INTRODUCTION
«Success in creating AI would be the biggest event in
human history,'he said. Unfortunately, it might also be the last, unless we
learn how to avoid the risks.»/ »Créer une intelligence
artificielle serait le plus grand événement de l'histoire
humaine. Malheureusement, ce pourrait être le dernier, à moins que
nous ne découvrions comment éviter les risques. » Stephen
Hawking, Article The Independent, mai 2014.
Il nous est difficile de définir l'intelligence
artificielle sans aborder le milieu dans lequel elle évolue. Ainsi, il
nous faut envisager brièvement la notion de « cyberespace » ou
de « métavers ». Il est considéré comme un
espace de technologie comprenant les réseaux informatiques, les
ressources informatiques et tous les dispositifs fixes et mobiles
connectés au réseau mondial. De ce fait, le cyberespace d'une
nation fait partie du cyberespace mondial : il ne peut être isolé
pour en définir les limites puisque le cyberespace est sans
frontière, qui ne cesse de s'accroître et s'étendre,
contrairement aux nations qui sont elles délimitées par des
frontières géographiques.
Le petit Robert définit le cyberespace comme « un
ensemble de données numérisées constituant un univers
d'information et un milieu de communication, lié à
l'interconnexion mondiale des ordinateurs ». Ainsi De la pose de ces
premières briques constitutives du cyberespace dans les années
1950, à ce qu'il est devenu aujourd'hui, un vaste réseau
constitué de milliards d'ordinateurs, l'IA a acquis une place centrale
dans les débats de sociétés, notamment en question de son
utilisation dans les domaines militaires, ce qui mènera à des
questionnements scientifiques, éthiques, politiques et juridiques.
Dans ce grand domaine que représente le cyberespace,
l'un des éléments qui le constitue, et qui sera l'oeuvre de notre
mémoire, reposera sur l'Intelligence Artificielle (ci-après
« IA »).
L'IA est à part entière « cyber », car
elle n'existe qu'au travers de logiciels, de langages de programmation,
d'ordinateurs. L'IA est une discipline scientifique et un ensemble de
techniques qui prennent naissance en même temps que l'informatique.
Le point de départ des IA se fait notamment par la
publication d'Alan Turing « Computing Machinery and Intelligence » en
1950, qui constitue l'un des actes fondateurs de l'IA. Cet ouvrage
répond notamment à la question « les machines peuvent-elles
penser ? »
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Le questionnement de base n'est pas de savoir si la machine
peut en elle-même « penser », mais « imiter » un
comportement. En d'autres termes : un ordinateur peut-il tenir la place de
l'humain dans le jeu de l'imitation ? En 1955 est développé Logic
theorist, considéré comme le premier programme d'IA,
développé par John Shaw, Herbert Simon et Allen Newell.
Même si le programme est qualifié du premier code IA, jamais les
trois chercheurs n'utilisent pas l'expression « intelligence artificielle
». Cette expression apparaît en 1956, à l'occasion d'un
ensemble de séminaires organisés au Darthmouth college par John
Mc Carthy (Dartmouth college), Claude Shannon (Bell telephone Laboratories),
Marvin Minsky (Harvard University) et Nathaniel Rochester (IBM Corportation),
qui seront considérés comme les pères fondateurs de cette
technologie.
Le terme « intelligence » est utilisé dans
les premières années de l'IA dans de multiples technologies et
objets de recherche. On pouvait alors parler en astronomie de « satellites
terrestres intelligents » pour différencier les satellites
envoyés dans l'espace et ceux dits « satellites terrestres naturels
», qui renvoient aux objets spatiaux, la Lune.
Un des pionner de l'IA tentera de donner un axe de
pensée pour définir le mot « intelligent », qui
relève de la capacité pour une personne ou un objet de
résoudre des problèmes difficiles.
