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Accords politiques en RDC. Enjeux, acteurs et défis sur l'accord de la saint Sylvestre.


par Djodjo Mayele mutanda
Université de Kinshasa - Licence 2019
  

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1.3.3. Approche interactionniste

Dans une perspective interactionniste dominante en sciences sociales, le pouvoir est une relation qui se caractérise par la mobilisation des ressources pour obtenir d'un tiers qu'il adopte un comportement auquel il ne serait pas résolu en dehors de cette relation. La relation de pouvoir se conçoit donc comme une

25 Le mot souverain pris adjectivement désigne une qualité de la puissance qui, dans l'ordre de la compétence, ne relève d'aucune autorité supérieure. Pris substantivement, il désigne alors le détenteur de la force politique suprême de l'Etat.

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interaction, une relation d'échange inégale, l'importance de cette inégalité reflétant l'intensité du pouvoir exercé.

Le pouvoir suppose obligatoirement une relation sociale. Robert Dahl définit classiquement le pouvoir comme la capacité d'une personne A d'obtenir qu'une personne B fasse quelque chose qu'elle n'aurait pas fait sans l'intervention de A. Michel Crozier insiste sur le fait que le pouvoir est une relation et non un attribut des acteurs. Le pouvoir est donc une relation réciproque mais déséquilibrée.

Pierre Bourdieu appréhende à ce titre les relations de pouvoir au sein des différents champs sociaux qu'il définit comme les espaces spécifiques où s'organisent des rapports de domination. Chaque champ est un champ de forces (marqué par une distribution inégale des ressources et donc un rapport de forces entre dominants et dominés, et un champ de luttes (les agents sociaux s'y affrontent pour maintenir ou transformer ce rapport de force).

Les relations de pouvoir s'organisent donc dans un champ donné qui définit un certain nombre de règles et de croyances. C'est dans cette approche dite interactionniste que plusieurs auteurs dont Max WEBER, Tacoltt PARSON, Jean WILLIAM LAPIERRE et Julien FREUND ont pu définir le concept de pouvoir politique. Ainsi, Max WEBER conçoit la définition du pouvoir politique comme suit: le pouvoir est toute chance de faire triompher, au sein d'une relation sociale, sa propre volonté, même contre les résistances ; peu importe sur quoi repose cette chance.

Quant à TACOLTT, il définit le pouvoir politique comme la mise en oeuvre d'une capacité généralisée consistant à obtenir des membres de la collectivité l'accomplissement d'obligations légitimes au nom de la collectivité,

Le pouvoir politique peut revêtir plusieurs formes. Il peut être communautaire, individualisé ou institutionnalisé.

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permettant éventuellement de contraindre le récalcitrant par l'application des sanctions négatives.

Pour Jean WILLIAM LAPIERRE, le pouvoir politique est la combinaison variable d'autorité légitime (recours au consensus) et de la puissance publique (recours à la coercition) qui rend certaines personnes ou certains groupes capables de décider pour et au nom de la société globale tout entière et de commander à celle-ci afin de faire exécuter les décisions prises Enfin, Julien FREUND définit le pouvoir politique comme activité sociale qui se propose d'assurer par la force généralement fondée sur le droit, la sécurité extérieure et la concorde extérieure d'une unité politique particulière en garantissant l'ordre au milieu de luttes qui naissent de la diversité et de la divergence des opinions et des intérêts.

De ce qui précède, nous dirons que le pouvoir suppose la présence d'au moins deux individus. La notion d'interaction est capitale. Elle suppose que le pouvoir n'est pas une essence : il n'existe pas une nature abstraite et immuable du pouvoir. L'interaction évolue suivant le contexte et les rapports des forces. On ne peut d'ailleurs comprendre toutes les formes de relations de pouvoir sans appréhender tous les tenants du contexte dans lesquelles elles s'expriment.

Au demeurant, suivant les ressources mobilisées pour l'obtention d'un résultat, Philippe BRAUD distingue deux grandes catégories de pouvoir : le pouvoir d'injonction et pouvoir d'influence.

§1. Formes de pouvoir politique

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? Le pouvoir politique communautaire

Le pouvoir politique est communautaire lorsqu'il appartient à tous les membres du groupe. Cette forme de pouvoir politique a fonctionné dans les sociétés traditionnelles au sein de certaines unités politiques à caractère familial (village, clan, tribu, etc.).

