Les relations politiques Iran-USA 1979-2002.par Doumbia ALI Université Félix Houphouet Boigny d'Abidjan - Master d'histoire contemporaine 2017 |
SOMMAIREINTRODUCTION GENERALE 7
Chapitre II- L'AVENEMENT DE LA REPUBLIQUE ISLAMIQUE D'IRAN 1979- 1981 60
PARTIE II : LES ETAPES DE LA RUPTURE : DE LA PRISE DES OTAGESAMERICAINS A LA CRISE NUCLEAIRE (1980-2002) 78 Chapitre I : LA CRISE DES OTAGES AMERICAINS 1979-1981 ...81
Chapitre II : LA REMISE EN CAUSE DES INTERETS AMERICAINS DANS LE GOLFE PAR LA MONTEE EN PUISSANCE DE L'IRAN 92
OCCIDENTAUX 99 CHAPITRE III : LES AMBITIONS NUCLEAIRES DE L'IRAN COMME UNE POMME DEDISCORDE . 108 I- LES CRAINTES DES ALLIES DE WASHINGTON AU MOYEN ORIENT 108 II- LES GRANDES QUESTIONS GEO-POLITIQUES ET STRATEGIQUES AUTOUR DU NUCLEAIRE IRANIEN .119 CONCLUSION GENERALE 126 6 INTRODUCTIONGENERALE7 Presque tous les jours, les medias nous parlent du Moyen Orient1 et du monde arabo-musulman2, certainement les zones les plus instables du monde, une région aux allures de poudrières, les causes des incessants conflits internes ou entre Etats ne sont jamais faciles à cerner. Car politique et religion, rivalités ancestrales et géostratégies s'interprètent sans fin : Guerres civiles en Syrie et en Irak, transition politique douloureuse en Égypte, conflit interminable entre la Palestine et l'Israël, tensions récurrentes au Liban, destruction et l'incertitude en Lybie. Ce sont autant d'exemples d'un état de violence qui a la particularité de s'exporter autrement sur d'autres continents. Partant de ce constat dans cet espace géopolitique majeur, que les actions politiques des grandes puissances et des gouvernants de la région font souvent sombrer dans le chaos à travers des conflits d'intérêts, des guerres ultra idéologiques et religieuses, il est important de revenir sur un événement qui a joué un rôle fondamental dans cette région: il s'agit bien de la révolution islamique d'Iran de 1979. Il y a plus d'un quart de siècle, en 1978, l'Iran était miné par des grèves, des manifestations et des émeutes quasi-quotidiennes. Dans cette atmosphère, le Shah perdait peu à peu la main. Au début du mois de janvier, alors que sous la pression populaire, le peuple demandait le départ du Roi, ce dernier a préféré se contenter de nommer un nouveau Premier ministre. Il quitta par la suite son pays, de source officielle iranienne, pour les vacances. Mais la réalité est que jamais il ne put revenir en Iran. Affaibli par un cancer, il devait d'abord aller se faire soigner3. 1Il s'agit d' une expression d'origine anglo-saxonne (Middle East en anglais) qui désigne, pour les Européens, les Américains et les Africains, une région comprise entre la rive orientale de la mer Méditerranée et la ligne tracée par la frontière entre l'Iran d'une part, le Pakistan et l'Afghanistan d'autre part. Cette région se trouve essentiellement en Asie mais est parfois étendue à l'Afrique du Nord. 2 Il désigne la zone géographique couverte par la conquête musulmane, et s'identifie par conséquent à la civilisation arabe de la période dite arabe classique (antiquité tardive), jusqu'à la chute des califats abbasside de Bagdad à l'est et almohade à l'ouest, soit, en termes de datations, 1258 et 1269. 3Le Shah fut hospitalisé le 22 octobre au célèbre centre médical de la Cornel University. Un examen de la vésicule biliaire devait mettre en évidence simplement la présence de calculs vésiculaires et intracholédociens responsables de la jaunisse, après presque le tour des continents, son admission au Usa pour les soins a été très mal perçue par les révolutionnaires iraniens. 