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Chômage et insertion des jeunes dans le secteur public à  Goma.


par Innocent MBILIKA
Université de Goma - Licence en Sciences Economiques 2019
  

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0.2. PROBLEMATIQUE

Dans plusieurs pays africains et du monde, la pleine participation des jeunes à la vie familiale et aux tâches de développement économique, social et culturel est de plus en plus hypothéquée par le chômage et le sous-emploi dont les effets pervers suscitent des inquiétudes et des bouleversements sociopolitiques.

En effet, les diplômés sans emploi restent pendant une grande période à la charge de leur famille. Le passage de la vie scolaire ou universitaire à la vie active demeure pour la plupart un cauchemar, alors que les trente glorieuses avaient assuré le plein emploi. Dans l'ensemble de pays développés le ralentissement de la croissance à partir de 1975, avait engendré un déséquilibre croissant sur le marché.

Les réflexions sur le chômage ont pendant longtemps animé les écrits et les diverses contributions en vue d'améliorer les conditions de vie des jeunes. L'emploi demeure en réalité l'une des questions les plus irrésistibles de la vie en société et recoupe aussi bien une dimension individuelle que globale. La dimension « Individuelle » s'explique par le fait que tout individu, en un moment ou à un autre de sa vie, aspire à un emploi décent ; celle « globale » se justifie par le fait que les questions de l'emploi et du chômage font partie des priorités majeures pour les gouvernements et représentent surtout un facteur de cohésion sociale.

En science économique, depuis Adam Smith au 18ème siècle avec sa théorie de la main invisible conduisant au plein-emploi, à John M. Keynes avec son célèbre ouvrage « Théorie Générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie » en 1936 jusqu'aux récents prix Nobel de 2010 récompensés pour leurs travaux sur le marché de l'emploi5, la problématique de l'emploi a toujours été l'une des principales préoccupations des économistes. Dans le fameux carré magique théorisé par l'économiste britannique Nicholas Kaldor qui définit les quatre grands objectifs de la politique économique, la lutte contre le chômage occupe toute sa place à côté de la croissance, de la maîtrise de l'inflation et de l'équilibre extérieur. Aujourd'hui plus que jamais, le niveau de l'insertion des jeunes d'un pays est sûrement l'une des variables macroéconomiques les plus suivies, en raison de son impact sur le bien-être de la société. Au-delà de son aspect purement lié à la politique macroéconomique, un emploi décent permet à l'homme de satisfaire ses besoins de base et de lutter contre la pauvreté mais aussi procure une

5 Banque mondiale, le développement et la nouvelle génération, Nouveaux Horizons, Ed. Saint martin, 2007, p. 120

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estime de soi, une dignité et une meilleure intégration sociale. Dans son ouvrage « Macroéconomie », G. N. Mankiw souligne : « Le chômage est le phénomène macroéconomique qui affecte le plus directement et le plus gravement les individus.

Pour la plupart des gens, la perte d'un emploi signifie réduction du niveau de vie et détresse psychologique ». En 2017, les jeunes représenteraient plus de 35% de la population au chômage dans le monde. Si le taux mondial du chômage des jeunes s'était stabilisé à 13,0 % en 2016, il devrait légèrement augmenter à 13,1% cette année6. S'établissant à 70,9 millions en 2017, le nombre des jeunes chômeurs est en net progrès par rapport au chiffre record de 76,7 millions atteint pendant la crise, en 2009, mais ce nombre devrait augmenter de 200 000 chômeurs supplémentaires en 2018, pour atteindre un total de 71,1 millions. A l'échelle mondiale, la hausse marquée des taux de chômage des jeunes observées entre 2010 et 2016 en Afrique du Nord, dans les Etats arabes, en Amérique latine et dans les Caraïbes a été compensée par les progrès enregistrés pour les jeunes sur les marchés du travail en Europe, en Amérique du Nord et en Afrique subsaharienne. La croissance économique globale reste déconnectée de la croissance de l'emploi et l'instabilité économique menace de compromettre les gains constatés en termes d'insertion des jeunes dans le secteur public. Le ratio entre le chômage des jeunes et celui des adultes a peu évolué au cours des dix dernières années, mesurant combien les jeunes sont profondément et durablement désavantagés dans le secteur public. Le rapport met aussi en évidence la vulnérabilité constante des jeunes femmes dans le secteur public. En 2017, le taux mondial d'activité des jeunes femmes est de 16,6% inférieur à celui des jeunes hommes. Les taux de chômage des jeunes femmes sont aussi nettement plus élevés que ceux des jeunes hommes et les écarts entre les sexes pour les jeunes NEET (qui ne travaillent pas ni ne suivent d'études ou de formation) sont encore plus grands. A l'échelle mondiale, le taux de NEET chez les jeunes femmes est de 34,4 % contre 9,8 % chez les jeunes hommes.

En 2017, 39 % des jeunes travailleurs des pays émergents et en développement 160,8 millions de jeunes vivent dans la pauvreté ou l'extrême pauvreté, c'est-à-dire avec moins de

3,10$ par jour. Plus de deux jeunes actifs sur cinq sont actuellement au chômage ou sont des

travailleurs pauvres, une réalité frappante qui a une incidence sur les sociétés à travers le monde. Pour bon nombre d'entre eux, leur présent et leur avenir se trouvent dans l'économie

informelle. A l'échelle mondiale, trois jeunes hommes et femmes sur quatre sont employés dans le secteur informel, contre trois sur cinq chez les adultes. Dans les pays en développement,

6 le rapport de l'OIT sur Les tendances mondiales de l'emploi des jeunes, 2017

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ce ratio s'élève à 19 sur 20 pour les jeunes, hommes et femmes. Le défi de l'emploi des jeunes ne concerne donc pas seulement la création d'emploi mais aussi et même davantage la qualité du travail et les emplois décents pour les jeunes. «Il est vital de s'attaquer aux défis sociaux et de marché du travail que doivent affronter constamment les jeunes hommes et femmes, non seulement pour parvenir à une croissance durable et partagée mais aussi pour l'avenir du travail et la cohésion sociale»7. La Banque africaine de développement (BAD) finance certains de ces programmes qui visent à l'auto-emploi des jeunes et des femmes.

Selon la Banque mondiale, les jeunes représentent 60 % de l'ensemble des chômeurs africains. En Afrique du Nord, le taux de chômage des jeunes est de 25 %, mais ce taux est encore plus élevé au Botswana, en République du Congo, au Sénégal et en Afrique du Sud, entre autres pays. Avec 200 millions d'habitants âgés de 15 à 24 ans, l'Afrique compte le plus de jeunes au monde.8

Dans la plupart des pays africains, le chômage des jeunes « est au moins deux fois supérieur à celui des adultes », souligne la BAD.

Les jeunes femmes sont plus durement touchées. La BAD a constaté que dans la plupart des pays d'Afrique subsaharienne et dans tous ceux de l'Afrique du Nord, il est plus facile pour les hommes que pour les femmes d'obtenir un emploi, même si celles-ci possèdent le même niveau d'expérience et de compétences. Les statistiques du chômage en Afrique ne tiennent pas compte des emplois précaires ni du sous-emploi dans le secteur informel. Selon un rapport de la Brookings Institution, un groupe de réflexion basé à Washington, « Les jeunes africains trouvent du travail, mais celui-ci est souvent mal rémunéré et ne leur permet pas de perfectionner leurs compétences ni de jouir d'une certaine sécurité de l'emploi ». La Brookings Institution considère le sous-emploi comme un grave problème, qui masque la réalité dans les pays qui affichent un faible taux de chômage. Plus de 70 % des jeunes de la « République du Congo, de la République démocratique du Congo, de l'Éthiopie, du Ghana, du Malawi, du Mali, du Rwanda, du Sénégal et de l'Ouganda sont à leur compte ou contribuent au travail familial »9.

7 Deborah Greenfield, Directrice générale adjointe rapport de l'OIT pour les politiques, 2017.

8 Rapport de la Banque mondiale 2018

9 Rapport de la Brookings Institution

6

En effet, au niveau du pays à cette occasion, le Gouvernement a présenté à l'opinion nationale et internationale, comme ci-après, les statistiques sur l'emploi et le chômage dans notre pays : « Il se crée en RDC depuis 2012, 100.000 emplois en moyenne chaque année et le taux de chômage en 2014 est de 43% tandis qu'en 2000, il a été de 67% ».

Ainsi, soucieux de garantir la cohérence entre les performances macroéconomiques, le niveau de la croissance économique et l'amélioration du vécu quotidien des populations congolaises, le Gouvernement s'est donc félicité de l'évolution du niveau de l'emploi qui s'est traduite par la réduction du taux de chômage et l'inversion de sa courbe.

Tandis que dans la ville de Goma, près de 80 % des Congolais âgés entre 15 et 40 ans sont au chômage, selon les estimations des spécialistes comme AUGUSTIN MATATA MPONYO et cie. Dans cette partie du pays, des milliers de diplômés se retrouvent sans emploi après leurs études. Ils vivent de la débrouille. Conséquence : certains jeunes diplômés rejoignent les mouvements rebelles qui pullulent à l'est du pays.

Une fois passé un long moment dans la file d'attente, ils mettent en place plusieurs stratégies pouvant les faciliter à s'insérer. Ainsi, le canal d'insertion qui s'avère pour eux le plus efficace est celui des relations ou connaissances10.

Il est par ailleurs normal de supposer que l'emploi des jeunes est plus sensible que celui des autres catégories au rythme des licenciements, l'ancienneté des jeunes étant faible par définition. De même, le ralentissement de la création d'emplois qui va de pair avec celui de la conjoncture les touche de plein marteau ; un premier emploi correspond rarement aux souhaits et au profil de l'individu employé et le chômage frictionnel des jeunes est important.

D'où le chômage des jeunes devient persistant et leur insertion dans le secteur public devient longue, difficile et préoccupante. La République Démocratique du Congo, le Nord Kivu en particulier se trouvent frappé par ce phénomène ; pas de politique de lutte contre le chômage des jeunes, pas d'indemnisation de chômage, Bref pas des solutions à ce phénomène.

Au Nord Kivu, on constate une multiplication des organisations non gouvernementales (ONG) qui, d'une manière ou d'une autre réduise le chômage à court terme mais qui s'accentue encore une fois à long terme : c'est-à-dire qu'à long terme le chômage risquerait de s'aggraver.

10 Emmanuel SHUKURU, op cit

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Si ces dernières mettaient fin à leurs projets ; aussi en grande partie ces emplois créés ne profitent pas aux jeunes.

Si les Universités déversent un grand nombre des diplômés et que ceux-ci n'ont aucune assurance de trouver un emploi, il faut dire que les responsabilités sont partagées. Ainsi, dans ce travail nous présentons la situation des jeunes de 15 à 40 ans, gradués et licenciés qui sont insérés dans le secteur public.

Après cela, nous nous sommes posé les questions selon lesquelles :

? Quel temps moyen d'attente qu'un jeune de Goma de niveau supérieur peut passer dans la file d'attente après le système éducatif avant de s'établir dans un emploi public à Goma ?

? Quels sont les facteurs qui déterminent l'insertion des jeunes dans le secteur public à Goma ?

Avec comme hypothèses :

Le temps moyen d'attente qu'un jeune de Goma peut passer dans la file d'attente avant de s'établir dans un emploi serait de 16 mois (1,4 année).

Il existerait une relation significative avec un effet de petite taille entre les relations ou connaissances et l'insertion dans le secteur du travail (secteur public).

0.3. OBJECTIF DU TRAVAIL

0.3.1. Objectif général

? Connaitre ce qui détermine l'insertion des jeunes dans le secteur public à Goma. 0.3.2. Objectifs spécifiques

Nous allons :

- Préciser certains concepts tels que chômage, jeune, chômeur, etc.

- Déterminer la durée moyenne qu'un jeune peut passer dans la file d'attente avant d'être

inséré dans le secteur public ;

- Présenter les déterminants d'insertion des jeunes dans le secteur public ;

- Proposer une série de recommandations d'une part pour le pouvoir public et pour les

jeunes de l'autre part.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote