnaire Larousse, Maxi poche 2010, p.386.
154 Art.2 Loi organique n° 2/93 du 14 avril 1993 fixant
la composition, l'organisation et le fonctionnement du conseil supérieur
de la magistrature, op.cit.
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
analyse nous permettra de voir de prime abord la gestion du
pouvoir de nomination des magistrats (1) in fine l'assujettissement du pouvoir
judiciaire (2).
1. La gestion du pouvoir de nomination des
magistrats
La Constitution gabonaise prévoit que la gestion de la
justice est fixée par une loi organique155. En effet,
l'article 2 de la loi organique fixant la composition, l'organisation et le
fonctionnement du Conseil Supérieur de la Magistrature citée plus
haut confie la gestion de la justice à cet organe décisionnel
précité. Dans le cadre de cette étude le terme gestion
peut - être considérer comme étant « l'action (...)
d'administrer 156». Ladite administration de la justice
consiste pour le Conseil de la Magistrature de statuer « sur tes
intégrations, les nominations, les affectations, les avancements et la
discipline des magistrats ». C'est dire que cette institution
détient la lourde charge d'assurer une organisation efficiente de la
justice au Gabon. En effet, la Constitution gabonaise permet d'assurer une
certaine autonomie de gestion de la justice par le Conseil. En pratique, cette
existence constitutionnelle de cette prérogative accordée au
Conseil dont le Président de la République en sa qualité
de président dudit Conseil semble desservir la justice et d'autre part,
rendre impossible l'accès de la population à la justice dans
certaine situation. En effet, tout d'abord, le rôle du pouvoir judiciaire
est de rendre justice à la société l'aisée par la
violation d'un individu de la loi en vigueur. Mais depuis la mise en place de
la première organisation de la justice au Gabon157 en
matière de détournement de deniers publics, il n'existe aucune
jurisprudence sur laquelle s'appuyer ou connue pour permettre de mieux
édifier le fonctionnaire ou tout citoyen sur la
sévérité de la loi pénale mise en pratique. Ceci
est incompréhensible dans la mesure où il existe un arsenal
juridique suffisant pour poursuivre et privé de liberté tout
contrevenant. Il existe un difficile « accès de la population
gabonaise aux décisions de justice et à l'information judiciaire
de manière générale 158». Comment donc
concevoir une justice qui ne produit de jurisprudence qui est censé
être « le témoignage juridique » de l'activité de
la justice dans une société. En sus, le bon usage du pouvoir de
nomination des magistrats dont bénéficie le pouvoir
exécutif (dès l'instant qu'il est détenu par le
Président de la République)
155 Art. 72 de la Constitution du 26 mars 1991 « La
composition, l'organisation et le fonctionnement du Conseil Supérieur de
la Magistrature sont fixés par une loi organique ».
156 Dictionnaire Larousse, Poche 2011, p.368.
157 Organisation qui date de 1970, bien que la loi
constitutionnelle n°68-60 du 14 décembre, affirme
déjà l'existence d'un pouvoir Judiciaire indépendant et
que le décret-loi n°001/PR du 13 décembre 1960 organisait
les juridictions de la république gabonaise. Fautes de cadres
judiciaires compétents, le jeune Etat n'a pas assumer à ce
moment-là pleinement sa souveraineté judiciaire (vis -à-
vis de l'ancienne métropole). V. A. NKOUROUNA, Organisation judiciaire
au Gabon, Op.cit., pp.3-4.
158 Rapport de la B.A.D, profil de Gouvernance (Bureau
régional de Libreville), Octobre 2005, pp.35-36.
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
est un frein à une liberté de la justice. En
France, depuis la loi du constitutionnelle du 23 juillet 2008, il est mis fin
à la présidence du Conseil Supérieur de la Magistrature du
Président de la République pour le remettre à un
magistrat, en l'occurrence le premier président de la Cour de cassation.
Par ce fait, l'administration de la justice en France est remise aux mains des
acteurs du pouvoir judiciaire. Ceci permet donc à ceux qui sont les
premiers bénéficiaires d'une bonne gestion de la justice de
procéder à la réalisation de cette dernière. Hors,
dans le cas du Gabon, la répression du détournement de deniers
publics peine à être effective à cause de l'inaction de
celui qui détient le pouvoir de mettre en place la juridiction qui en a
compétence, en ce qui concerne les membres du Gouvernement, les hauts
fonctionnaires des institutions et le Président de la République
(en cas de haute trahison). Cet état des choses permet indirectement de
voir ces justiciables exemptés de possibilité de condamnation
définitive quel que soit la responsabilité dont ils sont sujet
dans une affaire de détournement de deniers publics. Dans un semblant de
réponse aux cris d'injustice du peuple aux fins de tentative de redorer
le blason d'une justice perçue comme partisane. Depuis, plusieurs mois,
des anciens membres du gouvernement et de hauts fonctionnaires
soupçonnés de détournement de deniers publics demeurent
sous mandat de dépôt159 . Bémol, ils demeurent
sans possibilité de voir leur culpabilité retenue ou levé
par la justice lors d'un procès équitable. C'est pour cela que
certaines des affaires pendant devant la justice reste au poids-mort à
cause de l'ombre de l'Exécutif qui plane aux fins d'assujettir la
justice à sa volonté.
2. L'assujettissement du pouvoir judiciaire
L'idée de la liberté de la justice est
l'impératif d'une société qui aspire à la
manifestation de la vérité dans le rendu de la décision du
juge à la suite d'un litige. Dans le cas du Gabon, en matière de
détournement de deniers publics l'impératif de
célérité semble reléguer en arrière-plan,
oubliant que « le temps qui passe, c'est la vérité qui
s'enfuit »160. En effet, selon un adage élogieux sur la
célérité du procès pénale « la justice
tardive équivaut à une injustice »161 car
plusieurs éléments peuvent s'évaporer suite à
l'écoulement du temps. C'est le cas de la précision des
informations que peuvent apporter un témoin dans une affaire. La
précision des évènements dont il a souvenance peuvent
être édulcoré par le temps et adjoindre ou exempté
un élément important qui pourrait soit concourir à la
liberté du prévenu
159 G. CORNU, Vocabulaire juridique, op.cit., p.638 : «
ordre donné par un magistrat au chef d'un établissement
pénitentiaire de recevoir et de détenir une personne qui est
déjà entre les mains de la justice ».
160 S. YAWAGA, Avancées et reculades dans la
répression des infractions de détournement de deniers publics au
Cameroun : regard critique sur la loi n°2011/028 du 11 décembre
2011 portant création d'un Tribunal Criminel Spécial, Juridis
Périodique, n°90
161 J. PRADEL, Procédure Pénale, 15 éd.,
n°377.
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
ou sa condamnation injuste. En ce qui concerne le Gabon, la
lenteur ou parfois même le silence observé dans le rendu des
décisions judiciaire est souvent due à l'implication
anticonstitutionnelle de l'Exécutif sur le judicaire. Nous en avons pour
preuve la sonnette d'alarme tirée par les acteurs de la justice
gabonaise. En effet, « les magistrats gabonais ont longtemps
dénoncé une situation s'apparentant presque à de
l'assujettissement. Le constat est pertinent et mérite d'être
relevé dans la mesure où la relation entre le Parquet et le
Ministère de la Justice n'est que rarement à la limite de la
subordination du premier par le dernier. Une situation inconcevable qui ne
manque pas d'entacher le traitement objectif des dossiers impliquant des
personnalités politiques proches du pouvoir »162. Ce qui
jette un voile sur l'indépendance des juridictions répressives
dans leur capacité à dire droit aux fins de résolution
d'un litige. L'influence de l'Exécutif est encore plus visible dans le
monde judiciaire au travers de la composition du Conseil Supérieur de la
Magistrature. En effet, le CSM est présidé par le
Président de la République, assisté par le Ministre de la
justice, Garde des Sceaux comme vice-président. Les présidents
des Cours assurent la deuxième vice-présidence. Le parlement est
représenté par trois députés et deux
sénateurs. Le Ministre du Budget dont la participation et les voix ne
sont que consultatives163. Ce qui précède est
l'expression de la pression qu'exerce le pouvoir exécutif sur
l'organisation même de la justice gabonaise. Le fait que le Chef de
l'exécutif soit à la tête de cet organe qui est
censé assuré l'indépendance du magistrat est la preuve
d'un regard malsain entériné par la constitution du pouvoir
exécutif dans l'accomplissement de l'exercice de la fonction du juge. De
ce fait, le magistrat devient le « sujet 164» au regard de
la hiérarchie au sein du Conseil Supérieur de la Magistrature qui
est l'organe exécutif qui organise non pas l'exercice d'une fonction de
l'Exécutif mais celle du Judiciaire. Comment alors évité
que le Magistrat dans le rendu de certaines décisions qui touche aux
proches du pouvoir ne prenne pas le pou de l'Exécutif aux fins de dire
pas le droit édicté, mais celui qui convient au pouvoir. Il n'est
donc pas étonnant que depuis l'accession à la magistrature
suprême à nos jours la justice gabonaise aux travers des
juridictions compétentes en matière de détournement de
deniers publics demeure « stérile » en matière
jurisprudentielle. Les éclats médiatiques de l'opération
mains-propres ressemblent à une machination dépourvue de toute
logique juridique dans le traitement et la conduite des investigations des
affaires opposant l'Etat Gabonais aux hauts fonctionnaires
162 Pôle Juridique du Collectif des Jeunes
Démocrates, Mercredi 6 Août 2014, publié par
Gabonlibre.com.
163 Cfr. Art. 3 de la loi organique n° 2/93 du 14 avril
1993 fixant la composition, l'organisation et le fonctionnement du conseil
supérieur de la magistrature.
164 Le terme « sujet » a attrait à la
dépendance à une autorité supérieure du magistrat
au sein du Conseil Supérieur de la Magistrature dans lequel ce dernier
est sous l'autorité hiérarchique du Président de la
République qui préside ledit Conseil.
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
incriminés. Au vue ce constat regrettable de manque de
rigueur du souffreteux système judiciaire on en vient à se
demander comment sortir du gouffre. Une justice ne se construit pas avec des
discours mais de décision rationnelle dans le but d'accorder la
plénitude de l'indépendance aux Magistrats dans l'exercice de
leur fonction. Quid de la dépendance organisationnelle du pouvoir
judiciaire ?
Paragraphe II : La dépendance organisationnelle du
pouvoir judiciaire
A la suite de ce qui a été dit plus haut, la
dépendance au niveau organisationnel du pouvoir judiciaire rend la
répression du détournement de deniers publics difficile à
mettre en oeuvre sur le plan pratique. Afin d'en découvrir les tenants,
cette partie mettra en lumière les conséquences du rôle du
Président de la République en tant que chef de l'exécutif
du CSM (1) et pour finir celle de la garanti de l'indépendance du
pouvoir judicaire (2) qui lui est attribué par la Constitution.
1. Le Président de la République, chef de
l'exécutif du Conseil Supérieur de la Magistrature
L'organisation du pouvoir judiciaire trouve par le biais du
Conseil Supérieur de la Magistrature l'organe qui consacre son
organisation. Le CSM est régi par la loi organique n°2/93 du 14
avril 1993 modifié par la loi n°8/94 du 17 septembre 1994 fixant sa
composition, son organisation et son fonctionnement. Le 28 décembre 2010
il connut une modification dans sa composition. Le CSM est l'organe qui veille
à la bonne administration de la justice165. Le
problème que cette institution pose est le fait que cette
dernière est présidée par le Président de la
République. En effet, selon l'article 3 de la loi portant composition,
organisation et fonctionnement du CSM « Le Conseil Supérieur de la
Magistrature est présidé par le Président de la
République ». Ce dernier est assisté depuis la modification
de ladite loi en 2010 par le Ministre de la Justice en qualité de
Vice-président. A la lecture de cette loi on peut aisément
comprendre que l'administration de la justice est sous l'égide du
pouvoir Exécutif. Ce qui relègue les magistrats qui sont
censés être les premiers acteurs de la bonne administration de
leur fonction au rang de « sujet » des deux membres du pouvoir
Exécutif que sont le président de la République et le
Ministre de la Justice Garde des Sceaux166. En
165 Article 2 de la loi n°2/93 du 14 avril 1993 fixant la
composition, l'organisation et le fonctionnement de la CSM : « Le conseil
supérieur de la magistrature veille à la bonne administration de
la justice ».
Il statue de ce fait sur tes intégrations, les
nominations, les affectations, les avancements et la discipline des
magistrats.
166 Article 70 nouveau de la loi n°1/2018 du 10 janvier 2018
portant révision de la Constitution : « Le Conseil Supérieur
de la Magistrature est présidé par le Président de la
République.