8 Quelques jours plus tard, l'Ayatollah Khomeiny4, qui avait orchestré la révolution depuis son exil français de Neauphle-le-Château, débarquait en Iran où il fut accueilli dans la liesse populaire. C'est la fin d'une monarchie qui a duré deux mille cinq cents ans. Peu après, la révolution va se durcir. Et c'est un régime islamiste et antioccidental qui s'installe en Iran sous la férule de Khomeiny. En effet, avant 1979, le pouvoir de Téhéran était un grand allié des Etats Unis d'Amérique, qui intervenait dans les orientations majeures du royaume. Après la chute du pouvoir impérial du Shah5, les nouveaux dirigeants du pays ont entrepris des réformes en profondeur6. Du coup, les Etats Unis d'Amérique cesse d'être le partenaire privilégié de l'Iran. Ainsi, il importe d'appréhender l'évolution des rapports entre les deux pays, d'où notre thème : « Les relations politiques Iran- Etats Unis d'Amérique 1979-2002 », dont la justification est liée à l'intérêt du sujet. A- JUSTIFICATION ET INTERET DU SUJETLe choix de ce sujet de recherche s'inscrit dans le prolongement de notre thème de Master I de recherche. Thème inscrit dans le vaste domaine de l'histoire des relations internationales. Ainsi, comme dans tout travail de recherche, nous mettons en évidence les deux raisons majeures qui ont favorisé le choix de notre thème de recherche : Elles sont d'abord d'ordre subjectif et ensuite objectif. 4De son vrai nom Rouhollah Mousavi Khomeiny (1902-1989) a été persécuté pour son activisme du temps du SHAH, et contraint à l'exil en France. Principal leader de la révolution islamique de 1979, il a occupé la fonction de guide suprême du pays jusqu'à sa mort. 5Souverain de Perse puis d'Iran, avant l'instauration dans ce pays d'une République islamique en 1979. 6 Les relations entre les États-Unis et l'Iran ont toujours existé depuis l'envoi officiel de son premier ambassadeur, Nassereddin Shah Qajar, à Washington à la fin du XIXe siècle. Cependant, une succession de conflits et d'incidents entre les deux nations a engendré une tension dans leur relation. Avant la Révolution contre le Shah, les États-Unis étaient le premier partenaire économique et militaire de l'Iran et contribuaient ainsi grandement à la modernisation rapide de ses infrastructures et de son industrie. L'Iran a compté jusqu'à trente mille expatriés américains qui y ont exercé des fonctions techniques, de conseil ou encore d'enseignement. 9 En ce qui concerne la première raison, personnellement la politique et la géopolitique au Moyen-Orient en particulier la question iranienne, nous ont toujours passionné et attiré notre curiosité. Ajouté à cela, la question de civilisation au Moyen-Orient7, la mentalité des peuples dans cette région du monde et ce qui les détermine. De même, la curiosité de comprendre les incertitudes et perturbations politiques dans cet espace pétrolifère. Aussi avons-nous cherché à comprendre de façon objective comment les intérêts économiques et géopolitiques peuvent bouleverser la situation intérieure d'un pays. Depuis les années 1970, l'histoire du Moyen-Orient se confond presque avec celle de ses guerres et de ses conflits : guerre soviétique en Afghanistan (1979-1989)8, guerre Iran-Irak (1980-1988)9, guerre du Liban (1975-1991)10, guerre du Golfe (1991)11, guerres américaines en Afghanistan (2001) et en Irak (2003),12 sans oublier l'interminable conflit israélo-palestinien. Si ces années furent celles d'une « grande guerre pour la civilisation», c'est en raison du rôle persistant que les puissances occidentales - la France et le Royaume-Uni dans la première moitié du XXe siècle, puis et surtout les États-Unis - n'ont jamais cessé de jouer dans une région qu'ils considèrent comme leur zone d'influence. Aux entreprises coloniales succéda l'ère des manoeuvres diplomatiques, des jeux d'alliances complexes et secrètes, des coups de force et des trafics d'armes, le tout dans une indifférence quasi complète de la communauté internationale et cela au détriment d'innombrables victimes de cette histoire dramatique13. 