
ECOLES DES HAUTES ETUDES EN SANTE PUBLIQUE
(EHESP) FACULTE DE MEDECINE UNIVERSITE PARIS 7 - DENIS
DIDEROT (En association avec L'Ecole du Val de Grâce et
l'Assistance Publique-hôpitaux de Paris)
Mémoire
Pour l'obtention du Master 2
« Analyse et Management des Etablissements de
Santé »
Option B : Organisation et Pilotage des Pôles
et Unités de Soins (OPPUS)
LA FONCTION ACHAT MUTUALISEE DES
GHT
Préparé par : Ahamadou THIAM
Responsable du diplôme : Pr Etienne MINVIELLE Directeur
de mémoire : Marc BOUCHE
Année universitaire :
2016-2017
REMERCIEMENTS
Mes sincères remerciements à l'égard de
toutes les personnes qui ont collaboré, d'une façon ou d'une
autre à l'élaboration de ce mémoire :
Monsieur Dominique LEGOUGE, Directeur
Général du RESAH, pour m'avoir accueilli dans son
établissement.
Monsieur Pierre LEBON, Directeur de Centre de
ressources et d'expertises du RESAH, mon
maitre de stage, pour son partage d'expériences.
Monsieur Marc BOUCHE, Adjoint au chef de
programme PHARE au Ministère de la santé (DGOS), mon directeur
de mémoire, de m'avoir guidé dans la construction de ce
mémoire.
Les chargés de mission du Centre des ressources et
d'expertises du RESAH, pour leur aide et
leur disponibilité.
SOMMAIRE
I. Introduction 4
II. Les enjeux et objectifs de la fonction achat
mutualisée 5
III. L'avènement des GHT 7
III.1 Cadres législatifs et réglementaires : 8
III.1.1 Cadre législatif : 8
III.2 La convention constitutive : 9
III.2.1 Projet médical partagé : 9
III.2.2 Délégations de compétences : 10
III.3 Les parties prenantes : 10
III.4 Le financement : 11
II.5 Le calendrier : 12
IV. Présentation de la fonction achat hospitaliere
: 12
IV.1 Principaux chiffres : 12
IV.2 Périmètre traité : 13
IV.3 Processus achat : 14
IV.4 Différents types d'organisations achats dans les
hôpitaux : 15
IV.5 Paysage des achats hospitaliers : 16
V. Impact de la mise en place des groupements
hospitaliers de territoire sur la fonction achat
hospitalière : 19
V.1 Cadre juridique de la mutualisation de la fonction achat :
19
V.1.1Transfert de compétences au profit de
l'établissement support : 19
V.1.2 Le champs d'application de la fonction achat
mutualisée : 19
20
V.1.3 Modalités de recours aux achats groupés dans
le cadre d'un GHT 21
V.2 L'impact juridique de la fonction achat mutualisée :
21
V.3 Recommandations des modalités d'organisation possibles
: 23
V.3.1 Composition type de l'équipe rapprochée du
directeur des achats 24
V.3.2 Organisation en départements d'achat 25
V.3.3 Les référents achats et les
délégations de signature : 26
V.5 Recommandations de la gouvernance de la fonction achat :
28
V.6 L'impact sur les ressources humaines et économiques :
28
VI. Travail d'investigation : 29
VI.1 Méthodologie de l'enquête : 29
VI.1.1 Le choix de l'entretien : 29
VI.1.2 Les personnes sollicitées : 31
VI.1.3 Le déroulement des entretiens : 31
VI.1.4 Les thèmes des entretiens : 32
VI.1.5 Les avantages et les limites des entretiens : 33
VI.2 Synthèse des résultats : 33
VI.2.1 Les entretiens I : 33
VI.2.2 Les entretiens II : 35
VII. Retour d'expériences de mutualisation de la
fonction achat : 36
VII.1 Le Groupement Hospitalier de Territoire - Paris
Psychiatrie : 36
VI.1.1 Organisations cibles de la fonction achat
mutualisée : 37
VI.1.2 Facteurs clés de succès de la fonction
achat mutualisée 38
VI.1.3 Les chiffre clés 39
VI.1.4 Les opportunités 40
VII.2 Service de Santé des Armées (SSA) : 40
VII.2.1 Organisation de la fonction achat des SSA : 41
VII.2.2 Facteurs clés de succès de la fonction
achat du SSA : 44
VII.2.3 Le chiffre clés : 45
VIII. Discussion : 46
IX. Conclusion : 47
BIBLIOGRAPHIE 48
LISTES DES ANNEXES 50

1

Liste des acronymes :
ARH : agence régionale de
l'hospitalisation
ARS : agence régionale de
santé
DAPSA : direction des approvisionnements des
produits de santé des armées
DGOS : direction générale de
l'offre de soins
DCE : dossier de consultation des
entreprises
DIM : département d'information
médicale
DRH : direction des ressources humaines
DSI : direction de service informatique
DPC : développement professionnel
continu
CLCC : centre de lutte contre le cancer
CHT : communauté hospitalière
de territoire
CHU : centre hospitalier universitaire
EHPAD : établissements
d'hébergement pour personnes âgées dépendantes
ESPIC : établissements de santé
privés d'intérêt collectif
GCS : groupement de coopération
sanitaire
GEF : gestion économique et
financière
GHT : groupement hospitalier de territoire
HPST : hôpital, patient, santé
et territoire
HIA : hôpitaux des instructions des
armées
MCO : médecine chirurgie
obstétrique
SROS : schémas régional
d'organisation sanitaire
SSA : services de santé des
armées
PHARE : performance hospitalière pour
des achats responsables

PME : petites et moyennes entreprises
PRS : projet régional de
santé
RESAH : réseau des acheteurs
hospitaliers
RH : ressources humaines
UGAP : union de groupement des achats
publics
UNIHA : groupement de coopération
sanitaire
UCP : unité centrale de production
Liste des figures :
Figure I : Organigramme récapitulatif
des acteurs d'un groupement hospitalier de territoire 11
Figure II : Calendrier de la mise en place
des GHT 12
Figure III : Cartographie -
répartition des segments d'achats des établissements de
santé .13
Figure IV : Les macro-processus de la
fonction achat-approvisionnement 15
Figure V : Les différents
modèles d'organisation achat existants, comparatif
16
Figure VI : Les acteurs de l'achat
hospitalier en France 17
Figure VI : Segments prioritaires pour la
mutualisation 18
Figure VII : Organisation fonctionnelle en
départements achats adaptée aux plus gros GHT
26
Figure VIII : Organisation fonctionnelle en
départements achats adaptée aux plus petits GHT
26
Figure IX : Processus d'achat du SSA
43

I. Introduction :
La planification stratégique à l'hôpital
dans le cadre territorial, vise à distribuer d'une manière
équitable les biens, les services et les ressources aux populations d'un
territoire. Cette démarche s'inscrit dans une politique de planification
sanitaire du territoire destinée à assurer l'efficience du
système de soins et elle doit rendre l'offre de soins accessible
à tous.
La première planification sanitaire importante, au
niveau territorial, est apparue en 1970 par la loi Boulin du 31
décembre, elle crée le Service Public Hospitalier et instaure la
carte sanitaire. A partir des années 1990, notamment par la loi Evin du
31 Juillet 1991, arrive le schéma régional d'organisation des
soins (SROS), établis pour une durée de 5ans et piloté au
niveau régional par les Agences Régionales d'hospitalisation
(ARH). L'hôpital est de fait, ancré dans la dimension
territoriale.
Avec l'apparition de la loi HPST (Hôpital, patient,
santé et territoire) du 21 Juillet 2009, les Communautés
Hospitalières de Territoires (CHT) ont été crée et
l'ARH a été remplacé par l'ARS (Agence régionale de
santé), dont l'objectif étant d'avoir un dispositif de pilotage
unifié au niveau régional. La création des ARS a
également engendré un nouveau dispositif de planification qui
vient renforcer le SROS, il s'agit du projet régional de santé
(PRS).
C'est dans cette perspective de planification sanitaire,
organisée autour du patient que les groupements hospitaliers de
territoire (GHT) sont crées par la loi du 26 janvier 2016 relative
à modernisation de notre système de santé. Il organise la
coopération entre plusieurs établissements publics de
santé afin de proposer une organisation de l'offre publique de soins sur
leur territoire d'implantation, dans le but d'assurer une égalité
d'accès à des soins sécurisés et de qualité.
Cette stratégie de prise en charge passe par la rationalisation et la
mutualisation des modes de gestion des établissements de santé et
se caractérise par une délégation obligatoire de certaines
fonctions des établissements parties (gestion commune du système
d'information, département de l'information médicale de
territoire, fonction achat et la formation) à
l'établissement support.
La fonction achat mutualisée a pour finalité de
faire du GHT l'échelon pertinent pour la mise en oeuvre d'une politique
et d'une organisation des achats des établissements parties au GHT.
En effet, la mutualisation de la fonction achat va permettre
aux établissements de santé de mettre en commun leurs
compétences d'expertes, d'être plus performant dans la
négociation

5
des marchés avec les prestataires, de partager les
bonnes pratiques et d'identifier des pistes génératrices de gains
sur achat au niveau territorial. Cependant, cela nécessite une
organisation rigoureuse et une implication forte des toutes les parties
prenantes d'où toute la problématique liée à cette
fonction d'achat mutualisée obligatoire au sein du GHT et la question
qui se pose est la suivante : Quel est l'impact des GHT sur la fonction
achat hospitalière ?
Dans la première partie, nous allons expliquer la
création des Groupements Hospitaliers de Territoire, leurs objectifs et
ensuite nous ferons un focus sur les textes réglementaires notamment
concernant la fonction achat. Par la suite, dans la deuxième partie,
nous essayerons d'évaluer l'impact des GHT sur la fonction achat
hospitalière et pour terminer, nous allons présenter quelques
retour d'expériences à travers des témoignages et des
benchmarking auprès des entreprises, les services publics de l'Etat,
ayant déjà mis en place une mutualisation de la fonction
achat.
« Ce n'est pas parce que les choses sont difficiles
que nous n'osons pas, mais c'est parce que nous n'osons pas qu'elles sont
difficiles ».
SENEQUE
II. Les enjeux et objectifs de la fonction achat
mutualisée

On constate de plus en plus la professionnalisation
progressive de la fonction achat hospitalière depuis cette
dernière décennie. Cette professionnalisation de la fonction
achat s'est renforcée notamment avec le programme PHARE, fondé
sur l'adhésion de la communauté des acteurs de l'achat, de
partage d'expertises et de bonnes pratiques, a permis de créer une
dynamique largement partagée.
Cette réussite est due à une très forte
implication des acteurs de la fonction achat hospitalière et cela a
permis de générer une performance économique importante,
tout en conservant le même niveau de qualité des soins. De
même, la communauté élargie des acteurs de l'achat, qui
comprend les opérateurs d'achat mutualisés nationaux (Ugap, Uniha
et le Resah) et les groupements d'achat territoriaux, a apporté une
contribution significative aux objectifs d'économies.
Désormais, des organisations et des processus d'achat
nouveaux vont être mis en place à l'échelle des
GHT. La mutualisation de la fonction achat au sein des GHT a pour
objectif de positionner la fonction achat comme une fonction stratégique
des GHT et permet :
? de réunir des établissements
avec une diversité conséquente en ce qui concerne les
niveaux de maturité achat, des organisations et processus achat mis en
place par chaque établissement.
? d'utiliser toutes les expertises existantes
dans l'intérêt commun du GHT et de capter les synergies
entre les établissements du GHT. Un potentiel élevé de
mise en commun de moyens techniques et de processus existe. Il s'agit ainsi de
mutualiser entre les établissements supports et parties des moyens
techniques ainsi que les expertises et ressources rares telles
que la mise en place d'un contrôleur d'achat.
? d'assurer la satisfaction des besoins de l'ensemble
des établissements du GHT notamment ceux liés au
projet médical partagé du GHT tout en
considérant les enjeux liés à la qualité
? de recentrer le rôle de l'acheteur sur les
missions stratégiques de l'achat.
Près de deux tiers des gains sont issus en amont de
l'achat, notamment en renforçant le dialogue entre l'acheteur et le
prescripteur, en mobilisant des leviers de performance via la définition
du juste besoin, l'optimisation des stratégies d'achat,
mais aussi en aval, à travers les retours d'expérience, le suivi
des fournisseurs.

