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La coopération franco-gabonaise en matière d'armement et d'équipements des forces de défense du Gabon 1960-2017.


par Davy Ndouve Nguema
Université Omar Bongo de Libreville (Gabon) - Master  2018
  

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Le choix que nous avons porté sur « la coopération franco-gabonaise en matière d'armement et d'équipements des forces de défense du Gabon » s'explique par plusieurs raisons.

En effet, les Etats sont plongés dans une sorte de psychose par des conflits, des crises et l'insécurité qui frappent le monde, l'Afrique, en particulier le Gabon. Le constat qui se dégage est que les questions militaires sont très peu développées au sein du cadre universitaire gabonais, même si l'on note quelques travaux d'envergure, notamment ceux de M.-L. Ropivia (« stratégies civiles et stratégies militaires gabonais au XXe siècle : Quelle complémentarité en contexte démocratique ? »). Le choix de la France et du Gabon comme cas d'étude paraît pertinent et conduit à une attention particulière sur leurs spécificités et les liens historiques qui les lient.

Ce travail présente un intérêt historiographique car les questions portant sur l'armement et d'équipements des forces de défense du Gabon n'ont pas toujours fait l'objet de production scientifique. Ainsi, un état de lieux de la coopération militaire entre une ancienne puissance coloniale et son ancienne colonie depuis l'accession de l'indépendance est-il nécessaire. Un tel bilan mettra en exergue les insuffisances, les acquis, les changements pour une éventuelle amélioration de cette coopération. Il convient de dire que cette étude a pour objectif d'apporter un éclairage particulier sur la coopération franco-gabonaise en matière d'armement et d'équipements militaires des forces de défense gabonaises. Comme bon nombre de concepts désignant une notion scientifique, la notion de coopération souffre d'une imprécision de sens et d'une ambigüité d'utilisation. S'agissant précisément des rapports franco-africains, l'année 1960 est celle des indépendances africaines mais, décolonisation ne signifie pas rupture. A ce propos, si la France s'est avérée impuissante à arrêter le processus d'émancipation politique, elle s'emploie tout au moins à en contrôler soigneusement l'évolution en liant étroitement indépendance et coopération. Les accords de coopération négociés entre la France et ses anciennes colonies, en particulier le Gabon, permettent à l'ancienne puissance de prolonger, dans un cadre juridique différent, l'exercice d'une influence privilégiée. Notons que la coopération ne se limite pas simplement à un ensemble de mécanisme appliqué à divers domaines, c'est aussi une doctrine politique sous-tendue par une certaine conception des relations entre l'ancien colonisateur et le nouvel Etat. Le Gabon n'échappe pas à la règle, bien au contraire, puisque le nouvel Etat constitue un axe privilégié de la coopération française en Afrique. C'est dans cette ambivalence que la France demeure aujourd'hui la seule grande puissance qui s'implique autant et directement dans les affaires

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intérieures des Etats souverains à travers sa politique de défense. De plus, jusqu'à une certaine période, les relations entre les deux Républiques restaient le symbole et l'incarnation de la françafrique. Nous pouvons citer par exemple la base militaire française au Gabon qui est aujourd'hui la seule présente sur la côte Atlantique de l'Afrique après l'annonce officielle de la France en février 2010, d'après ce que nous relate M. F. Mengue Moto (2017, p. 12) de ne maintenir qu'une seule base dans cet espace géographique. Cette base était très importante en ce sens qu'elle permettait les interventions militaires françaises, la préservation des intérêts, la sécurisation des citoyens, l'acheminement des matières premières dans la région. Pour le choix de notre étude, nous avons choisi deux bornes chronologiques 1960 et 2017 qui nous semblent importantes par rapport à la délicatesse de la thématique mais aussi à l'évolution des accords de défense.

1960 résulte la signature des accords de défense du 17 août entre la République Française et la République Gabonaise. En effet, pendant cette période, le Gabon a une jeune armée qui est construit sous le joug de l'empire colonial français. Et dans le cadre des accords, il est stipulé dans l'annexe 3 de l'article 2 : « la République Française fournit à titre gratuit à la République Gabonaise la première dotation en matériel et équipement militaire nécessaire pour la mise sur pied des forces armées gabonaises » (cf. accord de défense). Mais aussi : « la standardisation des armements, la République Gabonaise s'engage à faire appel à la République Française pour le renouvellement et l'entretien de ses matériels ».

