1. 3. Canaux de transmissions de la politique
monétaire
A court terme et à moyen terme, la plus part des
économistes, qu'ils soient monétariste, nouveaux classiques ou
nouveaux keynésiens, pensent que la monnaie a des effets réels.
Les controverses s'expriment surtout à propos du canal de transmission
des chocs monétaires. D'où, les décisions de politique
monétaire se transmettent à l'ensemble de l'économie par
différents canaux.
Les canaux de transmission de la politique monétaire
sont les voies par lesquelles une décision de politique
monétaire, en affectant le comportement des agents économiques
agit sur la croissance et sur les prix.
On distingue généralement quatre grands canaux
de
transmission de la politique monétaire :
- le canal traditionnel de taux d'intérêt ; - le
canal de crédit ;
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- le canal de taux e change.
1.3.1. Canal traditionnel de taux
d'intérêt
Ce canal agit à travers la courbe de taux. Le canal de
transmission par le taux d'intérêt renvoie au modèle
keynésien traditionnel. Dans l'approche keynésienne, plus
précisément le modèle IS/LM ; lorsque l'offre de monnaie
augmente alors que les prix sont constants (rigides à, court terme), il
en résulte une diminution du taux d'intérêt court
(déplacement de LM vers la droite) qui incite les entreprises à
investir, ce qui accroit la demande globale en raison du
multiplicateur.20
Cette conception keynésienne traditionnelle du
mécanisme de transmission de la politique monétaire peut se
résumer par le schéma suivant, qui illustre les effets d'une
expansion monétaire :
Politique monétaire expansionniste :
?e ? ? r? ? c/ ? I/ ? Y/
R est ici le taux d'intérêt réel et non
nominal. Ainsi, avec des taux nominaux à leur valeur planchée,
une croissance de la M peut augmenter le niveau de l'inflation
anticipée, réduire le taux réel et stimuler les
dépenses
1.3.2 Canal de cours d'action
Comme son nom l'indique, ce canal de transmission concerne les
prix des actifs comme les actions, les obligations ou des immobiliers.
Théorie du coefficient q de Tobin
Tobin définit q comme le rapport entre la valeur
boursière des entreprises et le cout de renouvellement du capital. La
valeur boursière est élevée lorsque q est
élevée et vice versa. Dans ce cas, les entreprises peuvent
émettre beaucoup d'actions et donc un niveau élevé des
dépenses d'investissement.21
20 Y. BAENDE., opcit, pg49
21 Y. BAENDE., op.cit., pg50
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Si M augmente, les agents tentent de réduire leurs
encaisses en accroissant les dépenses. Le marché boursier leur
offre une possibilité de dépenser leur surplus, ce qui accroit la
demande d'actions et fait ainsi monter les cours. En combinant cet effet avec
le fait que la hausse des cours des actions (PS) entraine une augmentation du
coefficient q, et donc des dépenses d'investissement, on déduit
le mécanisme suivant :
r\ PS ? q? I? Y? a. Effet de richesse
Un autre canal de transmission par les cours des actions agit
par le biais des effets de richesse sur la consommation.
Ce canal a été mis en évidence par franco
Modigliani. Dans ce modèle du cycle de vie de Modigliani, les
dépenses de consommation sont déterminées par les
ressources des consommateurs tout au long de leur vie, qui sont
constituées du capital humain, du capital matériel et de la
richesse financière ou patrimoine
Les actions constituent une composante majeure du patrimoine
financier, et donc des ressources des ménages. Si les cours des actions
augmente, la valeur de ce patrimoine augmente aussi; donc, les ressources
globales de consommateurs pendant l'ensemble de leur vie augmentent et par voie
de conséquence, la consommation.
Ce canal se schématise comme suit : r\ PS?
Richesse ? Consommation ? Y? 1.3.3 Canal du Crédit Bancaire
Si M augmente, (les réserves et les dépôts
bancaires augmentent), les prêts bancaires augmentent. Ces derniers
entrainent une hausse des investissements (consommation).
Réserves bancaires Dépôts bancaires ?
prêts bancaires ? I? Y?
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1.3.3.2. Canal du bilan
r\ PS? Richesse nette des firmes? anti-sélection\ et
risque moral\ prêts ? I? Y?
1.3.3.3. Canal du cash-flow
r\ Cash-flow? anti-sélection\ et risque moral\
prêts? I? Y?
1.3..4 Canal de taux de change
Le canal résulte de l'impact de la politique
monétaire sur le taux de change qui affecte directement
l'activité par le biais de la compétitivité de
l'économie22.
En effet, une politique monétaire expansionniste a pour
effet la baisse des taux d'intérêt réels nationaux qui
réduit l'attrait des dépôts nationaux par rapport aux
dépôts libellés en monnaie étrangère, ce qui
cause une sortie des capitaux et entraîne une chute de la valeur des
dépôts en monnaie locale par rapport aux dépôts en
devises, c'est-à-dire une dépréciation de la monnaie
locale. Cette dépréciation fait baisser le prix des biens
nationaux par rapport aux biens étrangers, ce qui se traduit par une
augmentation des exportations nettes et donc de la production globale.
De façon schématique, elle peut se
présenter comme suit :
M ? =ir ? = (E) Dépréciation de la monnaie
? =(NX) Exportations nettes? =
Y ?
Le canal du taux de change joue un rôle important dans
la façon dont la politique monétaire affecte l'économie
nationale et son efficacité dépend du degré d'ouverture de
l'économie au commerce international. Ledit canal enrichie
l'intégration entre les sphères réelle et
monétaire, lorsqu'on raisonne en économie ouverte.
C'est-à-dire que le canal du taux de change affecte la sphère
réelle de manière autant plus forte que l'on se situe dans un
contexte de taux de change flexible et que l'économie est
caractérisée par une forte ouverture extérieure et qu'elle
est aussi « Price tanker ».
22 1 Bates, J., Effectivité des canaux de
transmission de la politique monétaire, Thèse de doctorat,
Université des Antilles et de la Guyane, UFR de Droit et de Sciences
économiques, Décembre 2006
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