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Les relations politiques Iran-USA 1979-2002.par Doumbia ALI Université Félix Houphouet Boigny d'Abidjan - Master d'histoire contemporaine 2017 |
Chapitre I : LES FONDEMENTS DE LA RUPTURE AMERICANO-IRANIENNEAprès près d'un siècle d'amitié cordiale, les alliés d'hier, l'Iran et les Etats Unis d'Amérique, allaient rentrer dans une autre phase de leur relation. Devant une population de plus en plus opposées aux autorités de Téhéran, et une opposition plus que déterminée à mettre fin au long règne de Mohammed Riza Shah Pahlavi. Il s'agit pour nous d'apprécier comment les iraniens ont agir face au pouvoir impopulaire et impérial de Téhéran et évoquer ensuite la chute du roi, ce qui met fin à l'amitié avec Washington. I-L' IMPOPULARITE DU REGIME DE TEHERAN AVANT 1979La politique de Téhéran n'adhère pas aux aspirations populaires. Les iraniens rêvent d'une autre orientation des affaires publiques. Leur culture, leur foi et leurs valeurs sociétales se trouvent niées par un pouvoir occidentalisé qui ne propose que la violence. 1- La contestation de la politique impopulaire du Shah 1977Né le 26 octobre 1919 à Téhéran et mort le 27juillet1 980 au Caire, Mohammad Reza Shah Pahlavi ou Muhammad Rizâ Shâh Pahlevi, était le deuxième et dernier monarque de la dynastie des Pahlavi Homayouni de la monarchie iranienne65 et le dernier Shah d'Iran qui régna du 16 septembre 1941 au 11 février 1979. En 1925, bénéficiant d'une éducation stricte à la fois militaire et occidentale, Mohammad Reza Pahlavi gagna le prytanée Nezam, deux jours après qu'une loi lui eut conféré le titre de prince héritier. 65 Avant 1906, l'Iran était un empire gouverné par un régime de monarchie absolue. L'unificateur de l'État iranien et le fondateur de l'Empire perse, Cyrus le Grand, avait fait une déclaration lors de sa conquête de Babylone (vers 530 av. J.-C.). Cette Charte repose sur les valeurs du zoroastrisme et impose à l'empereur le respect des populations conquises. Elle est un des principaux documents qu'il importe d'étudier dans l'histoire des droits de l'homme. Cyrus y proclame il y a deux mille cinq cents ans, alors qu'il était au pinacle du pouvoir, qu'il « ne régnerait sur aucun des peuples conquis si celui-ci ne le désirait pas ». Il y promet de ne forcer aucun peuple à changer de foi religieuse et de garantie la liberté de chacun et le droit de propriété des peuples vaincus. Depuis le règne de Cyrus au VIe siècle av. J.-C., l'Iran est dirigé par une série de monarques absolus. Le Chah ou empereur est à la tête de l'empire. Même les dirigeants musulmans des dynasties Séfévides et Qadjars au pouvoir du XVIe siècle aux années 1920, se considèrent comme l'« Ombre de Dieu ». Descendants d'une famille sainte, les Séfévides bénéficient d'une autorité spirituelle plus importante que les Qadjars. 40 Une fois son certificat d'étude obtenu, à la fin de l'été 1931, Mohammad Reza Pahlavi quitta l'Iran afin de poursuivre son instruction en Suisse, dans le canton de Vaud. En 1936, au terme des cinq années passées au collège du Rosey, à Rolle, le jeune prince revint au pays et acheva son apprentissage à l'École des officiers. Il reçut le diplôme des mains de son père le 28 septembre 1938, avec le grade de sous-lieutenant66. Mohammad Reza succéda à son père, Reza Shah, lorsque ce dernier fut contraint d'abdiquer en septembre 1941, peu après l'invasion anglo-soviétique. C'est à l'automne 1967, le 26 octobre, qu'eurent lieu les cérémonies du sacre de Mohammad Reza Pahlavi. Durant les vingt-six années qui s'étaient écoulées depuis sa prestation de serment, en septembre 1941, le Shah jugé orgueilleux n'avait pas envisagé de perdre la couronne impériale.67 Il n'éprouvait aucune fierté à être couronné devant un peuple encore pauvre et en partie illettré68. Pour les deux mille cinq cents ans de l'Empire perse, le Shah a organisé du 12 au 16 octobre 1971 une fête spectaculaire, sur le site de Persépolis, siège des rois d'Iran depuis des siècles. Monarques et présidents du monde entier ont fait le déplacement pour assister à cette folie destinée à célébrer la prodigieuse modernisation de l'Iran ainsi que son glorieux passé. Les Iraniens sont censés prendre conscience du prestige de leur pays dans le monde, défendait-il. Mais ce qu'ils virent, c'est que le Shah a dépensé trois cents millions de dollars en tentes de soie équipées de toilettes en marbre et en mets et vins pour vingt-cinq mille personnes, venus en avion depuis Paris. L'Ayatollah Khomeiny condamna ces excès depuis Nadjaf69, évoquant les millions d'iraniens pauvres qui, selon lui, réclamaient l'aide du clergé pour la construction de bains publics: "Les crimes des rois d'Iran ont noirci les pages de l'histoire... Que sont devenues ces belles promesses, ces allégations prétentieuses selon lesquelles le peuple serait 66Chroniques de l'histoire : Le Chah d'Iran, Ed. Chronique, 1998, pp. 140-142 68Mémoires de Farah PAHLAVI, Ed. XO, 2003, p. 156 69Nadjaf : Nadjaf est une ville d'Irak et la capitale de la province de Nadjaf. Elle est située à environ 160 km au sud de Bagdad, là Koumëny avait trouvé refuge. prospère et heureux?" s'interrogeait -il. Khomeiny et les conservateurs religieux iraniens blâmaient et condamnaient le régime impérial du Shah, perçu comme trop autoritaire et trop occidentalisé, qui foulait au pied les vraies valeurs de la nation iranienne. Image 4 : Mohamed Pahlavi Shah (1919-1980), dernier monarque iranien. 41 Source : commons.wikimedia.org - Consulté le 15 Mars 2014 42 |
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