Aussi à cette même date, l'ancien empire colonial céda-t-il à la jeune armée gabonaise, le camp Baraka, la Gendarmerie Nationale du Gros Bouquet. Tous les agents qui étaient en service dans l'armée française rejoignirent l'armée gabonaise fondée au lendemain des accords de défense et celle-ci acquiert son autonomie militaire en 1961 et devint par la suite les forces armées gabonaises avec un effectif total de 400 militaires.

Pour la date de 2017, il convient de rappeler que cette date est très importante en ce sens qu'elle a permis au Gabon de consacrer près de 157 milliards de franc CFA en dépense en armement et équipements militaires. Un montant en hausse de 10 % par rapport à 2016, où elle représentait 145,17 milliards de franc CFA, selon le dernier rapport de l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri).

Pour conduire cette étude, nous avons eu recours à de nombreux ouvrages généraux, spécifiques et théoriques. Aussi, les différentes Revues de défense obtenues du côté de l'Etat-major des forces armées gabonaise (EMGFA) qui présentent brièvement l'organisation

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institutionnelle militaire des forces de défense du Gabon d'une part, le nombre d'armes à poing, d'assaut et du matériel roulant achetés et en dotation de son partenaire français d'autre part, mais aussi de sa politique d'ouverture à d'autres partenaires.

A cela s'ajoute des articles spécialisés rédigés par des spécialistes de l'histoire militaire, de géopolitique. L'ouvrage de Jean-François Owaye, Sécurité nationale gabonaise, introduction par les textes, 1958-2000, paru aux PUG, présente la défense du Gabon depuis la création de la République autonome ; celui de Moïse N'sole Biteghe, Échec aux militaires au Gabon en 1964 (Paris, Dakar, Chaka, coll. « Afrique contemporaine », n° 8, 1990) examine l'interventionnisme français après la prise en otage du président Léon Mba Minko par des jeunes officiers du putsch de 1964. On a aussi l'oeuvre de Raymond Aron : Paix et Guerre entre les nations (Paris, Calmann-Lévy, 1962), nous édifie sur les acteurs des relations internationales qui, selon lui, oscillent entre le « diplomate » et le « soldat ». Roland Dumas, Bertrand Badie et Gaidz Minassian, La diplomatie sur le vif, apportent un éclaircissement sur l'entretien réalisé le 14 février 2011 relatif aux accords de défense passés lors des indépendances entre la France et ses anciennes colonies. Nous avons également l'ouvrage de Mireille Flore Mengue Moto, La coopération militaire entre la France et le Gabon de 1960 à nos jours, paru aux éditions Amazon en janvier 2017. Cet ouvrage directement en rapport avec notre thématique, nous renseigne sur la politique de la France à l'égard du Gabon, mais aussi sur la vision gabonaise en l'endroit de la France. Elle explique les changements intervenus en 2010 qui entraînent une révision de leurs accords de coopération militaire. S'ajoute l'ouvrage d'Albert Bourgi sur La politique française de coopération en Afrique : le cas du Sénégal (1980). Cet ouvrage nous renseigne sur l'héritage de l'ancienne puissance coloniale en ce qui concerne l'assistance technique militaire. La IVème République face aux problèmes d'armement, Actes du colloque organisé les 29 et 30 septembre 1997, à l'Ecole militaire (Paris), sous la direction de Maurice Vaisse, nous renseigne sur l'armement français depuis la IVe République.

Parmi les autres ouvrages d'importance, nous avons également, L'effort colonial français par A. Lebrun, député, ancien ministre des colonies, publications du comité `'l'effort de la France et de ses alliés» (Paris, Barcelone) ; L'implantation coloniale française au Gabon de Nicolas Meteghe Nah.