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
d'autres termes, l'organisation de la justice dépend de
la politique qui sied à sa hiérarchie. Le fait qui vient
d'être exposé plus haut, est l'une des raisons de la
stérilité jurisprudentielle en matière de
détournement de deniers publics. En effet, les plus concernés aux
regards des récentes informations et parodies d'exercice de
l'activité judiciaire aux fins de faire justice à la
société, sont des anciens ministres, directeurs
généraux, etc... proches hier des arcanes du pouvoir qui sont
mise en cause. Ayant constitué le sciage politique du pouvoir en place,
ces anciennes hautes personnalités de l'Etat peine à faire
l'objet de condamnation définitive depuis plusieurs années. Cette
situation est la résultante du regard trop accru de l'Exécutif
dans le traitement des affaires de détournement de deniers publics. Cet
état des faits est troublant étant donné que l'armature
juridique en la matière est assez bien fournie. A ce sujet, il nous ait
choix de noter que l'article 67 de la constitution que vient corroborer
l'article 2 de la loi sur la CSM tant, au travers du regard trop accru de
l'Exécutif être l'expression une violation du principe de
séparation des pouvoirs. Ceci ne peut donc permettre de rendre justice
au peuple gabonais. La séparation des pouvoirs au dessein de Montesquieu
promeut une séparation entre les trois pouvoirs qui constituent le point
central de l'organisation de l'Etat. Bien qu'il soit reconnu une certaine
collaboration entre les différents pouvoirs, néanmoins il est
risqué de voir l'organisation d'un organe aussi important que le CSM
être présidé par le PR. Ceci est une concentration de
pouvoir qui nuit au développement de la justice comme c'est le cas
aujourd'hui. Hors, il est admis que « L'indépendance des
magistrats, conséquence nécessaire de la séparation des
pouvoirs, suppose, d'une part que les décisions des juridictions ne
puissent être revues que par les magistrats bénéficiant de
la même indépendance, d'une part, que la carrière
des juges et les sanctions qu'ils encourent le cas échéant soient
protégés de choix arbitraires émanant du pouvoir
exécutif, d'autre part »167. A la lecture de ce
qui précède il est n'est pas de bonne augure d'entrevoir
l'organisation du pouvoir judiciaire sous l'influence d'un autre pouvoir. Au
Gabon, on ne l'entend pas de cette oreille étant donné que la
Constitution elle-même consacre cette immixtion du Président de la
République dans l'organisation du pouvoir judiciaire. Au lieu de
préserver l'indépendance des différents pouvoirs d'une
influence que pourrait avoir l'un sur l'autre, elle donne corps à un
rassemblement de pouvoirs autour du Président de la République.
L'intérêt guidant l'agissement humain en général, il
n'est donc pas étonnant de
La première Vice-présidence du Conseil
Supérieur de la Magistrature est assurée par le Ministre de la
Justice, Garde des Sceaux.
La deuxième Vice-présidence est assurée
de façon rotative par les présidents de la Cour de Cassation, du
Conseil d'Etat et de la Cours des Comptes ».
167 Sous la direction d'Alain RENAUT, « Institutions »,
Hermann, Tome II, Paris, 2008, p.89.
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Arnaud Landry Page 60
LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
constater que les arrestations observées jusque
-là semble téléguidé par l'exécutif que par
un devoir de justice envers le peuple dont doit s'atteler le pouvoir
judiciaire. Une institution ne peut se consacrer correctement à la
réussite de sa mission s'il est sous influence d'une autre institution.
Ceci est un des prémices de la démocratie tel que conçu
par les fondateurs de cette gestion politique de la société. Sans
nul doute, la mauvaise idée d'un PR à la tête du Conseil
Supérieur de la Magistrature est à évincer de la norme
suprême gabonaise en prenant pour exemple la modification
constitutionnelle en France de 2008 en la même matière. Etant
donné que nous comprenons toujours très tard ce que les autres
ont compris très tôt, faute à un ?amour viscéral ?
et démesuré du pouvoir. Même son de cloche en ce qui
concerne de la garanti de l'indépendance du pouvoir judiciaire.
2. La garantie de l'indépendance du pouvoir
judiciaire : une charge du président de la République
Une stricte séparation des différents pouvoirs
peut conduire à la paralysie des institutions, comme ce fut le cas en
France sous le Directoire (1795-1799) et sous la Seconde République
(1848-1852). C'est certainement pour éviter de telles situations que la
constitution gabonaise du 26 mars 1991 a prévu que : « Le
Président de la République est le garant de 1'indépendance
du pouvoir judiciaire, dans le respect des dispositions de la présente
Constitution »168. A travers cette disposition, il nous semble
que les rédacteurs de cette Constitution ne se sont pas rendu compte que
par cette disposition ils procédaient plutôt à la
légalisation de la dépendance du pouvoir judiciaire à
l'égard du Président de la République.
En effet, l'indépendance est synonyme
d'affranchissement. Pouvons-nous donc considéré avoir une
Constitution digne de ce nom s'il est admis que « Toute
société dans laquelle la garantie des droits n'est pas
assurée ni la séparation des pouvoirs déterminée,
n'a point de Constitution »169. Le fait que le PR
soit le garant de l'indépendance du pouvoir judiciaire est une entorse
à l'affranchissement du pouvoir judiciaire du pouvoir exécutif.
On n'est pas à l'abri dans ce cas d'un abus de pouvoir de celui qui est
le garant de l'indépendance de la justice. Nous avons pour exemple, le
silence dont fait preuve le Président du CSM dans le désir du
peuple de voir être mise en place la Haute Cour de Justice aux fins de
voir réprimé certains justiciables. Nombreux discours ont
été servi sans réalisation de la « justice libre et
indépendante »170 promis lors de tant ?
d'homélies ?. Face à cet état des choses, la
répression
168 Article 68 de la Constitution de 1991, modifié par
(L.47/2010 du 12 janvier 2011).
169 Article 16 de la Déclaration des droits de l'homme et
du citoyen du 26 août 1789.
170 Extrait du discours du Président Ali BONGO, op.
Cit.
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
du détournement de deniers publics au Gabon ne peut
connaitre une effectivité au sens du droit. Les magistrats sont encore
bornés à la satisfaction de la hiérarchie
organisationnelle au détriment du devoir de justice dont ils sont
mandataires au nom du peuple gabonais. Une justice indépendante aurait
déjà, depuis l'affaire des biens mal acquis, au tout début
des années 2000, être auteur de précédent
judiciaire. Chaque année de nouveaux soupçons viennent t'à
peser sur un ou plusieurs fonctionnaires. Ces soupçons sont soit nourri
par des organes internes, soit par des juridictions ou médias
internationaux171. Pour l'heure, résultat zéro en
matière de jurisprudence. Mais, on enregistre des arrestations de
certains anciens barons du pouvoir près que chaque mois. Certainement,
les charges portées à leur endroit sont fondées, mais aux
vues des personnes incarcérées ceux-ci ressemblent plus à
des règlements de compte qu'à une répression
véritable de l'infraction du détournement de deniers publics qui
leur est reproché. L'expression du cas gabonais est le résultat
d'une justice à double vitesse qui cause dommage à la
liberté du pouvoir judiciaire ballonné par le regard de
l'exécutif avant de choisir qui porté devant les tribunaux. A
notre humble avis, l'article 68 de la Constitution dessert la justice et la
mission qui lui est assigné. L'indépendance d'une juridiction se
doit d'être garantie par ses organes internes. C'est aux magistrats que
doivent incomber la tâche d'assurer l'indépendance du pouvoir dont
ils sont l'émanation et non le Président de la République.
Ceci est dont un peu plus réaliste car la fonction présidentielle
avec toutes les charges que la Constitution a dévolu à son
titulaire est très exigeante. Ce serait donc un soulagement pour le PR
dont la fonction qu'il occupe est déjà très harassante de
voir une charge lui-être ôtée. A la suite de ceci, une
confiance sera accordée au pouvoir judiciaire de pouvoir garantir
lui-même son indépendance. Il pourra donc déterminer ses
propres priorités afin de garantir le respect de la loi par tous. Tant
qu'un justiciable aura toujours le sentiment d'être au-dessus de la loi
à cause de sa fonction ou de son appartenance politique, l'argent public
ne sera jamais un interdit pour ce dernier. Il est temps de construire une
justice non pas de connivence avec l'exécutif mais dévoué
à sa mission de rendre justice au nom du peuple gabonais, car l'Etat que
constitue le pouvoir judiciaire « se présente comme une
entité juridique, gouverné et régie par le droit, mieux
encore qui ne peut être saisie et appréhendé qu'à
travers le prisme du droit »172. C'est dans cette optique que
notre modeste analyse, dans le but de redonner la prééminence au
droit en la matière, va se faire le devoir d'entrevoir des
171 Cas du rapport de Transparency international sur les «
biens mal acquis » en 2010 ; De la justice français en ce qui
concerne la plainte contre M.M Mbourantsuo depuis le mois d'Avril ; rapport sur
L'Enrichissement Illicite de la CNLCEI de 2003.
172 J. CHEVALLIER, « L'Etat post-moderne », L.G.D.J.,
3ème éd., 2008, p.99.
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Arnaud Landry Page 62
LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
voies de solutions aux fins d'une mise en oeuvre
concrète de la répression du détournement de deniers
publics au Gabon.
CHAPITRE II : SOLUTIONS DANS L'OPTIQUE D'UNE MISE EN
OEUVRE PRATIQUE DE LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS.
L'essor de la répression du détournement de
deniers publics au Gabon est une question de volonté au tant politique
que juridique. Le politique en détient l'essor à travers la
possibilité d'assurer l'indépendance de la justice et une
meilleure gestion de l'organisation de cette dernière. Le droit quant
à lui, se doit d'évoluer à travers une construction
nouvelle de la loi en la matière. Comme il est dit « les lois ne
sont pas de pures actes de puissance ; ce sont des actes de sagesse
»173. Ainsi dans le cadre de ce propos, nous exposerons les
voies de solutions qui pourraient permettre de voir la répression du
détournement de deniers publics être effectif au Gabon. Pour se
faire, nous nous appuierons sur un argumentaire qui promeut l'efficacité
des mécanismes de prévention et de gestion du détournement
de deniers publics (Section I) et la réforme du cadre légal de la
répression du détournement de deniers publics (Section II).
Section I : L'efficacité des mécanismes
de prévention et de gestion du détournement de deniers
publics
Une prévention accrue du détournement de deniers
publics est pour nous un moyen pour de mettre en oeuvre la politique
nécessaire pour réduire la violation de loi par le
détenteur précaire des avoirs de l'Etat tout en le mettant face
au risque à encourir en cas de désobéissance
pénale. En vue d'explicité cette partie nous porterons notre
attention sur l'efficacité des mécanismes de prévention en
matière de détournement de deniers publics (Paragraphe I)
et pour finir sur le renouvellement des acteurs en charge de la
gestion du détournement de deniers publics (Paragraphe
II).
173 J-L. SOURIOUX, Le Bon législateur selon Portalis,
in « discours préliminaire au corps législatif du projet de
loi relatif à la publication », p. 516. P.A FRENET, Recueil complet
des travaux préparatoires du code civil, Tome 9, Paris, 1827, p.359.
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Arnaud Landry Page 63
LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
Paragraphe I : L'efficacité des mécanismes de
prévention en matière de détournement de deniers
publics
Les mécanismes de prévention du
détournement de deniers publics sont les méthodes qui consistent
à prévenir la commission de ladite infraction. Avant d'entrevoir
une répression d'une infraction, il serait utile de mettre en place des
mesures qui pourront court-circuiter la commission de l'acte contraire à
la loi. Ces mécanismes s'avèreront efficace quand il sera
observé une baisse de l'activité criminelle en la matière.
Pour ce faire, une politique de prévention efficace doit être mise
en place partant d'une permanence des contrôles internes et externes de
la gestion des deniers publics (1) et d'une obligation de déclaration
des biens pour tout fonctionnaire (2).
1. La permanence des contrôles internes et
externes de la gestion des deniers publics
La constitution gabonaise fait de la volonté du peuple
le fondement de l'autorité des pouvoirs publics et fait obligation
à ces derniers de rendre compte de leur action. Le principe d'un
contrôle de l'utilisation des deniers publics est exposé aux
articles 14 et 15 de la DDHC de 1789. C'est dans cette optique qu'il est mise
en place des contrôle internes et externes de la gestion faite par les
administrations et toute entreprise ou collectivité qui jouit d'un
apport financier de l'Etat pour son fonctionnement. En effet, dans le cadre du
contrôle interne de l'administration publique, il part d'un audit interne
diligenté par l'administration elle-même à priori et
à postériori. Ce contrôle porte sur la
régularité des opérations financières
exécuté afin de déceler des irrégularités.