7
? de renforcer les réseaux des acheteurs
hospitaliers.
? de franchir de nouveaux paliers de performance
économique, notamment à travers des actions transverses aux
établissements de préciser les relations avec les
opérateurs d'achat mutualisés afin d'avoir un dispositif
lisible pour les établissements (GHT), attractif pour les industriels et
au final de maximiser la valeur créée pour les
établissements.
III. L'avènement des GHT
Le groupement hospitalier de territoire (GHT) est un nouveau
dispositif issu de la loi de modernisation de notre système de
santé. Il organise la coopération entre plusieurs
établissements publics de santé afin de proposer une organisation
de l'offre publique de soins sur leur territoire d'implantation.
L'idée étant de conduire les
établissements publics de santé d'un même territoire
à se coordonner autour d'une stratégie de prise en charge
partagée avec obligation d'adhésion à un GHT. Ces
groupements hospitaliers de territoire sont responsables de
l'élaboration d'un projet médical unique entre les
établissements publics de santé d'un même territoire, afin
d'orienter l'offre de soins vers la réponse aux besoins de santé
de la population. La mise en oeuvre de ce projet médical unique
nécessite une mise en place commune, d'un système d'information,
de gestion de l'information médicale, de la qualité et de la
sécurité des soins et des achats et de la formation.
Les objectifs principaux de la mise en place des groupements
hospitaliers de territoire (GHT) sont :
? Dans un premier temps, de garantir une égalité
d'accès à des soins sécurisés et de qualité
sur un même territoire. Le territoire doit être le noyau de
l'organisation des établissements publics de santé. On travaille
non plus sur une approche par structure mais par patient, afin de
répondre à cette exigence, il était nécessaire de
mettre en place un projet médical partagé entre les
établissements parties du groupement.
? Dans un second temps, les GHT permettront de répondre
à la concurrence face aux établissements privés. En effet,
une augmentation des coopérations des établissements publics de
santé permettra de mettre en place une stratégie concurrentielle
face aux privés.

8
? Et enfin, pour pouvoir réalisé des
performances économiques, en effet, les GHT vont permettre de
réaliser des économies notamment grâce à la
mutualisation des activités telles que la fonction achat commune, le
système d'information, les écoles et formations ainsi que le
département de l'information médicale.
III.1 Cadres législatifs et réglementaires
:
III.1.1 Cadre législatif :
III.1.1.1 La loi du 26 Janvier 2016
La promulgation de la loi n° 2016-41 du 26 janvier 2016
relative à modernisation de notre système de santé, parue
au Journal officiel du 27 janvier 2016 a permis la création de GHT.
Cette nouvelle organisation a instauré un nouveau mode de
coopération entre les établissements publics à
l'échelle d'un territoire. (Cabinet de Marisol Touraine, 17 mars
2016).
Les GHT viennent remplacement de la communauté
hospitalière de territoire, mise en place par la loi HPST du 21 juillet
2009. (Catherine Calvez, 20 mai 2016).
III.1.1.2 Le décret du 27 Avril 2016
Décret n° 2016-524 du 27 avril 2016 relatif aux
groupements hospitaliers de territoire, parue au journal officiel du 29 avril
2016 est venu poser un cadre d'organisation suite à la création
des GHT.
Le décret vient préciser les règles
d'élaboration :
? De la convention constitutive de GHT,
? La définition du projet médical partagé
des établissements intégrés au GHT,
? Les modalités de mise en place et de fonctionnement des
instances communes,
? Le périmètre des fonctions et activités
gérées par l'établissement support pour le compte
des établissements du GHT.
Tous centres hospitaliers publics de santé, sauf
dérogation, devaient appartenir à une convention de GHT, avant le
1er juillet 2016. Les établissements médico-sociaux publics comme
les EHPAD auront la possibilité d'intégrer un GHT sans
obligation. En revanche, les établissements privés, à but
lucratif ou les ESPIC, ne pourront qu'être partenaires et non membres
à part entière des GHT.
III.2 La convention constitutive :

9
La convention constitutive fait partie des
éléments phares qui composent des GHT. Elle est soumise aux
établissements faisant partis du groupement.
La convention constitutive prévoit la mise en place des
plusieurs instances dont :
· Le comité stratégique du GHT,
· Un collège médical ou d'une commission
médicale de groupement. (Art. R. 6132-9),
· Un comité des usagers ou d'une commission des
usagers de groupement. (Art. R. 613211,)
· Une commission des soins infirmiers, de
rééducation et médicotechniques de groupement (Art. R.
6132-12),
· Un comité territorial des élus
locaux,
· Une conférence territoriale de dialogue social.
(Art. R. 6132-14)
III.2.1 Projet médical partagé :
Le projet médical partagé doit fixer les
objectifs médicaux pour le 1er juillet 2016 et précise
l'organisation par filière d'une offre de soins graduée au1er
janvier 2017. Enfin, le 1er juillet 2017 le projet médical
partagé devra être conforme à l'article R. 6132-3. Le
projet est soumis à l'accord de l'agence régionale de
santé avant la finalisation de la convention constitutive, de plus, ses
objectifs doivent cohérents avec le projet régional de
santé (PRS).
Il projet médical partagé est
élaboré pour une durée maximale de cinq ans,
déterminé avec l'ensemble du corps médical et dans
toujours l'optique de répondre au service public hospitalier.
Le décret définit la stratégie
médicale du GHT, il comprend entre autres :
· « Les objectifs médicaux,
· Les objectifs en matière d'amélioration de
la qualité et de la sécurité des soins,
· L'organisation par filière d'une offre de soins
graduée,
· Les principes d'organisation des activités, au
sein de chacune des filières,
· Les projets de biologie médicale, d'imagerie
médicale, interventionnelle et de pharmacie,
· La répartition des emplois des professions
médicales et pharmaceutiques,
· L'organisation des équipes médicales
communes »
III.2.2 Délégations de compétences
:

10
L'établissement support assure pour le compte des
établissements parties du GHT les fonctions notées à
l'article L6132-3 :
· Le système d'information hospitalier,
· La gestion d'un Département d'Information
Médicalisé (DIM) de territoire,
· La fonction achat,
· La coordination des instituts et des écoles de
formation paramédicales, du plan de formations continue et du
développement professionnel continu (DPC) des personnels.
III.3 Les parties prenantes :
On distingue deux catégories d'établissement en
fonction de leur degré d'appartenance au groupement hospitalier de
territoire :
Les établissements parties :
Tout établissement public de santé doit
appartenir à un GHT sauf dérogation, c'est - à - dire, les
centres hospitaliers universitaires (CHU), les centres hospitaliers, les
établissements publics de santé mentale et les ex-hôpitaux
locaux. De plus, les établissements sociaux et médicaux-sociaux
publics peuvent aussi être des établissements parties aux GHT.
Les établissements partenaires ou
associés :
Certains établissements de santé peuvent
être associés ou partenaires du GHT, ils ne sont pas membres mais
sont liés par le projet médical
partagé.
· Les établissements assurant
une activité d'Hospitalisations A Domicile sont
associés au projet médical partagé,
· Les hôpitaux des armées,
avec l'autorisation du ministère de la défense et l'accord du
directeur général de l'agence régionale de santé
(ARS), peuvent participer au projet médical partagé en tant
qu'associés,
· Les établissements privés
sont partenaires du groupement à titre facultatif,
· Les Centres Hospitaliers Universitaires
(CHU), un GHT doit, impérativement, être associé
à un CHU, dans le but d'assurer les activités
hospitalo-universitaires (enseignement, formation initiale, recherche)

11
? Les établissements publics de santé
autorisés en psychiatrie, ils peuvent être à la
fois membre d'un GHT et associés à un groupement auquel ils ne
sont pas partie

Les établissements publics de
santé
Les établissements ou services
médico-sociaux publics
Les établissements d'HAD «
associés », à titre obligatoire au projet médical
partagé
CHU associé, à
titre obligatoire
GHT
Les établissements privés
« partenaires », à titre facultatif
Hôpitaux des armées «
associés », à titre facultatifs au projet médical
partagé d'un GHT
? Accord du Ministère de la défense
? accord du DG
Etablissements publics de santé
autorisés en psychiatrie «
associés », à titre facultatif au projet médical
partagé d'un GHT dont ils sont partenaires
? Accord du DG de l'ARS
Figure I : Organigramme récapitulatif des
acteurs d'un groupement hospitalier de territoire (source : [ligne]
www.cneh.fr/media/1696/ght-conseil.pdf)
III.4 Le financement :
La mise en place des GHT est accompagnée
financièrement par un montant de dix millions
d'euros.
Cette somme est distribuée, d'une part aux
opérateurs nationaux, afin de financer la prise en charge de travaux et
prestations relatifs aux GHT (exemple le marché national d'appui
opérationnel, porté juridiquement par UNIHA) et d'autre part, des
délégations régionales de crédits aux ARS,
reversés par l'intermédiaire des établissements supports
de GHT, via des aides à la contractualisation.
Une solidarité budgétaire et de
trésorerie doivent être également mises en place afin de
rendre viable à long terme le projet. En effet, un projet médical
commun et les activités mutualisées pourront que mieux être
établis si une entraide et un partage des finances sont
instaurés. De plus, il prévoit de constituer un budget annexe
pour les activités gérées par l'établissement
support.
II.5 Le calendrier :
Création des GHT
|
|
? Le projet médical partagé identifie les
filières de prise en charge des patients
|
? Convention constitutive
? Projet médical partagé : définit les
orientations
|
|
|
? Le plan d'action d'achats est élaboré
|
|
Janvier 2016
Loi de modernisation de la Santé publiée au J.O.
le 27 janvier 2016.
|
|
Juillet 2016
Janvier 2017
Janvier 2018
Le schéma directeur du système d'information est
formalisé
|
|
Janvier 2020
? La certification : compte qualité unique pour le GHT
|
|
Janvier 2021
Tous les membres du GHT ont convergé vers le même
Système d'information
|
|

12
Figure II : Calendrier de la mise en place des
GHT
IV. Présentation de la fonction achat
hospitaliere :
IV.1 Principaux chiffres :
« Les achats hospitaliers représentent 18
milliards d'euros (en exploitation) en dépenses annuelles. Il s'agit du
2ème poste de dépenses dans un établissement après
la masse salariale : à titre de comparaison, ce montant est
l'équivalent des achats de l'Etat, à hauteur de 17 milliards
d'euros, hors armement »1. Le périmètre des
achats d'exploitation comprend aussi bien les achats de produits de
santé que ceux de fournitures d'atelier ou encore les achats d'interim.
Les dépenses d'un établissement MCO peuvent être
réparties en 17 segments d'achat dont le poids

relatif serait le suivant (données basées sur un
échantillon d'une quarantaine d'établissements)
:

Figure III : Cartographie - répartition
des segments d'achats des établissements de santé
(Source RESAH)
IV.2 Périmètre traité :
La direction achat n'a pas vocation à décider
de l'ensemble des achats passés dans un établissement ou un
groupe d'établissements, le responsable de la fonction achats n'ayant
pas l'expertise métier sur l'ensemble des segments. Néanmoins, le
périmètre des achats hospitaliers doit inclure l'ensemble des
biens et services acquis par l'établissement ou le groupe
d'établissements ainsi que les concessions de service. A l'heure
actuelle, ce degré de maturité de la fonction achats est loin
d'être acquis. Dans la plupart des centres hospitaliers la fonction
achats est encore cantonnée à la Direction des Services
économiques voire à l'économat, sans être reconnue
comme une direction ou une fonction à part entière.
La mise en oeuvre du programme Phare depuis 2012 a
néanmoins permis d'entamer une profonde transformation des achats
hospitaliers et a contribué à redonner ses lettres de noblesse
à une fonction en mal de reconnaissance, notamment en encourageant les
établissements à instaurer un responsable achat unique,
véritable animateur transversal de la fonction achat.

