CHAPITRE 1 : CADRE
THEORIQUE
Ce chapitre contient deux sections. Nous allons
présenter dans la première section la problématique, les
objectifs et les hypothèses de recherche. La seconde section est
consacrée à la revue de littérature.
SECTION 1 : Problématique, Objectifs et
Hypothèses
1.1.
Problématique
Le Bénin est un pays dont l'économie est
basée fondamentalement sur l'agriculture. Cette dernière occupe
la majeure partie de la frange active de la population et contribue pour une
part importante au Produit Intérieur Brut (PIB). Les revenus de
l'agriculture représentent au Bénin près de 36% du PIB,
88% des recettes d'exportation et ce secteur emploie 70% de la population
active (Adégbola et al. 2012). L'agriculture demeure un secteur riche en
opportunités tant au niveau de la production, de l'exportation, que
celui de la transformation. Ainsi la place prépondérante de
l'agriculture dans l'économie béninoise repose sur une gamme
très réduite de cultures vivrières dont les principales
sont le maïs, le manioc, le sorgho, le niébé, l'igname
etc.
De toutes ces cultures vivrières, le maïs se
singularise par la très large extension de son aire de culture et de
consommation. La culture du maïs occupe près de 70% de la
superficie totale consacrée aux céréales et
représente environ 75% de la production céréalière
(MAEP, 2010). De 230.000 tonnes au début des années 70, la
production du maïs au Bénin est passée de 1.065.329tonnes
durant la campagne 2009-2010 à 1.345.821tonnes pendant la campagne
2013-2014, soit un accroissement de 26.33% (RNDH, 2015). Cette
céréale constitue la base de l'alimentation au Sud du
Bénin et est également cultivée au Nord comme culture de
rente. Il est à ce jour la céréale la plus
consommée au Bénin loin devant le riz et le sorgho et tient une
place prépondérante dans la sécurité alimentaire de
la population. Le maïs rentre aujourd'hui dans l'alimentation des
populations de toutes les régions du pays sous diverses formes (soient,
quarante-trois (43) mets locaux sont à base de maïs qui constitue
de ce fait, la principale céréale cultivée au Bénin
et contribue d'une façon significative à la satisfaction des
besoins alimentaires de base de la population mais également pour
l'alimentation du bétail et donc pour l'élevage).
En effet, 70 % des populations du Sud et Centre-Bénin,
se nourrissent de la pâte de maïs le soir et de la bouillie de
maïs le matin. Sur le plan national, la consommation moyenne par habitant
et par an est de 69 kg et cette consommation est la plus élevée
dans le département de l'Ouémé (103 kg/habitant/an), puis
dans celui du Mono (96 kg/habitant/an), et enfin dans celui de l'Atlantique (92
kg/habitant/an). Les autres départements se situent en dessous de la
moyenne (69 kg/habitant/an).
C'est la seule céréale pour laquelle le
Bénin dégage des excédents exportables vers les pays
voisins, le Niger en l'occurrence. Si un tel essor se maintient, cette
filière pourrait devenir une filière d'exportation tout en
maintenant sa place dans la consommation intérieure et dans nos
habitudes alimentaires. On ressort de ces observations que le marché
national du maïs n'est pas négligeable. Et il fait aussi l'objet
d'importantes transactions commerciales avec les Etats voisins, dont le
Nigeria, le Niger et le Togo (ONS).
Compte tenu de l'importance que présente cette
céréale aussi bien pour la sécurité alimentaire que
pour l'économie nationale, le Gouvernement béninois lui a
accordé une place capitale dans son document de réduction de la
pauvreté (SCRP, 2007). Grâce au potentiel dont dispose le
Bénin dans ce secteur, il a bénéficié d'un Centre
National de Spécialisation agricole du PPAAO qui a pour objectif
d'appuyer les programmes de recherche développement sur le maïs. Ce
centre met l'accent sur la politique de la production agricole et la politique
de marché dont la demande est quasi-inexistante.
Le rapport de CERNA (2010) sur la consommation alimentaire
des ménages ressort que le maïs est la céréale la
plus consommée par les ménages au Bénin quelle que soit la
fréquence de consommation (déjeuner et dîner). Par
ailleurs, la confrontation des besoins domestiques de consommation aux
disponibilités en produits vivriers permet d'obtenir le bilan vivrier
(ONASA, 2009). Ce bilan vivrier pour le cas spécifique du maïs est
excédentaire en 2009 même en forte hypothèse de
consommation du maïs par les populations béninoises. Au cours de la
campagne agricole 2009-2010 (en hypothèse de consommation moyenne), 52
communes ont dégagé des surplus commercialisables, soit une offre
de maïs de près de 517000 tonnes. Les départements du
Borgou, de l'Alibori et du Plateau dégagent à eux seuls plus de
63% de cette offre locale. Le Bénin subit une forte pression de demande
de maïs sur ses stocks disponibles (PAM, 2012). Ces stocks ont
été vivement sollicités en raison d'une importante demande
intérieure de la part des ménages et des institutions et de la
demande extérieure venant du Sahel et du Nigéria.
Ainsi, comme le pense Keynes, c'est la demande
anticipée d'un bien qui détermine le niveau de production
réelle de ce dernier. Car il ne sert à rien de continuer à
produire un bien ou d'augmenter le stock quand la production de ce dernier
n'est pas demandée ou ne trouve pas de débouchée. Donc la
demande (consommation) constitue un des facteurs clés
d'amélioration de la production.
In fine, vue l'importance qu'occupe cet aliment dans la
consommation alimentaire des ménages et la forte pression de la demande
intérieure des ménages, il est important de délimiter les
données économiques ou non, qui peuvent influencer la demande de
cet aliment et celle de ses dérivéspour assurer la
sécurité alimentaire et lutter contre la pauvreté au
Bénin. D'où notre thème de recherche
« Analyse des déterminants de la demande du maïs
et de ses dérivés au Bénin ».Dans le
but d'apporter des propositions de réponse à ce sujet, nous nous
proposons d'axer nos réflexions sur les différentes questions qui
suivent :
- Qu'est-ce qui explique la demande du maïs et de ses
dérivés au Bénin ?
- Comment la demande du maïs et de ses
dérivés évolue-t-elle par rapport à ces
facteurs ?
|