Dans l'activité financière du budget alloué aux
administrations et collectivités publiques ce contrôle est
effectif mais il n'est fait que soit une fois par an parfois pas du tout. Nous
avons pour exemple le fait que dans la période de 2002 à 2007, il
a fallu le rapport de la Cour des comptes pour que la Direction
Générale du Budget et des Finances publique fasse un audit sur
l'utilisation des finances débloquées à l'occasion des
fêtes tournantes de cette période. Il serait utile que ce
contrôle se fasse deux fois dans l'année, c'est- à- dire
chaque semestre. En sus, il serait utile d'adjoindre des cellules
anti-corruption dans chaque Direction et service dans lesquels sont
gérés ou déployés l'argent public aux fins
d'amoindrir les probabilités de commission de l'infraction. Les
responsables de ces cellules se doivent d'assister aux contrôles internes
et doivent avoir accès aux procès-verbaux qui en découle.
Il serait opportun d'effectué des audits externes diligenté par
des institutions privées à la demande du Ministère des
finances pour s'assurer de la sincérité des comptabilités
à lui présenter par le contrôle à postériori.
D'autre part, un contrôle juridictionnel des opérations
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Arnaud Landry Page 64
LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
budgétaires et comptables de l'ensemble des
administrations174 doit être assuré par la Cour des
comptes. Le problème de ce contrôle est le fait que la Cour des
comptes ne juge que les comptes des comptables publics175 et pas les
fonctionnaires. En effet, la Cour des comptes ne met son expertise en oeuvre
que pour apurer les gestions des fonctionnaires il ne participe pas de droit
dans la découverte des moyens frauduleux utilisés par le
délinquant pour atteindre son dessein criminel. D'où l'importance
de voir cette institution être doté de nouvelles
prérogatives. Accentuer les contrôles de gestion va permettre de
faire reculer le désir pour les fonctionnaires de désobéir
à la valeur sacrée de l'argent public. Il est aussi d'une
importance que le Parlement fasse son travail dans son rôle de
procéder au contrôle de la politique de gestion du gouvernement.
En effet, plusieurs rapports ont été diffusés par la Cour
des comptes mais on s'étonne de la confiance aveugle que la Parlement
gabonais accorde aux différents gouvernements qui se sont
précédés depuis la fin des années 90. L'argent est
un facteur important pour le bien- être d'une société,
c'est par lui ou grâce à lui que l'Etat peut assurer les
obligations qui lui sont assignées par la Constitution en son article
premier. C'est donc un facteur non négligeable à l'existence
humaine par ricochet à celle d'une société. En 2010, sur
demande du Président de la République la Cour des Comptes
à affirmer que les dépenses issus des réalisations
publiques effectuées lors des fêtes tournantes de 2009 ont
été effectué en dessous des sommes
débloquées. Le Parlement ne s'en est pas appuyé pour
appeler le gouvernement à mettre en oeuvre ce qui est nécessaire
pour recouvrir les fonds ou de mettre les coupables devant les juridictions
compétentes. Ceci est étonnant étant donné que
c'est le peuple qui en subi les frasques car une route qui est construit en
violation des standards de construction en la matière c'est lui qui sera
en proie à des accidents de circulation. Le détournement de
deniers publics attise la pauvreté et ne peut permettre à l'Etat
de procéder à la mise en application de sa politique publique en
matière sociale. Le bien public nécessaire au
développement de la population se volatilise sous silence. C'est comme
le disait Grégoire NGBWA MINTSA176 « le patrimoine qui
aurait pu servir à développer le pays et répondre aux
besoins quotidiens des Gabonais a été utilisé par un
groupuscule (...) au service de la gloire de l'enrichissement personnel ».
C'est l'apanage d'un contrôle inefficace et surtout du manque de rigueur
de l'Etat à astreindre tout fonctionnaire au respect de l'argent public
qui est un bien commun nécessaire au bien -être de tous. Comment
concevoir un agent public
174 Art. 157 du décrêt 2016/94 portant
règlement général de la Comptabilité publique.
175 Art. 38 de la loi portant organisation, fonctionnement et
compétence de la cour des comptes de 1994.
176 Activiste gabonais décédé en 2014.
Lauréat du prix de l'intégrité de Transparency
International en 2010. L'enquête que Gregory NGBWA MINTSA a aidé
à révéler qu'Omar Bongo et sa famille possédaient
39 propriétés en France, 70 comptes bancaires et au moins de 9
véhicules de luxe d'une valeur estimée à presque 1,5
million d'euros.
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
dont la valeur des biens doit être connue de l'Etat
à son entrée dans la fonction publique, devenir riche en un temps
record. On en vient à se demander si les fonctionnaires sont tous
astreints à l'obligation de déclaration des biens
conformément aux dispositions du Statut de la Fonction publique.
2. L'obligation de déclaration des biens par les
fonctionnaires
La déclaration des biens est un impératif
assigné à tous les fonctionnaires. Elle est le fait pour un
fonctionnaire d'informer l'administration sur l'étendue de ses biens.
Ceci permettre à l'administration de connaitre son patrimoine avant et
après l'exercice de ses fonctions. Cette obligation assignée au
fonctionnaire est prévu par le Statut de la fonction
publique177 dans l'optique pour l'employeur public de pouvoir
connaitre les biens dont dispose son employé pendant et après
l'exercice de ses fonctions. Au soutien de cette disposition l'Exécutif
va mettre en place un organe en charge de centraliser toutes les données
qui concernent la déclaration des biens des fonctionnaires gabonais.
Cette prérogative est assignée à la CNLCEI178
à travers son Secrétariat général. Comme la
répression du détournement de deniers publics la
déclaration des biens des fonctionnaires n'est visible que dans les
textes qui rendent légal cette pratique. En effet, la déclaration
des biens semble ne pas être une obligation à en juger la
rapidité avec laquelle des millionnaires naissent au Gabon à
peine affectés à de haute fonction. La Commission Nationale de
Lutte Contre l'Enrichissement Illicite quant à elle semble s'atrophier,
renforçant ainsi le sentiment de manque de rigueur et d'impunité
des fonctionnaires gabonais. Ce sentiment est renforcé par les
observations du Programme des Nations-Unis pour le développement de
décembre 2011179 qui déplorait notamment « une
insuffisance manifeste de formation » des équipes de la CNLCEI pour
réaliser leurs missions. Dans le même rapport, le PNUD
s'étonnait que moins de 50% des personnes dépositaires de
l'autorité de l'Etat astreintes à la déclaration de biens
s'y soumette, sans que cela n'entraine une quelconque
conséquence pour les contrevenants. Cette attitude n'est pas seulement
observable chez les hauts fonctionnaires, bon nombre de fonctionnaire de la
dernière catégorie la plus basse ne connaisse pas la
procédure de déclaration de biens. Nous pouvons donc penser que
c'est un laisser-aller qui
177 Art.43 tiret 7 : « Dans l'exercice de ses fonctions,
l'agent public est également soumis à :
- L'obligation de déclarer à l'administration ses
biens ainsi que ceux de son ou ses conjoints, lorsque celui-ci exerce une
activité privée lucrative ».
178 Article 22 portant création de la CNLCEI : «
Le Secrétaire général recueille et conserve les
déclarations de fortune de toute personne nommée ou élue
aux hautes fonctions de l'Etat, des collectivités locales, des
établissements publics et parapublics ».
179 Rapport du Programme des nations-unis pour le
développement (PNUD) de décembre 2011
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
semble faire tomber cette loi en désuétude. Hors
cette une loi qui peut conduire à la perte d'emploi du contrevenant, se
doit d'être comme un glaive d'acier sur la tête des fonctionnaires
en cas de non-respect de leurs obligations. Pour que les fonctionnaires se
sentent investi il faudrait qu'ils se sentent contraint au moyen de la plus
ferme rigueur. Il serait donc opportun de prévoir que les fonctionnaires
qui vont s'extraire volontairement à cette obligation de
déclaration des biens doivent être rattrapés par la loi au
travers de la Commission Nationale de Lutte contre l'Enrichissement illicite.
Le fait que la CNLCEI ne puisse exercer sa fonction en la matière permet
aux fonctionnaires de ne pas s'exécuter. Tous les fonctionnaires sans
exception ne pourront plus avoir de raison de s'y résoudre si la loi est
respectée à la lettre. Ils seraient dans ce cas obligés de
s'exécuter aux risques de subir les affres de la loi. Affres de la loi
qui devrait être primo assortie d'une amende fournie en guise
d'avertissement avant d'envisager que dans un délai de trois mois
suivant la prise de fonctions, le Président ou le Vice-président,
saisi par le Secrétaire général de la CNLCLEI, mette le
fonctionnaire concerné en demeure de s'exécuter dans un
délai maximum d'un mois. Passé ce délai,
l'intéressé est, sans préjudice des autres sanctions,
démis de ses fonctions180. L'administration se doit de
pouvoir veiller à ce que ceux qui sont embauché par elle ne
puisse s'enrichir sur son dos et prétexté que ces avoirs soit
issu de leur patrimoine. Il serait donc plausible de concevoir une gestion
nouvelle de l'administration au travers d'acteurs capables de mener à
bien la charge qui leur sera confiée. Ce serait là une marche en
avant vers une administration au service du peuple gage d'un
développement morale aussi bien du fonctionnaire mais avant tout du
citoyen qu'il est. Ceci fait donc appelle à un renouvellement des
acteurs en charge des investigations.
Paragraphe II : Le renouvellement des acteurs en charge de
la gestion des investigations en matière de détournement de
deniers public
Le détournement de deniers publics est une
gangrène pour le développement d'un Etat, lutté contre
cette infraction en la réprimant est un impératif d'ordre public.
C'est dans ce sens qu'il nous ait choix de penser à un renouvellement
des acteurs des investigations qui mènent à la répression
par le juge de l'auteur de l'infraction. Ainsi, nous prévoyons ce
renouvellement d'acteurs à travers la mise en place d'une Brigade
financière et fiscale (1) et par la création d'un parquet
financier (2).
180 Art. 22 al.2 portant création de la CNLCEI.
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
1. La nécessité de la mise en place d'une
Brigade financière et fiscale
La répression d'une infraction est
précédée par une recherche de preuves aux fins de prouver
la culpabilité de l'auteur. Il est un élément très
important dans le procès pénal et la Constitution rappelle le
droit à un procès équitable pour tout justiciable. Des
investigations menées à la hâte ou sans maitrise du sujet
peuvent porter préjudice à autrui. Ils peuvent induire le juge en
erreur en incarcérant un innocent ou en laissant libre le coupable de
l'acte incriminé. A l'heure actuelle, la prérogative de mener des
investigations en matière d'infraction de détournement de deniers
publics est réservée à la Police Judiciaire181.
En effet, c'est aux O.P.J qu'incombe la tâche de rassembler les preuves
et conduire vers la juridiction compétente l'auteur de l'infraction
incriminée. Mais, depuis l'approximation des méthodes
utilisées dans la manifestation de la vérité dans les cas
de détournements de deniers publics révéler par «
l'opération mains-propres » on en vient à se demander s'il
n'est pas temps de confier à un autre organe cette compétence si
délicate. L'investigation peut être considérée comme
recherche suivie et approfondie d'informations. L'évolution de la
criminalité impose de nouvelles méthodes et surtout une
qualification en la matière investiguée. L'investigation
étant un travail scientifique, elle « dépend
étroitement des méthodes et des techniques utilisées
». En sus, il convoque une certaine maitrise de la matière dont il
est question. Pour nous, de la même manière qu'il est permis aux
agents de douanes de procéder aux investigations pour mettre la main sur
les usagers qui sont soupçonnés de fraude
douanière182. De même les investigations en
matière d'infraction de détournement de deniers publics doivent
être le privilège d'une Brigade en charge des affaires
financières et fiscales. Nous envisageons ladite Brigade comme il suit
:
- Une division en charge de la délinquance
financière, diligentant les enquêtes concernant le faux en
écriture de commerce, les banques routes et délits
assimilées, infractions au code des Marchés publics ; la prise
illégale d'intérêt, détournement de deniers publics,
corruption, blanchiment d'argent, etc.
- Une division en charge de la délinquance fiscale
luttant contre toute forme de fraude fiscale.
181 Art. 13 portant code de procédure pénale :
« La Police Judiciaire est chargée de constater les infractions
à la loi pénale, d'en rassembler les preuves, d'en rechercher les
auteurs et de les déférer devant les juridictions
compétentes, pour les punir ».
182 Art.298 al1. A : « les infractions aux lois et
règlements douaniers sont constatées par les agents de douanes
».
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
Le détournement de deniers publics bien qu'étant
une infraction pénale touche au droit financier, étant
donné que l'exercice de la fonction exercée par l'auteur à
un lien avec la gestion de l'argent public encadré par les dispositions
de règle financière. Une maitrise des rouages de la Finance ne
serait pas sans utilité. Effectivement, nous pensons qu'il est plus
aisé pour un individu ayant une formation en finance ou
comptabilité publique de pouvoir déceler de manière plus
aisée les manoeuvres frauduleuses dont a pu faire usage l'agent public
incriminé. Avoir un Officier de Police aguerri en matière de
financière et comptable serait un gain autant en temps183, en
moyen, qu'en termes de compétence fiable sur laquelle peut s'appuyer le
juge pour rendre sa décision indépendamment du fait que l'erreur
soit humaine. Or, dans le cas des OPJ ils n'ont, au Gabon, qu'une formation
militaire et juridique (une connaissance basique du droit), la marge d'erreur
peut s'avérer plus grande. Ils ne semblent pas aptes à
menés des investigations aux complications comptables ou
financières. L'approche par compétence est une exigence du
siècle dans lequel nous vivons dans l'optique d'une efficacité du
service public. Les enquêtes concernant les infractions au droit
pénal des affaires, les atteintes à la probité et la
délinquance fiscale sont des affaires techniques et complexes pouvant
présenter une sensibilité particulière en raison des
responsabilités économiques et politiques exercées par les
personnes impliquées dans la commission de ces infractions.
L'opération « mains-propres » ayant mis à nu sa nature
intrinsèque qui semble loin de la nécessité de
réprimer les auteurs. Il est donc important de mesurer les droits
humains qui peuvent être injustement retirer à un individu suite
à une investigation mal diligenté. Ces enquêtes dont la
cause serait principalement le manque de compétence dans la conduite des
enquêtes des acteurs investies par la loi risqueraient d'être la
porte ouverte à l'injustice. Des mesures sont donc nécessaires
pour éviter le flou des investigations des OPJ observés jusque-
là. Ils sont peu fournis sur le plan de l'outil intellectuel apte
à connaitre des investigations de droit pénal financier. Cette
dernière est complexe et technique, elle ne serait mieux gérer
que par des initiés plus outillés. De ce fait, il sera plus
évident d'assurer une meilleure protection du droit à un
procès équitable au prévenu en minimisant toute
possibilité d'erreur ou d'omission due à la complexité
techniques de l'affaire.
2. La création d'un parquet financier.
L'exercice de la justice est une des fonctions les plus
importantes dans le maintien de la cohésion sociale. Une justice rendue
de manière juste est objet d'une confiance du peuple
183 Ainsi, le juge se passera d'une expertise aux fins
d'analyse des pièces fournies au débat qui par ailleurs couterait
chère à l'Etat.
Présenté et soutenu par Mr. ONDO NDOUTOUMOU Junior
Arnaud Landry Page 69
LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
en la justice. Par contre, une justice approximative
éloignée de tout respect du droit et de la vérité
est dangereux pour la société car il pourrait être le
centre névralgique d'une justice populaire. Dans ce cas, le juge
perdrait la légitimité dont il a besoin pour ramener l'ordre et
le respect du droit dans la société. Au Gabon, la formation dont
sont sujet les juges qui sont compétent pour juger les auteurs de
détournement de deniers publics n'est guère axées sur les
finances et ni la comptabilité. Les seuls juges des comptes qui ont subi
une telle formation ne sont pas habilités à juger les
fonctionnaires ou agents publics coupables de détournement de deniers
publics. Il en est ainsi parce que la prérogative de réprimer les
auteurs de détournements de deniers publics est reconnue au juge
pénal et non au juge des comptes. Ce dernier est subordonné
à juger les comptes des agents publics. Au regard de l'organisation
juridictionnelle gabonaise, l'ordre financier est représenté par
les Tribunaux des comptes184 et la Cour des comptes185.
Il serait louable d'adjoindre de nouveaux acteurs ayant une formation en
matière financière et comptable aux fins de procédé
aux résolutions des affaires de détournement de deniers publics.
En effet, chaque matière comporte son lexique et ses uses dont la
facilité d'accès est le privilège des initiés. Il
serait bien peu aisé de toujours faire appel à un
expert-comptable ou financier aux fins d'éclaircissement d'un point
technique eu égard au coût que devra débourser l'Etat pour
chaque affaire. Mais aussi, comment le juge pourra être sûr de
l'analyse et surtout le comprendre s'il ne sait pas expliqué la
manière frauduleuse dont s'est muni l'auteur. Ou alors, peut-il dire
avec conviction si les investigations ayant abouti à l'ensemble des
preuves contre le prévenu sont de bonne facture. En effet, de même
que le Droit est une science difficile voir impénétrable pour les
non-initiés. De même la Finance l'est autant. Comme l'a si bien
relevé un auteur, « la difficulté inhérente à
toute discipline au carrefour de beaucoup d'autres réside dans leur
rapport à celles-ci, et, au moins vis à vis de certaines d'entre
elles, à leur degré d'autonomie »186. Fort de son
autonomie il serait judicieux qu'il soit envisagé un parquet financier
ayant au moins une double juridiction pour permettre un meilleur libellé
jurisprudentiel en matière de droit pénal financier. Au regard,
des multiples arrestations dont plusieurs fonctionnaires ont fait l'objet ces
derniers temps au Gabon, il ne serait pas étonnant que le contentieux en
la matière puissent s'agrandir. Il serait donc opportun, d'avoir des
Magistrats aptes à connaitre de ces affaires en toute maitrise de la
science complexe dont il s'agit. De s'assurer une bonne gestion de ces affaires
dans lesquelles se joueront le présent et l'avenir des citoyens
gabonais. La capacité à dégager
184 Art. 82 et s. de la loi n°7/94 du 16 septembre 1994
portant organisation de la justice.
185 Art. 23, Ibid.
186 G. ORSONI, Science et législation
financières, Paris, Economica, 2005, p. 13.
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Arnaud Landry Page 70
LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
la vérité, à juger en bon droit sera
extrêmement important aux risques d'assister à des injustices
pourtant évitable. De la même manière que les jours
passent, la criminalité développe ses tentacules criminels
à travers de manoeuvres encore plus élaborés pour
passer-outre toute poursuite. La justice et la manière de la rendre ne
doivent pas rester sans connaitre une évolution. Une remise en cause au
risque de ne plus pouvoir répondre aux attentes de la
société semble nécessaire. Dans cet élan novateur
nous préconisons de revêtir d'un air nouveau le cadre légal
de la répression du détournement de deniers publics au Gabon.
Section II: La réforme du cadre légal de
la répression du détournement de deniers publics
L'effectivité ou l'efficacité de la
répression d'une infraction aussi grave que le détournement de
deniers publics est étroitement lié à la politique
criminelle instauré à travers la loi pénale qui en est le
testament. En effet, il est notable, dans le cas de la répression de
cette infraction au Gabon que la loi pénale semble avoir pris un coup de
vieillesse. Il serait donc important afin de mieux lui permettre de
répondre aux nouveaux problèmes que pose la répression du
détournement de deniers publics de revoir son cadre légal. Pour
ce faire, dans le cadre de cette partie à venir, nous formulerons le
souhait d'une modification de la loi pénale. Elle partirait
d'éléments qui nécessitent une modification de la loi
pénale (Paragraphe I) avant de l'achever par une réorganisation
de la justice gabonaise (Paragraphe II).
Paragraphe I: La modification de la loi pénale en
matière de détournement de deniers publics
La répression du détournement de deniers publics
au Gabon ne pourra connaitre une effectivité si l'on ne débute
pas par lui donner un cuire de jouvence. Ce toilettage concerne la loi
pénale sur laquelle s'appuie le juge pour condamner un individu. En
effet, pour nous, il serait fort important d'entrevoir le débat du
prolongement du délai de prescription en matière de
détournement de deniers publics (1) et l'encadrement du remboursement
des avoirs incriminés (2).
1. Le prolongement du délai de prescription en
matière de détournement de deniers publics
Selon Portalis « une loi est un acte de
souveraineté, une décision n'est qu'un acte de judicature ou de
magistrature »187. C'est-à-dire que la loi doit
permettre d'assurer une sécurité juridique à la personne
inculpée mais aussi à toute la société. En effet,
« Il appartient au
187 J. HAUSER, le juge et la loi, le Seuil du / Pouvoirs, 2005, n
°114, p.141.
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Arnaud Landry Page 71
LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
pouvoir législatif de définir les comportements
qu'il juge antisociaux, et d'organiser l'identification, l'appréhension,
la poursuite et le jugement de leurs auteurs, le tout selon des
modalités bien précise »188. La modalité
précise est la procédure à entrevoir en matière de
poursuite de l'auteur d'une infraction. Le code de procédure
pénal gabonais qui encadre la procédure a adoptée en
matière pénale dispose qu' : « En matière de crime,
sauf en ce qui concerne ceux déclarés imprescriptibles par la
loi, la prescription de l'action publique est de vingt années
révolues à compter du jour où le crime a été
commis, si dans cet intervalle il n'a été fait aucun acte
d'instruction ou de poursuite »189. C'est dire qu'un
crime perpétré à une date X s'il n'a pas fait l'objet
d'acte d'instruction ni de poursuite en l'espace de vingt ans, l'auteur ne
pourra plus être poursuivi par une juridiction pénale. Dans le cas
du Gabon, c'est une grande porte ouverte à l'impunité de ceux qui
sont proches du pouvoir quand on se refaire à la longévité
du pouvoir qui est en moyenne de 19 ans pour le moment. En effet, il reconnut
la possibilité pour le Chef de l'Exécutif de se
représenter aux élections présidentielles autant de foi
qu'il lui sera possible190. Cette impunité est plausible
étant donné que l'indépendance de la justice est un
débat houleux dans notre pays. Nous en avons pour preuve le rappelle
fait par le Président de la République en sa qualité de
président du Conseil Supérieur de la Magistrature en ses mots
« le magistrat doit être un homme libre au service du droit et de
l'Etat »191. Si les hommes chargés de rendre justice ne
sont pas libres d'exercer leur fonction est-ce la répression de l'auteur
de détournement qui n'est qu'une tâche qu'ils sont à
accomplir qui sera empreint de liberté ? Nous ne pensons pas. En
moyenne, sur les trois présidents qui se sont succédé au
pouvoir, hormis le tout premier qui a pris le pouvoir trop vieux donc l'a
laissé très tôt192. Ces successeurs l'ont acquis
très jeune d'où la longévité du
second193 soit 42 ans et la possibilité de voir une imitation
de celui qui est à la magistrature suprême en ce
moment194. Le problème avec la longévité du
pouvoir en Afrique est l'aspect pervers de l'abus de ce pouvoir par ceux qui en
ont la charge. Tant que le Président au pouvoir sert de bouclier pour
certain homme politique ils ne seront jamais inquiétés. Les
exemples commencent à être légion en la pratique au Gabon.
Pour nous, au fin de ne point voir l'impunité « des Barons »
aux pouvoirs depuis 2009 coupable de la gestion calamiteuse
188 F. DESPORTES et L. LAZERGES « Traité de
procédure pénale », Economica, 2009, p.1.
189 Art 4 du code de procédure pénal du 25 novembre
2010.
190 Article 9 de la Constitution de
1991(L.13/2003 du 19 Août 2003) : « Le
Président de la République est élu pour sept (7) ans, au
suffrage universel direct. Il est rééligible
».
191 Allocution du Président Ali BONGO le 7 septembre
2017 lors de la session du Conseil Supérieur de la Magistrature qu'il
préside.
192 Léon MBA premier président de la
République gabonaise de 1960-1967.
193 Omar BONGO ONDIMBA président de la République
gabonaise de 1960-2009.
194 Ali BONGO ONDIMBA président de la République
gabonaise depuis 2009.
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
du Gabon actuel, qui n'ont pas encore fait l'objet
d'instruction ou poursuite pour détournement de deniers publics. Pendant
que les fortunes de ces derniers ne cessent de rivaliser avec le Milliards. Ils
peuvent s'en sortir grâce à la prescription du crime de
détournement de deniers publics qui s'achèvera au
crépuscule de 2029 si le crime a été commis en 2009 sans
qu'il est connu une instruction . L'une des solutions idoines seraient
de fixer la prescription du détournement de deniers publics
à 30 ans au moins. En effet, les données
démocratiques en Afrique et au Gabon en particulier connaissent depuis
quelques années un vent de changement, il serait peu évident de
voir un Président resté au pouvoir plus de 30 ans.