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L'ensemble de ces ouvrages nous ont permis de comprendre les modalités qui concernent la coopération franco-gabonaise en matière d'armement et d'équipements des forces de défense.

Les ouvrages de théories des relations internationales, avec des auteurs comme Jean-Jacques Roche, Théorie des relations internationales (Montchrestien 6ème édition, 2006), Dario Batistela, Théorie des relations internationales (3ème édition, les presses de Science Politique), Jean-Baptiste Duroselle, Tout empire périra. Une vision théorique des relations internationales (Paris Sorbonne, 1981), Anat Gromiko, Les relations internationales aujourd'hui (Paris, Editions du progrès, 1986), Marcel Merle, Forces et enjeux dans les relations internationales (Paris, Economica, 1985. Charles Zorbibe, Les relations internationales (Paris, P.U.F, 1983), Pierre Renouvin et Jean-Baptiste Duroselle, Introduction à l'histoire des relations internationales (Paris, colin, 1991, 4ème Ed.), nous ont aidé pour construire notre cadre théorique et de mieux comprendre non seulement l'indépendance étatique, mais aussi les relations historiques dans le cadre de la coopération bilatérale.

De façon générale, tous ces auteurs que nous avons cités dans notre travail, parviennent plus ou moins à la conclusion selon laquelle, la France est le partenaire historique dans la politique d'armement et des équipements militaires au Gabon. Ainsi, à la mise sur pied de son armée le 17 août 1960, le Gabon signe avec l'ancienne puissance coloniale des accords de défense portant essentiellement sur l'assistance technique et la formation, (voir annexe sur les accords de défense). L'une des manifestations est que, jusqu'en juin 1964, le titre de chef d'Etat-major des forces armées gabonaises est entre les mains d'un officier supérieur français (le colonel Gribelin puis le colonel Royer). C'est seulement plus tard que ce titre revint à des officiers gabonais dont le colonel Nazaire Boulingui, le premier d'entre eux, à partir de 1969 si l'on s'en tient au Mémorial du Gabon (1960).

Malgré la prégnance de la coopération militaire avec la France, on constate que l'armée gabonaise reste toujours entre les moins puissantes en Afrique. En effet, sur les 136 pays notés par le Global Firepower (GRIP) en 2017, le Gabon arrive au 126ème rang mondial. Seul les armées namibiennes (127ème), centre-africaine (130ème), ou libérienne (135ème) sont en dessous de lui sur le plan mondial. Sur le plan continental, c'est l'Egypte (12ème mondiale) qui arrive en haut du tableau avec 454250 militaires actifs et 87 5000 réservistes pour 4946 chars, 1132 avions militaires, dont 309 avions de chasse et 319 navires et bâtiments de guerre. Avec un budget de défense estimé par la GFP à 81 millions de dollars, soit environ 43 milliards de

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franc CFA, l'armée du Gabon est classée 28ème sur 34 en Afrique, et arrive avant dernière dans la sous-région. Le pays comptabilise 4850 militaires actifs, et posséderait au total 6 avions de chasses, 15 avions de transports, 16 hélicoptères et 250 véhicules blindés de combats. A ces véhicules et armes lourdes, s'ajoutent des armes légères d'infanterie. En revanche, il est important de signifier que l'objectif principal de cette coopération pour le Gabon était de mettre sur pied une armée qui serait capable de sécuriser le territoire à l'intérieur et à l'extérieur des frontières.

Après trois décennies, les objectifs de cette coopération n'avaient pas encore été atteints. Au regard de cette analyse, les autorités gabonaises ont réalisé l'urgence de reformer leur outil militaire et de redéfinir leur coopération avec l'Etat français. Ce sont en effet ces réformes de l'armée que les autorités gabonaises ont désignées sous l'expression « armée en OR », c'est-à-dire « Opérationnelle » et « Républicaine ». Ces réformes ont continué par la diversification du domaine militaire gabonais à travers l'encadrement, la formation, les équipements1 avec des puissances comme la Chine, la Belgique, Israël, les Etats-Unis, la Russie, l'Espagne et bien d'autres. De son côté, la France a élaboré une coopération militaire technique tout en maintenant quelques bases militaires (Libreville et Port-Gentil). Ces orientations constituent les fondements de ses relations militaires avec le Gabon. Ainsi, de part et d'autre, le souhait de réorienter leurs rapports militaires devenait de plus en plus indispensable, d'où la reformulation des accords militaires en 2010 et de nombreuses réformes engagées dans l'objectif de mettre en place une coopération militaire plus efficiente.