IV.3 Processus achat :
La fonction achat-approvisionnement recouvre un
périmètre assez large, pouvant être décliné
en 4 macro-processus présentés sur le schéma ci-dessous
:

Figure IV : Les macro-processus de la fonction
achat-approvisionnement (source : Resah)

15
IV.4 Différents types d'organisations achats
dans les hôpitaux :
Les modalités d'organisation de la fonction achat sont
multiples. Elles peuvent être modélisées en deux
catégories : l'organisation centralisée et l'organisation
décentralisée. L'organisation mixte est un mélange entre
ces deux types.
Organisation centralisée
Un organisme, une direction ou un service assure la
responsabilité de la plupart des achats et des fonctions liées
aux achats.
|
|
Organisation décentralisée
La fonction achat ne forme pas une direction ou un service
unifié mais est « éclatée » /
disséminée auprès de chaque direction métier ou
chaque site.
Organisation mixte
Certains achats sont centralisés et d'autres non.
|
|
La fonction est achat est rattachée à la direction
générale.
|
|
Les acheteurs sont rattachés à chaque direction
métier ou auprès de chaque entités/sites
|
Elle est indépendante des autres directions
opérationnelles.
|
|
|
Transversalité de la fonction achat.
|
|
Meilleure compréhension des enjeux des utilisateurs par
les acheteurs et une meilleure réactivité.
|
Procesures et outils homogénéisés
(documents types, tableaux de bords, référentiels).
Permet une vision globale des achats et favorise la
massification.
|
|
|
Meilleure implication des prescripteurs dans l'acte d'achat.
|
La fonction achat n'est pas vue comme un partenaire mais un
« fournisseur interne »
|
|
Difficulté à mettre en place et appliquer une
Politique Achats commune et la conception de stratégies Achats
globales.
|
Eloignement des acteurs de la fonction achat du terrain et des
besoins des utilisateurs
Difficultés des prescripteurs à prendre conscience
et à investir leur rôle
Lourdeur administrative
|
|
|
Une partie des acheteurs font partie de la direction des achats
elle-même rattachées à la direction générale
tandis que d'autres acheteurs sont rattachés aux directions
métiers.
Permet d'adapter
l'organisation des achats en fonction de la
spécificité ou criticité des produits ou services. Exemple
: centraliser les achats stratégiques (investissements lourds) et
décentraliser la gestion des achats plus récurrents facilement
mutualisables.
Définir le bon degré de centralisation /
décentralisation pour chaque type d'achat et être en mesure de
questionner cette répartition.
|
|

Définition
Rattachement des acheteurs
Avantages
Risques

16
Figure V : Les différents modèles
d'organisation achat existants, comparatif
IV.5 Paysage des achats hospitaliers :
Sur le territoire français, les acteurs interviennent
sur l'achat hospitalier à différents niveaux de stratégie
et de géographie. On distingue 3 grands types d'acteurs
hospitaliers : l'échelon institutionnel, au niveau du
Ministère de la Santé et de ses services
déconcentrés que sont les

17
Agences Régionales de Santé, l'échelon
opérationnel, national, régional, ou infra-régional, que
composent les différents opérateurs d'achat mutualisé, et
l'échelon hospitalier, regroupant les fonctions achat de chaque
établissement de santé.
On pourrait assimiler le paysage de l'achat hospitalier
à une organisation mixte : une partie des achats est
réalisée au niveau des établissements eux-mêmes, une
autre partie est déléguée à des opérateurs
à une maille plus large. Ceci s'intègre néanmoins dans le
cadre d'établissements de santé ayant chacun leur autonomie de
décision.

Figure VI : les acteurs de l'achat hospitalier
en France
L'échelon institutionnel
Au niveau institutionnel, le Ministère de la
Santé organise et appuie les dispositifs d'achat menés par les
opérateurs et les établissements de santé. Il ne
réalise aucun achat et n'intervient aucunement sur les mécanismes
de fixation des prix. Il a mis en place un programme national sur les achats,
le programme PHARE (Performance hospitalière pour des achats
responsables). Celui-ci, porté par une équipe projet
intégrée à la Direction Générale de
l'Organisation des Soins (DGOS), définit les lignes stratégiques
d'orientation des achats et des approvisionnements hospitaliers, les objectifs
de gains attendus sur les achats par les établissements de santé,
et met à disposition les méthodes et outils pour les atteindre.
En relais, les Agences Régionales de Santé (ARS) sont
chargées de la diffusion des éléments proposés par
le programme PHARE en région. Pour ce faire, elles ont nommé en
leur sein des chargés de mission achat.
Les opérateurs de mutualisation
Au regard de ces orientations, les achats sont
réalisés par différents opérateurs :

? Les opérateurs de mutualisation réalisent des
marchés communs entre des établissements de santé, ou
mettent à disposition des marchés via un dispositif de centrale
d'achat. Ceux-ci peuvent être organisés au niveau national -
notamment UniHA, qui mutualise les achats des CHU et des gros CH, et UniCANCER
Achats, qui mutualise les achats des CLCC-, ou au niveau régional -
comme les groupements d'achat régionaux qui mutualisent les achats des
établissements de santé de la région.
? Les fonctions achat des établissements, qui font
l'interface entre les utilisateurs et les opérateurs de mutualisation
pour les achats mutualisés, et réalisent les achats non
mutualisables directement pour leur établissement.
Certains segments ont été définis comme
prioritaires à la mutualisation par le Ministère de la
Santé. Le tableau ci-dessous en fait la synthèse.

Figure VII : Segments prioritaires pour la
mutualisation (source : DGOS - programme PHARE, janvier 2014)
Les opérateurs de mutualisation peuvent utiliser deux
supports juridiques : le groupement de commande, et la centrale d'achat. Le
fonctionnement en centrale d'achat est le plus souple. Les paragraphes suivants
en détaillent le fonctionnement et son illustration sur quelques
opérateurs.
Une Centrale d'Achat va tout d'abord référencer
un certain nombre de produits en négociant des tarifs avantageux
auprès des fournisseurs et ce n'est qu'à l'issue de ce
référencement que
les établissements vont pouvoir demander une «
mise à disposition ». Les établissements ont donc une
certaine liberté concernant la date de début de leur
adhésion. Il n'est pas nécessaire de s'engager sur des
quantités précises, cela en fait donc un outil
particulièrement adapté à l'acquisition de solutions
innovantes. En effet, cela permet pour un produit donné d'obtenir un
niveau de qualité minimum avec un prix plafond fixé à
l'avance.
V. Impact de la mise en place des groupements
hospitaliers de territoire sur la fonction achat hospitalière :
V.1 Cadre juridique de la mutualisation de la fonction
achat :
V.1.1Transfert de compétences au profit de
l'établissement support :
L'article du code la santé publique (L 6132-3 3)
précise que «l'établissement support désigné
par la convention constitutive assure (..) pour le compte des
établissements partie au groupement [ ... ] la fonction achats ».
Pour cette fonction, c'est le directeur de l'établissement support qui
exerce, par dérogation, les compétences d'un chef
d'établissement (L. 6143-7 CSP).
La fonction achat mutualisée comprend
les missions suivantes1 :
? L'élaboration de la politique et des
stratégies d'achat de l'ensemble des domaines d'achat, ? La
planification et la passation des marchés,
? Le contrôle de gestion des achats.
Il est également prévu qu'un plan d'action des
achats (PAA) du groupement hospitalier de territoire soit élaboré
pour le compte des établissements parties au groupement.
V.1.2 Le champs d'application de la fonction achat
mutualisée :
La fonction achat mutualisée de GHT, concerne, tous
les types de procédures d'achat (appels d'offres,
dialogue compétitif, marché à procédure
adaptée,...), tous les types de contrat sont
traités (accord-cadre, marché à bons de commande,...). La
fonction achat de GHT traite également l'ensemble du
périmètre d'achat qu'il soit en exploitation
(produits de santé,

19
1 GHT Vademecum, (page consulté le
02/03/2017), en [ligne].
http://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/ght_vademecum.pdf
· L'identification et l'opportunité du
besoin : établissement partie au GHT
· L'analyse et la consolidation des besoins
: établissement support du GHT
· L'élaboration de la politique
d'achat et des stratégies d'achat : établissement support du
GHT
· La passation du marché :
établissement support du GHT
· L'exécution du marché :
établissement partie au GHT hors avenant des futurs
marchés

20
prestations et petits matériels biomédicaux,...)
ou en investissement (travaux, équipements biomédicaux
lourds,...) et toutes les familles d'achat sont
concernées.
Processus achat :
· Préparation du
marché, l'identification et l'opportunité du
besoin, relève de chaque établissement partie au GHT. En effet,
l'identification des besoins est réalisée en lien avec les
prescripteurs concernés, par domaine d'achat. Chaque
établissement partie se prononce donc en opportunité sur ses
besoins qu'il a la charge d'exprimer.
· Passation du marché,
toutes les phases de passation du marché sont assurées par
l'établissement support au compte des établissements parties d'un
même GHT. Ces phases concernent :
o La consolidation de l'ensemble des besoins,
o L'élaboration de la stratégie d'achat,
o La rédaction du dossier de consultation des
entreprises (DCE),
o La mise en concurrence,
o L'analyse des offres, la sélection, le choix du
fournisseur et la notification du marché.
· Exécution du
marché, toutes les phases d'exécution (sauf les
avenants) sont assurées, par chaque établissement partie et
couvrent :
o La gestion et émission des commandes passées
au titre des marchés,
o La vérification du service fait,
o La liquidation et le mandatement des factures relatives aux
prestations accomplies
o Le traitement de 1er niveau des litiges concernant les
commandes (interfaces avec clients internes soignant et exploitant,
échanges avec fournisseurs...).
o La clôture des marchés,
o La mise en oeuvre éventuelle des garanties courant
après la clôture d'un marché
La répartition des compétences concernant les
processus achat peut être résumée de la manière
suivante :

21
V.1.3 Modalités de recours aux achats groupés
dans le cadre d'un GHT
Les groupements de commande ont pour objectif de faciliter la
mutualisation des procédures des marchés et permet de
réaliser des économies sur les achats. Par conséquent, ils
font l'objet d'une convention constitutive, signée par leurs membres qui
définit les modalités de fonctionnement du groupement. Cette
convention confie au coordonnateur le soin d'assurer au nom et pour le compte
des autres établissements, la passation du marché ainsi que
certaines missions liées à l'exécution.
A partir du 1er janvier 2018,
l'établissement support sera la seule entité compétente
pour décider et mettre en oeuvre, le recours à un groupement de
commandes qui est une décision de stratégie
d'achat. Autrement dit, c'est l'établissement support qui sera
habilité, pour le compte de chaque établissement partie au GHT
:
? à signer des conventions constitutives de groupement de
commandes
? à signer des avenants à ces conventions
constitutives de groupement de commandes ? à dénoncer les
conventions constitutives de groupement de commandes.
Cependant, l'établissement support peut en effet
permettre à un ou plusieurs des établissements partie du GHT de
rejoindre des groupements de commande existants, ou de s'en retirer.
V.2 L'impact juridique de la fonction achat
mutualisée :
Avant la mise en place des GHT, en matière de la
fonction achat, les établissements publics de santé restent des
pouvoirs adjudicateurs au sens large de l'Ordonnance de 2015.
C'est-à-dire que les établissements ont l'obligation, de
définir eux même leurs besoins, de respecter les règles de
la commande publique et de procéder aux achats (passation des
marchés) nécessaires à la satisfaction de ces besoins, on
parle de la fonction achat linéaire.