C'est-à-dire pendant plus de quatre législatures de quatre fois
sept ans dans le cas du Gabon. A l'état actuel du statut
réservé au magistrat, il serait mieux de contourner son manque
d'indépendance actuel par un prolongement de la prescription en la
matière. Ceci ne serait utile que si des mécanismes fort et
accrus étaient utilisés pour obliger la répression du
détournement de deniers publics dans un pays comme le Gabon ou
malheureusement les accointances politiques font encore la loi. D'autre part,
le détournement de deniers publics doit être perçu comme un
véritable crime contre le développement et
l'épanouissement de l'homme dans la société. Il ne serait
pas redondant de rappeler que les dispositions constitutionnelles
protègent l'accès pour la population à un emploi,
l'instruction aux soins de santé. Comment assurer tout cela à sa
population quand on croupit sous le poids de la dette à cause des
multiples détournements de deniers publics décrier ci et
là. Plus grave ces milliards détournés feront le bonheur
du patrimoine de ces hommes vicieux qu'hériteront leur
progéniture pendant que la grande majorité du peuple et leurs
enfants à venir souffriront des frasques de la crise économique.
Si la justice ne s'éveil pas c'est toute la société qui
sombrera dans les querelles ethniques et politiques à un moment ou
à un autre. Ce sera les riches contre ceux qui revendiqueront une
justice sociale car comme on le dit en Afrique « ventre affamé n'a
point d'oreille ». Chaque jour un peu plus la crise économique
depuis 2009 ne cesse de s'accroitre. Les victimes de cette dernière
demeure les plus pauvres pendant que pour d'autres ne cessent de s'enrichir. Il
est tant pour la justice d'embrasser le problème à bras le corps
aux fins de rétablir la prestance et la confiance du peuple en la
justice. Le contexte économique actuel et le développement de la
pensée pénale pose la réflexion de la
prééminence du remboursement des deniers publics
incriminés. Ceci permettra d'éviter un sureffectif
carcéral inutile pour cause d'emprisonnement aux bénéfices
des générations avenirs comme autre voie de solution.
Présenté et soutenu par Mr. ONDO NDOUTOUMOU Junior
Arnaud Landry Page 73
LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
2. L'encadrement du remboursement des avoirs
incriminés
Selon le philosophe Michel FOUCAULT « poser que toute
peine, quelle qu'elle soit, aura un terme, c'est à coup sûr
s'engager sur un chemin d'inquiétude (...), une pénalité
qui prétend prendre effet sur les individus et leur vie ne peut
éviter de se transformer perpétuellement elle-même
»195. Le détournement de deniers ou de « biens
publics est une infraction pouvant être qualifiée de délit
ou de crime selon la fourchette de la valeur des biens objet du
détournement. C'est sans nul doute cette nature criminelle qui explique
à suffisance la réaction virulente de nationalistes qui plaident
en faveur de la rétention d'une telle qualification
»196. En effet, au vue de la gravité de l'infraction, il
est judicieux pour freiner la propagation de la désobéissance
pénale de prévoir la peine privative de liberté, dans le
but de punir le contrevenant et d'en faire un exemple pour ceux qui auraient
muri le désir de limité. Ceci est de plus nécessaire
étant donné qu'il incombe à l'Etat « la tâche
de mettre en oeuvre une violence rationnalisée » aux fins de
répression de l'infraction dont se serait rendu coupable un justiciable.
En jetant un regard sur la pratique de la répression de l'infraction de
détournement de deniers publics au Gabon, la peine privative de
liberté retenue par l'article 141 du Code pénal semble être
difficile à être exécuté. La preuve jusqu'à
lors aucun fonctionnaire n'a fait l'objet d'une condamnation mais des milliards
détournés ne cessent d'être attribuer en trophée
à un tel ministre ou à un tel autre directeur
général. Pour nous, la prison c'est-à-dire la peine
privative de liberté ne devrait plus à elle seule être
retenu comme solution aux fins de résoudre le litige qui pourrait
opposer l'Etat gabonais à un de ses agents publics. Selon la
pensée post-moderne du droit pénal, cette dernière ne se
donne plus pour seul objet de sanctionner celui qui a violé la
règle. La crise de la surpopulation du milieu carcéral est une
des raisons de repenser la politique criminelle. Dans le cas de l'infraction
qui éveil notre attention, certes la prison reste « le centre de
pénalité » mais il laisse baillant le problème des
sommes pharamineuses arrachés à la réalisation du
bien-être des populations. A titre de rappel, « selon nos
estimations, la restitution des avoirs volés par une trentaine de
dirigeants au cours des dernières décennies pourrait
représenter entre 105 et 180 milliards de dollars pour les pays du Sud,
soit plusieurs fois ce qu'ils reçoivent chaque année au titre de
l'aide des pays riches »197. Pour être plus
précis, un chiffre qui équivaut à 20 à 40% des
flux
195 Cfr. Le suicide en prison : mesure, dispositifs de
prévention, évaluation, Min.de la justice, direction de
l'Administration pénitentiaire française, Paris, n°78, 2013,
p.216.
196 E. KENGUEP, E. FOKOU, l'infraction d'atteinte au patrimoine
des entreprises publiques et parapubliques dans l'espace OHADA, l'ERSUMA, 6
janvier 2016, p.169.
197 En 2007, l'aide publique au développement mondiale
atteignait officiellement 103 milliards de dollars, selon l'OCDE, mais l'aide
qui parvient réellement aux pays en développement en
représente moins de la moitié, selon
Présenté et soutenu par Mr. ONDO NDOUTOUMOU Junior
Arnaud Landry Page 74
LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
de l'aide au développement officielle198.
Ahurissant ! Je vous le concède quand on pense aux courbettes
effectuées par nos dirigeants pour avoir accès aux prêts
internationaux de ces pays occidentaux qui « profitent de l'argent d'un
petit nombre de personnes peu soucieuses du bien-être de leur population
»199. La prison oui, mais elle ne règle en rien le
problème de l'argent détourné qui est pour nous une forme
« de crime contre l'humanité ». Le revers d'une
fréquence élevée des détournements des deniers
publics est qu'ils peuvent pousser à la mort des populations
entières. Car certains ne pourront pas se soigner faute de
médicaments. D'autres n'auront pas accès à
l'éducation faute d'école, à l'eau potable etc. Selon
l'article 141 du Code pénal gabonais, l'amende fixée dans le
cadre du détournement de deniers est au « maximum du quart des
restitutions et indemnité et le minimum le douzième ». En
effet, si un agent public détourne 100.000.000 FCFA en sus de la
réclusion criminelle à perpétuité dont il fera
l'objet, il paiera au maximum au Trésor public 2.500.000
FCFA ). Ne serait -il pas plus juteux pour les caisses de
l'Etat de pouvoir
recouvrer en échange de liberté du
prévenu la restitution de la somme querellée ou même la
moitié. Ces avoirs pourront permettre de relancer l'économie et
le processus de développement du pays au lieu de se cantonner à
une peine de prison qui appauvrirait un peu plus l'Etat car les potentiels
prisonniers sont nombreux. Sans cela, il serait opportun d'envisager
l'agrandissement ou la construction de nouvelle prison, là encore pour
les agents publics qui ont déjà fait l'objet d'instruction pour
détournement de deniers publics. Dans ce cas de figure serait encore le
contribuable qui va perdre de l'argent pour la construction de ces nouvelles
prisons. En plus, au regard de la réalité gabonaise, ce sont ceux
qui n'ont pas encore fait l'objet d'instruction qui sont malheureusement les
plus nombreux protégé par des intérêts occultes. La
peine privative de liberté semble ne plus être le meilleur moyen
de résoudre des affaires criminelles au regard de l'évolution de
la criminalité actuelle ou les évasions de prison ne sont pas
à exclure. L'encadrement du recouvrement des deniers publics dont il est
fait allusion, pourra ainsi comporter le remboursement et la perte pour le
prévenu de possibilité d'exercer une fonction publique aux fins
de préserver l'obligation de probité200
consacré par le Statut de la fonction publique. La crise qui frappe le
Gabon à l'heure actuel n'est que la résultante de la gestion
poreuse de l'argent public, qui laisse libre cours aux vices
les travaux de Coordination SUD et AidWatch. Cfr. A. DULIN, J.
MERCKAERT, « Bien mal acquis à qui profite le crime »
édition CCFD- Terre solidaire, 2009, p.15.
198 World Bank, Stolen Asset Recovery (StAR) Initiative:
Challenges, Opportunities, and Action Plan (Washington, DC, 2007), 9. J-P.
BRUN, L. Gray Clive Scott, K.M. Stephenson, Manuel de Recouvrement des Biens
Mal Acquis, The World Bank, 2010, p.18.
199 Préface de G. AURENCHE, in « Bien mal acquis
à qui profite le crime », op. Cit., p.6.
200 Art.43, tiret 6 Loi n°1/2005 du 4 février 2005
portant statut général de la Fonction publique.
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
chez les jeunes qui ont du mal à s'émouvoir
après les études fautes d'emploi ou de grèves à
répétition dans le monde éducatif. Dans un tel
environnement, il n'est pas étonnant que le Gabon soit champion
d'Afrique de consommateurs d'alcool par habitant201. Il est
temps de prendre au sérieux les conséquences néfastes de
ses soustractions des fonds publics au sein de l'administration étatique
car aucun pays ne peut se développer sans avoir la maitrise de ses
finances publiques. D'être sûr d'une bonne utilisation des sommes
d'argent qui sortent du Trésor Public programmé pour un but
précis. Le juge quant à lui ne saurait faire son travail comme il
se doit s'il est « oppressé » par l'oeil de l'Exécutif
qui est en même temps le responsable de son organisation. Une telle
situation demande une réorganisation de la justice gabonaise si on veut
arriver à assurer l'indépendance des magistrats.
Paragraphe II : La réorganisation de la justice
Il est conçu que « le fonctionnement d'une
institution dépend en grande partie, de la culture, du niveau
intellectuel, du mental et de la volonté politique »202.
L'harmonie et la paix d'une société est sujet de la politique
publique de cette dernière. En ce qui concerne la politique judiciaire,
elle est le porte flambeau d'une société juste. Pour ce faire,
elle se doit, au travers de son organisation inspiré l'ordre, le respect
et le dévouement à l'exercice du droit. La justice au Gabon
souffre d'un mal congénital, le manque d'indépendance qui
jusque-là prive le justiciable de recours à la Cour Criminelle
Spéciale (1) qui ne peut trouver solution que dans la mise en oeuvre
d'une liberté plus accrue des magistrats (2) qui peine à
être garanti.
1. La nécessité de modification de la loi
portant création de la Cour Criminelle Spéciale
Au regard de la pratique en matière de
détournement de deniers publics, il nous semble qu'au Gabon, la
société à travers ses dirigeants, ne croit pas ou ne pense
pas ce qu'elle dit. A travers maintes discours, le Chef de l'Exécutif
qui est investi par la loi de présidé le Conseil Supérieur
de la Magistrature prétend souligner avec insistance « la
nécessité d'offrir aux justiciables, une justice libre et
indépendante, droite et tolérante, forte et équitable
»203. A la lecture de ceci comparativement à la
réalité il est plausible de se demander comment celui qui
possède les clefs d'une maison dans sa poche peut en être à
la recherche ? Malheureusement pour le peuple « le droit est
dépourvu d'automatisme, il ne s'accomplit que
201 Selon l'O.M.S, le Gabon est premier avec une moyenne de
9,01 litres d'alcool pur (par an et par habitant de plus de 15 ans).
V. www.tellmemoretv.com.
202 M. CHEICKNA TOURE, Système de contrôle des
finances publiques au Mali, U-
Bordeaux.fr, p.153.
203 Extrait du discours du président de la
République gabonaise, Ali Bongo, op. Cit.
