Section-2- Formalisation et analyse des jeux
non coopératifs et des jeux
coopératifs
2-1- Les jeux non coopératifs
Un cas particulier de jeux non coopératifs est le
« jeu à deux joueurs de somme nulle », comme les
échecs et les dames. Dans de tels jeux, l'absence de coopération
vient de la nature des gains et non des règles du jeu. Les jeux à
deux joueurs de somme nulle sont utilisés pour illustrer ou
présenter la théorie des jeux non coopératifs.
Lorsque les ensembles de stratégies sont finis, la
forme normale des tels jeux se présente comme un tableau à deux
entrées qui sont les stratégies possibles de chaque joueur. Les
éléments du tableau ci-dessous sont les gains du joueur I, ceux
du joueur II leur étant opposés :
1 2
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S12
|
...
|
Sj2
|
...
|
S12
|
S11
|
a1 1
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A1 n
|
...
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Si1
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ai 1
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ai j
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Ai n
|
...
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|
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Sm1
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am 1
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Am n
|
ai j= RI
(Si1, Sj2 ) = -
RII (Si1, Sj2 )
La forme normale d'un jeu non coopératif à n
joueurs est représentée par un tableau à n entrées
qui sont les stratégies de chaque joueur, les éléments du
tableau étant les listes des gains de chacun des joueurs correspondant
au choix d'une stratégie par chacun d'eux. lorsque les ensembles de
stratégies ne sont pas finis, le tableau ne représente que
quelques valeurs des fonctions de gains.
Le concept de solution proposé ultérieurement,
adapté à de tels jeux, est celui d'équilibre de NASH. Une
telle solution n'existe pas toujours lorsque les ensembles des
stratégies sont finis. Elle existe, en revanche, si ces ensembles sont
assez riches, c'est à dire qu'ils contiennent toutes les combinaisons
convexes de stratégies.
La combinaison convexe de deux stratégies S1
et S2 est une stratégie tS1 + (
1 - t) S2 où t [ 0 , 1].
Tous les jeux à ensemble fini de stratégies
peuvent être étendu en un jeu à ensemble convexe de
stratégies : en effet, il suffit pour cela d'autoriser les joueurs
« à tirer au hasard » leur stratégie. Selon
la manière de « tirer au hasard » qu'ils utilisent,
les joueurs ont à leur disposition de nouvelles possibilités de
gain (se sont en fait de nouvelles espérances de gains).
On appelle stratégie mixte une distribution de
probabilité sur l'ensemble des stratégies pures d'un joueur.
Pratiquement, une stratégie mixte peut être obtenue par un
mécanisme utilisant une expérience aléatoire :
- une pièce de monnaie
équilibrée peut attribuer la probabilité 1/ 2 à
une stratégies ( si face apparaît ) et 1/ 2 à une autre (si
pile apparaît ) ;
- un dé peut attribuer la
probabilité 1/ 3 à une stratégie ( si 1 ou 2
apparaît ), et 2/ 3 à une autre ( si 3, 4, 5 ou 6 apparaît
).
Pour se faire une idée de ce qu'est
une stratégie mixte avec une distribution de probabilité
P1, P2 , ..., Pn ( P1 +
P2 + ...+ Pn = 1) sur n stratégies s1
... sn, on peut songer à une roue divisée en n
quadrants dont les arcs ont pour longueur les proportions P1, ...,
Pn du périmètre. Si la roue s'arrête sur l'arc
i, la stratégie si est choisie avec la probabilité
Pi : ici s3 est choisie, la probabilité que
la flèche indique le 3 est P3.
Figure 4
P2
P1
P3
P4
Ce dernier mécanisme a incité
les théoriciens à appeler aussi « loterie »
une stratégie mixte.
Les stratégies mixtes ont plusieurs
interprétations qui justifient leur emploi et l'intérêt de
leur utilisation pour l'amélioration des résultats de la
théorie.
- Si on imagine que le jeu est
répété identiquement, la stratégie mixte :
ts1 + (1-t)s2 se traduira par l'emploi de la
stratégie pure s1 pendant une proportion t du nombre de
répétitions du jeu et de la stratégie pure s2
pendant le reste du temps. Une telle manière de jouer rend
imprédictible pour les observateurs la décision du joueur.
Ainsi, si une compagnie fait passer deux
spots publicitaires à la télévision, soit 1/ 3 du temps
pour l'un et 2/ 3 du temps pour l'autre, on pourra considérer qu'elle
fait passer un spot mixte. Un téléspectateur aura une chance sur
trois de voir le premier, à un instant donné.
- Si l'on considère que les joueurs
annoncent leurs stratégies, on peut interpréter l'annonce d'une
stratégie mixte comme un moyen de ne pas
révéler complètement
les décisions prises. Ainsi dans le jeu suivant :
I II
|
s12
|
s22
|
S11
|
1, 1
|
1, 3
|
S21
|
0, 2
|
2, 1
|
|
Si le joueur I annonce
s11 il est sûr de gagner 1, s'il annonce
s21 , il peut gagner 0 ou 2 selon ce que joue le joueur
II. S'il annonce s21 , il peut supposer que le joueur II
annoncera s12 qui offre un supérieur. En
annonçant qu'il suivra la stratégie s11
avec la probabilité 1/ 2 et s21 avec la
probabilité 1/ 2, le joueur I laisse le joueur II dans l'incertitude par
rapport à son gain, Mais peut-être que la probabilité 2/ 3
sur s11 et 1/ 3 sur s21 inciterait
le joueur II à jouer plutôt la stratégie
s12 .
Dans le cas de l'utilisation des
stratégies mixtes, le choix des joueurs porte sur la distribution selon
laquelle ils choisissent leur stratégie, « ils créent
(donc) de l'incertitude sur leurs propre stratégies ».5(*)3
* 53 - LAKHDAR B. (1985),
op.cit, p. 129.
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