Les premières machines intelligentes apparaissent avec
entre autres les tortues de Bristol en 1947, en passant par le renard
électronique d'Albert Ducrocq développé en 1953, ou bien
des « Zébulons », les premiers robots de manutention autonomes
informatisés inventé par Bruno Lussato dans les années
1970. Toutes ces inventions sont apparues dans des laboratoires
d'universités pour finalement se voir démocratiser au sein des
populations, impactant la vie de millions, voire de milliards de personnes.
L'IA nous accompagne dans notre quotidien, partout où
nous sommes, sans que le plus souvent nous ne le sachions. On les retrouve dans
les véhicules modernes tel que les caméras de recul ou les
capteurs ; les téléphones portables avec les assistants virtuels,
les réseaux sociaux, les jeux vidéo ; les systèmes d'aides
au diagnostiques médicales.
Ainsi, il est difficile de donner une définition simple
et unique de L'IA car cette définition est sans cesse analysée,
déconstruite, remodelée, du fait de son champ d'utilisation et de
son expansion sans limites dans toutes les facettes de la vie humaine.
Du fait du peu de réelle délimitation quant
à sa définition, l'IA suscite de vifs débats, car
puisqu'elle est intégrée dans notre quotidien du fait de tous les
objets connectés qui nous entourent.
Certains auteurs, philosophes et politiques, remettent en
question son pouvoir transformatif, qui est depuis quelques années
devenu central.
Un courant de pensées avance la théorie que l'IA
est une menace existentielle, de peur d'un grand remplacement par les machines
considérant que celle-ci est une nouvelle technologie de pouvoir,
coercition, d'oppression, voire de contrôle qui s'exercent sur les
activités humaines : « Les machines qui jusqu'ici ne
libéraient l'homme que du travail physique, ne s'avisent-elles pas de le
remplacer dans les tâches les plus nobles, entre autres la pensée
dont il assurait jusqu'ici le monopole ? Ces machines intelligentes,
douées de mémoire, ne sont-elles pas désormais capables de
surpasser le cerveau humain dans des travaux chaque jour plus nombreux ? La
suprématie de l'homme n'est-elle pas menacée ? Ces robots pensant
ne vont-ils pas, dans un avenir que certains nous président proche,
redire l'humanité en esclavage? [...] Pour l'ancien ministre de
l'éducation national, Edgar Faure, « la machine qui décide
au lieu d'exécuter » serait à l'origine d'un traumatisme
grave de l'intelligence humaine.» (LANGEVIN L. « Les machines
à penser », La Pensée : revue du rationalisme moderne,
n°147, p. 61-89, octobre 1969).
L'IA est aussi vue comme une menace existentielle.
En 2014, Stephen Hawking et Elon Musk reprennent l'argument en
affirmant que la véritable IA pourrait entraîner vers la fin de
l'humanité, en avançant le fait que puisqu'elle est
dépourvue d'émotions ou de sensations humaines, elle ne peut
alors comprendre des notions dichotomiques, en premier lieu celle du bien et du
mal. D'autres voient en L'IA la possibilité que l'homme et la machine
oeuvrent ensemble, qu'elle soit le prolongement du corps et de l'esprit de
l'être humain, venant l'accompagner dans sa réalisation et
étendre ses capacités.
Pour parer aux inquiétudes des individus et
certainement des Etats quant à l'utilisation toujours plus soutenues des
IA dans tous les domaines, il nous faut regarder l'essor des différentes
législations qui viennent répondre à ses nouveaux
questionnements sociétaux et de leurs utilisations par des grandes
entités, pas toujours étatiques, notamment l'Union
européenne. Ainsi, il s'agirait de se demander dans quelles conditions
la réglementation de l'Union européenne tente de répondre
aux enjeux principaux de l'Intelligence Artificielle ?
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C'est à cette question que nous allons tenter de
répondre tout au long de ce mémoire.
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Pour cela, il est nécessaire de se pencher sur la
question de savoir quelles sont les dérives actuelles concernant
l'Intelligence Artificielle (Partie I), et comment ces dérives tendent
à être encadrées par les différentes
législations (Partie II).
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