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Arnaud Landry Page 76
LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
par l'intermédiaire des hommes ; or, l'action des
hommes est soumise à la grande loi de l'intérêt
»204. L'indépendance de la justice, comme une meilleure
organisation de la justice est corollaire à la volonté du Chef de
l'Exécutif étant donné qu'à travers la CSM qu'il
préside, loisirs lui est fait de mettre sur pied tous les
mécanismes qui peuvent concourir à une justice meilleure. L'une
des principales raisons de la non- activité judiciaire en matière
de détournement de deniers publics au Gabon est le fait de son
déclanchement en ce qui concerne la C.C.S le décret de sa mise en
place par le Président de la République. En effet, « avant
l'adoption du (nouveau) Code de procédure pénale, la composition
et le fonctionnement de la Cour Criminelle Spéciale (CCS) étaient
fixés par la loi n° 17/70 du 17 décembre 1970 créant
une juridiction spéciale pour les détournements de deniers
publics (...). Aux termes donc des articles 238 et suivants du (nouveau) Code
de procédure pénale, la Cour Criminelle Spéciale est
désormais instituée devant chaque Cour d'Appel judiciaire. Elle
est composée d'un magistrat de l'ordre judiciaire (Président)
nommé par décret du Président de la
République »205. Cette opportunité que
donne la loi au Président de la République à travers ce
décret spécial lui permet de nommer au temps qu'il lui sied le
corps magistral devant siégé au sein de cette Cour. C'est le
caillou qui bloque l'avancé de la machine. Il serait temps de remettre
le sort de la justice à ceux qui en sont les premiers acteurs, de
Changer la disposition selon laquelle le Président nomme et
valide par décret la nomination des magistrats. Il serait plus
sécuritaire et surtout pour lutter contre le marchandage et le jeu
d'intérêt politique de permettre au Procureur près
de la Cour d'Appel (qui est le président de la CCS),
après consultation du Procureur de la République de
procéder à la désignation des autres magistrats devant
siégé. Le Président de la République ne fera
qu'entériner la décision via décret. Dans ce cas
de figure, le processus serait d'action direct. C'est-à-dire dès
une présentation de preuves suffisantes de détournement de
deniers publiques, le président d'office de la CCS procèdera
à la nomination des autres juges. Ainsi, serait ôtée
l'épine de la prééminence de la volonté du
Président de la République dans la nomination des magistrats de
la Cour Criminelle Spéciale. L'objectif de la création d'une
juridiction qui prend naissance à travers une loi doit lui permettre de
contribuer à apporter une justice fiable aux justiciables. Elle ne doit
pas servir de simple ornement textuel. Dans le cas de la CCS, elle semble
être gardée dans un tiroir. La Cour Criminelle Spéciale est
tellement inexistante depuis 1970 qu'on en vient à oublier son existence
constitutionnelle. Le contrôle fait à sa guise de sa mise en
oeuvre est une fois de plus le caractère d'un trop plein de pouvoir
204 J. CARBONNIER, Flexible droit, L.G.D.J., 10ème
éd, 2001, p.31.
205 A. NKOUROUNA, organisation judiciaire au Gabon, op. Cit.
p.17.
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Arnaud Landry Page 77
LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
accordé au Président de la République
dans l'organisation de la justice au Gabon. Pendant ce temps, on oublie que
« la soif de justice est, pour chaque personne, une revendication profonde
»206. Une revendication dont voudrait se prévaloir des
milliers de gabonais pour voir les agents publics qui confondent l'argent de
tous à leur patrimoine derrière les barreaux. Loi n°036/2010
du 25 novembre 2010 portant Code de Procédure Pénale qui est la
nouvelle loi, n'assure pas au justiciable de pouvoir avoir accès au juge
en matière de détournement de deniers publics. L'obstruction du
regard de l'exécutif laisse plané une odeur de politique et
surtout de doute qu'en à la justice issue des potentiel débat au
sujet de l'infraction de détournement de deniers publics. Nul doute,
c'est la raison pour laquelle, les affaires mise en érection par «
l'opération mains-propres » ressemblent plus à des
règlements de comptes politiques imbibé d'intérêts.
Car les personnes incarcérées pour le moment semblent avoir fait
l'oeuvre « d'un triage » selon des critères inconnus. Dans ce
cas, ce n'est plus le détournement de deniers qui voudrait être
jugé mais autre chose qui semble être dénoté de tout
esprit juridique au regard des violations d'instruction et de droit de la
défense observé dans ces différentes affaires. Pendant que
d'autres, ayant fait l'objet de poursuite plus sérieuse par d'autres
pays coulent paisiblement des jours heureux sans que la justice gabonaise ne
daigne porter un regard sur l'opportunité des poursuites émises
sous autres cieux à l'encontre de ces hauts fonctionnaires gabonais.
D'où la nécessité cruciale de converger vers une
indépendance accrue des magistrats.
2. L'indépendance plus accrue du Magistrat.
L'indépendance de la justice est régie par la
constitution gabonaise qui dispose que « Le Président de la
République est le garant de 1'indépendance du pouvoir judiciaire,
dans le respect des dispositions de la présente Constitution
»207. Que cette justice est rendue au nom du peuple
gabonais208, qui attend des juges « l'indépendance et
l'impartialité »209. Abordé l'indépendance
de la justice comme le soutien Baï Irène Aimée
KOOVI210 permet de se rendre compte qu'«il n'existe pas de
définition universellement admise de ce concept de l'indépendance
de la justice, mais il s'agit d'un idéal auquel toutes les nations du
monde
206 J. VINCENT, S. GUINCHARD, G. MONTAGNIER, A. VARINARD,
Institutions Judiciaires, Dalloz, Paris, 7ème éd., 2003, p.1.
207 Art. 68 (L.47/2010 du 12 janvier 2011) de la Constitution
gabonaise.
208 Art. 67, Ibid.
209 J. VINCENT, S. GUINCHARD, G. MONTAGNIER, A. VARINARD,
Institutions Judiciaires, Dalloz, Paris, 8ème éd., 2005,
p.133.
210 B.I.A KOOVI, (Assistant à l'Université
d'Abomey-Calavi au Benin). In Les mécanismes de garanti de
l'indépendance judiciaire au Benin et les enjeux de réforme,
article numérique.
Présenté et soutenu par Mr. ONDO NDOUTOUMOU Junior
Arnaud Landry Page 78
LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
aspirent211». L'indépendance des
magistrats semble l'être tout autant. Au regard de ce qui a
été dit, dans le cadre de ce travail nous définirons
l'indépendance des magistrats comme étant la liberté pour
le juge de venir à bout d'un litige qui lui a été soumis
sur la base des faits qui donne lieu à l'application d'une loi
donnée, sans intervention ni influence susceptible d'édulcorer sa
position. A ce sujet, pour Philippe ARDANT «le juge ne doit avoir
d'ordres à recevoir ni du parlement ni du gouvernement (...). Son
indépendance est une garantie fondamentale pour les citoyens. Pour eux,
dans leur vie quotidienne, c'est le plus important des trois pouvoirs, ils sont
les premiers intéressés à ce qu'il ne soit pas soumis aux
deux autres. Son indépendance et son autorité sont plus
essentielles encore dans les périodes où (...) le
législatif et l'exécutif sont contrôlés par la
même majorité»212. C'est dire que la
liberté du magistrat est une donnée fondamentale dans
l'aspiration à l'Etat de droit. Dans le cas du Gabon s'est une
évidence qui peine à être compris. En effet, plusieurs
facteurs concourent négativement à embrigadé la
liberté du magistrat au Gabon.
Tout d'abord, le fait que celui qui préside le Conseil
Supérieur de la Magistrature soit le Président de la
République et non un magistrat en est le principiel. Le CSM est un
organe institutionnel dont la Constitution laisse à une loi organique de
fixer 1'organisation et le fonctionnement213. Il a pour mission
d'assister le Président de la République dans sa fonction de
garant de l'indépendance de l'autorité judiciaire. Il s'agit donc
d'un organe chargé de veiller à la bonne administration de la
justice. Il statue sur les nominations, les affectations, les avancements et la
discipline des magistrats. Le Président de la République «
ayant le monopole des propositions de nomination des chefs des Cour judiciaire,
administrative et des Comptes, il propose également la nomination de
l'Inspecteur Général des services judiciaires et du
Secrétaire Général de Chancellerie en conformité
avec les listes établies à cet effet »214.
Comment mettre dans les mains de l'Exécutif un tel pouvoir sur les
magistrats et la justice et pensé qu'il ne puisse pas en faire à
sa guise, au gré de ses intérêt. L'indépendance de
la justice émane de la théorie de la séparation des
pouvoirs développée par Montesquieu dans son ouvrage De
l'Esprit des lois, où il distingue trois pouvoirs (exécutif,
législatif et judiciaire), qui se doivent selon lui, d'être
indépendants les uns des autres afin d'empêcher toute
possibilité de dérive despotique du pouvoir politique et
d'assurer la liberté des citoyens. Ce
211 S. YONOBA, Indépendance de la justice et droit de
l'homme : Le cas du Burkina Faso, éd. Pioom, 1997, Netherlands, p.
2 et suivantes.
212 P. ARDANT, Institutions politiques et droit
constitutionnel, Paris, LGDJ, 12ème édition, 2000, p.52.
213 Art.72 de la constitution gabonaise de 1991.
214 Pôle juridique du Collectif des Jeunes
Démocrate, Vers une indépendance plus accrue des magistrats ?,
article numérique, publié par
Gabonlibre.com, consulté le
23 octobre 2017.
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
principe est clairement affirmé dans les
différentes constitutions qu'a connues notre pays. La preuve, la
dernière en date, issu de la loi 47/2010 du 12 janvier 2011
énonce à article 5 du titre premier intitulé De la
République et de la souveraineté que « la République
Gabonaise est organisée selon les principes de la souveraineté
nationale, de la séparation des pouvoirs exécutifs,
législatifs et judiciaires et celui de l'Etat de droit ». A la
lecture de la Constitution gabonaise aux articles 68 à 70 on vient
à se rendre compte que la séparation des pouvoirs dans le cas du
CSM est une Chimère car si la garantie de l'indépendance
du pouvoir judiciaire doit être indéniable ce n'est pas au
Président de la République d'en être le garant mais le
conseil de la Magistrature organe indépendant. Dans son
commentaire des articles de la Constitution, le regretté professeur Guy
Carcassonne qualifie d'« incongru » le premier alinéa de
l'article 64 de la constitution française215, pendant de
l'article 68 de la Constitution gabonaise qui fait du Président de la
République le garant de l'indépendance de l'autorité
judiciaire et ajoute : « autant proclamer que le loup est garant de la
sécurité de la bergerie»216 .Le malaise est
d'abord constitutionnel en la matière. Au clair de ceci, il ne semble
plus étonnant que la répression du détournement de deniers
publics ne soit condamné jusqu'à lors au voeu de l'esprit. Il
serait temps pour la justice gabonaise d'emboiter le pas français, celui
de la révision constitutionnelle de 2008 qui retire la
prérogative au PR de présider le CSM pour le confier au premier
président de la Cour de cassation pour la formation des magistrats de
Siège, et procureur général près la Cour de
cassation pour la formation des magistrats du Parquet217. Le
ministre de la justice n'est plus vice-président, mais il peut
participer aux séances des deux formations, sauf en matière
disciplinaire. En sus, le jeu d'intérêt qui ordonne de faire
l'apologie de la volonté du politique. Il cantonne les magistrats
à se préoccuper plus de plaire au politique qu'a exercé le
droit, les décisions contre les recours pour annulation des
élections présidentiels de 2009 et 2016 en sont la preuve. Au
finish, le magistrat devient le premier abri de la violation de la loi qu'il
est censé être assujetti dans le substratum de ces
décisions. Or, un CSM ayant en son sein des magistrats libres penserait
à la prééminence de l'expression de la loi aux fins de
remplir les obligations assignée par l'exercice de la fonction de faire
régner la loi et non la volonté d'un autre justiciable.
Il est pour nous un devoir, de proposer de modifier les articles 68 et
70 afin d'y inscrire non pas comme le prévoit l'article 68 de la norme
suprême une garantie de
215 Propos tenu avant la modification constitutionnelle de
l'article 64 de la constitution française de 2008.
216 (La Constitution, 9e édition, 2009, p. 312, Seuil). V.
Pôle juridique du Collectif des Jeunes Démocrate, Vers une
indépendance plus accrue des magistrats ?, op. Cit.
217 Pour l'adapter au contexte gabonais, on pourrait par
exemple accorder cette prérogative au Procureur général
près de la cour d'Appel de Libreville.
