II.1.2. Dette extérieure et croissance
économique : « l'effet de risque de confiance »
La confiance comporte deux éléments
tournés vers l'avenir. Les investisseurs financiers estiment que la
restriction fiscale réduit la probabilité de défaut futur
et exigent une prime de risque plus faible. Le secteur privé national
bénéficie d'un taux d'intérêt plus bas et anticipe
la baisse de l'évolution future des impôts : les deux stimulent
les dépenses. Plus la confiance est élevée, plus le
multiplicateur d'assainissement budgétaire est faible. D'autres facteurs
qui réduisent le multiplicateur sont liés aux facteurs
keynésiens mentionnés plus haut : l'orientation de la politique
monétaire7 et les gains de compétitivité par la
dépréciation du taux de change réel8. Enfin,
les contraintes financières, une autre caractéristique
typiquement keynésienne, inhibent la neutralité ricardienne et
amplifient l'impact de la restriction budgétaire sur la demande globale.
Il n'est pas surprenant de constater qu'un ensemble aussi riche de facteurs
donne des résultats nuancés et, encore une fois, les
résultats dépendent de l'état de l'économie et
d'autres éléments secondaires (Corsetti et al., 2010).
Dans les cas relativement extrêmes où les
tensions budgétaires sont graves et où la politique
monétaire est limitée pendant une longue période, le
resserrement budgétaire peut même exercer un effet expansionniste.
Cela dit, les compressions budgétaires ne sont pas un remède
miracle. En effet, toutes nos simulations se caractérisent par une
profonde récession, même si un resserrement de la politique
budgétaire, dans les conditions susmentionnées, peut stimuler
l'activité économique (Corsetti et al., 2010 ; Lane, 2015).
D'autres études appliquées à la zone euro
partagent le même ton, bien que la conclusion dominante soit que
l'assainissement budgétaire a ralenti la croissance, au moins à
court et moyen terme. DeLong et ses collaborateurs (2012) proposent une autre
analyse portant sur ce sujet et présentent un nouveau modèle
keynésien d'équilibre général en matière
d'inflation pour étudier comment les politiques budgétaires
influent sur le déficit budgétaire, comment le déficit
influe sur les attentes et, par conséquent, comment il influe sur la
demande globale à court
7 Une attitude accommodante aide à
réduire le taux d'intérêt et à soutenir la demande
globale.
8 Qui soutient également la composante
étrangère de la demande globale.
Mémoire PTCI 33
DETTE EXTÉRIEURE ET PERFORMANCE ÉCONOMIQUE EN
AFRIQUE SUBSAHARIENNE
terme. Ainsi, il ressort que l'engagement de réduire la
taille du gouvernement à long terme ou de réduire les
impôts futurs sur le travail augmente la demande à court terme et
que si des déficits plus élevés déclenchent des
attentes d'inflation future plus élevée, ils sont expansionnistes
à un taux d'intérêt nul, car cela réduit le taux
d'intérêt réel et augmente ensuite la demande (Delong et
al., 2012).
Dans cette première sous-section, nous avons
montré que l'incertitude est susceptible de réduire la
lisibilité de l'environnement économique et par
conséquent, empêche les agents économiques à prendre
les bonnes décisions qu'il faut au moment opportun. En ce sens, elle
détériore la croissance économique. Dans la prochaine
sous-section, nous discuterons de la manière dont la viabilité de
la dette extérieure influe sur les performances économiques
notamment la croissance économique.
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