Problématique d'intégration et de réinsertion des enfants ex soldats en RDC.par Bienfait Mushagalusa Université Libre des Pays des Grands Lacs de Bukavu (ULPGL /BUKAVU) - Graduat 2019 |
0.4. Etat de la questionN'étant pas le premier à aborder un thème relatif aux enfants ex soldats, nous avons parcouru quelques ouvrages et des documents de certains auteurs qui ont traité des sujets semblables. Ainsi nous avons lu des auteurs ci-après. L'article de Sophie NOLET3(*) montre que les enfants et jeunes adolescents combattent volontairement où de manière forcée, dans les troupes gouvernementales ou des groupes armés d'une trentaine des pays en toute légalité. Selon l'auteur, ces enfants, sont utilisés comme des démineurs, espions, bombes vivantes, messagers, cuisiniers, porteurs, esclaves, sexuels... Elle énumère une série des causes qui font à ce que les enfants soient de plus en plus visibles dans les groupes armés. Elle cite notamment la pauvreté des familles, la docilité des enfants qui fait à ce qu'ils soient faciles à enrôler, aussi, leur témérité : car les enfants sont plus impitoyables et s'infiltrent facilement dans les camps adverses. Enfin, elle énumère les pays dans lesquels les enfants sont utilisés comme soldats dans le monde, pays de l'Afrique et de l'Asie pour la plupart. Cependant l'article ne fait aucunement allusion aux mécanismes pouvant faciliter le retour à la vie civile de ces enfants. Pour notre part, nous n'allons pas nous intéresser aux causes du recrutement des enfants dans l'armée ni même à la démobilisation bien que nous allons les citer par exigence méthodologique ; plutôt, notre effort sera concentré aux mécanismes favorisant le retour et à l'adaptation à la vie civile des enfants ex soldats. KALONGA LUSE-LUA-NZAMBI et LUTALA BILILO MBULU4(*), ont mené une étude sur les considérations psychosociales sur les enfants sortis des forces et des groupes armés à Bukavu. Cette étude ayant couvert un échantillon de deux cents enfants sortis des forces et groupes armés choisis selon des critères bien définis. Un questionnaire composé en grande partie d'items à réponses fermées qui reprenaient les paramètres essentiels de la personnalité des enfants sortis des forces et des groupes armés leur a été soumis. A la fin de l'étude, ils ont dégagé les conclusions selon lesquelles, bien que ces enfants constituent une catégorie spéciale des vulnérables. Il s'avère que ces enfants ex-soldats ne sont pas pour autant différents des autres enfants du point de vue psychologique dans la mesure où leurs réactions ne semblent pas trop s'éloigner du cadre comportemental général de la société. Néanmoins, sur le plan affectif, il se révèle que ces enfants ex soldats sont plus tournés vers l'extérieur du fait d'avoir été détachés prématurément de leurs familles. Par ailleurs, les résultats de ces auteurs ont montré que ces enfants sont équilibrés sur le plan sexuel malgré leur exposition aux éventuelles déviations. Aussi, la peur due aux différents événements sombres vécus, continue-t-elle à marquer le parcours de leur vie quotidienne. Sur le plan de la sociabilité, ils ont montré que la fréquence élevée d'incarcération ou de l'emprisonnement des garçons, ferait penser à la délinquance ; ce qui ne dénote ni de l'alcoolisme, ni du tabagisme, encore moins de la toxicomanie de la part de ces enfants. Cette étude de Kalongaluse-lua-nzambi et Lutala s'éloigne de notre par le fait qu'elle n'aborde pas les faits pour mettre fin à l'utilisation des enfants dans l'armée par contre en abordant sur les enfants soldats cette étude trouve un lien avec notre étude. CHANWA DEBORAH5(*)s'est préoccupée de la compréhension des procédés par lesquels les Associations Sans But Lucratives comme Laisser l'Afrique vivre, le Bureau pour le Volontariat des Enfants Soldats assure la réinsertion des enfants ex soldats au sud Kivu. À partir de ce questionnement, elle propose en guise d'hypothèses en vue de la réintégration et la réinsertion des enfants, Laisser l'Afrique Vivre procèderait à la prise en charge psychosociale des enfants sortis des forces et groupes armés, la formation en divers métiers professionnels, la remise des kits de réinsertions permettant de rendre autonomes les enfants sortis des forces et groupes armés. En guise de conclusion elle demande aux enfants sortis des forces et groupes armés de :
Le travail de Chanwa se rapproche au notre par l'intervention des Associations sans but lucratives pour mettre fin à l'utilisation des enfanspar des milices et se différencie par le fin qu'elle recommande aux enfants, aux asbl et non au gouvernement congolais et à l'ONU qui ont le monopole de contrainte pour protéger les enfants contre l'entrer dans l'armée. Pour DOUGLAS et ALII cité par SHERIA NFUNDIKO6(*) dans leur ouvrage portant sur la « démobilisation, désarmement et réintégration » démontrent que les mesures de désarmement doivent être appuyées par d'autre programme qui permettent d'accroître la sécurité et du même coup, de réduire la circulation d'armes parmi la population civile. Une approche globale est donc nécessaire si l'on veut atteindre une sécurité, une paix et un développement. Cependant, ils veulent qu'on tienne compte des situations régionales : c'est-à-dire, prendre la considération selon laquelle le pays fait partie d'une région qui a influencé le conflit et qui a été influencé à son tour. En ce qui concerne le désarmement et la démobilisation, ils montrent que les mesures prisent pour assurer la réussite du programme désarmement, démobilisation et réinsertion doivent être axées sur la vie civile, plus tôt que sur la vie militaire, car le but ultime de la réinsertion consiste à préparer les anciens combattant à la vie civile. Parlant de la réintégration, ils mettent l'accent sur l'importance de la coordination des mesures de désarmement, de démobilisation et de réintégration pour que cette dernière en tant que tâche civile, réussisse. Si le processus de démobilisation ne réussit pas à instaurer la confiance et à susciter l'engagement vers le programme DDR, les combattants libérés risquent de se mobiliser à nouveaux ou faire recours à la violence et à la coercition pour survivre. L'étape de la réintégration est conçue pour fournir aux ex-combattants des compétences utiles et perspectives de retour à la vie civile. La réintégration ne fonctionne cependant que si elle a lieu dans une société fonctionnelle où la sécurité humaine des ex-combattants et de la population en générale et assuré de manière suffisante. Pour notre part, nous pensons que la réinsertion des ex-combattants doit tenir compte de leur tranche d'âge et leur sexe en spécifiant la manière de prendre en charge les enfants filles, garçons et les adultes en ce sens qu'à chaque tranche d'âge, sexe correspond des problèmes particuliers qui nécessitent des solutions appropriées. MILFRID TONHEIM7(*), elle décrit la littérature disponible et la recherche relative à la réinsertion des enfants soldats en général avec un accent particulier aux filles soldates dans le processus de réinsertion en République démocratique du Congo. Elle s'intéresse aussi d'une manière sommaire à la manière dont la société civile congolaise se mobilise pour contribuer au processus de réinsertion sociale des enfants sortis des forces et des groupes armés. Cet auteur donne les résumés d'une centaine d'études théoriques et empiriques existantes sur la réinsertion des enfants ex-soldats .Il s'agit des articles, ouvrages , des mémoires de maîtrise ainsi que des thèses de doctorat se rapportant au phénomène de réinsertion sociale des enfants sortis des forces et groupes armés. Toutes ces études portent sur les pays en situation post conflit comme la Sierre Léone, l'Uganda, Mozambique, la Cote d'Ivoire, Angola, le Sri Lanka, les Philippines et la Colombie. Elle met en relief quelques tendances et développements dans la littérature. Des thèmes importants dans le domaine des études sensitives au genre sur la réinsertion sont discutés, ainsi que d'autres thèmes qui demandent une recherche et une compréhension plus poussées. Elle souligne enfin que la recherche sur les enfants associés aux forces et aux groupes armés demeure insuffisante compte tenu du fait que les aspects non couverts par ces études sont nombreux. D'où la nécessité pour les chercheurs, de multiplier les efforts pour produire une documentation suffisante sur les enfants ex combattant. Notre travail va se distinguer des oeuvres précédents par le fait qu'il consistera à dégager quelques problèmes qui pousse l'intégration et la réinsertion des enfants ex soldats en RDC n'arrive pas à terme. Il analysera les approches dont se servent les le gouvernement congolais pour réinsérer les enfants soldats dans la société civile ainsi que la contribution de ces approches a la construction de la paix durable en RDC. Nous allons aussi parler de leur considération sur le plan national, local et international et enfin nous allons proposer des solutions à envisager pour que ses enfants ex soldats participent rapidement au programme d'intégration et de réinsertion formel. * 3S. NOLET, « les enfants soldats, armes légères et conflit en Afrique » in Revue du GRIP BRUXEL, n°3, 2003, pp19-26 * 4 KALONGA LUSE-LUA-NZAMBI et LUTALA BILILO MBULU, « quelques considérations psychosociales sur les enfants sortis des forces et des groupes armés : cas de la ville de Bukavu »in recherches africaines, N°21-22 janvier -Juillet 2008 PP 106-116 * 5P.CHANWA DEBORAH, Laisser l'Afrique Vivre et la réinsertion des enfants ex soldats au Sud Kivu, TFC, RI, UOB, Bukavu 2011-2012 * 6S.NFUNDIKO, la réinsertion des enfants associés aux forces et groupes armés construction de la paix à Bukavu, mémoire, sociologie, UOB, Bukavu, 2008-2009, p56 * 7MILFRID TONHEIM, Réintégration of Child soldiers : a littérature review with particular focus on girl soldier's reintegration in the DRC, in rapport du SIK, N°1, 2009
|
|