1
3
Le choix que nous avons porté sur « la
coopération franco-gabonaise en matière d'armement et
d'équipements des forces de défense du Gabon » s'explique
par plusieurs raisons.
En effet, les Etats sont plongés dans une sorte de
psychose par des conflits, des crises et l'insécurité qui
frappent le monde, l'Afrique, en particulier le Gabon. Le constat qui se
dégage est que les questions militaires sont très peu
développées au sein du cadre universitaire gabonais, même
si l'on note quelques travaux d'envergure, notamment ceux de M.-L. Ropivia
(« stratégies civiles et stratégies militaires gabonais au
XXe siècle : Quelle complémentarité en contexte
démocratique ? »). Le choix de la France et du Gabon comme cas
d'étude paraît pertinent et conduit à une attention
particulière sur leurs spécificités et les liens
historiques qui les lient.
Ce travail présente un intérêt
historiographique car les questions portant sur l'armement et
d'équipements des forces de défense du Gabon n'ont pas toujours
fait l'objet de production scientifique. Ainsi, un état de lieux de la
coopération militaire entre une ancienne puissance coloniale et son
ancienne colonie depuis l'accession de l'indépendance est-il
nécessaire. Un tel bilan mettra en exergue les insuffisances, les
acquis, les changements pour une éventuelle amélioration de cette
coopération. Il convient de dire que cette étude a pour objectif
d'apporter un éclairage particulier sur la coopération
franco-gabonaise en matière d'armement et d'équipements
militaires des forces de défense gabonaises. Comme bon nombre de
concepts désignant une notion scientifique, la notion de
coopération souffre d'une imprécision de sens et d'une
ambigüité d'utilisation. S'agissant précisément des
rapports franco-africains, l'année 1960 est celle des
indépendances africaines mais, décolonisation ne signifie pas
rupture. A ce propos, si la France s'est avérée impuissante
à arrêter le processus d'émancipation politique, elle
s'emploie tout au moins à en contrôler soigneusement
l'évolution en liant étroitement indépendance et
coopération. Les accords de coopération négociés
entre la France et ses anciennes colonies, en particulier le Gabon, permettent
à l'ancienne puissance de prolonger, dans un cadre juridique
différent, l'exercice d'une influence privilégiée. Notons
que la coopération ne se limite pas simplement à un ensemble de
mécanisme appliqué à divers domaines, c'est aussi une
doctrine politique sous-tendue par une certaine conception des relations entre
l'ancien colonisateur et le nouvel Etat. Le Gabon n'échappe pas à
la règle, bien au contraire, puisque le nouvel Etat constitue un axe
privilégié de la coopération française en Afrique.
C'est dans cette ambivalence que la France demeure aujourd'hui la seule grande
puissance qui s'implique autant et directement dans les affaires
4
intérieures des Etats souverains à travers sa
politique de défense. De plus, jusqu'à une certaine
période, les relations entre les deux Républiques restaient le
symbole et l'incarnation de la françafrique. Nous pouvons citer par
exemple la base militaire française au Gabon qui est aujourd'hui la
seule présente sur la côte Atlantique de l'Afrique après
l'annonce officielle de la France en février 2010, d'après ce que
nous relate M. F. Mengue Moto (2017, p. 12) de ne maintenir qu'une seule base
dans cet espace géographique. Cette base était très
importante en ce sens qu'elle permettait les interventions militaires
françaises, la préservation des intérêts, la
sécurisation des citoyens, l'acheminement des matières
premières dans la région. Pour le choix de notre étude,
nous avons choisi deux bornes chronologiques 1960 et 2017 qui nous semblent
importantes par rapport à la délicatesse de la thématique
mais aussi à l'évolution des accords de défense.
1960 résulte la signature des accords de défense
du 17 août entre la République Française et la
République Gabonaise. En effet, pendant cette période, le Gabon a
une jeune armée qui est construit sous le joug de l'empire colonial
français. Et dans le cadre des accords, il est stipulé dans
l'annexe 3 de l'article 2 : « la République Française
fournit à titre gratuit à la République Gabonaise la
première dotation en matériel et équipement militaire
nécessaire pour la mise sur pied des forces armées gabonaises
» (cf. accord de défense). Mais aussi : « la standardisation
des armements, la République Gabonaise s'engage à faire appel
à la République Française pour le renouvellement et
l'entretien de ses matériels ».
Aussi à cette même date, l'ancien empire colonial
céda-t-il à la jeune armée gabonaise, le camp Baraka, la
Gendarmerie Nationale du Gros Bouquet. Tous les agents qui étaient en
service dans l'armée française rejoignirent l'armée
gabonaise fondée au lendemain des accords de défense et celle-ci
acquiert son autonomie militaire en 1961 et devint par la suite les forces
armées gabonaises avec un effectif total de 400 militaires.
Pour la date de 2017, il convient de rappeler que cette date
est très importante en ce sens qu'elle a permis au Gabon de consacrer
près de 157 milliards de franc CFA en dépense en armement et
équipements militaires. Un montant en hausse de 10 % par rapport
à 2016, où elle représentait 145,17 milliards de franc
CFA, selon le dernier rapport de l'Institut international de recherche sur la
paix de Stockholm (Sipri).
Pour conduire cette étude, nous avons eu recours
à de nombreux ouvrages généraux, spécifiques et
théoriques. Aussi, les différentes Revues de défense
obtenues du côté de l'Etat-major des forces armées
gabonaise (EMGFA) qui présentent brièvement l'organisation
5
institutionnelle militaire des forces de défense du
Gabon d'une part, le nombre d'armes à poing, d'assaut et du
matériel roulant achetés et en dotation de son partenaire
français d'autre part, mais aussi de sa politique d'ouverture à
d'autres partenaires.
A cela s'ajoute des articles spécialisés
rédigés par des spécialistes de l'histoire militaire, de
géopolitique. L'ouvrage de Jean-François Owaye,
Sécurité nationale gabonaise, introduction par les textes,
1958-2000, paru aux PUG, présente la défense du Gabon depuis
la création de la République autonome ; celui de Moïse
N'sole Biteghe, Échec aux militaires au Gabon en 1964 (Paris,
Dakar, Chaka, coll. « Afrique contemporaine », n° 8, 1990)
examine l'interventionnisme français après la prise en otage du
président Léon Mba Minko par des jeunes officiers du putsch de
1964. On a aussi l'oeuvre de Raymond Aron : Paix et Guerre entre les
nations (Paris, Calmann-Lévy, 1962), nous édifie sur les
acteurs des relations internationales qui, selon lui, oscillent entre le «
diplomate » et le « soldat ». Roland Dumas, Bertrand Badie et
Gaidz Minassian, La diplomatie sur le vif, apportent un
éclaircissement sur l'entretien réalisé le 14
février 2011 relatif aux accords de défense passés lors
des indépendances entre la France et ses anciennes colonies. Nous avons
également l'ouvrage de Mireille Flore Mengue Moto, La
coopération militaire entre la France et le Gabon de 1960 à nos
jours, paru aux éditions Amazon en janvier 2017. Cet ouvrage
directement en rapport avec notre thématique, nous renseigne sur la
politique de la France à l'égard du Gabon, mais aussi sur la
vision gabonaise en l'endroit de la France. Elle explique les changements
intervenus en 2010 qui entraînent une révision de leurs accords de
coopération militaire. S'ajoute l'ouvrage d'Albert Bourgi sur La
politique française de coopération en Afrique : le cas du
Sénégal (1980). Cet ouvrage nous renseigne sur
l'héritage de l'ancienne puissance coloniale en ce qui concerne
l'assistance technique militaire. La IVème République face
aux problèmes d'armement, Actes du colloque organisé les 29
et 30 septembre 1997, à l'Ecole militaire (Paris), sous la direction de
Maurice Vaisse, nous renseigne sur l'armement français depuis la IVe
République.
Parmi les autres ouvrages d'importance, nous avons
également, L'effort colonial français par A. Lebrun,
député, ancien ministre des colonies, publications du
comité `'l'effort de la France et de ses alliés» (Paris,
Barcelone) ; L'implantation coloniale française au Gabon de
Nicolas Meteghe Nah.
6
L'ensemble de ces ouvrages nous ont permis de comprendre les
modalités qui concernent la coopération franco-gabonaise en
matière d'armement et d'équipements des forces de
défense.