Expression de
b i
Passation des
hé
Signature et E é ti
Or, aujourd'hui, avec le transfert obligatoire de
compétence au profit de l'établissement support du GHT,
crée une situation unique pour les établissements parties puisque
la compétence se
trouve fragmentée entre deux entités juridiques
distinctes, d'un coté l'établissement partie et d'un autre
l'établissement support.
Cette fragmentation de la mise en oeuvre de la commande
publique pourrait avoir des conséquences pour les établissements
parties au GHT :
La frontière du transfert de
compétence au profit de l'établissement support :
aujourd'hui, il est difficile de déterminer avec précision la
limite du transfert de compétence, puisque les textes ne
précisent pas tout. A titre d'exemple, il a été dit que
l'expression du besoin relève de la compétence de chaque
établissement partie au GHT, cependant l'analyse et la consolidation des
besoins sont assurées par l'établissement support. Cette
étape d'analyse des besoins pourrait contraire un établissement
partie à adapter ses besoins par rapport à l'ensemble du GHT,
dans l'optique d'une harmonisation des besoins.
Le traitement des contentieux : le
transfert de la passation des marchés à l'établissement
support, emporte au même titre, le transfert de la responsabilité
à l'établissement support à traiter les litiges
(contentieux) accomplis à cette occasion. En d'autres termes, en cas de
contentieux entre un établissement partie du GHT et le prestataire,
c'est l'établissement signataire du marché qui intervienne
à l'occurrence l'établissement support. Là encore on peut
se poser la question quant au délai de traitement de ces litiges, car il
va falloir remonter des informations nécessaires afin que
l'établissement support puisse intervenir auprès du
fournisseur.
Quoi qui arrive, le transfert de compétence lié
à la passation des marchés entrainera nécessairement des
situations complexes en cas de difficultés rencontrées en cours
d'exécution résultant d'erreur ou d'omission lors de la
procédure de consultation dont la rédaction incombe
désormais à l'établissement support.
Gestion des achats urgents (hors
marchés) : la fonction achat mutualisée traite
l'ensemble de périmètre d'achat (travaux, fournitures et
services)2 du GHT, y compris un besoin spécifique d'un
établissement partie, ce qui veut dire que même pour
répondre à un besoin urgent, l'établissement partie est
contraint de passer par l'établissement support qui est le seul
compétent à passer le marché.

22
2 Guide méthodologique - la fonction achat
des ght. (page consultée le 07/04/17), [en ligne].
http://www.hospimedia.fr/

Le groupement des commandes :
désormais, le recours au groupement de commandes se trouve
particulièrement limité voire impossible pour un
établissement partie, comme on l'a vu, puisque les établissements
parties ne peuvent plus organiser de procédure de passation et doivent
obligatoirement confier à l'établissement support cette
passation. Sachant que certains établissements parties sont
coordinateurs historiques de groupement des commandes depuis plusieurs
années.
A ceux-ci, s'ajoute également le fait que le GHT ne
dispose pas de la personnalité morale, on s'interroge quant à
l'autorité de l'établissement support sur les
établissements parties du GHT. Juridiquement l'établissement
support n'a pas d'autorité administrative sur les établissements
supports. En effets si on se base sur les textes, aujourd'hui,
l'établissement support ne pourra rien imposer à un
établissement partie qui ne souhaitera pas participer à la
fonction achat commune du GHT.
V.3 Recommandations des modalités d'organisation
possibles :
La mutualisation de la fonction achat a pour finalité
de faire du groupement hospitalier de territoire (GHT) l'élément
pertinent pour la mise en oeuvre d'une politique et d'une organisation des
achats des établissements parties.
Du fait de la diversité, en termes de nombre
d'établissements d'un GHT, leur dispersion géographique, la
qualité de leurs processus d'achat, le niveau de professionnalisation de
leurs équipes, leur volume d'achat, la maturité d'achat,
l'historique de leur implication au sein des opérateurs d'achat
mutualisés, empêche toute tentative d'un modèle
d'organisation unique de la fonction achat mutualisée des
GHT.
D'après les textes juridiques évoqués
précédemment, seul le chef de l'établissement
support dispose la compétence de signer les marchés dans
le cadre de la fonction achat commune des GHT ou de toute personne qui
bénéficie d'une délégation de signature de sa part.
Par conséquent, pour bénéficier de cette
délégation de signature, la personne doit être
placée sous l'autorité du chef de l'établissement
support. Il relève de la responsabilité du chef de
l'établissement support d'identifier les personnes devront
bénéficier d'une délégation de sa signature.
Il est nécessaire de préciser que dans la
fonction achat des GHT, il ne peut avoir qu'une seule équipe de
la fonction achat quels que soient la localisation géographique
des agents et leur rattachement à l'établissement support.

En fonction de contexte de chaque GHT, il peut y exister
deux principaux types d'organisations possibles :
Organisation pyramidale :
plus souple en termes de gestion sur le plan opérationnel, dans ce type
d'organisation les liens hiérarchiques sont clairement définis,
pas de litige sur la disponibilité des agents à gérer.
Dans cette configuration, les acheteurs sont affectés
à temps complet à la fonction achat. Soit ces
acheteurs continuent d'être rattachés à leur
établissement partie, soit ils sont affectés à
l'établissement support par la voie d'un changement
d'établissement ou d'une mise à disposition. Sur le plan
opérationnel, leur encadrement est assuré par le
référent achat de l'établissement partie concerné
dont lui-même étant sous l'autorité du directeur des achats
de l'établissement support.
Ce type d'organisation est plutôt adapté pour les
GHT de grandes tailles.
Organisation matricielle :
ce type d'organisation est plutôt préconisée pour des
petits établissements car il sera difficile de dédier des agents
à temps complet à la fonction achat alors qu'ils sont
historiquement polyvalents, entre les fonctions achat, logistique,
approvisionnement.
Dans ce contexte les acheteurs sont dédiés
à temps partiel à la fonction achat. Ils restent
employés et affectés dans leur établissement partie. Dans
le cadre opérationnel de la fonction achat du GHT, ils sont
encadrés par le référent achat de l'établissement
partie concerné dont lui-même est placé sous
l'autorité du directeur des achats de l'établissement support.
Afin de simplifier les relations, il est préférable que le
référent achat de l'établissement partie, soit par exemple
un directeur des services économiques (DSE) dont tous les agents
dédiés à la fonction achat de son établissement,
soient directement sous son autorité hiérarchique.
V.3.1 Composition type de l'équipe rapprochée
du directeur des achats
Compte tenu des impératifs de coordination de la
fonction achat en mode multi-établissements, la nécessité
d'harmonisation des méthodes achat, de pilotage des processus, de
sécurisation des affaires, il est recommandé de mettre en place
une équipe rapprochée du directeur des achats dont la composition
pourrait être de manière suivante :
? Les responsables de départements achats ? Les
référents achat d'établissement ? La cellule juridique des
marchés

25
? Le contrôleur de gestion achat
? L'assistant maîtrise d'ouvrage du système
d'information achat (AMOA SI-Achat).
V.3.2 Organisation en départements d'achat
L'organisation fonctionnelle en départements d'achat
est l'une des modalités d'organisations la plus efficiente que l'on peut
rencontrer dans les fonctions achats mutualisées et qui pourrait
être éventuellement transposée à la fonction achat
des GHT.
Les départements d'achat suivent une logique de
découpage fonctionnel et leur nombre peut varier en fonction de la
taille du GHT, du nombre d'établissements ou du volume d'achat et du
nombre d'acheteurs le composant.
On peut distinguer deux types d'organisation fonctionnelle en
départements : la première plus adaptée aux plus gros GHT
est plus détaillée où des filières d'achat
pourraient être rattachés à certains départements
(cas 1) ; la deuxième, plus adaptée aux petits GHT sera
structurée autour de deux départements principaux : le
département produits de santé et le département produits
non médicaux (cas 2).
Cependant, il peut avoir une variété des
déclinaisons possibles entre ces deux organisations en fonction des
choix organisationnels et des spécificités de chaque
groupement.

Figure VII : Organisation fonctionnelle en
départements achats adaptée aux plus gros GHT


Figure VIII : Organisation fonctionnelle en
départements achats adaptée aux plus petits GHT
Rôles des responsables de départements
:
? rôle d'encadrement opérationnel des acheteurs
de leurs familles d'achat.
? pilotage de production des marchés (planning, gestion
de la charge des agents, proposition de stratégies d'achat,...).
? Rôle de garantir la sécurité juridique
et la performance économique sur leur périmètre
vis-à-vis du directeur des achats.
? Rôle de pilotage des achats d'une ou plusieurs
familles de biens ou de services, en cohérence avec la stratégie
achat du groupement et en s'appuyant sur une équipe d'acheteurs «
famille ».
Il est conseillé que le responsable de
département d'achat soit placé sous l'autorité du
directeur des achats du GHT afin de simplifier la gestion
hiérarchique.
V.3.3 Les référents achats et les
délégations de signature :
La fonction achats peut reposer également sur des
référents achats dans les établissements
parties. Tout comme les responsables de départements d'achat, les
référents achats pourront être placés sous
l'autorité du chef de l'établissement support, mais placés
géographiquement dans un établissement
partie.
Rôles des référents
achats :

? Le référent achat de l'établissement
partie contribue au pilotage de la production des marchés en liaison
étroite avec tous les responsables de département.
? Il veille à l'expression préliminaire des
besoins par l'établissement partie concerné, en amont de la
passation des marchés
? Il pilote en proximité avec les acheteurs
concernés l'instruction des marchés spécifiques de son
établissement partie (marchés subséquents, marchés
spécifiques,...).
? Il est l'interlocuteur privilégié de la
fonction achat commune entre l'établissement support et son
établissement partie notamment pendant la phase de l'expression des
besoins en amont et la phase d'exécution des marchés en aval.
? Il pourra également, dans un but d'efficacité
et de fluidité des circuits de signature, signer les marchés
à procédure adaptée (MAPA) ou les appels d'offres (AO)
répondant exclusivement aux besoins de l'établissement partie
duquel il relève par le bien d'une délégation de signature
qu'il a bénéficié du chef de l'établissement
support.
Il est recommandé que le référent achat
d'un établissement partie bénéficie qu'une
délégation de signature sur les marchés spécifiques
de l'établissement partie concerné tels que : des marchés
subséquents, marchés répondant à un besoin
spécifique de l'établissement partie,...
Délégations de
signature :
Le directeur de l'établissement support peut
opérer des délégations de signature à certains
membres de la fonction achat afin de simplifier la fluidité du processus
de notification des marches.
La mise en place d'une délégation de signature
est recommandée au moins aux membres l'équipe rapprochée
du directeur de la fonction achat.
Cependant, le directeur de l'établissement support peut
également déléguer sa signature à d'autres agents
de la fonction achat, à condition que ces agents soient directement
employés par l'établissement support ou mise à disposition
de celui-ci.