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
l'indépendance de l'autorité judiciaire
qui incombe au PR. Mais une indépendance de l'autorité judiciaire
garantie par le Conseil Supérieur de la Magistrature en tant qu'organe
indépendant. Tant que la justice et par ricochet les magistrats
seront assujetti au regard trop poussé du pouvoir Exécutif
pouvant inquiéter leur carrière en cas de décision
désobligeant par rapport à la volonté du politique. Aucune
révolution ou changement ne serait envisageable. En matière de
deniers publics seul les agents publics qui semblent vomi par le pouvoir ou
ceux sans attache avec le pouvoir seront incarcérés et «
montrés à la place publique », faignant un pouvoir
judiciaire soucieux de rendre justice. Tant que les décideurs ne
comprendront pas que « l'indépendance est une condition
préalable à l'impartialité ; on ne peut être
impartial si on n'est pas indépendant ; mais, à l'inverse, un
juge indépendant de tout pouvoir peut devenir impartial dans un dossier
particulier. La première est un statut, la seconde une vertu
»218, la répression du détournement de deniers
publics aura du mal à être effective. Du coup, on tournera au
rythme d'un cercle vicieux dont la sortie serait encore plus difficile à
l'avenir. Vivement que le bon sens arme ceux qui doivent préserver la
prééminence du droit aux fins de donner à la
société gabonaise une justice fiable et équitable au
service du droit.
218 J. VINCENT, S. GUINCHARD, G. MONTAGNIER, A. VARINARD,
Institutions Judiciaires, op. Cit. p.187.
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CONCLUSION GENERALE
LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
La Constitution du 26 mars 1991, établie par la loi
n°3/91 et modifié par les lois du 18 mars 1994, du 29 septembre
1995 du 22 avril 1997, du 11 octobre 2000 et du 19 août 2003, du 12
janvier 2011 et du 10 janvier 2018, instruit le pouvoir judiciaire de rendre la
justice au nom du peuple gabonais. C'est donc dans cette lancé qu'est
mise en oeuvre juridiquement la répression du détournement de
deniers publics au Gabon à travers un dispositif juridique et la mise en
place de juridictions compétentes en la matière. Cette
volonté de présenter les agents publics coupables de
détournement de deniers publics devant la justice est vivement
recommander par les conventions internationales qui évoquent la
nécessité pour l'Etat gabonais, d'assainir la gestion de la
fortune publique. C'est ainsi qu'une obligation de probité et de
désintéressement est attendu de la part du fonctionnaire selon
les dispositions du Statut qui régit ce corps de métiers. Le
détournement de deniers publics au Gabon est admis comme un étant
une infraction pénale, c'est-à-dire une
désobéissance de la loi édictée au sein de la
société.
De ce fait, Le détournement de deniers publics est
réprimé en s'appuyant sur les dispositions de la loi
pénale qui régit les infractions commises au sein de la
société. De manière plus précise, le
détournement de deniers publics est régit par l'article 141 du
code pénal gabonais de 1963 qui donne force de jugement au juge
pénal en la matière. Le code de procédure pénal
gabonais vient en soutien pour désigner la juridiction
spécialisée pour connaitre du détournement de deniers
publique en son article 238, la Cour Criminelle Spéciale. Cette cour est
juge de tout fonctionnaire coupable de soustraction ou de détournement
de deniers publics d'une valeur de 250.000 FCFA. La loi pénale, tout en
lui ôtant toute possibilité d'exercice de la fonction publique et
prévoit aussi une déchéance de certains de ces droits.
Ainsi, l'esprit sévère de cette loi régissant cette
infraction met en exergue la pensée de la société
gabonaise en la matière, pensée qui exprime une volonté
sur textes de mettre en oeuvre la responsabilité des agents publics en
matière de détournement de l'argent public. Malgré ce
dévouement exprimé par l'ordonnancement juridique gabonais aux
fins de mettre en oeuvre la répression du détournement de deniers
publics au Gabon, ce dernier semble perdre son élan sur le plan de la
pratique. En effet, la répression du détournement de deniers
public au Gabon reste jusqu'à nos jours encore stérile,
malgré la prise en main par l'Etat gabonais de l'organisation de la
justice en 1970, qui marque la rupture du « lien ombilical juridique et
judiciaire » avec la France. Ceci n'est pas l'apanage d'une administration
gabonaise dépourvu de tout agissement criminel donnant lieu à un
détournement de deniers publics, mais plutôt au manque
d'indépendance du juge et à la
Présenté et soutenu par Mr. ONDO NDOUTOUMOU Junior
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
présence « toute puissante » de
l'Exécutif en la personne du Président de la République
dans l'organisation de la justice et la garanti de l'indépendance de
cette dernière. En effet, plusieurs détournements de deniers
publics sont révélés autant sur le plan national
qu'international. Malgré, les preuves qui semblent donner lieu à
justifications à ces soupçons la justice gabonais reste de
marbre. Aucun fonctionnaire n'a jusque-là fait l'objet d'un jugement
définitif lors d'un procès pour détournement de deniers
publics. Cependant des sommes pharamineuses manquent chaque année dans
les caisses de l'Etat débloquées jadis pour une politique
publique mais jamais achevée. Cet état des choses plonge
l'opinion publique dans l'émoi quand on sait la grave crise
économique et sociale que traverse actuellement le Gabon. Ainsi, il
semble pour l'opinion publique plané une odeur de connivence entre la
pouvoir législatif (qui peut mettre en route la motion de censure du
gouvernement pour mauvaise gestion), le pouvoir judiciaire et l'Exécutif
qui relègue au loin « les voeux pieux » de Montesquieu de voir
dans tout Etat démocratique une séparation des pouvoirs.
Toute situation n'étant irréversible, nous nous
inscrivons, dans le cadre de cette étude dans une réflexion en
amont critique, mais par la suite dans une optique perfectible de la situation
du détournement deniers publics au Gabon. C'est ainsi que nous faisons
les propositions suivantes aux fins de l'effectivité de la
répression du détournement des deniers publics au Gabon.
Primo, il serait tant de garantir
l'indépendance de la justice gabonais et par ricochet des magistrats.
Ceci par du fait de retirer l'assujettissement dont ces derniers font l'objet
venant de l'Exécutif qui contrôle l'organisation de la justice
à travers le fait que le Président de la République
préside le Conseil Supérieur de la Magistrature. Ce regard
pointilleux de l'Exécutif est soutenu par la Constitution en son article
68. Dans l'optique d'assurer une effectivité de la répression du
détournement de deniers publics les articles 68 à 70 de la
constitution devraient être modifié en retirant la
prérogative au Président de la République de
présidé le Conseil Supérieur de la Magistrature et
d'être le garant de l'indépendance du pouvoir judiciaire. Ainsi,
la prérogative de présidé le CSM sera attribuée
à un magistrat comme le Procureur général près de
la Cour d'Appel de Libreville et l'indépendance du pouvoir judicaire
serait assignée au Conseil Supérieur de la Magistrature qui est
un organe indépendant. Par ce fait, le sort de certaines juridictions
spéciales importantes dans la répression des crimes dont se
rendraient coupable certains hauts fonctionnaires en matière de
détournement de deniers publics ne seraient plus entre les mains du
Président de la République. Nous pensons qu'ainsi, la justice
gabonaise pourra mettre en oeuvre en toute
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
quiétude la marche d'une justice fiable, juste et
équitable dont tous les gabonais pourrait avoir confiance.
Alio, il serait judicieux de penser à la
modernisation du cadre légal de la répression du
détournement de deniers publics comme présenté dans notre
développement. L'exigence d'un toilettage de la loi gabonaise et
l'environnement juridique de la répression du détournement de
deniers publics est une exigence de l'heure. Force est maintenant aux
décideurs de faire preuve de courage pour bâtir des institutions
fortes et indépendantes, capable de résoudre sans sourciller les
litiges qui seront présentés à leur connaissance.
Nous sommes tous en attente de cette aurore qui se
lèvera, sonnant le glas d'une justice libre dont le Gabon ne saurait
s'en passer pour le bien des générations avenirs. Si rien n'est
fait de sitôt, à l'avenir, aux fins de sa reconstruction
économique, la misère et le déchirement du tissu social va
obliger le Gabon à être confronter à une difficulté
encore plus complexe que celle du détournement de deniers publics.
Essoufflé économiquement, le Gabon sera dans l'obligation de
recourir au recouvrement des biens mal acquis par des agents publics
exportés vers des places bancaires et paradis fiscaux à travers
le globe terrestre. Ce serait encore là une partie de manche non moins
la plus aisée.
Présenté et soutenu par Mr. ONDO NDOUTOUMOU Junior
Arnaud Landry Page 85
LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
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ANNEXES
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République Gabonaise Union -Travail -
Justice
La Constitution
Loi n° 3/91 du 26 mars 1991 Modifiée par les
lois
n° 01/94 du 18 mars 1994 N° 18/95 du
29 septembre 1995, n° 01/97 du 22 Avril
1997, n° 14/2000 du 11 octobre 2000
N° 13/2003 du 19 août 2003,
n° 47/2010 du 12 janvier 2011 et n°
01/2018 du 10 janvier 2018.
Article premier
La République Gabonaise reconnaît et garantit les
Droits inviolables et imprescriptibles de 1'Homme, qui lient obligatoirement
les pouvoirs publics.
Article 5 (L.1 /94 du 18 Mars 1994)
La République gabonaise est organisée selon les
principes de la souveraineté nationale, de la séparation des
pouvoirs exécutifs, législatifs et judiciaire et celui de l'Etat
de droit.
Article 64
L'Assemblée Nationale met en cause la
responsabilité du Gouvernement par le vote d'une motion de censure. Une
telle motion n'est recevable que si elle est signée par au moins un
quart (1/4) des membres de l'Assemblée Nationale. Le vote de la motion
de censure ne peut avoir lieu que trois (3) jours francs après son
dépôt. La motion de censure ne peut être adoptée
qu'à la majorité absolue des membres de l'Assemblée
Nationale. En cas de rejet de la motion de censure, ses signataires ne peuvent
en proposer une nouvelle au cours de la même session, sauf dans le cas
prévu à l'article 65 ci-dessous.
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
TITRE V : DU POUVOIR JUDICIAIRE I : DE L'AUTORITE
JUDICIAIRE
Article 67 nouveau (L. 1/2018 du 10 janvier
2018) : La Justice est rendue au nom du Peuple gabonais par la Cour
constitutionnelle, les Juridictions de l'ordre judiciaire, les Juridictions de
l'ordre administratifs, les Juridictions de l'ordre financier, la Haute Cour de
justice, La Cour de Justice de la République et les autres juridictions
d'exception.
Article 69 (L.47/2010 du 12 janvier 2011) Le
Président de la République est le garant de l'indépendance
du pouvoir judiciaire, dans le respect des dispositions de la présente
Constitution, les Juges ne sont soumis, dans l'exercice de leurs fonctions,
qu'à l'autorité de la loi.
Article 70 nouveau (L.1/2018 du 10 janvier 2018)
Le Conseil Supérieur de la Magistrature est présidé par le
Président de la République.
La première Vice- présidence du Conseil
Supérieur de la Magistrature est assuré par le Ministre de la
Justice Garde des Sceaux.
La deuxième Vice- présidence est assuré de
façon rotative par les présidents de la Cour de Cassation, du
Conseil d'Etat et de la Cour des Comptes.
Le Parlement est représenté par trois (3)
députés et de (2) sénateurs désignés par le
Président de chaque chambre, avec voix consultatives.
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
REPUBLIQUE GABONAISE UNION - TRAVAIL -
JUSTICE
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CODE PENAL
Loi N°21/63 du 31 mai 1963
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
Article 141 : - (modifié par les
lois n° 16/70 du 17 décembre 1970, 42/87 du 31 décembre
1987, et 19/93 du 27 août 1993). Tout fonctionnaire ou agent de
l'Etat ou des collectivités publiques qui aura détourné ou
soustrait des deniers publics ou privés, ou effets actifs en tenant
lieu, ou des espèces, titres, effets ou objets mobiliers dont il
était dépositaire à l'occasion de ses fonctions, sera puni
de la réclusion criminelle à perpétuité si les
choses détournées ou soustraites sont d'une valeur
supérieure à 250.000 francs.
Si les valeurs détournées ou soustraites
n'excèdent pas 250.000 francs, la peine sera un emprisonnement de deux
ans au moins et dix ans au plus. Le condamné sera dans l'un et l'autre
cas déclaré incapable à jamais d'exercer aucune fonction
publique.
Il sera en outre toujours prononcé contre lui une
amande dont le maximum sera du quart des restitutions et indemnité et le
minimum le douzième. En aucun cas il ne pourra être fait
application au condamné des dispositions de l'article 41 du
présent code.
Les condamnés pourront de plus être interdits de
tout ou partie des droits civiques, civils, et de famille
énumérés à l'article 18. S'il y a plainte du
ministre intéressé ou du ministre des finances, il pourra
être statué sur l'action publique même en l'absence d'un
arrêté de débet.
Il ne pourra être fait application au condamné
des dispositions de l'article 41 du présent code sur le sursis que dans
le seul cas où le remboursement intégral du détournement
intervient avant la comparution à l'audience. Dans ce cas, le sursis
n'est applicable à l'emprisonnement, à l'exclusion de
l'amende.