Les ouvrages de théories des relations internationales,
avec des auteurs comme Jean-Jacques Roche, Théorie des relations
internationales (Montchrestien 6ème édition,
2006), Dario Batistela, Théorie des relations internationales
(3ème édition, les presses de Science Politique),
Jean-Baptiste Duroselle, Tout empire périra. Une vision
théorique des relations internationales (Paris Sorbonne, 1981),
Anat Gromiko, Les relations internationales aujourd'hui (Paris,
Editions du progrès, 1986), Marcel Merle, Forces et enjeux dans les
relations internationales (Paris, Economica, 1985. Charles Zorbibe,
Les relations internationales (Paris, P.U.F, 1983), Pierre Renouvin et
Jean-Baptiste Duroselle, Introduction à l'histoire des relations
internationales (Paris, colin, 1991, 4ème Ed.), nous ont
aidé pour construire notre cadre théorique et de mieux comprendre
non seulement l'indépendance étatique, mais aussi les relations
historiques dans le cadre de la coopération bilatérale.
De façon générale, tous ces auteurs que
nous avons cités dans notre travail, parviennent plus ou moins à
la conclusion selon laquelle, la France est le partenaire historique dans la
politique d'armement et des équipements militaires au Gabon. Ainsi,
à la mise sur pied de son armée le 17 août 1960, le Gabon
signe avec l'ancienne puissance coloniale des accords de défense portant
essentiellement sur l'assistance technique et la formation, (voir annexe sur
les accords de défense). L'une des manifestations est que, jusqu'en juin
1964, le titre de chef d'Etat-major des forces armées gabonaises est
entre les mains d'un officier supérieur français (le colonel
Gribelin puis le colonel Royer). C'est seulement plus tard que ce titre revint
à des officiers gabonais dont le colonel Nazaire Boulingui, le premier
d'entre eux, à partir de 1969 si l'on s'en tient au Mémorial
du Gabon (1960).
Malgré la prégnance de la coopération
militaire avec la France, on constate que l'armée gabonaise reste
toujours entre les moins puissantes en Afrique. En effet, sur les 136 pays
notés par le Global Firepower (GRIP) en 2017, le Gabon arrive au
126ème rang mondial. Seul les armées namibiennes
(127ème), centre-africaine (130ème), ou
libérienne (135ème) sont en dessous de lui sur le plan
mondial. Sur le plan continental, c'est l'Egypte (12ème
mondiale) qui arrive en haut du tableau avec 454250 militaires actifs et 87
5000 réservistes pour 4946 chars, 1132 avions militaires, dont 309
avions de chasse et 319 navires et bâtiments de guerre. Avec un budget de
défense estimé par la GFP à 81 millions de dollars, soit
environ 43 milliards de
7
franc CFA, l'armée du Gabon est classée
28ème sur 34 en Afrique, et arrive avant dernière dans
la sous-région. Le pays comptabilise 4850 militaires actifs, et
posséderait au total 6 avions de chasses, 15 avions de transports, 16
hélicoptères et 250 véhicules blindés de combats. A
ces véhicules et armes lourdes, s'ajoutent des armes
légères d'infanterie. En revanche, il est important de signifier
que l'objectif principal de cette coopération pour le Gabon était
de mettre sur pied une armée qui serait capable de sécuriser le
territoire à l'intérieur et à l'extérieur des
frontières.
Après trois décennies, les objectifs de cette
coopération n'avaient pas encore été atteints. Au regard
de cette analyse, les autorités gabonaises ont réalisé
l'urgence de reformer leur outil militaire et de redéfinir leur
coopération avec l'Etat français. Ce sont en effet ces
réformes de l'armée que les autorités gabonaises ont
désignées sous l'expression « armée en OR »,
c'est-à-dire « Opérationnelle » et «
Républicaine ». Ces réformes ont continué par la
diversification du domaine militaire gabonais à travers l'encadrement,
la formation, les équipements1 avec des puissances comme la
Chine, la Belgique, Israël, les Etats-Unis, la Russie, l'Espagne et bien
d'autres. De son côté, la France a élaboré une
coopération militaire technique tout en maintenant quelques bases
militaires (Libreville et Port-Gentil). Ces orientations constituent les
fondements de ses relations militaires avec le Gabon. Ainsi, de part et
d'autre, le souhait de réorienter leurs rapports militaires devenait de
plus en plus indispensable, d'où la reformulation des accords militaires
en 2010 et de nombreuses réformes engagées dans l'objectif de
mettre en place une coopération militaire plus efficiente.