V.5 Recommandations de la gouvernance de la fonction
achat :
Du fait de la diversité des acteurs de l'achat et de
leur dispersion géographique entre établissements support et
parties, il est recommandé de piloter la fonction achat en mode
projet et de mettre en place une instance pérenne de
coordination opérationnelle et stratégique : le
Comité de Coordination Achat.
Le comité de coordination achat pourrait se
réunir plusieurs fois par an et aurait pour mission de mettre en oeuvre
la feuille de route stratégique achat, de piloter et coordonner les
principaux axes de la fonction achat, à savoir :
· la mise en place de la politique achat du GHT,
· le suivi de la feuille de route pluriannuelle de la
fonction achat mutualisée,
· le pilotage de la performance et du reporting achat,
· la production opérationnelle des marchés et
la gestion de la convergence des marchés
· la mise en place de la fonction achat cible,
· Suivre l'avancement du Plan d'Actions Achats (prise de
décision sur nouvelles actions à mettre en place,
· Suivre et analyser le tableau de bord de la fonction
achat,
· Analyse des points critiques,
· Décision sur actions correctives,
· Suivre l'avancement de la feuille de route de
convergence des marchés du GHT,
Il est précisé que la convergence des
marchés1 sera initiée le 1er janvier 2017 avec un
objectif de convergence des marchés au 31 décembre 2020. À
cette échéance, tous les marchés actifs auront pu
être instruits par la fonction achat mutualisée du GHT.
Le comité de coordination des achats pourrait
éventuellement assurer le lien vers le comité stratégique
GHT auquel il présente les principales orientations de la fonction
achat, sa feuille de route opérationnelle et les actions et
évolutions clés de la fonction achat.
V.6 L'impact sur les ressources humaines et
économiques :
Il est évident que la mise en place de la fonction
achat commune puisse engendrer des impacts conséquents notamment au
niveau de la ressource humaine.
En effet, l'éclatement des plusieurs directions
locales en une direction commune au sein du GHT, a permis :
·

de réduire considérablement le nombre d'ETP
(équivalent en temps plein) affecté à la fonction achat,
d'où la réalisation des économies budgétaires,
· de bénéficier des expertises au sein de
chaque établissement du GHT,
· la montée en compétence des acteurs de
la fonction achat,
Cependant, ces impacts n'ont pas que des effets positifs, ils
ont également une portée négative, notamment :
· sur la question de devenir des directeurs d'achat des
établissements parties, qui perdent logiquement leur grade de directeur
car il ne peut avoir qu'un seul directeur d'achat au niveau GHT.
· des inconvénients liés à la
mobilité, des agents rattachés ou mis à disposition,
géographiquement, auprès de l'établissement support,
· les turnovers ou de changement de poste des acteurs de
la fonction achat qui sont souvent à l'origine des démissions.
La mise en place de la fonction achat commune entrainera
également un impact économique majeur pour les GHT, d'une part,
à grâce à une réduction de nombre des agents
lié à la fonction achat et d'autre part, à grâce aux
leviers de gains sur achat notamment, la massification des besoins (effet
volume ce qui entraine une réduction des prix sur achat).
Néanmoins, si la fonction achat commune est une source
génératrice des gains pour les GHT, elle en est de moins pour les
petites et moyennes entreprises (PME), qui ne seront pas forcement en
capacité de répondre aux besoins exprimés par le GHT
à cause de l'effet volume, car on ne parle plus d'un besoin
exprimé par établissement mais plutôt par le GHT.
VI. Travail d'investigation :
VI.1 Méthodologie de l'enquête :
VI.1.1 Le choix de l'entretien :
Tout d'abord il est indispensable de préciser que j'ai
choisi la méthode par entretiens en présence physique dans la
mesure où il s'agit du type d'enquête qui permet le recueil
d'informations particulièrement adaptées pour investiguer un
sujet peu connu voire même méconnu dans le milieu hospitalier mais
également de recueillir le sens que les acteurs de la

fonction achat donne à leurs métiers, leur
système de valeurs et la lecture qu'ils ont de leur propres
expériences.
Ensuite, il m'est paru nécessaire voire
impératif d'effectuer deux types d'entretiens afin de répondre
à deux problématiques.
En effet, dans le cadre de ce mémoire, il me semble
indispensable de savoir « Quel est l'impact des GHT sur la fonction achat
hospitalière ? »
? La mise en place de la fonction achat commune dans le cadre
des GHT, a engendré un changement radical des pratiques ordinaires de la
fonction achat hospitalière, notamment avec le transfert des
compétences des établissements parties du GHT au profit de
l'établissement support. A partir du 1er Janvier 2018, ce
dernier sera le seul compétent à signer des marchés.
Quelle organisation type mise en place face à ce changement ? Quel
accompagnement au changement ? Quel avenir pour les acteurs de la fonction
achat des établissements parties ?
? La fonction achat mutualisée étant encore un
sujet nouveau dans les hôpitaux, il était nécessaire
d'avoir un retour d'expériences des structures (les services publics de
l'Etat, les collectivités territoriales, les opérateurs
économiques, les entreprises publiques et privées...) qui ont
déjà mis en place une mutualisation de la fonction achat afin que
les GHT puissent en tirés profit.
Ainsi, il m'est paru judicieux d'élaborer deux types
de guide d'entretiens semi directifs (entretien I et entretien II) :
? Le premier (entretien I), destiné aux acteurs ayant
une expérience sur la mutualisation de la fonction achat, notamment les
directeurs des achats qui ont une vision plus large et un esprit plus critique.
Ces derniers pourront, d'une manière objectivée, faire une
analyse entre la situation avant et après la mise en place de la
fonction achat mutualisée, savoir également quelle p-value
apportée par la fonction achat mutualisée.
? Le deuxième (entretien II), est plutôt
destiné aux acteurs de la fonction achat hospitalière, aux
juristes des marchés publics au sein des hôpitaux, aux
opérateurs économiques, aux chargés de mission de la
DGOS,...afin d'avoir leurs sentiments, sur la nouvelle fonction achat commune
des GHT, les textes juridiques notamment concernant la passation obligatoire
des marchés par l'établissement support.

Cette méthodologie permet notamment de disposer,
à travers ces deux types d'entretiens, de retour d'expériences
riches avec des connaissances, des représentations et des
positionnements différents.
Le choix de type d'entretien employé a
été celui de l'entretien semi-directif, dans la mesure où
les personnes interviewées se voient accorder un espace
d'échanges tout en étant guidé à travers des
thèmes, ce qui permet une plus grande spontanéité et une
liberté d'expression.
VI.1.2 Les personnes sollicitées :
Dans le cadre des entretiens I, 5 personnes ont
été sollicitées dont :
· le directeur d'achat d'un groupement de
coopération sanitaire de 3 établissements ayant mis en place une
fonction achat mutualisée depuis 3ans,
· un représentant de la fonction achat des
Services de santé des armées,
· une chef de projet de la fonction achat, à la
cci du ministère de la défense,
· le responsable de la fonction achat d'un EPCI
(établissement public de coopération intercommunal),
· le directeur d'achat d'un GHT
Ces entretiens sont faits principalement par présence
physique sur une durée moyenne de 1h. Concernant les entretiens II, j'ai
sollicité 7 personnes à savoir :
· deux juristes des marchés publics dans les
établissements publics de santé,
· le responsable des achats au Resah (réseau des
acheteurs hospitaliers),
· deux fournisseurs dont l'un au niveau national et l'autre
au niveau local (PME),
· un chargé de mission au niveau de la DGOS,
· un directeur des achats dans un CHU,
VI.1.3 Le déroulement des entretiens :
J'ai adopté la même procédure pour
l'ensemble de mes entretiens à savoir :
· une demande d'entretien par mail (cf. annexe 1) en
précisant le cadre de ma recherche, les thèmes abordés
afin que la personne interviewée puisse de préparer en avance, la
durée moyenne de l'entretien,...
·

Lors de l'entretien :
o se présenter,
o Définir le contexte et l'objectif de ma recherche,
o Prévenir les personnes qu'elles seront
enregistrées pendant l'entretien, cette méthode m'a permis
d'être beaucoup plus à l'écoute que sur mes prises de
note,
o Rappeler que leurs expériences et leurs
connaissances sont fondamentales pour cette étude.
o Demander la fonction de la personne interviewée afin
de débuter l'entretien.
Entretiens I :
L'ensemble de ces entretiens s'est déroulé en
face à face, tôt le matin ou enfin de journée car les
personnes sollicitées n'avaient des disponibilités qu'à
ces tranches d'horaires.
Bien évidemment, certains entretiens ont
été systématiquement reportés dus à des
imprévus, donc c'est dans un climat serein que les entretiens ont
été réalisés.
Entretiens II :
Une partie importante de ces entretiens est
réalisée lors de mes déplacements en mission dans le cadre
de mon stage au Resah. Car l'une des mes missions était d'accompagner
les établissements de santé à mettre en place leurs plan
d'actions achat territoriale dans le cadre de la fonction achat commune des
GHT.
VI.1.4 Les thèmes des entretiens :
Les thèmes retenus à l'élaboration du guide
d'entretien semi-directif sont : Pour les entretiens I (cf. annexe
1) :
· L'organisation de la fonction achat mutualisée
mise en place,
o Ses avantages et ses inconvénients,
o Impacts RH
· Les étapes clés à la mise en place
d'une mutualisation de la fonction achat,
· Les facteurs clés de succès de la fonction
achat mutualisée,
· Les points à risques de la mise en place de la
fonction achat commune,
o Les solutions envisagées ou mises en oeuvre afin de
sécuriser ces points à risques
· L'accompagnement au changement,