Les condamnés sont de plus interdits des droits
civiques, civils et de la famille énumérés à
l'article 18.
S'il y a plainte du ministre dont relève
l'intéressé ou du ministre chargé des finances, il pourra
être statué sur l'action civile, même en l'absence d'un
arrêté de débet.
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
ACTES DE LA REPUBLIQUE GABONAISE
PARLEMENT
Loi n°036/2010 du 25 novembre 2010 portant Code de
Procédure Pénale L'ASSEMBLEE NATIONALE ET LE SENAT ONT
DELIBERE ET ADOPTE ;
LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, CHEF DE 1'ETAT, PROMULGUE LA
LOI DONT LA TENEUR SUIT :
Article 1er : La présente loi, prise
en application des dispositions de l'article 47 de la Constitution, porte Code
de Procédure Pénale.
Titre préliminaire : De l'action publique et de
l'action civile Chapitre I : De l'action publique
Article 2 : L'action publique a pour objet la
répression de l'atteinte portée à l'ordre public. Elle est
d'ordre public sous réserve des exceptions prévues par la loi.
Cette action peut aussi être mise en mouvement par toute
personne physique ou morale lésée dans les conditions
déterminées par le présent Code.
Article 3: L'action publique s'éteint
par la mort de l'auteur présumé des faits, la prescription,
l'amnistie, l'abrogation de la loi pénale ou la chose jugée. Elle
peut en outre s'éteindre soit par la transaction, lorsque la loi en
dispose spécialement, soit par le retrait de la plainte, lorsque
celle-ci est une condition nécessaire de la poursuite.
Toutefois, s'il est établi que le jugement ou
l'arrêt qui a déclaré l'action publique éteinte a
rendu sur des faits ou des actes faux ou erronés, l'action publique
pourra être reprise. La prescription doit alors être
considérée comme suspendue depuis le jour où le Jugement
ou
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
l'arrêt est devenu définitif jusqu'à celui
de la condamnation du coupable pour faux et usage de faux.
La renonciation à l'action civile ne peut arrêter
ou suspendre l'exercice de l'action publique, sous réserve des deux cas
visés au deuxième alinéa du présent article.
Article 4 : En matière de crime, sauf
en ce qui concerne ceux déclarés imprescriptibles par la loi, la
prescription de l'action publique est de vingt années révolues
à compter du jour où le crime a été commis, si dans
cet intervalle il n'a été fait aucun acte d'instruction ou de
poursuite.
S'il en a été effectué dans cet
intervalle, elle ne se prescrit qu'après vingt années
révolues à compter du dernier acte. Il en sera ainsi même
à l'égard des personnes qui ne seraient pas impliquées
dans cet acte d'instruction ou de poursuite.
Titre II : Des juridictions pénales d'exception
Chapitre I : De la Cour Criminelle Spéciale
Article 238 : Tout agent public ayant commis
des détournements ou des soustractions au sens de l'article 141 du Code
Pénal, supérieurs en valeurs à 250 000 francs est traduit
devant la Cour Criminelle Spéciale.
Article 239 : Une Cour Criminelle
Spéciale fonctionne au siège de chaque Cour d'Appel
Judiciaire.
La Cour Criminelle Spéciale est composée d'un
Président nommé par décret parmi les Magistrats de l'ordre
judiciaire et de quatre Assesseurs, âgés d'au moins 25 ans, ayant
voix délibérative, également nommés par
décret.
Le Président et les Assesseurs suppléants sont
désignés pour une période de deux ans. Un Président
et quatre Assesseurs sont désignés dans les mêmes formes et
conditions que les titulaires. Ils sont appelés à siéger
en cas d'empêchement de ces derniers.
Avant de prendre leurs fonctions, les Assesseurs prêtent
le serment prévu à l'article 223 du présent Code.
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
Loi organique n° 2/93 du 14 avril 1993.
Fixant la composition, l'organisation et le
fonctionnement du conseil supérieur de la magistrature.
Article 1.- La présente loi, prise en application de
l'article 72 de la Constitution, fixe la composition, l'organisation et le
fonctionnement du conseil supérieur de la magistrature.
Article 2.- Le conseil supérieur de la magistrature veille
à la bonne administration de la justice.
Il statue de ce fait sur tes intégrations, les
nominations, les affectations, les avancements et la discipline des
magistrats.
Chapitre premier
Composition et organisation
Article 3.- Le conseil supérieur de la magistrature est
présidé par le président de la
République, assisté du président de la Cour
suprême, vice-président. Ce dernier peut suppléer
le président de la République sur
délégation expresse de celui-ci.
Le conseil supérieur de la magistrature comprend en
outre:
- le ministre chargé de la justice, garde des sceaux,
- le vice-président de la Cour suprême,
- le secrétaire général de la chancellerie
du ministère de la justice,
- l'inspecteur général des services judiciaires,
- les présidents des Chambres judiciaire, administrative
et des comptes de la Cour suprême,
- le procureur général près la Chambre
judiciaire et les commissaires à la loi près la Chambre
administrative et la Chambre des comptes,
- les présidents et procureurs généraux des
cours d'appel,
- un président de tribunal et un procureur de la
République, désignés par le conseil supérieur
de la magistrature pour une année judiciaire,
- cinq députés choisis par le président de
l'Assemblée nationale dans les conditions prévues à
l'article 71 de la Constitution.
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
Le secrétariat du conseil supérieur de la
magistrature est assuré par le secrétaire général
de la chancellerie du ministère de la justice et, en cas
d'empêchement, par l'inspecteur général des services
judiciaires.
Le secrétaire général de la chancellerie
conduit les travaux préparatoires du conseil.
Il notifie les décisions prises par le conseil
supérieur de la magistrature et en suit l'exécution.
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
Loi n° 18/93 du 13 septembre 1993
Portant statut général de la fonction
publique. Chapitre premier - Dispositions statutaires
Article 4. Par agent public, il faut
entendre, à l'exception des personnes composant la main-d'oeuvre non
permanente, toutes les personnes visées à l'article 2 ci-dessus,
notamment :
- les fonctionnaires ;
- les magistrats,
- les personnels des greffes et parquets,
- les agents contractuels de l'État,
- les militaires,
- les personnels de la sécurité
pénitentiaire,
- les agents des collectivités locales,
- les personnels des établissements publics.
Article 15.- L'agent public est tenu à
l'obligation de probité et de désintéressement sous la
double sanction pénale et disciplinaire. Il lui est interdit de
solliciter ou d'agréer des offres ou promesses, des dons ou
présents, soit directement, soit par personne interposée, afin
d'accomplir ou de s'abstenir d'accomplir un acte de sa fonction.
Sont notamment prohibés :
- le trafic d'influence,
- la corruption, - la concussion,
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
- le détournement ou la soustraction de deniers ou valeurs
dont l'agent est dépositaire, dans l'exercice ou à l'occasion de
l'exercice de sa fonction,
- la destruction, la soustraction ou le détournement
d'écrits dans les dépôts publics.
Article 16.- L'agent public est tenu à
l'obligation de loyauté et de loyalisme envers les institutions de
l'État.
Article 19.- Les agents publics sont soumis aux
règles de déontologie de leur profession.
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
TABLE DE MATIERES
AVERTISSEMENT i
DEDICACE ii
REMERCIEMENTS iii
LISTES DES PRINCIPAUX SIGLES ET ABREVIATIONS iv
RESUME v
ABSTRACT vi
SOMMAIRE vii
INTRODUCTION GENERALE 1
PREMIERE PARTIE : LA PRESENCE D'UNE REPRESSION
DU
DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
14 CHAPITRE I : L'EXISTENCE DE NORMES JURIDIQUES DANS LA
REPRESSION
DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS.
16 Section I : Les dispositions juridiques en matière de
répression du détournement de deniers
publics 17 Paragraphe I : Les conventions internationales et
lois de répression du détournement de
deniers publics 17
1. Les conventions internationales en matière de
détournement de deniers publics 17
2. Les mesures en matière de détournement de
deniers publics 18 Paragraphe II : La loi pénale en matière de
répression du détournement de deniers publics
20
1. La disposition pénale d'appui à la
répression de l'irrégularité 21
2. La pénalisation du détournement de deniers
publics 22 Section II : Le trait spécifique de la loi pénale
en matière de détournement de deniers
publics 24 Paragraphe I : Une loi sévère en
matière de répression du détournement de deniers
publics 24
1. La sévérité de la loi pénale
applicable en matière de détournement de deniers
publics 25
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
2. La déchéance de l'auteur du détournement
de deniers publics 26
Paragraphe II : La responsabilité pénale et les
peines principales 27
1. La responsabilité pénale de l'auteur 28
2. Les peines infligées par la répression
pénale 29 CHAPITRE II : LA PRESENCE D'ORGANES DE REPRESSION
DU
DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS 30 Section I
: La répression du détournement de deniers publics une
compétence du juge pénal
30 Paragraphe I : La compétence du juge pénal
en matière de détournement de deniers
publics 31
1. L'intention criminelle de l'auteur 31
2. La commission d'une infraction pénale 32
Paragraphe II : La protection des intérêts de l'Etat
par le juge pénal 33
1. La protection du bien public 34
2. L'importance de l'incrimination de la
désobéissance pénale 35 Section II : La
compétence de juridictions pénales d'exception en matière
de détournement
de deniers publics 36
Paragraphe I : De la Cour Criminelle Spéciale 37
1. Composition et fonctionnement de la Cour Criminelle
Spéciale 37
2. Attributions de la Cour Criminelle Spéciale 38
Paragraphe II : De la Haute Cour de Justice 39
1. Composition et compétence de la Haute Cour de Justice
39
2. La Haute Cour de Justice : une juridiction sans magistrats
41 DEUXIEME PARTIE : INSUFFISANCE DE LA REPRESSION DU
DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
45 CHAPITRE I : L'UTOPIE DANS LA SANCTION DU DETOURNEMENT DE
DENIERS PUBLICS 47 Section I : Le laxisme
dans la sanction du délinquant en matière détournement de
deniers
publics 47 Paragraphe I : Le manque de volonté
politique réel de répression du détournement de
deniers publics 48
1. L'absence de mesure de censure du gouvernement par le
parlement 48
2. Problème de l'efficacité des mécanismes
de contrôle et de protection des finances
publics 50
Présenté et soutenu par Mr. ONDO NDOUTOUMOU Junior
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
Paragraphe II : Le laxisme du juge dans la
répression du détournement de deniers publics
51
1. Des arrestations sans jugement final 51
2. La sanction édulcorée par le laxisme du juge
53
Section II : L'avilissement de la sanction par le manque
d'indépendance du juge 54
Paragraphe I : La dépendance fonctionnelle du pouvoir
judiciaire 54
1. La gestion du pouvoir de nomination des magistrats 55
2. L'assujettissement du pouvoir judiciaire 56
Paragraphe II : La dépendance organisationnelle du pouvoir
judiciaire 58
1. Le Président de la République, chef de
l'exécutif du Conseil Supérieur de la
Magistrature 58
2. La garanti de l'indépendance du pouvoir judiciaire :
une charge du président de la
République 60 CHAPITRE II : SOLUTIONS DANS
L'OPTIQUE D'UNE MISE EN OEUVRE PRATIQUE DE LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE
DENIERS PUBLICS.
62 Section I : L'efficacité des
mécanismes de prévention et de gestion du détournement
de
deniers publics 62 Paragraphe I : L'efficacité des
mécanismes de prévention en matière de détournement
de
deniers publics 63
1. La permanence des contrôles internes et externes de la
gestion des deniers publics.
63
2. L'obligation de déclaration des biens par les
fonctionnaires 65 Paragraphe II : Le renouvellement des acteurs en charge de
la gestion des investigations
en matière de détournement de deniers public 66
1. La nécessité de la mise en place d'une Brigade
financière et fiscale 67
2. La création d'un parquet financier. 68 Section II:
La réforme du cadre légal de la répression du
détournement de deniers publics 70 Paragraphe I: La modification de la
loi pénale en matière de détournement de deniers
publics 70
1. Le prolongement du délai de prescription en
matière de détournement de deniers
publics 70
2. L'encadrement du remboursement des avoirs incriminés
73
Paragraphe II : La réorganisation de la justice 75
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LA REPRESSION DU DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS AU GABON
1. La nécessité de modification de la loi
portant création de la Cour Criminelle
Spéciale 75
2. L'indépendance plus accrue du Magistrat. 77
CONCLUSION GENERALE 81
BIBLIOGRAPHIE 85
ANNEXES 89
TABLE DE MATIERES 100
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