Pour ce travail des questions de recherche apparaissent :
comment a germé la coopération franco-gabonaise en matière
d'armement et d'équipements des forces de défense du Gabon ?
Comment a-t-elle évoluée ? Quels en ont été les
caractéristiques géopolitiques, militaires, techniques et
politiques au moment des indépendances et qui obligeaient le Gabon
à n'en faire appel qu'à la France ? Quel est l'apport du
partenaire français à cette politique ? Quelle est la
qualité des armes et des équipements militaires reçus par
le Gabon ? Cet apport est-il approprié aux missions assignées aux
forces de défense gabonaises ? Autrement dit, est-ce que ces armes
conviennent à l'environnement militaire et sociologique du Gabon ? Quel
a été le niveau de dépense supporté par les deux
partenaires ? Et, finalement quelles réformes ont été
apportées à cette coopération technique ?
1 Serge Loungou, Maître de conférences de
géographie à l'Université Omar Bongo.
8
A notre sens, cette coopération est l'émanation
de l'indépendance du Gabon. Du côté français, les
enjeux géostratégiques n'étant plus les mêmes, la
France est contrainte de revoir ses relations et restructurer
profondément son dispositif et sa coopération militaire en
Afrique.
La France a convenu à approvisionner son ancienne
colonie en équipements et armements nécessaires pour son
armée. Les accords de défense de 1960 stipulent que la
contrepartie de dotation de l'armée gabonaise en équipements
français fut de convenir, dans le cadre des accords d'assistance
militaire technique, de l'opportunité d'une standardisation des
armements. De plus, le Gabon ne représentait qu'un réservoir des
matières premières stratégiques et un
débouché important pour les exportations françaises. Ces
avantages ont été à l'origine des rivalités
intereuropéennes pour l'obtention de points d'appui ou d'escales pouvant
servir à des fins économico-commerciales et militaires comme le
mentionne la thèse de Nziengui (1993, p. 152). Enfin, nous avons
l'hypothèse de la dépendance. En effet, cette dépendance
voulue et exercée par la France permet la stabilisation du Gabon. Cette
coopération, même si elle correspond aux besoins de
sécurité et de développement du Gabon, place les
hiérarchies militaires gabonaises dans l'obligation de se tourner vers
leur protecteur. Cette hypothèse de la dépendance est
renforcée par le fait que les facilités accordées au Gabon
dans la dotation ou l'achat de matériels militaires tendent à
servir leurs desseins stratégiques ou plus simplement leurs politiques
locales. Et cela entraîne de gros coûts budgétaires dans
l'achat des armes et des équipements militaires malgré le fait
que ces armes demeurent obsolètes et ne permettent plus à une
défense extérieure.
Actuellement, les deux partenaires travaillent en partenariat
sur la formation en la diversifiant et en augmentant sa fréquence.
Aussi, depuis la création de l'hôpital principale de Libreville en
1994, la France a-t-elle contribué à l'équiper et, depuis
2002, une convention a été signée pour un partenariat
consacré à l'amélioration du matériel militaire. La
France a pris à sa charge la fourniture de certains matériels
spécifiques liés à plusieurs domaines médicaux.
L'évolution de ce partenariat devait se traduire aussi par la
création d'une école sous régionale d'application pour les
médecins militaires. L'importance de l'évolution de cette
coopération se lit également par la présence de
l'ingénieur-Général français en armement au Gabon
au mois de juin. Celui-ci est venu inspecter le matériel d'armement
français en dotation au sein des forces de défense du Gabon.
Selon la (Revue des forces de défense gabonaise 2007, p. 5), il
en ressort qu'un besoin réel de renouvellement de matériel
nouvelle génération au profil notamment de l'Armée de
Terre et de l'Air. De cette coopération, il faudrait rappeler que les
AML de l'air français en cours de déclassement devaient faire
bénéficier aux forces de
9
défense d'un matériel quasi neuf. De même,
l'armée de l'air pourrait se doter, si la partie gabonaise en fait la
demande, de nouveaux Radars TALES ainsi que des Mirages F5. C'est dans cette
perspective que le Général français a confié au
ministre de la Défense de l'époque, Mangollo Mvoulou que d'autres
types de matériels sont actuellement disponibles au sein des forces
françaises. Ce sont des hélicoptères Gazelle 342 et des
hélicoptères E120. En ce qui concerne la marine nationale,
l'expert français a conseillé aux responsables gabonais de
contacter l'industriel RECTO pour l'armement des RODMANS récemment
acquis auprès de l'Espagne. A ce propos, il faut dire que depuis
quelques années, on assiste à une véritable ruée
vers le Gabon. Cette ruée peut être en effet une quête de
puissance comme nous le fait savoir M. F. Mengue Moto dans son ouvrage (2017,
p. 65) par le biais du contrôle d'un espace jusque-là
négligé, et un besoin de diversification des sources
d'approvisionnement en matières premières, notamment le
pétrole. Le Gabon fait l'objet des convoitises actuellement. Ses
convoitises se manifestent sous forme d'investissements aussi bien que
politique, économique et surtout militaire. Il se transforme en un champ
d'intérêts de puissances à la fois anciennes et montantes.
Les secteurs ciblés, relèvent de l'économie de rente
(pétrole, minerais, bois), avec une percée remarquée dans
les grands travaux.
Pour élucider tous ces points, il nous a
nécessité une méthodologie comme nous l'apprend
l'historien Marc Bloch dans sa revue d'histoire économique et sociale
(1948) « l'historien et sa méthode » (nous avons
élaboré un plan de travail dont la première action
consistait à recenser les différents centres de documentations
ainsi que les personnes ressources qui pouvaient nous être utiles dans la
réalisation de notre travail. A cet effet, nous nous accordons avec
Antoine Prost qui dit que « la vérité en histoire c'est ce
qui est prouvée. Mais ce qui est prouvée, c'est ce qui peut
être vérifié ». Pour y parvenir, nous avons
procédé à une recherche documentaire qui a
été soumise à une critique historique, ce qui nous a
facilités d'aboutir à une synthèse.
Nous avons mené nos recherches documentaires dans
divers centres de documentations de Libreville. Nous nous sommes
rapproché de l'Ambassade de France qui nous a permis d'obtenir les
accords de défense de nouvelles générations en
matière d'armement et d'équipements des forces de défense,
de l'Assemblée Nationale qui nous a fourni des lois de finances et des
rapports annuels du ministère de la Défense Nationale, du Conseil
Economique et Social et Environnemental, du Sénat, qui nous a fourni le
rapport de la révision des accords de défense signés en
2010, du Ministère du Budget, des Comptes Publique nous a fourni des
documents financiers datant de 2005 à nos jours. L'armée de
l'aire,
10
l'armée de terre, le Camps Baraka, l'Etat-Major
Général des forces armées (EMGFA), Gendarmerie Nationale,
l'Ecole Nationale d'Administration (ENA), nous ont facilité l'obtention
des revues des forces de défenses, des thèses de mémoires
qui abordent des accords de défense interafricains. En ce qui concerne
les bibliothèques, nous avons fréquenté les Archives
Nationales, la bibliothèque Nationale, la bibliothèque de
l'Institut Français du Gabon (ancien CCF) où nous avons
trouvé d'importants articles, rapports, revues, mémoires,
thèses et dictionnaires des relations internationales ainsi que des
encyclopédies qui nous aidé dans l'élaboration de notre
travail. En effet, ce travail a été complété par
des enquêtes orales. Comme l'affirme Jean-François Owaye (2012, p.
12) « les textes oraux africains sont des réservoirs d'idées
». Vu la délicatesse de notre sujet, nous avons jugé utile
d'interroger certaines personnalités militaires supérieures mais
aussi civiles, à savoir le Général Ditengou,
Général Adjoint des Forces Armées Gabonaise (FAG), le
colonel Ntossui Allogho, le colonel Rapotchombo, le commandant Ulrich, le
spécialiste d'armement de l'armée de terre, le spécialiste
d'armement de la Gendarmerie Nationale, le commandant Oloumbou, le capitaine
Oye du Ministère de la Défense Nationale, le commandant
Ilonhoungou de la Gendarmerie Nationale du Gros-Bouquet, l'attaché de
défense près de l'ambassadeur de France au Gabon, le colonel
Maloux, le commandant Mombo du camp Baraka, Florentin ancien aide camp du
président Omar Bongo de la Garde Républicaine (GR), un ancien
colonel retraité de la Gendarmerie Nationale. Comme civil, nous avons
Mireille Mengue Moto (spécialiste des questions de
sécurité et de défense).
Les personnalités militaires encore en service des
différents Etats-majors des forces armées et des casernes
militaires nous ont entretenues sur notre thématique de recherche en
nous édifiant sur l'importance de la coopération militaire
franco-gabonaise au moment où le Gabon acquiert son indépendance.
Nous pouvons citer par exemple, l'attaché de défense de
l'ambassadeur de France au Gabon, qui a montré l'importance de cette
coopération fondée sur deux aspects à savoir : le vivre
ensemble et les relations historiques. Aussi, le lieutenant-colonel de l'EMGFA
qui nous faisait-il savoir que le matériel militaire que les forces de
défense gabonaises utilisent ne convient plus à l'environnement
militaire. Parallèlement, nous avons interrogé des anciens
militaires déjà en retraite, mais aussi des civils. Ces
dépositaires du savoir sur les questions militaires entre la France et
le Gabon, nous ont orientés sur plusieurs aspects fondamentaux de notre
sujet. Ils nous ont permis de mieux cerner les enjeux de la présence
française au Gabon dans le cadre de la coopération militaire.
11
Ces sources ont joué un rôle assez important dans
l'élaboration de notre mémoire. De ce fait, la répartition
des armes et leur commande dans chaque région de l'intérieur du
pays nous ont permis de connaître dans un premier temps, le type d'armes
et leur nature, mais aussi le nombre d'armes que la France vendait aux forces
de défense du Gabon.
Ainsi, selon Philippe Braillard (1977, p. 12) la «
connaissance de ce que nous nommons la réalité. Elle exprime ce
que nous savons ou ce que nous croyons savoir de la réalité.
» L'analyse des relations internationales a été pendant
plusieurs siècles l'apanage des juristes, philosophes qui ont
tenté d'expliquer les relations d'Etat à Etat à l'aide des
théories. Avec le développement des sciences sociales, aux XIXe
et XXe siècles, les théories des relations internationales se
sont multipliées et plusieurs ont tenté de se démarquer de
ce cadre juridico-philosophique par l'emploi d'approches empiriques. Toutefois,
rappelons que la théorie réaliste est le concept de
souveraineté des jeunes Etats qui bouleversent les données
géopolitiques mondiales de nos jours. C'est dans cette perspective que
le même auteur fait savoir que, les réalistes croient que le monde
étant gouverné par certaines lois objectives ou
caractéristiques naturelles immuables, le changement ou le
progrès n'est possible que s'il est fondé sur la connaissance et
la prise en compte de ces contraintes. La préoccupation première
des réalistes dans ce cas est de comprendre ces contraintes grâce
à une observation objective de la réalité. En somme,
l'Etat africain avant sa naissance officielle, s'était
déjà rapidement inséré dans des réseaux de
coopération, qui accroîtra sa marge de manoeuvre dans le champ
diplomatique interafricains.
On ne peut dissocier la politique internationale d'un pays de
la vision du monde. Celle-ci lui impose son esprit, ses développements
et ses paradoxes. En effet, il est clair qu'une telle approche assigne à
la coopération un rôle majeur dans la politique
étrangère, en théorie et en pratique. Imposer au nouvel
Etat dans ses rapports avec la France, la coopération acquiert dans
cette expérience une dimension réaliste fondée sur
l'analyse concrète de la réalité qui s'impose ensuite
à l'ensemble de ses relations internationales et marque notamment le
grand dessein de réforme de l'ordre « économique mondial
dans les années 1970. Dans la déclaration d'Evian, l'article de
l'auteur J. H. Robert (1982, p. 32) il apparaissait formellement que la
coopération était un tout, et que l'aide de la France serait
fournie en contre partie du maintien de « droit acquis », à
commencer par les intérêts pétroliers de l'Etat
français. Ainsi, dès l'origine, la coopération
n'était pas concédée, mais négociée. Elle
était appréhendée de façon réaliste par les
deux Etats dans sa globalité contradictoire et jamais réduite
à une conception naïve et unilatérale de l'aide au
développement ; c'est pourquoi la
12
coopération est avant tout un construit sur l'existence
d'intérêts communs à préserver, en l'occurrence dans
le cadre de l'insécurité et d'instabilité qui
prévalent dans les Etats africains notamment le Gabon. Par
conséquent, la défense n'est plus seulement une affaire
militaire, car les théories l'ont prouvé en montrant que les
accords de défense n'avaient pas que le caractère militaire et ne
servaient pas uniquement à une politique de puissance.
Ce travail est le fruit d'une longue recherche scientifique
qui nous a prévalu des difficultés énormes à cause
de la sensibilité du sujet. En effet, les documents confidentiels ont
rendu ce travail très difficile, c'est la raison pour laquelle Victor
Cherbuliez dit en ces mots : « les difficultés irritent le
désir2 ». Ce désire nous a permis d'aller en
avant et de creuser en profondeur sur la coopération franco-gabonaise en
matière d'armement et d'équipements des forces de défense.
De ce fait, la première difficulté rencontrée est
liée à l'accès aux personnes ressources. Travailler sur
les questions d'armement et d'équipements militaires au Gabon n'est pas
aisé, car l'armée est considérée comme la `'grande
muette3. A ce propos, les hautes personnalités militaires qui
nous ont reçus abordaient de ces questions avec beaucoup de reculs et ne
voulaient pas s'ouvrir totalement à nous pour des raisons personnelles.
Or selon Napoléon Bonaparte « l'armée c'est la nation »
(1883), c'est-à-dire que l'armée doit permettre aux compatriotes
de connaître l'organisation et les composantes de la défense
nationale. Le deuxième volet de notre difficulté
rencontrée est celle des sources écrites. En effet, le peu de
documents que nous avons eu à notre disposition sont classés
comme `'secret-défense» et confidentiel militaire. Cela ne pouvait
pas nous permettre de mieux rédiger notre rapport comme nous le
souhaitons. De plus, à chaque fois que nous nous rendions dans les
centres de recherches c'est-à-dire casernes, État-major des
forces armées ou même aux archives nationales, on nous faisait
comprendre qu'il fallait avoir l'autorisation du Ministre de la Défense
Nationale pour rentrer en possession des documents nécessaires et
susceptibles de nous aider dans la rédaction du mémoire. Cette
tâche a été évidemment très compliquée
pour nous. A mainte reprise nous avons adressé des courriers aux deux
derniers ministres d'Etat, malheureusement ces derniers ont
catégoriquement refusés que nous puissions disposer des documents
du ministère mais aussi des casernes militaires. Pour plus de
crédibilité, un exemplaire du retour de notre demande se trouve
dans les annexes de notre rapport.
2Citation de Victor Cherbuliez, la ferme
du Choquard,
3 Nom courant des forces armées qui démontre leur
aptitude à conserver les secrets.
13
Le plan de ce travail est construit en trois parties. La
première partie traite des « fondements de la coopération
franco-gabonaise en matière d'armement et d'équipements des
forces de défense ». Dans cette partie, nous avons deux chapitres
qui abordent respectivement « les déterminants historiques et
stratégiques chapitre I » et « le cadre juridique chapitre II
». La deuxième partie du travail aborde « l'organisation
institutionnelle et les politiques d'armement et d'équipements de la
coopération militaire entre la France et le Gabon ». Dans cette
partie, nous avons à démontrer dans le « chapitre I
l'organisation institutionnelle de la politique d'armement de la France de la
France » et dans le deuxième chapitre, « l'organisation
institutionnelle et la politique d'armement du Gabon ». Enfin la
troisième partie est consacrée à « vers une
recomposition de la coopération franco-gabonaise en matière
d'armement et d'équipements militaire », en chapitre I, nous avons
« les bases d'un nouveau partenariat de défense », et le
deuxième chapitre met en exergue « l'ouverture tous azimuts
à d'autres partenaires. »
14
PREMIERE PARIE :
|
|