? Les indicateurs à mettre en place afin de poursuivre la
performance de la fonction achat
commune.
Pour les entretiens II (cf. annexe 2)
:
? Impacts liés aux textes juridiques de la fonction
achat commune des GHT, ? Impacts RH (ressources humaines),
? Impacts économiques
o Le coût lié à la mise en place de la
fonction achat commune,
o L'avenir des PME (petites et moyennes entreprises)
VI.1.5 Les avantages et les limites des entretiens :
Les avantages :
Comme cela a été évoqué
précédemment (dans la partie déroulement des entretiens),
préalablement aux entretiens, j'ai pris la décision de soumettre
le questionnaire du guide d'entretien à l'ensemble des personnes
interviewées afin qu'elles puissent, s'imprégner du sujet et s'y
préparer au mieux. Cependant, j'ai pris le soin de préciser que
ce questionnaire les sert juste de guide mais l'objectif étant d'avoir
des échanges plus ouverts.
Bien évidemment, ce procédé constitue un
avantage dans la mesure où l'entretien peut être
préalablement préparé par la personne interviewée
et le caractère semi ouvert l'entretien permet également
d'aborder un élément important non mentionné dans le
guide.
L'un des avantages a été également de
privilégier les entretiens physiques plutôt que les entretiens
téléphoniques, dans le sens où la personne en face se
délivre beaucoup plus.
Les inconvénients :
L'un des inconvénients est lié aux entretiens
téléphoniques dans la mesure où la relation
interpersonnelle est assez limitée. Dans ce type de
procédé on rencontre également d'autres difficultés
notamment des problèmes techniques et la difficulté d'être
à la fois à l'écoute et la prise de note.
VI.2 Synthèse des résultats :
VI.2.1 Les entretiens I :

? L'organisation de la fonction achat mutualisée :
o Aujourd'hui il n'existe pas un modèle unique
d'organisation, de la fonction achat commune, considéré comme le
modèle idéal.
o Chaque modalité d'organisation est adaptée en
tenant en compte de plusieurs paramètres (la taille de la structure, la
culture et le niveau de maturité d'achat de chaque établissement,
les ressources disponibles notamment les moyens logistiques)
? Les étapes clés à la mise en place d'une
mutualisation de la fonction achat :
o La communication entre les différents acteurs
concernés est considérée comme l'élément
phare à la mise en place d'une fonction achat commune.
o L'homogénéisation des outils de travail,
notamment avoir les mêmes systèmes d'informations.
o Faire un état des lieux global de la fonction achat
afin de définir les besoins.
o Définir clairement les hiérarchies et le
périmètre d'intervention de chacun, en élaborant des
fiches de poste.
? Les points à risques de la mise en place de la fonction
achat commune :
o Vouloir tous mutualiser d'un coup au profit de
l'établissement support,
o Ne pas mettre en place d'un le début, une communication
claire et précis,
o Prendre des décisions tout seul sans la concertation
de l'ensemble des acteurs concernés.
o Ne pas suivre les actions mises en place. ?
L'accompagnement au changement :
o Si nécessaire mettre en place une cellule
psychologique afin d'accompagner les agents au changement.
o Mettre en place un accompagnement social notamment,
auprès des agents qui ont changé de site pour rejoindre la
fonction achat commune, en leur proposant des primes de mobilité.
? Les indicateurs à mettre en place afin de poursuivre la
performance de la fonction achat commune :
o Il est impératif de suivre la performance de la
fonction achat commune en désignant un référent (par
exemple un contrôleur de gestion achat), qui suit un

certain nombre d'indicateurs et assure leurs remontés
à l'ensemble des acteurs concernés. Ces indicateurs peuvent
être les suivants :
o Gains achat annuels liés à la fonction achat
commune/gains achat totaux (annuel),
o % de réalisation de l'objectif de gain,
o Taux moyen de participation des établissements
(services) à la fonction achat commune,
o Taux de marchés mutualisés,
o Part des achats réalisés hors
marché,
o Taux de recours aux opérateurs de mutualisation,
o Taux de mutualisation au niveau national,
o Taux de mutualisation au niveau régional,
o Le nombre d'incidents relevés dans le cadre de
l'exécution des contrats conclus,
VI.2.2 Les entretiens II :
? Impacts liés aux textes juridiques de la fonction achat
commune des GHT,
o La particularité est que les GHT ne dispose pas
d'une personnalité morale, par conséquent, juridiquement
l'établissement support n'a pas d'autorité administrative sur les
établissements supports. En effets si on se base sur les textes,
aujourd'hui, l'établissement support ne pourra rien imposer à un
établissement partie qui ne souhaitera pas participer à la
fonction achat commune du GHT.
? Impacts RH (ressources humaines) :
o la délégation de la fonction achat des
établissements parties au profit de l'établissement support
entraine des réaffectations, des mutations, des mises à
dispositions et des rattachements des agents à l'établissement
support et cela nécessite un réel accompagnement social et
psychologique du personnel.

? Impacts économiques
o Le coût lié à la mise en place de la
fonction achat commune : la fonction achat des GHT va permettre de mobiliser
des actions territoriales et inter-établissements
génératrices de gains sur achat et de gains budgétaires
o L'avenir des PME (petites et moyennes entreprises) :
aujourd'hui la question qu'on se pose est la suivante : est-ce que les PME
seront en mesure de répondre aux besoins d'un GHT ?
VII. Retour d'expériences de mutualisation de la
fonction achat :
VII.1 Le Groupement Hospitalier de Territoire - Paris
Psychiatrie :
Contexte :
Le Centre Hospitalier de Sainte-Anne, l'Etablissement Public
de Santé Maison Blanche et le Groupe Public de Santé
Perray-Vaucluse ont pris l'initiative de se mettre en GHT « avant l'heure
».
Tout d'abord, les trois établissements ont
élaboré en 2013 un projet médical commun,
ensuite ils se sont constitués en direction commune en
2014, en ayant regroupé au sein d'un Groupement de Coopération
Sanitaire (GCS) toutes les fonctions support au cours du 1er semestre 2016, de
sorte qu'au 1er juillet 2016, le GHT étant une
réalité factuelle devenant une réalité juridique.
Le Centre Hospitalier de Sainte-Anne est désigné comme
l'établissement support mais le GCS tenait à ce que chaque
établissement puisse conserver son pouvoir
adjudicateur.
La mise en place du GCS a été objectivée
dans la mesure où les trois établissements pourront effectuer
leur achat en commun tout en simplifiant les procédures (éviter
des conventions). Chaque établissement (pouvoir adjudicateur)
délèguera ses achats d'exploitation au GCS, qui aura la charge de
l'achat, un système d'imputation par UF sera mis en place.
Voilà pourquoi, nous avons jugé
nécessaire d'exposer dans ce mémoire, le retour
d'expériences de la fonction achat mise en place par ce groupement, qui
est sans doute le GHT le plus avancé au niveau de la fonction achat
parmi les 135 GHT.

VI.1.1 Organisations cibles de la fonction achat
mutualisée :
Il a été choisi de centraliser les fonctions
achats et approvisionnement, en regroupant l'ensemble des équipes de la
fonction achat et logistique sur le site de Sainte-Anne (regroupement
géographique afin de faciliter la gestion). Les personnes
chargées de la liquidation et du mandatement sont également sur
ce même site. En effet, toutes les liquidations sont faites sur le
même site, cependant, chaque équipe liquidait les achats
réalisés par son établissement d'origine. Les
gestionnaires et les approvisionneurs, placés sous la
responsabilité des acheteurs disposent de 3 GEF différents afin
de liquider les factures. Actuellement, le GHT est à sa phase finale
d'organisation de la fonction achat, en adoptant une spécialisation de
chaque acheteur et approvisionneur par segment d'achat.
Le GHT fonctionne en Centrale d'achat, c'est le CH de
Sainte-Anne qui réalise l'ensemble des achats stockés pour le
compte du GHT (le compte 602) et les facturations sont afférentes
à chaque établissement.
Des travaux ont été lancés sur
l'harmonisation des références. Au départ, bien que
Sainte-Anne aie 700 références et Maison Blanche 400, seules 30
références étaient communes. Aujourd'hui, 200
références sont communes entre ces établissements.
Mise en place d'une direction commune achat et logistique, car
il est judicieux que la fonction achat et logistique soit coordonnées
par un seul directeur achat.
Le Directeur des achats a la délégation de
signature pour les marchés des 3 établissements. ? Mise en place
d'un référentiel « politique achats » commun aux 3
établissements, ? Un responsable du bureau des marchés unique au
lieu de un par établissement,
? Elaboration des DCE homogènes, car les 3
établissements ont des pratiques très
hétérogènes en matières de processus d'achat,
? La computation des seuils se fait par pouvoir adjudicateur
donc par établissement, ? Un contrôleur de gestion achat commun a
été nommé.
VI.1.1.1 Avantages et inconvénients :
Les avantages de l'organisation mise en
place :

Dans le domaine des achats et de la logistique des gains
d'efficiences importants sont observés :
· L'avantage est tout d'abord un gain économique
grâce à une réduction des effectifs pour la fonction achat
et logistique, car le GHT est passé de 33 agents à 25
agents chargés de la fonction achat commune,
· La mutualisation des ressources achats,
restructurations logistiques à savoir : le regroupement de magasins
à un magasin unique, regroupement des équipes de transports
sanitaires, fermeture d'une blanchisserie et d'un UCP),
· Partage d'expertises entre les établissements,
Les inconvénients de l'organisation mise en
place :
· La conservation de 3 pouvoirs adjudicateurs sont
sources de complexité car en effet, cela nécessite de rester avec
3 GEF afin de chaque établissement puisse liquider ses factures, ce qui
est une contrainte forte.
· La lisibilité par les fournisseurs est
très faible en termes de facturation.
VI.1.1.2 Impacts en termes RH et qualité de
service :
Toutes les équipes d'achat et d'approvisionnement ont
été regroupées sur le site de Sainte-Anne.
A ce jour, chaque agent mis à la disposition du GCS
reste bénéficiaire de la politique RH de son
établissement, avec de fortes disparités (selon les
établissements).
VI.1.2 Facteurs clés de succès de la
fonction achat mutualisée
· Unification des bureaux des marchés de 3
établissements en un seul bureau avec un juriste unique.
· La mise en place d'une direction commune achat et
logistique avec un directeur unique a permis d'accélérer
l'ensemble des travaux de réorganisation et restructuration de la
fonction achat vers l'établissement support.
· Elaboration d'une politique et processus d'achat
homogène (homogénéisation des DCE)

? Elaboration d'une cartographie globale de la fonction achat
de l'ensemble de 3 établissements (recenser les acteurs de la fonction
achat, les pratiques, les marchés et les fournisseurs de chacun de 3
établissements)
Accompagnement au changement, plusieurs directions ont
contribué à cet accompagnement, tout d'abord :
? Direction des travaux : afin de disposer suffisamment de
bureaux pour regrouper l'ensemble de l'équipe sur le même site, il
a fallu organiser d'importances travaux.
? DSI (direction de système informatique) : la DSI a
été sollicité notamment pour harmoniser une part
importante des outils informatiques (logiciels) différents d'un
établissement à un autre.
? Direction de la communication : s'appuyer sur la direction
de la communication, afin d'information l'ensemble de personnel de 3
établissements sur les nouvelles procédures et les nouveaux
outils mis en place pour la fonction achat commune.
? DRH (direction des ressources humaines : l'accompagnement
social en lien avec les
DRIFT, il a été mis en place un budget annexe
afin d'attribuer une prime de mobilité pour les agents qui seront
amenés à changer d'établissement.
VI.1.3 Les chiffre clés
La mise en place de la fonction achat commune a permis au
GHT, de réduire considérablement son effectif des agents
liés à la fonction achat, il passe de 33 à 25
agents.
Concernant les gains sur achat, il est encore très
tôt de déterminer avec objectivité, quel aurait
été les gains achat sans la mutualisation de la fonction achat :
gains remontés en 2016 environ 1 millions dont 800 000
euros budgétés, ce qui fait environ 2,2% de gains
réalisés.
Le pourcentage de réalisation des objectifs de
gains : 150% (gains achats 2016/objectifs 2016)
Objectifs de gains achats 2016 prévisionnels
et principaux postes de gains
CHSA
MB
€
€
195 000 €
|
|
|
|
|
|
|
|
765 000
|
|
320 000
|
|
250 000
|
|
|
|

