CONCLUSION
Au travers du parcours historique des deux concepts
clés que sont le Lean et la digitalisation, nous avons pu constater que
leur divergences d'origine et d'histoire (l'un issu de l'industrie de la fin du
XIXe siècle et l'autre du développement des technologies de
l'information dès la deuxième moitié du XXe siècle)
les ont poussé cependant vers des objectifs communs : accroître la
pérennité des entreprises en intégrant toujours plus les
besoins du client, l'épanouissement des employés et la
performance de l'organisation dans l'ensemble des processus
opérationnels et décisionnels.
Et plus encore, le Lean résulte pour parti de la
compréhension par les entreprises de la nécessité absolue
de placer l'humain au centre des processus, que ce soit pour leurs
améliorations ou leur mise en oeuvre et à ce titre, la
digitalisation s'est quasi instantanément confrontée à la
nécessité de s'appuyer sur les hommes qui composent les
organisations pour réussir les transformations digitales, et bien
souvent au moyen d'une préparation du terrain par la diffusion d'une
culture favorable au changement des organisations, qu'elle soit digitale ou
Lean.
Si l'enjeux semble être de s'appuyer sur une culture
Lean pour faciliter le déploiement de la digitalisation, il est aussi
question de comment adapter le Lean pour qu'il puisse cohabiter avec cette
dernière. En effet, si la digitalisation en tant que discipline à
part entière possède ses propres complexités tout en
évoluant dans un environnement spécifique, technique et
récent, elle n'a cependant pas la transversalité du Lean qui vise
à s'appliquer à l'ensemble des secteurs de l'entreprise. Et ce
manque de transversalité peut être un piège qui conduit
à surestimer les opportunités des technologies numériques
tout en minimisant le facteur humain qui reste à ce jour la raison
majeure de l'échec des démarches de transformation liées
à la digitalisation dans les entreprises.
Enfin, la digitalisation possède également ses
propres exigences notamment au niveau de la nécessité de
maîtriser de nouvelles compétences et nouveaux outils digitaux
inhérent à la collaboration et la conduite du changement. Il ne
suffit pas donc seulement de l'envisager comme une approche managériale
mais à certains égards comme une discipline à part
entière qui nécessite l'accompagnement des salariés dans
leur ensemble à mesure que des nouveaux outils viennent modifier
l'organisation à de nombreux niveaux.
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Notre analyse nous amène donc à penser que le
Lean et la digitalisation sont, à l'heure actuelle, le duo gagnant de la
transformation des entreprises dans la mesure où une organisation qui
aura su s'approprier les principes et la culture du Lean aura
déjà, pour parti, préparée le terrain aux
changements induits par la digitalisation grâce à la collusion que
l'on retrouve dans les objectifs de ces deux domaines, tout en plaçant
les salariés de l'entreprise dans une dynamique du changement propice
à l'appropriation de nouveaux outils et concepts mais aussi d'une
nouvelle culture qui fera sans aucun doute le succès des organisations
de demain prenant le pas de la digitalisation.
Jean Bodin dès le XVIIe siècle nous disait que
« il n'est de richesse que d'homme », et ces propos résonnent
aujourd'hui comme l'enjeu d'une digitalisation qui, loin d'écarter
l'homme de son travail, ne cesse de le replacer au coeur de la transformation
des entreprises.
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