TROISIEME PARTIE :
VERS UNE RECOMPOSITION DE LA COOPERATION
FRANCO-GABONAISE EN MATIERE D'ARMEMENT ET D'EQUIPEMENTS MILITAIRES
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La France et le Gabon ont signé, le 24 février
2010, un accord instituant un partenariat de défense. En effet, cet
accord fait partie d'une série de huit, destinés à
remplacer les accords signés au lendemain des indépendances
africaines avec certaines anciennes colonies françaises. Outre le Gabon,
il s'agit du Cameroun, la République Centrafricaine, des Comores, de la
Cote d'Ivoire, de Djibouti, du Sénégal et du Togo. Cette
révision des accords de défense s'inscrit dans le cadre de la
rénovation entre la France et le continent africain, dont elle constitue
un des éléments.
Ainsi, cette partie introductive de notre sujet, se propose
d'aborder la mise en oeuvre des accords de défense signés en
1960. Ce constat est largement partagé par les autorités
françaises et gabonaises. Il fait également suite à la
nouvelle politique que les deux Etats comptent mettre en place l'un à
l'égard de l'autre. Cette vision a été
énoncée officiellement par le président de la
République lors de son, discours devant le parlement sud-africain au
cap, le 28 février 2008. Les accords conclus au lendemain de la
décolonisation étaient devenus obsolètes et
inadaptés aux réalités actuelles.
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Chapitre I : Les bases d'un nouveau partenariat
Comme nous l'avons vu, au lendemain de l'indépendance
en 1960, la France signe avec le Gabon un accord bilatéral de
défense comme il l'avait fait avec les autres Etats indépendants
de l'Afrique francophone. Cet accord a été revisité
après les interventions françaises au Gabon en 1964 et en 1990.
Tout récemment, en 2010, les deux alliés ont signé un
nouvel accord de partenariat militaire. A ce propos, ce chapitre
s'échine à cerner le contexte intérieur du Gabon qui a
rendu nécessaire cette réforme et la signature en elle-même
du partenariat.
I- Le contexte interne du Gabon dans les années
2010
Ce contexte est induit par le discours du président
Sarkozy du cap du 28 février 2008, mais aussi par les
problématiques de défense internes au Gabon.
Généralement, pour réussir, une politique
de défense doit être adaptée à la
réalité, être claire dans ses objectifs et cohérente
dans la durée. De même, aucune politique viable ne peut se
concevoir sans la paix, la sécurité et la cohésion
sociale. En 2010, les forces de défense du Gabon étaient
invitées à renforcer leurs capacités
opérationnelles pour remplir efficacement les missions qui leurs
étaient assignées, répondre aux nombreuses sollicitations
dont elles faisaient l'objet dans le cadre de la relation armée nation
et anticiper les menaces nouvelles apparues en Afrique : terrorisme, trafics
illicites divers, criminalité régionale...
A- Un partenariat de premier ordre
Le partenariat nouveau donne un cadre à une autre
coopération militaire dont le but principal est d'accroître les
capacités opérationnelles de l'armée gabonaise afin que
cette dernière puisse prendre toute sa part dans la montée en
puissance de la brigade centre de la force africaine en attente.
Sur le plan technique, il définit une
coopération fondée sur la formation, le conseil,
l'entraînement et l'appui à l'engagement tout en précisant
les conditions de mise à disposition des coopérants
français. De plus, il permet à la France de disposer de
facilités opérationnelles (transits, utilisation de
fréquence). Plus généralement, il donne aux forces
françaises stationnées sur place un statut. Au terme de cette
période, il en ressort que les forces pourront disposer de 9000 afin
d'atteindre une disponibilité opérationnelle acceptable. Ce
renfort
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permettra d'augmenter des effectifs au niveau des brigades de
Gendarmerie dont l'inefficacité liée au sous-effectif est souvent
décriée.
L'autre problème est l'obsolescence du parc
aéronautique et des autres acquisitions susceptibles d'accroître
l'opérationnalité des forces qu'il faut résoudre. Pour
pallier ce manquement, le gouvernement a préconisé le
renouvellement et la réhabilitation des différentes flottes
aérienne et maritime afin d'assurer efficacement a protection des
territoires. C'est en sens que la Revue des forces de défense
(N° 12) parle de la réhabilitation de l'aviation militaire,
composée de gros porteurs de types LOOCKEED C 130 et d'avions de
transport léger. C'est pourquoi il a été prévu, en
2010, la réhabilitation du nouveau Mirage F1.
Pour comprendre l'essence de la nouvelle relation militaire
franco-gabonaise, il faut tenir compte des besoins réels du Gabon mais
aussi des ouvertures obtenues grâce à la politique africaine de
Nicolas Sarkozy. En effet, le discours de Nicolas Sarkozy en l'endroit des
Africains en ce qui concerne les accords de coopération militaire
signés au lendemain des indépendances, au-delà des
controverses doctrinales et politiques, ont le mérite de tracer les
relations franco-africaines, en l'espèce dans le cadre militaire qui
sort des sentiers, pour prendre la forme de « l'exotérisme »
comme nous le dit si bien la Revue des force de défense gabonaises
(N° 12, p. 9). Suivons un extrait du discours du président
Sarkozy du cap du 28 février 2008 :
La France souhaite entamer des discussions avec tous les Etats
africains concernés pour adapter les accords de défense existant
aux réalités du temps présent et en tenant le plus compte
de leur volonté. Elle sera également ouverte au dialogue avec
tous ceux qui souhaiteront nouer un nouveau partenariat en matière de
sécurité26.
Sarkozy propose, à notre sens, ainsi de refonder les
relations afro-françaises sur le principe de la transparence.
Contrairement à la pratique passée, les accords devraient
être intégralement publiés. A ce propos, il compte associer
le parlement français aux orientations de la politique de la France en
Afrique. Pour ce qui est du Gabon, la France entretient avec ce pays une
coopération de défense de premier plan. En effet, le Gabon
accueille une mission de coopération militaire forte de 20
coopérants, bénéficie en 2011 d'un budget de 4,14 millions
d'euros de la part du Ministère des affaires étrangères et
Européennes, ce qui le positionne au deuxième rang du partenaire
français en matière de coopération structurelle. Un
soutien aux forces armées est également dispensé par la
valorisation de l'aviation légère des armées
26 Revue des forces de défense gabonaises, N° 12,
p.5.
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(formation du personnel navigant, équipement
d'instruction). Cependant, l'aviation légère des armées
répond en effet de manière efficace aux problèmes de
mobilité posés par un territoire difficilement accessible. Ce
soutien passe aussi par l'aide à l'établissement
centralisé de réparation et de reconstruction automobile,
à l'appui à la planification par le renforcement de l'action de
l'Etat-major des forces armées gabonaises en matière de conduite
des opérations ou encore par l'aide au développement du
Génie militaire. La France participe aussi à l'action de l'Etat
en mer par le maintien en condition des bâtiments hauturiers dans le
cadre de la lutte contre la recrudescence des trafics dans le Golfe de
Guinée. En matière de santé, la France apporte son soutien
par le biais de l'hôpital militaire de Libreville, en particulier le
service des urgences, et de l'école d'application du service de
santé militaire (ENVR), au sein de l'hôpital militaire
d'instruction de Melen. Au total, il y a 19 coopérants français
à Libreville (et 42 ayants droit) et un à Port-Gentil.
Au regard de ce qui précède, il va de soi que
tout contrevenant à ces grandes lignes qui ont valeurs
impératives catégoriques, tomberait sur une série
d'infractions qui aurait pour plancher l'insubordination et pour plafonds, le
crime. Autrement, toutes ces orientations sont opposables à tout
responsable d'Outre-mer qui serait tenté d'entraîner l'Afrique et
le Gabon. Nous constatons, pour revenir au coeur de notre sujet, qu'il y a
l'acquisition de nouveaux équipements et la réhabilitation des
anciens.
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