Part des gains liés aux actions communes à
plusieurs membres du GHT : 23% (Magasins + Transports).
Taux de recours global aux opérateurs d'achats
mutualisés en 2016 : 28,4 % (moins de 20% avant la
mutualisation de la fonction achat.
VI.1.4 Les opportunités
· Partage d'expertises et des bonnes pratiques entre les
établissements
· Elargissement du dialogue entre prescripteur et
acheteur
· Benchmark notamment sur les prix fournisseurs
· Massification des contrats, optimisation des
procédures d'achat et optimisation des produits.
VII.2 Service de Santé des Armées (SSA)
:
Contexte :
La fonction achat du service de santé des
armées (SSA) depuis 2010, a fait l'objet d'une réforme de fond,
par la volonté de réduire le nombre d'acheteurs et de pouvoirs
adjudicateurs. Cette reforme s'est traduite par la création d'une
centrale d'achat santé unique, nommée, la DAPSA (direction des
approvisionnements en produit de santé), désormais le seul
pouvoir adjudicateur du SSA, basé à Orléans. Cependant,
l'équipe rapprochée à la centrale d'achat est en relation
permanente avec leurs correspondants dans chaque HIA (Hôpitaux
d'instruction des armées).
Cette reforme s'inscrit dans la politique d'achat
ministérielle, en reprenant les grands axes : performance
économique, soutien au PME (petites et moyennes entreprises) et
développement durable.
La fonction achat est une fonction stratégique du SSA
tant, par son périmètre d'achat :
· Plus de 2100 marchés par an,
· Entre 200 et 250 millions d'achat par an
Que par son impact sur le bon fonctionnement du service, car
elle condition :

? L'autonomie et la réactivité,
? La professionnalisation de la fonction achat et la
réalisation des performances économiques.
VII.2.1 Organisation de la fonction achat des SSA :
Le circuit des achats est composé de deux
autorités stratégiques :
? La Direction Centrale : qui fixe les grandes orientations
stratégiques des achats en lien avec le Mindef (Ministère de la
défense) grâce à la mise en place d'une politique
d'achat.
? La DAPSA : qui est une tutelle au niveau des
établissements, elle décline au niveau opérationnel, les
directives fixées par le Direction Centrale, qui seront
appliquées aux HIA grâce au contrat de service.
Avant la réforme de 2010, chaque hôpital
militaire était un pouvoir adjudicateur, il n'y avait pas une politique
réelle d'organisation de la fonction achat au niveau nationale.
La réforme a consisté à
transférer et à centraliser les fonctions achat et
financière à Orléans en réaffectant et
professionnalisant les ressources humaines.
C'est la Centrale d'achat à Orléans qui
achète pour les 8 HIA, mais également pour les centres
médicaux et les opérations extérieures.
Tous les achats supérieurs à un montant de
15k€ passent par la centrale. Quant aux autres achats, les
établissements sont tenus de présenter 1 à 2 devis
à la centrale, qui réalise ensuite l'acte d'achat.
Cependant, dans chaque établissement, deux à
trois personnes en moyenne sont encore affectées aux achats afin de
gérer l'interface avec la centrale d'achat :
Le besoin exprimé par un service au sein de
l'établissement, arrive à la cellule de commande via le logiciel
SCREM. Cette dernière retranscrit le besoin en bon de commande
grâce au logiciel SJM, le rôle de la cellule de commande est de
consolider les besoins si nécessaire et de s'assurer de l'expression du
« juste besoin » par les services. A partir de ce moment, le service
demandeur pourra transcrire son besoin via le logiciel Chorus (logiciel de
suivi de commande de l'Etat). Ensuite, la demande sera validée par la
Centrale d'achat (DAPSA) ce qui entraine l'ouverture d'un engagement juridique,
il s'agit d'un numéro d'achat qui prouve que l'Etat s'engage à
payer le fournisseur une fois que la prestation est réalisée.

Qui
Par le service : pharmacie, restauration ou direction
administrative et financière
Cellule de commande
Par le service : pharmacie, restauration ou direction
administrative et financière
DAPSA (Centrale d'achat)
DAPSA (Centrale d'achat)
Comment
Via le logiciel SCREM
Via le logiciel SJM
Grâce au logiciel Chorus
Via le logiciel SJM
Quoi
Non
Transcription du bon de commande
Expression du besoin
Ouverture d'un engagement juridique
Transcription du besoin en bon de commande
Validati
?
Oui
Passation des marchés
42

Figure IX : Processus d'achat du SSA
L'organisation de la centrale est très
structurée avec des coordonnateurs, des rédacteurs et des
ressources affectées au suivi de l'exécution des
marchés.
Les établissements sont responsables de la juste
expression des besoins des prescripteurs. Les marchés
stratégiques sont investigués par la direction des achats.
Les achats hors marchés :
Néanmoins, il faut savoir que ce transfert de
compétence de la fonction achat des établissements au profit de
la Centrale d'achat d'Orléans n'est pas absolu, car en plus de
l'expression des besoins, les HIA peuvent également effectuer des
achats hors marchés, il s'agit des achats
inférieurs à 15K€ qui ne sont pas couverts par un
marché. Cependant, au delà de 5K€ d'achat, le service
demandeur doit systématiquement faire une demande de deux devis
contradictoires afin d'assurer la mise en concurrence entre les fournisseurs,
d'une part, pour respecter les principes de la commande publique et d'autre
part, pour réaliser des performances économiques.
Contrairement aux achats liés à un
marché, lors de passation d'un achat hors marché, le choix du
fournisseur revient au service demandeur, cependant la validation de la
commande révèle toujours de la compétence de la Centrale
d'achat.
La gestion des commandes urgentes :
Comme cela a été évoqué
précédemment, pour passer une commande, il faut absolument
l'ouverture d'un engagement juridique par la DAPSA (Centrale d'achat) via le
logiciel SJM, afin que les opérateurs économiques puissent avoir
la certitude d'être payé après la réalisation de la
prestation.
Afin d'accélérer la procédure lors d'une
commande urgente, la DAPSA s'engage à ouvrir le SJM au bout de 3 jours.
Après réception de la commande, la cellule de commande au sein de
l'établissement élabore un ASF (Attestation de Service Fait) afin
que la DAPSA valide le paiement du prestataire.
Le HIA de Percy effectue en moyenne entre 50 et 100 commandes
urgentes par an. Les mutualisations intra et
inter-établissements :
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Aujourd'hui, les HIA prévoient de mutualiser et de
rationaliser les besoins entre les différents services d'un même
établissement et entre les établissements.
Dans chaque établissement, il y a uniquement trois
services principaux qui peuvent passer une commande : la pharmacie, la
restauration et la direction administrative et financière. Chacun de ces
services dispose d'une direction ou cellule de commande.
L'une de ces mutualisations consiste à harmoniser
leurs procédures de mise en concurrence et d'avoir des accords des prix
entre établissement afin d'obtenir une même offre de prix pour la
même prestation proposée par l'opérateur économique,
ces accords sont valables pour une année.
VI.2.1.1 Avantages et inconvénients :
Les avantages de l'organisation mise en
place :
· Harmonisation de la politique achat entre les 8 HIA,
· Rationalisation des effectifs, car la mise en place
d'une équipe unique au niveau de la centrale d'achat à
Orléans, ce qui a permis de réaliser des économies
d'échelles notamment aux ressources humaines,
· La massification, par un effet volume qui va permettre
de lancer des négociations avec les fournisseurs,
· L'organisation a permis, d'avoir une vision globale de
la fonction achat au sein de SSA et la montée en compétence des
acheteurs des achats.
Les inconvénients :
· Les HIA ont très peu de visibilité en ce
qui concerne le suivi de la performance de la fonction achat, car les
indicateurs de la performance ne sont pas remontés jusqu'aux
établissements, ils restent au niveau de la Centrale d'achat.
· Contraintes liées au délai, notamment
dans le cadre d'une procédure de commande normale, l'ouverture d'un
engagement juridique par la DAPSA peut durer dix jours.
VII.2.2 Facteurs clés de succès de la
fonction achat du SSA :
· Formations dispensées aux acheteurs,
· Création de fiches de poste avec 3 profils
différents : o Politique et stratégie d'achat
o
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Mise en oeuvre achat (expertise juridique...)
o Approvisionneurs
· Mise en réseau de la fonction achat en s'appuyant
notamment sur des modèles extérieurs comme celui du RESAH ou
UNIHA,
· Organisation de réunions de concertation avec les
établissements,
· Appui sur des « success stories » pour
convaincre les « opposants » au projet,
· Suivi des gains sur achats,
· Arbitrage de la direction d'achat (DAPSA) du SSA pour les
achats réalisés par les établissements,
· Création d'un comité des achats
santé : cette instance se tient 3 fois par an,
· Désignation de consultants nationaux pour certains
achats afin de construire une stratégie spécifique,
· Organisation de séminaires avec l'ensemble des
consultants nationaux,
· Constitution de groupes de travail,
· Valorisation des gains via l'outil de performance
économique,
· Inscription dans un cadre bien structuré du
Ministère de la Défense.
VII.2.3 Le chiffre clés :
La mise en place d'une Centrale d'achat à permis :
· De réduire jusqu'à 17% des ETP
(équivalent à temps plein) achats,
· La suppression de 23 pouvoirs adjudicateurs,
· La réalisation de 20 à 30% des gains
financiers
· 50% des gains sur achats sont des gains
budgétaires et ne sont donc pas réinvestis
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VIII. Discussion :
D'une manière générale, la mise en place
de la fonction achat commune des GHT est une opportunité pour les
établissements de santé et médico-sociaux, car elle
permettra de renforcer la professionnalisation et la valorisation de la
fonction achat, ainsi que la réalisation de la performance
économique. De cette manière, la fonction achat pourrait
être positionnée comme la fonction stratégique du GHT, dans
la mesure où elle permettra de réunir l'ensemble des acteurs,
d'élargir le dialogue entre les prescripteurs et les acheteurs,
d'utiliser toutes les expertises existantes dans l'intérêt commun
du GHT et de capter les synergies entre les établissements du GHT. Elle
permettra ainsi de mutualiser entre les établissements supports et
parties des moyens techniques ainsi que les expertises et ressources rares
telles que la mise en place d'un contrôleur d'achat.
Cependant, la réussite de la fonction achat
mutualisée nécessite, une forte implication de l'ensemble des
acteurs concernés, la mise en place une communication professionnelle et
une bonne attente entre les parties prenantes.
La mutualisation de la fonction achat est un réel
changement du paysage des achats hospitaliers classiques, auquel il est
nécessaire de veiller à ce que le changement soit effectué
d'une manière progressive, à ne pas briser les étapes.
De ce fait, je pense que vouloir déléguer
uniquement la phase de passation des marchés à
l'établissement support et pas les deux autres phases,
c'est-à-dire la phase de l'expression des