Pour ce travail des questions de recherche apparaissent : comment a germé la coopération franco-gabonaise en matière d'armement et d'équipements des forces de défense du Gabon ? Comment a-t-elle évoluée ? Quels en ont été les caractéristiques géopolitiques, militaires, techniques et politiques au moment des indépendances et qui obligeaient le Gabon à n'en faire appel qu'à la France ? Quel est l'apport du partenaire français à cette politique ? Quelle est la qualité des armes et des équipements militaires reçus par le Gabon ? Cet apport est-il approprié aux missions assignées aux forces de défense gabonaises ? Autrement dit, est-ce que ces armes conviennent à l'environnement militaire et sociologique du Gabon ? Quel a été le niveau de dépense supporté par les deux partenaires ? Et, finalement quelles réformes ont été apportées à cette coopération technique ?

1 Serge Loungou, Maître de conférences de géographie à l'Université Omar Bongo.

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A notre sens, cette coopération est l'émanation de l'indépendance du Gabon. Du côté français, les enjeux géostratégiques n'étant plus les mêmes, la France est contrainte de revoir ses relations et restructurer profondément son dispositif et sa coopération militaire en Afrique.

La France a convenu à approvisionner son ancienne colonie en équipements et armements nécessaires pour son armée. Les accords de défense de 1960 stipulent que la contrepartie de dotation de l'armée gabonaise en équipements français fut de convenir, dans le cadre des accords d'assistance militaire technique, de l'opportunité d'une standardisation des armements. De plus, le Gabon ne représentait qu'un réservoir des matières premières stratégiques et un débouché important pour les exportations françaises. Ces avantages ont été à l'origine des rivalités intereuropéennes pour l'obtention de points d'appui ou d'escales pouvant servir à des fins économico-commerciales et militaires comme le mentionne la thèse de Nziengui (1993, p. 152). Enfin, nous avons l'hypothèse de la dépendance. En effet, cette dépendance voulue et exercée par la France permet la stabilisation du Gabon. Cette coopération, même si elle correspond aux besoins de sécurité et de développement du Gabon, place les hiérarchies militaires gabonaises dans l'obligation de se tourner vers leur protecteur. Cette hypothèse de la dépendance est renforcée par le fait que les facilités accordées au Gabon dans la dotation ou l'achat de matériels militaires tendent à servir leurs desseins stratégiques ou plus simplement leurs politiques locales. Et cela entraîne de gros coûts budgétaires dans l'achat des armes et des équipements militaires malgré le fait que ces armes demeurent obsolètes et ne permettent plus à une défense extérieure.

Actuellement, les deux partenaires travaillent en partenariat sur la formation en la diversifiant et en augmentant sa fréquence. Aussi, depuis la création de l'hôpital principale de Libreville en 1994, la France a-t-elle contribué à l'équiper et, depuis 2002, une convention a été signée pour un partenariat consacré à l'amélioration du matériel militaire. La France a pris à sa charge la fourniture de certains matériels spécifiques liés à plusieurs domaines médicaux. L'évolution de ce partenariat devait se traduire aussi par la création d'une école sous régionale d'application pour les médecins militaires. L'importance de l'évolution de cette coopération se lit également par la présence de l'ingénieur-Général français en armement au Gabon au mois de juin. Celui-ci est venu inspecter le matériel d'armement français en dotation au sein des forces de défense du Gabon. Selon la (Revue des forces de défense gabonaise 2007, p. 5), il en ressort qu'un besoin réel de renouvellement de matériel nouvelle génération au profil notamment de l'Armée de Terre et de l'Air. De cette coopération, il faudrait rappeler que les AML de l'air français en cours de déclassement devaient faire bénéficier aux forces de

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défense d'un matériel quasi neuf. De même, l'armée de l'air pourrait se doter, si la partie gabonaise en fait la demande, de nouveaux Radars TALES ainsi que des Mirages F5. C'est dans cette perspective que le Général français a confié au ministre de la Défense de l'époque, Mangollo Mvoulou que d'autres types de matériels sont actuellement disponibles au sein des forces françaises. Ce sont des hélicoptères Gazelle 342 et des hélicoptères E120. En ce qui concerne la marine nationale, l'expert français a conseillé aux responsables gabonais de contacter l'industriel RECTO pour l'armement des RODMANS récemment acquis auprès de l'Espagne. A ce propos, il faut dire que depuis quelques années, on assiste à une véritable ruée vers le Gabon. Cette ruée peut être en effet une quête de puissance comme nous le fait savoir M. F. Mengue Moto dans son ouvrage (2017, p. 65) par le biais du contrôle d'un espace jusque-là négligé, et un besoin de diversification des sources d'approvisionnement en matières premières, notamment le pétrole. Le Gabon fait l'objet des convoitises actuellement. Ses convoitises se manifestent sous forme d'investissements aussi bien que politique, économique et surtout militaire. Il se transforme en un champ d'intérêts de puissances à la fois anciennes et montantes. Les secteurs ciblés, relèvent de l'économie de rente (pétrole, minerais, bois), avec une percée remarquée dans les grands travaux.

Pour élucider tous ces points, il nous a nécessité une méthodologie comme nous l'apprend l'historien Marc Bloch dans sa revue d'histoire économique et sociale (1948) « l'historien et sa méthode » (nous avons élaboré un plan de travail dont la première action consistait à recenser les différents centres de documentations ainsi que les personnes ressources qui pouvaient nous être utiles dans la réalisation de notre travail. A cet effet, nous nous accordons avec Antoine Prost qui dit que « la vérité en histoire c'est ce qui est prouvée. Mais ce qui est prouvée, c'est ce qui peut être vérifié ». Pour y parvenir, nous avons procédé à une recherche documentaire qui a été soumise à une critique historique, ce qui nous a facilités d'aboutir à une synthèse.

Nous avons mené nos recherches documentaires dans divers centres de documentations de Libreville. Nous nous sommes rapproché de l'Ambassade de France qui nous a permis d'obtenir les accords de défense de nouvelles générations en matière d'armement et d'équipements des forces de défense, de l'Assemblée Nationale qui nous a fourni des lois de finances et des rapports annuels du ministère de la Défense Nationale, du Conseil Economique et Social et Environnemental, du Sénat, qui nous a fourni le rapport de la révision des accords de défense signés en 2010, du Ministère du Budget, des Comptes Publique nous a fourni des documents financiers datant de 2005 à nos jours. L'armée de l'aire,

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l'armée de terre, le Camps Baraka, l'Etat-Major Général des forces armées (EMGFA), Gendarmerie Nationale, l'Ecole Nationale d'Administration (ENA), nous ont facilité l'obtention des revues des forces de défenses, des thèses de mémoires qui abordent des accords de défense interafricains. En ce qui concerne les bibliothèques, nous avons fréquenté les Archives Nationales, la bibliothèque Nationale, la bibliothèque de l'Institut Français du Gabon (ancien CCF) où nous avons trouvé d'importants articles, rapports, revues, mémoires, thèses et dictionnaires des relations internationales ainsi que des encyclopédies qui nous aidé dans l'élaboration de notre travail. En effet, ce travail a été complété par des enquêtes orales. Comme l'affirme Jean-François Owaye (2012, p. 12) « les textes oraux africains sont des réservoirs d'idées ». Vu la délicatesse de notre sujet, nous avons jugé utile d'interroger certaines personnalités militaires supérieures mais aussi civiles, à savoir le Général Ditengou, Général Adjoint des Forces Armées Gabonaise (FAG), le colonel Ntossui Allogho, le colonel Rapotchombo, le commandant Ulrich, le spécialiste d'armement de l'armée de terre, le spécialiste d'armement de la Gendarmerie Nationale, le commandant Oloumbou, le capitaine Oye du Ministère de la Défense Nationale, le commandant Ilonhoungou de la Gendarmerie Nationale du Gros-Bouquet, l'attaché de défense près de l'ambassadeur de France au Gabon, le colonel Maloux, le commandant Mombo du camp Baraka, Florentin ancien aide camp du président Omar Bongo de la Garde Républicaine (GR), un ancien colonel retraité de la Gendarmerie Nationale. Comme civil, nous avons Mireille Mengue Moto (spécialiste des questions de sécurité et de défense).

Les personnalités militaires encore en service des différents Etats-majors des forces armées et des casernes militaires nous ont entretenues sur notre thématique de recherche en nous édifiant sur l'importance de la coopération militaire franco-gabonaise au moment où le Gabon acquiert son indépendance. Nous pouvons citer par exemple, l'attaché de défense de l'ambassadeur de France au Gabon, qui a montré l'importance de cette coopération fondée sur deux aspects à savoir : le vivre ensemble et les relations historiques. Aussi, le lieutenant-colonel de l'EMGFA qui nous faisait-il savoir que le matériel militaire que les forces de défense gabonaises utilisent ne convient plus à l'environnement militaire. Parallèlement, nous avons interrogé des anciens militaires déjà en retraite, mais aussi des civils. Ces dépositaires du savoir sur les questions militaires entre la France et le Gabon, nous ont orientés sur plusieurs aspects fondamentaux de notre sujet. Ils nous ont permis de mieux cerner les enjeux de la présence française au Gabon dans le cadre de la coopération militaire.

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Ces sources ont joué un rôle assez important dans l'élaboration de notre mémoire. De ce fait, la répartition des armes et leur commande dans chaque région de l'intérieur du pays nous ont permis de connaître dans un premier temps, le type d'armes et leur nature, mais aussi le nombre d'armes que la France vendait aux forces de défense du Gabon.

Ainsi, selon Philippe Braillard (1977, p. 12) la « connaissance de ce que nous nommons la réalité. Elle exprime ce que nous savons ou ce que nous croyons savoir de la réalité. » L'analyse des relations internationales a été pendant plusieurs siècles l'apanage des juristes, philosophes qui ont tenté d'expliquer les relations d'Etat à Etat à l'aide des théories. Avec le développement des sciences sociales, aux XIXe et XXe siècles, les théories des relations internationales se sont multipliées et plusieurs ont tenté de se démarquer de ce cadre juridico-philosophique par l'emploi d'approches empiriques. Toutefois, rappelons que la théorie réaliste est le concept de souveraineté des jeunes Etats qui bouleversent les données géopolitiques mondiales de nos jours. C'est dans cette perspective que le même auteur fait savoir que, les réalistes croient que le monde étant gouverné par certaines lois objectives ou caractéristiques naturelles immuables, le changement ou le progrès n'est possible que s'il est fondé sur la connaissance et la prise en compte de ces contraintes. La préoccupation première des réalistes dans ce cas est de comprendre ces contraintes grâce à une observation objective de la réalité. En somme, l'Etat africain avant sa naissance officielle, s'était déjà rapidement inséré dans des réseaux de coopération, qui accroîtra sa marge de manoeuvre dans le champ diplomatique interafricains.

On ne peut dissocier la politique internationale d'un pays de la vision du monde. Celle-ci lui impose son esprit, ses développements et ses paradoxes. En effet, il est clair qu'une telle approche assigne à la coopération un rôle majeur dans la politique étrangère, en théorie et en pratique. Imposer au nouvel Etat dans ses rapports avec la France, la coopération acquiert dans cette expérience une dimension réaliste fondée sur l'analyse concrète de la réalité qui s'impose ensuite à l'ensemble de ses relations internationales et marque notamment le grand dessein de réforme de l'ordre « économique mondial dans les années 1970. Dans la déclaration d'Evian, l'article de l'auteur J. H. Robert (1982, p. 32) il apparaissait formellement que la coopération était un tout, et que l'aide de la France serait fournie en contre partie du maintien de « droit acquis », à commencer par les intérêts pétroliers de l'Etat français. Ainsi, dès l'origine, la coopération n'était pas concédée, mais négociée. Elle était appréhendée de façon réaliste par les deux Etats dans sa globalité contradictoire et jamais réduite à une conception naïve et unilatérale de l'aide au développement ; c'est pourquoi la

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coopération est avant tout un construit sur l'existence d'intérêts communs à préserver, en l'occurrence dans le cadre de l'insécurité et d'instabilité qui prévalent dans les Etats africains notamment le Gabon. Par conséquent, la défense n'est plus seulement une affaire militaire, car les théories l'ont prouvé en montrant que les accords de défense n'avaient pas que le caractère militaire et ne servaient pas uniquement à une politique de puissance.

Ce travail est le fruit d'une longue recherche scientifique qui nous a prévalu des difficultés énormes à cause de la sensibilité du sujet. En effet, les documents confidentiels ont rendu ce travail très difficile, c'est la raison pour laquelle Victor Cherbuliez dit en ces mots : « les difficultés irritent le désir2 ». Ce désire nous a permis d'aller en avant et de creuser en profondeur sur la coopération franco-gabonaise en matière d'armement et d'équipements des forces de défense. De ce fait, la première difficulté rencontrée est liée à l'accès aux personnes ressources. Travailler sur les questions d'armement et d'équipements militaires au Gabon n'est pas aisé, car l'armée est considérée comme la `'grande muette3. A ce propos, les hautes personnalités militaires qui nous ont reçus abordaient de ces questions avec beaucoup de reculs et ne voulaient pas s'ouvrir totalement à nous pour des raisons personnelles. Or selon Napoléon Bonaparte « l'armée c'est la nation » (1883), c'est-à-dire que l'armée doit permettre aux compatriotes de connaître l'organisation et les composantes de la défense nationale. Le deuxième volet de notre difficulté rencontrée est celle des sources écrites. En effet, le peu de documents que nous avons eu à notre disposition sont classés comme `'secret-défense» et confidentiel militaire. Cela ne pouvait pas nous permettre de mieux rédiger notre rapport comme nous le souhaitons. De plus, à chaque fois que nous nous rendions dans les centres de recherches c'est-à-dire casernes, État-major des forces armées ou même aux archives nationales, on nous faisait comprendre qu'il fallait avoir l'autorisation du Ministre de la Défense Nationale pour rentrer en possession des documents nécessaires et susceptibles de nous aider dans la rédaction du mémoire. Cette tâche a été évidemment très compliquée pour nous. A mainte reprise nous avons adressé des courriers aux deux derniers ministres d'Etat, malheureusement ces derniers ont catégoriquement refusés que nous puissions disposer des documents du ministère mais aussi des casernes militaires. Pour plus de crédibilité, un exemplaire du retour de notre demande se trouve dans les annexes de notre rapport.

2Citation de Victor Cherbuliez, la ferme du Choquard,

3 Nom courant des forces armées qui démontre leur aptitude à conserver les secrets.

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Le plan de ce travail est construit en trois parties. La première partie traite des « fondements de la coopération franco-gabonaise en matière d'armement et d'équipements des forces de défense ». Dans cette partie, nous avons deux chapitres qui abordent respectivement « les déterminants historiques et stratégiques chapitre I » et « le cadre juridique chapitre II ». La deuxième partie du travail aborde « l'organisation institutionnelle et les politiques d'armement et d'équipements de la coopération militaire entre la France et le Gabon ». Dans cette partie, nous avons à démontrer dans le « chapitre I l'organisation institutionnelle de la politique d'armement de la France de la France » et dans le deuxième chapitre, « l'organisation institutionnelle et la politique d'armement du Gabon ». Enfin la troisième partie est consacrée à « vers une recomposition de la coopération franco-gabonaise en matière d'armement et d'équipements militaire », en chapitre I, nous avons « les bases d'un nouveau partenariat de défense », et le deuxième chapitre met en exergue « l'ouverture tous azimuts à d'autres partenaires. »

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PREMIERE PARIE :

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus