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La réponse réglementaire de l'Union Européenne face à  l'évolution de l'intelligence artificielle


par Lucas TORRES
UPPA - Master Etudes européennes et internationales 2022
  

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A- Une réglementation insuffisamment protectrice

Pour garantir la confiance des consommateurs, la protection des données personnelles doit être un élément fondamental dans l'élaboration du cadre juridique de l'IA. Le CEPD et le contrôleur européen de la protection des données estiment que ce cadre pourrait être renforcé en dénonçant une faible précision de certaines dispositions (1) et insistent sur la nécessité de conformer les bases législatives à celles déjà envisagées dans le règlement général de protection des données de l'Union européenne (2).

1- Un manque de clarté dans le cadre juridique

A travers cette proposition de réglementation, la vice-présidente de la Commission précise que « Avec ces règles qui feront date, l'UE prend l'initiative d'élaborer de nouvelles normes mondiales qui garantiront que l'IA soit digne de confiance ». L'objectif est donc de garantir une confiance des utilisateurs autour de l'intelligence artificielle pour pouvoir assurer son essor effectif. Ces réglementations sont vues comme une sorte de précaution pour empêcher toutes sortes de dérives.

Pour gagner cette confiance, la Commission précise les usages interdits dans l'objectif de faire prévaloir l'éthique sur l'investissement. Cependant, dans leur avis du 18 juin 2021, le CEPD et le Contrôleur européen de la protection des données relèvent la nécessité d'élargir le champ des systèmes interdits et de les clarifier.

L'article 5 paragraphe 1 de la proposition du règlement énumère ces 4 systèmes inacceptables fixés en fonction des dangers éthiques qu'ils soulèvent. «

- systèmes d'IA qui influencent de manière subliminale le comportement d'une personne en vue de lui causer ou de causer à un tiers un dommage ,
·

- systèmes d'IA qui exploitent la vulnérabilité d'un groupe de personnes en

vue de fausser le comportement de l'une de ces personnes et de causer un dommage ,
·

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- systèmes d'IA de notation sociale mis sur le marché, mis en service ou

utilisés par les autorités publiques ou en leur nom ;

- systèmes d'identification biométrique à distance en temps réel dans des

espaces accessibles au public, sauf exception. »

Ce sont les utilisations de l'IA qui vont à l'encontre des valeurs de l'Union européenne en se fondant sur la manipulation ou l'exploitation de populations vulnérables.

Cependant, les pratiques interdites dans cette proposition ne sont pas énumérées. Elles laissent donc accès à une large confusion d'interprétation et ne permettent pas de garantir un encadrement strict de l'intelligence artificielle. Le CEPD et le contrôleur européen estiment conjointement dans leur avis rendu le 18 juin 2021, qu'il faudrait donc énoncer les pratiques qui doivent être interdites plutôt qu'en énoncer certains critères pouvant être interprétés.

Pour illustrer cette nécessité d'élaborer un cadre strict et clair, la Commission a choisi d'interdire dans le IA Act, les dispositifs d'identification en temps réel des individus dont le cadre juridique n'avait jamais été clair jusque-là. Bien que cette modification soit encourageante, elle n'est pas absolue. Ce sont ces dérogations prévues au bénéfice des procédures judiciaires qui posent débat. En effet, accorder des exceptions à des pratiques par nature opposées à la liberté de la vie privée interroge les auteurs à une «extension généralisée de la reconnaissance faciale» qui, bien qu'elles soient interdites dans l'espace public, motivent à l'aménagement de son exploitation dans ces espaces et ainsi à dépasser à long terme le cadre juridique strict qui les encadre.

La Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) considère que la précision des pratiques autorisées et interdites doit être claire et se faire à l'égard des usagers mais également des professionnels. Le but est de permettre à toutes les personnes concernées d'évaluer de manière autonome si les produits qu'ils proposent sont autorisés. La CNIL rejoint l'avis du 18 juin 2021 dans lequel est considéré que certains domaines d'activités tels que la police et les forces de l'ordre exigent des «mesures spécifiques, précises, prévisibles et proportionnées». Sont pris en compte l'impact de ces systèmes sur l'intégrité des personnes concernées mais également sur les valeurs d'une société démocratique.

La régulation des pratiques de l'IA a pour objectif d'assurer une harmonisation entre les secteurs d'activité et les Etats membres de l'Union européenne autour de son utilisation en

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garantissant une sécurité juridique effective. Sur une question aussi sensible que l'intelligence artificielle, il est impératif que le cadre juridique mis en place réponde à des critères de précision et de clarification pour ne pouvoir donner aucune place à l'interprétation.

Pour renforcer la sécurité juridique, le cadre juridique doit passer par l'élaboration de dispositions claires mais également par la conformité de ces dispositions avec celles préexistantes en matière de protection des données.

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