besoins et la phase d'exécution, me parait une
méthode acrobatique et hypothétique dans la mesure où il
faudra absolument un consensus et une parfaite attente entre les
établissements membres du GHT. Deux possibilités s'offrent
à cette méthode soit une intégration complète de la
fonction achat commune si toutes les parties prenantes jouent le jeu soit une
inertie, mais un modèle intermédiaire parait très
hypothétique.
D'après les différents retours
d'expériences que j'ai bénéficié lors de mes
entretiens, je pense que l'idéale serait de mettre en place un
modèle intégratif avec une délégation
complète de la fonction achat au profit de l'établissement
support. L'idée étant de procéder d'une manière
progressive, par exemple pour les gros GHT de plus de 5 établissements,
de déléguer la fonction achat avec toutes ses phases, à
savoir l'expression du besoin, passation et exécution des marchés
au profit de l'établissement support. Cette délégation de
la fonction achat doit se faire progressivement, établissement par
établissement, au profit de l'établissement support.
IX. Conclusion :
Pour conclure, la mise en place des groupements hospitaliers
de territoire (GHT) issus de la loi du 26 janvier 2016 relative à la
modernisation de notre système de santé ajoute une pierre
à l'édifice concernant la restructuration de l'offre de soin.
Cette stratégie de l'offre de soins passe par la mutualisation
obligatoire de certaines fonctions, dont la délégation de la
fonction achat des établissements parties au profit de
l'établissement support du GHT.
La mutualisation de la fonction achat des GHT a pour objectif,
pour les établissements des santé, de mettre en commun leurs
expertises, d'être plus performant dans la négociation des
marchés avec les prestataires grâce à la massification des
contrats , de partager les bonnes pratiques et d'identifier des pistes
génératrices de gains sur achat au niveau territorial et
inter-établissement. La mise en place de la fonction achat
mutualisée nécessite un consensus absolu d'une part, entre les
différents établissements du même GHT, et d'autre part
entre les acteurs de la fonction achat, tout le monde doit avoir la même
vision et le même niveau d'implication. Outre de cet accord collectif,
les établissements doivent parvenir dans un premier temps, à
uniformiser leur pratique c'est-à-dire avoir la même
procédure et travailler avec les mêmes outils, et dans un second
temps, essayer d'homogénéiser leur besoin. Les
établissements dits supports doivent être
fédérateurs et les établissements parties doivent
éventuellement accepter la remise en cause de leur pratique habituelles
afin d'aboutir à quelque chose de concrète.
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Au regard de tous ces changements, nous pourrons conclure que
l'avènement des groupements hospitaliers de territoire (GHT) a fortement
impacté le paysage classique de la fonction achat hospitalière.
Ces impacts sont à la fois, économiques et humaines. On parle de
l'impact économique dans la mesure où la fonction achat des GHT
va permettre de mobiliser des actions territoriales et
inter-établissements génératrices de gains sur achat et de
gains budgétaires. Il y a également un impact considérable
sur les ressources humaines, car la délégation de la fonction
achat des établissements parties au profit de l'établissement
support entraine systématiquement : des réaffectations, des
mutations, des mises à dispositions et des rattachements des agents
à l'établissement support et cela nécessite un réel
accompagnement social et psychologique du personnel.
BIBLIOGRAPHIE
Textes réglementaires et
législatifs
1. Loi n°2016-41 du 26 janvier 2016 - art. 107
relative aux groupements hospitaliers de territoire, JO du 27 janvier
2016
2. Exposé des motifs de la loi de modernisation de
notre système de santé
3. Projet de décret relatif aux groupements
hospitaliers de territoire : 2,3 et 4ème mouture,
4. Décret n°2016-524 du 27 avril 2016 relatif
aux groupements hospitaliers de territoire, JO du 29 avril 2016.
5. Décret n° 2017-701 du 2 mai 2017 relatif aux
modalités de mise en oeuvre des activités, fonctions et missions
mentionnées à l'article L. 6132-3 du code de la santé
publique, au sein des groupements hospitaliers de territoire.
6. Décret n° 2016-360 du 25 mars 2016 relatif aux
marchés publics.
Rapports
7. HUBERT Jacqueline et MARTINEAU Frédéric. «
Rapport intermédiaire - Mission des Groupements Hospitaliers de
Territoire », Mai 2015.
8.

49
HUBERT Jacqueline et MARTINEAU Frédéric. «
Rapport de fin de mission - la mission des Groupements Hospitaliers de
Territoire », Février 2016.
9. DGOS (direction générale des offres de
soins). « Guide Méthodologique - Fonction achat des GHT »,
Avril 2017.
Articles
10. Marisol Touraine promet un grand plan de 2 Md€ sur
2017-2021 pour la santé dans les territoires. Hospimedia, [en ligne],
Mai 2016, [consulté le 20/02/2017]. Disponible sur Internet : <
http://www.hospimedia.fr/actualite/articles/20160524-paris-healthcare-week-2016-marisol-touraine-promet-un>.
11. Comment organiser la « fonction achats » au sein
des Groupements hospitaliers de territoires (GHT) au regard du droit des
marchés publics ? [en ligne], Octobre 2016, [consulté le
12/03/2017]. Disponible sur Internet : <
http://www.weka.fr/actualite/achats/articlejuridique/comment-organiser-la-fonction-achats-au-sein-des-groupements-hospitaliers-de-territoires-ght-au-regard-du-droit-des-marches-publics-43901/>
12. F VALLETOUX, D. GRUSON. Achats et GHT. Revue
hospitalière de France [en ligne], Septembre 2016, Vol.64,
[consulté le 25/03/2017]. Disponible sur Internet : <
http://www.revue-hospitaliere.fr/Revues/572/ACHATS-ET-GHT>
Mémoires
13. PIGNY. F : En quoi la gestion prévisionnelle des
métiers et des compétences s'impose t-elle aujourd'hui à
l'hôpital public ? Sa mise en place au sein du centre intercommunal
Elbeuf Louviers Val de Reuil. [Mémoire universitaire, Gestion des
Ressources Humaines dans le secteur public]. Paris : Université Paris
1Panthéon Sorbonne ; 2008.
14. BENOIT. F : Les groupements Hospitaliers de territoire.
[Mémoire universitaire, Analyse et management des établissements
de santé, organisation et pilotage des pôles et unités de
soins]. Paris : Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique (Rennes) ;
2016.
Sites internet
15.
www.legifrance.gouv.fr
16.
www.fhf.fr
Conférences
17. Journées de l'achat hospitalier, Paris,
décembre 2016.
LISTES DES ANNEXES

50
Annexe n°1 : Guide d'entretien I Annexe n°2 : Guide
d'entretien II

51
Annexe n°1 : Guide d'entretien I
LA FONCTION ACHAT MUTUALISEE (mail type de demande
d'entretien)
Etudiant en Master 2 Analyse et Management des Etablissements de
Santé à l'Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique, j'ai
l'opportunité de suivre également en parallèle un stage au
RESAH (Réseau des acheteurs hospitaliers).
Dans le cadre du mémoire universitaire sur le thème
« Fonction achat mutualisée des GHT », je vous sollicite
à travers ce guide d'entretien, afin de m'éclairer et m'apporter
votre expérience.
Je vous remercie par avance du temps que vous consacrerez
à cet entretien d'une durée moyenne de 30 à 55 min.
En effet, ayant conscience du caractère
irremplaçable des éléments opérationnels et de mise
en perspective que vous êtes à même de pouvoir m'apporter,
je reste à votre entière disposition pour convenir d'un
rendez-vous à votre convenance.
Guide d'entretien semi directif
(Entretien I)
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52
1. Quelle est votre fonction ?
2. Quelle est votre expérience en matière de
mutualisation de la fonction achat ?
3. Quelle est l'organisation mise en place pour votre fonction
achat commune ?
a. Quelles sont les relations fonctionnelles et
hiérarchiques entre vos différents établissements ?
b. Quels sont les avantages de cette organisation de la fonction
achat ?
c. Les inconvénients ?
d. Quels sont les impacts, notamment en termes des ressources
humaines et qualité de service ?
4. Quelles les étapes clés à la mise en
place d'une mutualisation de la fonction achat ?
5. Quels sont, selon vous, les facteurs clés de
succès de la fonction achat mutualisée ?

6. Quels sont les points à risque de la mise en place de
la fonction achat commune ? a. Quelles solutions avez-vous envisagé ou
mises en oeuvre afin de sécuriser ces points à risques ?
7. Quels sont les obstacles que vous avez, ou avez pu,
rencontrer dans le cadre de la mise en place de la fonction achat commune ?
8. Comment l'accompagnement au changement a été
réalisé au sein de vos équipes ? a. Quels sont les
déterminants clés du changement sur lesquels il faudra porter une
attention particulière ?
9. Quels indicateurs peut-on mettre en place pour suivre la
performance d'une fonction achat commune ?
a. Disposez-vous des données chiffrées sur :
i. Gains achat annuels liés à la fonction achat
commune/gains achat totaux (annuel) ?
ii. Le pourcentage de réalisation de l'objectif de gain
?
iii. Le taux moyen de participation des établissements
(services) à la fonction achat commune ?
iv. Le taux de marchés mutualisés ?
v. La part des achats réalisés hors marché
?
vi. Le taux de recours aux opérateurs de mutualisation
?
vii. Le taux de mutualisation au niveau national ?
viii. Le taux de mutualisation au niveau régional ?
ix. Le nombre d'incidents relevés dans le cadre de
l'exécution des contrats conclus ?
10. La fonction achat commune est-t-elle réellement une
opportunité pour les établissements ?
11. Selon vous, quel est le facteur clé de succès
pour la réussite d'une mutualisation de la
fonction achat ?
Souhaitez-vous apporter des observations et/ou des
compléments d'information pour ce thème de la fonction achat
mutualisée ?

Annexe n°2 : Guide d'entretien II
1. Impacts liés aux textes juridiques de la fonction
achat commune des GHT,
2. Impacts RH (ressources humaines),
a. Accompagnement au changement,
b. La mobilité (les mutations, les
réaffectations des agents) et les parts,
3. Impacts économiques
a. Le coût lié à la mise en place de la
fonction achat commune,
b. L'avenir des PME (petites et moyennes entreprises),
RESUMÉ
Les GHT (groupement hospitalier de territoire) sont
crées par la loi du 26 janvier 2016 relative à modernisation de
notre système de santé, dans le but d'assurer la
continuité de planification sanitaire au niveau territoriale. Le GHT
permet d'organiser la coopération entre plusieurs établissements
publics de santé, afin d'assurer une égalité
d'accès à des soins sécurisés et de qualité.
Cette stratégie oblige les établissements publics de santé
de mutualiser certaine fonction, telle que la fonction achat commune
des GHT, au profit de l'établissement support. Cette fonction
achat des GHT a pour objectif, de renforcer la professionnalisation et la
valorisation des achats hospitaliers, ainsi que la réalisation de
performance économique.
Cependant, la fonction achat des GHT va fortement
impactée le paysage classique de la fonction achat hospitalière.
Elle entraine un fort impact, tant, à l'économie
hospitalière mais également aux ressources humaines.
A partir du 1er Janvier 2018, toute la phase de
passation des marchés, des établissements membres (parties) du
GHT, sera assurée par l'établissement support
désigné par la convention constitutive. Par conséquent,
certains agents seront réaffectés ou mis en disposition à
l'établissement support.

55

Afin d'évaluer au mieux l'impact de la mutualisation de
la fonction achat, nous avons recueilli des témoignages, auprès
des entreprises, les services publics de l'Etat, des collectivités
territoriales ayant déjà mis en place la fonction achat
mutualisée.
Mots clés : GHT (groupement hospitalier
de territoire), fonction achat mutualisée,
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