7Chaque civilisation porte la marque du sol, des paysages qui l'ont vu naître, elle tire d'eux son identité, son originalité. Elle est l'héritière d'un long, très long passé, au cours duquel chaque homme, chaque parcelle d'un vaste territoire a apporté une unique contribution. Depuis des siècles elle est religieusement divisée entre les fois Juive, chrétienne et musulmane : la troisième très majoritaire dans la région. Politiquement elle est le nid des pouvoirs impériaux, des monarchies et des dictatures aussi. 8 François HEISBOURG, la fin de l'Occident ? L'Amérique, l'Europe et le Moyen Orient, Paris, Amazon, 2005. P.100-105. 9Pierre RAZOUX, La guerre Iran-Irak 1980-1988 : première guerre du Golfe, Paris, Perrin, 2013, 616p. 10 Eric NGUYEN, 100 évènements du XXe siècle, Paris, Studyrama, 2006. P 211-220. 11 Henry GUILLEMIN, La guerre du Golfe (1991), Éditions. d' Utovie, 2013. P 112. 12 Robert FISK, La grande guerre pour la civilisation: l'Occident à la conquête du Moyen-Orient, 1979-2005, Editions La Découverte, 2007, P 423. 13Jean PERROT, « Aux origines de la civilisation orientale », Bulletin du Centre de recherche français à Jérusalem 12 | 2003, mis en ligne le 20 septembre 2007, Consulté le 03 octobre 2015. Disponible sur : http://bcrfj.revues.org/214 10 Notre sujet de recherche revêt un intérêt capital ce qui fait que nous sommes en mesure d'affirmer que la présence de la question iranienne a quasiment dominée les rencontres internationales. En effet de la révolution islamique de 1979 jusqu'aujourd'hui, sa relation avec l'Occident, et en particulier les États-Unis d'Amérique est au centre de toutes les grandes rencontres inter-états. Les réalités politiques à l'intérieur de l'Iran n'étaient plus les mêmes. Cette rupture a modifié tous les autres liens extérieurs au pays : c'est la révolution islamique d'Iran. Cette révolution vue par plus d'un, comme une phase de la « grande guerre » pour la civilisation : La résistance iranienne face à la conquête du Moyen-Orient. Il est très souvent fait mention du néo-colonialiste14 dans cette région pour refuser une quelconque domination occidentale. Ce qui pourrait illustrer les efforts actuels de résistance du Moyen-Orient face à ce que l'on pourrait appeler la « colonisation civilisationnelle » de la région par les grandes puissances. Et l'Iran en est un bel exemple. Nous avons évidemment eu recours à beaucoup d'écrits qui évoquent le sujet, la question de la relation américano-iranienne. Mais notre observation, contrairement aux autres documents et écrits qui s'appesantissent sur la question du simple départ ou la chute du Shah d'Iran, qui aurait modifié le dérouler de la relation politique entre l'Iran et les Etats Unis d'Amériques, nous allons pour notre part analyser la dégradation de cette relation par la mise en place des nouvelles autorités et des institutions qu'elles se sont données pour étendre l'hégémonie iranienne. 14Les mots changent, mais les réalités demeurent. « Après avoir pris du ventre », selon l'expression de Werner Sombart, le capitalisme s'est transfiguré. Il en résulte, entre autres conséquences, une nouvelle manière d'entrer en rapport avec les pays économiquement moins développés, mais cette relation reste toujours fondamentalement asymétrique. Cela n'est sans doute pas, d'ailleurs, l'apanage d'un système, mais plutôt la logique des rapports inégaux entre les sociétés industrielles (quelle que soit l'idéologie qu'elles revendiquent) et les sociétés qui ne le sont pas. Même si l'analyse et le verbalisme (qui caractérise souvent les études consacrées au néo-colonialisme) ont été accaparés d'une manière manichéenne par les tenants de telle orthodoxie doctrinale, les faits montrent que les puissances économiques abusent, d'une manière ou d'une autre, de leur pouvoir de négociation lorsqu'elles traitent avec les nations les moins puissantes. Pour le montrer, nous évoquerons deux aspects essentiels de cet échange inégal : le néo-colonialisme économique et le néo-colonialisme culturel. 11 |
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