? Le pouvoir politique individualisé

Dans ce système, le pouvoir s'est détaché de la société. Il appartient à un individu qu'on peut isoler de la masse. Il y a une figure concrète, celle du chef ou du monarque.

On parle du pouvoir personnel ou individualisé lorsque le pouvoir s'incarne en un homme qui l'exerce en raison de ses qualités personnelles. Dans ces conditions, la personne qui exerce le pouvoir en est également le propriétaire.

Cette forme de pouvoir politique se retrouve aujourd'hui moins dans les pays occidentaux que dans les pays en voie de développement où des hommes au pouvoir ont tendance à confondre leur vouloir avec le pouvoir, à exercer le pouvoir comme bon leur semble et : sans avoir de compte à rendre, de procédures obligatoires à suivre, de règles ou de principes à respecter .

L'une des caractéristiques fondamentales propres au pouvoir individualisé, est la concentration des pouvoirs dans les mains d'un seul individu, c'est-à-dire que l'autorité politique est exercée quasi sans partage par un homme. Mais cet homme souvent n'est pas n'importe lequel.

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Il est considéré par ses pairs ou l'opinion publique comme le leader26, selon l'expression chère des anglo-saxons. Le leader étant considéré à la fois comme le guide, le chef et l'arbitre.

Les expressions bonapartistes de l'homme providentiel, le sauveur couronné, « l'héritier d'une gloire nationale » à qui on fait appel en période de catastrophe traduisent l'idée d'un phénomène d'appréciation subjective qui vient se surajouter à l'autorité statutaire légalement reconnue à un homme.

Ce phénomène extérieur à l'autorité en elle-même est qualifié par les constitutionalistes de personnalisation du pouvoir, qu'on oppose à l'institutionnalisation du pouvoir. D'autres parlent d'individualisation du pouvoir, d'autres encore du pouvoir personnel et du gouvernement personnel selon le jargon politique. Tandis que la littérature marxiste parle pour le dénoncer, du culte de la personnalité.

De notre part nous préférons le qualifier de phénomène de personnification du pouvoir. Tous ces termes qui ne se recouvrent pas parce qu'ils sont utilisés dans les perceptives différentes traduisent plus ou moins une même réalité.

Ils insistent sur les deux éléments fondamentalement constitutifs de ce phénomène : d'une part, la concentration du pouvoir dans les mains d'un seul, et d'autre part l'incarnation de ce pouvoir dans la personne de son détenteur.

26 Un leader (comme le note Jacques ELLUL, cité par Jean LACOUTURE, Les 4 Hommes et leurs peuples sur-pouvoir et sous-développement, éd. Seuil, paris, 1969, p.11), « ne peut être seulement celui qui prend les décisions, celui qui prend la tête...il est bien plus que cela, il est celui qui incarne le groupe, en qui le groupe se reconnait, et qui sert de médiateur envers le phénomène mystérieux du pouvoir ».

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Autrement dit, le terme de la personnification du pouvoir revêt deux formes dialectiquement liées : la concentration opérationnelle et l'incarnation mythique du pouvoir.

3. Le pouvoir politique institutionnalisé

Le pouvoir politique est institutionnalisé lorsque : celui qui l'exerce n'est pas maitre ni propriétaire, avec liberté d'en user selon son bon plaisir ; il ne peut l'exercer légitimement et sans abus que s'il se conforme à des institutions indépendantes de sa volonté, de ses passions et de ses intérêts individuels27 . Dans ce contexte le pouvoir va connaitre une évolution.

En effet, progressivement, le pouvoir politique ne va plus s'incarner dans un individu, mais s'institutionnaliser en se dissociant de la personne des gouvernants. Désormais, l'individu et la fonction sont séparés, ce qui assure la permanence de l'autorité politique indépendamment de la disparition de ceux qui la détienne à un moment donné.

Or une institution est une création durable, stable qui se traduit de plus en plus souvent par des règles de droit et qui existe indépendamment de ses membres. Dès lors, le pouvoir en devenant une institution existe en dehors et au-dessus de son titulaire du moment : il obéit à de règles de révolution stables et indépendants de ceux qui l'exercent temporairement. La volonté du corps social et des titulaires successifs du pouvoir a crée une règle qui s'impose désormais à tous. Ce pouvoir institutionnalisé n'est pas nécessairement démocratique, c'est-à-dire désigné par le peuple, mais il existe toutefois indépendamment de son titulaire.

27 APIERRE J.M., Le pouvoir politique, PUF, Paris, 1969, p.35.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand