IV.2.3. Evolution du parc national de la Kibira
Les AP au Burundi sont en état de
précarité à cause des actions anthropiques (MEEATU, 2013).
A l'exemple du PNK, nous avons constaté que de 1986 à 2016, le
PNK a évolué de façon régressive. La superficie de
la classe forestière ne cesse de diminuer et est transformée en
clairières ou zones défrichées. Comme les résultats
le montrent, la forêt dense a régressé de 4894.35 ha soit
10.23 % alors que les clairières ont augmenté de 4603.26 ha
(9.62%) entre la période de 1986 et 2016. Pour les zones
défrichées, on constate une petite augmentation de 0.58%. Cet
accroissement des zones dégradées s'observe dans les secteurs
situés dans des communes les plus densément peuplés comme
les secteurs de Rwegura et de Teza. Comme illustré sur les cartes de la
figure 17, les secteurs de Rwegura et Teza sont situés dans les communes
de Kabarore, Muruta, Matongo, Bukeye et Muramvya. Les données du
recensement général de la population et de l'habitant qui a
été fait en 2008 montrent que ces communes sont les plus
densément peuplées par comparaison avec les autres communes qui
sont riveraines du parc. Les zones les plus dégradées sont
situées dans des communes ayant une densité supérieure
à 300 habitants au Km2. De même, notre analyse a
remarqué que ces secteurs dégradés se trouvent dans les
provinces les plus densément peuplé au niveau national comme la
province de Kayanza avec une densité moyenne de 474,7 habitant au
Km2qui coiffe tout le secteur de Rwegura ainsi que la province de
Muramvya (420.7 hab/Km2) qui prend tout le secteur de Teza.
Pour expliquer les causes de cette dégradation, il faut
partir des principales activités qui se font autour du parc. D'abord la
population riveraine du parc est à majorité formée par des
agriculteurs-éleveurs. La terre est leur principale ressource de revenu
qu'il faut exploiter pour vivre. Avec le problème d'exiguïté
des terres lié à un accroissement élevé de la
population, la population riveraine tente de dépasser les limites de
leurs exploitations en grignotant sur la zone du parc. En plus de cela, elle
pénètre illégalement à l'intérieur de la
forêt pour chercher des terres à cultiver ou se procurer du bois
de chauffage qui constitue la seule source d'énergie.
En plus des actions anthropiques qualifiés
d'illégales, le parc national de la Kibira est menacé aussi par
des activités de développement comme les routes qui traversent la
forêt, les barrages hydroélectriques et les champs
d'expérimentation agricoles qu'on a installés dans la forêt
et la culture industrielle du thé qui est autour du parc dans les
secteurs de Rwegura, Teza et Mabayi.
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Communauté française de Belgique
Dans la période de 1993 à 2005, les actions
anthropiques se sont accentuées à cause de la crise
socio-politique dans laquelle le pays était plongé. Pendant ce
temps, le PNK était servait comme un lieu de refuge pour les
différents groupes armés qui existaient au Burundi mais aussi
à cause du manque de suivi, la population riveraine en profitait pour se
procurer illégalement les terres cultivables à l'intérieur
de la réserve.
Notre étude de la dynamique du PNK, a associé
les résultats trouvés lors du traitement des images des
Satellites Landsat 5 et Sentinel 2 utilisées avec les informations
trouvées sur terrain lors des entretiens qu'on a fait avec les
responsables et la population riveraine du PNK. Les résultats
trouvés sont très cohérant avec la situation sur
terrain.
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